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Temps de lecture estimé : 49 mn
28/06/25
Présentation:  Un futur proche peu souhaitable...
Résumé:  Actuellement, la population est divisée en trois genres : les hommes, les femmes et aussi les fommes.
Critères:  #exercice #société #dystopie
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message
Hommes, Fommes et Femmes

Un futur proche peu souhaitable. Bonne lecture :)




Une étrange malédiction



Actuellement, la population est divisée en trois genres : les hommes, les femmes et aussi les fommes.


Très minoritaires (moins de 5 % de la population), la plupart des femmes sont dévolues à la reproduction, elles vivent à part, isolées et choyées dans des lieux sécurisés. Leur rôle est ultra simple : elles pondent des enfants. Point barre.


Celles qui sont stériles deviennent ipso facto les compagnes des hommes influents. Elles sont une évidente marque de richesse et de pouvoir. Quand leur compagnon décède ou est déchu, sa femme est automatiquement attribuée au plus méritant de la liste d’attente, le romantisme n’ayant pas trop sa place…


Les hommes sont catalogués en deux catégories : les reproducteurs et ceux qui travaillent pour le bien du foyer. Les meilleurs reproducteurs ont des avantages non négligeables, mais une durée de vie plutôt courte, on ne peut pas tout avoir dans la vie…


Enfin, les fommes sont les compagnes habituelles des hommes moins puissants. En général, elles s’occupent du foyer ou occupent divers emplois taillés pour elles.


C’est sur cette base tripartie que reposent actuellement la plupart des civilisations. Dans l’esprit des gens, ça existe depuis une éternité, depuis la nuit des temps, mais moi, je sais.




Une étrange malédiction



Il y a environ trois siècles, une étrange malédiction s’est abattue sur toutes les contrées proches et lointaines : il naît soudain beaucoup plus de garçons que de filles, dans un ratio qui oscille aux alentours de « quinze pour une », voire « vingt pour une ».


Au début, après avoir invoqué les Dieux et brûlé/décapité/exécuté quelques hérétiques et autres lanceurs d’alerte, les grands esprits ont dit qu’il fallait tout simplement se servir dans la région ou le pays voisins. Mais très vite, comme tout le monde avait le même problème, il a bien fallu trouver une vraie solution, car en à peine une génération, le manque d’éléments féminins devint très critique, les hommes (la grosse majorité) se battant pour la possession des femmes (la très faible minorité).


Ce furent les affrontements, les pillages, les guerres dans chaque coin de la planète pour la possession des rares femmes qui existaient encore. Et ce fut un beau massacre !


Là où j’habite et aussi dans les contrées voisines, la solution trouvée est que les femmes vivent à part des hommes et sont uniquement dévolues à la reproduction. En clair, ce sont des pondeuses, dont les enfants sont ensuite adoptés. J’ai déjà évoqué le sort des rares femmes. Dans les hautes sphères du Parti Unique (PU), certains cadres politiques ont droit d’avoir comme épouse une vraie femme (stérile de préférence), c’est un très grand privilège. Quant aux autres, l’immense majorité, ils ont droit aux fommes.


Une autre façon de le dire est que les femmes sont divisées en deux groupes : les (vraies) femmes ouvertes (stériles ou fertiles) et les femmes fermées (fommes).

On pourrait croire que le terme « fomme » est l’évident télescopage entre les mots femme et homme, mais ce n’est pas l’explication officielle. Dans le mot « femme », la voyelle « a » est très ouverte, tandis que dans le mot « fomme », le « o » est plus fermé par rapport au « a ».


Tout le monde n’a pas la « chance » d’être homosexuel. Il a bien fallu trouver une solution de remplacement au couple traditionnel homme-femme qui cimente la société depuis des millénaires. Même les diverses religions ont dû s’adapter. Pour recruter, elles promettent à présent plusieurs (vraies) femmes pour chaque croyant confirmé, mais dans un autre monde, puisque ce n’est pas possible actuellement sur cette basse terre.


Promettre ce genre de chose ne mange pas de pain, comme on dit…


Sauf pour certaines personnes très bien et très haut placées, mais c’est très mal vu. On ne compte plus les hommes assassinés pour ce prétexte, sachant que le meurtrier bénéficie systématiquement de la sympathie du peuple qui est frustré en éléments féminins.


Même quand l’occis ou le contrevenant est un cadre émérite du Parti Unique, trop content de jeter en pâture un déviant à la vindicte populaire et de continuer à passer pour vertueux.



La peine de mort n’existe plus, du moins officiellement. Mais le PU pratique l’évaporation, des personnes peuvent ainsi disparaître du jour au lendemain, elles semblent ne jamais avoir existé. L’évaporation peut être positive (changement de statut, mutation), ou négative (pensée déviante).


Contrairement à la majorité de mes concitoyens, en tant que chercheur très spécialisé, je connais l’historique de la situation et je garde en mémoire que tout ceci n’est pas très naturel. Cadre privilégié du PU, j’ai accès dans le cadre de mes recherches aux archives interdites, grâce à ma connaissance des langues anciennes, et je travaille aussi sur le conditionnement des fommes, un sujet très sensible.


Bien sûr, je suis impérativement tenu à un devoir de réserve. Tout manquement pourrait me coûter très cher.


Presque toutes les personnes autour de moi pensent qu’il en a toujours été ainsi : très peu de femmes ouvertes, des fommes (ou femmes fermées) et les hommes. Il est vrai que l’histoire a été ci et là partiellement réécrite, laissant croire qu’il en a toujours été ainsi depuis Adam, Ève et Lilith.



Comme il faut transformer la moitié des hommes en pseudo-femmes, tout le processus démarre dans les premières années de l’enfance, voire les premiers jours. La médecine n’étant pas une science exacte, au début, il y a eu beaucoup de décès lors de l’ablation partielle de l’appareil masculin ou autres tentatives du même genre. Maintenant, le taux de mortalité est faible, puisque ça se passe surtout chimiquement. De plus, dès la naissance, des experts confirmés font le tri, un peu comme avec les poussins…


La science médicale est entièrement focalisée sur quatre pôles :



Le deuxième point n’est toujours pas résolu, au grand désespoir de bien des gens et du Parti Unique.




Mon couple



Je ne déroge pas à la règle : je suis un homme marié avec Adeline, une fomme fort mignonne, je le reconnais. Elle ressemble parfaitement à une vraie femme, mis à part quand elle retire sa petite culotte : elle dévoile alors un petit robinet qui ne dépasse pas les deux pouces dans sa meilleure disposition. Pour faire la distinction entre sexes, il est coutumier d’appeler ce petit sexe extérieur un clitoris en souvenir d’un temps jadis. Comme 99 % de ses congénères, ma moitié pense sincèrement que c’est un clitoris.


Et, contrairement à moi, elle ne dispose pas d’un scrotum rempli par deux boules.


Ah oui, j’oubliais de me présenter : Horatio Schwarzenberg. Mes parents étaient fans de l’amiral Nelson, celui de Trafalgar et ils m’ont affublé de son prénom. À prime vue, d’après mon père, nous serions une branche très cadette de cette illustre famille germanique qui comporte plusieurs princes et ministres.


D’après mon père qui le tenait de son père, et ainsi de suite…


Comme je gagne fort bien ma vie, je peux entretenir sans souci ma fomme. Bien que ce soit gratuit, il existe un traitement afin que la nature ne reprenne pas trop vite ses droits. Tous les six mois, par rotation, la population (hommes et fommes) est conviée à un examen hospitalier de routine pour vérifier si tout va bien, et subir diverses vaccinations. Avoir de l’argent permet d’éviter certains traitements bon marché et leurs effets indésirables.


En plus des hormones femelles, je sais que s’ajoutent des médicaments de « docilité » pour maintenir les fommes (et aussi certains hommes) dans une béatitude légère, car le conditionnement ne résout pas forcément tous les soucis. Si, en général, il n’y a aucun problème, il existe parfois des dérapages qui se traduisent souvent par des meurtres.



Un dégât collatéral, comme le disent les militaires et aussi certains chercheurs et membres du PU. Je sais de quoi je parle, car je travaille en tant que chercheur au Ministère du Couple, une façon déguisée de parler d’un gigantesque laboratoire pharmaceutique qui expérimente diverses façons de maintenir la distinction homme et fomme, puisque le retour à la normale des siècles d’antan semble définitivement compromis.


Les bébés-éprouvettes ne donnent pas de meilleurs résultats que la solution naturelle. Statistiquement, c’est même pire, curieusement. De plus, le développement de l’embryon ne peut se faire que par des façons naturelles. Pour l’instant, il est quasiment impossible de programmer le sexe du futur enfant.


On m’envie souvent ma fomme. Exemple, un de mes plus proches amis :



De façon innée, Adeline avait de bonnes dispositions dès le départ. De plus, elle subit un traitement expérimental de mon cru qui semble bien fonctionner, du moins, jusqu’à présent.


Parfois, je me dis que j’aurais préféré une vraie femme (même stérile), mais Adeline est une bonne compagne, voire une très bonne épouse. Finalement, le résultat final est le même, sauf qu’elle ne pourra jamais être enceinte de notre enfant. Celui-ci devra être adopté auprès du Ministère du Couple. Mais je ne suis pas pressé, et Adeline non plus, malgré une féminité exacerbée de sa part.


Ce qui m’a permis de constater que féminité et maternité ne riment pas forcément.

Et aussi, que de rester dans l’ignorance permet de ne pas se poser de questions…


Bord de mer


Nous avons coutume d’aller en bord de mer lors de nos vacances. Au fil des années, la mode balnéaire dévêt de plus en plus les estivants. Il s’agit aussi pour certains hommes de montrer qu’ils ont la plus belle fomme, la plus enviable…


Rien de nouveau sous le soleil, si j’en crois les archives anciennes et secrètes.


Pour info, il est peu judicieux d’exhiber publiquement une vraie femme, certains hommes l’ont appris à leurs dépens et de leur vie. De ce fait, il existe des plages très privées.


Revenons à la mode vestimentaire : les hauts cachent à peine les tétons, révélant sans complexe les formes parfois abondantes ou esthétiques des corps féminisés. Plus bas, un étui pénien cache le clitoris, tandis que le reste se limite souvent à de fines lanières ou à des ficelles. Comme ladite ficelle cache mal l’entrée-sortie qui est très utilisée et donc souvent évasée, depuis quelques années, il est de bon ton de porter un rosebud ou un plug-bijou. Je reconnais que c’est un spectacle assez émoustillant que de voir tous ces popotins onduler avec au centre un bijou qui accroche la lumière. Ma propre compagne ne fait pas exception, mais contrairement à certains, je ne fais pas dans la surenchère.


Du moins, je crois…


Adeline est allongée sur le ventre, en train de se faire dorer au soleil, son appétissant fessier décoré d’un rosebud blanc à facettes que je convoite (le fessier, bien sûr, pas le rosebud) :



Quant aux hommes, par contraste avec les fommes, ils doivent montrer qu’ils sont réellement des mâles, ce qui a permis le développement d’un certain type de chirurgie esthétique, consistant souvent en des implants sous-cutanés pour donner l’illusion de muscles et de belles tablettes de chocolat, sans parler d’élargissement de diamètre.



Même sur les plages, la Police vérifie que tout se passe bien. Le PU veille sur nous pour notre plus grand bien. Comme je possède le tatouage réglementaire, peu de personnes osent venir nous importuner, surtout que mon Adeline est fort tentante.



Puis je tapote son mignon petit cul, faisant vibrer les chairs et le rosebud qui danse sous mes yeux. Elle glousse de plaisir. Le soleil brille, la mer est chaude, mon couple est au top, tout va bien.


Tandis que je regarde la mer, je me mets à songer à quoi pourrait ressembler cette plage remplie de couples à l’ancienne, avec des filles, des garçons, un père et une mère. D’après ce que je sais, il y a deux générations, peu de gens partaient en vacances, ce n’est rentré dans les mœurs que depuis une grosse trentaine d’années. Et pas pour tout le monde, mais je parie que dans vingt ans, les plages seront nettement plus visitées, voire surpeuplées. Il faudra alors aller voir ailleurs, plus loin. Une nouvelle ségrégation par l’argent.


Oui, Adeline a décidément un trop beau popotin avec ce rosebud qui me nargue !!!


Quand nous rentrons de la plage, je saute carrément sur Adeline en la poussant sur le lit, ce qui la fait rire, elle ne déteste pas que je la bouscule de la sorte. Je lui enlève son string, dévoilant un splendide popotin que je connais très bien, depuis le temps que je le vénère et que je l’explore.


Vautré sur elle, je gronde à son oreille :



Puis je me redresse, enlevant le rosebud qui m’empêche d’accéder à ses profondeurs que je convoite. Comme il s’agit d’un modèle de taille moyenne, celui-ci ne résiste pas beaucoup. Un peu de lubrifiant et je me fais un plaisir d’aller plonger dans un obscur plaisir que j’adore !


Sous moi, Adeline se masturbe copieusement, tandis que je la pistonne. J’essaye de me retenir, afin d’être synchrone avec elle.



Ces derniers temps, je fais souvent l’amour à ma fomme comme si c’était la dernière fois ou l’une des dernières fois. Je ne sais pas d’où me vient cette curieuse manie, ce sentiment d’urgence, alors que tout va pourtant très bien entre nous et aussi dans mon boulot.


Mais étant donné mon métier, je suis assez bien placé pour savoir que l’être humain n’est pas forcément très logique, y compris chez les logiciens eux-mêmes.




Compte rendu



Aujourd’hui, dans les locaux du PU de mon district, je fais face à une petite assemblée composée de diverses personnes haut placées, des personnes qui connaissent la vraie réalité des choses. Henri, mon meilleur collaborateur, est à mes côtés. Mon supérieur hiérarchique ouvre le bal :



Je souris :



Mon employeur me félicite :



Mon collaborateur rougit un peu, mais ne dit rien. Notre supérieur hiérarchique continue :



Mon chef bifurque, annonçant quelque chose dont je me doutais :



J’explique ce que j’ai pu constater :



Fixant mon auditoire, je continue :



Je rassure la petite assemblée qui me fait face :



J’affiche un petit sourire :



Je ne comprends pas bien cette insistance, je reste patient :



Un homme à barbichette que je ne connais pas s’adresse à moi :



L’homme à la barbichette répond avec une petite pointe d’ironie dans la voix :



L’homme à la barbichette hoche la tête :



Je sens que cet homme n’est pas n’importe qui, et qu’il y a quelque chose d’étrange dans l’air. Tandis que les regards convergent sur lui, l’homme à la barbichette se cale dans son siège, puis il me regarde droit dans les yeux :



Je suis assez ébranlé :



Je grimace, je n’aurais pas dû dire ça. Je reprends la main comme je peux :



Aïe, ça vient malheureusement de très haut, je n’ai pas vraiment le choix. Mais je m’offre quand même un petit luxe :



Je m’approche de l’homme à la barbichette :



Toujours assis, l’homme explique :



Restant impassible, j’ose demander :



Je m’incline légèrement :



Carlos de Vita sourit :



La réponse tombe, affirmative :



Puis il se lève, se dirige vers moi pour me serrer la main :



Après avoir broyé ma main, il quitte la pièce avec la majorité des personnes présentes. Mon supérieur hiérarchique me désigne un bureau au fond de la pièce. Je comprends tout de suite que le fameux dossier m’y attend.




Consultation du dossier



En effet, cette Mélanie ressemble assez fortement à mon Adeline, mais ce n’est pas une raison pour que je fasse un échange standard comme s’il s’agissait un simple paquet de lessive ! De plus, je sais ce que j’ai avec mon actuelle compagne, j’ignore royalement ce que va m’apporter cette vraie femme, même s’il est fort tentant d’être en couple avec une telle rareté qui serait en prime un sujet d’étude incomparable.



Mais si j’étudiais les baleines, ce n’est pas pour autant que je me mettrais en couple avec l’une d’elles. Ma comparaison est « un tantinet » excessive, mais je me comprends.


Je lis, je relis les quelques feuilles dans tous les sens. Quelque chose me chiffonne, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Cette Mélanie est sans doute très bien sous tous rapports, mais je pressens comme un gros grain de sable dans les rouages.


Les photos que j’ai sous les yeux me montrent par A+B que c’est effectivement une vraie femme, à moins que les clichés soient truqués, mais il serait très facile pour moi de me rendre compte de la supercherie, et ça irait d’ailleurs à l’encontre du but recherché par mes généreux donateurs.


Est-ce un piège ?


Pourquoi voudrait-on me faire tomber dans un traquenard ? Je n’ai pas d’ennemis, sauf peut-être quelques imbéciles qui louchent sur Adeline. Mais comme je l’ai plusieurs fois expliqué, ma relation avec ma compagne exige un minimum d’efforts de ma part, on n’a pas rien sans rien. De plus, ma compagne reçoit un traitement spécifique, mais seuls mes collègues sont au courant, ce qui n’empêche pas quelques envieux, là aussi.


Et puis, si quelqu’un de haut placé souhaite me nuire, il lui serait facile de me pourrir la vie. Pas besoin de mettre en place un piège sophistiqué de ce genre.


Ma tête entre mes mains, je soupire abondamment. Je regrette d’être trop bon dans mon domaine. À moins que ce soient mes confrères qui soient trop mauvais.




Discussion avec Pierre



Vous souvenez-vous de Pierre ? Je vous remémore un bout de conversation :



Pierre n’est pas mal loti avec sa Françoise, du moins je le croyais. Mais il m’a plusieurs fois fait comprendre en catimini que sa compagne n’était pas toujours facile à vivre, étant fort capricieuse de nature. C’est le cas aujourd’hui, alors que nous discutons dans un coin reculé de notre restaurant préféré.


Sans toutefois perdre l’appétit, Pierre soupire :



Il lève les yeux au plafond :



Ayant fini mon assiette, je pose ma fourchette :



Pierre explique son point de vue :



Je me mets à rire :



Pierre devient plus égrillard :



Les yeux perdus dans le vague, mon voisin soupire :



Moi aussi, je deviens plus égrillard :



Mon Adeline sait aussi y faire, mais je ne m’amuserai jamais à la traiter de salope devant mes connaissances, même si je me suis disputé avec elle avant (chose qui arrive rarement). Saisissant mon verre afin d’y boire, je soupire à mon tour :



Puis nous avons parlé de boulot…




D’Adeline vers Mélanie



J’ai retourné la situation dans tous les sens : la meilleure solution serait que je confie Adeline à Pierre. Quant à Françoise, elle serait reconditionnée. J’ai exposé mon idée à Carlos de Vita, il m’a répondu que c’était une bonne façon de résoudre les problèmes, même si de son point de vue, il existait une autre solution plus directe et expéditive. Pour éviter les commérages, Pierre sera muté un peu plus loin, avec mon épouse qui deviendra la sienne. Quant à Adeline, un faux accident avec une légère amnésie fera l’affaire. Du moins, je l’espère…


Il ne me reste plus qu’annoncer la chose à Pierre :



Je ne cache pas la vérité :



Pierre s’inquiète un peu :



Mon ami fait fugacement la grimace, puis se penchant sur moi, il me fait remarquer :



Néanmoins, Pierre insiste :



Pierre me regarde intensément, puis il lâche :



Puis sans attendre ma réponse, il pose sa main sur mon épaule :



Nous restons silencieux tous les deux, ne sachant plus quoi dire.




Mélanie



Ça va faire presque cinq mois que je vis avec Mélanie, et contrairement à mon ancienne fomme, je côtoie cette femme quasiment 24 h sur 24. Pour faciliter mes recherches et avoir le moins de soucis, nous avons dû déménager, notre nouvel appartement est situé sur la fameuse île des Élites, sur la côte sud-est, ce qui me donne aussi accès à d’autres femmes. Au passage, je suis monté en grade, il fallait un minimum pour que je ne fasse pas tache sur cette île hautement sécurisée. Je suis devenu un haut cadre du Parti Unique, muni d’un privilège non négligeable et assez visible : une vraie femme comme épouse.


Je ne sais pas si je pourrai revenir à l’endroit où j’ai vécu avec Adeline, je crains que non. C’est sans doute mieux ainsi : presque tout me rappellerait ma fomme, mon ancienne vie heureuse et tranquille, je ne m’en rends vraiment compte que maintenant. On ne sait que trop bien ce qu’on perd quand c’est trop tard.


Mélanie est effectivement amoureuse de moi et croit que nous sommes ensemble depuis presque une décennie. J’essaye de le lui rendre, mais je n’y arrive qu’en projetant Adeline sur elle, ce qui n’est pas fair-play. Mais que puis-je faire contre le PU ?


Heureusement, je ne suis pas dépaysé avec Mélanie. Elle ressemble beaucoup à Adeline, aussi bien sur le plan physique que comportemental. J’ai eu un petit choc, la première fois que nous avons été à la plage, j’ai cru revivre divers épisodes de ma vie passée, y compris les nuits qui suivent.



Souvent, durant nos ébats, j’oublie qui est qui, et je bénis le fait que j’ai très rarement appelé ma fomme par son prénom, préférant les mots doux ou les surnoms. Mais parfois, j’ai peur de me tromper dans les prénoms.


C’est avec une certaine surprise que j’ai découvert les joies du coït. Ça ressemble à la sodomie, mais en différent. Je n’arrive pas à expliquer cette dissemblance, un peu comme si je devais décrire le goût d’une orange à partir des pommes et des poires. Mais je reconnais que c’est agréable. Néanmoins, la force de l’habitude fait que je pratique plus le côté pile que le côté face. Mais ça ne semble pas gêner ma nouvelle compagne.


Allongée toute nue sur le ventre, fesses à l’air, elle se repose de notre séance :



Rampant vers moi qui suis allongé sur le dos, elle présente à présent sa poitrine avenante et frémissante sous mon nez :



Je caresse les seins qu’elle m’offre :



Elle commence à me câliner :



Elle m’embrasse, je réponds à son baiser. J’ai l’illusion que tout va bien, qu’Adeline n’est plus qu’un lointain souvenir, une personne qui n’a peut-être jamais existé…




Collaborateur



En parlant d’Henri, ce matin, lui et moi faisons le point concernant nos recherches. Comme il n’a pas accès aux archives interdites, il vient de me demander :



Je décide d’expliquer la chose d’une certaine manière peu scientifique :



Henri devient songeur. Il pense sans doute à son inclination qui est de courir après toutes les fommes et les femmes qui passent à sa portée. Je change de conversation :



Henri est l’un des rares qui soit au courant. Je soupire :



Mon collaborateur devient philosophe :



Je souris cyniquement :



J’aimerais bien avoir un sens de l’humour plus développé, ça me permettrait de supporter certains points de détail qui hantent mes nuits…




Rapport



Carlos de Vita préside notre réunion. Je prends la parole :



Je rectifie :



Je me lance dans une longue explication circonstanciée, à travers les époques et les endroits, afin que tout le monde comprenne divers faits de base intangibles, mais finalement très relatifs. Quand je reprends mon souffle, Carlos me demande :



Je confirme :



Un homme chauve à petites lunettes, jusqu’à présent muet, intervient :



Un grand homme barbu me demande :



J’explique tout en faisant un dessin :



Le grand barbu s’étonne franchement :



Clignant des yeux, Carlos de Vita dit :



L’homme à la barbichette grimace :



Je m’attendais à ce genre de conclusion. D’un seul élan, mon public se lève, comme si le mot « Parti » était le signal convenu. Seul, Carlos de Vita s’approche de moi :



Je me précipite sur mon visiteur :



Carlos sourit d’une façon étrange :



Mon interlocuteur s’approche de moi :



La réunion terminée, Carlos de Vita s’en va, me laissant assez perplexe.




Pourcentages



Quand le Parti veut quelque chose, il n’hésite pas à y mettre le prix. Du jour au lendemain, j’ai récupéré un nombre non négligeable de sujets présentant toutes les variations pour que les tests puissent se faire sur une large échelle.


Comment diable, le PU a-t-il réussi ce tour de force ?


Je crois qu’il ne vaut mieux pas que je le sache, le Parti est puissant, sans doute encore plus que je ne le crois. Alors je me mets à la tâche, conscient de l’énorme opportunité qui m’est offerte. Peut-être même qu’un jour, mes travaux m’offriront l’accès au Premier Cercle… Je peux toujours rêver…


Quelques semaines plus tard, je présente mon graphique composé de diverses courbes à Carlos de Vita qui s’exclame :



Désignant l’une des deux extrémités de mon graphique, je précise :



Mains dans les poches, je rectifie :



Pourtant, nous droguons à fond la moitié de la population et à forte dose l’autre moitié, c’est ironique. Et je suis assez dubitatif sur le rôle réel de certaines campagnes de vaccination. D’autant que les Élites en sont souvent dispensées.


Soudain, je m’exclame :



M’approchant de mon commanditaire, je développe :



Fronçant légèrement des sourcils, Carlos de Vita demande :



Mon interlocuteur impose :



Je suis en train de me demander si ça n’a pas un rapport avec certains vaccins, mais en pareil cas, il n’est pas conseillé de poser diverses questions. J’abonde dans son sens :



Intrigué, je hausse les sourcils :



Plissant des yeux, Carlos de Vita demande :



Mon interlocuteur devient lui aussi nostalgique :



Il se met à rire :



Carlos se met à rire de bon cœur. Je l’accompagne.




Une petite fête



Ce soir, j’organise une petite fête chez moi. Officiellement, je fête mes « un an » ici sur l’île. Ma femme est ravie, elle adore ce genre de soirée durant lesquelles elle peut briller, aussi bien par sa beauté de femme que par son sens inné de la conversation.


Alors que la fête bat son plein, un verre de punch en main, légèrement titubante, Mélanie s’approche de moi :



Elle fronce un peu les sourcils avant d’enchaîner :



Elle attrape ma cravate, puis elle me fait un rapide bisou sur les lèvres :



Puis elle s’éloigne, en zigzaguant légèrement.




Henri



Deux jours plus tard, plus aucune trace d’Henri. Mon collaborateur s’est carrément évanoui dans la nature. Après avoir attendu deux jours supplémentaires, j’ai contacté Carlos de Vita :



Je suis étonné par cet aveu plus ou moins implicite. Je savais que mon interlocuteur était en haut de l’échelle, mais pas à ce point :



En entendant ce soupçon, je m’exclame :



Disant ça, je resonge au passé. J’ai toujours du mal à admettre d’avoir dû laisser Adeline dans les bras de Pierre, j’étais si heureux en couple avec elle, même si, avec Mélanie, je me rapproche ce qui qui était ma vie avant que le PU y mette fin. Carlos de Vita demande :



Carlos embraye curieusement :



Ce n’est pas faux. Je soupire avant d’enchaîner :



Je suis très perplexe : qui a fait disparaître Henri ? Un concurrent ? Un jaloux ? Ou bien, est-ce un accident ? J’espère que nous serons vite fixés.




Mélanie mène la danse



Un peu fourbu, je rentre chez moi. Visiblement, ma femme ne semble pas être présente. Après avoir rempli un verre, je m’assieds dans un fauteuil, ou plutôt je m’affale dedans. Je bois une première gorgée. Au labo, tout se passe bien. Seule ombre au tableau, Henri manque toujours à l’appel. Même si je désapprouve son comportement privé, cet homme est néanmoins très utile pour mettre le doigt sur les failles.


Ce qui m’enquiquine le plus est de ne pas savoir ce qu’il est devenu. A-t-il fait une fugue avec une conquête ? A-t-il fui un mari jaloux ? A-t-il été tué ? Un accident ?


Tandis que je me pose ce genre de question, Mélanie entre en scène, un petit pistolet en main pointé sur ma personne. Sans trop savoir sur quel pied danser, je demande placidement à ma femme :



Raide comme un piquet, elle me regarde fixement, laissant une certaine distance entre nous. Impossible de me lever d’un bond pour m’emparer de son arme, elle aurait largement le temps de tirer et de ne pas me rater. Elle ouvre la bouche :



Aïe, ce n’est pas bon signe. Mais lesquelles ? Il faut que je sache :



Ma femme me sourit :



En réalité, je la drogue un peu, mais pas à fond. Plutôt sincère, je réponds :



Mon verre toujours en main, je la regarde fixement :



Je souris malgré moi :



Je songe fugacement que je pourrais utiliser contre ma femme mon verre à moitié rempli comme arme, mais avant d’en arriver là, je tiens à savoir le fin mot de l’histoire. Je soupire :



Je la regarde droit dans les yeux :



De mon poing libre, je me tape le front :



Je suis très intrigué par cet aveu :



Ma femme reconnaît mes mérites, c’est une bonne chose :



Le silence s’installe. Mélanie me regarde d’une étrange façon. Elle finit par demander :



Toujours assis dans le fauteuil, je soupire :



Ma femme s’emporte :



Elle semble déboussolée :



Mélanie semble anéantie, mais elle pointe toujours son arme vers moi :



Toujours assis dans mon fauteuil, je reste calme :



Mélanie plaque sa main sur sa bouche :



À bout de bras, Mélanie pointe son arme vers moi :



Je me contente de sourire :



Baissant un peu son arme, Mélanie me coupe dans mon élan :



Ma femme cachait quelque chose ? C’est une chose que j’ignorais, et qui aurait pu m’être utile si j’avais su. Je suis parfaitement sincère quand je lâche mon exclamation :



Donc Henri avait un côté espion dans l’âme. Encore heureux que je ne consignais rien de personnel dans mes papiers. Je comprends mieux la rapidité avec laquelle Henri a disparu, il a voulu forcer le destin en mettant son nez où il ne fallait pas, et ma femme ne lui a pas pardonné sa tentative de chantage. Ce n’était pas ainsi que je voyais les choses, mais le résultat reste le même. Je pense avoir compris la suite :



Elle ne répond rien, mais son petit sourire parle pour elle.


J’ai manœuvré pour éliminer Henri de façon indirecte, mais je ne pensais pas que ma femme serait ma complice involontaire. Mon collaborateur commençait à soupçonner mon petit secret. De plus, je savais qu’il convoitait ma femme et ma place dans les deux sens du terme. Ce qu’il a pu découvrir dans les notes de Mélanie lui a fait changer de stratégie. Considérant ma femme comme un maillon faible, il a préféré agir auprès d’elle à l’aide de ce levier pour mieux lui mettre la main dessus, pour m’éliminer plus facilement ensuite, en ayant le beurre, l’argent du beurre et la crémière en prime.



Lors de ma dernière petite soirée, j’ai volontairement augmenté l’agressivité des convives avec une drogue sans goût et sans odeur mise dans le punch. Idem pour le sentiment d’impunité. Tôt ou tard, je savais qu’il allait se passer quelque chose, qu’Henri allait trop en faire, et qu’en face, les gens seraient moins cool…


En effet, Henri était sur le point de découvrir ma vengeance à retardement : mettre en place un virus stérilisateur qui aurait agi dans deux ou trois générations. Et je suis très proche de la réussite…