n° 23167 | Fiche technique | 17512 caractères | 17512 3203 Temps de lecture estimé : 13 mn |
02/07/25 |
Résumé: Une nuit de camping, six amis, un jeu anodin… | ||||
Critères: #réflexion #psychologie #drame #érotisme #initiation #volupté #rupture #regret #adultère #couple #groupe #bisexuel #domination #voyeur #exhibitionniste #fellation #jeuxérotisés #lieudeloisir fsodo | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
C’est drôle, quand j’y repense. Rien ne laissait présager la suite.
On était six, trois couples. Une tente immense, un coin isolé au bord d’un ruisseau, et l’insouciance un peu bête qu’on traîne lorsqu’on a vingt ans. L’idée du camping sauvage, c’était de Nina. Son mec, Ludo, avait trouvé « un spot parfait » dans les Cévennes. Pas trop loin de la route, mais assez planqué pour qu’on puisse pisser dans les bois sans croiser des scouts.
Moi, j’étais avec Max depuis deux ans. Nous étions « stables », comme disaient les autres. Traduction : on ne s’engueulait pas trop fort, on baisait encore de temps en temps. Pas l’amour fou, mais une forme de tendresse tranquille. Je pensais que ça me suffisait.
Le troisième couple, c’était Camille et Jules. Un duo improbable : elle toute en piques et en ironie, lui genre nounours discret, toujours prêt à tendre une bière ou allumer un feu de camp. On se connaissait tous depuis le lycée. On avait déjà dormi ensemble après des soirées, partagé des clopes, échangé des secrets, mais jamais plus que ça.
*
On est arrivés vers dix-sept heures. La tente a été montée à quatre mains, Jules galérant à allumer le réchaud. Nina s’était foutue à moitié à poil pour se baigner dans la rivière, Camille râlait sur les moustiques, moi, je commençais à me dire que la nuit allait être longue. C’est con, mais j’ai toujours eu un truc avec les espaces trop petits. L’idée d’être collée à tout le monde, de respirer l’haleine tiède de cinq autres corps dans une même tente, ça m’angoissait un peu.
Mais bon… Ludo a sorti les chips, Jules le cubi de rouge, et en une heure, on était tous étalés sur des tapis de sol à raconter des conneries comme lorsque nous étions au lycée.
Puis il y a eu ce moment. Ce petit basculement.
Elle éclata de rire.
Jules sourit sans rien dire. Un petit rictus en coin. Et là, je sais pas pourquoi, j’ai senti un premier frisson.
Les regards se sont croisés. Quelques rires gênés, mais personne n’a émis d’objections. C’est toujours comme ça que ça commence, non ? Un jeu. Un « allez, pour rire ».
Nina a griffonné des mots sur des Post-its : « Prof/Élève », « Patron (ne) /Employé (e) », « Infirmier (ère) /Patient (e) », « Voleur (se) /Flic », « Maître (sse) /Soumis (e) ». Des clichés, mais ça nous a amusés. On a mélangé les papiers dans un bol à chips vidé pour l’occasion. Puis chacun a tiré son personnage.
Max et moi sommes tombés sur le duo médical. Ça aurait pu être bien plus gênant. Ludo et Nina ont hérité de « voleur » et « flic ». Parfait pour leurs tempéraments. Et Camille… a éclaté de rire en lisant son rôle.
Jules, avec un sourire en coin, a sorti une lampe frontale pour faire « projecteur », et Ludo a proposé une règle : chaque couple passe deux minutes à interpréter une scène, sans interruption, puis on tourne.
On a commencé à jouer.
Camille à genoux, faisant mine de nettoyer les chaussures de Jules avec sa manche. Nina menottant Ludo avec une guirlande de tente. Puis Max s’est approché de moi, grave comme un chirurgien.
Et tout le monde a ri. Mais… un truc s’installait. Une chaleur. Une tension.
Quand Nina a mordu le lobe de Ludo, pour « l’interroger », mes yeux brillaient. Quand Camille a murmuré « oui maître » avec ce demi-sourire, le regard de Max a glissé sur elle un peu trop longtemps. Et quand j’ai fini ma scène avec Max, j’ai vu Ludo se mordre la lèvre.
Personne n’a rien dit, mais chacun avait compris que le jeu commençait à déraper doucement. Et personne n’a levé le pied. Au contraire.
Et ce n’était que le début.
*
Je crois que c’est Jules qui a proposé la version « changement de partenaires ». Avec sa voix douce, presque timide, comme s’il ne faisait que poser une idée en l’air. Nina a haussé un sourcil, moqueuse :
Mais personne n’a dit non.
On a continué à tirer les rôles, mais cette fois, les duos ne se faisaient plus « par défaut ». Forcément, le hasard s’est révélé joueur. Camille s’est retrouvée avec Max, mon Max, et a souri en coin, genre « promis, je le rends en un seul morceau ». Moi, j’ai pioché Ludo, et ai bizarrement ressenti un cocktail d’excitation et de trahison légère. Max ne m’a pas regardée. Il était concentré sur Camille, comme s’il s’apprêtait à réciter un texte.
Et son ton… calme, chaud, presque complice… m’a surprise.
On s’est assis à l’entrée de la tente, sous le petit auvent, pendant que Camille et Max jouaient leur scène (Maître/Soumise) à quelques mètres, sur un tapis de sol. Je ne regardais pas, mais les entendais. Elle riait bas. Lui, plus grave. Il lui disait de s’allonger. Puis, un silence, juste ponctué d’un léger soupir. Et une phrase, nette :
Ma poitrine s’est serrée. Il me fixait. Pas pour me mater. Pour voir comment je réagissais.
On aurait dû intervenir. S’arrêter là. Revenir à la réalité. Blaguer, dire qu’on allait se coucher. Mais à la place, je me suis penchée un peu. Mon bras a touché le sien.
Il a mis un instant à répondre.
C’était idiot. Dangereux. Mais je suis entrée dans le rôle.
Je l’ai regardé avec l’air de dire : « j’ai envie, mais je sais que je déconne ». Et il l’a vu. Il a compris. Et il a répondu.
J’ai hoché la tête, et il a posé sa main sur ma cuisse. Un film au ralenti. C’est là que j’ai entendu un gémissement. Faible. Je me suis retournée, par réflexe. Camille. Allongée sur le dos. Max au-dessus. Ils ne jouaient plus, là. Pas vraiment. Et à côté d’eux, Nina et Jules. Assis. Qui regardaient. Ils ne disaient rien. Juste les yeux fixés sur le couple, comme s’ils assistaient à une scène qu’ils n’osaient pas interrompre, ou qu’ils n’avaient plus envie d’arrêter. Et moi, entre Ludo et cette image, j’ai senti une chaleur me traverser.
Mon copain embrassait une autre fille, et je… je désirais que Ludo me touche. Je crois que c’est là que tout a basculé pour moi. Quand sa main a glissé plus haut. Quand mes jambes se sont ouvertes. Pas d’annonce solennelle, pas de feu vert collectif. Juste des doigts qui s’attardent trop longtemps. Une bouche qui répond à un baiser qui n’était pas prévu. Un soupir de plaisir qui n’aurait pas dû être entendu.
Ludo m’a embrassée. Ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. Ce n’était ni amoureux ni tendre. C’était… électrique. Chargé d’une tension contenue. Il a posé ses lèvres contre les miennes comme on franchit une limite qu’on a trop regardée du coin de l’œil. Et moi, j’ai laissé faire. Ma langue a trouvé la sienne. Mon corps a réagi plus vite que ma tête. Ses mains ont glissé sous mon t-shirt, directement sur ma peau. Je tremblais. Pas de peur. D’excitation. D’un feu que je n’avais pas senti depuis longtemps.
Derrière nous, Max et Camille étaient déjà en train de baiser. Oui, baiser. Plus un prétexte. Elle était à califourchon sur lui, ses pognes plaquées sur son torse. Elle gémissait doucement, la tête rejetée en arrière. Max avait les yeux fermés. Je ne savais pas s’il pensait à elle… ou s’il essayait d’oublier que j’étais là, juste à côté.
Nina regardait toujours. Jules aussi. Assis, muets. Fascinés. Leurs mains s’étaient trouvées, je crois.
Les paupières closes, j’ai senti les doigts de Ludo se faufiler sous ma culotte. Il en a glissé un en moi. Puis deux. Mon corps s’est cambré. Pas de gestes brusques. Il me testait, écoutait ma respiration. La moiteur de mon sexe l’encourageait, et ma cuisse contre la sienne disait « continue ».
Je ne pensais plus à Max, mais à cette sensation : être touchée par quelqu’un que je n’ai jamais désiré… et le désirer plus que tout.
Je me suis contentée d’écarter un peu plus les jambes.
Et il m’a fait jouir.
Juste comme ça. Sous la tente entrouverte. Pendant que mon copain en pénétrait une autre, pendant que nos amis admiraient. J’ai joui en silence, lèvres mordues, respiration bloquée, comme si l’interdit devait rester secret jusque dans mes os.
Puis Ludo s’est penché, a léché mes doigts. Ses doigts. Et il m’a regardée, un sourire discret sur son visage.
J’ai hoché la tête.
Il a baissé son short. Son sexe était déjà dur. Long, épais. J’ai été surprise de voir à quel point mon corps le réclamait.
Je me suis mise à genoux devant lui, sur le tapis de sol, et l’ai pris dans ma bouche pour faire taire la culpabilité. Pour garder le contrôle. Il a gémi, la tête en arrière, ses mains dans mes cheveux. Il ne guidait pas, il subissait. Mon rythme. Mon envie.
J’aimais ça. J’aimais aussi entendre Camille jouir derrière moi. Fort. Sans retenue. Comme si elle voulait se donner en spectacle.
Je me suis redressée. Ludo me regardait, les lèvres entrouvertes, encore haletant. Je l’ai repoussé contre le tapis de sol.
Je me suis installée à califourchon sur lui et ai guidé son sexe vers le mien. Il s’est enfoncé doucement. Chaud. Dur. Jusqu’au fond. Et j’ai gémi, cette fois. Ouvertement. Je l’ai chevauché, mes seins nus frôlant sa poitrine, mes cheveux en cascade autour de son visage. Je l’ai monté comme une vengeance. Comme une revanche. Comme une femme qui sait très bien qu’elle va regretter, mais qui s’en fout. Et à chaque mouvement, je me disais : « Putain, je fais une connerie ». Mais c’était trop bon. Trop fort. Trop loin pour reculer. Quand j’ai senti qu’il allait venir, je me suis relevée juste assez pour que son sperme gicle sur mon ventre.
Il a soupiré fort, les yeux fermés. Et moi, j’ai levé les miens.
Max me regardait.
Il était debout, nu, son sexe encore rigide. Camille n’était plus avec lui. Elle, elle était accroupie devant Nina, en train de lui lécher la chatte avec une lenteur perverse. Jules, lui, se faisait sucer. Par qui ? Je ne sais même plus.
Dans ses yeux, il y avait tout : la surprise, la colère, le désir… et cette douleur d’avoir perdu quelque chose. Moi ? Lui-même ? Le jeu ?
Puis, il a simplement dit :
Je crois qu’il avait raison.
*
Je suis restée un instant allongée à côté de Ludo, la poitrine nue, encore poisseuse de sperme tiède, le souffle court. Le tissu du tapis collait un peu à ma peau moite, et j’entendais au loin les grillons, comme s’ils applaudissaient notre débâcle.
Max s’était rhabillé à moitié – t-shirt, pas de pantalon – et avait disparu dans l’obscurité, vers la rivière. Je n’ai pas eu le courage de le suivre. Camille, elle, embrassait maintenant Nina, avec cette tendresse presque inattendue, comme si elle cherchait dans la douceur une issue au chaos. Leurs jambes étaient enchevêtrées, et leurs souffles mêlés.
Jules s’est approché de moi. Il s’est assis, sans rien dire, puis a à son tour glissé sa main sur mon genou. J’ai voulu dire non. Pas par morale. Juste parce que j’étais déjà vidée. Mais au lieu de protester, j’ai à nouveau ouvert les cuisses. C’était comme ça, désormais. On n’avait plus besoin de phrases.
Il s’est penché sur moi et m’a embrassée. Plus animal que Ludo. Sa langue goûtait le reste de l’autre. Il a caressé mes seins, a joué avec le sperme sur ma peau, puis a murmuré :
Je n’ai pas répondu. J’ai juste basculé sur le ventre et me suis mise à quatre pattes sur le tapis de sol. Je savais ce qu’il voulait, et le voulais aussi. Il m’a pénétrée lentement. D’abord mon sexe, puis mon cul. J’ai hoché la tête. Il est allé doucement. Je crois qu’il avait peur de me faire mal, ou que je dise stop. Mais au contraire, je l’ai guidé en me cambrant. J’ai gémi, la joue contre la toile de tente, lorsque sa queue s’est enfoncée dans mon anus, brûlant, plein, tabou.
C’était brut. Sale. Excitant. Ses mains serraient mes hanches. Il haletait, chaque coup de reins plus profond. J’aimais cette sensation : celle d’être utilisée, offerte, sans attache, sans lendemain. Une dernière marche avant la chute.
Quand il a joui, il s’est effondré sur moi, et je me suis sentie vide. Littéralement. Comme un ballon crevé. Il s’est retiré, m’a embrassée entre les omoplates, puis s’est éloigné. Je me suis tournée sur le dos, nue, le corps encore ouvert, exposé. Et j’ai regardé autour. Ludo, allongé seul, fumait une clope. Camille, de nouveau sur Max, tentait quelque chose de doux. Lui avait ce regard perdu qu’on a après une bagarre. Le genre qui dit « je suis là, mais plus vraiment ».
Nina s’est approchée de moi.
J’ai souri. Faiblement. Elle a caressé mes cheveux, puis s’est penchée et a léché le sperme séché sur ma poitrine. Un geste étrange. Pas vraiment érotique. Plutôt… rituel. Comme si elle effaçait les preuves.
Et puis, plus rien.
Un long silence.
Un par un, les corps se sont rhabillés. Lentement. Sans se parler. Chacun ramassait ses fringues. Ses limites. Ses erreurs. Je me suis assise, les genoux repliés contre moi. Le sol était humide, la toile de tente poissait légèrement d’odeurs mêlées : sueur, alcool, foutre. Et dans l’air… un truc s’était cassé. On ne riait plus. Personne ne savait s’il fallait faire comme si de rien n’était… ou tout balancer.
Max est revenu. Il s’est allongé près de moi, sans un mot. Je me suis tournée vers lui. Il n’a pas esquivé et m’a regardée. Dans ses yeux, je n’ai vu ni haine ni envie. Juste un grand vide. Je l’ai effleuré du bout des doigts, il n’a pas réagi. Moi… j’ai senti une larme couler. Je ne savais pas si c’était de honte, de tristesse, ou de fatigue.
*
Le matin, le vent qui m’a réveillée. Pas fort, mais assez pour faire vibrer les parois de la tente. L’air était plus frais, presque coupant, comme si la nuit avait tout lavé. Sauf nous. Je me suis redressée doucement. Mon corps tirait un peu, entre les cuisses, au bas du dos. Des douleurs sourdes, discrètes… Les traces d’un rêve trop réel.
Autour de moi, personne ne parlait. On aurait dit un campement après la guerre. Jules dormait encore, à moitié en boule dans son duvet, la bouche entrouverte. Ludo était dehors, assis sur une souche, les yeux dans le vide, une clope morte au bout des doigts. Nina était enroulée dans une couverture, Camille et Max n’étaient pas là.
Je me suis habillée en silence. Sans laver mon visage. Sans chercher un miroir. Je n’avais pas envie de me voir. Pas encore. Quand je suis sortie, l’air m’a mordue. Ludo ne m’a pas regardée. Il a juste soufflé :
J’ai répondu d’un signe de tête.
On a préparé un café. Automatiquement. Les gestes mécaniques, les mains un peu tremblantes, le silence qui enveloppe tout.
Camille est revenue avec Max. Elle s’est assise près de moi. Il s’est écarté. Il avait l’air… absent. Comme s’il n’avait pas encore atterri.
Nina a toussé. Une fois. Deux fois.
Chacun savait. Tout le monde se taisait. De gêne ? Ou un pacte muet ?
J’ai regardé Max. Il a regardé ses chaussures. J’ai eu envie de lui parler, de lui dire « je t’aime encore », ou « je sais pas ce qu’il s’est passé », ou « c’était juste une erreur », mais aucune de ces phrases n’a franchi la barrière de mes lèvres. Parce qu’au fond… je doutais que ce soit vrai.
J’ai repensé à ses mains sur Camille. À Ludo en moi. À Jules dans mon cul. À Nina, ses yeux brillants pendant qu’elle me léchait le torse. À moi, et ce que j’avais ressenti. Je n’avais pas été forcée. Pas entraînée. Pas piégée. J’avais voulu. Et c’était peut-être ça, le plus dur.
Ludo a replié la tente. On a vidé les sacs de couchage, rangé les matelas, remis les cadavres de bouteilles dans le coffre. Pas un mot plus haut que l’autre. Une ambiance d’enterrement sans défunt.
Quand tout fut prêt, on est montés dans le van.
Le trajet a été long. Trop silencieux. Nina a lancé une playlist de fond – des chansons qu’on écoutait en soirée. Camille a demandé si quelqu’un voulait un chewing-gum. Personne n’a répondu.
Je regardais par la fenêtre. Des branches, des virages, des éclats de ciel. Et des questions tournaient en boucle :
« Est-ce qu’on va faire comme si de rien n’était ? »
« Est-ce que j’ai vraiment envie d’oublier ? »
Max ne m’a pas reparlé jusqu’à la gare.
Quand on s’est dit au revoir, il m’a à peine embrassée sur la joue. Un baiser automatique. Tiède. Qui signifiait « on verra plus tard ». Ou peut-être « c’est déjà trop tard ». Et j’ai souri. Juste assez pour faire croire que tout allait bien, mais, dans ma tête, une phrase résonnait encore, comme un mauvais mantra :
« On a tous fait une putain de grosse connerie. Et pour l’instant… on n’a même pas commencé à la regretter. »