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n° 23178Fiche technique17823 caractères17823
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Temps de lecture estimé : 13 mn
07/07/25
Résumé:  Un voyeur délicat, une muse sans culotte, et un carnet où le désir s’écrit à l’encre retenue.
Critères:  #psychologie #érotisme #volupté #rencontre #personnages #occasion #voyeur #exhibitionniste #masturbation #fétichisme #lieupublic collection noculotte lingerie
Auteur : L'artiste  (L’artiste)      Envoi mini-message
Lecture à voix basse

Chapitre 1 – Le guetteur immobile



Il s’appelait Paul. Cinquante-deux ans, vieux garçon sans amertume. Pas laid, pas beau, plutôt flou. Des vêtements discrets, un journal en terrasse, et jamais un mot lancé à une inconnue dans la rue. Il n’était pas timide, juste… absorbé. Paul avait un don : il savait regarder les chattes.


Pas les vulves crues, écartées pixelisées sur des écrans collants. Non. Celles qu’on devine, qu’on soupçonne. Celles qu’un tissu effleure, qu’un pli de jupe trahit, qu’un cameltoe esquisse. Le sexe féminin à travers le textile : voilà ce qui le faisait vibrer.


Il était un voyeur contemplatif. Un esthète du frottement indirect, du frisson filtré par la matière. Coton, soie, dentelle. La culotte blanche un peu distendue, le string provocateur sous un pantalon trop fin, le tanga fendu comme une promesse de politicien. Il cartographiait les dessous.


Il avait un carnet, bien sûr. Un Moleskine beige, tanné par les années, avec un index soigneusement tenu. Chaque page commençait par un lieu, une heure, une posture.


« Plage, 14 h 42. Femme noire. Maillot ficelle. Poil visible à l’aine. Lèvres apparentes. Assise sur la serviette, cuisses ouvertes. Tissu collé. Chatte palpitante. Probablement non épilée. Opéra mouillé. »


« Supermarché, rayon yaourts. Jeune. Brune. Leggings gris. Relief net. Aucun sous-vêtement. Lèvres longues, pendantes. Démarche hésitante. Effet trampoline à chaque pas. Free jazz intime. »


« Pont Saint-Louis, 17 h. Coup de vent. Jupe trapèze corail. Culotte en coton, blanche. Petites lèvres invisibles. Poil ras. Fente timide. Clito : à deviner. Poésie muette. »


Paul ne se masturbait jamais sur place. C’eût été vulgaire. Il attendait le soir. Chez lui, assis devant le miroir, pantalon aux chevilles, carnet sur les genoux, il relisait une page en se caressant. Pas pour jouir. Pour remercier.


Il connaissait toutes les déclinaisons du sexe féminin sans en avoir effleuré une seule, et cela lui convenait. Il avait imaginé des chattes d’un million de manières et les appréciait toutes, mais seulement quand elles étaient cachées. C’était là son paradoxe : il bandait pour le tissu, pas pour la nudité. Et il s’était fixé une règle absolue : ne jamais toucher. Observer, cataloguer, imaginer, écrire. Pas franchir.


Jusqu’au jour où…


C’était un mardi d’avril. Un vent joueur, des bourrasques espiègles que les jupes aiment en secret.


Paul était installé sur son banc favori, face au canal, entre les platanes timides et les passantes distraites. Il appelait ce coin le théâtre de l’entrejambe en transit. Il ne venait pas pour chasser, mais pour contempler. Un œil sur les talons, l’autre sur les plis du textile. Le monde défilait, lui restait. En veille.


Le vent soulevait les manteaux, froissait les tissus, sculptait les silhouettes. Paul savourait. Le réel dansait. Et puis, elle apparut.


Elle marchait vite. Jupe droite, fendue sur le côté. Couleur gris perle. Pas courte, mais légère, docile à la brise. Paul releva à peine le nez. Un simple réflexe. Pas lubrique. Curieux, presque poli.


Et une rafale.


Une caresse brutale qui souleva gracieusement le tissu. Et dessous : rien.


Pas de culotte, pas de string. Une chatte libre, visible un quart de seconde. Suffisamment pour deviner : peau dorée, lèvres nettes, poil très court, tondu plus qu’épilé, et un clitoris proéminent, posé là, comme une cerise sur une offrande.


Paul frémit. C’était la collision des mondes. La transgression parfaite de son éthique : la nudité au cœur de l’habillé. L’intime jailli du public, sans prévenir.


Elle s’arrêta à cinq mètres, s’assit sur un muret face à lui, croisa lentement les jambes puis tourna la tête pour le regarder. Pas d’agressivité, pas de provocation. De la conscience. Une sorte de calme supériorité. Elle savait. Elle avait vu, avait laissé faire.


Elle esquissa un sourire étrange qui disait : « Et maintenant, que vas-tu faire ? »


Paul détourna les yeux, le cœur affolé, et ouvrit son carnet, les doigts tremblants.


« Canal. 16 h 08. Jupe grise, fendue. Pas de sous-vêtement. Chatte dorée, rasée court. Clito proéminent. Lèvres calmes. Posture : assise, jambes croisées. Regard direct. Style : orgasme visuel interactif. »


Il ne pouvait plus rester. Il se leva et s’éloigna.


Au coin de la rue, il se retourna.


Elle avait disparu.




Celle qui savait



Il aurait pu croire à un fantasme. À une invention de son désir trop plein. Il aurait pu se convaincre que la lumière l’avait trompé, que le vent avait embelli l’instant, que son esprit voyeur avait brodé autour d’une simple absence de lingerie.


Mais deux jours plus tard, elle revint. Même jupe. Démarche tranquille, indifférente au monde. Paul se trouvait de l’autre côté de la rue. Cette fois, il n’attendait rien.


Mais on ne déprogramme pas une obsession.


Elle s’arrêta, pile dans son champ de vision. Pas une pose. Une évidence. Et le vent, encore lui. Presque joueur. Presque complice. La jupe se souleva assez pour que l’œil devine, revoie, confirme. Toujours rien dessous. Elle ne bougea pas, ne marcha pas, ne s’assit pas. Elle resta là, debout, les bras croisés.


Paul sentit ses entrailles se contracter, d’excitation brute, et de panique aussi.


« Elle sait. Elle joue. »


Puis elle traversa la rue. Droit vers lui. Il chercha une échappatoire – un banc, un réverbère, un trou dans le sol, une boucle temporelle. Trop tard. Elle arrivait. À un mètre. À lui. Un sourire aux lèvres, doux, ni moqueur, ni tendre.



La voix était grave. Assurée. Sans détour. Paul ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.



Elle s’assit à côté de lui. Le banc grinça. Paul ne bougea plus. Une statue. Une alarme sexuelle sous contrôle.



Il cligna lentement des yeux. Comme si ce tic allait clarifier les choses.



Il le serra contre lui. Réflexe idiot, mais humain.



Long silence.


Puis, vaincu par une forme de fascination, Paul le tendit. Elle l’ouvrit à la dernière page, lut, et siffla doucement entre ses dents.



Paul rougit jusqu’à l’arrière des oreilles. Elle referma le carnet.



Encore un silence, mais pas vide. Chargé. Tendu comme une culotte qu’on retire lentement. Elle se pencha, son épaule toucha la sienne, puis elle murmura :



Paul déglutit, difficilement.



Elle se leva, et lissa sa jupe d’un geste tranquille.



Elle fit un pas, puis se retourna :



Et elle s’éloigna.



*



Paul avait mal dormi.


Son sexe l’avait supplié toute la nuit. En vain. Il avait tenu bon pour être plein. D’images, d’envies, de jus contenu. Naïa avait exigé la retenue, il s’y était plié strictement.


16 h 02. Même banc, même lumière dorée d’après-midi. Il sortit son carnet, le posa sur sa cuisse, stylo prêt.


Elle arriva à 16 h 09, pile, et lui sourit. Jupe noire, droite. Talons plats. T-shirt écru sans soutien-gorge. Paul sentit son cœur accélérer.



Il la regarda. Les plis ne trahissaient rien. Tissu fluide. Pas de ficelle, pas de relief.


Il nota :


« Mystère… Vision trouble. Pas un manque d’inspiration. Trop de désir. Culotte probablement confessionnelle, mais floutée par l’envie. »


Elle lut, et rit tendrement.



Elle fit un tour lent sur elle-même, s’assit à ses côtés et releva la jupe. À peine. Le bord d’un tissu beige apparut. Tout simple, tout net. Puis elle écarta légèrement les jambes. Juste assez pour que l’arrondi du sexe se dessine sous le coton tendu.



Elle pencha la tête, un sourire aux lèvres.




*



Le lendemain, elle revint. Jupe en jean cette fois. Plus épaisse. Moins docile.


Paul observa. Concentré.


« Tanga rouge en dentelle. Sans doute fine. Léger frottement perceptible. Lèvres visibles. Peut-être longues. Clito sensible. Sexe engagé. Lingerie militante. »


Elle hocha la tête, le regard amusé.



Puis elle souleva un pan de tissu. La dentelle était violette.



Alors qu’elle se levait, Paul aperçut un filet de mouille brillant sur l’intérieur de sa cuisse.



*



Le jour suivant, elle portait une robe longue, fluide, imprimée. Aucun bord de tissu visible. Silence textile.


« Pas de sous-vêtement. Volontaire. Poils ras. Chatte calme. Offre totale, mais non agressive. Nudité méditative. »


Elle se pencha vers lui, ses cheveux frôlant son épaule.



Elle lui tendit la main.



Il lui emboîta le pas, le carnet dans la poche, le sexe en embuscade au bord de l’implosion.




Chapitre 3 – Lecture à voix basse



L’immeuble était ancien. Escalier en bois qui craque, murs épais aux angles arrondis, odeur de jasmin mêlée à celle du linge chaud.


Elle habitait au troisième. Sans ascenseur. Paul monta les marches comme on gravit un rite. Il n’avait jamais été aussi dur sans espoir immédiat d’éjaculer.


Naïa ouvrit la porte, et s’effaça pour le laisser entrer. Un studio simple, épuré. Matelas au sol, table basse couverte de livres et portant garni de dizaines de dessous. Culottes, strings, tangas. Coton, soie, dentelle, satin. Noirs, rouges, jaunes, fleuris, ajourés.


Un musée suspendu.



Elle se planta devant lui et retira sa robe. Pas une explosion de nudité, non. Un effeuillage doux.


En dessous : rien.


Hormis elle.


Et sa chatte.


Poil court. Pas rasée, juste dégagée. Lèvres souples, gonflées, couleur cuivrée. Un clitoris charnu, posé comme un accent circonflexe sur un mot oublié.


Paul retint son souffle.



Il tomba à genoux.



Naïa soupira de plaisir.



Elle le regarda. L’œil brillant. La respiration courte.



Un battement de silence.



Elle s’approcha en souriant, irradiante, et plaça son sexe à quelque centimètre de son visage. Non pas pour s’imposer. Pour offrir.



Il le fit tendrement. Avec respect. Puis elle recula et montra le portant.



Il acquiesça. Mains sur les cuisses. Érection douloureuse, contenue comme un secret brûlant.



Peut-être…



*



Naïa se tenait debout devant le portant, une lumière douce caressant sa peau nue. Un corps semblable à un paragraphe qui attend une ponctuation. Elle attrapa la première culotte – coton blanc, un peu épais, taille haute – l’enfila lentement, le tissu glissant sur ses hanches.



Il l’observa, concentré comme un lexicographe devant une phrase ambiguë.



Naïa le fixa longuement, puis hocha la tête. Sérieuse.



Il s’approcha, les doigts tremblants, attrapa l’élastique et le fit glisser vers le bas. La vulve apparut, calme, luisante. Il se recula aussitôt.


Elle enchaîna. Un string rouge sang. Triangle minimal, broderies légères, ficelle tendue.



Paul inspira profondément.



Elle le retira elle-même et le laissa tomber à ses pieds.


Troisième pièce : un tanga noir. Dentelle fine. Une ouverture en forme de larme sur le haut du pubis. Paul prit son temps, chercha ses mots.



Paul fronça les sourcils.



Silence.



Elle en prit un autre. Beige, fin comme une confidence. Taille basse. Paul se pencha légèrement.



Naïa ferma les yeux. Souffla :



Elle baissa le string. Les lèvres brillaient, une fine couche d’humidité les recouvrait. Naïa déclara :



Elle attrapa un sous-vêtement presque invisible. Couleur peau, filet sans couture. Un fantôme de lingerie. Elle l’enfila, puis croisa les bras.


Paul fixa longtemps avant de se lancer :



Elle s’approcha, tout près, ôta le string d’un seul geste, le posa sur la bouche de Paul comme un bâillon de soie, puis murmura :



Il gémit. Fort. Le sperme jaillit dans son pantalon en à-coups violents. Un orgasme douloureux, contenu trop longtemps. Il ferma les yeux. L’odeur de Naïa, sa chatte, sa mouille, le tissu… tout explosait en lui. Quand il les rouvrit, elle était toujours là. Nue. Calme.





Chapitre 4 – Lecture inversée



Paul était nu. Pas seulement sans vêtements, il n’avait plus de masque. Assis sur un coussin, les cuisses ouvertes, le sexe en repos, encore vibrant de la veille.


Naïa tournait autour de lui. Elle avait enfilé une robe en lin, fendue haut. Rien en dessous. Elle tenait un pinceau dans sa main gauche. Cette fois, c’était Paul, la page blanche.



Il ne répondit pas.



Elle s’agenouilla devant lui.



Un frisson le traversa. Elle effleura sa clavicule, y murmura une phrase :



Elle avait raison. Son sexe réagit aussitôt. Lentement, mais sans ambiguïté. Elle le frôla du bout des doigts.



Elle se pencha, respira. Pas de contact, juste l’odeur.



Naïa se releva, et posa ses doigts sur sa nuque.



Paul ferma les yeux. Son souffle devenait court. Naïa se rassit devant lui, les jambes de chaque côté des siennes, son sexe à quelques centimètres du sien.



Elle plongea le pinceau dans sa chatte pour l’imprégner de mouille, puis traça un trait sur le torse masculin :



Une brise chaude. Légère. Une promesse.


Elle s’approcha, fit glisser sa vulve contre sa queue. Juste en surface. Un frottement lent, sensuel. Une plume sur du bois nu. Paul trembla. Une goutte perla à son méat. Brillante. Naïa murmura à son oreille :



Il ferma les yeux et chercha. Pas une supplication. Pas un mot porno. Quand il les rouvrit, il la fixa.



Et Naïa s’empala. D’un coup. Net. Précis.


Paul gémit.


Trop fort. Trop tôt.


Il n’avait pas dessiné la première lettre que, déjà, son corps trahissait. Une secousse. Puis une autre. Son souffle se bloqua, son visage se crispa. Le sperme avait jailli en elle, brutalement, interrompant soudain une phrase juste pensée, pas encore dessinée.


Naïa s’immobilisa. Surprise. Son bassin collé au sien.


Paul, les yeux écarquillés, tenta de parler. Rien. Que du rouge aux joues, du silence honteux.


Elle le regarda longuement, puis l’embrassa tendrement.



Et elle se blottit contre lui. Seins écrasés sur son torse. Tête posée sur son épaule. Corps calme. Paul l’enlaça, confus. Son sexe encore tremblant. Son cœur tambourinant.


Il inspira profondément, comme pour s’imprégner d’elle, et ferma les yeux.


Celle-ci, il n’avait plus à l’imaginer.


Il la ressentait déjà magnifique.