n° 23185 | Fiche technique | 8293 caractères | 8293 1425 Temps de lecture estimé : 6 mn |
10/07/25 |
Résumé: Les rebonds du corps. | ||||
Critères: #fellation fh | ||||
Auteur : Landeline-Rose Redinger Envoi mini-message |
Son visage marquait à la fois une forme de nostalgie et une joie qui transparaissaient dans la pupille irisée de ses yeux. La joie venait toujours après la peine, et pour Tom qui avait tant souffert de sa séparation, son corps s’était constellé d’une kyrielle de boutons rouges qui le tiendrait de nombreuses semaines. Et même si les premiers temps le laissèrent sans douleur, la suite fut un continuum de brûlure qui ne présageait pas de la sérénité de ses nuits, qui abattait son corps comme un linge affaissé.
Bien que n’étant pas un doloriste pénitent, Tom passait la main sur sa poitrine, siège des brûlures atténuées à ce jour, soit plusieurs mois plus tard, mais qui lançait des picotements supportables lancinants et constants.
Pourtant, ce jour dans le patio de ma demeure, sise rue Santos-Dumont, partageant un sirop d’orgeat pour lui, une limonade pour moi, pourtant quelque chose semblait animer Tom tout comme si s’insinuait en lui un diablotin qui le tirait vers la vie.
Son contentement relevait de l’intime et, pour le coup, j’étais bien, le croyais-je alors, la seule personne de cette planète à qui son intimité était ouverte.
Souvenons-nous amis, que j’avais œuvré pour la rééducation de ses chairs lorsqu’au fin fond du gouffre Tom, après l’ablation de sa prostate – dieu que ces deux derniers vocables sont désuets et relèvent tellement de la chirurgie – se voyait relégué sexuellement à la morne traversée d’un désert dont les dunes ne finiraient qu’avec son corps achevé.
Mais contre toute attente, Tom, et bien incidemment, avait retrouvé, contre quelques menus aménagements, la rectitude que l’homme aime avoir ; hisser les couleurs est bien ce que chaque guerrier retient de son passage ici-bas.
Mais que sont donc les bolides décapotables de 300 CV, les comptes en banque outrés et les placements boursiers outrageants, les costumes Gucci sur mesure, mais que sont les alcools forts et le champagne que l’on verse entre les seins des filles, les vastes espaces dans les tours vitrées, les plats de roi où sous la cloche d’argent se cachent les mets d’une année de salaire du besogneux, que sont ces choses sans la verticalité durable de cette chair que chacun vénère comme un totem chippewa, comme une sagaie qui fend l’air. Ah ! te voilà si lyrique Landie soliloquai-je tandis qu’un filet diffus humectait le tissu soyeux de ma petite La Perla juste à la croisée des jambes. Je repris mes esprits et Tom qui m’observait, qui remarquait mon absence, mon trouble aussi sans doute, n’avait, par pure courtoisie, pas entaché le silence entre nous. Être amis ne peut exclure le rythme de chacun.
Donc dans sa joie erratique, mon ami sortit au creux de sa main, comme un magicien sort la carte manquante, dans l’aplat de sa paume, un cordon de caoutchouc muni d’une bague coulissante. Si je ne suis pas née de la dernière pluie comme on dit, j’eus un haussement de sourcils simulant une forme à peine voilée d’étonnement. Vois-tu Landie, cette simple petite chose me ramène à la vie. Après les Cialis, Levitra, Viagra et autres succédanés chimiques, après les anneaux par trop sélectifs, après l’injection d’Edex qui te laisse parfois des coulures sanguinolentes, par le plus grand des hasards, Tom jouant comme un gamin avec son zizi, avait passé la hart autour de son sexe, puis peaufinant la technique, comprimé par la base son membre gonflait et se dressait avec la fierté d’un cou de grue. Conjuguée aux dernières crèmes érectiles sur le marché, sa queue était devenue l’égale d’un ami retrouvé après la guerre.
Je regardais Tom heureux comme un chercheur d’or devant une pépite. Je l’étais aussi. Et nos deux joies contiguës ne revêtaient pas la forme d’une excitation sexuelle, pour l’heure, mais elles furent une sorte de bonheur que l’on aime partager avec ceux à qui l’on souhaite le meilleur.
Ô Tom que ta joie demeure, psalmodiai-je à l’instar du fervent sur la dalle froide de l’abbaye.
Mais aussi, le petit voile qui trahissait ce bonheur revenu laissait chez lui le souvenir de celle qui fut son amante et qui était son amie.
Un homme sans main est un homme foutu, fit-il pour détendre l’atmosphère un peu chargée de la ferveur qui nous tenait.
Mais pensai-je en aspirant la limonade à la paille, Tom serait-il là, telle la démonstratrice des produits Avon de son enfance, serait-il chez moi pour confirmer les bienfaits de son cordon dans une pratique convaincante ? Cela me posait question.
Pourquoi l’avais-je fait ce jour, moi qui d’ordinaire adoptais une tenue sportwear presque négligée, pourquoi dieu avais-je passé sur mon corps nu cette robe évasée à partir de la taille dont le coton perlé laissait à qui s’y attardait, transparaître le grain halé de ma peau en cette fin d’été. À l’égal du tissu, je sentais perler mon épiderme et se faufiler mes tétons entre deux mailles, préambule annonciateur de l’envahissement progressif du désir. Le coussin ocre de mon fauteuil faisait dans sa petite irisation une tache humide à l’endroit de mes cuisses ; en appui sur mes stilettos qui ne pouvaient être que le pendant sensuel de ma robe, quelque chose était à l’œuvre dans mon corps. L’inconscient avait-il travaillé à mon insu ? Tom avait-il remarqué mon trouble ?
Et vous le savez, je n’ai pas pour philosophie de contrarier les intentions naturelles du corps. Laissant couler au long de mes aisselles les perles de sueur et le petit friselis qui longeaient la sente de mon dos pour se glisser dans le sillon de mes fesses, je ne pus contrarier ma main qui s’allait autonome vers l’inexistant renflement du sexe de Tom. D’un léger mouvement du bassin, il glissa son short long sur ses chevilles et son sexe penaud et alangui accueillit sa main tandis qu’aguerri à la manœuvre, Tom passait la cordelette de caoutchouc sous le paquet de ses couilles et, progressivement, sans excès ni précipitation, il laissait coulisser la bague qui bloquait son sexe avec discrétion et ajoutait presque une présence énigmatique non dénuée de sensualité.
Avec la mesure que nous donnions à l’amour physique, je pistonnais le membre de Tom qui s’oblonguait sous ma caresse, jusqu’à devenir une queue bien raisonnable qui pour sûr n’eût pas visiter mon cul, mais bien acceptable pour se nicher dans le palais de ma bouche. Je n’en étais pas encore là, tandis que face à face, j’astiquais la bite lubrifiée de Tom, sa main se glissait sous le filin de ma petite La Perla, deux doigts entrés dans mon sexe qui coulait comme un orgeat sirupeux. Bientôt, Tom fut à genoux, le visage sous le voile de ma robe, et je pouvais percevoir le léger gargouillis de sa langue qui lapait mes lèvres. À genoux devant moi, Tom pour la constance, redonnait à son sexe un jeu de piston garantissant une raideur qui ne le tiendrait pas durablement ; alors que je me pâmais de sa langue.
Je quittais ma robe tout comme si un feu la prenait, et nue, je caressais ma poitrine, amplifiant comme par alternance les coups de langue de mon ami. Plus que moi, Tom connaissait les limites de son plaisir, il se retira de mes cuisses et, courbé dans le fauteuil, avança sa bite ; sans qu’un mot d’ordre fût dit, à mon tour, je pris la position de l’orant et ma bouche enserra la queue de Tom. Cela, non, ne fut pas une éternité, mais sa jouissance fut celle d’un cri qui emmenait mon ami ailleurs qu’ici, loin dans une contrée connue seulement de lui. Je suçais son sexe avec une forme d’effervescence.
Tom largua dans ma bouche de courtes salves d’un liquide vitreux qui sans avoir le goût salé du sperme, avait l’aigreur et la saveur d’une liqueur confidentielle. Je laissais son jus chauffer ma bouche et couler en patte de mouche de mon cou à mes seins.
Tom avait joui et son sexe sensiblement douloureux quitta ma bouche ; apposa ses paumes sur mes seins, puis reprit son jeu de langue entre mes cuisses. Mais la partie était terminée. Maintenant son sexe amolli se laissait pendre à l’égal de la cordelette. L’affaire, par le rictus de joie discrète qui barrait son visage, dut lui paraître convaincante.
J’aime que les hommes transportent le bonheur, plus que la gloire, que déposant les armes, ils sourient à la paix retrouvée. Tom était de ceux-là. Pas de bataille, pas de guerrier, juste un champ d’honneur.
Après la douche nous avons conversé comme les meilleurs amis que nous étions. La vie avait un sens.