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Temps de lecture estimé : 14 mn
18/07/25
Présentation:  Ayant appris que Thierry Ardisson est parti pour un monde qu’on dit meilleur, j’ai eu une idée de récit placé début des années 90.
Résumé:  Dans le grand studio TV, le chauffeur de salle est en train d’annoncer ma venue. Il est l’heure d’entrer en piste.
Critères:  #chronique #société #personnages
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message
Interviews

Ayant appris que Thierry Ardisson est parti pour un monde qu’on dit meilleur, j’ai eu une idée de récit placé début des années 90. Bonne lecture :)



Interview 1


Dans le grand studio TV, le chauffeur de salle est en train d’annoncer ma venue. Il est l’heure d’entrer en piste.



Sous les applaudissements nourris du public, je viens me placer au centre du plateau, puis je salue cérémonieusement l’assemblée. Cette émission est diffusée avec un léger différé, ce qui rassurent mes annonceurs. Il est rare que j’aie droit à des débordements, mais on ne sait jamais. Il suffit d’une seule fois pour ruiner ou compromettre une carrière. Demandez donc à Patrick Sabatier et aussi à Chantal Goya…


Mon (relatif) succès vient du fait que je pose sereinement les bonnes questions, tout en sachant les enrober mais pas trop. De plus, beaucoup de personnes estiment que j’ai un beau physique, bien que plutôt particulier, un peu à la David Bowie.


S’ils savaient…


Mon premier invité (légèrement poussé par son staff) est un sportif nettement plus connu pour ses fiestas et ses débordements que sa régularité sur le terrain. Un jeunot qui a très vite (trop vite) connu la gloire, avec de l’argent facile, et une petite cour de flatteurs et sans doute de profiteurs autour de lui.


Visiblement, il est interloqué par les diverses questions que je lui pose. Il me lance :



Encore heureux que j’ai un assez bon charisme, une bonne présence et aussi une haute stature qui en impose, ce qui me permet de calmer assez vite la plupart des indélicats. Ma voix rauque un peu étrange aide aussi. Dans les torchons qui tapissent les kiosques à journaux, on dit même que je suis un extra-terrestre. Je continue sur ma lancée :



Flegmatiquement, j’assène :



Tordant le cou vers l’arrière, il jette un regard mauvais vers les coulisses :



Comme il me tend la perche, je bifurque faussement :



L’air renfrogné, mon invité grogne :



Il joint carrément le geste à la parole :



Je me renseigne un maximum, ça fait partie de mon métier. Néanmoins, je biaise :



Rien de spécial à tirer de cet invité qui est venu vendre sa soupe, c’est-à-dire ses mémoires, dont je suis certain qu’il n’a pas écrit une seule ligne, puisqu’il ne semble pas capable de se souvenir de ce qu’il a pu écrire dans son bouquin qui atteint difficilement les cent cinquante pages rédigées en gros caractères. Encore heureux qu’il y ait plein de photos pour meubler…


C’est avec un certain soulagement que j’accueille l’invitée suivante, une Lolita chanteuse, comme il en existe presque une tous les deux ans. Soulagement, c’est vite dit. Je me rappelle du vide abyssal de celle qui chantait à tue-tête « Turlututu, matou, tu m’as vue », un monument de la littérature française. Elle compensait par une poitrine avenante qui menaçait à tout moment d’expédier à travers la scène (ou dans le public) les boutons de sa tenue trop serrée.



Interview 2


Cette fois-ci, ma Lolita du soir semble avoir un cerveau opérationnel. Elle n’est pas aussi poitrinaire que l’autre, bien qu’ayant un certain décolleté. Disons que ses formes sont plus harmonieuses, mais ce n’est pas une maigrichonne. Visiblement, cette jeune chanteuse connaît mon émission, elle est même capable de me citer les précédentes que j’ai pu faire. Elle explique :



Délaissant momentanément mes fiches, je souris :



Cette petite jeune est intéressante, elle contraste fortement avec l’autre abruti. Ça fait une juste moyenne. Après quelques minutes de dialogue, je lâche :



J’en profite pour balancer une petite pique envers son auteur-compositeur-impresario-producteur et peut-être amant :



J’affiche un petit sourire :



Toujours très posée, elle dit :



Le reste de l’entrevue se passe bien. Cette Cricri est une gentille fille qui est tombée dans les pattes d’un exploiteur bien connu, un presse-citron comme on dit, le genre de bonhomme que je n’aime pas du tout, un vrai salopard, mais tout ce qu’il fait reste légal, même si ce n’est pas moral.


Puis arrive l’heure de la courte pause, un quart d’heure de publicité, avant d’embrayer sur deux autres interviews.



Dans ma loge


Ayant échappé à son impresario, la jeune chanteuse vient me voir dans ma loge :



Assise sur une chaise, elle fait la moue :



Je relativise :



Elle lève les yeux au ciel :



Un air interloqué s’affiche sur mon visage, je consulte aussitôt mes fiches :



Je la regarde fixement :



Moi-même, je me demande pourquoi je viens de dire ça. Néanmoins, je reste impassible :



Je me mets à rire :



Elle me regarde d’un air étrange :



Puis elle se penche pour m’embrasser sur la joue. La seconde suivante, sans que j’aie eu le temps de réagir, elle n’est plus dans ma loge.



xxx


J’ai revu plusieurs fois Cricri. Comme aujourd’hui, chez moi dans mon appartement parisien, mais cette fois-ci, elle est accompagnée par ses parents. Je fais très attention : toujours avoir au moins un témoin avec soi quand on rencontre certaines personnes. On ne sait jamais.


Je m’adresse aux trois personnes qui me font face :



Illico, Cricri intervient :



Je me mets à rire :



C’est à sa demande que je la tutoie depuis quelques jours. Il est vrai que mon âge est situé entre le sien et celui de ses parents.



Elle semble très intéressée :



Le père me serre chaleureusement la main :



Je me tourne vers Cricri :



Elle me regarde avec une sorte d’adoration :



Son père intervient :



Elle lui fait un petit câlin :



Cette jeune fille est amusante à sa façon. Elle passe d’un rôle de femme à celui de fillette en un rien de temps. On ne doit pas s’embêter avec elle. Puis comme convenu, puisque c’est un jour de repos pour Cricri, nous nous dirigeons tous les quatre vers le studio où je vais enregistrer une autre émission, mes trois invités seront au premier rang. J’ai demandé à la jeune fille de modifier un peu sa coiffure pour qu’on ne la reconnaisse pas.



Révélations


L’intérêt de bien gagner sa vie est qu’on peut s’offrir divers menus plaisirs. Celui que j’affectionne le plus trône dans ma grande salle de bain sous la forme d’une baignoire-jacuzzi. J’adore me délasser dans l’eau chaude avec plein de bulles autour de moi. Certains trouvent le paradis dans des substances plus ou moins légales.


Moi, c’est en utilisant du H2O…


Mon jacuzzi peut accueillir jusqu’à quatre personnes, mais comme j’ai une grande taille, ce nombre descend à trois, voire deux. J’ai déjà eu le plaisir d’avoir des partenaires de bain, je suis loin de détester le sexe, mais pas avec n’importe qui.


C’est alors que je songe à Cricri…


J’aurais bien aimé qu’elle soit là, mais dans ce cas, elle saurait qui je suis vraiment, et ça, je préfère éviter. Je sais qu’elle a l’esprit ouvert, mais qui sait. Cette fille m’attire, je le sais très bien, mais je crains que ce ne sois pas réciproque. Donc, il ne me reste plus qu’à faire une croix sur un éventuel rapprochement entre elle et moi.



Quand on parle du loup ! Mais qu’est-ce qu’elle vient faire ici chez moi ? Comment est-elle entrée ? Sans complexe, elle clame à voix haute :



Qu’est-ce que je fais ? Je lui réponds ou pas ? Sans attendre une quelconque réponse de ma part, elle enchaîne :



Ça, c’est une très bonne nouvelle pour elle, mais moins pour moi si elle ouvre la porte de la salle de bain. Justement, loi de Murphy oblige, celle-ci s’ouvre aussitôt sur la jeune fille :



Elle se fige, tétanisée, ouvrant de grands yeux ronds. Fébrile, elle s’approche prestement du jacuzzi sans me demander la permission :



Je ne dirais pas que je suis une erreur de la nature, mais bien que je sois biologiquement une femme, j’ai le physique et la carrure d’un homme. Sous mes vêtements, mes menus seins passent pour des pectoraux, d’autant que je fais de la musculation.


Avec une certaine gourmandise, Cricri me regarde visiblement d’un autre œil :



Sans cesser de me scruter de haut en bas, elle s’agenouille devant le jacuzzi :



Ses mains sur le rebord du jacuzzi, me fixant droit dans les yeux, elle se penche légèrement vers moi :



Elle me dévisage de façon très insistante :



Passant outre sa déclaration, agitant mon index sous son nez, je la gronde :



J’aurais dû faire plus attention, c’est bon à savoir pour le futur. Finalement, une clé à l’ancienne, c’est finalement mieux que tous ces machins électroniques qui ne sont pas vraiment sécurisés. Toujours assise au fond de l’eau chaude, je soupire :



Se redressant sur ses genoux, elle bat carrément les mains :



Elle semble déçue. Je précise :



Tout en ôtant précipitamment ses vêtements, Cricri me lance un large sourire enjôleur. Le reste nous appartient à elle comme à moi.