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Temps de lecture estimé : 51 mn
04/10/02
Résumé:  Un jeune homme se fait initier par une femme un peu étrange.
Critères:  fh fplusag jeunes vacances essayage caférestau amour voir odeurs init humour
Auteur : Michel_C      

Série : Jean, l'ingénu de ces dames

Chapitre 01 / 02
Une initiatrice insolite

L’année scolaire venait de se terminer et je devais encore passer mes vacances chez ma mère, un petit patelin caractérisé par sa monotonie et son immobilisme. L’été, dans ce village, il n’y a pas de filles de mon âge. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura sans doute jamais. Il n’y a que des couples avec de jeunes enfants et beaucoup de grands parents. Je suis le seul de mon espèce.

Mes vacances se limitent à mon emploi d’été, mes lectures et mon piano. Et lorsque je retourne au collège, en septembre, mon sac d’aventures est aussi vide qu’à l’arrivée. Je me souviens, l’an passé, de retour de vacances, comment mes copains de classe avaient pris un malin plaisir à raconter leurs rencontres amoureuses. Je veux bien croire qu’ils beurraient la tartine des deux côtés, mais, tout de même, derrière la fabulation, une réalité occupait une place enviable.

Pour employer un euphémisme qui m’était cher, j’étais dû pour connaître le corps d’une femme. L’expression m’apparaissait plus respectueuse que « sauter une fille ». Ma mère m’avait quand même enseigné les principes élémentaires du savoir-vivre. Elle était la seule responsable de mon éducation et il lui arrivait, à l’occasion, de me gratifier de cours sur l’art de se comporter avec les jeunes filles de mon âge.



N’empêche, ce même respect servait de carte de membre au club des Joseph éplorés.

Il faut dire que ma mère, fille unique issue d’un juif casher hérétique et d’une catholique bigote, a systématiquement éduqué son seul fils, moi, dans un mariage des préceptes judéo-chrétiens à tendances restrictives. Je me gargarise de grands mots, me direz-vous! Détrompez-vous, ils sont bien choisis, je vous l’assure… Et ils résument bien la complexité et la rigidité de mon éducation.

Bénéficiaire du rite de la circoncision à la naissance, je fus baptisé la semaine suivante. Je ne connais pas le goût du porc, mais très bien l’odeur de l’encens. Orphelin de père à la naissance, ma vision du monde fut essentiellement féminine… sauf à quelques occasions lors de visites chez le grand-père hérétique. D’ailleurs, j’ai souvent entendu ce dernier dire à ma mère : « Tu l’éduques comme une fille destinée au couvent! » J’ai toujours aimé mon grand-père. Il aimait beaucoup la vie, lui.

Ma mère espérait une bru faite sur mesure…et le plus tard possible. Aussi prenait-elle bien soin de m’avertir des dangers encourus par le libertinage et la débauche. Tous les écueils à une saine relation amoureuse me furent expliqués de long en large et deux fois plus qu’une.

Sauf que, les parents ont beau encadrer leurs enfants dans une enclave familiale hautement surveillée, il arrive que des impondérables fassent évoluer une situation, pas toujours dans le sens prévu. C’est ce qu’il m’arriva la semaine suivant mon anniversaire.

Je venais tout juste de débuter mon emploi d’été : livreur pour l’épicier du village. Les Grondin, épiciers de père en fils depuis plus d’un siècle, avaient toujours conservé le même mode de livraison aux clients : le tricycle rouge avec le mot « Grondin » écrit sur chaque côté de la boîte.

Au matin de ma troisième journée de travail, M. Grondin m’attendait pour une livraison.



Me glissant la boîte sur le comptoir, il tourna les talons et retourna à son café encore chaud.

La caisse était particulièrement lourde : au moins trente kilos. Du poids supplémentaire sur le vélo… et une grosse colline à gravir. Un beau début de journée!

Effectivement, le numéro 2580 de la rue Fabre se situait à l’endroit décrit. En fait, à ce niveau, le nom de rue Fabre portait maintenant le nom de route 321. Un lieu presque totalement isolé. De plus, j’ai dû laisser mon tricycle près de la route, le sentier étant vraiment trop étroit. La petite maison se situait à plus de 100 mètres de l’entrée et n’était visible qu’à mi-chemin. Seul un étroit sentier de terre battue sillonnant entre les arbres en indiquait la route à suivre.

La piste débouchait sur le perron arrière du chalet. Trois marches donnaient accès à une porte-moustiquaire. L’intérieur de la petite maison baignait dans une semi-obscurité. Une immense baie vitrée étalait les formes gracieuses d’un petit lac. Une douce musique de Bach remplissait la pièce principale.

Les mains occupées à tenir la grosse boîte de produits alimentaires, je frappai légèrement du pied la porte-moustiquaire en disant : « C’est la commande d’épicerie… »

Une voix féminine provenant de quelque part à l’intérieur me retourna : « J’arrive »

Une silhouette se présenta à gauche de la baie vitrée. Du coup, mon cœur cessa de battre. Dans ce jeu de pénombre et de clarté, on aurait dit qu’une femme nue s’avançait vers la porte-moustiquaire.



Inondée maintenant par la clarté de la porte arrière, la silhouette se précisa. Un merveilleux corps de femme se découpait sous une robe de soie quasi transparente. Pas de soutien-gorge, pas de culotte, entièrement nue sous cette espèce de cape légèrement rosée. La forme parfaite des aréoles, pointant dignement leur mamelon turgescent, m’offrait le plus beau des spectacles. Plus bas, un triangle noir se perdait à travers les reflets ondoyants du tissus.

Je faillis échapper la boîte. La surprise était de taille. J’étais pétrifié sur place, incapable de dire un mot ou de bouger : j’étais coincé dans cet instant magique, à contempler du coin de l’œil ce merveilleux corps de femme.



Levant les yeux, son visage m’apparut tout aussi merveilleux. Un rouge à lèvres discret, aux teintes rosées, découpait admirablement bien ses lèvres sensuelles. Elle m’exhibait un splendide sourire provocateur. Un fond de teint légèrement blafard amplifiait l’expression de malice en provenance des yeux tandis qu’une coiffure en broussaille encadrait l’ensemble.

Elle était d’une beauté indéfinissable subjuguant toute résistance mâle. Chaque courbe de son corps, chaque forme arrondie, que ce soit les seins ou les fesses, était un appel à la volupté, une invitation au plaisir des sens. Elle n’avait pas d’âge. Enfin… beaucoup plus jeune que ma mère, elle était plus vieille que moi. Elle incarnait la sensualité dans son paroxysme, la femme accomplie, la féminité dominatrice.

Approchant doucement son visage du mien par-dessus le couvercle de la boîte d’épicerie, elle me lança malicieusement : « Mais quelle surprise! Vous êtes beau, jeune homme! ». Son souffle chaud, enivrant, glissa en un frisson le long de mes joues. Une odeur de lavande l’accompagnait. Une bouffée d’intense chaleur me traversa le visage : j’ai dû rougir comme une pivoine.

Éloignant doucement son visage du mien : « Vous savez que je ne donne pas de pourboire en argent… Déposez la boîte sur la table. »

Je m’exécutai, incapable de penser. Lorsque je me retournai vers elle, la coordination de mes mouvements était biaisée. De légers spasmes occupaient mes bras tandis que mes jambes répondaient en automate. Les mouvements me semblaient saccadés. L’œil hagard, je levai la tête.

Et cette femme m’éplucha longuement du regard… Elle me regarda comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. Un regard insoutenable, à la fois dangereux et enivrant. Mon trouble grandit, m’envahit et finit par me submerger. Elle dut s’en apercevoir. Souriante, elle s’approcha de moi et me tendit une enveloppe : l’argent de sa commande d’épicerie.



Je quittai la demeure sans me retourner l’enveloppe dans la main droite, pointée vers l’avant. Mes pensées étaient confuses : mon esprit régurgitait le trop-plein d’images sensuelles qui s’étaient imprégnées dans ma mémoire. L’éducation austère de ma mère ne m’avait pas préparé à une telle rencontre… du deuxième type.

Je récupérai le tricycle et m’en retournai lentement à l’épicerie. Je pris mon temps laissant le triporteur descendre de lui-même la colline. Je devais retrouver mon aplomb avant de parler à qui que ce soit.

Je venais de faire une découverte de taille : j’étais loin d’être l’homme viril que je m’imaginais dans mes fantasmes. J’avais perdu toute prestance devant cette femme… uniquement parce qu’elle s’était présentée en déshabillé léger. J’avais été mis K.O. au premier coup. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 ! Out ! Le match est fini… au premier round.

Mais aussi première présence sur le ring, conséquence directe d’une petite vie tranquille avec une mater tranquille dans un petit village tranquille. Ma mère m’avait tellement couvé.

Le reste de la journée passa rapidement. M. Grondin me fit nettoyer l’arrière-boutique, ce qui me permit de revivre en imagination les meilleurs moments de cette aventure.

De retour à la maison, il y avait un imprévu.



Pour une journée de surprise, j’étais choyé. Mon grand-père que je voyais habituellement qu’une ou deux fois par mois, surtout depuis la mort de ma grand-mère, avait choisi cette journée pour nous rendre visite. Moi qui voulais m’isoler dans ma chambre pour polir à loisir l’image mentale de cette femme.



Mon grand-père resta pour le repas du soir. On discuta de tout et de rien, mais il s’informa particulièrement sur mon emploi d’été, ce que je faisais et comment j’appréciais ce travail. Il me parla de son premier emploi, de son premier chèque de paie. Il était riche, très riche et n’avait pas acquis sa richesse en méprisant le travail. C’était une valeur qu’il privilégiait et appréciait qu’elle m’appartienne.

Il s’informa aussi sur les amours de ma mère, sujet qui horripilait cette dernière.



Ma mère avait souvent cette tendance à répondre à ma place, surtout lorsque le sujet concernait mon éducation. Mais, pour une fois, j’étais heureux qu’elle le fasse. Après l’aventure de la matinée, je n’avais pas la tête à trouver des réponses toutes faites. D’autant plus que mon grand-père était un fin renard. Ma réponse aurait pu lui mettre la puce à l’oreille. Lorsque j’étais petit, il prenait un malin plaisir à fouiner dans mes petits secrets. À l’époque, j’en étais arrivé à le considérer comme un vrai magicien qui lisait dans mes pensées.



Pour ma mère, c’était trop. Son propre père m’incitait à la débauche. Quel sacrilège! Il faut dire qu’elle n’a jamais eu le sens de l’humour, surtout lorsqu’on touche le « SEXE ».



Mon grand-père avait toujours un demi-sourire d’accroché sous le nez et rien ne pouvait le déconcerter, surtout pas sa fille.



Ma mère fit semblant de ne rien entendre. Elle connaissait son père et savait qu’elle n’aurait jamais le dernier mot.

Mon grand-père partit peu de temps après. Il embrassa sa fille et me serra la main.



Le lendemain matin, c’est sous un soleil radieux que je me présentai au travail. La routine reprit sa place. Livraison, nettoyage et étiquetage se succédèrent toute la journée… de même que le reste de la semaine. L’événement du mercredi matin était presque passé à l’oubli… enfin le trouble psychique qui s’y rattachait : l’image mentale de cette femme était toujours aussi vivante. Il ne se passait pas quatre heures sans que je ravive cette image, un peu à l’instar de ce cadran mécanique que l’on remonte machinalement tous les jours.

Tout compte fait, je m’en sortais bien. L’événement avait été un peu pénible pour l’ego. Mais, après plusieurs jours de cogitation sur mon inexpérience, j’en vins à la conclusion que n’importe quel autre individu de mon âge, placé dans une situation semblable, aurait sans doute fait la même chose. J’entretenais précieusement l’image mentale de cette femme et, cet automne, à la rentrée scolaire, j’aurais tout le loisir d’enrober cette histoire de quelques fantasmes bien assortis.

Le jeudi suivant, alors que je triais les légumes du présentoir adossé à la vitrine de l’épicerie, une voix mélodieuse accompagnée d’une odeur de lavande me surprit par derrière.



Je n’avais pas besoin de me retourner. Mes jambes se transformèrent en coton et l’image mentale d’une femme nue s’imposa à mon esprit. Je dus me retourner pour chasser cette vision.

Elle était là, à deux mètres devant moi, portant un tailleur jaune pâle. Le décolleté quoique réservé annonçait bien la consistance du buste. Moulant très bien le contour des seins, la petite veste collait à la taille et allait mourir sur le galbe de ses hanches. Une jupe plus audacieuse flottait librement autour des jambes.

Son fard, plus discret cette fois-ci, rehaussait l’éclat de son teint et son rouge à lèvres s’harmonisait bien à l’ensemble du visage. Sa coiffure était impeccable. Elle me regardait en souriant.

Dieu qu’elle était belle!

A la voir, comme ça, devant moi, mon esprit fut la proie de mes pensées obsessionnelles. Sans que j’y puisse quoi que ce soit, mon imaginaire transforma le tailleur jaune en déshabillé transparent et mes yeux purent contempler encore une fois le corps nu de cette femme.

Mon air hébété, ou le bulbe qui prenait naissance dans mes pantalons, dut l’informer de mes fantasmes. Le corps de cette femme avait beau m’apparaître nu, je me sentais comme un livre ouvert. Une impression de gêne profonde prit de l’ampleur et je ne pus supporter son regard. Je baissai les yeux.



Elle passa près de moi. Un effluve prononcé de lavande m’assaillit et m’imprégna de sa sensualité. Pour conserver le peu de prestance qu’il me restait, je me mis à tripoter les pommes étalées dans un panier. Du coin de l’œil, j’observais les gestes de cette femme qui discutait avec M. Grondin.

Elle lui remit une feuille… et je pâlis instantanément, incapable d’identifier si c’était… de peur ou de joie?

Elle sortit de l’épicerie entraînant avec elles le doux parfum de lavande. Elle s’arrêta à mon niveau, me regarda quelques secondes et me dit gentiment ; « À tantôt »

Je sentis ma pâleur devenir cireuse puis livide. Mais elle était déjà partie. Je la regardai s’éloigner, la croupe ondulante sous une jupe leste. La liberté de ce mouvement féminin ne pouvait qu’abreuver mon esprit de fébrilités et d’angoisses, un mélange de désirs intenses et de peurs atroces.



M. Grondin se tenait près de moi.



Inutile de décrire la gamme d’émotions qui me bousculèrent l’intérieur du crâne cet après-midi-là. De la peur, de l’effroi, de la panique, entrecoupé de moments de hâte et d’empressement.

À cinq heures pile, je laissais mon tricycle près de la route et m’engageais dans l’étroit sentier menant au chalet. Un mariage explosif de curiosité et d’anxiété me dominait. Je voulais revoir cette femme nue, mais j’en avais peur aussi.



Elle vint m’accueillir à la porte-moustiquaire. Son seul vêtement, un chemisier, transparent et déboutonné. Lors de ma première visite, mon regard avait dû être fuyant, incapable de maintenir les yeux sur le corps de la déesse nue. Pas cette fois. J’ai regardé, j’ai examiné, j’ai scruté.

Cette attitude de ma part ne l’impressionna pas.



La réponse était sortie, comme ça, sans retenue, naïve et sincère. Je n’avais pas eu le temps de penser, de chercher une bonne réponse ou de comprendre ce qui m’arrivait.

Je vois un sourire narquois naître progressivement aux commissures de ses lèvres et par la suite, une tête disparaître dans l’angle de la boîte que je tiens encore dans mes bras.

La suite des événements fut tout aussi précipitée. Deux mains énergiques empoignent les coutures latérales de mon bermuda et d’un geste décidé le font glisser jusqu’aux genoux. Une petite brise me chatouilla le duvet des fesses, un afflux sanguin canalisa mes sens. Une superbe érection s’ensuivit instantanément.



Il fallait bien que je dise quelque chose. Les idées ne se bousculent pas dans de telles situations. L’esprit est perturbé et la pensée devient visqueuse.

Enfin! Ma réponse a dû être interprétée comme un signe d’assentiment du genre « Oui, je le veux » parce qu’aussitôt la phrase terminée, je sentis la douce volupté d’une langue sur le gland de mon pénis. Du moins, je l’en déduisis : aucune expérience de la sorte ne m’était arrivée auparavant et aucun autre organe qu’une langue, à ma connaissance, ne pouvait donner de telles sensations de jouissance.

L’effleurement délicat et continu de sa langue sur mon pénis alourdissait dangereusement le poids de la boîte.

Il faut penser vite et bien, profiter de l’opportunité. Une situation pareille! Jamais dans mes fantasmes les plus fous j’avais imaginé une telle situation. Bon! D’accord! L’image que je me faisais de la première fois comportait beaucoup plus de romantisme. Je m’étais imaginé prenant presque toute une soirée pour oser embrasser délicatement une jeune fille sur la bouche… Et si, par bonheur, elle n’était pas trop réfractaire à mon baiser langoureux, j’aurais peut-être, je dis bien peut-être, osé lui toucher les seins.

Mais, comme l’a toujours dit mon grand-père : « À cheval donné, on ne regarde pas la bride ». Et il faut « savoir se retourner sur une pièce de monnaie ».

Pendant qu’une petite partie de mon cerveau cherchait un moyen de se débarrasser de cette lourde caisse de nourriture, une autre était drainée par les sensations du pénis. La pression montait : chaque geste de la main, harmonisé à celui de sa langue, augmentait l’afflux sanguin dans une verge déjà gonflée à bloc et rapprochait, par le fait même, l’instant ultime. Mes testicules se contractaient et semblaient vouloir remonter dans le bas ventre. Une chaleur intense s’installa dans la verge.

Sentant le climax approcher, elle suspendit mon envol.



Le bermuda aux genoux, je m’exécutai. Tournant la tête vers mon hôtesse, je la vis se relever, se retourner doucement et se pencher pour ramasser une excuse, là comme ça, par terre, exhibant audacieusement sa croupe parfaitement moulée



Pétrifié, submergé d’incertitudes, mais aussi attisé et appâté par cet irrésistible corps, j’étais incapable de bouger.



Je m’approchai délicatement d’elle, la verge au garde-à-vous, dure comme de l’acier, tous les sens aux aguets. Elle se tenait là, pliée en deux dans l’embrasure de la porte, les mains écartant délicatement les fesses pour me faciliter le passage : une situation folle dans un environnement complètement fou. Mon désir sexuel était à son paroxysme. Mes yeux étaient obsédés par la vue de cette orchidée aux teintes rosées. Les narines grande ouvertes, mon sens olfactif humait le doux parfum des phéromones. Déposant délicatement mes deux mains ouvertes sur le galbe de ses hanches, une force magnétique inouïe attira mon pénis de ce temple suintant.

Délicatement, très délicatement, pour la première fois de ma vie, j’ai glissé le gland de mon pénis entre les lèvres chaudes et humides d’une vulve. Une sensation de plaisir intense irradia mon pénis et monta subrepticement le long de ma colonne vertébrale. Je poussai un peu, et encore un peu, jusqu’à ce que je sente la forme de ses fesses sur mes cuisses. Quel doux plaisir que de sentir ce membre dur et chaud à l’intérieur d’un corps de femme!

D’un léger mouvement de recul, je ramenai le gland de mon pénis à l’entrée du temple. Quelle sensation sublime à l’idée de l’engager de nouveau! Quelle caresse divine que ce glissement doux et continu.

Mais, mon corps, totalement étranger à ce type de plaisir intense, hâta l’aboutissement du geste : une force intérieure expulsa en un geyser plusieurs années d’attente et de refoulement.

Se retournant vers moi, l’œil légèrement critique, elle me regarda longuement, un soupçon de déception dans les yeux.



Vaincu par mon inexpérience, je renonçai à toute attitude phallocrate. L’humilité se présenta comme la seule porte de sortie honorable. Et il arrive parfois que l’expression de l’humilité se traduise par le silence.

Dans un mélange de gêne et de honte, je remontai mon bermuda. L’esprit penaud, les yeux embués, je quittai la place illico, sans me retourner ni prendre l’enveloppe d’argent pour la commande d’épicerie.

Ce soir-là, j’ai maudit ma mère, M Grondin, cette femme et moi-même. Je dis cette femme parce qu’au chemin du retour, je m’aperçus que je connaissais d’elle ni son nom ni son prénom : les échanges verbaux que nous avions eus s’étaient limités à « Madame » et à « Jeune homme ».

Mon égarement côtoyait la confusion mentale. Tout était si clair avant. Ma mère m’avait fait évoluer dans un cadre où tout était nettement défini, où les relations entre les hommes et les femmes ont un commencement, une progression lente et régulière et un aboutissement prévisible. Dans cette optique, mon rôle de jeune homme gardait le contrôle des événements, ce qui n’était vraiment pas le cas de la situation que je vivais.

Qu’avais-je fait ? Me précipiter sans préliminaire dans le corps de cette femme. Pourtant, j’avais lu des livres, vu des films. Combien de fois, avec les copains, avions-nous discuté du plaisir de « réchauffer » une femme . Combien de fois, avons-nous imaginé des situations où tous les sens étaient sollicités, en particulier le goût et l’odorat . Non ! Il a fallu que j’y aille directement, sans détour, me privant, et lui refusant les douces caresses préparatoires à l’amour. Quelle félicité une langue peut-elle procurer en explorant les interstices et les méandres par lesquels suinte un doux parfum de cyprine. Quelle extase que de humer ces effluves du désir! Non! J’étais passé à côté par pure ignorance, conséquence inéluctable d’un destin trop planifié par ma mère.

Souvent, dans mes rêves, mes fantasmes, je m’imaginais une femme, un peu plus vieille que moi, prenant l’initiative, histoire de ne pas trop confronter ma timidité. Je m’endormais souvent le soir, couché avec une belle grande rousse. Nous nous caressions mutuellement, laissant la chaleur du désir nous emporter. Mais, imaginer le contact étroit de deux corps excités par le désir et vivre la tourmente passionnelle de la première fois, il y a tout un monde.

L’avantage d’être le sollicité plus que le solliciteur est l’élimination de tout refus possible. En plus, je n’avais pas à faire les premiers pas. Ce sont toujours les plus difficiles, surtout quand on ne les a jamais faits. Comment aborder une femme et lui dire gentiment : « Je veux faire l’amour avec toi ». Tout un contrat de diplomatie et d’habileté émotive! Cette femme, cette merveilleuse femme qui arrivait dans ma vie comme ça, sans crier gare, s’apparentait bien à la chimère de mes rêves… quoiqu’elle était plus vieille que moi et me dominait royalement.

Cette déesse appartenait à une autre génération que la mienne Elle était une femme accomplie. Elle se classait dans l’échelle de l’idéal féminin auquel seul les hommes, adultes et en pleine possession de leur statut de mâle, avaient accès. J’avais de la difficulté à croire qu’une telle nymphe offre sa croupe à un jouvenceau inexpérimenté comme moi. Cela dépassait les limites de mon entendement. Que pouvais-je lui apporter? De l’inexpérience et de l’éjaculation précoce.

J’étais rendu dans la cour des grands et je ne m’y sentais pas tellement à ma place. En fait, la confusion mentale dans laquelle je fus plongé provenait de ma piètre performance d’amant. J’avais honte de moi et j’espérais ne plus revoir cette femme, du moins pour un certain temps.

Après avoir rangé le triporteur dans le garage derrière la maison, je me suis isolé dans ma chambre. Ma mère s’inquiéta de mon manque d’appétit, mais je la rassurai en lui disant que je m’étais gavé de fruits mûrs à l’épicerie (sans jeu de mots). Elle n’insista pas.

La nuit fut cauchemardesque.

Le lendemain matin, M Grondin m’accueillit chaleureusement : « Va chercher l’argent. Je n’ai pas confiance en cette femme!»

Encore une fois j’étais plongé dans une dissonance insoutenable. D’un côté, j’espérais de tout mon cœur revoir cette femme au corps sublime. Chacune des fibres de ma sensualité le demandait ardemment, que dis-je, l’exigeait! D’un autre côté, le souvenir cuisant de la veille glaçait un peu l’ardeur de mon enthousiasme.

De toute façon, je n’avais pas le choix. Il fallait que j’y retourne, ne serait-ce que pour récupérer l’argent de la commande. Quelle attitude prendre? Ou plutôt comment réagir à son attitude… dangereusement envahissante.

Je n’eus pas à tergiverser longtemps sur ma situation, une voix que je connaissais bien se fit entendre derrière moi.



Une enveloppe blanche dans la main, elle me regardait en souriant comme si rien ne s’était passé. Un sourire si franc et sympathique que je doutai sérieusement des événements de la veille. Avais-je fabulé, … ou rêvé, …ou les deux? Non! Le souvenir de la sensation physique était beaucoup trop puissant pour être le fruit de mon imagination.

Moi qui avais passé une partie de la nuit à me formuler une excuse à lui servir, j’étais tout simplement enchanté de sa réaction. Elle ne me tenait pas rancune de ma maladresse et semblait bien disposé à mon égard.

J’étais libéré d’un grand poids. Je pouvais encore espérer. Elle acceptait mon inexpérience. Elle s’intéressait à moi et je n’en demandais pas plus. J’étais convaincu qu’en prenant quelques précautions, je parviendrais à contrôler un peu le torrent du bas-ventre et à honorer Madame, expression utilisée par ma mère à propos du devoir de l’homme.

Autant la veille, je ne voulais plus voir cette femme, autant là, je la désirais passionnément.

Je pris l’enveloppe en la remerciant.



Et là, je fus fier de moi comme je ne l’avais jamais été. Une réponse spontanée, naturelle, mais lourde de sens se faufila entre mes lèvres. Je m’entendis dire : « Vous savez Madame, j’aurais fait ce déplacement volontiers. J’espérais corriger mon erreur. » C’est comme si un autre moi plus déluré, moins timide s’était exprimé à travers ma personne.



M Grondin, qui arrivait de l’arrière-boutique avec une boîte de fruits, s’empressa de me la remettre entre les mains. Lui aussi appréciait la beauté de cette femme, même s’il me disait ne pas avoir confiance en elle. Il me pria instamment d’aller étaler ces fruits et m’arracha l’enveloppe des mains.



Je sortis de l’épicerie complètement anéanti. La merveilleuse aventure que je me proposais de récupérer s’envolait en fumée. Une chance inouïe de la sorte ne se reproduira pas de si tôt. J’étais en furie après moi-même. Cette idée d’attendre que le destin s’occupe de ma petite personne ! Il faut le provoquer, l’inciter, l’orienter selon notre bon vouloir… Ne pas attendre bêtement qu’il nous offre la réalisation de nos rêves sur un plateau d’argent.

Il me restait combien de jours? La fin de semaine débutait le lendemain. Partait-elle dimanche?

Disposant adéquatement les pommes sur leurs étagères, je regardais M. Grondin s’entretenir avec elle. J’espérais de tout mon cœur qu’elle ferait livrer quelque chose. Le prétexte serait merveilleux. L’heure de la dernière chance avait sonné. À moi de jouer et de gagner le dernier round.

Mes espoirs furent vite déçus. Une fois partie, M Grondin s’approcha de moi.



Réflexion inutile! Il avait déjà viré les talons et vaquait à ses occupations. Mais le message derrière sa raillerie me laissait perplexe. Pourquoi a-t-elle précisé à l’épicier qu’elle avait oublié de me laisser un pourboire? Était-ce un message qui m’était destiné? Elle devait se douter qu’il m’en parlerait et c’était sa façon à elle de m’inviter. Ou était-ce mon imagination qui fabulait?

Cette intrigue m’obséda l’esprit toute la journée. À 17 heures je n’avais pas encore trouvé comment je m’y prendrais pour contacter cette femme. Mais je savais que je devais le faire. Le temps m’était compté et je savais que je m’en voudrais pendant plusieurs années si je passais à côté d’une telle chance.

En quittant le travail, j’avais pris la décision d’y aller durant la soirée. J’irais m’excuser pour le dérangement causé par mon oubli. Cela fera toujours une entrée en matière. Ensuite on verra. Évidemment rien de pire que l’improvisation pour se mettre les pieds dans les plats. Mais je n’avais pas le choix : je n’avais aucune idée de son attitude face à mes plates excuses. J’espérais inconsciemment qu’elle prendrait encore les initiatives. Et si c’était le cas, il me restait à résoudre le problème de ma promptitude sexuelle. Mais j’avais ma petite idée là-dessus. Un repas frugal, une bonne douche accompagnée d’une gymnastique pour faire tomber le niveau hormonal à son plus bas et 7 km de vélo devraient ralentir un peu la fougue de ma jeunesse.

J’en étais à planifier cette soirée lorsque, tournant le coin de ma rue, je vis une Honda grise stationnée devant la maison de ma mère. Des Honda grises, il n’y en avait pas des douzaines dans le village. Il n’y en avait qu’une et c’était celle de cette cliente.

Misère! Qu’est-ce qu’elle faisait là? Vraiment, cette femme avait le chic de l’imprévu. Quelle combine avait-elle manigancée? Qu’avait-elle à dire à ma mère? S’il y avait deux personnes qui ne devaient pas se rencontrer, c’était bien ces deux-là. Mon inquiétude grandit et fut au comble du désespoir lorsque je vis ma mère sortir de la maison. Elle m’avait vu par la fenêtre et venait à ma rencontre. Des sueurs de drame perlèrent. Mais, pas question d’avouer quoi que ce soit.



Qu’avait-elle bien pu lui dire? Par chance, ma mère était un peu sourde sans cela, elle aurait entendu les puissants battements de mon cœur. Du coin de l’œil, je voyais ma belle princesse dans la fenêtre du salon. Elle nous regardait. Mais j’étais incapable d’interpréter ses expressions : elle était trop loin.



Ouf! Ce n’était que cela! Cette femme avait un don incroyable. Elle me faisait vivre des émotions démentielles. Avec elle, pas besoin de faire du sport extrême. Son seul contact faisait grimper le taux d’adrénaline à des niveaux critiques. Chaque fois que j’étais entré en contact avec elle, la terre s’était mise à trembler et la fin du monde avait semblé imminente. Pour un gars qui s’était résigné à traverser un été ennuyeux, le destin m’avait concocté une mixture émotive passablement salée.

Je la voyais là, dans la fenêtre, nous regardant ma mère et moi, un sourire candide accroché au milieu de ce visage angélique. Pour employer une expression de ma mère, on lui donnerait l’absolution sans confession. Elle agissait avec tellement d’assurance. Elle était là, chez moi. Elle avait discuté avec ma mère, sans doute de la pluie et du beau temps. Elle lui avait dit, comme ça, en mots cryptés: « Madame, j’ai besoin d’un amant pour la fin de semaine et votre fils fait très bien l’affaire. Puis-je vous l’emprunter? »

En mon for intérieur, j’admirais cette femme. Elle avait de l’audace à revendre. Je l’enviais pour sa hardiesse et son assurance. Il fallait avoir une bonne dose d’aplomb pour venir me relancer chez ma mère. En plus, je réalisais que cette femme semblait me connaître beaucoup plus que je le croyais. Elle savait où j’habitais et devait savoir que ma mère ne travaillait pas le vendredi après-midi… ou tout ceci n’était qu’un heureux hasard.

Bien sûr que cela m’intéressait de la suivre pour la fin de semaine. C’est ce que je désirais le plus au monde. Mais, sous le couvert d’un déménagement, je devais masquer mon enthousiasme à ma mère. Elle a l’œil vif et la présomption facile. Au moindre doute de sa part, la suspicion se mettra de la partie et je serai confronté à une mère… veilleuse intraitable.



Un hourra magistral me fit écho dans la boîte crânienne. Elle mettait le paquet. Avec elle, pas de demi-mesure. Elle avait jeté son dévolu sur moi et j’en étais rempli d’aise. Je ne comprenais toujours pas, mais cela n’avait plus d’importance.



Elle n’avait jamais si bien dit.

Tout fut planifié et organisé en un tour de main : elle m’amenait avec elle le soir même, histoire de commencer le plus tôt possible l’empaquetage de ses affaires; le lendemain matin, nous chargions ses effets dans la remorque prévue à cet effet; nous partions pour Mont T… après le repas du dîner; nous déballions ses boîtes en après-midi et dans la soirée; et j’avais la journée du dimanche pour visiter la ville. Je revenais dans la soirée. Cela convenait à ma mère.

Cinq minutes me suffirent pour prendre des vêtements de rechange et ma brosse à dents. Tout se déroula tellement vite que je pris conscience de la situation seulement lorsque je me retrouvai seul avec cette femme. L’auto roulait à plus de 70 Km/h sur la route 321. Elle me jetait régulièrement un regard du coin de l’œil, un sourire discret entre les lèvres.

Au bout d’une éternité de cinq minutes, elle finit par me demander : « Comment te sens-tu? »



Je n’avais pas la présence d’esprit pour inventer quoi que ce soit. J’étais trop déconcerté pour penser convenablement. La seule ressource disponible : l’humilité et la franchise. Cela avait fonctionné une fois. Il y avait de bonnes chances pour que cela marche de nouveau.



Un long silence s’ensuivit, entrecoupé de regards furtifs et de gestes embarrassés de ma part

Pour accéder au chalet en auto, il fallait contourner le lac, un détour de plus de 15 kilomètres, 15 longs kilomètres où j’avais l’impression que l’auto ralentissait au fur et à mesure que le poids du silence me devenait insoutenable. Au comble de l’exaspération, je me sentis obligé de tuer ce silence.



Comprenant la situation, elle eut la gentillesse de ne pas relever la stupidité de ma question. Elle se mit à me questionner sur mes études, mon avenir, mes loisirs, enfin des banalités qui remplissent très bien les trous odieux du silence.

Nous arrivions au chalet par l’angle opposé au petit sentier par lequel je venais livrer les commandes d’épicerie. Une remorque pleine de boîtes et recouverte d’une toile semblait attendre son départ.



Elle arrêta la voiture à l’ombre d’un grand chêne, près du balcon donnant sur le lac. Se retournant vers moi, elle me regarda longuement, un soupçon de tristesse dans les yeux.



Ces paroles eurent la faculté de me détendre et d’atténuer mon angoisse. Je voyais bien que cette femme n’avait pas l’intention de me ridiculiser ou de se moquer de mes inhibitions. Je ne comprenais toujours pas ce que je pouvais lui procurer. J’en étais arrivé à accepter le destin tel qu’il se présentait à moi, je veux dire dans ma relation avec cette femme. Un copain m’avait déjà dit que certaines femmes prenaient plaisir à initier un jeune homme. Mais, dans mon esprit, une telle réflexion de sa part relevait beaucoup plus de la fabulation que de la réalité.

La soirée fut calme et agréable, par opposition à angoissante. Nous avons préparé ensemble un petit repas : une salade de légumineuses au tofu accompagné d’un vin doux et agréable au palais. Je crois que le vin fut d’un grand secours. Le profil de mes résistances s’estompa à la deuxième coupe. Je m’octroyai même la permission d’une réflexion tout à fait pertinente.



Mes paroles respiraient tellement l’authenticité qu’elle se permit de rougir. J’en étais estomaqué. Moi, le pauvre petit Jean, celui qui n’avait jamais été capable de faire un compliment à une fille sans bafouiller, venait d’empourprer deux jolies pommettes saillantes. Les vapeurs du vin n’étaient sans doute pas étrangères à ma performance. Mon innocence également!



Sur ces paroles, elle se leva et quitta la table.



Elle me prit par la main et m’entraîna dans la chambre. Une valise ouverte reposait sur le lit. Elle en sortit un déshabillé de soie blanc et une espèce de superbe pyjama noir orné de motifs et de dessins japonais.



Et, sans s’occuper de moi, elle entreprit de se dévêtir comme si elle était seule. Une fois nue, elle enfila son déshabillé le plus simplement du monde : la chemise de nuit lui descendait à quelques centimètres sous le plancher pelvien. Encore une fois, j’étais pétrifié devant une telle beauté.



Je me changeai, revêtant hâtivement le pyjama de son frère. J’eus un peu de difficulté, une partie de mon anatomie exprimant très bien des intentions claires.

Elle m’attendait assise sur le divan, le bras gauche étendu sur la partie supérieure du dossier. Les jambes croisées, le profil allongé de sa cuisse exerçait un attrait irrésistible. Une musique de Bach, Prélude numéro 1, emplissait déjà la pièce de sensualité et attisait le feu de mon désir, déjà fort apparent à travers le pantalon du pyjama.

Doucement, très doucement, je me suis assis près d’elle, prenant bien soin de laisser une certaine distance entre nous. Les effets du vin étaient frappants, mais pas miraculeux.



Cette femme était d’une intelligence psychologique hors du commun. Elle venait encore une fois d’éliminer en moi l’angoisse de l’échec potentiel. En plus, elle me donnait la possibilité de vivre l’un de mes plus grands fantasmes : celui de découvrir le corps d’une femme par les sensations du bout des doigts. Elle m’offrait son corps à découvrir : le rêve inespéré, la chimère qui se transmute en réalité.

S’étirant le bras, elle ramassa un coussin et le laissa tomber par terre pour que je m’y installe.

Et elle s’étendit, face première sur le canapé, les bras relevés au-dessus de la tête, découvrant ainsi le galbe de ses fesses. Des formes parfaites pour provoquer la palpitation d’un cœur novice dans l’arène de l’amour.

Écartant légèrement les jambes, elle tourna la tête et m’invita.



Agenouillé, face à ce corps irradiant de sensualité, je déposai doucement ma main droite sur le mollet de sa jambe gauche. Une douce chaleur s’en dégageait. Je suivis ses conseils : je fermai les yeux et plaçai ma pensée dans le bout de mes doigts. Me déplaçant légèrement vers la gauche, je glissai mes doigts le long de sa jambe. Alors que j’engageais la paume de la main dans la courbure intérieure de son genou, Chopin attaquait sa Nocturne no 2 en mi-bémol. C’est à l’envol de cette musique que je pianotai pour la première fois sur le vrai clavier de l’érotisme. Le mouvement musical de Chopin était exceptionnel. Ma main glissa délicatement jusqu’à la partie supérieure de la cuisse où j’y déposai la paume. La sensation tactile de cette main, épousant parfaitement la forme arrondie de sa fesse, me procura des sensations totalement nouvelles. Je déposai mon autre main sur sa fesse droite. Dans l’un des envols de Chopin. j’engageai le mouvement vers la courbure de ses reins. Un doux ronronnement accompagna la musique.

Mon regard s’arrêta, fasciné par la beauté d’un fessier parfait, symétrique, galbé et légèrement renflé dans ses parties extérieures. Un jeu d’ombres et de lumières rehaussait la symétrie des formes et un minuscule duvet, visible seulement sous le reflet de la baladeuse accrochée au mur, miroitait ses teintes pâles. Le Bon Dieu était loin d’avoir raté son coup lorsqu’il avait créé ce fessier. Il savait ce qu’il faisait. Il venait d’inventer le plus grand défi de l’homme : y résister.

Les heures qui suivirent furent tout aussi galvanisantes. J’y découvris que la femme pouvait être belle dans toutes ses parties, que la caresse d’un bras comme celui d’un pied avait son charme, que l’odeur impalpable de l’érotisme pouvait naître du regard comme du toucher ou de l’ouie, enfin, que le véritable érotisme impliquait un abandon du corps, des sens et de son imagination.

Julie ronronna tout le temps de mon exploration. Mes mouvements étaient lents et gracieux, dépourvus de toute saccade, de toute raideur. La seule que j’avais se situait entre mes deux jambes et commençait à s’impatienter grandement. J’essayai autant que possible d’harmoniser mes mouvements à ceux de la musique, jouant de la pression des doigts comme le fait un pianiste sur le clavier.

Ce fut Julie qui mit fin à l’instant magique. Se retournant vers moi, elle me demanda si je voulais dormir avec elle.



Se reculant au fond du canapé, elle me pria de m’allonger près d’elle.



Elle glissa doucement sa main à l’intérieur de mon pantalon de pyjama et entreprit de me caresser doucement, très doucement, mais fermement. Un mouvement orchestré à mon rythme intérieur… et à celui de Beethoven qui nous jouait « Für Elise ». La montée de l’orgasme ne se fit pas attendre. En quelques minutes, une quantité phénoménale de plasma amoureux gicla dans sa main. Elle continua le mouvement afin d’y extraire les dernières gouttes de plaisir. Beethoven termina l’extrait de sa pièce en même temps que moi.

Elle m’entraîna par la suite dans sa chambre. Je me couchai dans son dos, mon corps collé au sien. Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées que mon érection était revenue. Mais elle dormait déjà.

La nuit fut longue et courte. Longue parce que le sommeil refusa d’être au rendez-vous, courte parce que je repassai maintes et maintes fois le film des sensations de la soirée.

Je vis le soleil se lever. Je regardai cette femme dormir sous les reflets rosés de l’aurore. Une respiration régulière et calme, un demi-sourire permanent dans son sommeil, elle semblait profondément heureuse. Je croyais fermement qu’elle appartenait à une espèce inconnue. Âgée d’une dizaine d’années de plus que moi, elle était d’une beauté corporelle peu commune et d’une intelligence exceptionnelle. Elle semblait dotée d’une intuition émotive fabuleuse et possédait une aptitude étonnante à dédramatiser une situation angoissante. Dans un sens, elle n’était pas humaine, elle était plus qu’humaine. Elle appartenait à cette catégorie d’individus à qui la vie a tout donné : beauté, intelligence et empathie.

Je comprenais, ce matin-là, pourquoi elle avait bien pris soin de me prévenir. Il serait tellement facile de tomber amoureux d’une telle personne. Dans un sens, le fossé des âges était une vraie bénédiction. Il nous mettait à l’abri de ce risque.

Je ne saisissais pas bien ses intentions, mais son comportement et ses attitudes me convenaient. J’avais sans doute encore bien des choses à apprendre avant d’être un adulte accompli, autant sur la connaissance du comportement des gens que de leurs desseins. Ce matin-là, enveloppé dans la douce chaleur de sa couche, j’étais heureux. J’étais heureux comme je ne l’avais jamais été auparavant. Un moment où le temps s’arrête, un instant qui sculpte son souvenir sur la trame de ton histoire.

Elle ouvrit les yeux. Un sourire chaleureux apparut. Les émotions montèrent. Des larmes coulèrent.



Plaçant délicatement sa main sur ma joue, elle me murmura : « Laisse ton esprit adhérer à ce bonheur. Prends conscience de l’effet qu’il produit sur tes émotions. Regarde-le de l’intérieur, attentivement. Cette félicité est unique, elle ne se reproduira pas. Tu en vivras d’autres, mais pas comme celle-ci. L’extase de la première fois, peu importe le champ de tes émotions, est toujours un moment privilégié. Je suis très honorée d’en faire partie. »

Un long silence suivit. Je fermai les yeux pour pleurer ma joie. Je croyais faire diminuer le flot d’émotions qui m’envahissaient, mais ce ne fut pas le cas. Elle se mit à me flatter délicatement le visage de la main. Je perdis le peu de prestance qu’il me restait.



Ce matin-là, je pleurai tout mon saoul.

À mon retour à la surface, Julie me proposa de partir le plus tôt possible et de prendre le petit déjeuner en chemin.



Après avoir accouplé la remorque à la Honda, nous sommes partis vers Mont T… Pour l’occasion, Julie avait enfilé un jeans serré et portait un tee-shirt moulant. J’avais la chance d’étudier à loisir son profil. Elle était belle, merveilleusement belle, encore plus belle que la veille. Elle avait attaché ses cheveux ce qui la rajeunissait beaucoup.



Je me réveillai alors que la voiture reculait dans une entrée.



Nous n’étions pas aussitôt sortis de l’immeuble que Julie me prit par le bras et se colla sur mon épaule.



L’après-midi fut mémorable. Faire le tour des magasins, une belle femme à son bras, en sachant très bien qu’au retour à l’appartement ce sera la fête, c’est une activité qui a son charme. Je n’appréhendais plus le moment ultime comme je l’avais craint la veille. Je faisais confiance à Julie et je savais au plus profond de moi que tout irait bien, qu’elle saurait manœuvrer ma sensualité débordante pour en tirer le meilleur parti. J’avais accepté mon statut d’apprenti et je n’en avais pas honte.

Par contre, certaines situations bousculèrent ma timidité. Par exemple, visiter un magasin de soutiens-gorge et de petites culottes peut s’avérer une expérimentation intéressante pour un jeune homme qui ne l’a jamais fait. Mais se faire inviter par sa copine à entrer dans la salle d’essayage avec elle, à la vue de tous, c’est une autre expérience.



L’étroitesse du cubicule (certains dictionnaires le définissent comme un local minuscule) donnait une intimité peu commune à la situation. Se dévêtir dans un espace d’un mètre carré est relativement facile, si l’on est seul. Mais, à deux, c’est une autre histoire. Les contacts corporels sont fréquents et l’érotisme excité. Évidemment, en se retournant pour enlever sa culotte, Julie ne manqua pas d’effleurer la protubérance qui prenait corps dans mon pantalon. Elle sourit. Une fois nue, elle se tourna vers moi et me murmura à l’oreille : « Je réalise que nous ne nous sommes jamais embrassés. »

Et sur ce, elle passa ses bras autour de mon cou et m’embrassa comme je ne l’avais jamais été. Un baiser passionné, digne des meilleurs films français. Je participai à l’échange, osant du bout de la langue lui effleurer l’intérieur des lèvres. Elle contre-attaqua en glissant sa langue sous la mienne. Un chassé-croisé fort savoureux s’ensuivit. Je glissai mes mains le long de son dos, suivis voluptueusement la courbure de ses fesses et ramenai mes mains sur son bas-ventre. Glissant délicatement une main entre ses deux jambes, j’y découvris une humidité fort aphrodisiaque.

Elle rompit le charme.



À la sortie de la salle d’essayage, deux femmes attendaient. L’une, dans la trentaine, affichait un sourire éloquent; l’autre, plus vieille, une physionomie de militaire. Cette dernière, celle d’un âge certain, nous apostropha en mots peu couverts.



Pendant les quelques minutes qui suivirent, ces marques se confondirent avec la pigmentation de mon visage.

Au milieu de l’après-midi, nous nous sommes arrêtés dans un restaurant pour nous désaltérer. Au lieu de choisir une simple table au milieu de la place, Julie préféra une banquette en forme de U au fond du restaurant. Et, au lieu de s’asseoir l’un en face de l’autre, nous nous sommes assis au fond, collés l’un sur l’autre. Julie semblait amoureuse, très amoureuse. Il m’apparaissait évident qu’elle était heureuse en ma compagnie. Mais pas question de lui en parler.

La veille, cette femme m’avait fait vivre beaucoup de sensualité. Mais, cet après-midi-là, je mis le pied dans une autre sphère de l’expérience humaine : celle des sentiments. J’étais bien avec cette femme, merveilleusement bien. J’en ai pris vraiment conscience pour la première fois, assis dans ce restaurant, une fine odeur de lavande dans l’air. C’est assis sur cette banquette que je réalisai l’ampleur du merveilleux gouffre dans lequel je m ’enfonçais. J’ai regardé Julie et elle avait changé. Elle n’était plus seulement la belle femme que je désirais. Elle avait quelque chose de plus, quelque chose d’indéfinissable qui lui donnait beaucoup d’importance. Elle dut se douter de quelque chose puisqu’elle m ’extirpa de mes pensées.



Elle comprit que je m’aventurais dans une zone dangereuse.



Elle se pencha vers moi et se mit à me mordiller le lobe de l’oreille tandis qu’une main fureteuse s’aventurait subrepticement par la jambe de mon bermuda. Je voyais venir la serveuse au loin. Je me demandais ce qu’elle pouvait voir sous la table. Julie avait l’air de se moquer éperdument de la situation, ce qui n’était pas mon cas.



Se retournant vers moi.



Entre temps, sa main avait réussi à se faufiler sous mon slip et à caresser du bout du doigt le méat urinaire. L’étroitesse des lieux ne lui permettait pas une grande liberté de mouvement, mais elle savait s’orienter vers les points les plus érogènes. Elle glissa son doigt sous le gland et se mit à en effleurer la partie inférieure. La sensation était hautement électrisante.

La serveuse nous quitta le sourire aux lèvres. Qu’avait-elle vu? Qu’avait-elle deviné? De son autre main, Julie me tourna la tête et m’embrassa passionnément.



Au retour de la serveuse, Julie empoigna mon pénis et se mit à me masturber lentement. La position qu’elle s’était donnée lui permettait un mouvement dissimulé. Elle serrait fort, voulant provoquer la montée de l’orgasme. J’eus toutes les peines du monde à formuler ma commande. Ma pseudo-impassibilité dut paraître étrange mais, des gens étranges, sur la planète, il y en a des millions. Ce n’est pas moi qui ferai la différence.

La tarte était excellente.

Julie paya la facture et nous sortîmes du restaurant bras dessus bras dessous. J’étais un peu mal à l’aise face à l’addition du restaurant. Julie était catégorique. Pas question que je paie quoi que ce soit.



À l’arrivée, ce fut moi qui pris l’initiative. J’y tenais. Nous n’avions pas aussitôt refermé la porte du logement que j’attirai Julie à moi pour l’embrasser à la base du cou. Le souvenir du baiser dans la salle d’essayage et de la petite séance aguichante du restaurant m’avaient passablement incendié les sens et je n’avais plus qu’une idée en tête : récidiver. Julie ne s’y opposa pas. Au contraire, elle m’y encouragea en penchant la tête du côté opposé. Je glissai doucement mes lèvres sur son cou, remontai vers l’oreille en baisotant cette nuque aux courbures si féminines. Glissant mes mains le long de ses côtes, je suivis la courbure de ses seins et les empoignai chaleureusement, comme elle l’avait fait à mon pénis au restaurant.



Quelques minutes plus tard, l’eau nous giclait sur le corps et je caressais, dans la même position, des seins fermes ruisselant d’eau tiède. Je palpais avec ravissement ses deux mamelons troublés par le plaisir des caresses. Je soupesais ses deux seins, m’en servant comme point d’appui pour me serrer contre elle. J’écrasais mon sexe, dur et fier contre sa croupe aux mouvements ondulants.



Je pris l’éponge qui traînait sur le porte-savon, l’enduisit d’un gel nettoyant et dégustai avec plaisir un autre de mes fantasmes.



Elle se retourna vers moi, m’exposant dignement ses deux fiertés. Je les caressai de l’éponge savonneuse, lentement, voluptueusement. Je les rinçai avec la douche téléphone et en massai doucement l’épiderme de mes lèvres baladeuses. J’affriolai sans retenue chacun de ses mamelons, m’enivrant les mains de leurs formes hautement érotiques.

Je fis de même avec son ventre. J’en moussai religieusement tout l’espace disponible, limitant mes mouvements entre le pubis et la région costale. Un mouvement circulaire, lent et paresseux provoqua une légère vague de frissons. Je m’attardai particulièrement au nombril. Je le nettoyai du bout de la langue, les deux mains plaquées sur des fesses déjà tendues par l’érotisme.

J’amorçai la descente vers le mont de vénus avec une certaine exaltation. L’exploration de ce lieu privilégié, de ce temple paradisiaque pour certains, de l’antre du péché pour d’autres, se présentait à moi libre et sans tabou.

Agenouillé, le regard à sa hauteur, je pouvais contempler à loisir l’organisation pilaire de ce triangle tant convoité. Plus clairsemé dans ses parties extérieures, il se densifiait pour former une belle ligne touffue et serrée qui disparaissait entre ses deux cuisses.

Depuis plusieurs années j’étais intrigué par le phénomène de la sexualité. Que les filles m’intéressent et provoquent chez moi des bouleversements physiques et émotionnels, ça je le réalisais très bien. C’est le phénomène en lui-même qui me fascinait. Comment la vue d’un petit triangle de poils peut-elle provoquer tant de dérèglements chez des hommes apparemment équilibrés. J’avais posé la question à mon grand-père. Évidemment, nous ne parlions pas du triangle de poils, nous parlions des effets que produit la vue d’une belle fille.



Mon grand-père aimait les femmes, que dis-je, a toujours aimé les femmes. Je n’ai jamais compris pourquoi il avait marié, à son dire, une bigote de sacristie, une grenouille de bénitier. Morte depuis quelques années, il reprenait son temps perdu, comme le disait si bien ma mère. Sa fortune, accumulée pendant sa période sexuelle de vaches maigres, lui servait bien maintenant. Il se payait des voyages accompagné d’une hôtesse et n’était pas radin envers celles qui étaient généreuses de leur corps.

Je mis du gel sur l’éponge, Julie écarta les jambes, libérant deux splendides lèvres qui ne demandaient qu’à être attisées. Je moussai la toison et le reste, du pubis à la racine des fesses. Je délaissai par la suite l’éponge et me servis de la partie intérieure des doigts, en particulier le majeur, pour déloger les quelques petites impuretés qui auraient pu malencontreusement s’y loger. Je rinçai à l’eau tiède et peaufinai le polissage d’une langue anxieuse de goûter pour la première fois la flaveur de la cyprine. Le nez enfoncé dans la robe pubienne, les mains empoignant énergiquement les deux fesses, je plongeai de la langue recherchant le siège du plaisir, petit bouton de rose finement dissimulé derrière la jonction de deux couches de lèvres. Je le trouvai tapi discrètement au fond. Je le chatouillai doucement du bout de la langue, pianotai adagio cette note de musique naissante. Le bouton prit du volume. Je jouai andante puis allegro.

Julie m’empoigna la chevelure à deux mains. Elle écarta les doigts pour avoir une meilleure emprise et lorsqu’une pulsion un peu plus forte que les autres explosa, elle referma les mains et m’enfonça la tête encore plus profondément sur son sexe hautement stimulé.

Ma langue s’exécutait presto, tambourinant sans relâche la pointe de son clitoris. La respiration de Julie devenait haletante et saccadée. De légers spasmes lui contractèrent les muscles abdominaux. De légers bruits de succion naquirent à l’entrée du vagin tandis qu’un long gémissement suivait le crescendo de ma langue. Des frémissements s’emparèrent de ses jambes et une longue plainte naquit dans le fond de sa gorge. Je sentis ses forces défaillir. Je la supportai du mieux que je pus, mes mains sur ses fesses faisant office de support.

Un long silence s’ensuivit. M’obligeant à me relever, elle me dévisagea longuement.



Je crois encore, après plusieurs années de recul, que les instants qui ont suivi cet orgasme, furent les moments les plus intenses que j’ai connus. Je ne parle pas de plaisir sexuel, je parle de satisfaction de soi et de l’estime que l’on vient de gagner auprès de quelqu’un qui nous est cher.



Je n’entendais plus ce qu’elle me disait. Physiquement très érotisé, les pensées qui me défilaient dans la tête étaient comme décrochées du corps. Un voile flou séparait mon corps de mon esprit. Un état d’ivresse se situant entre la lucidité et l’inconscience. J’entendis Julie me dire « Laisse-moi te retourner l’ascenseur », se baisser et entreprendre une fellation soignée. J’ai conservé peu de souvenirs sensoriels de ce deuxième volet de la douche. Ce dont je me souviens, ce fut « vite fait, bien fait ».



Nous nous sommes réfugiés sous les couvertures et nous nous sommes longuement embrassés. Les caresses étaient chaleureuses et pleines d’amour, le contact des deux corps, très accueillant. J’étais comme dans un autre monde, un monde de rêve où le temps s’écoule au ralenti et où rien n’existe en dehors de ce que nous vivons.

Le contact sensuel de ses lèvres humides sur les miennes, la caresse voluptueuse de ses cheveux sur ma poitrine, la douce chaleur de son sexe à califourchon au milieu de ma cuisse, l’effleurement suggestif d’une main baladeuse sur la partie intérieure de la jambe, tout cela contribuait à créer une atmosphère d’extase onirique.

Combien de temps sommes-nous restés là, dégustant le doux plaisir des sens? Je ne saurais le dire. Par contre, vint le moment où Julie se glissa sur moi, se remonta pour que j’embrasse chaleureusement chacun de ses seins. Et là, très doucement, elle se laissa glisser vers le bas, introduisant progressivement mon pénis à l’intérieur de son corps de femme. Lorsque le mariage des deux pubis fut complété, elle se laissa choir sur moi. La communion des deux corps était parfaite. Nous nous sommes embrassés passionnément, amoureusement, tendrement. Je mis mes mains sur ses deux fesses et harmonisai mon mouvement au rythme ondulatoire de son bassin.

Ma charge sexuelle était énorme, à la limite du non-retour. Julie le savait et agissait avec prudence. Elle ne voulait pas provoquer l’escalade orgasmique, du moins, pas durant les délicieux moments que nous vivions. Elle savait sentir mon excitation. Lorsque j’approchais trop près de l’envol, elle se relevait et s’asseyait confortablement de tout son poids sur mon sexe et cessait tout mouvement du bassin. J’en profitais pour lui caresser les seins, glisser la paume de mes doigts sur leur contour extérieur, doucement, pendant que mes pouces effleuraient suavement l’extrémité de ses mamelons. J’aimais les faire durcir et ils répondaient bien à ma sollicitation.

Julie semblait particulièrement apprécier l’effleurement du bas-ventre. De subtils frissons lui parcouraient l’épiderme. Elle fermait les yeux et semblait déguster ces trépidations aphrodisiaques.

Et lorsqu’elle sentait que ma charge sexuelle avait quitté le bord du gouffre, elle recommençait le mouvement ondulatoire du bassin et réactivait, lentement mais sûrement, l’escalade érotique. Julie pilotait admirablement bien ma vivacité sexuelle et je lui en étais très reconnaissant. Mais, au fil de cette cadence, je m’aperçus qu’elle pratiquait cet exercice de yo-yo sexuel dans un dessein bien précis. Progressivement, elle harmonisait sa charge à la mienne et en vint à pouvoir cesser le mouvement des hanches au moment où elle aussi se retrouvait au bord de l’orgasme. Nous étions deux danseurs aux mouvements parfaitement synchronisés.



J’acquiesçai du signe de la tête.

Alors, elle changea la position de son bassin. Le mouvement devint plus lent, plus puissant, plus profond. Le moment de pause entre chaque retour du mouvement des hanches se trouvait prolongé, un peu comme pour permettre le retour d’une vague plus puissante. Les corps étaient bien mariés; les organes génitaux roucoulaient.

Les mouvements s’amplifièrent; des gémissements naquirent. Les frictions s’intensifièrent; les volcans grondèrent. La montée de l’orgasme était enclenchée. Julie appuya les deux paumes de ses mains sur ma poitrine et exerça une pression. Son bassin glissa de quelques centimètres emprisonnant encore plus étroitement la totalité de mon pénis. Elle se releva, cabra la croupe donnant un angle plus prononcé à ma verge. Le contact n’était plus le même. Il était plus étroit, plus intime, plus englobant.

L’orgasme nous enchaîna dans son escalade. Il fut long et langoureux. Il occupait toute la place, embrassant la totalité des sens, dominant le corps et subjuguant l’esprit. Deux jouissances chantèrent à l’unisson leur volupté.

Combien de fois avons-nous fait l’amour? Je ne saurais le dire. Par contre, je sais que cela a duré toute la soirée, toute la nuit et une partie de la matinée suivante, le tout entrecoupé de courtes périodes de sommeil. Pas de nourriture, pas de breuvage à part de quelques gorgées de cognac pour se donner de l’énergie. À 11 heures, j’étais littéralement affamé : la tarte aux pommes n’était plus qu’un souvenir d’une autre époque.



Elle se mit à rire, d’une hilarité irrésistible qui m’entraîna dans son bonheur. Elle était heureuse, cela se voyait.



En fouillant dans le réfrigérateur, Julie finit par me dénicher un morceau de fromage et du pain. Elle disparut ensuite dans la chambre et revint avec un petit paquet soigneusement emballé dans du papier de soi.



La tristesse de Julie était apparente. La proximité de mon départ sans doute. J’avais le même nœud qui me tordait les entrailles. Mais je ne voulais pas tomber dans le mélodrame.



Elle s’approcha de moi et m’embrassa. Son geste était chaleureux, tendre, aimant. Le mien, beaucoup plus amoureux. Il était temps que je parte. Nous le savions tous les deux.

Sa sœur arriva sur ces entrefaites. Elle lui ressemblait. Même type de femme sauf que Julie était nettement plus jeune. Même sourire, même regard perçant, même beauté. Julie me la présenta et je quittai les lieux. Pas de paroles d’adieu. Seulement des regards tristes.

Je mis un temps fou pour descendre les marches des trois étages. À ma sortie du condo, une Mercedes noire attendait devant l’entrée principale. Le conducteur, la tête tournée vers moi, parlait dans son téléphone cellulaire. Il me souriait. C’était mon grand-père. Je crois que mon cœur a cessé de battre pendant quelques instants. Par contre, il me souriait et me fit signe de le rejoindre. Il ferma son cellulaire.

Je pris la place du passager. Une odeur de lavande persistait dans l’auto.



Mon grand-père m’avait payé Julie. Il m’avait loué les services d’une hôtesse. Tout ce que j’avais vécu était de la frime, du sexe monnayé. Je n’étais pas seulement outré, j’étais scandalisé, au plus haut niveau. Mon grand-père dut remarquer mon changement d’humeur puisqu’il tenta de récupérer la situation.



Mes yeux s’embuèrent. Je n’ai jamais été d’un tempérament pleurnichard mais depuis quelques jours, le destin m’en faisait voir de toutes les couleurs. J’étais déchiré de l’intérieur, le cœur meurtri par toute cette fausseté que je découvrais.



Mon grand-père cessa de parler. Il me regarda, démarra la voiture et quitta l’entrée principale du condo. Je ne pus m’empêcher de regarder la fenêtre du coin droit au troisième étage. Une forme se distinguait à travers les rideaux.



Je savais que mon grand-père avait raison. Il avait payé Julie pour qu’elle m’initie aux joies de la sexualité. En deux jours j’avais fait un bond formidable dans le domaine, ne serait-ce qu’au niveau de la confiance en soi. La scène de la douche en était la meilleure preuve. Julie ne m’avait pas joué la comédie : j’en étais certain. Il y a des indices qui ne trompent pas, même si l’on manque d’expérience.

Je connaissais mon grand-père. Il ne parlait jamais pour ne rien dire. S’il me parlait d ’une formation tantrique, bien qu’elle soit très hypothétique, elle pouvait faire partie de ses intentions.



Mon grand-père m’emmena chez lui, m’obligea à passer près d’une heure à tremper dans un bain dans lequel il avait ajouté certaines huiles essentielles.



Il sortit son porte-feuille et en retira quelques gros billets.



Mon grand-père me ramena la maison vers la fin de la journée. Nous avions un grand secret en commun.

Le reste de l’été fut d’un ennui mortel.