n° 08715 | Fiche technique | 29948 caractères | 29948Temps de lecture estimé : 13 mn | 20/02/05 |
Résumé: Sept petits nègres ? | ||||
Critères: ff copains théatre pastiche humour -humour -théâtre | ||||
Auteur : Gufti Shank Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Roméo et Juliette - La revanche de Flora Chapitre 05 / 06 | Épisode suivant |
Les personnages:
Juliette
Cassandra: la meilleure amie de Juliette
Roméo
Eloïse: la meilleure amie de Roméo
Siriac: le meilleur ami de Roméo et le petit ami de Cassandra
Flora: une collègue de Roméo
Daphné: la soeur de Flora
Virgile: un ami de Flora
__________________________________________
Résumé de l’acte I: Flora désespère de reconquérir Roméo à Juliette. Elle entend d’abord le tester pour voir s’il a toujours envie d’elle. Jeudi soir, par hasard, Flora et sa soeur Daphné se retrouvent dans le même restaurant que Juliette et Roméo, qui étaient sortis dîner avec Eloïse, Siriac et Cassandra. Flora constate qu’elle ne semble pas laisser Roméo insensible. Le lendemain, sur leur lieu de travail, devant les provocations outrancières de Flora, Roméo finit par céder et s’abandonne à elle.
Résumé de l’acte II: Tandis que Flora savoure sa première victoire, Roméo se lamente et s’en veut de s’être abandonné à elle. Il ne parvient pas à le cacher à Juliette qui s’écroule en larmes et le fout à la porte. Il trouve refuge chez Siriac, tandis qu’Eloïse et Cassandra tentent de remonter le moral à Juliette. Pendant ce temps, Flora, avec l’aide de Daphné, tente de "recruter" un potentiel rival de Roméo pour faire oublier ce dernier à Juliette.
Résumé de l’acte III: Malgré les remontrances de Cassandra, Juliette et Eloïse s’abandonnent à Virgile, un parfait inconnu qui n’est autre que le "rival" envoyé par Flora. Pendant ce temps, Roméo, aidé de Siriac, décide de tenter de persuader Flora d’intercéder en sa faveur auprès de Juliette. Mais c’est un échec grossier et les deux garçons finissent par succomber au charme de la jeune femme.
Résumé de l’acte IV: Roméo ramène Siriac ivre mort chez ce dernier, où les attendaient Eloïse et Cassandra. Celle-ci devine que Siriac l’a trompée avec Flora et décide par vengeance de se joindre aux « retrouvailles » mouvementées d’Eloïse et Roméo. Les trois amis finissent par convenir de convier autour d’un verre à la fois Flora, Juliette et Virgile, espérant que la situation finisse par « exploser » un bon coup.
__________________________________________
samedi, 18h45
(Le salon de Siriac)
Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac, Virgile
(Roméo, Siriac et Cassandra sont assis dans un canapé; face à eux, Juliette et Virgile sont assis serrés dans un fauteuil; Eloïse est assise seule sur un autre fauteuil. Virgile embrasse régulièrement Juliette dans le cou ou sur le visage, sous les regards navrés d’Eloïse, Cassandra et Siriac, et ceux désespérés de Roméo. L’atmosphère est lourde, très lourde.)
Cassandra (faussement décontractée): Alors, qu’est-ce que je vous sers ?
(Un silence.)
Eloïse: Eh ben, ça dépend, qu’est-ce que vous avez ?
Cassandra: Ben, je crois qu’on a pas mal de choses… hein, Siriac ?
Siriac: Euh… oui.
(Un silence.)
Eloïse (à Cassandra): Je vais te prendre un whisky-coca, mais attends, je vais t’aider.
(Elle se lève et sort vers la cuisine. Un silence.)
Cassandra: Hmmm… Et toi, Juliette ?
(Un silence. Virgile embrasse Juliette. Roméo s’allume une cigarette en tremblant.)
Juliette: Bloody Mary, c’est possible ?
Cassandra: Oui, je crois.
(Un silence.)
Cassandra (se tournant vers Virgile): Et, euh ? Virgile, c’est ça ? Tu prends quoi ?
Virgile: Un Ricard.
Roméo (à part): Un Ricard !!! C’est nul ! Aucune classe !
Cassandra (à Roméo): Qu’est-ce que tu dis ?
Roméo: Non, rien, je disais que je vais prendre un whisky. Un pur malt, douze ans d’âge, sec et nature !
Cassandra (surprise): Euh… oui, bon, je vais voir ce qu’on a… Et toi, Siriac ? Un jus de fruit, ça va ?
Siriac: Euh…
Juliette (avec un sourire): Tu le rationnes ?
Cassandra (blasée): Si tu savais ce qu’il m’a fait aujourd’hui…
Juliette: Ah bon ? Raconte…
Cassandra (sans réfléchir): Eh bien, figure-toi que Siriac, ce matin, avec son ami Roméo…
(Elle s’arrête net, réalisant soudain qu’elle allait compromettre Roméo.)
Juliette: Eh bien ?
Cassandra (regardant discrètement Roméo): Euh… non, rien. Ils ont pris l’apéro, et Siriac a trop bu. Voilà… C’est nul, hein ?
Virgile: Mais non, vraiment, ça valait le coup d’être dit…
Cassandra (gênée): Bon, euh… je crois que je vais aller préparer les apéros.
(Elle se dirige vers la cuisine.)
Cassandra (à part): D’ailleurs, je crois que j’ai besoin d’un petit remontant.
(Elle sort.)
Juliette (à Siriac, devinant que Cassandra n’a pas tout dit): Alors qu’est-ce qu’il t’est arrivé ce matin ?
Siriac: Mais non, rien du tout, j’ai juste bu un gros apéro et j’ai oublié que j’étais à jeun.
(Le visage d’Eloïse apparaît derrière la porte entrouverte de la cuisine, tentant d’espionner la scène.)
Eloïse (à voix basse, à Cassandra dans la cuisine): Eh, pose ton verre et viens voir. On va peut-être rigoler un peu.
Juliette (à Siriac): Ah… Et c’est tout ?
Roméo (coupant froidement): Oui, c’est tout.
Juliette (à Roméo, encore plus froidement): C’est pas à toi que je parle.
(Un silence.)
Siriac (tentant tout à la fois de meubler et de détourner la conversation): Et toi, Virgile ? Qu’est-ce que tu fais de beau dans la vie ?
Virgile: Je bosse dans l’informatique.
Siriac (sautant sur l’occasion): Ah ? Eh ben, dis donc, ça tombe bien, vu que tu t’y connais, il faudrait que je te montre sur mon pc, y a un truc qui marche pas.
Virgile: C’est quoi ?
Siriac (se levant): Ben, tiens, viens, suis-moi, je vais te montrer.
(Il se dirige vers une porte, Virgile se lève.)
Juliette (le retenant): Bien essayé, monsieur Siriac…
(Siriac s’arrête, et se retourne vers elle.)
Juliette (désignant Roméo): …mais il est hors de question que je reste avec cet individu ! Dès qu’il se retrouve tout seul avec une fille, il a une vilaine tendance à lui sauter dessus…
Eloïse (derrière la porte, à part, rigolant): Oui, et même s’il ne sont pas seuls, d’ailleurs…
(Virgile et Siriac se rassoient. Roméo maugrée à voix basse sous les regards amusés de Juliette. Eloïse et Cassandra reviennent dans le salon, portant chacune un plateau de boissons et de gâteaux apéritifs qu’elles déposent sur la table basse avant de se rasseoir.)
Virgile (à Juliette): Avec moi, mon amour, tu peux être tranquille, jamais je ne te tromperai, tu es trop merveilleuse.
Roméo (à part, singeant Virgile): Gna gna gna gna gna !!!
Juliette (l’ayant remarqué): Tiens, monsieur Roméo est jaloux !
Roméo (bougon): Oh, ça va…
Juliette: Mais c’est trop tard, mon petit père…
Virgile (à Roméo): Oui, c’est trop tard. Tu peux l’oublier. Maintenant, elle est à moi et rien qu’à moi et pour toujours.
(Il embrasse Juliette.)
Juliette (à Virgile, le repoussant doucement): Ne dis quand même pas n’importe quoi !
(Tout le monde tourne les yeux vers Juliette, attendant de voir ce qu’elle signifie par là.)
Juliette: Non, ce que je veux dire c’est que…
(Elle est interrompue par le bruit de la sonnette.)
Juliette (à Cassandra): Tu attends encore du monde ?
Roméo (se levant): Moi oui.
(Il sort vers le hall d’entrée de l’appartement. On entend la porte s’ouvrir.)
Juliette (à Cassandra, insistante): Qui est-ce ?
La voix de Flora (venant de l’entrée): Salut !
Juliette (hésitante): Cette voix me dit quelque chose…
(Un silence. Tout le monde cherche attentivement à écouter les bruits provenant du hall d’entrée.)
La voix de Flora: Hmmm ! Quel fougueux baiser !
Juliette (pâlissant): Hein ?
La voix de Roméo: Tiens, entre. Je vais prendre ta veste.
La voix de Flora: J’entends personne, il y a déjà du monde ?
(Ils entrent dans le salon.)
Flora (s’arrêtant net en découvrant Juliette, puis Eloïse): Oh, le traquenard !
Juliette (verdissant): Qu’est-ce qu’elle fout là, elle !!!
(Flora semble hésiter un instant quant à savoir si elle doit quitter la pièce à toute allure, mais elle finit par se reprendre et afficher de nouveau un demi-sourire malicieux et satisfait. Juliette fait de gros efforts pour garder son self-control.)
Flora: Bon, je vais quand même dire bonsoir à tout le monde.
Juliette (grommelant): On pourrait s’en passer…
Cassandra: Oui, Siriac surtout devra s’en passer…
(Flora fait le tour de la table, saluant chacun tour à tour.)
Flora (embrassant Cassandra): Salut.
Cassandra (cynique): Salut, tu dois être Flora. J’ai entendu parler de toi. Je suis Cassandra, la copine de Siriac…
Flora: Ah ? Tu sais, tu devrais lui dire de ne pas trop charger sur la boisson, quand même…
Cassandra: A mon avis, quelque chose ou quelqu’un l’y a poussé…
Flora (s’approchant ensuite de Siriac, qu’elle salue d’un sourire): Re-bonjour. Alors, ça va mieux ? Tu t’es bien remis de toutes tes émotions fortes ?
Siriac (timidement, baissant les yeux): Euh… oui, merci.
Flora (souriant): En tout cas, moi, j’ai drôlement bien aimé…
Cassandra (hurlant): Quoi ???
(Flora s’avance ensuite vers Eloïse.)
Cassandra (à qui veut l’entendre): Non mais j’hallucine ! T’as entendu ce qu’elle vient de lui dire ???
Flora (à Eloïse, glaciale): Salut.
Eloïse (frigorifique): Salut.
(En tremblant, Cassandra boit à grandes gorgées dans un des verres d’apéritifs. Flora s’approche alors de Virgile.)
Flora (chuchotant à l’oreille de Virgile tandis qu’elle lui fait la bise): N’oublie pas qu’on ne s’est jamais vu…
Virgile (à Flora, fier de sa composition): Salut, je suis Virgile.
Flora (à Juliette, cynique): Tu en as de la chance, il a l’air bien ton nouveau petit ami. Vous formez un couple magnifique. Mais c’est dommage, j’aimais mieux celui d’avant…
samedi, 19h15
(Le salon de Siriac)
Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac, Flora, Virgile
(Flora est étendue inanimée par terre, entre un fauteuil et la table basse. Tous sont assemblés autour d’elle, sauf Juliette qui regarde par la fenêtre en fumant une cigarette et buvant sa vodka.)
Roméo (à Juliette): Mais enfin, t’étais obligée de la frapper aussi fort ?
(En guise de réponse, Juliette souffle nerveusement la fumée de sa cigarette vers la fenêtre.)
Eloïse: Oh, elle l’a bien cherché, quand même !
Roméo: Peut-être, mais de là à l’assommer…
Cassandra (saisissant son verre): Elle n’a que ce qu’elle mérite !
Roméo (singeant les filles, avec une voix de fausset): Oui, c’est bien fait pour elle ! On devrait peut-être même brûler son cadavre ! Bienvenue à la "ligue universelle contre Flora…"
Juliette (violente, à Roméo): Oh, Ducon, c’est la faute à qui si on en est là ?!?
Roméo (cynique): Ah oui, c’est vrai, j’oubliais…
(Un silence.)
Roméo: Bon, on va quand même pas la laisser là par terre. Allez, Siriac, tu m’aides à la porter jusqu’au divan ?
Cassandra (à Siriac): Tu ne la touches pas !
Roméo: Pfffff ! Bon, et toi, Machin, aide-moi à la porter !
Virgile: Qui ça ? Moi ?
Juliette (à Virgile): Qu’elle crève ! Ne l’aide pas !
Roméo: Oh là là !!! Bon, alors on appelle Emmaüs pour qu’ils viennent nous en débarrasser ?
(Roméo traîne péniblement le corps inanimé de Flora jusqu’au canapé, où il l’allonge. Tous le regardent faire, sans un mot ni un geste.)
Roméo (s’en apercevant, ostensiblement provocateur): Eh ben, elle fait quand même son poids. Ce doit être sa poitrine. De beaux seins comme ça, ça doit peser…
(Tous le regardent, consternés, sauf Siriac qui sourit.)
Roméo: D’ailleurs, ça m’excite. J’ai très envie de la baiser pendant qu’elle dort, en fait. Et même peut-être de l’enculer. Ça ne vous gêne pas si je le fais devant vous ?
(Cassandra jette des yeux chargés d’affliction sur Siriac qui cesse tout soudain de sourire.)
Roméo: Remarque, peut-être que ça la réveillerait…
Virgile (à Roméo): Bon, arrête-toi un peu, maintenant, c’est lourd, ton cinéma…
samedi, 19h30
(Le salon de Siriac)
Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac, Flora, Virgile
(Flora est étendue sur le canapé; Virgile est étendu inanimé par terre. Tous se tiennent autour de lui, sauf Roméo qui regarde par la fenêtre en fumant une cigarette et buvant son whisky.)
Juliette (à Roméo, sèchement): Mais enfin, qu’est-ce qui t’a pris de le frapper ?
Roméo (cynique): "Il l’a bien cherché", "il n’a que ce qu’il mérite", "c’est bien fait pour lui", et : "qu’il crève !"
Cassandra (à Roméo): T’exagères, quand même, il t’avait rien fait !
Eloïse (à Roméo, avec un demi-sourire): Roméo, tu n’es vraiment qu’un monstre !!!
Roméo: C’est ça ! Bienvenue à la "ligue de défense des droits de Machin" ! Et comptez pas sur moi pour le traîner jusqu’au divan !
Siriac: Non, de toute façon, la place est déjà prise…
Eloïse (avec un sourire, à Siriac): Oui, c’est une variante du jeu des chaises musicales: chacun notre tour, on assomme quelqu’un, et les deux derniers debout baisent ensemble.
Siriac (rigolant): Assomme-moi vite avant que je me retrouve seul avec Roméo…
Juliette (tentant de relever Virgile): Oh, les deux guignols ! Vous voulez pas m’aider plutôt ?
Eloïse (à Siriac, à voix basse, désignant Juliette): Bon, alors, je l’assomme ?
Siriac (à Eloïse, à voix basse): Okay; moi je me charge de Roméo, et on fait un plan à trois avec Cassandra…
Eloïse (reprenant soudain son sérieux): Remarque, ça me donne une idée…
Siriac (rempli d’espoir): Tu veux dire que tu es d’accord ?
Eloïse: Attends…
(Elle s’approche de Cassandra.)
Eloïse (chuchotant langoureusement à l’oreille de Cassandra): J’ai très envie de toi, Cassandra.
Cassandra (à voix haute): Maintenant, là ???
Eloïse : Oui.
(Elle l’embrasse à pleine bouche.)
Siriac (parfaitement incrédule): Non !?!?!
Roméo: Oh, merde ! C’est bien le moment !
Cassandra: Oh là là ! Il faut que je boive un coup !
Juliette: Je suis entourée de tarés !
(Elle s’éloigne vers la fenêtre devant laquelle ne se trouve pas Roméo. Eloïse se frotte de manière significative à Cassandra. Siriac bave.)
Eloïse (à Cassandra, à voix basse): C’était tellement bon, tout à l’heure. J’en ai encore envie.
Cassandra (à voix basse): Mais, euh… je ne sais pas trop… et les autres ? Et Siriac ?
Eloïse (à voix basse, souriant): On l’emmène. Il nous regardera…
Cassandra: Hein ?!?
Eloïse (à voix basse): Oui, et puis, cinq moins trois égalent deux…
Cassandra: Comment ça ?
(Eloïse entraîne Cassandra à sa suite en direction de la chambre.)
Eloïse (se retournant vers les autres, avec un sourire): Bon, on vous laisse, on va faire l’amour.
Siriac (écumant de désir et tremblant): Aaaaaaahhh ! J’hallucine !
Roméo: N’importe quoi !
Juliette: C’est un véritable asile de fous, ici !
Eloïse (à Siriac, avec un clin d’œil): Tu viens, Siriac ?
samedi, 19h45
(Le salon de Siriac)
Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac, Flora, Virgile
(Flora et Virgile sont toujours inconscients, étendus respectivement sur le canapé et par terre. Siriac est également étendu par terre de tout son long. Cassandra est accroupie à ses côtés, Eloïse est debout un peu plus loin, tandis que Juliette et Roméo sont chacun devant une fenêtre.)
Cassandra: Siriac ! Siriac ! Réponds-moi ! Qu’y a-t-il ?
Eloïse (à part, atterrée): Super ! Quelle classe !
Juliette (à Cassandra, rigolant): Il a le cœur un peu fragile, ton ami…
Roméo (rigolant): Quel blaireau, quand même ! Il attend ça depuis dix ans et au moment d’y aller, il nous tape une syncope !
Cassandra: Oh, les deux guignols ! Aidez-moi plutôt à le ranimer !
Roméo (avec un sourire): Que dalle ! Il n’a que ce qu’il mérite !
Juliette (froidement): C’est un ami de Roméo, je ne le toucherai donc pas…
Eloïse: Oh, vous êtes lourds !
(Elle se baisse et aide Cassandra à traîner Siriac jusqu’à un fauteuil.)
Roméo (les observant): Bon, plus que quatre…
(Eloïse et Cassandra se relèvent.)
Cassandra (allant se saisir de la bouteille de whisky sur la table basse): Peut-être qu’un peu d’alcool le ranimerait.
Roméo: Oui, ou l’achèverait parfaitement.
(Cassandra tente de faire respirer à Siriac les vapeurs d’alcool, mais en respire sans doute plus que lui. Eloïse regarde longuement Juliette et Roméo.)
Eloïse (souriant): Bon, j’ai besoin de deux autres personnes pour aller baiser. Y a des volontaires ?
Cassandra (levant la tête avec inquiétude): Ben, moi, je suis toujours partante…
(Juliette et Eloïse observent Cassandra, incrédules, tandis que Roméo éclate de rire.)
Cassandra (rougissant): Enfin, je veux dire…
Eloïse: Eh ben ? Et Siriac ?
Roméo (souriant): Il n’a que ce qu’il mérite ! C’est bien fait pour lui…
Cassandra: Non, mais je pense qu’il n’y a plus qu’à attendre qu’il reprenne ses esprits, maintenant.
Eloïse: Bon, eh ben, allez, on y va.
Juliette: Je vous préviens que si vous allez baiser, je vais avec vous. Il est hors de question que je reste toute seule avec Roméo.
Roméo: Pfffff !
Eloïse: Mais vous ne serez pas seuls. Avec les trois cadavres, vous pourrez faire un tarot.
Juliette: Ha, ha, ha ! Très drôle !
Cassandra (candide): On n’a qu’à y aller tous les quatre…
(Juliette, Eloïse et Roméo regardent Cassandra avec insistance, consternés.)
Cassandra (à Eloïse, bafouillant): Ben oui, c’était bien tout à l’heure, tous les trois, alors avec Juliette en plus, ça ne pourra être que mieux…
Juliette: Quoi ?!? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Cassandra (dodelinant): Oh là là, j’ai la tête qui tourne… Il faut que je m’assoie.
samedi, 20h00
(Le salon de Siriac)
Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac, Flora, Virgile
(Flora, Virgile et Siriac sont toujours inconscients. Cassandra est assise, ou plutôt vautrée sur un des fauteuils et ronfle puissamment. Juliette et Roméo sont toujours devant leurs fenêtres et Eloïse va-et-vient dans la pièce, un verre à la main.)
Eloïse (avec un sourire): Bon, alors ? On baise ?
(Un silence assez lourd.)
Eloïse: Oh, vous êtes pénibles à faire la gueule ! Au moins, Cassandra, elle mettait de l’ambiance…
Roméo: En tout cas, c’est bien les deux mêmes, hein ? Si Siriac se murge la gueule le midi, faut que Cassandra l’imite le soir.
Eloïse: Oui. J’avais bien vu qu’elle avait un peu picolé, mais je ne pensais pas que c’était à ce point.
Roméo: Bah, c’est pas grave, elle roupille et puis c’est tout.
(Un silence.)
Juliette (froide): Bon, maintenant que nous voici tous rassurés quant au sort de notre amie Cassandra, peut-être consentirez-vous à me dire ce qui s’est passé entre vous cet après-midi ?
(Roméo baisse les yeux mais ne dit rien.)
Eloïse (à Juliette): Tu es sûre que tu ne veux pas un autre apéro ?
Juliette: Eloïse, réponds-moi !
Eloïse (vacillant): Oh, je ne me sens pas très bien.
Juliette: Eloïse !
(Eloïse s’écroule de tout son long.)
Roméo (s’allumant une cigarette): Ah, je me disais, ça faisait bien cinq minutes que personne ne s’était évanoui.
Juliette: Eloïse ! Debout ! Ca ne prend pas ! Relève-toi et réponds-moi !
Eloïse (se relevant): Oh, là, là !
Juliette: Alors, que s’est-il passé ?
Eloïse: Euh… ben… pas grand-chose en fait. J’étais si contente de retrouver Roméo que j’ai fêté ça avec lui. Et puis bon, Cassandra était là, elle s’ennuyait. Alors… euh… ben… elle a fêté ça avec nous.
Juliette (cynique): Après tout, au point où on en est… Alors, Roméo, avec qui n’as-tu pas couché ces dernières vingt-quatre heures ?
Roméo (tout aussi cynique): Avec Siriac…
Juliette: Salaud !
(Elle balance de toutes ses forces son verre à travers la pièce en direction de Roméo. Celui-ci, occupé à fumer, n’a rien vu venir et se le mange en pleine tête. Il s’écroule, évanoui.)
Eloïse (se cachant derrière un fauteuil): N’importe quoi ! Des missiles, maintenant !
Juliette: Ah, ça fait du bien…
(Elle va se servir un autre verre, puis s’avance jusqu’à Roméo et ramasse sa cigarette, qu’elle se met à fumer nonchalamment.)
Eloïse (jetant un regard de derrière son fauteuil): Je peux sortir ? Ca va ? T’es calmée ?
(Elle se relève et s’avance au milieu du champ de bataille.)
Eloïse: Tu vises bien, y a pas à dire…
Juliette: C’est un coup de bol ; c’est la rage qui m’a aidée.
(Un silence.)
Eloïse: Bon, alors ? Qu’est-ce qu’on fait ? On leur fait tous les poches et on va se faire un restau ?
Juliette (avec un sourire): Oui, ou bien alors on va baiser ?
(Un silence. Eloïse observe Juliette, déconcertée.)
Eloïse: Ah, je te préfère quand tu es comme ça…
Juliette: Oui, je me sens mieux, en fait. Ça m’a drôlement soulagée de l’assommer.
(Juliette s’avance vers Eloïse et l’embrasse à pleine bouche.)
Juliette: Alors, c’était bien avec Cassandra ?
Eloïse (avec un sourire): Eh ben, viens, suis-moi, je vais te montrer ce qu’on a fait.
(Eloïse entraîne Juliette à sa suite ; elles sortent vers la chambre.)