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Temps de lecture estimé : 21 mn
22/04/05
Résumé:  De l'utilisation et de l'utilité d'un coaching sexuel.
Critères:  fh ffh fplusag frousses médical complexe bizarre amour revede fellation pénétratio init journal humour
Auteur : Jeff            Envoi mini-message

Série : Ursula, coach très perso

Chapitre 01 / 02
Ursula, coach très perso (1)


Il me semble qu’en matière de dépannage sexuel, j’ai tout essayé.

Oui, je dois l’avouer ici : pannes et éjaculations précoces ont été, durant de longues années, ma hantise personnelle, mon blocage. Ajoutez à ce tableau pour le moins peu honorable, une timidité assez maladive et maladroite, et vous imaginez l’enfer qu’a pu être ma vie amoureuse.

Enfin, si l’on peut parler de vie amoureuse avec de tels handicaps.

Pourtant, physiquement, pour mes trente-cinq balais, je ne suis pas pire qu’un autre. Mais Eros, dieu de l’Amour en a, semble-t-il, décidé autrement. Il existe des moyens pour pallier à tous ces inconvénients, bien que le corps médical, consulté à maintes reprises, ne sache pas m’apporter les réponses adéquates et idéales.


Heureusement, il y a de cela deux ans, j’ai rencontré Ursula et, je peux le dire ici, depuis, ma vie a changé.


C’est une bonne copine, bien intentionnée, qui m’en avait glissé l’adresse au creux de l’oreille après une ultime rencontre qui s’était transformée en « Bérézina sexuelle » et l’avait laissée plus frustrée qu’un moine capucin. Sur ses conseils avisés et avec sa recommandation, je suis arrivé à décrocher un rendez-vous rapide, malgré un emploi du temps bien chargé.

Je me retrouve donc dans un bureau austère, assis dans un fauteuil, face à une femme d’une quarantaine d’années, sculpturale, rousse, au visage sévère. Les cheveux, tirés en chignons, marquent un cou gracile. Les mains, joliment manucurées et soignées, n’arrêtent pas de prendre des notes sur mon comportement. Aux murs, quelques gravures modernes jettent les seules touches de couleur sur le blanc immaculé de la pièce. Elles encadrent un magnifique diplôme de « docteur ès psycho-sexologie » de l’université de je-ne-sais-plus-où. Mais cette présence me rassure.

Après plus de vingt minutes passées à m’écouter énumérer mes séries de déboires, de pannes et de frustrations, sans omettre de parler de ma timidité, elle pose son crayon, relit rapidement ses notes dans un silence religieux, affiche de temps en temps une mimique dubitative, avant de pousser un long soupir et d’étirer ses bras.

Enfin, elle sort de son mutisme - ou de sa réflexion - pour me dire gentiment, avec une voix chaude et rassurante, que « rien en ce bas monde n’est rédhibitoire, surtout pas ce qui concerne le sexe masculin ».

Je suis heureux de lui entendre dire de telles paroles. Elle ne me laisse guère de temps pour la questionner car elle enchaîne avec une analyse de ma personne. Et au bout de quelques longues minutes elle m’apprend que mon cas, quoique je puisse en penser, « n’est ni unique, ni désespéré ». Bien au contraire, m’indique-t-elle, grâce à de nouvelles techniques, elle va pouvoir me guérir rapidement, sans traitement douloureux - sauf peut-être pour mon porte-monnaie, ajoute-t-elle, en souriant, sur le ton de la confidence badine.

Bref que le monde me sourit et qu’il me faut prendre d’ores et déjà la vie du bon côté !

Cependant, comprenant mon désarroi face à sa soudaine jovialité, elle précise que ce traitement sera un peu long et que, durant tout ce temps, elle va m’accompagner « personnellement ».

Je reste bête. Mes yeux écarquillés, je la regarde fixement. Mais qu’entend-t-elle par « accompagner » ?

Devançant la question qui me brûle les lèvres, elle enchaîne : cette guérison se fera par étapes, par paliers et elle sera, tout au long du traitement, à mes côtés, y compris – et elle insiste sur le caractère obligatoire de la chose, avec un ton grave et doctoral – y compris durant les moments d’intimité avec mes partenaires.

C’est là une nouvelle forme de coaching : le coaching sexuel.


Je reste coi. Interloqué. Scotché. Abasourdi.


Comment ? Elle va tenir la chandelle ? Elle veut assister à mes galipettes ? Et pourquoi pas me la tenir pendant que je tente de l’introduire rapidement, avant qu’elle ne devienne flasque, dans le sexe d’une copine qui attend avec impatience, les jambes écartées, de monter au septième ciel !

Eh bien, oui ! C’est bien de tout cela dont elle parle.

Hormis que, pour elle, mon sexe ne sera plus jamais flasque au bon moment.

Et voilà comment, durant deux ans, je me suis fait coacher par Ursula, jusque dans mes moments de très grande intimité.

Oh ! Cela n’a pas toujours été ni simple ni facile. Pour moi comme pour mes partenaires.


Imaginez-vous, lorsque vous arrivez - enfin - à « lever une gisquette », devoir lui expliquer que votre coach va vous accompagner dans la chambre pour vous aider à lui faire l’amour ! Bonjour l’ambiance ! Généralement, elle jette un regard suspicieux vers cette magnifique femme rousse, que vous lui désignez du menton, qui la dépasse de deux têtes et de trois tours de poitrine et qui a, sur votre « brève rencontre », un regard plus acéré qu’un couteau suisse. Alors là, votre « brève rencontre » se demande si vous n’êtes pas en train de lui tendre un de ces pièges terribles, imaginé par un couple échangiste, aux mœurs bizarres et plus que douteuses, en mal de scénario pervers.

Et rares sont les jeunes femmes, ces « brèves rencontres », qui acceptent de rentrer dans votre jeu, enfin celui d’Ursula.

Souvent, elles vous plantent là. Elles se lèvent de table, furibardes, en vous jetant un regard de mépris, quand elles ne font pas un scandale, comme celle qui a hurlé « Et ta mère, tu veux pas aussi qu’elle participe à notre séance de jambes en l’air, ta mère ? Ta mère, elle ne veut pas aussi la tenir et me l’introduire ? » ; tandis que je fixais avec une attention toute particulière le sol du café parisien dans lequel nous étions, à la recherche d’un trou de souris pour aller m’y réfugier.

Et tout est à recommencer.

Bien sûr, Ursula était consternée par mes déboires et les premiers échecs de mes rencontres. Mais ce qui la navrait le plus, elle me l’a avoué bien après, c’est l’attitude de ses congénères. Toutefois, elle m’a toujours encouragé à persévérer, pratiquant conseils sur conseils, tenant un discours rassurant et réconfortant. Evidement, au bout de quelques-uns de ces rendez-vous, j’ai bien essayé de lui proposer de remplacer directement mes tentatives de rencontres elle-même. Et là, je me suis heurté à un regard qui aurait gelé sur place le moindre iceberg dérivant tout droit vers le Titanic et l’aurait alors empêché de couler à pic.

Elle m’a fait comprendre qu’il ne pouvait être question qu’elle s’implique de la sorte, qu’elle était ma thérapeute, qu’elle était là pour me guider, me conseiller, m’écouter mais certainement pas pour jouer la substitution.


Bref, là aussi, pour moi un échec. Et quel échec !

Pensez donc, c’est qu’Ursula hantait mes nuits !


Cela s’était fait, petit à petit. Insidieusement. Au début, je n’y ai pas pris garde. Puis de plus en plus souvent, le matin, à mon réveil, mes érections matinales étaient – choses extraordinaires – de plus en plus répétitives, longues et douloureuses. Et presque pour la première fois de ma vie, ma main m’aidait à soulager cette douloureuse tension. Au début, de façon mécanique, automatique. Puis, au fur et à mesure, l’image récurrente d’Ursula est venue s’imprégner dans mon esprit, s’imposant à moi, obsessionnelle, envahissante. Alors, il m’a bien fallu me faire une raison. J’étais tombé amoureux de mon coach.

C’est que je lui avais ouvert mon cœur et mon esprit, je lui avais confié mes fantasmes, mes rêves et surtout, je lui avais franchement parlé de mes problèmes sexuels. Elle me connaissait par cœur. Elle pouvait anticiper mes réactions, prévenir mes jugements, annoncer mes comportements. Tous les jours, durant une, deux, trois ou quatre heures nous étions ensemble. Souvent assis l’un à côté de l’autre.

Je parlais. Elle écoutait.

Mes yeux, mon oreille, mon esprit s’étaient plus qu’habitués à elle, à sa présence discrète mais prégnante, obsédante.

Si j’étais avec une « brève rencontre », mes yeux ne cessaient d’aller de ma « brève rencontre » à la table d’à côté où, par discrétion, Ursula s’installait. Je guettais souvent ses regards et ses mimiques d’encouragements. J’attendais d’elle des signes d’approbations, ou je surveillais le plissement de ses sourcils qui interrompaient une tergiversation et je redoutais son petit geste, qui devait m’inciter à conclure.


Bref, j’étais devenu dépendant.

Sous l’emprise d’Ursula.

Alors pas étonnant que mes pensées érotiques se soient naturellement dirigées vers elle.

En plus c’était véritablement une belle femme.

Quand nous marchions dans la rue, pour aller à un rendez-vous, même si nous n’étions pas accrochés l’un à l’autre, sa promiscuité me rendait fier, me faisait gagner quelques centimètres en hauteur et bomber le torse. Sur son passage, le regard de nombreux hommes la suivait pour admirer sa poitrine puis se détournait sur la tombée de ses reins. Il me semblait alors que j’entrais dans la classe des « Don Juan », des « tombeurs », des « heureux chanceux ». Cette gent masculine restreinte, enviée par les autres pour la Beauté qu’ils ont su attirer à eux. Et les regards qui glissaient sur Ursula et sa magnifique plastique rejaillissaient sur moi, me hissant à un niveau que je n’avais alors jamais espéré ni même rêvé.

Durant les premiers temps de cette rencontre - j’allais utiliser le terme d’aventure - la présence de cette belle femme à mes côtés, m’a aidé à (re)prendre confiance en moi.

Même si je savais qu’elle était inaccessible et que je ne pourrais jamais la toucher ni l’embrasser ni la posséder. Mais marcher seulement à ses côtés m’a largement aidé. En plus, j’avais ce sentiment étrange de l’homme tranquille et sûr de lui, qui est capable de marcher à deux doigts de « sa » femme ou de « sa » conquête, sans avoir à marquer son instinct légendaire de propriétaire en lui tenant la main, le bras ou en lui enserrant la taille. Je découvrais là une façon d’afficher une certaine nonchalance vis-à-vis d’une femme qui m’accompagnait partout, affichant cet indicible esprit de conquérant tellement certain de son emprise qu’il n’est pas obligé d’imposer sa main de fer pour claironner au monde entier sa victoire !


Ah, quel magnifique sentiment !

Surtout qu’Ursula, par jeu ou par métier, ne cessait de me « couver » du regard.

Elle avait pour moi, rien que pour moi, des yeux doux, attentifs, encourageants, attentionnés. Au bout de quelques mois de ce coaching, son regard, lorsqu’il croisait le mien, était même devenu complice.

Et là, j’avoue humblement, que j’étais aux anges.

Mais quel homme ne l’aurait pas été ! Même si de temps en temps il me fallait me pincer pour me rappeler à la réalité des choses. Elle était mon coach, mon mentor, mon initiatrice à distance, mon thérapeute.

Oui ! À moi, rien qu’à moi.


Bien entendu, au début de cette thérapie, j’évitais aussi soigneusement d’aller traîner dans mes coins préférés, ceux que je fréquentais habituellement. Surtout en compagnie d’Ursula.

J’évitais aussi, autant que possible, les rencontres avec mes copains, mes amis, mes connaissances. Mais vous savez comment est la vie… Vous avez beau habiter Paris, vous persuader qu’au milieu de cette foule vous êtes certain de passer dans l’anonymat le plus complet, eh bien non ! Raté : Paris prend souvent la dimension d’un hameau de province.

Un soir, j’ai été surpris par ma bande de copains en goguette qui m’ont trouvé attablé dans un bistrot, pourtant loin de nos lieux de prédilection, alors que j’étais en pleine confidence avec Ursula, après un nouvel échec avec une « brève rencontre ».

Ah ! Sa présence à ma table n’est pas passée inaperçue.

D’abord, par discrétion, quelques-uns ont galamment évité notre recoin, nous laissant en paix. D’ailleurs, je n’avais envie de voir personne à l’instant où ils se sont engouffrés dans la petite salle du bistrot. Et leur soudaine intrusion m’a fait me ratatiner sur la banquette, tandis qu’Ursula, guidée par son instinct de femme, tournait la tête vers la porte d’entrée, en suivant mon regard effaré, se demandant quel diable venait d’entrer dans la salle et pouvait bien m’effrayer ainsi.

Evidemment, son regard, son port de tête, sa crinière rousse, sa stature ont immédiatement attiré l’œil des nouveaux arrivants.

Puis, l’alcool aidant, l’agitation a gagné leur table. Ils ne cessaient de se pousser du coude en jetant des regards longs et appuyés dans notre direction. Finalement l’un d’entre eux, plus curieux que les autres, s’est approché pour nous inviter à les rejoindre. Mais le froid accueil que je lui ai alors réservé l’a fait un peu reculer. Je me suis juste contenté de lui présenter, vaguement, sèchement et rapidement « Ursula !».


Après cela, elle a passé un long, très long moment, à me sermonner.

M’expliquant qu’il ne fallait pas avoir honte d’être coaché en matière sexuelle et que beaucoup d’hommes, sous des airs de « machos » et de « tombeurs », cachaient une véritable misère sexuelle, si misérable que même un Victor Hugo ou un Émile Zola n’aurait pas pu la retranscrire dans un de leurs romans, tellement elle dépassait l’entendement !

Elle m’a aussi incité à leur parler de ma thérapie…

Ah ! La bougresse.

Déjà qu’il n’était pas évident pour moi de m’avouer que je me faisais suivre pour soigner les bobos à mon Eros, voilà qu’elle exigeait aussi que j’aille le claironner sur les toits… Mais le leur avouer, c’était comme mettre une estampille infâmante sur mon bras, un tatouage indélébile, aussi terrible que si j’avais eu une maladie sexuellement transmissible. Bref, je ne me voyais nullement aller à leur table et leur présenter Ursula comme mon coach sexuel et expliquer le pourquoi du comment.

Pourtant c’est bien ce qu’elle voulait que je fasse.

Mais je n’ai pas pu.


Le lendemain, au bureau, les sous-entendus, mais aussi une certaine admiration, pointaient dans toutes les conversations, à chaque rencontre matinale.

C’est à ce moment-là que j’ai véritablement pris conscience de la place particulière qu’occupait Ursula dans ma vie nouvelle et, surtout, de l’intérêt qu’un homme pouvait avoir, aux yeux de sa bande de copains, à « sortir » avec une belle femme, même si elle était plus âgée que lui.

Concupiscence, envie et un peu de jalousie : tels étaient les sentiments que je pouvais lire dans leurs yeux. Et je ne pouvais plus leur avouer quoique se soit. Bien au contraire, j’en ai rajouté une belle couche, car tous étaient friands de détails intimes. Et là, il m’a bien fallu broder, inventer, imaginer, alimenter cette conversation piquante de mes fantasmes.

C’est certain, ils restèrent médusés. Comme deux ronds de flans. Ils ne m’imaginaient pas sous ce jour. Bien que me sachant célibataire, ils ne m’avaient jamais vu aux bras d’une conquête. Dans toutes les conversations qui touchaient au sexe, j’avais toujours su éviter soit de répondre soit même de participer. Et j’en soupçonnais plus d’un de m’avoir classé implicitement dans la catégorie des impuissants ou dans celle des homos. Voilà pourquoi ils avaient tous été surpris de m’avoir débusqué, attablé en face d’une belle rousse, mature mais belle.


Alors une autre chose incroyable m’est arrivé.

Du simple rang de copain, je suis passé au rang de « tombeur de la bande ».

Comment cela s’est-il fait ? Je n’en ai pas la moindre idée.

Tout ce que je sais, c’est que je me suis retrouvé, à diverses reprises, au centre de cercles d’amis et de copains, entouré de jolis minois, sans qu’Ursula soit au courant – car autrement elle aurait rappliqué dare-dare. Et tous ces jolis minois me faisaient, d’une façon éhontée, du gringue et du rentre-dedans. Je n’avais qu’à claquer des doigts et une, deux et même quelquefois trois filles étaient prêtes à se jeter à mon cou et à me suivre jusque dans ma chambre.

Mais là, malheureusement, je savais que le seuil passé, mes maux allaient refaire surface. Alors je me contentais de rester vague, flou, de flirter sans jamais aller plus loin. Et de mon étiquette de «tombeur de la bande », je suis passé à celle de « fidèle » en amour tout en étant « libre ». Une liberté enviée par bon nombre d’entre eux, car ils pensaient alors que ma compagne ne pouvait être que « formidable et exceptionnelle » pour accepter et tolérer mes flirts.

Voilà.

Je n’ai jamais eu le courage de leur avouer cette vérité première et criante : qu’en réalité, la belle Ursula me coachait en matière sexuelle.

Et tandis que je faisais le joli cœur au milieu d’un cercle de jeunes femmes qui cherchaient toutes à coucher et à se caser, ma thérapie continuait.

Plus tard, j’ai osé avouer à Ursula ce qui s’était réellement passé.

Elle a souri et m’a expliqué que cela était tout à fait normal et même qu’elle avait fortement espéré que ce type de situation se produise. Juste qu’elle était un peu déçue de mon manque de confiance en elle et elle me reprocha de ne pas m’en être ouvert à elle, lors de nos rencontres. Des confidences qui lui auraient permis de mieux m’aider encore. Mais, bon, le mal était fait.

Doté de cette fausse aura de « tombeur », au fur et à mesure que nos rendez-vous avançaient avec de « brèves rencontres », ma technique s’affermissait. Je prenais de plus en plus confiance en moi. En tout cas pour ce qui était d’aborder une femme. Pour conclure, c’était encore une autre paire de manche. Il fallait toujours lui faire admettre la présence d’une tierce personne : Ursula, et c’était bien souvent là que les choses se compliquaient ou cassaient.


Mais heureusement, ma roue de secours s’appelait Marie-Gabrielle et était totalement disposée à accepter la présence d’Ursula lors de nos rapports intimes.

J’ai rencontré Marie-Gabrielle dans une soirée bon chic bon genre, où tout le monde s’ennuie à mourir en se demandant pourquoi il faut être là, d’autant qu’il ne se passe rien et que rien n’arrivera. Bref, c’est au coin d’un buffet qui avait été splendide et bien fourni mais qui, en peu de temps, ressemble au Sahara après une attaque de criquets, que nous échangeons une série de banalités et lions connaissance. Mais nos yeux semblent parler un langage différent de nos lèvres. Et, sans bla-bla inutiles, nous décidons unanimement de nous éclipser et de rejoindre mon antre pour y terminer la soirée.

Marie-Gabrielle est une jeune femme moderne et entreprenante. Brune, les yeux clairs, les seins juste comme il faut, ni absents ni arrogants, le ventre surveillé de près mais sans crises obsessionnelles. D’une taille plus que moyenne, elle aussi fait (re)tourner de nombreuses paires d’yeux masculins dans la rue ou dans les restaurants. La lèvre pulpeuse, toujours humide, elle sait regarder un homme en lui suggérant son acceptation docile à satisfaire toutes ses envies, y compris les plus osées.


Nous nous retrouvons donc en tête à tête dans mon appartement.

Après quelques badineries sans conséquence, j’entreprends de passer à des jeux plus sérieux. La belle Marie-Gabrielle ne marque ni objection ni refus. Au contraire, elle se prête à tous mes lutinages avec une certaine ferveur et délectation, en facilitant même mes approches.


Et les choses se précipitent.


Je m’enhardis et vais de plus en plus loin dans ma descente aux enfers. Le terme peut choquer, mais pour moi, il correspond à une véritable et dramatique réalité.

De badinages en badineries, mon esprit est alors essentiellement tourné vers elle. J’en oublie mes pannes et éjaculations précoces, jusqu’au moment où… L’esprit redevient totalement obnubilé par La chose. Je sais alors que, dans un instant, à plus ou moins brève échéance, je vais devoir déclarer forfait, remballer ma morgue, faire face à une virilité défaillante. Laissant là une jeune femme frustrée, s’interrogeant sur ce qu’elle n’a pas pu, ou n’aurait pas dû, faire. Car, au fil du temps, j’ai appris que les femmes, face à ce type de situation, culpabilisent !

Oui. Elles culpabilisent de n’avoir pas su amener l’Homme à son plaisir et se faire accompagner dans le leur.

Et c’est pourquoi j’avais consulté les médecins. Mais rien n’y faisait. Bien sûr, avec le temps, j’ai appris à caresser, à trouver les zones érogènes de mes partenaires, leur apportant, autant que faire se peut, ce plaisir auquel elles aspirent. Mais ce n’était pas une solution car plus j’arrivais à leur donner du plaisir, plus elles voulaient m’en donner en retour.


Et là, pataras ! Bernicle. Rien. Pouic. Que dalle. Nada.

La panne.

La catastrophique panne.


Il suffit que je pointe ma virilité à l’entrée douce, chaude et humide d’un vagin accueillant et qui ne demande plus qu’à être besogné, pour que je devienne ramollo. Et avec, le moral qui s’effondre aussi.

Sans compter les mensonges à inventer, pour excuser « cette interruption momentanée de l’image et du son ».

Avec Marie-Gabrielle, dès la première fois, le fiasco est terrible, humiliant.

Non seulement je me ramollis lamentablement à l’entrée de sa voluptueuse et soyeuse jeune chatte, humide à souhait, qui brille de cyprine à force d’astiquer, sucer, mâchouiller, aspirer son clitoris qui pointe haut au-dessus de ses lèvres brunes et imberbes, mais en plus, dans un élan de ma générosité mal contrôlée, et totalement incontrôlable, je me répands largement, en même temps, sur son ventre légèrement rebondi, à sa grande stupeur.


La-men-ta-ble !


Si je n’avais pas été en si galante compagnie, je crois bien que j’en aurais pleuré de désespoir et de honte.

Mais une fois encore, il me faut assumer cette mauvaise passe.

Bien sûr, je prétexte l’abus d’alcool, la fatigue, la trop grande excitation… Mais il me semble bien qu’elle ne soit pas dupe. Elle tente, comme elle peut, de me venir en aide en me consolant, en me câlinant et même en me croyant, ou du moins en faisant semblant de me croire.

Cela nous permet surtout de nous revoir une, puis deux, puis trois et plusieurs fois. Malheureusement pour moi et pour elle, chaque fois cela est la même chose, le même scénario : son excitation, son plaisir et au moment fatidique, plus rien.

Voilà comment, de rencontre en rencontre, à mon corps défendant, je dois bien lui avouer, la tête cachée au creux de son cou, la voix penaude, mes faiblesses dont elle subit les conséquences. Contre toute attente, malgré mes craintes de la voir s’enfuir ou se moquer de moi, Marie-Gabrielle me soulève le menton et avec une très grande délicatesse, en m’embrassant sur le coin des lèvres, me susurre l’adresse d’Ursula.

Elle m’explique aussi que cet état de défaillance n’est ni une honte, ni irrémédiable. Que je caresse comme un dieu (mais là elle exagère certainement) et qu’elle n’a jamais rencontré de partenaire tel que moi (ça c’est certain, autrement elle n’aurait jamais fait d’enfant, car elle est mère célibataire). Bref, qu’elle m’aime (ça c’est une très belle déclaration d’Amour ou je ne m’y connais pas) et que je dois me faire soigner pour pouvoir enfin connaître l’Amour et bâtir ma vie. Et pourquoi pas avec elle !

Bien entendu, j’essaie de lui prouver par A+B que j’ai déjà fait plusieurs fois la tournée de tout le corps médical parisien et même consulté quelques spécialistes à l’étranger, et que rien ne semble vouloir fonctionner.

Voilà comment, et sur sa recommandation, je me suis retrouvé assis devant Ursula, véritable docteur ès psycho-sexologie et aussi coach sexuel.


Durant les premiers temps de ma thérapie, j’ai revu Marie-Gabrielle, épisodiquement et surtout très platoniquement. Elle était la seule à être au courant de mon rendez-vous chez Ursula et suivait avec attention mes progrès. Sans une once de jalousie ni envers Ursula ni envers les « brèves rencontres », elle tentait juste de rester informée.

Rien que pour cette attitude réservée et attentionnée, je veux lui dire aujourd’hui toute mon admiration, toute ma sympathie et surtout lui déclarer que « je l’aime ».


Voilà, c’est dit. Il fallait le dire.


Mais Marie-Gabrielle était aussi au courant des difficultés à « concrétiser » en présence d’un coach. Elle comprenait les réticences, les refus, les révoltes de certaines jeunes femmes qui pouvaient s’effrayer d’une telle présence. Même avec l’aura du caducée et des raisons médicales. Voilà pourquoi, de bonne grâce, elle avait répondu positivement à ma demande d’aide. Ultérieurement, elle m’a avoué qu’elle l’espérait et qu’elle avait été prête à me le suggérer si je n’avais pas entrepris la démarche moi-même.

C’est ainsi qu’un soir, elle sonne à ma porte. Et, en présence d’Ursula, nous avons passé une nuit entière à apprendre à faire l’amour.


Ah ! Ce n’était ni évident, ni simple.

Lorsqu’elle sonne, Ursula est là depuis plus d’heure, pour me convaincre, pour réfuter tous mes arguments à repousser ce moment. Elle est là pour me soutenir, m’aider. Et elle rit. Mais, très sincèrement, je ne trouve pas cette situation particulièrement agréable, ni cocasse. D’ailleurs, quand Marie-Gabrielle entre dans la pièce, un lourd silence pesant et une gêne s’installent entre nous trois.

Mais Ursula, en grande professionnelle, sait rapidement se faire oublier, devient transparente.

Pourtant, si, de temps en temps, je lui jette un œil, elle fait mine d’examiner les diverses gravures qui pendent à mes murs et décorent modestement mon salon. Après un repas où elle nous parle longuement du plaisir et de l’acte d’Amour avec des mots simples et touchants, elle nous enjoint d’aller nous allonger dans la chambre. Tel deux cobayes de laboratoire, en nous tenant par la main, nous nous dirigeons sagement vers le lieu qui va devoir abriter nos ébats sous haute surveillance.

Là, Ursula, d’une voix douce mais ferme, prend en main la situation.


Coupant court à nos atermoiements, à nos hésitations, elle nous dirige. Je dis bien nous. Car elle vient de nous apprendre que l’Amour est bel et bien un acte à deux et non deux actes séparés mais que pour l’instant, il faut me guérir.

Donc Ursula a décidé de prendre les choses en main.

Elle me fait déshabiller par Marie-Gabrielle. Puis lui enjoint de s’occuper de moi, sans que j’aie le droit d’intervenir.

Sur mon corps, je sens alors les mille et mille picotements d’une langue douce et ferme qui darde au milieu de lèvres pulpeuses et humides et électrise mon corps, tout mon corps. Rapidement, une somptueuse érection s’affiche entre mes jambes.


Oui, mais pour combien de temps ?


Marie-Gabrielle, sur l’ordre d’Ursula, s’empare de mon sexe et, avec délicatesse, en le serrant à sa base, aventure sa bouche sur mon gland. La douceur de la caresse, le velouté de la langue, les petits picotements des dents… Hum ! Toutes ces sensations sont nouvelles pour moi. Excitantes en diable.

Ursula, de temps en temps, de sa chaude voix, dirige les gestes de Marie-Gabrielle, fait accélérer ou ralentir sa caresse, lui fait serrer plus ou moins la base de mon sexe. Il est difficile pour moi de résister à cette voluptueuse caresse. Mais le blocage de la base de mon sexe, ralentit la montée physique de mon plaisir.

Puis, d’un coup, à la demande d’Ursula, Marie-Gabrielle relâche son étreinte et engloutit d’un coup d’un seul ma colonne de chair. Loin. Profondément.

Alors, je ne tiens plus.

Je jouis dans sa bouche, au fond de sa gorge. Elle avale avec délectation mon plaisir. Et, curieusement, mon sexe si prompt à se rétracter en général après avoir éjaculé dans le vide, là, continue à rester tendu, arc-bouté contre le palais, dans cet antre chaud et humide. Par un mouvement de va-et-vient de sa langue, Marie-Gabrielle entretient cet état de tension, provoque de nouveaux soubresauts, tétanise à nouveau mes muscles. Elle réalise, sur les conseils d’Ursula, un enrobage en mélangeant sperme et salive. La lubrification est excitante. Puis, sans que j’aie à bouger, sur un simple geste d’Ursula, tout en tenant fermement la base de mon pénis, elle m’enfourche. Les deux pieds positionnés le long de mes flancs, elle dirige mon sexe vers son autre antre chaud et baveux.

Pour l’instant, je reste fasciné par le spectacle, me concentre dessus, comme me l’a si longuement expliqué Ursula. Mon sexe, raide, tenu par la main douce et ferme de Marie-Gabrielle, se prépare à la pénétrer. Déjà je sens la peau de ses lèvres grasses et largement humidifiées par le plaisir. Mon gland est entouré par une chaleur étonnante.


Mais voilà que ce que je crains arrive.

A peine le bout de mon sexe est-il en contact avec son entrée parfaitement humidifiée qu’il se rétracte. Et Marie-Gabrielle n’a plus que dans la main une chiffe molle.

Imaginez mon désespoir. Ma honte.

Face à ces deux femmes, dont l’une est nue, venant de me donner ce premier et intense plaisir, qui fait tout pour oublier dans ce moment son propre plaisir, pour moi, rien que pour moi !

Je ne sais plus ni quoi faire ni quelle attitude prendre.

Mais c’est sans compter la présence d’Ursula.


Doucement, elle enjoint à Marie-Gabrielle de reprendre sa fellation. Doucement, en me surplombant, sans que je ne puisse ni n’aie le droit de bouger, mon sexe est de nouveau aspiré par le doux et chaud fourreau de sa bouche. La main l’enserre à sa base. Et comme il y a un instant, je le perçois, ô merveille, durcir de nouveau. La sensation est agréable d’autant plus que jamais au grand jamais je n’avais jusqu’alors réussi à rebander après une première érection et encore moins une première éjaculation.

De plaisir, je ferme les yeux. Sur les conseils d’Ursula je me concentre sur mon plaisir qui monte, cherchant à en suivre le cheminement. Guettant sa prochaine invasion. Mon sexe arrive à me faire mal. Il me semble même poindre en haut quelques gouttes de spermes, annonciatrices de mon plaisir imminent. Mais je n’ai ni le droit de bouger, ni celui de parler. Et tandis que le plaisir enfle en moi, envahit mon ventre, mon sexe et tout mon corps, il me semble que la bouche se fait de plus en plus profonde.

Intrigué, excité par la vue de Marie-Gabrielle en train de m’appliquer une fellation d’enfer, j’ouvre les yeux.

Surprise ! Marie-Gabrielle a repris sa position accroupie au-dessus de mon sexe. Elle a entamé un lent va-et-vient en soulevant ses fesses, les pieds calés le long de mon ventre. Elle s’évertue à contrôler mon plaisir, alors que la main qui enserre la base de mon sexe pour lui assurer rigidité et augmentation du plaisir, est celle… d’Ursula.

La vue est excitante. D’autres, en ma position et à ma place, auraient passé outre les ordres stricts, se seraient démenés comme des beaux diables pour entamer une chevauchée plus fantastique encore.

Non, moi, surpris par le spectacle, j’ai eu la réaction inverse, tant redoutée.


J’ai débandé !


Et voilà, tout était à refaire.

Mais si l’accablement me saisit, c’était sans compter sur Ursula et sur Marie-Gabrielle.

Sur une douce parole encourageante de la part d’Ursula, me voila de nouveau embouché par Marie-Gabrielle qui s’évertue, une fois encore, à redresser la situation. Une fois de plus, on m’enjoint de fermer les yeux et surtout de ne pas les ouvrir au beau milieu de cette nouvelle tentative.

Une nouvelle fois, mon sexe, étonnamment, se redresse, rebande. Une fois encore, je perçois le plaisir qui envahit mon être et atteint des sommets de volupté à la pointe de mon sexe. Une main ferme maintient la base de ma verge. Je n’ose ouvrir les yeux pour identifier la main.

Je me laisse faire.

Je laisse faire le plaisir.

Et voilà ! Je suis enfin récompensé.

Avec de longs traits de plaisir, je jouis. Où ? Pour l’instant, je n’ose ouvrir l’œil, ni même l’entrouvrir, de peur que ma jouissance ne s’interrompe. C’est une forme de fontaine chaude et très humide dans laquelle je me trouve. Du fond de ce plaisir, j’ai entendu les râles de jouissance, ceux de Marie-Gabrielle. Distinctement. Alors, dès que cela m’est autorisé, j’ouvre les yeux.

Marie-Gabrielle me chevauche et démène sa croupe au-dessus de moi.

Je viens de jouir en elle.

Ursula nous contemple. Un sourire satisfait au coin des lèvres. Elle nous couve du regard. Bat des mains comme une enfant, heureuse de l’exploit qu’elle vient d’accomplir, reconnaissant que ce n’était pas du tout gagné d’avance et que ce n’est pas encore gagné.

Nous voilà avertis.


Avant de partir, Ursula se penche vers moi et me murmure à l’oreille de ne pas tenter d’aimer Marie-Gabrielle tout seul, pour l’instant, mais que la jeune femme a bien mérité quelques longues et voluptueuses caresses. Mais que la prochaine fois cela devrait aller un peu mieux.

Alors, je rejoins ma douce et tendre amie, qui m’attend avec impatience sur le lit. Du seuil de la porte je la contemple, je l’admire. Puis, je m’allonge à ses côtés et, en guise de remerciements pour son abnégation, pour son dévouement, je commence à lui caresser les seins. Sous ma main, j’empaume les tétons, larges et pointus, les fait rouler entre mes doigts, tire dessus doucement, tandis que mon autre main s’aventure vers son intimité, mouillée de nos plaisirs. Là, je vais gratter le clitoris qui commençait à revenir à sa taille de repos pour lui faire redresser la tête et l’agacer, l’exciter, le titiller pour qu’il procure du plaisir à ma douce Marie-Gabrielle. Puis mes doigts abandonnent les seins et vont fourrager le plus loin possible dans son sexe gluant de plaisir. Malgré un gonflement des muscles, j’arrive à aller exciter le fameux point G et me concentre sur cette petite zone de chair pour déclencher de longue vagues de plaisir.

Cette première « nuit d’amour », un peu étrange, a été suivie par bon nombre d’autres, toutes aussi étranges, mais avec des résultats de plus en plus surprenants. Chaque fois je faisais quelques nouveaux progrès.

Grâce à Marie-Gabrielle et à Ursula, mon coach sexuel.

(À suivre).