n° 09328 | Fiche technique | 16392 caractères | 16392Temps de lecture estimé : 10 mn | 25/06/05 |
Résumé: Avatar du fantasme médical. | ||||
Critères: fh médical fépilée fellation | ||||
Auteur : Le Kawjer |
Épisode précédent | Série : Médecin dans une prison de femmes Chapitre 04 / 04 | FIN de la série |
Avertissement : J’ai commis un quatrième opus des soliloques du bon Docteur. D’abord parce que je voulais placer une perfidie personnelle, ensuite parce que c’est une matière agréable à travailler qui m’a permis de rester, non pas « border line » comme d’aucun l’affirme, mais plutôt « on the edge » par rapport à la charte de Revebebe et c’est assez jouissif ! (Ah ! la tentation de pousser le Père Jacques De M. vers des gestes irréversibles)
Je cherchais en fait une suite à « l’Homme invisible » qui m’a valu des dizaines de messages par mail, mais l’exercice a ses limites et, tout naturellement, de voyeur j’ai repositionné mon personnage en acteur. Mais je n’ai pas voulu sombrer dans le fantasme attendu du gynécologue et de la patiente érotomane qui jouit au moindre toucher rectal.
D’ailleurs c’est tout l’exercice de la nouvelle érotique, qui a ses limites : comment rester dans le genre sans sombrer dans le convenu et le déjà-vu : explorer d’autres scènes (Le papyrus d’Anubis), d’autres univers mentaux (Médecin dans une prison de femmes - dont le titre, contrairement à ce qu’en pensent certains, est parfaitement imagé si on sait le lire dans toute ses dimensions - d’autres genres (A la manière de…, L’Homme invisible), donner dans l’outrance (tous les textes que Revebebe m’a refusé). Je comprends à présent le dilemme des scénaristes de films pornographiques ; le bon Docteur a tenté à maintes reprises de me faire diverger vers plus de profondeurs, plus de matière, mais les contingences du lecteur font loi.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont lu, détesté ou adoré cette nouvelle, la critique est une drogue et, comme la drogue, elle peut être surdosée ou frelatée, mais j’en suis devenu dépendant… Merci tout particulièrement à ceux qui m’ont écrit pour me signaler certaines énormités dans mon texte, merci pour leur grande culture.
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Un étrange silence est tombé sur la prison, je reste pour la garde de nuit. C’est étrange comme ce lieu est propice aux réminiscences du passé. Je me sens proche des détenues, à la seule différence que moi je peux passer une porte sans attendre qu’on m’en donne l’ordre. Que faire d’autre en prison sinon regarder son passé, c’est un monde sans avenir ; moi, je suis enfermé dans ma vie comme ces femmes dans leurs cellules, mais ma prison à moi ce sont les femmes.
Je pense qui si j’écrivais un livre, un roman quelque peu autobiographique, en déguisant les lieux, les personnes, les époques, je n’intéresserais aucun lecteur. Les rares amateurs me traiteraient d’obsédé sexuel, les critiques me conseilleraient de suivre une analyse. Obsédé sexuel ! Poncif de la psychanalyse pour réunion tupperware… je ne suis pas obsédé : je suis amputé, handicapé. Handicapé sexuel, telle est la vraie définition que je leur proposerais. Mais que comprendraient-ils de mes tourments ? Sans doute la part de mes névroses qui répondraient aux leurs, l’angoisse devant l’abîme qu’ils ont peut-être côtoyé un jour, ce vertige qui vous étourdit quand le corps désire et que la raison s’y oppose, l’espace trouble qui les sépare comme un mælström fascinant.
L’idée de publier une confession, même romancée, me fait frémir. Confession ! Encore la faute, avouer, juger, punir. Avant d’être jugé, j’aimerais aimer et être aimé. Aussi c’est plutôt sous la forme d’un rapport d’autopsie que je livrerais le récit de ma vie sentimentale. Dans le froid métallique de la salle de dissection, comme à la fac, le jour où j’ai découpé le cadavre d’un Asiatique avec une étiquette nouée au gros orteil, je m’en souviens encore, un drôle de nom : Nick Hô, déficiences cérébrales, les neurones en bouillie. Faire l’autopsie de ma vie ! Le néant dans des bocaux, le thorax évidé, ouvert sur des échecs, la boîte crânienne trépanée d’où s’échappent des fluides glauques.
On frappe à la porte, je sursaute et renverse ma tasse de café froid. Machinalement je regarde ma montre : 01:30 s’affiche en chiffres bleutés. Je vais ouvrir la porte, car, en prison, on ne crie pas « Entrez ! ». Une gardienne se tient devant moi, dans son uniforme bleu, pantalon de tergal, pull ras du cou avec bandeau « Administration Pénitentiaire » et épaulettes de toile incrustées à la manière des commandos britanniques, chemise bleue en coton, grosses chaussures en cuir noir à lacets et semelles de crêpe, elle porte deux tasses de café fumant :
Je laisse le silence s’installer, car, par expérience professionnelle, je sais qu’il faut du temps à la parole pour se faire. Elle tourne la tête à droite et à gauche, faisant semblant de s’intéresser silencieusement à mon univers, se dandine d’un pied sur l’autre, soupire, boit son café à petites lampées, je l’accompagne, puis comme je m’y attendais, elle s’adresse à moi :
Je l’encourage du regard et lui souris
Je me lave les mains, elle retire : pull-over, chemise et soutien-gorge, en me tournant le dos. Ses épaules sont assez carrées, son dos bien charpenté ; les mouvements de ses bras font saillir des muscles développés. Le balancier de sa tête fait bouger sa chevelure, qu’elle porte à la garçonne, avec cette asymétrie : un côté court, un côté long et courbe comme une mèche, qui donne tout son charme à cette ambiguïté de genre. Je m’approche d’elle, elle s’assoit sur la table, se protége les seins de ses bras croisés. J’enfile des gants d’examen :
J’observe sa poitrine, deux très beaux globes avec de jolis arrondis, malgré la position étirée que leur impose l’examen, ils restent pointés vers le plafond. Les tétons et les aréoles légèrement dodues sont si fins et si roses qu’ils n’attirent pas l’œil. C’est merveilleux, je ne ressens rien, rien que le besoin de trouver cette grosseur. Délicatement, je palpe les mamelons, les faisant rouler sous mes doigts. Sa poitrine se soulève avec difficulté, elle respire avec angoisse, je le sais, mais je dois être très concentré, les boules sont légion dans la matière mammaire. Le sein droit est indemne. Je retarde une seconde mon examen de l’autre sein, je lui souris, elle me regarde, interrogative. Mes doigts se posent sur son mamelon gauche, je palpe immédiatement la zone qu’elle m’a indiquée. En effet, j’y trouve une turgescence, épaisse et dure, mais de très petite circonférence, elle se déplace sous les doigts. Instantanément, je pense kyste gras : bénin… Mais bien sûr, cela demande à être confirmé par une mammographie et une échographie. Cependant, je suis très optimiste et serein. J’achève ma palpation avec soin et lui déclare, souriant:
Je lève les yeux sur elle, toujours allongée, la poitrine nue. Son visage est doux sans être féminin, il y a dans ses traits une masculinité troublante. Elle fait un mouvement merveilleux : elle s’assoit et en ajustant ces cheveux, elle place pendant un millième de seconde ses deux mains sur sa nuque, les coudes tendus de chaque côté de sa tête, et pendant l’éclair de ce millième de seconde, je revois dans cette pose la naïade aux seins de marbre qui avait enchanté mes fantasmes adolescents. Eh ! La bête, je te sens, tu t’infiltres lentement, tu me possèdes et je ne vais pas résister, car je ne veux pas la perdre à nouveau, je ne veux pas que la porte se referme cette fois encore.
Elle n’a pas bougé, le buste dénudé, elle me regarde en souriant, mon esprit est tellement troublé par son regard que je n’arrive pas à me concentrer, il faut que j’y arrive : trouver la seringue, l’ampoule de sédatif, trouver une excuse pour la lui injecter, attendre, puis la regarder s’endormir. La déshabiller, glisser sa culotte juste assez pour que ses fesses soient bien découvertes, caresser son corps abandonné et offert, ses seins, ses fesses, son ventre. Lui parler de mon désir, demander pardon et ouvrir ses cuisses, poser ma main sur la toison, toucher, ouvrir et jouir de ma liberté, fermer les yeux quand le sperme tombe de mon gland sur le pubis abandonné. J’ai chaud, ce sont des flashes qui reviennent, Nice, les corps de mes patientes nues sur ma table d’examen, le bonheur de les toucher sans fin, à ma merci, sans rebuffades, sans honte.
Sa main vient de se poser sur ma joue, je sursaute, je perds le contrôle de la situation, je me tends comme un ressort, son autre main rejoint mon autre joue et avec une infinie douceur elle attire ma bouche vers la sienne, je me laisse aller, la bête me brûle le cœur, ses lèvres touchent les miennes, la pointe de sa langue les écarte, cherche ma langue, la trouve. Nos bouches s’ouvrent en grand, nos salives se mélangent, c’est le baiser fougueux du héros hollywoodien qu’elle me donne, et, moi, je le reçois, comme une midinette, les bras ballants. Elle se redresse, se colle contre moi, m’étreint avec fougue, j’ai gardé mes gants d’examen, je ne sais pas quoi faire. Sans hésiter, elle déboutonne ma blouse, l’épluche en la faisant glisser sur mes épaules, en fait de même avec ma chemise, colle ses seins sur ma poitrine nue, sa bouche ne quitte pas la mienne, la bête est désorientée, elle lâche doucement prise.
Elle quitte avec une rapidité extraordinaire son pantalon d’uniforme, après avoir déchaussé ses godillots du bout du pied. Elle m’accorde un instant de répit et se fait admirer, seulement vêtue d’un de ces minuscules slips de dentelle découvrant les fesses, jusqu’alors en vogue chez les stripteaseuses, et que les femmes respectables ont adoptés. Rien, sous l’uniforme, ne laissait deviner des formes aussi androgynes, pas de hanches bien prises, de fesses rondes, des bras et des jambes musclés, seuls ses seins fermes en font une femme. Je suis troublé, gêné, je ne sais pas comment me comporter, je me laisse prendre en charge, elle défait ma ceinture, me déculotte, exposant mon sexe à ses regards, je le protège de mes mains gantées de caoutchouc, elle rit, arrache mes gants pour mieux découvrir mon sexe. Elle m’attire vers la table d’examen, je la suis, empêtré dans mon pantalon tombé à mes chevilles.
La bête m’a abandonné totalement lorsqu’elle a commencé à me caresser le sexe, je suis écartelé entre une envie folle de m’abandonner à ses caresses et la peur panique de voir la porte se refermer définitivement. Elle a escamoté avec grâce son ombre de dentelle, et m’offre le spectacle d’une intimité intégralement rasée, une autre mode qui a gagné les femmes respectables, depuis que la pornographie câblée atteint les foyers. Ça me rassure, cette fente de fillette au bout d’un pubis en forme de berlingot à bout rectangulaire, je me détends, je n’ose toujours pas la toucher, elle me masturbe avec fougue, mais je n’arrive pas à entrer dans les dispositions adéquates. Alors, elle se met à genoux et porte mon membre flasque dans sa bouche. La sensation de chaleur, le contact de sa langue, la succion, la salive ; mon membre gonfle et j’éjacule aussitôt. Elle est surprise, recule, crache à plusieurs reprises en essuyant sa langue avec le bord de sa main. Mon excitation stoppée nette, je sens les contractions de ma verge comme des jets douloureux que je ne peux arrêter et quelques gouttes sortent encore de la tête de mon gland.
Je ne réponds pas à sa question, là où habituellement la bête hante mon corps, il ne reste que du vide.
Je reste sans voix, car elle me plaît aussi, mais je suis malhabile en amour et je voudrais lui expliquer :
Elle éclate en sanglots, se pend à mon cou.
Il doit y avoir un tel décalage entre le son de ma voix, mon attitude corporelle et le sens de mes mots, que l’argument ne porte pas. Je la regarde, son corps de culturiste, son visage délicat, mais volontaire, ses fesses dures dont les muscles ondulent sous la peau à chaque mouvement ; elle s’habille sans hâte, avec méthode, se retourne, me regarde, puis passe le seuil de ma porte, se retourne une fois encore et, suprême hérésie pour une grande professionnelle, laisse la porte largement entrouverte.
Un jour blanchâtre se faufile par le petit vasistas qui est l’unique fenêtre de mon antre. L’âme de cette femme hante encore les lieux. Je me sens rasséréné, bien, différent, je dois avouer qu’elle me plaît aussi. Je vais me lever et aller lui dire. Une lueur nouvelle s’allume dans mon cœur, une porte ne se referme pas, oui, je vais aller lui dire…