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Temps de lecture estimé : 17 mn
28/07/05
Résumé:  Portraits de femmes et d'hommes à qui, sous prétexte que c'est l'été et qu'ils sont en vacances, tout semble être permis...
Critères:  fh inconnu uniforme bizarre vacances forêt travail collection volupté revede voir odeurs fellation pénétratio fsodo init
Auteur : Jeff            Envoi mini-message

Série : Petits portraits entre amis...

Chapitre 11 / 11
Le feu de l'enfer...

Série estivale de portraits, cartes postales, piqués sur les plages de France et quelques lieux de villégiature estivale. Portraits de femmes et d’hommes, à qui, sous prétexte que c’est l’été et qu’ils sont en vacances, tout semble être permis…


L’été, propice à toutes les rencontres, toutes les opportunités, toutes les excentricités ? Pour bon nombre d’entre nous, tout le monde en a entendu parler, mais très peu les vivent. Jamais là au bon moment, au bon endroit ! Et vous découvrez, souvent après coup, que vous êtes passé à côté de ce qu’il fallait voir, car vous n’en étiez pas loin… Et cela pourrait presque venir gâcher vos vacances, enfin leurs souvenirs.

Alors, pour vous éviter de rentrer moroses, je vous propose quelques portraits, piqués au vif, sur les plages, dans quelques stations balnéaires de nos côtes, ou dans quelques lieux touristiques que vous avez peut-être fréquentés… Adaptez-les à vos souvenirs et faites-les vôtres… Ils sont à vous.



Le feu de l’enfer…



La Provence, par ce temps chaud et estival, m’envoie dans le nez ses mille odeurs de terre brûlante, cuite par le dur soleil qui plombe une végétation rabougrie et odoriférante. Cistes, romarins, thym, fenouil, toutes leurs odeurs se mélangent et s’amalgament avec celle des vieux figuiers qui étalent largement leurs feuilles vertes et me procurent un semblant d’ombre et de fraîcheur. Et toutes ses odeurs se mixent aussi avec celle des pins, qui balancent leurs cimes dans un ciel d’un bleu éclatant.


En traversant cette pauvre garrigue, mes semelles déplacent des gerbes de criquets et sauterelles tandis que mes oreilles sont assourdies par le crépitement des cigales. Je n’ai qu’une hâte : arriver au plus vite à destination, trouver l’ombre fraîche et un grand pastis…

Oui, mais en attendant, je dois avancer, un peu perdu dans ce désert végétal, et mon point de rendez-vous semble encore loin ! Et ici, pas question de faire une pause, de griller une clope. D’ailleurs, le garde forestier qui m’a indiqué le chemin de la tour de guet, m’a aussi très sympathiquement confisqué allumettes et cigarettes. Prudence est mère de sûreté, dit le proverbe, on ne sait jamais !


Arrivé la veille d’Arbois, je me suis installé dans un de ces petits villages du Lubéron où, le soir, il fait si bon vivre, mais qui est envahi de touristes et de Parisiens. Heureusement, le patron, qui a compris ma soif de tranquillité, m’a indiqué cette balade en me glissant à l’oreille :



Le tout dit avé l’assent, chantant comme une source intarissable au moment du pastis, qu’on sirote sous les hautes futaies des platanes de la petite place.


Et voilà comment, ce matin, je me retrouve, arpentant la garrigue, dans un chemin « que même un mulet, y voudrait pas y monter et les chèvres l’évitent », en direction de la fameuse tour de guet.

Cette tour, fierté du village, est loin d’être un vestige historique. Cela serait même le contraire. Elle a, paraît-il, été l’objet d’une querelle dans la communauté villageoise et entre les différents villages du coin, tant elle est laide, moderne et inesthétique.

Oui, mais c’est la tour de guet. Celle qui doit empêcher que les incendies qui mettent à mal les pauvres restes de forêt qui dressent, de-ci, de-là, quelques troncs échappés à leurs flammes dévorantes.


Soufflant comme une forge, suant comme dans un sauna, j’arrive enfin en haut d’un promontoire, pour découvrir que mon sentier pour chèvres, dont les ronces et autres épineux ont déchiré mes mollets, coupe une belle piste bien large. Piste qui me conduit au pied de la fameuse tour.

Un bâti carré, mastoc, peint en blanc éclatant, haut de plusieurs dizaines de mètres et surmonté d’une sorte de lanterne, reproduisant les tours de contrôle des aéroports. Le toit est hérissé d’antennes et, tout autour, un balcon promenoir est suspendu dans le vide.

Alentour, le paysage qui s’étale sous mes pieds est à couper le souffle (mais ça, ma petite grimpette, vient déjà de s’en charger toute seule !). Le regard porte loin. Aux quatre points cardinaux, rien n’est là pour l’arrêter. Après que j’aie admiré cet endroit, une voix venue d’en haut, fraîche comme un baquet d’eau de source alpine, m’interpelle :



Je dresse la tête, positionne mes mains en visière au-dessus de mes yeux, pour apercevoir, plus ou moins en contre-jour, une silhouette féminine, fluide, cheveux mi-longs flottants dans la brise chaude qui souffle ici.



Dans un dernier effort, je pousse la porte vert pomme qui est face à moi et entame la montée d’un escalier à vis qui grimpe au sommet de la tour. Pas de palier, juste des marches qui montent, montent, montent… et montent encore ! Quand j’arrive au bout de mon ascension, un sourire éclatant sur un visage cuit par le grand soleil m’accueille, avec deux yeux gris verts qui me font oublier les efforts, mon souffle court et les premières courbatures dans mes mollets.



Et voilà comment on se fait avoir, comme un touriste… On vous expédie sur les sentiers de chèvres, alors que cent mètres plus loin a été aménagée une piste nettement moins difficile. Mais je ne regrette pas mes efforts.

Bien au contraire. La dite Magali, qui ne cesse de parler – pensez donc, une femme qui passe son temps seule et n’a que des vacations radio pour se délier la langue – est une très belle fille.

Près d’une trentaine d’années, les cheveux noirs, les yeux gris verts, le nez en trompette, une petite fossette qui marque son menton pointu. Ses seins ronds débordent, sans pour autant être disproportionnés, d’une chemise kaki, manches retroussées sur des bras fins. Les fesses moulées dans un pantalon de treillis qu’elle a dû retailler, car il lui sied à merveille, lui fait presque une seconde peau et met en valeur des fesses musclées.


Après m’avoir désaltéré d’eau fraîche et sans quitter des yeux le paysage, elle m’explique son travail, son rôle : surveiller toute fumée suspecte dans la périphérie immédiate et au loin.

Elle me fait faire le tour du propriétaire… Une surface minuscule où elle passe ses journées et une partie de ses nuits… Et sur la terrasse, suspendue à près de trente-cinq mètres de haut, elle me fait visiter sa région, m’indique en pointant le doigt tel sommet de colline ou les directions de Marseille, d’Aix, de Montpellier… Elle me désigne le Mont Ventoux… C’est vrai que la vue est encore plus belle d’ici, surtout avec un guide aussi aguichant que Magali, qui ne dépare pas dans le paysage.


Et durant le temps de ses explications, en raison de l’étroitesse des lieux, à plusieurs reprises, nos corps s’effleurent, se touchent. Chaque fois qu’elle lève un bras pour me montrer tel ou tel point remarquable ou la direction de… des effluves capiteuses de son parfum viennent remplacer celles de la garrigue qui s’échauffe. À chacun de ces moments, mon nez frémit et une onde de désir parcourt mon corps. De temps à autres, le regard de Magali se fait plus lourd. Elle aussi me regarde à la dérobée, m’observe. Brièvement, car ses yeux ne quittent que rarement la ligne d’horizon et ils sont sans cesse en mouvement.


Durant de longues minutes, nous restons, accoudés à la balustrade, face au paysage que nous surplombons, moi à l’admirer, elle à le surveiller. Nos corps sont au contact. Nos bras et nos hanches se touchent. Contre ma cuisse, je sens la chaleur de la sienne et, de temps en temps, il me semble que ses muscles tressaillent, imperceptiblement.



Cette petite phrase courtoise est accompagnée d’un regard rapide et plein de sous-entendus… et d’un immense sourire à faire damner toutes les âmes du paradis. Et je ne peux y résister. Puisque je suis une « distraction », jouons jusqu’au bout.


Je me serre un peu plus contre elle, passe mon bras au niveau de ses reins et, avec mon autre main glissée sous son menton, j’attire son visage vers le mien et l’embrasse.

Ses lèvres sont sèches, un peu rugueuses, mais sa bouche est fraîche, sa langue pointue et fouineuse, car Magali accepte mon baiser et me le rend, sans fermer les yeux, qui continuent leur travail.


Nous restons enlacés ainsi, à nous embrasser un long moment. Échangeant nos salives, jouant avec nos langues, nez à nez, lèvres à lèvres… Mes mains montent et descendent dans son dos. De temps en temps, elles s’égarent sur les fesses. À travers le tissu du treillis, je les empaume. Elles sont fermes, musclées et à mon contact, le bassin avance, recule, tangue de gauche et de droite.

Magali, à ce moment-là pousse de petits soupirs, étouffés par notre baiser. Contre mon torse, ses seins se frottent. Même à travers le tissu un peu rêche de sa chemise, j’en sens les pointes qui se dressent.

Les mouvements de son bassin, sorte de danse excitante et languissante, font redresser mon sexe et l’irritent.


Mais Magali se détache de moi et, en reprenant son souffle, me repousse un peu :



Bien que frustré, j’accepte et elle me pousse vers la sortie, en me faisant un grand sourire.

Tout en redescendant, je me maudis, mais la comprends parfaitement. Elle est dépositaire d’une mission et elle n’a nullement l’intention de faillir à sa tâche.


Il est près de dix heures du soir, quand un vrombissement troue le calme de la place, interrompt les conversations et les quelques joueurs de boules, qui tournent tous la tête en direction d’un véhicule rouge, qui déboule d’une des ruelles et fait crisser les pneus en s’arrêtant pile devant la table où je déguste une pression toute embuée de fraîcheur. Sans broncher de derrière son volant, Magali met le nez à la fenêtre :



Une telle invitation ne se refuse pas. Et sous les yeux amusés de quelques habitués, et médusés des touristes de la terrasse, je contourne le lourd véhicule tout-terrain, type pick-up, aux couleurs des sapeurs-pompiers locaux, et prends place dans la cabine.



Et nous voilà partis, brinquebalants, pour les chemins escarpés des collines provençales, seulement éclairés par la lueur des puissants phares du véhicule.

Devant nous, de temps en temps, un renard, un blaireau, un lapin de garenne ou une famille de faisans, forcent Magali à ralentir sa conduite. Et nous nous enfonçons dans les bois, dans la garrigue, secoués comme des sacs de pommes de terre.

Seuls les crachotements de la radio de veille nous accompagnent et arrivent à couvrir le bruit du moteur, martyrisé par Magali.

Autour de nous, la nuit est noire d’encre. Sauf au loin, une lueur jaune orangé.



Et tout d’un coup, la jeune femme semble trouver un calme étonnant, alors que mon cœur se met à battre la chamade et que j’ai l’impression que mon sang reflux de mes joues. En quelques gestes, elle stoppe son lourd véhicule, sort son GPS, sa carte, localise sa position, utilise un instrument de mesure, une paire de jumelles (je me demande bien ce qu’elle peut voir, par cette nuit noire et sans lune), puis entre dans la cabine d’où elle m’a intimé l’ordre de ne pas bouger. Elle s’empare du microphone et signale d’une façon très précise le point qui est en train de commencer à brûler.



Et elle démarre pour foncer vers le foyer.



En quelques minutes, nous arrivons au-dessus d’un vallon, sur une piste qui mène nulle part et ne semble venir de nulle part, à cent lieues de toutes habitations. Mais Magali continue à avancer, plus prudemment, moins vite. Conduisant d’une main, le micro dans l’autre, elle détaille les premiers dégâts, dresse les premières constations. Le chemin monte et descend, et nous traversons les premières zones rouges de braises… Des flammèches viennent lécher la carrosserie.


D’un coup de volant, Magali entre dans un layon… La végétation est très dense et griffe les vitres… Mais Magali avance doucement, faisant tanguer et rouler le véhicule.

Dans l’habitacle, la chaleur est torride d’autant plus que toutes les vitres sont hermétiquement fermées. Et cahin-caha, le véhicule avance, renâcle, se fraye un chemin en écartant les buissons qui sont plus hauts que lui. Et plus nous nous enfonçons, moins je me sens rassuré. Par endroits, quand la végétation est moins dense, j’entraperçois les flammes, plus bas.

Mais Magali semble savoir ce qu’elle fait, où elle va.



Soudain, devant nous, puis autour de nous, sortant de nulle part, une fumée dense, épaisse, nous barre le passage.



En calant le véhicule immédiatement, rapidement et sans précipitation, elle m’explique que le vent vient de tourner et que nous allons voir passer le feu sur nous, Elle tripote divers boutons.



Elle en a de bonnes ! Je suis pas venu au milieu de la Provence, pour griller comme un steak ! Donc : je m’inquiète et, même, je m’affole !

Mais Magali, d’un simple regard, avec son calme, sait modérer ma peur. Et soudain, l’air de la cabine se rafraîchit, alors que déjà les premières flammes approchent. Et à leur lueur, je vois qu’une sorte de buée recouvre la carrosserie.

Magali, tranquillement, sort de derrière son siège, fait un rapide compte-rendu à la radio et les rassure, puis me propose de passer derrière, où je n’avais pas remarqué la banquette.



En réalité, le véhicule est équipé, m’explique-t-elle, de brumisateurs et d’un système de ventilation qui le transforme en îlot de survie. Elle a fait descendre des protections sur les roues, actionner la ventilation et le système d’arrosage. Alors, maintenant, elle sait que nous n’avons rien à craindre et qu’il ne reste plus qu’à attendre que ça passe… et les secours.

Alors que je m’affale, les membres tremblants, sur la banquette arrière, Magali m’accueille dans ses bras et, avec des gestes presque maternels, quelques paroles d’encouragement et de réconforts, calme mes angoisses, mes craintes.



Elle m’embrasse. Son baiser est goulu, vorace. Ses lèvres aspirent les miennes, sa langue dure vient fouiller ma bouche, loin et longtemps. Ses mains palpent mon torse, elles s’insinuent partout, presque nerveusement.

Et elle ferme les yeux ! Extraordinaire… Elle ferme les yeux, elle qui, ce matin, les conservait grands ouverts. C’est moi qui les laisse écarquillés, surveillant en coin, l’énorme masse rouge orangé, à la base blanche et bleu verdâtre, qui avance vers nous à très grande vitesse et nous illumine presque comme en plein jour.


La main de Magali se fait de plus en plus baladeuse, plus précise aussi. Elle masse mon entrejambe à travers mon pantalon et, malgré ma frousse, j’arrive à réagir, à bander. Magali lâche mes lèvres, ma bouche, se penche au-dessus de mon sexe, qu’elle a réussi à déshabiller, et entreprend de m’exciter encore plus.

Curieuse sensation que cette bouche fraîche, cette langue qui me titille, m’échauffe, alors que les premières flammes commencent à vrombir autour de nous ! Et plus les flammes nous lèchent, plus la bouche de Magali s’agrandit, m’avale, m’aspire, me mordille le bout, la hampe et les bourses, qu’elle termine de mettre à nu. J’ai l’impression d’être à la fois en enfer, pour la chaleur, les flammes, la fumée, et au paradis, par la sensation de bien-être qu’elle me procure.


Maintenant le feu est tout autour de nous. À travers l’épaisse carrosserie, on entend les crépitements des flammes, les craquements des bois, la sève qui fuse des troncs qui éclatent et s’enflamment comme des centaines de torchères.

Et avant que je n’aie le temps de poser ma main sur sa tête, ou sur ses fesses, Magali, en un tournemain, ôte son pantalon, au moyen de quelques contorsions, et m’enjambe. Elle s’installe à califourchon et s’empale sur mon sexe raidi par sa bouche. Elle se laisse tomber sur mes cuisses, m’absorbe en entier.

Son antre est aussi brûlant que doit l’être l’extérieur, trempé de désir, et mon sexe coulisse dans le sien. Elle cale ses deux mains sur mes épaules, renverse la tête en arrière et entame une série de va-et-vient qui la mènent à la jouissance, rapidement, et recommence, plus doucement, avant d’accélérer… se tétanisant chaque fois, enfonçant ses ongles dans mon tee-shirt.

Les yeux mi-ouverts, tant la luminosité des flammes est forte, je la vois jouir dans cette lumière si irréelle, rouge-orangée, faite de feu et de flammes dantesques.


Elle a fait glisser sa chemise et se dépoitraille. Ses seins ronds, aux mamelons pointus et aux tétons fins et durs, oscillent au rythme effréné de sa pénétration. Elle se mord les lèvres, ferme les yeux. Ses cheveux sont en bataille, à force de remuer la tête de tous côtés. Ses cuisses sont dégoulinantes de sueur et d’excitation. De temps en temps, elle cesse ses mouvements, s’immobilise puis entame une série de contraction avec ses muscles du ventre, qui me massent presque douloureusement, avant de repartir pour une nouvelle chevauchée… qui est en train de me faire perdre la tête.

J’ai calé mes deux mains sur ses hanches et accompagne ses mouvements. Sous mes mains, sa peau satinée est luisante de chaleur et de transpiration.


Maintenant, j’ai presque enfin compris qu’a priori, on ne risque rien… Et je profite d’un moment, où elle s’immobilise et marque une courte pause dans la montée de son plaisir, pour changer de position.

Je la force à bouger, à s’agenouiller sur la banquette, mains posées sur le dossier et, en me contorsionnant un peu, je me glisse derrière elle. Ainsi, à la lueur des flammes qui commencent déjà à diminuer, j’ai en premier plan une superbe vue sur ses fesses, où mon ombre inquiétante se projette et entame une danse satanique. La raie de ses fesses, largement écartée et éclairée dans cette position, met en valeur son intimité luisante de plaisir. Je l’empoigne par les hanches et c’est sa main qui me dirige vers son petit trou… aussi humide que son intimité, luisant d’elle, déjà ouvert et prêt à m’accueillir. Je n’ai pas beaucoup d’efforts à réaliser pour la pénétrer là.


Le muscle s’ouvre, me masse au passage et se contracte pour mieux m’inciter à aller plus loin. Et j’entame des allers et retours qui ont pour effet de faire grogner Magali qui mord le dossier de la banquette. De temps en temps, elle redresse la tête, la fait virevolter de gauche à droite, feule comme une tigresse…et jouit en même temps que j’explose en elle…

Ahanant, ayant dû perdre autant d’eau que des coureurs du Tour de France, nos corps luisants de transpiration, nous nous s’amollissons tout doucement et nous nous affaissons sur la banquette, en attendant de retrouver nos esprits, notre souffle.


De temps à autre, je lève la tête vers l’extérieur… Le feu est passé… Les flammes les plus grosses s’éloignent et continuent à dévorer la végétation du vallon. Autour de nous, les troncs continuent à brûler, certains se consument. La lumière de l’incendie qui vient de nous submerger s’amenuise. La chaleur reste forte et l’odeur de la fumée commence à envahir la cabine. C’est une odeur âcre, mais qui sent bon. Elle se mêle à l’odeur de nos transpirations et de notre plaisir. Curieux mélange.


Magali, commence à s’ébrouer, à émerger de la torpeur dans laquelle cette séance vient de la plonger. En se rajustant, elle me dépose un langoureux baiser sur les lèvres.



Je reste stupide, sans véritablement comprendre… Et Magali continue :



Je la regarde avec de l’admiration pour son sang froid (enfin, si l’on veut !). En même temps, je m’interroge sur sa santé mentale ! Cette fille est-elle folle de jouer avec sa vie, avec ma vie ! Et si sa protection n’avait pas fonctionné ?



Mais notre conversation est interrompue par la radio, qui cherche à obtenir des nouvelles. Nouvelles qu’elle donne d’une voix posée, claire. Magali a repris son travail. Elle sait qu’à quelques centaines de mètres de là, une colonne de lourds camions-citernes est là, pour nous sortir de cette situation. Elle remet le véhicule en route, allume les phares, tous les phares qui trouent la nuit rougeoyante qui nous entoure. Devant nous, un spectacle de désolation. Tout est gris, noir. Fumerolles, fumées. Brandons et souches en flammes nous cernent de toute part.


Avec une savante manœuvre, Magali, doucement, fait demi-tour et entame la remontée. Plusieurs fois, le lourd véhicule tangue et roule, patine dans la montée, dérape sur des cailloux.



Et durant le trajet de retour, qui se fait à l’allure d’un escargot, la peur remonte en moi… et si… surtout ne pas penser et se concentrer sur le chemin… c’est l’ordre que Magali m’a donné et je tente de me raisonner. Mais pas facile !



En effet, nous sortons à la lisière du brûlis… de nouveau la végétation, roussie, mais non consumée, griffe le pick-up. Magali s’arrête, tâtonne sur le tableau de bord, puis repart, à plus vive allure… Au croisement, où nous avons obliqué, le chemin se fait plus carrossable et, au loin, des lumières de phares et des gyrophares bleus trouent la nuit…

En amont, l’incendie progresse en direction d’une haute crête qui se découpe dans la lueur du brasier.


Il est plus de quatre heures du matin quand enfin je peux passer sous la douche de mon hôtel. Au village, c’est l’effervescence. Personne ne dort. Beaucoup d’hommes sont partis combattre le feu. Les femmes réconfortent les enfants, apeurés et à moitié endormis. Les touristes commentent, chacun dans leur langue, les nouvelles.

Le patron de l’hôtel est soulagé de mon arrivée et m’offre une pression bien fraîche.



Bien entendu, tout le monde sait déjà que nous avons été cernés par le feu et que c’est grâce à d’ingénieuses protections que nous avons eu la vie sauve. Et tout le monde veut connaître l’histoire, ce qu’on a fait, dit, pensé… Pour la énième fois, je raconte ce que j’ai vu. J’oublie - un peu - de m’appesantir sur ma peur et omets complètement de parler de notre séance d’amour… par discrétion et galanterie. Mais le patron de l’hôtel, qui semble bien connaître Magali, me glisse à mi-voix :



Il me fait un petit clin d’œil, complice et souriant.


Hé bien, non. Je ne dis rien. Je ne lui révèle rien. Mais, prétextant ma fatigue (qui est bien réelle) et l’odeur de l’incendie qui me colle à la peau, sans compter que je suis tout noir de fumée, je monte dans ma chambre.


Vous dire qu’après cette douche, je trouve le sommeil, serait vous mentir. Non. Je tente bien de fermer les yeux, mais des images de flammes viennent aussitôt hanter mes pensées. Et puis, dehors, c’est un incessant ballet de phares, de gyrophares, de klaxons deux tons, de brouhahas…

Alors, plutôt que de passer un reste de nuit à cauchemarder, je préfère vous écrire cette histoire.


Magali est repartie au feu… peut-être qu’elle rêve de refaire l’amour au milieu des flammes ? En tout cas, ce sera sans moi !

Et puis, en tout état de cause, je sais maintenant ce que signifie l’expression « avoir le feu quelque part ! », et d’ores et déjà, j’éviterai les femmes qui exercent la profession de forestier ou de pompier, des fois que… Mieux vaut être prudent ! Hein ?


Pour ma part, sur cette dernière aventure, je suis obligé de rejoindre mes pénates pour reprendre le travail. Toutes les bonnes choses ont une fin, dit-on… même quand on a failli terminer en grillade !



Ainsi s’achève mon tour de France des lieux de villégiature, où vous avez peut-être pu me croiser, au hasard de vos propres pérégrinations et vous, anonymes ami(e)s lecteurs et lectrices, j’ai aussi pu vous rencontrer, vous frôler, vous côtoyer… A moins que ce ne soit les aventures de l’un ou l’une d’entre vous que j’ai (involontairement) racontées…

Mais après six semaines de vacances, de détente vouée au sexe, à la luxure, j’ose espérer que votre été aura pu être aussi chaud (et là, c’est vraiment le cas de le dire) que le mien et surtout moins dangereux… pour votre plus grand plaisir…


Pour ceux qui partent maintenant, sachez profiter des gens qui vous entourent, soyez prudents et « sortez couverts » !

Pour les autres, je vous souhaite une bonne rentrée…


A très bientôt.