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Temps de lecture estimé : 17 mn
29/07/05
Résumé:  Comment préparer l'invitation à une soirée échangiste ?
Critères:  fhh hagé fagée danser cérébral revede voir photofilm
Auteur : Maria Del Toboso            Envoi mini-message

Série : La Véranda

Chapitre 01 / 03
Si on faisait comme si...

Avant propos : Si au-delà de l’attirance physique, le désir et l’érotisme peuvent également résulter d’un jeu de l’esprit, voyons comment les mots permettent de parvenir à la chose. Cela commence lentement… La progression vient ensuite au cours des épisodes suivants.


Si on faisait comme si…

Sidonie

Sido venait de m’appeler. Un appel urgent ! Il fallait que, samedi, je vienne absolument les voir ! D’ailleurs, j’étais invité ! « Ils » avaient un « truc » à me dire. Sidonie, qui ne se faisait jamais appeler autrement que Sido, était une femme d’ami. Amitié étonnante, étrange, faite de sentiments probablement sincères, mais non dénués d’intérêts. Le ton de l’invitation était, comme toujours, assez convenu. Sido souffrait de tics de langage qui prétendaient dissimuler une faiblesse d’expression avérée. Le style des formules qu’elle utilisait, et qui caractérisait assez bien son sabir, ressemblait assez à quelque chose du genre (parlant d’une question déterminée) :



Ce mot « truquer », qui revenait sans cesse, me rappelait invariablement les albums des « Schtroumpfs » de mon enfance… Je ne sais en vérité si le sujet dont nous venions de parler était « sympa », mais c’était parfaitement horripilant, jusqu’à ce que l’on décidât de ne plus entendre (car tout était « sympa », et, si vous ne paraissiez pas comprendre immédiatement pourquoi c’était « sympa », l’expression « si vous voyez ce que je veux dire » suivait immédiatement ; ou encore : « vous me suivez ? »). Un jour, à la question : « vous me suivez ? », l’interlocutrice du moment répondit : « Mais oui, Sido, je vous précède, même ! ». Je ne suis pas sûr qu’elle ait compris le sens de la répartie. Tout comme Rupert, son mari, Sido surmontait son handicap grâce à un esprit finaud, à la limite de la rouerie. Si elle se voyait débusquée, si son interlocuteur lui faisait comprendre qu’elle était percée dans ses intentions, elle arborait alors une expression de bécassine, ouvrant de grands yeux bleus dans un visage rouge de confusion. Autrefois jeune femme remarquablement jolie, Sido était restée, malgré les effets de l’âge, une femme très agréable à regarder. La cinquantaine approchante avait parcheminé ses joues ; ses yeux clairs étaient maintenant soulignés par de légères pattes d’oies, ce qui lui donnait un air plutôt avenant, sauf lorsqu’elle serrait les mâchoires avec une expression butée. Cette sécheresse résultait certainement, outre sa complexion, d’un choix de vie assez spartiate. Rupert et Sido ne concevaient les repas que sur le mode utilitaire : loin d’être un moment de convivialité, le dîner, par exemple, se limitait souvent à la consommation d’un potage ou même d’un simple yaourt après lequel ils se couchaient sans tarder. Sido travaillait à la direction d’un groupe de luxe international, ce qui la conduisait à côtoyer les cadres de direction des différentes filiales étrangères. Imbue de l’importance de son rôle, bien qu’au demeurant assez modeste, elle se targuait toutefois d’être l’icône de ce que la holding devait paraître vis-à-vis des tiers. C’était l’expression de son goût du pouvoir. Elle veillait donc à sauvegarder son apparence, et en particulier à rester mince. Néanmoins, cela n’allait pas jusqu’à l’excès de la maigreur. Sido conservait une très belle silhouette. J’avais pu m’en assurer lors d’une certaine occasion qui avait donné lieu à un épisode assez savoureux.



*


* *



Il m’était arrivé de me joindre à mes amis à l’occasion de vacances qu’ils passaient régulièrement près de Royan, dans une petite maison qu’ils avaient achetée dans la région. Lorsque le temps le permettait, ils s’empressaient d’investir, sur une petite plage secrète au fond d’une conche, un carré de sable d’accès difficile et qui n’est connu que de quelques familiers. J’ai très peu de goût pour l’activité réduite que supposent les longues heures passées au soleil sur une plage. Lorsque je dois me joindre à des passionnés de bains de soleil, je me mets rarement en maillot de bain. Je reste habituellement en lisière, et j’observe. Je n’oublie pas mon appareil photo, et son téléobjectif qui me permet de surprendre les situations cocasses. Ainsi tout particulièrement celles où les femmes prennent leurs aises. Aussi, lorsque Sido se dévoila un jour sur la plage, je n’ai pas voulu manquer l’occasion. Elle s’interdisait de revêtir une autre tenue de bain qu’un maillot « une pièce ». Pudique en public, jamais elle ne se découvrait au-delà de ce qu’admettait autrefois la morale traditionnelle. Elle n’avait pas voulu se convertir aux seins nus. Mais bien qu’assez simple, son maillot une pièce révélait sa silhouette parfaite. Et au-delà de l’affichage d’une pudeur certaine, Sido avait cependant oublié d’être bégueule. Une anecdote savoureuse me revient à la mémoire lorsque, arrivée sur la plage avec Rupert et ses enfants, elle s’était rapidement dirigée vers les vagues avec sa petite famille pour goûter un air d’eau salée. Comme il était encore tôt, l’onde était fraîche, et, saisi par la température, ayant à peine pénétré dans l’eau jusqu’en haut des cuisses, tout ce petit monde revint bien vite sur le sable. Je ne sais si c’était la marque de l’eau sur son maillot rouge vif qui avait fait une tache triangulaire sombre au niveau du pubis, ou s’il s’agissait vraiment de l’ombre de sa toison qui transparaissait au travers du tissu, toujours est-il que j’avais saisi cette image au téléobjectif, et que Sido exhibait sur le cliché, moulée comme une sirène dans son maillot, une très belle motte apparemment bien fournie sur un joli mont de Vénus rebondi ! Toute la famille m’avait vu, de loin, prendre des photos. Mais aucun d’entre eux ne soupçonnait le type de cliché que j’avais pu saisir. Plus tard, le film développé, je constatai que l’effet recherché avait été atteint, et que la tache noire triangulaire jaillissait littéralement de l’image ! Sido me demanda quelque temps plus tard de lui montrer mes photos de vacances. Je plaçai ce cliché sur le dessus de la pile, tendis la boîte à Sido, et guettai sans y paraître sa réaction. Nous étions tous les deux seuls dans la pièce, nous faisant face autour de la grande table de ferme de leur salle à manger. Lorsqu’elle ouvrit la boîte, elle arbora une expression interdite, comme si elle venait de prendre un coup dans l’estomac, le regard rivé sur la photo pendant plusieurs minutes. Elle releva doucement la tête avec un sourire teinté d’incrédulité, et me dit :



Je fis l’innocent :



Je m’étais penché vers elle et la boîte de photos. Elle rougit violemment. Je retournai le couteau dans la plaie, sur un ton que je voulais très digne :



Puis, vrillant son regard clair dans le mien :



Elle fixa son regard droit dans le mien. Je soutins en souriant. Elle rougit et finalement rit de bon cœur pour conclure, dans le langage de son enfance :



Elle me regarda, interdite, se demandant si je plaisantais ou non, un sourire au coin des lèvres, puis acheva :



Tout était dit ! J’avais trouvé la répartie charmante.

Ce que je ne lui avais pas dit, c’est que je l’avais déjà vue totalement nue ! J’aurai l’occasion de m’expliquer sur ces circonstances. Mais je conservais ce souvenir précieusement, en rêvant souvent de cette apparition !



*


* *



L’invitation


Sido partageait avec Rupert une vision du monde que l’on pourrait qualifier d’anti-intellectuelle, entièrement vouée au culte de certains objets. Ce culte avait conduit sur le tard Rupert à devenir brocanteur. Il avait, au fil du temps, acquis une science encyclopédique de l’art de la porcelaine chinoise de haute époque, dont il était devenu l’un des marchands reconnus. Rupert n’avait d’anglais que le prénom, dernier avatar d’une curieuse tradition familiale. Sido et Rupert vivaient une réelle passion depuis plus de vingt-cinq ans, sans jamais se démentir. Leur complicité était incontestable, et allait bien au-delà de l’échange de mots convenus, ou le « ma chérie » répondait au « mon lapin » ! Ainsi, cela leur ferait un immense plaisir que je vienne déjeuner avec eux ! (- Sympaaaa, non !) Ils voulaient me parler d’un sujet qui les préoccupait beaucoup, mais dont ils ne pouvaient absolument pas m’entretenir au téléphone. Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. Lorsqu’ils se trouvaient confrontés à une situation qui nécessitait un conseil dans des domaines qui leur étaient inconnus, ils me sollicitaient quelquefois, et nous nous étions liés par une sorte de relation de confiance, confiance qu’ils n’accordaient qu’à très peu de personnes. Sido et Rupert devaient compter moins de cinq amis auxquels ils se hasarderaient à demander ce type de service.

C’est sur cette invite que je me retrouvai un samedi midi dans la petite salle à manger d’une jolie maison ancienne de la grande banlieue. Je remarquai, chose si rare que je ne me souvenais pas que ce fût arrivé auparavant, que les enfants n’étaient pas dans la maison. Mes amis avaient apparemment voulu les écarter de nos conversations. Après des propos anodins suivis d’un moment de silence un peu embarrassant autour de la table, Sido se jeta à l’eau. Et le résultat fut à mille lieues de ce à quoi je pensais pouvoir m’attendre !



J’avoue que la question me surprenait beaucoup, mais, comme je savais que, sous une apparence simple, pouvait se dissimuler quelque chose de beaucoup plus compliqué, je les laissai poursuivre.



À ce point, la conversation m’apparaissait totalement surréaliste, à moins que Sido et Rupert aient bien caché leur jeu jusqu’ici, ou encore qu’ils aient trouvé un chemin de Damas un peu inattendu. Mais je voulais en être sûr !



Je ne sais pas si je leur avais ouvert des horizons, mais ils se comportèrent comme si cela avait été le cas. Sido ouvrit des yeux marqués par la surprise, et elle eut comme une suspension de respiration, jusqu’à ce que, reprenant son souffle, elle éclatât de rire. Rupert eut une réaction un peu plus dans le style du personnage, et en rajouta :



En disant cela, elle pouffa, rougit violemment et se tourna vers moi avec un sourire gêné…



Leurs esprits s’échauffaient à ces perspectives égrillardes. Fallait-il les pousser un peu au-delà, leur faire envisager l’inenvisageable ? Je me hasardai :



Elle eut l’air de s’interroger.



C’était donc la raison de l’invitation ! D’une façon qui me paraissait totalement imprévue, elle se piquait au jeu, cherchait l’assentiment de son homme, et, si nous continuions sur cet élan, nous finirions notre journée tous les trois nus comme des vers dans un lit ! Le jeu commençait également à me plaire ! Mais pour l’instant, nous en restions aux « paroles verbales » !



Elle s’était accoudée sur la table, et, la tête en appui sur ses paumes, elle vrillait son regard dans le mien, et d’un ton volontaire m’intima :



Elle se redressa sur son siège, se tourna vers Rupert et asséna en rougissant :



Alors inquisitrice, et un poil excédée :



Mais Rupert demeurait d’une grande placidité :



Elle se tourna à nouveau vers Rupert :



Elle se tourna vers Rupert, tendit la main vers sa cuisse, et même sans doute plus loin, puisque tout à coup, elle lança :



Elle se retourna vers moi.



Je ne sais si elle perçut l’usage du futur. Elle se tut, et sourit, toujours de cet air de coquine rougissante et surprise.



Cette perspective l’excitait au plus haut point :



Elle resta pensive un instant, et après un silence, doucement, articula :



Elle avait les yeux perdus dans son délire, s’excitait en parlant, et nous la sentions proche d’une jouissance entièrement mentale. S’adressant à tous les deux, elle ajouta :



(À suivre)