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Temps de lecture estimé : 15 mn
14/08/05
Résumé:  Au cours du procès que le Bazar mène contre moi, on me demande de raconter ma rencontre avec les Hermaphrodites.
Critères:  grp bizarre magasin intermast facial partouze délire humour fantastiqu
Auteur : Athanor      

Série : Le Bazar

Chapitre 06
Le procès II : Les Hermaphrodites

Pour lire ce texte, je vous conseille fortement de lire toute la série, soit les cinq textes qui précèdent. Comme c’est du fantastique, il me paraît difficile de faire un résumé complet à chaque début de texte. Trop de paramètres entrent en compte. Si vous prenez la série en cours, votre incompréhension des textes est tout à fait normale.


Les quatre premiers textes racontent comment Sébastien s’est retrouvé dans un autre univers qui ressemble à un Bazar. Le sexe est roi et sert à asservir ceux qui sont prisonniers du Bazar. Avec un groupe, Sébastien cherche à s’en évader.

Dans le dernier texte, une parodie de procès est mise en place par un personnage du Bazar qui se fait appeler Madame. Après une courte suspension, le procès reprend.



*



Cette fois les lumières sont totalement allumées dans la pièce. Et je les vois.


Madame. Je l’avais déjà rencontrée alors que je faisais mes premiers pas dans le Bazar. Une femme d’une quarantaine d’années. Sèche comme une momie en plein soleil et agréable comme une envie de pisser à trois heures du matin, en hiver. Elle jouait alors la vendeuse de lingerie fine avec, soit dit en passant, une assistante fort agréable.


Elle était juge dans cette parodie de justice. Je n’avais pas bien compris la raison de ma présence et les faits qui m’étaient reprochés… Mais je crois que pour Madame, l’accusation n’avait aucune importance. Elle avait joué avec mon esprit, m’avait drogué. Me faisant croire à des situations délirantes. Elle avait joué le rôle de proviseur dans mon ancien collège, puis celui d’un directeur de casting pour film X.


A côté d’elle, trônait une espèce de procureur. Un homme vêtu de rouge. Son vêtement faisait plus penser à une robe de chambre ou à un déguisement de père Noël.


Pour me défendre, Alexandrine. Celle que j’avais aimée dans mon adolescence était morte. Une autre Alexandrine ? Celle que j’avais devant moi, ombre du Bazar, avait 25 ans, avait vécu comme si rien ne s’était passé, avait le même sourire.


Pendant un temps, alors que la drogue que l’on m’avait donnée faisait encore effet, j’avais été à deux doigts de renier mon passé. Oubliées, ces journées de vide absolu ; oublié, ce cercueil que l’on descend en terre ; oublié son visage ensanglanté. Dans cet univers, elle avait continué de vivre normalement. Mais sans moi.



Elle était là. Chose du Bazar. Pourtant, elle avait tenté de me défendre. Pendant les longues heures de discussions que je n’avais écoutées que d’une oreille, elle avait placé des arguments en ma faveur et même, à certains moments, mis en difficulté l’homme en rouge.



Alexandrine se pencha vers moi.



Etait-elle là pour m’aider ou me déstabiliser ? Oui, je devais me souvenir de ça. Rien n’était simple, tout était trucages et mensonges. De toute manière, j’étais certain qu’ils n’allaient pas me lâcher aussi facilement et je n’avais rien à cacher. Au contraire de Madame.




*



« C’est Nick qui en a parlé le premier. Il avait déjà rencontré ces êtres, peu après son arrivée dans le Bazar. Comme ils sont plutôt du genre nomades, ils connaissent le Bazar mieux que quiconque. Ce n’est pas un secret, on recherche la porte de sortie et bien sûr, la clef qui l’ouvre.



L’idée même d’un homme avec un corps de serpent me faisait rire. Mais, dans un autre sens, l’existence d’êtres ayant les attributs complets des deux sexes montrait que rien n’était vraiment débile dans le Bazar. D’après les informations qu’on avait pu glaner, à droite et à gauche, cet homme-serpent savait où se trouvait la clef ou mieux : la détenait.



Angus venait de nous rejoindre. Il avait vingt ans et sortait des années 90. Je l’ai tout de suite apprécié. Il avait l’habitude de rire de tout. Là où mon ironie aurait pu faire grincer des dents, il ne pouvait s’empêcher de blaguer et soulager l’atmosphère. En plus, il savait se taire quand il le fallait. Nous sommes donc partis tous les trois. Personnellement, j’aurais bien emmené Irina avec nous. Elle résistait mieux que quiconque aux tentations du Bazar et savait nous remettre sur le "droit chemin". Malheureusement, elle était déjà partie avec un autre groupe pour récupérer de la nourriture. Je m’emparai de mon bâton, bien utile pour repousser les nombreux fous qui peuplent le Bazar.


Je passerai sous silence notre promenade dans le Bazar. Vous le connaissez. Angus était plus fragile qu’on ne l’avait imaginé mais, avec notre aide, il parvint à tenir le coup. Nous avons fait sensation, à notre arrivée. Je laissai Tess expliquer notre venue, pendant que j’observais ces êtres étranges qui vivaient nus. Il n’y avait aucune gêne dans leur comportement. Tout semblait naturel. Comme le fait de masturber la personne avec qui on parlait. Le sexe masculin, surtout, était sollicité. En effet, pour atteindre la vulve, il fallait attendre que l’excitation soit assez forte. Le pénis, en pleine érection, attirait les bourses vers l’avant, ce qui dégageait le con.



Seul celui qui semblait mener le groupe nous adressa la parole pendant le repas. Enfin, il parla à Tess, surtout. Il s’intéressait à notre façon de vivre et semblait très étonné. À la fin du repas, il nous montra des cases où nous pouvions nous reposer en attendant l’autre groupe. Je m’endormis assez vite, mais je ne pense pas que mon sommeil ait duré longtemps. En tous les cas, je m’aperçus que Tess et Angus avaient disparu.


Les Hermaphrodites ne m’ayant pas franchement donné confiance, je me levai. Le camp était vide. Par contre, dans les cases, ils ne s’ennuyaient pas. Je m’approchai de plusieurs, en espérant repérer mes amis. Ce fut dans la neuvième case que je trouvai Tess.


Elle semblait en transe. Sa tête remuait d’avant en arrière, suivant les mouvements de bassin d’un des Hermaphrodites, qui besognait son compagnon. D’autres, autour du couple, claquaient des mains sur le même rythme. C’était étrange de voir un être se faire posséder ainsi. Son sexe féminin accueillait la queue de son voisin, tandis que son sexe masculin réagissait à chaque pénétration. J’avais eu la même réaction lorsque j’avais voulu dévisager un type à quatre yeux qui se faisait appeler Argos. L’impression de loucher, quoi.


Celui qui se faisait pénétrer fit signe à Tess de s’approcher pour qu’elle vienne s’occuper de sa queue raide. Alors qu’elle se levait, je remarquai qu’elle était totalement nue et que l’intérieur de ses cuisses était luisant d’excitation. Elle s’approcha du couple et prit immédiatement le sexe en bouche. De là où je me trouvais, j’avais une vue superbe sur ses fesses. Je ne fus pas le seul à apprécier la vue, car autre un Hermaphrodite s’approcha pour lui lécher l’anus.



Je sursautai et vis que leur chef ne ratait rien du spectacle.



En effet, Tess avait jeté son dévolu sur un autre Hermaphrodite et alternait entre le sexe masculin et le féminin. Je connaissais les effets du sexe dans le Bazar, aussi mon premier réflexe fut de la dégager du groupe.



Le chef bandait dur. Je sentais sa queue contre ma cuisse. Il y avait quelque chose de magique dans cette frénésie sexuelle. Sans doute le côté rassurant de ne pas devenir une chose du Bazar malgré cette avalanche de sexe.



La disposition des corps était un peu… Comment dire… Bordélique ? En tout cas, fallait prendre son temps pour comprendre à qui appartenait telle cuisse ou tel bras. Tess était prise en sandwich entre deux têtes qui s’occupaient l’une de son cul, l’autre de sa chatte. Ces deux Hermaphrodites copulaient ensemble, celui du haut faisant office d’homme. Dans le même temps, ce dernier se faisait ramoner la chatte par un troisième larron. Le reste de l’assemblée était un joyeux méli-mélo du même style.


Ouais… Un truc comme ça, mais sans garantir l’ordre d’apparition. Tess s’envoyait au septième ciel avec toute l’énergie possible. Elle provoqua même la double éjaculation de celui qu’elle léchait et suçait.



Il se pencha sur moi et je sentis ses lèvres se coller aux miennes. Je ne pus refuser son baiser. J’avais toujours considéré l’homosexualité comme un choix qui ne me concernait pas. Mais en fait, je n’avais jamais essayé. Je n’avais jamais été attiré par un mec, de toute manière. Mais, même avec son sexe masculin, le visage de l’Hermaphrodite semblait asexué. Il aurait très bien pu être une femme. Ne l’avait-il pas été d’ailleurs ?


Encouragé, il entra sa langue dans ma bouche. Les cris stridents de Tess résonnaient dans ma tête. Cette fois, elle se faisait pénétrer et sur son corps, des quantités de spermes avaient été projetées.


L’Hermaphrodite dégagea mon sexe de mon pantalon de toile et commença un lent va-et-vient. Il avait raison en ce qui concernait les tensions. Il maniait ma queue de façon experte. Moi-même, je ne serai jamais parvenu à une telle dextérité avec mon propre membre. Sa main alternait vitesse et douceur, jouant avec le rythme que s’imposait le groupe devant nous. M’emmenant au bord de la jouissance et me gardant en équilibre sur le fil fragile du plaisir, avant de faire redescendre la pression et de recommencer. Je serrais les poings, tendais mes bras au maximum, le long de mon corps, pour résister à l’envie de me finir moi-même. Le chef me fixait et me défiait de vouloir fuir.



Tout ce que j’attendais, c’était la libération. Tout ce que je souhaitais, c’était de virer sa main pour la remplacer par la mienne et me finir rapidement. Je vis Tess tourner la tête, vers moi. Son visage était déformé par le plaisir qui montait de nouveau en elle. Son souffle fort projetait des gouttes laiteuses qui coulaient sur sa joue, jusqu’aux lèvres. M’apercevant au « garde-à-vous », elle grimaça un sourire avant de pousser un gémissement de jouissance.


La masturbation du chef et la scène qui se déroulait devant moi terminèrent de m’achever. À mon tour, je poussai un cri et éjaculai sur la poitrine de l’Hermaphrodite. Lorsqu’il prit ma main pour la poser sur son sexe masculin, je ne résistai pas. Je voulais lui rendre ce qu’il m’avait donné. Il s’approcha de moi et m’embrassa, avant de s’écarter et de conduire ma queue, restée raide, dans son vagin.


Dans ma position, je ne pouvais faire que de petits va-et-vient. Cela contrastait avec les mouvements rapides de ma main. Les gémissements des Hermaphrodites voisins m’aidaient beaucoup, je crois. Le corps endiablé de Tess, sûrement. La voir se démener sexuellement me rappelait la jouissance que nous avions partagée tous les deux. Cependant, m’abîmant gaillardement les genoux par terre, j’avais peu de chance de connaître une nouvelle jouissance. Le chef y parvint. Son sexe masculin se contracta sous ma main et il éjacula. Son sperme m’atteignit en plein visage. J’en reçus sur les lèvres et ce contact me ramena à la réalité.


Un bref sursaut de ma part. On se regarda et ce fut tout.


L’atmosphère érotique avait disparu. Je compris que je l’avais blessé. Il se libéra de mon sexe et se releva sans me regarder. J’avais le souffle court et la queue douloureuse. Me demandant si j’avais bien fait ou si la connerie de ma vie ne s’était pas déroulée devant moi. Du revers du bras, j’essuyai mon visage.



Il n’insista pas et se concentra sur le spectacle sexuel qui se déroulait devant nous.



J’acceptai son invitation en bredouillant. Quelque chose me disait que plus vite on aurait l’information, plus vite on les quitterait. Et ça ne me déplaisait pas. Je me relevai en m’aidant des montants de la case, titubant un peu.


Le lendemain, le chef vint me secouer. Tess et Angus étaient revenus dans notre case et dormaient comme des bienheureux. Je pris mon bâton et je suivis la troupe. Nous avons marché pendant plus de deux heures. J’étais au milieu. C’était une bonne idée car ils pouvaient faire reculer sans problème les gêneurs avides de sexe que le Bazar avait créé. Moi, malgré une certaine résistance, je n’aurais pas tenu.


Alors que nous marchions au bord d’un niveau, je ressentis une violente douleur dans le dos et je basculai dans le vide. Le reste est assez flou. Je me vois tomber. Je tombe. Puis je me retrouve ici.



*



Après un court silence, l’homme en rouge s’adressa à l’assemblée.



Et patati et patata. Reparti dans un monologue ennuyeux, l’homme en rouge essayait de démontrer quel ignoble individu j’étais. Je m’approchai d’Alexandrine.



L’homme en rouge, qui avait été coupé en plein élan, toussa deux fois et reprit sa litanie.



De toute manière, la question était purement académique. Je ne savais même pas depuis combien de temps j’étais séparé d’eux. Et puis, comme disait Madame, le temps était un peu tordu.



Question évasion, j’étais un peu juste. Je ne connaissais que le chemin qui menait à la cave inondée. Depuis la reprise du procès, toutes les lumières avaient été allumées. Madame n’avait donc plus l’intention de jouer avec la désorientation. Cependant, à présent, je voyais quatre grands baraqués qui siégeaient de chaque côté du perchoir de Madame. Un ou deux oui ; trois à l’extrême limite. Mais quatre… Je passe.



J’avais bien fait de ne rien tenter car, en plus des quatre malabars que j’avais remarqués, deux autres firent leur apparition. Le premier quatuor me prit les bras et les jambes et me transporta vers la cave. Le duo nous accompagnait. Me débattre n’aurait servi à rien et je me laissai emporter. Ils me reposèrent par terre et me poussèrent avant de refermer la porte derrière moi. Je me retrouvais dans la cave, pataugeant bêtement dans l’eau.



Je frappai du poing contre la porte en bois massif.



Lentement, elle porta la main à son épaule droite. Elle déboutonna un pan de l’espèce de toge blanche et bleue qu’elle portait. Elle ne portait rien dessous. Elle était nue, toujours désirable. Mais ce n’était pas qu’un corps qui était dans ma mémoire ! Ce n’était pas, ça, mon amour.



Etonné, je me retournais vers Alexandrine. Elle s’était rhabillée et me montrait un coin sombre de la cave. Une ombre se détacha et commença à prendre forme et couleur à mesure qu’elle approchait.



Y avait un de ces bordels dans ma tête. Le coup de théâtre était déjà gros et me faisait penser à un autre piège. Mais en plus, je me retrouvais avec deux femmes étranges. Mes sentiments pour la première étaient clairs, mais elle était morte. Pour la seconde, c’était confus, mais elle n’était même pas née en 2000.


J’ai pensé à ce moment-là à toutes les réactions chimiques qui pouvaient bien se caramboler dans mon corps. Au moins, le désir sexuel a quelque chose de simple. Pas de questions à se poser, encore moins de réponses à trouver. Une queue en érection et un trou à défoncer. Une bonne bouteille pour récupérer entre les jouissances. La belle vie, quoi. La vie du Bazar.


Mais, comme à chaque fois que je flanchais, j’entendis la voix de Céline.


« Et moi, tu vas m’enculer ? Fous-moi ta grosse queue dans mon cul ! »


Et comme à chaque fois ça me faisait réagir.



Alexandrine souriait toujours et ne fut pas offusquée de ma réponse. Irina frissonna un peu et avança. Elle n’avait pas l’air rassurée. Quelque chose attira mon attention. Les pas d’Irina, dans l’eau qui inondait la cave, ne faisaient aucun bruit, aucun remous.



Au même instant, la porte s’ouvrit en grand. L’homme en rouge était là et souriait bêtement. En fait, il n’était plus vraiment en rouge, puisqu’il apparut tout nu, la queue en érection et tenant Ferra par sa laisse.



Joignant le geste à la parole, il débuta une gigue en traînant Ferra qui gardait son sourire niais.



Les six malabars passèrent, eux aussi, la porte, chacun armé d’une hache. Avec mon morceau de bois, je n’avais aucune chance, mais je me précipitai quand même pour le récupérer.



« C’est le pied de se branler

Devant l’air con du condamné.

C’est le pied de faire la fête

Juste avant de lui couper la tête. »



Rhaaaa, bordel ! Mais où est la reine de cœur ???