n° 09743 | Fiche technique | 14530 caractères | 14530 2657 Temps de lecture estimé : 11 mn |
03/10/05 |
Résumé: Où je tente de savoir comment mon mari a goupillé ç't'affaire... | ||||
Critères: fh extracon fouetfesse nonéro | ||||
Auteur : Agerespectab (Vieux schnock) Envoi mini-message |
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J’aimerais remercier ici Lise-Elise qui m’a houspillé jusqu’à ce que je trouve le courage de proposer à la publication; j’en ai depuis été largement récompensé par beaucoup de gens qui ont pris plaisir à me lire, je les remercie de leurs témoignages.
Ce samedi, lendemain de la nuit la plus agitée de ma vie, s’est écoulé paisiblement, ou presque. Je veux dire par là que je n’avais pas suffisamment récupéré pour me sentir assez forte et engager une discussion. Donc je me taisais, Luc me regardait souvent, je faisais semblant de ne pas voir son sourire en coin et, pour qu’il ne crût pas à une bouderie, j’avais des gestes un peu tendres, je jouais les évaporées.
Nous fîmes l’amour, ce soir-là, mais pour ma part ce fut machinalement, sans passion. Luc n’insista pas.
Le lendemain dimanche, au petit déjeuner, je l’entrepris hypocritement :
Je suis très contente de moi, sur ce coup; un chef d’œuvre de sournoiserie ! Le voilà un peu coincé, tout de même. Il va lui falloir avouer, ou se taire, ce qui revient au même, ou bien trouver un mensonge, et je l’attends au coin du bois…Il reprend :
Est-ce un sous-entendu ? Prudence ! On va dire un partout.
Vais-je demander à jouer la troisième manche ? Oui, car si je me tais cela équivaut à un aveu. Or, comme l’a chanté je ne sais plus qui, "n’avoue jamais…"
Un petit revers bien brossé :
Il a blêmi.
Il a plongé le nez dans sa tasse et n’a rien dit; pour la première fois, il semble embarrassé; un comble !
Je suis partie m’habiller en faisant rageusement claquer les talons de mes mules; je pense que c’est un match nul, mais ça ne me convient pas, j’aimerais une certitude : est-il oui ou non au courant de ma première faiblesse
pour Nicolas ? J’ai bien l’impression que oui, et comme j’ai épousé un gentleman, il ne me le dira jamais. Comment savoir ? Nicolas avait promis d’être discret, je suis sûre qu’il ne m’a pas trahie.
Dans l’après-midi du mardi, le téléphone, c’est Clémence qui me demande si elle peut venir me voir; elle a une voix peu assurée, elle se racle la gorge :
Je lui ouvre bientôt la porte, elle entre sans trop me regarder, j’ai déjà compris, elle vient à Canossa. Oui, mais pourquoi ? Pour ne pas perdre une cliente ? Un peu mesquin, me dis-je, si c’est ça, c’est pas gagné pour toi, fillette…
Me serais-je trompée sur elle à ce point ? Peut-être qu’il a suffi de moins de vingt ans pour que les filles d’aujourd’hui ne respectent plus du tout les plates-bandes de leurs aînées… Non, pas possible, elle ne serait pas venue se jeter dans mes griffes, restons zen, écoutons-la.
Le problème, c’est qu’il n’y a rien à écouter, à part un "bonjour Madame" presque murmuré, et moi qui lui fais méchamment :
Elle lève les yeux, grands ouverts, ils sont pleins d’eau, son visage se crispe et tremble, je ne m’attendais pas du tout à ça, je suis très émue, désarmée, j’ouvre mes bras et elle s’abat sur ma poitrine et elle sanglote, sanglote… Bon, OK petite, où on va comme ça ? C’est chaque fois que tu te fais un mec qu’il faut te consoler ou quoi ?
Comme vous voyez, il m’arrive d’être vulgaire quand je perds les pédales. Tout en remuant ces idées vagues, je l’ai entraînée jusqu’au canapé où nous nous sommes assises. Elle s’est un peu calmée, a relevé la tête :
Elle me regarde, ahurie, avec ses yeux rouges, elle bégaye :
Elle est repartie à sangloter sur mon épaule, en bafouillant "non, non" et elle secouait la tête, de telle façon qu’elle était en train de me tremper mon petit haut en lin qui se froisse pour un rien… Je lui ai soulevé le menton :
Vous pensez bien que la réponse, je la connaissais, mais je voulais qu’elle le dise ! N’aurais-je eu que cette vengeance, bien modeste il me semble, il me la fallait !
J’ai parlé d’une voix douce, je me suis traitée intérieurement de salope, puis j’ai pensé "j’ai tous les droits, je suis l’offensée", puis un retour sur moi-même, "attends ma fille, t’as pas levé le petit frère, par hasard ?"
Elle s’est redressée, son visage exprimait une incompréhension abyssale, en tout cas, elle ne pleurait plus.
Il m’a semblé entendre un "oui". En tout cas, j’ai fait comme si.
Elle a sursauté, m’a regardée droit dans les yeux, a pris mes mains et m’a dit :
Son regard n’était plus mouillé, mais droit, fier, et j’ai bien compris que j’avais en face de moi une autre femelle, capable de se battre, et qu’il était temps de reconnaître que le combat devait cesser.
J’ai rouvert mes bras, elle a posé à nouveau sa tête sur mon épaule. Je la calinais doucement, mais il n’y avait rien d’équivoque. Soudain, je me suis souvenu d’un petit détail :
Ses grands yeux sont innocents; ou bien c’est une fieffée comédienne, ou bien j’ai accusé Luc à tort. Elle avait fricoté avec mon mari, et pourtant j’éprouvais pour elle une tendresse inexplicable, sinon que nous étions toutes deux complices; complices de quoi ? Pourquoi ? Je ne sais pas. On ne peut pas tout expliquer, dans les rapports entre les humains; il peut s’établir des champs de forces inconnus pour l’instant des physiciens.
J’avais très envie de lui demander de me parler de ses parents, de sa vie, quelque chose m’a retenu, j’ai pensé "ça viendra plus tard".
J’ai mis fin à ce moment de tendresse en lui chuchotant :
En cheminant toutes deux, j’ai essayé, mine de rien, de lui tirer les vers du nez. Mais, de toute évidence, elle ne savait absolument pas pourquoi elle avait vu son frère nu et couché avec moi; elle nous avait trouvé très beaux, tous les deux, elle supposait que j’avais négocié cette situation avec mon mari, jusqu’à ce que Nicolas lui fasse part de mon bouleversement en la trouvant en tendre situation avec mon époux. Elle avait alors décidé de venir me trouver pour qu’on s’explique.
Donc Nicolas était resté discret sur notre petit secret, même avec sa sœur; comment, dans ces conditions, Luc avait-il pu organiser cette fameuse soirée ?
Dans la soirée, je me jette à l’eau :
Alors là, il me coupe le souffle ! Je le regarde, en simulant la surprise la plus totale, affichant mon air le plus débile qui soit. Il hoche affirmativement du chef et me dit :
Comme je risque d’être entraînée sur une planche glissante, je crois qu’il vaut mieux pour moi enterrer cette hache de guerre. Certaines d’entre vous penseront sans doute que je suis bien faible avec mon mari, un jouet entre ses mains, que je ne devrais pas lui faciliter les choses à ce point.
Je leur répondrai que, tout d’abord, je l’aime. Ensuite, que je crois qu’il me le rends, même s’il vient de flanquer un coup de canif dans le contrat. Que ce que nous avons bâti ensemble, à commencer par deux enfants, c’est pas rien. Enfin que, tout de même, j’ai souhaité mettre du piment dans notre vie, et la situation m’a, comment dire, échappé, non ? On peut le dire comme ça ? Oui, oui, je sais…
Eh bien, que ceux qui n’ont jamais succombé à la gourmandise me jettent la première pierre !
La sérénité retrouvée, nous avons fait l’amour avec une fureur animale. Je crois que chacun d’entre nous avait bien envie de poser des questions sur ce que l’autre avait pu ressentir, vendredi soir, avec son jeune partenaire. Après que notre désir ait commencé de s’émousser, c’est d’abord Luc qui a craqué :
Je lui présente quand même mon beau fessier, d’abord pour qu’il n’oublie point de l’admirer, c’est un de mes meilleurs atouts; de plus il a un secret pour me fesser sans que ce soit très douloureux, et en même temps, relancer mon désir, et le sien aussi, je crois.
Et comme prévu, ça a parfaitement fonctionné, il m’a doucement embrasé les fesses, puis m’a pénétrée sans rencontrer l’ombre d’une opposition.
Le temps de retrouver notre souffle, je lui demande à mon tour :
Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase qu’il a déjà ma main sur la figure et, avec l’autre, poing fermé, je percute ses côtes de toutes mes forces. Il avait prévu une des deux attaques, qu’il a parée, mais pas l’autre, et il geint lamentablement, grimace avec réalisme, je me laisse prendre, lui saute dessus et l’embrasse passionnément en demandant pardon, j’ai frappé trop fort, j’ai pas voulu lui faire si mal, il tressaute de douleur, il pleure ? Non ! Le salaud ! Il rigole comme un gros âne qu’il est, et moi qui ai toujours les fesses en compote, quelle andouille je suis, j’ai épousé un guignol…
Mais un guignol pointu, le salopard ! Il serait pas en train d’essayer de glisser son truc dans ma pauvre founette endolorie qui n’en peut plus ?
Non, en fait, il n’en peut plus, lui non plus. Si j’étais un peu plus garce, je lui mettrais sur le nez un petit couplet sur les amants de quarante ans, mais c’est pas à faire, faut tout de même pas trop bousculer la vanité de l’Homme, alors…
Nous nous endormons tendrement enlacés, repus de sensualité, très contents l’un de l’autre.