n° 09883 | Fiche technique | 28329 caractères | 28329Temps de lecture estimé : 21 mn | 13/11/05 |
Résumé: Par un concours exceptionnel de circonstances, Jean-Pierre retrouve Laure au bout du monde, pour quelques heures, leur route devant à nouveau se séparer. Et Laure découvre l'amour hétéro... Ils décident de jouer passionnément les prolongations. | ||||
Critères: fh fbi amour pénétratio init | ||||
Auteur : Laure et JP (Un couple heureux de parler de son histoire) Envoi mini-message |
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Jean-Pierre, consultant en déplacement, tombe amoureux d’Ingrid, Laure de son vrai prénom, une escort-girl occasionnelle qu’on lui a fait rencontrer comme un « cadeau ».
Cherchant à la revoir, il participe à une soirée mondaine en compagnie de Clara, amie et collègue d’Ingrid. Clara, bisexuelle, lui apprend que Laure est homo… et elle attire Jean-Pierre chez elle, laissant son amie dans les mains de son « client », un haut diplomate invité à la soirée.
De retour à son hôtel, Jean-Pierre trouve "Ingrid" dans sa chambre, où elle s’est réfugiée suite à un incident avec son client : comme il était devenu trop entreprenant, elle a dû le repousser sans ménagement.
Laure et Jean-Pierre passent la journée ensemble sans sortir et se découvrent l’un l’autre à travers des jeux amoureux tendres et inattendus. Puis, par peur de représailles de la part du client éconduit, Laure s’installe chez Clara. Celle-ci invite alors Jean-Pierre à les rejoindre… Laure lui avoue, elle aussi, son amour. Mais le diplomate s’est plaint auprès de l’agence et elle doit partir d’urgence, se faire oublier. Laure « confie » alors Jean-Pierre aux bons soins de Clara.
Sans nouvelles de Laure, il vit durant quelques mois avec Clara une relation tendre et ambiguë. À son tour, sa mission terminée, il part et se retrouve seul, désespéré et meurtri.
Après ces mois d’aventure, revenu dans la boîte où je travaille, je retrouve les collègues et les petits conflits infantiles du bureau.
Et surtout, cette fois je réalise que je suis seul, vraiment seul. La tristesse s’empare de moi.
D’ici, hors contexte, Laure et Clara, mes amours compliquées et puériles, me semblent bien loin. Aurais-je rêvé tout ça ?
Laure ! Toujours sans nouvelles. Je crois bien à présent que c’est fichu…
Je regrette presque de n’avoir rien tenté avec l’hôtesse de l’avion du retour… Une Laure aussi, blonde, belle. Ah ! Je suis un imbécile !
Oui, je vais devoir y songer. Oublier. Enfouir.
Au boulot, dans mon Service Consulting, ma mission, aussi longue que lointaine, m’entraîne dans des explications infinies pour satisfaire la curiosité des uns et des autres. Leurs questions concernent, bien entendu, mes conditions de vie, ainsi exilé, et, inévitablement, ma solitude sentimentale : ils ou elles pensent « solitude sexuelle » bien évidemment, ces hypocrites ! Laconique, je réponds :
Et aussi :
Il m’est facile de répondre sans mentir :
S’ils savaient, ces idiots, que ce n’est pas une, mais deux ! Et deux qui ont compté ! Derrière leur prénom : un visage, des sensations, des souvenirs qui reviennent, encore présents et palpables. Le string de Laure, la chemise qu’elle a portée à l’hôtel, et aussi la photo de Clara, sont bien rangés dans un tiroir comme des trophées dérisoires.
Je m’amuse d’ailleurs à dire tout haut chez moi : « Laure ! » et elle est là, je sens son parfum. Mes mains, ma bouche se souviennent aussi…
Je dis : « Clara ! » et, miracle de la mémoire, je suis chez elle, dans son canapé, dans son lit. Son corps me chevauche, ses lèvres s’arrondissent et me gobent.
Ah, ces nuits où je rêve de l’une ou l’autre, de l’une et l’autre… Une fois même, nous faisons l’amour tous les trois… comme l’avait suggéré Clara. Un songe érotique dans lequel elle fait hurler Laure de plaisir et où je la prends ensuite comme un soudard !
Je reste en contact régulier avec Clara. Clara, ma seule amie. Nous avons tant partagé elle et moi, sans rien nous promettre…
Au téléphone, nous nous confions nos petits secrets, nos joies et nos tracas, comme des complices de toujours.
De son côté, elle file le parfait amour avec sa « nouvelle » :
Curieuse, jalouse sûrement, elle se soucie de ma santé sentimentale :
Je réponds mollement :
À force, sans doute, d’évoquer des retrouvailles, je me décide un jour à lui en faire la surprise. Un vendredi matin, je l’appelle au saut du lit :
C’est clair et net : le silence qui suit m’indique que surprise il y a, et aussi contretemps dans ses projets !
Un nouveau silence… Sa respiration forte dans le combiné… Elle ajoute :
Je serai toujours étonné de sa spontanéité et de son tempérament…
Ce furent deux jours torrides et d’une douceur infinie, comme seule Clara en est capable. Mais me retrouver chez elle me rappela aussi douloureusement l’absence de Laure. Et, bien sûr, nous nous sommes promis de recommencer…
o-o
Les semaines passent. Des paroles de la chanson de Léo Ferré tournent en boucle dans ma tête : « Avec le temps, va, tout s’en va… »
Mes conversations avec Clara s’espacent ; quant à Laure, toujours silence radio… Quelque part je refuse cette fatalité. « C’est trop bête ! » pensé-je, révolté. D’autant que, « bloqué » dans ces relations inachevées et, pour tout dire, à l’avenir incertain, je m’interdis inconsciemment une quelconque aventure, craignant et espérant à la fois la retrouver.
J’en suis là dans mes désordres amoureux quand l’on me demande d’aller participer à une conférence internationale en Amérique du Nord, dans une grande ville. Le temps de boucler une valise et me voilà parti.
Ça va me changer les idées. Et, en riant intérieurement : « Cette fois, une belle hôtesse, je ne la raterai pas ! »
Un centre de congrès, c’est un parcours du combattant. Ces déplacements sont tuants : manifestations trop longues, chaleur, poussière, décalage horaire, courses aux taxis… Et l’oreillette où l’on vous sert la traduction simultanée ! Au bout d’un moment vous avez une envie furieuse d’être ailleurs !
J’allais quitter ce cirque quand je note que le sujet suivant m’intéresse. Je m’enfonce dans mon fauteuil en bougonnant. « Après… je fous le camp ! » me dis-je, éreinté.
Dès les premiers mots prononcés dans mon oreille par une charmante – je suppose – traductrice, je bondis. Cette voix ! Cette voix… mais je la connais ! Laure ?! Je me dis que je deviens yoyo… Laure ici ? Et traductrice ? Impossible !
Devenu très attentif, j’écoute la voix, uniquement la voix, oubliant ce qu’elle débite.
Pas de doute… ces intonations, cette façon de reprendre le souffle, c’est elle !
Je me tourne vers les cabines, tout en haut, où ces demoiselles et messieurs travaillent. On n’y distingue que des ombres ou des silhouettes.
Je quitte la salle et me précipite dans le grand hall à la recherche d’un renseignement sur ces traducteurs. Rien à faire. La partie « logistique » de ce centre de congrès est un monde à part qui m’est inaccessible. Il faut connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un…
Le téléphone ! Oui, essayer. Au moins laisser un message ! Mais non, ça ne marche pas ! Ah ! Ces p… de réseaux ou de téléphones incompatibles ! Merde ! Comment faire ? Un lion en cage ! Laure est là… à quelques mètres ! Nom de D… ! La tête qui explose, le cœur qui bat à 180 d’énervement et d’impuissance.
J’attendrai la fin des conférences et la sortie de tout le monde, dévisageant chaque personne à m’en donner le tournis. En vain. No Laure !
Resté seul sur l’immense parvis comme le seul arbre au milieu du désert, je me résous à rentrer à l’hôtel, épuisé et dégoûté. Dans quelques heures le retour, l’aéroport, et adieu… Quand je pense que nous étions si près. Si c’était bien elle ! Cultiver ce doute va me faire du bien. Après tout… une voix, ce n’était qu’une voix…
Un bazar innommable à l’aéroport ! Des vols sont retardés à cause notamment d’une météo exécrable. Le mien figure sur la liste… mais annulé carrément pour un problème technique ! Le « cancelled » est sans appel sur le tableau d’affichage. Manquait plus que ça ! Bagarre pour accéder au comptoir de la compagnie aérienne où, ô bonheur, on me dit que je dispose d’une chambre dans un hôtel haut de gamme tout proche.
Ouf ! ça va déjà mieux. Reste à y aller, m’installer et à prendre patience.
Dans le désordre total qui règne ici, je louvoie au milieu de bagages épars, de passagers couchés par terre, sur un fond d’annonces inaudibles crachées par les haut-parleurs. Quand soudain :
L’interpellation me stoppe net. Dans ce pays étranger, celle-ci, en français, me fait chaud au cœur, et cette voix… Je me retourne. Laure ! Elle est assise, quasiment à mes pieds, au milieu de tous ces naufragés du voyage. Pour un peu je lui marchais dessus !
Elle se lève, nous nous enlaçons, gênant le passage et récoltant des protestations de toutes sortes et en toutes langues… Je l’attire à l’écart. Incroyable ! Se retrouver ici… Je la détaille rapidement.
Elle n’a plus la blondeur que je lui ai connue, plutôt châtain clair maintenant, mais toujours ses longs cheveux, pour l’heure ramenés et attachés en arrière. Peut-être plus enveloppée. Hum ! Un ou deux kilos de plus… mais ça lui va bien. Belle de toute façon. Même en jean et tee-shirt, comme elle est vêtue à présent.
Nous échangeons quelques explications. Oui, c’était bien elle la traductrice.
Son avion est retardé et elle doit attendre ici un temps indéterminé. Je lui dis que le mien est annulé, que j’ai une chambre. J’ajoute en riant :
Elle sourit, hésite et me répond :
D’une main elle m’entraîne, « Ainsi, pensé-je, elle est toujours homo ! ».
Son amie, c’est Karine. Une toute petite brunette, un peu en chair, vive, les yeux malicieux. Après les présentations « Jean-Pierre, un ami, de toujours, très cher ! » Karine a un de ces coups d’œil sur moi, trahissant ses inquiétudes…
J’apprécie en revanche « l’ami de toujours ». On se connaît depuis moins d’un an, et encore n’avons-nous passé que quelques jours ensemble !
La proposition de la chambre est déclinée par Karine :
Laure hausse les épaules et nous partons bras dessus, bras dessous, rejoindre l’hôtel. En route je me soucie de son amie :
Laure rit et me serre le bras. Nous marchons vite, le cœur léger, heureux, sans nous le dire, de nous retrouver.
Nous nous regardons en pouffant, l’air complice ; je lis dans ses yeux quelque chose de provocant, d’espiègle. Si bien que nous manquons de percuter un chariot à bagages abandonné là. Dans le mouvement, nous raccrochant l’un à l’autre, nous nous retrouvons enlacés.
Laure se cambre, comme m’offrant sa poitrine qui, agressive, maltraite le tee-shirt. Je la tiens par la taille et nous voilà les yeux dans les yeux, comme à nous défier.
Pendant une seconde je pense à l’embrasser, ses lèvres entrouvertes et frémissantes semblant m’y inviter.
Je récupère ma clé, je commande une collation et nous montons dans la chambre. Celle-ci est immense, feutrée, avec deux grands lits trônant au milieu, séparés par un chevet. Superbe.
Laure inspecte les lieux, insiste sur les sanitaires, compte les serviettes, ouvre les tiroirs, le mini-bar, manœuvre les rideaux, teste les éclairages, lit les consignes d’incendie… J’éclate de rire à la voir faire.
Elle prend un air soupçonneux, les mains sur les hanches.
La colère brille dans ses yeux. Elle me menace du poing.
Alors elle se plante devant moi et enlève son tee-shirt. Ses seins, retenus par un merveilleux soutien-gorge, m’apparaissent tels deux fruits ronds palpitants.
Ses mains les soulèvent et me les présentent.
Je vais répondre lorsqu’on frappe à la porte. Ah oui, la collation est livrée.
Je récupère le plateau : du café, des viennoiseries, du fromage, des jus de fruits.
Sa tête apparaît, méfiante et joueuse, au coin de la porte.
Elle revient, très digne, avec le tee-shirt remis bien en place.
Il est tard. Que faire d’autre, sinon se coucher. Oui, mais…
Après tant de mois, que reste-t-il de nos premiers ébats ? A-t-elle envie de recommencer, de reprendre les choses où nous les avons laissées ? Nous ne sommes après tout que des amis, très intimes, mais des amis. Que reste-t-il de son amour pour moi ?
Aucune intention de me comporter en « terrain conquis », surtout pas.
Mes sentiments sont bien réels mais contenus, bordés. Je la respecte avant tout. Et tant pis pour moi. J’opte pour laisser venir, sans provocation.
Pendant qu’elle est à la salle de bains, « juste pour me rafraîchir » dit-elle, j’en profite pour couper l’éclairage général et allumer les lampes de chevet. Je m’installe sur un des lits, avec un magazine dans lequel je m’absorbe ostensiblement.
Je l’entends revenir et lui jette un coup d’oeil. Elle est restée habillée ; il est vrai que son avion peut être prêt à tout moment. Valse hésitation de sa part…
Je ne bouge pas et fais semblant d’être très intéressé par ce que je lis.
Elle fait mine de se diriger vers « son » lit… mais s’arrête et s’assoit à côté de moi.
Je la regarde, mes bras le long du corps. Ses yeux brillent, elle respire rapidement, sa poitrine gonfle le tee-shirt à chaque inspiration. La pénombre rend ses formes encore plus prononcées. Il faudrait être moine, et encore, pour rester insensible…
Doucement, je lui dis :
Elle soupire en secouant la tête.
J’explose :
Soudain son visage rayonne, ses lèvres se crispent, et elle se jette sur moi.
En rampant elle remonte sur moi et me plaque sa poitrine sur la figure. J’ai le nez entre les deux seins que je sens à travers le tee-shirt.
Tant bien que mal je l’en débarrasse, puis dégrafe le soutien-gorge.
J’ai, vraiment, la tête et le nez entre ses seins. De ses deux mains, elle les rapproche et murmure :
Et j’ai droit à un massage mammaire en règle, tandis que je tente au passage de sucer et lécher ces superbes fruits. Très excitée, elle se dégage et entreprend de me déshabiller, de m’arracher les vêtements, devrais-je dire…
Elle me laisse le slip, évitant de regarder par là. Elle se lève, se débarrasse de son jean, et son string vole à travers la chambre. À nouveau elle plonge sur moi et me recouvre de tout son corps, soulevant un peu ses fesses pour ne pas écraser l’objet qui lui fait si peur… et qui pointe comme un fou vers le plafond !
Bouche contre bouche, elle souffle :
Et elle me donne des coups de reins, juste pour m’exciter davantage…
Je ris, lui embrasse doucement les lèvres, passe mes doigts dans ses cheveux.
Elle recule et s’assoit sur mes cuisses. Comme ça, les cheveux dans les yeux, le torse droit avec ses seins qui me regardent, bien fermes et pleins, je suis aux anges. D’un doigt, timidement, elle tire sur mon slip, tout en me regardant.
Mais sa main plonge dessous, me prenant le sexe à pleine main.
Maintenant, nous nous voyons à peine. Nous roulons face à face sur le côté, enlacés dans un baiser infini et sauvage. Mes mains la parcourent, trouvant ses seins durcis, percevant une moiteur intense dans son entrecuisse. Elle gémit, me griffe et réussit enfin à m’enlever le slip. Déjà, ses doigts m’ont saisi et me masturbent doucement.
Soudain, en soufflant très fort, elle me force à me mettre sur le dos et me chevauche en s’asseyant sur mon ventre. D’une main elle flatte ma virilité en la calant entre ses fesses.
Puis elle se penche, écrasant ses seins sur ma poitrine, et ses lèvres murmurent, tout contre mon oreille :
Comme, surpris et ravi, je mets du temps à réagir, elle se laisse glisser à mes côtés, s’allonge sur le dos, se passe un bras derrière la tête et m’invite d’une main à la rejoindre.
La suite fut délicate et tendre. Je lui fis l’amour le plus légèrement possible.
Je me fonds lentement dans son ventre, soyeux et un peu serré. Elle crie alors comme si je la déflorais. Mes fesses garderont longtemps l’empreinte de ses ongles qu’elle enfonce si fort dans ma chair… Quand ma libération est proche et qu’elle le comprend, elle exige de moi une ardeur soutenue.
Et elle hurle enfin, sentant que je me déverse au plus profond de son être.
Essoufflée, tremblante, les yeux fermés, elle me serre à m’étouffer, elle me garde en elle, les cuisses relevées et crispées autour de ma taille. Haletante, elle ouvre les yeux, cherche mes lèvres.
Enfin, nous nous reposons, allongés côte à côte. En appui sur un coude, je la regarde. Elle reprend son souffle petit à petit, ses deux mains entre les cuisses, et murmure :
J’adore ce moment. Mais avec Laure c’est autre chose. Je suis heureux et fier de l’avoir aimée ainsi, gommant, je l’espère, ces inhibitions qui la rongeaient.
Au moins avec moi…
Elle bouge un peu, s’assoit à demi, le dos appuyé sur la tête de lit.
La faible lumière de la lampe de chevet nous révèle l’un à l’autre. Qu’elle est belle ! J’en prends plein les yeux ! J’essaie de fixer à tout jamais dans ma mémoire son image telle qu’elle m’apparaît maintenant. Ses formes pleines, ses courbes, ses galbes, la lumière qui joue avec les ombres profondes autour des seins, entre les cuisses…
Je n’ose lui parler de ce que nous venons de faire, de ce qu’elle a décidé elle-même.
Amoureusement elle me regarde, l’air un peu las, en me tenant la main.
Enfin elle me sourit, « revenant » en quelque sorte de ce « voyage ».
Elle se met en boule et se blottit contre moi.
Nous en sommes à ces moments de tendresse d’après l’amour lorsque, soudain, on cogne vivement à la porte.
Laure se redresse comme un ressort.
Laure est paniquée. Elle se lève, me regarde puis fixe la porte, et se rassoit au bord du lit, se prenant la tête à deux mains.
Elle court à la porte, l’entrouvre pour passer la tête et explique à voix basse à son amie qu’elle reste… J’en suis baba…
Elle claque alors la porte, revient se coucher, rageuse, et, s’enveloppant dans les draps, elle éclate en sanglots.
Oui… N’empêche que nous voilà dans une drôle de situation. Au bout du monde dans cet hôtel, moi attendant un hypothétique avion, elle devant trouver une place pour un autre vol, tous les deux pour des destinations différentes !
Bah ! On verra bien ! Gérons le présent. Celui-ci est plutôt agréable… Comme contretemps, on fait pire ! Je me recouche à côté d’elle et tente de la consoler. Curieusement, elle est maintenant détendue.
Encore quelques sanglots, elle se calme, ferme les yeux, étreint son oreiller… et s’endort ! Je la regarde pendant quelques minutes, m’imprégnant une fois encore de ces instants. Il a fallu un concours exceptionnel de circonstances, de hasards, pour en arriver là ! Probable que… quand ça doit se faire…
Et à mon tour je me serre contre elle et sombre dans le sommeil.
o-o
Quelque chose me chatouille le visage. D’un geste je chasse mollement l’intrus. Mais ça recommence, ça insiste. À nouveau je repousse, mais non, ça persiste. J’ouvre les yeux, me voilà complètement réveillé.
Des cheveux, ce sont SES cheveux qui me caressent… Et, en très gros plan, je vois deux yeux qui me fixent, des cils qui battent, une bouche avec des lèvres entrouvertes, des dents qui brillent, un petit bout de langue rose et fripon. Laure !
Super réveil ! Tout me revient en mémoire. Cette nuit, elle et moi… Pour elle, enfin, l’expérience impossible… Pour moi, enfin, l’aimer comme une femme.
Je l’attire et nous échangeons un tendre baiser. Elle se couche sur moi, je ressens sa chaleur, la douceur de sa peau, la pression de ses seins sur ma poitrine, sa cuisse qui s’installe entre les miennes, qui m’écrase le sexe.
Je tente de me soulever. « Quoi ? déjà… » pensé-je, amusé. Mais elle me maintient plaqué.
Elle m’écrase davantage, frotte ses seins sur mon torse et énerve mon entrejambe de sa cuisse.
Je sens sa main prendre la température.
Et je la vois descendre, descendre… Et bientôt, spectacle inattendu, sa tête près du « monstre » comme elle dit… Un regard coquin, avec le bout d’un doigt dans la bouche, comme une gamine, et soudain ses lèvres qui s’arrondissent et me gobent le gland.
Je me cambre…
Fermant les yeux, elle me suce juste le bout en salivant au maximum… puis elle glisse de côté et se met sur le dos.
Elle entreprend alors de se caresser avec mon sexe avec une dextérité extraordinaire, comme ces demoiselles le font avec un gode…
Concentrée, les yeux fermés, d’une main elle se caresse les seins ; je ne suis plus que l’objet de son plaisir solitaire. Bien sûr, pour moi, l’émotion est à son comble… Caresse sublime. Qui n’a pas connu ?
Très vite, mouillant abondamment, elle est parcourue de spasmes de plus en plus rapprochés. Elle jouit soudain, brutalement, avec un hurlement, comme à son habitude. Bonjour, les voisins ! Sa main me dirige alors vers sa grotte secrète et d’un coup de rein elle s’empale, recherchant un contact profond en remuant ses fesses.
Elle geint suivant mon rythme et bientôt je l’inonde, lui faisant pousser des petits cris qui se mêlent à mes propres soupirs. Je me laisse tomber sur le côté, vidé. Quelle femme ! Quelle amante ! J’ai une pensée brusque et « amicale » pour Clara. Comme elle, Laure a un tempérament de volcan ! Je me construis des images d’elles deux faisant l’amour…
Dans le fond, c’est peut-être à voir… « Quel salaud je suis ! » et je chasse cette vision. Laure est là avec moi et découvre l’amour hétéro, restons-en là !
À nouveau, calme après la tempête. À nouveau, elle se love contre moi en ronronnant.
Elle se soulève sur un coude et m’attrape tout d’une main, principal et accessoires, en serrant à me faire mal. Aïe ! Elle doit être en colère…
Je ris, d’avance, de ma réponse.
Lestement, elle revient me chevaucher en me posant les mains sur les épaules.
Nous nous disputons comme nous aimons le faire à présent. Je bénis le Ciel de l’avoir retrouvée. C’est le bonheur, que du bonheur…
Le téléphone sonne, nous interrompant brutalement. Nous le voyons s’égosiller, éberlués. Ça existe, ça !? Atterrissage brutal. Fin de la récréation ? C’est la réception ! Zut ! Nous écoutons tous les deux, en nous regardant, anxieux. Une voix débite, très professionnelle :
Laure me fixe, le regard trouble. Je comprends dans ses yeux qu’elle pense : « Mais oui, c’est fini, il fallait bien… ». Mais aussi : « Et maintenant ? Que vas-tu faire ? Que vais-je faire ? »
Dans le téléphone, la voix qui s’impatiente :
En une seconde, sans réfléchir, ma décision est prise. Je réponds en prenant la main de Laure et en l’embrassant :
Laure est figée, bouche ouverte, les yeux ronds.
Et nous roulons tous les deux sur le lit, en riant. Heureux !
Heureux pour quelques heures encore, mais bientôt nos routes devront à nouveau se séparer…