n° 09877 | Fiche technique | 27064 caractères | 27064Temps de lecture estimé : 20 mn | 11/11/05 corrigé 30/05/21 |
Résumé: Jean-Pierre, invité chez Clara, doit y retrouver Laure. Mais celle-ci doit partir d'urgence et se faire oublier. Elle « confie » Jean-Pierre aux bons soins de Clara avec qui il vit pendant quelques mois, avant de partir. Reverra-t-il Laure ? | ||||
Critères: fh fbi amour 69 champagne | ||||
Auteur : Laure et JP (Couple heureux de vous parler de son histoire) Envoi mini-message |
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Jean-Pierre, consultant, en déplacement, tombe amoureux d’Ingrid, Laure de son vrai prénom, une escort-girl occasionnelle qu’on lui a fait rencontrer comme un « cadeau ». Resté sur sa faim, cherchant à la revoir, il participe à une soirée mondaine en compagnie de Clara, une amie et collègue d’Ingrid. Clara, en fait bisexuelle, lui apprend que Laure est homo… et attire Jean-Pierre chez elle, en laissant son amie dans les mains de son « client », un invité de la soirée. Le lendemain matin il rentre à son hôtel et trouve Ingrid dans sa chambre. Elle s’y est réfugiée suite à un incident, son client devenant trop entreprenant. Ils passent la journée ensemble, sans sortir, et se découvrent l’un l’autre à travers des jeux amoureux inattendus et tendres. Laure, partie, s’installe par peur chez Clara. Celle-ci invite alors Jean-Pierre à les rejoindre pour dîner le lendemain soir…
En route pour me rendre au dîner chez Clara… La revoir, ainsi que Laure qui s’y est réfugiée, me comble de joie… Mais j’éprouve une sourde inquiétude. Toute la journée j’ai songé à cette soirée : que vais-je y trouver ? D’abord « mes deux femmes », et j’en souris. Oui, deux. Enfin presque… L’une, ultra libérée, l’autre ultra complexée ou quelque chose du genre. L’une brune, l’autre fausse blonde… Mais toutes les deux fort belles et « hors normes » sur bien des plans. Ensuite, éventuellement, un problème, des problèmes : que se sont-elles dit exactement ? Et puis, et surtout, Laure… Après l’incident de la soirée du consulat, sa peur, notre journée tendre d’hier avec ses surprises… Mon amour qui se confirme pour elle. Ah ! Et peut-être l’idée de Clara d’une « partie » à trois ! Le guet-apens n’est pas exclu… Bah ! On verra.
Comme j’arrive en bas de l’immeuble je remarque que Laure est déjà là, appuyée sur le mur du hall de l’entrée. À voir sa tête, la mine défaite, sa pâleur, je comprends qu’il y a un souci…
Interloqué, la tenant par les épaules, je l’entraîne dans ma voiture. Elle a le cœur gros, a du mal à parler. Rapidement, tout en me tenant la main, elle me fait part qu’il y a des suites à l’événement du consulat. Le type qu’elle a frappé fait des histoires. L’affaire dépasse maintenant l’agence pour qui elle travaille et « mousse » plus haut dans les sphères diplomatiques… Au point qu’elle doit envisager – en fait, on lui a suggéré explicitement – de partir de cette ville, voire de changer de métier ! Et ce sans délai… pour calmer le jeu et éviter tout problème.
Elle pleure maintenant, doucement, le dos collé à la portière.
Je suis catastrophé ! D’un coup tout s’écroule, notre belle histoire qui n’attendait que de nouveaux épisodes doux et tendres.
Sa main me serre davantage, à me faire mal.
Je suis effondré, j’ai du mal à réaliser.
Je pense que c’est foutu, je ne vois pas ! D’une main elle s’essuie les yeux, devenus noirs par son maquillage étalé.
Maintenant elle est prostrée, les dents serrées. Elle ajoute au bout d’un moment :
Je ne sais quoi répondre. Sur ce sujet, je tente de la consoler :
Elle explose et rageusement me lance :
Un frisson me parcourt. Enfin, enfin elle se lâche, me dit son amour ! J’éprouve soudain à la fois un profond soulagement et une immense détresse. Qu’elle m’aime, je m’en doutais un peu, mais Clara avait compris bien avant moi. Mais son départ ! Un naufrage ! Le naufrage de Laure, qui m’entraîne avec elle au fond ! La retrouver plus tard, dans un an ou deux, me paraît quasi impossible. Le temps… efface tout, va nous plonger dans l’oubli !
Après être restés sans mot dire, sans même nous regarder, plus tard, nous montons chez Clara comme des automates. Elle nous attend, la table mise, la mine détruite ; elle est au courant. Laure file à la salle de bains se refaire une tête présentable.
Laure revenue, nous dînons sans presque échanger deux phrases. Et très vite. Elle ne semble pas vouloir prolonger les adieux. Ses yeux ne nous voient plus… Elle est déjà ailleurs. J’ai le cœur dans l’estomac. Je réalise soudain que je n’ai rien d’elle, pas même une photo. Ah ! Si, ma chemise qu’elle a portée. Je lui en fait part. Elle sourit.
Elle va dans la chambre et revient le poing serré.
Je sens comme un bout de tissu qu’elle me passe discrètement et que mes doigts enferment immédiatement. Clara s’est mise à l’écart et sourit comme appréciant le geste.
Alors elle m’enlace, se colle à moi comme un serpent et m’embrasse à pleine bouche, sauvagement, me fouillant de sa langue, cherchant une guerre des dents. Elle me murmure dans l’oreille, essoufflée :
A entendre son vrai prénom, elle me griffe le dos, se souvenant sans doute les douces et chaudes heures passées ensemble. Enfin elle me lâche, les bras sur mes épaules, les larmes aux yeux.
Prêts à la raccompagner avec Clara, arrivés à la porte, Laure me repousse doucement.
Elle me pose un dernier baiser sur les lèvres et, prenant Clara par la main, elle disparaît.
Resté seul, à la dérive, j’ouvre ma main qui gardait LE souvenir. Son string ! Elle l’a enlevé et me l’a donné ! Elle part cul nu ! Je souris tristement et mets l’objet dans ma poche. Oui, effectivement, personnel, et quelque part dérisoire mais délicieux.
Un long moment avant que Clara ne revienne. Assis dans le canapé, j’essaie de récupérer. La reverrai-je ? J’attends déjà l’occasion de l’appeler au téléphone. Et puis elle me « confie » à Clara… Décidément ces filles « gèrent » leurs « acquisitions ». J’en souris… Après tout ce n’est pas méchant, mais, quand même, l’orgueil masculin en prend un coup !
Retour de Clara, ma « marraine », désormais. Les yeux pleins de larmes elle se laisse tomber à côté de moi et pose sa tête sur mon épaule et souffle :
Elle se relève, énergique.
Je me détends un peu et je ris. Clara est vraiment une chic fille.
J’éclate nerveusement de rire. Beau programme quand même !
Elle se lève et me fait allonger sur le canapé, puis elle s’installe, à genoux sur la moquette, à la hauteur de ma tête, les mains sur ma poitrine.
C’est clair. Pas d’états d’âme la gamine… Ou plutôt elle les assume à sa façon. Elle s’approche et m’embrasse aux coins des lèvres. Elle ronronne, pose sa tête sur mes cuisses et me regarde amoureusement.
Mes doigts lui caressent les cheveux. Je suis bien, malgré cette boule à l’estomac qui ne me quitte pas. Je pense qu’aimer Clara c’est un peu retrouver Laure. Enfin construire cette idée… chacun y trouvera son compte. Nous décidons d’aller nous coucher, comme un couple constitué. Une fois nus, serrés l’un contre l’autre, après un chaste baiser, nous nous endormons comme frère et sœur. Croyez-nous, nous n’avons pas eu le cœur à jouer…
Commence alors une vie particulière. Rythmée suivant l’emploi du temps de Clara. Qui rentre le soir ou qui ne rentre pas, ou tard, et donc je dîne chez elle ou à l’hôtel, prévenu souvent que quelques heures avant. De la même manière j’y dors ou pas. Patrick, le patron de l’hôtel, en devient fou :
Le plus drôle étant que je dois assurer le ravitaillement et parfois la cuisine… Je deviens « l’homme à la maison », compagnon d’une femme au planning incertain. Ce dont je ne me lasse pas, c’est le scénario quasi classique de nos soirées, quand elle rentre pour l’heure du dîner, courses faites par moi, cuisine, enfin cuisine approximative, préparée par moi aussi. Bien sûr, table mise, appart rangé… mais pas encore la poussière, ça non !
Donc arrivée de la star, soupirs « quelle journée, tous des cons… », star, parce que toujours superbement vêtue – par l’agence – et coiffée. Me voyant – il ne me manque plus que le tablier – elle se jette dans mes bras environnée des odeurs diverses des lieux qu’elle a fréquentés, des gens rencontrés.
Puis salle de bains, avec :
Je sers, bien sûr, les apéros, j’entends la douche couler, puis des bruits de tiroirs, de portes de placards. Et enfin la récompense de tant d’attente. Son entrée dans le salon, entrée qui est toujours une surprise. Une surprise car elle a le chic, pour notre soirée en tête-à-tête, de s’habiller « inattendu »… ou presque déshabillée, se renouvelant chaque fois. Je préfère, et de loin, les compositions suggestives faites de transparences, de sous-vêtements entrevus, de soupçons de cuisses gainées de bas, de seins perçants le tissu… Elle le sait et en use… Il est vrai qu’elle a en charge de me materner, et en abuse ! Après la vue, c’est au tour du goût, du toucher et de l’ouïe, quand, parée, elle vient m’embrasser, m’invitant à la caresser. Les murmures de sa voix un peu grave et éraillée finissant de me mettre en condition… Un pur bonheur. Clara jouant tour à tour la femme-enfant, la femme-femme.
Le repas ensuite que nous partageons, pour lequel j’ai droit à ses compliments hypocrites. Toujours une chaude ambiance, amicale ou amoureuse, complice. Souvent nous parlons de Laure. Sans nouvelles, les tentatives d’appels téléphoniques restants vains. Pas même une messagerie, des sonneries qui s’égosillent dans le vide. Elle nous manque à tous les deux. Son départ précipité a laissé une plaie non cicatrisée. Reste que je me demande comment Clara vit sans une fille à aimer au lit… À cette question elle m’a répondu :
Elle s’était mise aussi en colère en me rappelant qu’elle était « quand même un peu amoureuse de moi », que c’était « la première fois qu’elle ressentait ça pour un homme ».
La fin de soirée se passe souvent dans le canapé, à papoter. Et comme de bien entendu c’est surtout elle qui parle… La télé parfois. Bref comme tout le monde, et un début d’habitudes, de routine. Les nuits, en revanche, sont plus imprévisibles. Je parle de nos relations sexuelles. C’est suivant son humeur. Clara est soit expéditive : il faut la prendre sur-le-champ et quelques secondes suffisent… Et souvent comme elle aime, c’est à dire habillée comme elle est à ce moment. Soit elle est plus chatte et nos jeux durent, durent… Dans ce cas elle est volontiers gourmande et m’explique comment la faire jouir comme le font les lesbiennes. Elle est ouverte, si je puis dire, à toutes les pratiques… sauf à la sodomie.
Il nous arrive, et ce sont des soirées très chaudes, de visionner des films X, installés dans le canapé. Ça l’excite prodigieusement et elle adore reproduire ce que l’on y voit. Parfois nos ébats sont torrides et épuisants, sachant que je suis le seul acteur masculin de ce côté de l’écran… Clara a un tempérament exceptionnel. Elle donne et se donne sans retenue, sans fausse pudeur. Mais, et j’apprécie, elle fait l’amour avec sentiment et tendresse. Sur ce point nous nous accordons parfaitement.
Un soir je décide à mon tour de la surprendre. Comme elle rentre et va se préparer dans la salle de bains, je la suis.
Debout, je la déshabille, ce qui la ravit, jetant plus que je dépose sa robe compliquée. En slip et soutien-gorge je l’embrasse et lui caresse les seins, ses fesses, son entrecuisse.
Et je la débarrasse du soutif découvrant sa poitrine généreuse et ferme. Au passage je goûte d’un coup de langue les tétons effrontés et salés, de mes mains j’apprécie la délicate lourdeur de ses seins.
Avec les dents je fais glisser la fine dentelle le long de ses cuisses et enfouis ma tête dedans. Lisses et dures, chaudes et frémissantes. Ses mains m’attrapent les cheveux.
Je remonte, et de mes lèvres je dépose mille baisers. Je m’arrête très près de son petit triangle de poils… Clara respire très fort et, immobile, m’observe bouche ouverte. Je fais mine d’attaquer de la langue sa foufoune en la prenant par les hanches. Elle crie en serrant les cuisses.
Je la pousse sous la douche et avec la pomme j’inonde d’eau l’endroit interdit. En gloussant, elle écarte les cuisses et, à loisir, de tous mes doigts je la nettoie, ne laissant aucun détail, la doigtant, énervant son clito.
Moi-même, encore habillé, je suis à moitié trempé, comme l’est maintenant sa chatte. Je l’entraîne rapidement, et toute humide, sur la moquette du salon où je la force à s’allonger.
Elle est couchée par terre, sur le dos, se cachant la poitrine d’un bras ; le pubis, cuisses serrées, par une main.
Rapidement je me déshabille sous son regard amusé et vaguement inquiet, gardant mon slip transformé en tente canadienne.
J’attrape la bouteille de champagne que j’avais cachée, la débouche.
Trop tard, ploc ! Le bouchon saute et un jet impressionnant jaillit et l’asperge. Toute pudeur oubliée elle tente de protéger son visage avec ses mains. Je m’approche d’elle et m’agenouillant, je lui présente le goulot.
Elle manque s’étrangler, et brusquement m’attrape et me fait tomber à côté d’elle.
Nous nous disputons la bouteille et dans la bataille nous sommes rapidement dégoulinants de champagne. Essoufflés, je gis maintenant sur le dos, Clara me recouvrant à demi, la bouteille à la main. Ses seins magnifiques et trempés narguant les lois de la pesanteur. Avisant ma tente de camping elle murmure :
Et m’arrachant le slip elle découvre ma fusée et l’asperge. Nous roulons l’un sur l’autre dans des senteurs d’alcool, notre peau collante de sucre.
Elle boit sans avaler et m’embouche le sexe. Le liquide coule de ses lèvres et sur mes cuisses.
Se retournant, elle m’écrase la bouche avec son abricot baignant dans son jus. Nous irons jusqu’au bout de cette mutuelle caresse… Jouissant l’un après l’autre dans ce cloaque champenois. Puis Clara s’essuiera la bouche d’un revers de main et boira au goulot une rasade.
Nous sommes restés quelques minutes demi-couchés, à récupérer, en nous faisant des petites léchouilles ci et là, où il y a des tâches sucrées.
Et n’attendant pas ma réponse, elle poursuit :
Les jours, les semaines passent. Nous sommes Clara et moi comme un couple uni et régulier. Ça n’échappe pas aux voisins – c’est un signe – qui me saluent tel le mari de la jeune femme du 4ème, qui, enfin, mène une vie rangée ( !) Je m’installe indiciblement dans cette situation, bien que la fin de ma mission dans cette ville soit proche. Parfois il y a des heurts – autre signe – dus à sa vie professionnelle. Chaque fois nous savons gérer… et les explications sur l’oreiller arrangent tout.
Pourtant, un jour, l’incident, que je redoutais comme inévitable, se produit. Une fille… une fille que Clara courtise. Chassez le naturel !… Je ne lui en veux pas, ça devait arriver un jour ou l’autre. Pour nous deux, c’est déjà beaucoup ces quelques mois de bonheur sur fond d’une Laure disparue. Je vois ladite fille un soir, au pied de l’immeuble, en discussion avec Clara. Les gestes qu’elles échangent ne laissent aucun doute pour un œil exercé… et je l’ai à présent. Clara a du goût. Sa conquête est superbe, jeune, bien foutue. Comme je m’approche, elles se bisent discrètement sur les lèvres avant de se séparer. Clara m’aperçoit… Comprend que j’ai tout vu, et écarte les bras en signe d’impuissance. Arrivés chez elle, elle se laisse tomber dans le canapé.
Je hoche la tête et ajoute :
Elle prend un air sombre, ses yeux se mouillent. Elle se lève et marche de long en large, s’approche, me prend la main.
Je la prends dans mes bras où elle se fait toute petite. J’ai maintenant aussi des sentiments pour elle, Laure tout doucement s’effaçant, comme se diluant dans les brumes diffuses du vécu.
Elle pleurniche un peu, me pince affectueusement mes « poignées d’amour ».
Elle rit soudain, me regarde hilare et ajoute :
J’éclate de rire. Décidément elle ne perd pas le Nord ! L’utile et l’agréable…
Je dîne et dors maintenant plus souvent à l’hôtel. Patrick est ravi. « Le retour de l’enfant prodigue » commente-t-il amusé. Il n’empêche, les soirs où je suis seul, j’imagine Clara dans les bras de cette nénette… Et ça fait mal ! Avec le recul – j’ai le temps de penser – ces deux filles m’ont baladé. Involontairement, soit. Qu’est-ce que j’avais à mettre mes pieds et le reste dans ce repaire d’amazones ?!
Télépathie ? Je songeais à Laure, et mon portable sonne. Je suis sûr que c’est elle… Et c’est elle ! Mon cœur semble sortir de ma poitrine, mes tempes battent.
Trop court cet appel ! Je reste bêtement à regarder mon téléphone inerte et silencieux d’où est sortie sa voix pendant quelques secondes. Fébrilement je tente de la rappeler. En vain. Ça semble sonner dans un néant désespérant.
Tout a une fin. Ça y est… Ici ma mission de consultant est terminée. Je rentre pour en principe ne pas revenir, d’autres déplacements m’attendant, pour Dieu sait où. Un dernier regard à ma chambre, une accolade fraternelle à Patrick, par qui tout est arrivé. « Je m’en souviendrai de ton hôtel ! » lui ai-je lancé d’un ton faussement joyeux. Il n’a pas répondu, m’adressant un poing serré pour dire « Tiens le coup ! Ça ira ! »
C’est vrai qu’ici j’ai trouvé l’amour… Après tant d’errances dans ma vie. Mais Laure gagnée et aussitôt perdue ! J’enrage ! Quelque part j’ai peur, conscient que la distance, le temps, ne vont pas être mes alliés. Et puis, Laure qui m’exprime son amour avec ses préférences féminines…
Je me secoue. « Allez, pensé-je, une belle aventure, sans lendemain, sûrement… » Et Clara ! Je souris. Celle-là, c’est autre chose ! Si seulement elle choisissait son camp, définitivement… J’avoue que les quelques mois passés à vivre avec elle m’ont donné le goût d’une vie de couple. Et un petit lutin dans ma tête de me souffler : « Pourquoi pas avec elle, continue, tu oublieras Laure ! » Probable qu’elle n’attend que ça. Peut-être. Mais elle a eu le bon goût de ne pas insister, de ne pas s’imposer, de prendre la place. Heureusement. Qui sait ce que j’aurais fait ?
Mais oublier Laure ? Certes non ! Ce serait trahir, mentir, me tromper moi-même… Je m’accroche à un espoir, minime, de la revoir. C’est finalement idiot d’être amoureux. Quelle souffrance ! Et à nouveau cette boule à l’estomac, les mains moites, la bouche sèche quand je me rends chez Clara pour une dernière soirée, une ultime nuit.
Les adieux ont été plus faciles que prévu. Elle a un cœur gros comme ça de confiance en l’avenir. Elle est très forte, plus forte que moi qui suis en pleine dérive, au bord de la déprime.
Notre dernière nuit fut tendre, sans débordements. Nous n’avons pas fermé l’œil, alternant jeux amoureux et des « serrés-tendresse-à-parler ». Elle m’a donné une photo sur laquelle elle a appliqué un baiser au rouge à lèvres. J’ai eu droit aussi à suçon bien placé… Je n’ai rien dit de l’appel de Laure. Pas nécessaire. Bien sûr, échanges de numéros de téléphone et d’adresses.
Le lendemain matin, elle a tenu absolument à m’accompagner à l’aéroport. J’ai horreur de ça, ces adieux qui n’en finissent pas, ces coups d’œil incessants sur l’heure, ces soupirs, ces échanges de mots où l’on fait semblant de parler d’autre chose, et puis ce moment où il faut bien se quitter… Quand passé le contrôle je l’ai vue seule dans le hall me regarder m’éloigner, une main en l’air, j’ai bien cru qu’elle pleurait…
Et quand l’avion s’est arraché du sol, j’ai compris comme un symbole que Clara et Laure m’étaient également arrachées du cœur, avec le même bruit d’enfer. Je me suis alors tourné vers le hublot pour me cacher, et comme un enfant, j’ai chialé.
Quelle allait être ma vie maintenant ? Bouleversée par ces deux filles, je ne pourrais désormais la voir comme avant. Amoureux de Laure, devenue un fantôme, peut-être aussi de Clara, femme imprévisible, changeante, passionnée. Mais il est vrai qu’il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas…
C’est l’hôtesse qui me tire de mes réflexions ! Je me tourne vers elle. Le choc ! Une beauté blonde, cheveux tirés en arrière, avec ses grands yeux qui me scrutent. En un éclair je crois voir Laure tant la ressemblance est frappante : même taille, même allure. Bouche bée, je la regarde, interloqué, tous mes souvenirs, toutes les images gardés de Laure semblant d’un coup se réincarner. Elle me sourit, lèvres humides et entrouvertes. J’en suis tétanisé, le temps semble arrêté, mon regard perdu dans le sien cherchant plus loin, plus loin… Une voix qui me paraît venir de nulle part répète :
Je frissonne et reviens aux réalités, le brouhaha de la cabine, le ronronnement des réacteurs me parvenant à nouveau.
Elle me sert un verre et, en se penchant pour me le tendre, je remarque son badge où est gravé son prénom. Un « Laure » y scintille par le soleil rasant traversant mon hublot ! Je manque lâcher le gobelet !
Dans le mouvement, nos mains s’effleurent et, s’étant penchée davantage, je sens son parfum m’envahir, son souffle tout proche me caresser. Quelques secondes de bonheur… De sensations indicibles, de tendres réminiscences d’une Laure, la mienne, un instant retrouvée.
Maintenant calé dans mon siège, je ferme les yeux, essayant de garder ces images, ces odeurs, ces effleurements. Cette coïncidence est troublante… Je veux y voir un signe, un clin d’œil de Cupidon.