n° 10055 | Fiche technique | 50846 caractères | 50846 7996 Temps de lecture estimé : 27 mn |
17/01/06 |
Résumé: Destins croisés, passions interdites et fin de l'innocence pour des femmes soudain confrontées à un monde de désirs et de tentations. | ||||
Critères: ff | ||||
Auteur : Nicky Gloria |
DEBUT de la série | Série : Prison pour femmes, passions inavouables Chapitre 01 / 02 | Épisode suivant |
L’hélicoptère étincelait sous le soleil ardent, petit point lumineux perdu dans l’immensité d’un ciel sans nuage. La journée était chaude et magnifique, dominée par un anticyclone qui régnait implacablement sur cette partie du Pacifique Sud. L’hélicoptère survolait une mer calme et limpide, dont la surface miroitait de lueurs aveuglantes. Le pilote, Henri Duroc, indiqua d’un geste nonchalant une petite tache noire qui, isolée en plein milieu de l’océan, grossissait à vue d’œil.
Andréa l’aperçut. Puis, assez vite, elle en distingua les contours. C’était une petite île rectangulaire, totalement plate, sans relief, à la végétation épaisse et luxuriante, bordée de toutes parts par une longue plage. Cet anneau corallien, émergeant à fleur d’eau, était d’une beauté délicate et fragile. L’hélicoptère perdit de l’altitude, fonçant sur le lagon si transparent qu’Andréa vit les fonds marins avec une netteté surprenante. Henri bifurqua ensuite sur la droite, traversant à basse altitude l’île sur toute sa longueur, survolant de près le sommet des cocotiers.
Henri Duroc, pilote privé pour le pénitencier de haute sécurité pour femmes, se sentait d’une humeur joyeuse. Non seulement il était ravi de voler par une si splendide journée, mais en plus la surveillante en chef assise à côté de lui était l’une des plus belles femmes qu’il eût l’occasion de fréquenter. Grande, élancée, une silhouette divine à couper le souffle, un mélange de beauté animale et de distinction sensuelle, elle possédait un sex-appeal qui le mettait toujours dans tous ses états. Il loucha malgré lui sur les longues jambes bronzées et parfaites qui, nues et impudiques, étaient voluptueusement étendues à sa droite. Andréa, consciente de l’effet qu’elle procurait, se déplaça légèrement, écartant sournoisement les cuisses. L’hélicoptère tangua dangereusement. Henri en reprit vite le contrôle avec un juron étouffé. Andréa sourit ironiquement, puis se pencha pour mieux voir le paysage. Elle vit alors ce qu’elle était venue chercher : un yacht luxueux qui avait jeté l’ancre à l’intérieur du lagon.
Henri s’exécuta. L’hélicoptère piqua vivement sur le yacht, décrivant un large cercle autour de celui-ci. Il s’immobilisa un instant au-dessus, en vol stationnaire, à vingt mètres de hauteur, tel un oiseau de proie prêt à fondre sur sa proie.
Andréa ne put réprimer un sourire énigmatique, car elle savait exactement pourquoi ce bateau se trouvait à cet endroit précis. Il n’y avait pas que le tourisme qui l’amenait jusqu’ici. Il était à l’endroit et à l’heure convenue. Parfait, tout se déroulait à merveille…
Elle détourna son regard du bateau, reportant son attention sur le pilote.
Henri haussa les épaules sans chercher à comprendre. La directrice de la prison pour femmes, sur l’île voisine, payait généreusement ses services. D’habitude c’était son adjointe, cette névrosée de Lucia, qui partait avec lui. Mais une blessure à l’estomac, provoquée par une détenue qui l’avait sournoisement agressée, la maintenait immobilisée à l’infirmerie. D’après les dernières nouvelles, la blessure infligée était sans gravité. Dommage, sa mort n’aurait chagriné personne… Enfin, ce contretemps lui permettait tout de même de voler en compagnie d’Andréa. Un changement qui n’était vraiment pas pour lui déplaire, même s’il savait pertinemment bien qu’il n’aurait jamais aucune chance avec elle. Tant pis, ne serait-ce que pour le plaisir de se rincer l’œil… Ce qu’il fit avec bonheur tout en mettant le cap à l’est, faisant plonger l’appareil vers la barrière corallienne avant de reprendre brusquement de l’altitude. Une acrobatie aérienne qui, habituellement, impressionnait n’importe qui, même les cœurs les plus accrochés. Or, Andréa était d’une autre trempe, froide et impassible. Pas un cri, pas une seule plainte, et elle ne prononça plus un seul mot durant tout le trajet du retour.
Claire refit surface et, de l’eau jusqu’à la taille, réajusta son masque. Elle en profita pour observer le ciel, suivant des yeux l’hélicoptère qui disparut à l’horizon. Sa belle-mère émergea derrière elle, déplaçant son tuba d’un geste vif.
Claire hocha la tête, souriant derrière son masque et levant le pouce en guise de joie. Déjà, elle avait oublié la présence inquiétante de l’hélicoptère qui avait semblé tourner un peu trop longtemps au-dessus de leur bateau. Quelques touristes trop curieux sans doute… Claire s’enfonça dans l’eau, les bras collés au corps et évoluant gracieusement grâce à un souple battement de palmes. Hélène tenta de la suivre, perdant vite du terrain. Elle sortit la tête de l’eau, la cherchant des yeux. En tournant sur elle-même, elle fit face à l’île où s’étendait une longue plage de sable fin qui, sous la réverbération du soleil, semblait parsemée de pépites d’or éblouissantes. Aveuglée, elle cligna des yeux avant de se retourner. Son regard se porta ensuite sur son bateau. D’une longueur de vingt mètres, il brillait à la surface de l’eau émeraude, flottant tranquillement à proximité de la passe. Il avait jeté l’ancre deux heures auparavant, passant sans encombre dans l’étroit chenal naturel qui traversait la barrière de corail. Claire, impatiente, s’était vite équipée pour explorer les fonds marins du lagon, et c’est de bonne grâce qu’elle l’avait suivie, trop heureuse de se défouler et de partager ces quelques moments de détente avec celle qu’elle considérait comme sa fille.
C’était une magnifique journée, l’eau était agréable, d’une limpidité incroyable, et elle ne pouvait qu’apprécier tous ces éléments favorables qui rendaient chaque seconde unique et magique. Elle nagea paresseusement, perdue dans ses pensées, quand un mouvement furtif sur sa droite attira son attention. Avec soulagement, elle aperçut sa belle-fille qui se dirigeait vers les récifs. Elle prit la même direction, mettant toute son énergie à la rattraper.
Sous elle, la végétation alternait algues et récifs de coraux. Enfin, les jambes magnifiques de Claire apparurent dans son champ de vision. Elle ne l’aurait jamais rejointe si celle-ci n’était pas restée immobile pendant quelques minutes. Claire n’avait que vingt ans, soit deux fois moins qu’elle. Pour son âge, Hélène pouvait pourtant se vanter d’être sportive et énergique, mais elle ne pouvait tout de même pas rivaliser avec la fougue de la jeunesse. Claire l’aperçut et désigna avec excitation une immense raie manta qui effleurait le fond de l’eau, se déplaçant avec lenteur. À son tour, Hélène ne bougea plus. Elle se laissa flotter, observant le plus longtemps possible la raie qui s’éloignait tranquillement. Claire était ravie, les yeux plissés d’une joie enfantine derrière son masque. Elle adressa un geste admiratif à sa belle-mère, levant énergiquement le pouce, avant de se diriger vers le yacht. Hélène, malgré ses efforts pour la talonner, dut encore se laisser distancer. Les muscles de ses cuisses la tiraillaient, aussi ne fit-elle rien pour forcer davantage, cherchant avant tout à se préserver. Elle avait d’autres projets en tête pour cet après-midi, qui nécessitaient vigueur et endurance. Si tout se passait bien, elle aurait en effet besoin de toute son énergie. Elle ménagea donc ses efforts, soulagée de nager enfin le long de son bateau. Son mari l’accueillit avec ironie.
Il se tenait sur le pont supérieur et se penchait par-dessus la plage arrière, la dominant de toute sa hauteur,
Hélène ravala avec difficulté la répartie cinglante qui faillit jaillir. Elle avait l’habitude de se laisser taquiner ou, pire, humilier, et cette soumission était la clef d’un mariage réussi après tant d’années, un juste équilibre qu’elle n’avait jamais cherché à briser. Se rebeller était s’engager dans un combat perdu d’avance et, au bout, le divorce assuré, ce qu’elle ne pouvait pas se permettre. Vivre comme une reine avait ses revers de médaille et elle en acceptait les règles depuis douze ans déjà. Pourtant, là, elle était piquée au vif, car il l’attaquait sur un point sensible : son âge. Hélène ne supportait pas l’idée de vieillir et elle mettait tout en œuvre pour en retarder les méfaits, prenant soin de son corps et de son hygiène de vie avec une rigueur qui frisait l’obsession. Mais le résultat était là, elle ne faisait pas ses quarante-deux ans et continuerait toujours à paraître beaucoup moins. En effet, beaucoup de ses amies lui enviaient sa silhouette irréprochable, ne se lassant pas de la complimenter sur son corps de rêve, et le regard des hommes qui la déshabillait en disait bien plus encore. Rassérénée par cette conclusion, elle se contenta de lui jeter un regard doux et docile. Il n’insista pas.
Le bar était installé à l’angle du pont, devant un canapé semi circulaire et quelques fauteuils en rotin. Jean-Louis et Hélène vinrent l’y retrouver, s’asseyant en même temps. Claire resta debout, jambes croisées et voluptueusement cambrée dans une pose alanguie. Malgré elle, Hélène ne put s’empêcher de l’admirer longuement. Claire, vingt ans, était une superbe jeune femme qui alliait sensualité et innocence. Elle était affriolante dans un maillot une pièce qui mettait en valeur une silhouette souple et gracile, et une poitrine ferme et opulente un peu disproportionnée par rapport à sa taille fine. Un contraste terriblement affolant… En tenue légère, elle aurait fait un malheur dans un magazine de charme. S’efforçant de détacher ses yeux de sa belle-fille, Hélène se servit un Martini rouge en pensant que, elle aussi, elle aurait pu être mannequin sans la moindre difficulté. Dans une autre catégorie, évidemment… Avec plus de maturité, avec ce côté glacial et sophistiqué d’une femme ayant l’habitude d’évoluer avec grâce et aisance dans la haute société. Toutes deux, dans un genre différent, étaient de très jolies femmes. Lorsqu’elles se promenaient bras dessus bras dessous sur la plage, elles attiraient les regards à la fois admiratifs et avides de tous les hommes qu’elles croisaient. Hélène s’approcha de Claire et ne put s’empêcher – comme à chaque fois qu’elle se tenait près d’elle - de l’embrasser tendrement, et tandis qu’elle l’enlaçait, elle se tourna vers son mari d’un air de défi :
Kate surgit, portant sur l’épaule des bouteilles de plongée. Elle les tenait sans effort, évoluant avec souplesse, un sourire timide sur les lèvres. C’était une belle femme aux cheveux coupés très courts, au visage doux et aimable. Longiligne et musclée, vêtue simplement d’un short kaki et d’un débardeur vert, elle arborait une allure à la fois gauche et garçonne qui rehaussait sa beauté naturelle, spontanée, sans artifice. Elle avait un regard direct et sincère qui inspirait d’emblée la sympathie. Malgré ses efforts pour paraître décontractée, elle se sentait malgré tout mal à l’aise en compagnie de Jean-Louis Bernier, milliardaire et propriétaire d’une chaîne de Casino sur la Côte d’Azur. Colonel à la retraite, il était également l’heureux possesseur d’une des plus belles collections d’anciennes voitures de luxe, ce qui lui permettait de rafler tous les prix.
L’origine de la fortune de cet ancien officier dépassait l’entendement et demeurait un mystère, alimentant tous les ragots : les moins envieux parlaient d’un héritage colossal, les autres de magouilles peu scrupuleuses. Peu importe, le résultat final était là, le propulsant dans la cour des grands et des puissants. Kate, issue d’une famille ouvrière, demeurait facilement impressionnée devant une telle débauche de signes extérieurs de richesse, et tous les efforts d’Hélène pour l’intégrer dans leur cocon familial ne pouvaient rien y changer. D’emblée, cette dernière l’avait appréciée et accueillie à bras ouverts, maternelle et chaleureuse, faisant tout pour la mettre en confiance. Ce qui n’était pas le cas de son misogyne de mari. Celui-ci s’était montré durant tout le voyage ironique et condescendant, ne cessant de la piquer pour lui montrer qu’elle ne serait jamais à sa place parmi eux. C’était un despote autoritaire et borné, intransigeant, incarnant fermement les valeurs et la morale d’une noblesse qui tient à ses prérogatives. C’est de son air éternellement bougon qu’il s’adressa à Kate :
Kate, prise au dépourvu, se mit à rougir.
Elle enlaça Kate avec un air protecteur, jetant à son père un regard plein de défi. Agacé, il haussa les épaules avec résignation, se tournant vers sa femme.
Son visage se rembrunit. En disant cela, il pensait aussi à sa fille. Souvent, il se heurtait à Claire, une vraie révoltée, refusant l’autorité et s’enflammant pour ses rêves de jeune écervelée qui veut changer le monde, rester libre et indépendante. Il se demandait si son insolence n’était pas exclusivement guidée par un sentiment de rébellion, juste pour le contrarier. Si tel était le cas, c’était réussi. Il évaluait cette possibilité lorsque Kate, après avoir rangé les affaires de plongée, commença à mettre la table.
Toute la famille s’installa dans des fauteuils profonds disposés autour d’une table basse en bois acajou. Le salon était luxueusement meublé, avec un sentiment d’espace et de confort qui ne laissait en rien supposer l’intérieur d’un bateau. Le repas vint assez vite, délicieux et copieux, comme à l’accoutumée. Kate les servit en silence, puis se montra toujours aussi discrète lorsque chacun alla se reposer dans son coin. Jean-Louis s’endormit vite, bouche ouverte et ronflant allègrement sur le canapé. Hélène préféra s’installer sur le pont, étendue sur un transat, pour achever son livre. De temps en temps, elle levait les yeux de son livre pour regarder Kate s’activer. Claire alla dans sa cabine et en ressortit deux heures après pour réveiller doucement son père. Elle dut s’y reprendre à plusieurs fois pour le faire réagir.
Elle eut d’abord des grognements en guise de réponse, mais elle insista si lourdement que, dix minutes plus tard, il pestait encore tout en s’équipant pour aller plonger. Ce fut de mauvaise grâce qu’il sauta enfin lourdement dans l’eau, aussitôt suivi de Claire qui, gracieuse comme une sirène, eut vite fait de le rattraper et de le dépasser. Hélène s’était levée pour les suivre du regard. Son visage reflétait une vive satisfaction qui semblait s’accroître au fur et à mesure que son mari et sa belle-fille s’éloignaient.
Kate, assise sur le lit, ouvrit le tiroir de la table basse pour en sortir un livre. Elle s’était mise en maillot de bain et en sandales, décidée à s’accorder un peu de repos. Une douche bien fraîche lui avait fait beaucoup de bien, ôtant la sueur de sa peau, et elle comptait maintenant se relaxer sur une chaise longue avec le livre qu’elle avait entamé hier soir. Un programme tout simple qui lui convenait parfaitement. Elle allait saisir la poignée de la porte de sa cabine lorsque celle-ci s’ouvrit en grand, laissant apparaître Hélène qui, volontairement, lui barra le passage.
Sa voix était étrangement rauque, et l’employée remarqua le voile de ses yeux troubles. Hélène n’avait plus le paréo qu’elle avait enfilé pour passer à table, elle était simplement vêtue d’un maillot deux pièces. Elle était toujours maquillée à la perfection, de sorte que sa peau avait un éclat nacré, avec joues et lèvres d’un subtil rose lustré. Ses yeux d’un gris pénétrant s’encadraient de longs cils qui, soulignés du même trait noir que ses paupières, accentuait la beauté et l’intensité de son regard. Provocante, d’une démarche lascive, elle entra dans la cabine, repoussant du pied la porte derrière elle.
Kate en demeura sans voix. Ce comportement inhabituel avait de quoi la surprendre. Cette femme, en toutes circonstances, affichait une respectabilité à toute épreuve. Catholique pratiquante, elle était aussi puritaine que snob, amoureuse docile d’un mari despote et misogyne qui lui en faisait voir de toutes les couleurs. Soumise, elle courbait l’échine sans se départir de cette distinction qui la laissait forte et altière, une beauté glaciale qui avait toujours intimidé Kate. Rien à voir avec l’allumeuse qui cambrait maintenant la taille, épaules en arrière, gonflant la poitrine avec une telle agressivité que Kate se demanda un instant si le haut du maillot allait résister à une telle pression.
Hélène avança la main, lui effleura la poitrine avec douceur, glissant vite vers son ventre. Kate l’arrêta à temps.
Sans répondre, Hélène se colla à elle, seins tendus. Elle l’enlaça fougueusement, suspendue à son cou, lui griffant la nuque, vibrante de désir. Kate tressaillit comme si on l’avait piquée à vif, incapable de la repousser. Elle poussa un grognement éperdu lorsqu’Hélène l’embrassa avec une frénésie animale. Elle essaya de ne pas répondre à son baiser, tournant la tête, mais Hélène ne lui laissa aucun répit, repartant ardemment à l’attaque. Sans force, Kate n’eut pas le courage de lui résister une seconde fois. Leurs langues se trouvèrent hâtivement, voraces, affamées. Hélène la serra davantage, frottant son bassin et sa poitrine contre elle, remontant un genou entre ses cuisses. Ivres de désir, elles tanguèrent dans la cabine, puis basculèrent ensemble sur le lit. Un moment, Kate réussit à retrouver ses esprits pour s’inquiéter :
Kate voulut poser une autre question, mais des lèvres gourmandes l’en empêchèrent. Bientôt, elle n’eut plus aucune envie de parler. Lorsqu’elle rouvrit la bouche, ce fut uniquement pour gémir. Sadique, Hélène la caressait par-dessus le maillot, pressant ses doigts sur la fente intime avec un art consommé, la torturant sans pitié. Kate n’y tint plus, se déshabillant fébrilement. Comme si elle n’attendait que ça, Hélène s’empara avec empressement du vagin déjà humide qui se lubrifia encore plus alors qu’elle y enfonçait tous ses doigts, d’abord un par un, puis enfin tous ensemble. Kate se tendit en vibrant à sa rencontre, l’embrassant avec une telle sauvagerie qu’elle la mordit. Les yeux fous, suffocante, Hélène se redressa, puis elle se dévêtit hâtivement. Ses seins jaillirent, épais, fermes, aux mamelons dressés. Kate les prit à pleines mains, surprise par leur douceur, ravie de sentir les bouts réagir à ses caresses. Espiègle, Hélène se déplaça, lui échappant comme une anguille en glissant sur elle, puis Kate cria pour la première fois lorsque, penchée sur son bas-ventre, Hélène l’effleura de ses lèvres, glissant la pointe de sa langue sur ses poils, à quelques millimètres du vagin trempé. Kate se cambra violemment, le ventre en feu. Hélène ne répondit pas à ses attentes, jouant avec ses nerfs. Kate réussit à se contorsionner, lui collant son sexe contre le visage, la suppliant de passer aux choses sérieuses. Hélène ne put refuser l’invitation, elle aussi au supplice d’éviter ce sexe chaud et humide qui la narguait impitoyablement comme la plus délicieuse des gourmandises. D’un coup, elle la prit à pleine bouche, collant furieusement ses lèvres ouvertes contre ses chairs intimes, l’avalant presque entièrement d’une aspiration goulue, si voracement que Kate hoqueta de plaisir et de soulagement. Un instant, Hélène écarta le visage et reprit son souffle, avant de repartir à l’assaut pour la lécher encore plus profondément, allant et venant à une cadence accélérée, l’affolant d’habiles glissades de la langue pour faciliter la progression de ses doigts. Se sentant envahir toute entière, Kate grogna de plaisir, se tordit en tout sens, prise de tremblements convulsifs à l’approche d’une explosion imminente. Hélène la sentit au bord de l’orgasme et s’arrêta à temps, bien décidée à faire durer le plaisir. Elle remonta sur elle pour se déplacer au-dessus, se frottant fébrilement contre son sexe. Il ne fallut aucun effort pour qu’elle appuie son clitoris contre le sien d’un puissant coup de reins. Kate cria une seconde fois, la tête penchée en arrière, écartant les cuisses au maximum. Elle lui saisit les fesses pour lui imposer son rythme, la percutant de fougueux déhanchements qui s’accélérèrent. Mais Hélène était bien décidée à mener la danse à sa façon. Elle se souleva d’un coup de reins, retomba, collant toujours son sexe étroitement contre le sien tout en l’obligeant à modérer ses ardeurs pour lui donner sa cadence, plus lente et appuyée. Vaincue, Kate se laissa guider. Un sourire à la fois victorieux et béat sur les lèvres, Hélène oscillait sur elle, souple comme une liane, et chaque ondulation lui arrachait un long soupir animal. Bientôt, ses mouvements se firent plus impétueux, elle se cambra avec un frémissement incontrôlé, tendue et crispée, marmonnant des " oh oui !" dans un râle extasié. Soudées l’une à l’autre, elles s’étreignirent rageusement dans un rythme désordonné, emportées par la même frénésie sexuelle. Lorsqu’elles ne s’embrassaient plus, elles se dévoraient du regard, les yeux dans les yeux, en haletant comme des sportives qui s’encouragent mutuellement à dépasser leurs limites. Elles renversèrent la table basse, roulèrent au pied du lit, mêlant leur corps, leurs cris et leurs gémissements. Un délire commun qui dura deux longues heures, les laissant enfin haletantes et repues. Elles reprirent doucement leur souffle, se caressant mutuellement de gestes tendres. Kate lui demanda timidement :
Kate arbora une moue admiratrice.
Kate, de honte, se cacha le visage dans ses mains. Elle était aussi rouge qu’une pivoine. Hélène la cajola tout en tentant de la rassurer.
Kate se blottit dans ses bras en gloussant.
Elle hésita avant de continuer :
Hélène redressa la tête et l’observa comme si elle avait proféré une aberration.
Hélène sent sa respiration s’accélérer. Evidemment, elle en rêve jour et nuit de se glisser dans le lit de sa belle-fille pour lui faire l’amour comme elle ne l’a jamais fait, réalisant un fantasme qui la torture depuis deux ans déjà. C’est à la fois délicieux et insupportable, un désir interdit encore plus intense parce qu’il est tabou et honteux, lui faisant passer des nuit agitées et débridées, un plaisir jamais atteint dans sa solitude, mouillant et souillant les draps alors qu’elle se mord les lèvres jusqu’au sang pour ne pas hurler sa frustration. Et après le plaisir viennent les remords et la confusion, le dégoût de soi-même pour de telles pensées impures. Puis, le lendemain, le désir revient, encore plus tumultueux et intense, atteignant un paroxysme qui ne cesse de s’accroître au lieu de s’atténuer. Plus elle lutte et plus tout semble s’amplifier et s’accélérer, une spirale infernale dont elle ne sait comment se défaire. Kate plongea son regard dans le sien, comme devinant ses pensées intimes. Elle esquissait un sourire à la fois complice et grivois.
Hélène fut incapable de lui en tenir rigueur.
Sur ce, elle se mit en boule à ses pieds, lui maintenant les jambes levées alors qu’elle se lovait plus souplement dans la fourche de ses cuisses écartées.
Hélène s’exécuta. Déjà, elle avait du mal à respirer, oppressée par une excitation insoutenable. Kate lui effleurait à peine le bord de ses grandes lèvres, remontant jusqu’au clitoris, qu’elle s’entendit crier de surprise et de plaisir, emportée par un tourbillon vertigineux, prélude d’un orgasme encore plus inouï que les précédents.
Lorsque Kate remonta sur le pont, Hélène était de nouveau maquillée et parfaite. Elle devait avoir dans sa cabine toute une panoplie de produits de beauté pour paraître toujours aussi éclatante. Plus aucune trace des quelques heures de débauche qu’elle avait si ardemment partagées avec elle. Elle lisait un magazine, étendue sur le ventre sur une chaise longue, et daigna lever le regard par-dessus ses lunettes de soleil lorsqu’elle vint les rejoindre. Jean-Louis la laissa approcher avec un sourire à la fois moqueur et méprisant. Assis sur une serviette avec un livre, il cuisait et luisait comme un rôti à feu doux. Son front dégarni brillait d’un rouge fluorescent et, dans d’autres circonstances, Kate lui aurait conseillé de porter une casquette, un tee-shirt, ou au moins de s’enduire d’une crème de protection à indice élevé. Mais pas cette fois-ci.
Avant de s’enquérir le plus poliment possible :
L’homme partit d’un gros rire salace.
Volontairement, il passa une main taquine dans les cheveux de sa femme, dérangeant l’ordonnance méticuleuse de sa coiffure. Elle recula la tête avec agacement, le foudroyant du regard. Soudain, le sourire de Jean-Louis se figea dans un rictus effrayant. Il se leva d’un bond, le regard braqué au large, comme tétanisé. Inquiète, Hélène suivit son regard. Elle aperçut à son tour deux vedettes de la Gendarmerie nationale qui fondaient sur eux à une vitesse stupéfiante. Les bateaux semblaient sauter hors de l’eau, rebondissant de plus belle dans un épais rideau d’écume et d’embruns. Leur trajectoire les menait tout droit vers l’intérieur du chenal, avec une précision qui ne faisait aucun doute sur leur objectif. Jean-Louis sembla défaillir, et Hélène l’entendit alors murmurer dans une prière.
Aussitôt, elle eut peur d’en comprendre la signification.
La Polynésie Française. Atolls et îles de rêve perdus dans l’océan Pacifique, qui d’emblée inspirent enchantement et paysages majestueux. Des montagnes verdoyantes, des plages de carte postale, sable blanc et lagon translucide, relief onirique que les touristes émerveillés peuvent contempler de leur chambre aux premières lueurs d’un soleil rougeoyant. Ici, l’homme et la nature semblent avoir trouvé un terrain d’entente. Hôtels de luxe, résidences superbes et complexes de vacances se confondent dans une végétation luxuriante, où les bungalows prolongent divinement la beauté des lagons. On y vient pour en prendre plein les yeux, s’exclamer et s’émerveiller, se nourrir de la splendeur des paysages, des coutumes hautes en couleurs et reliques d’un autre temps, et partager des moments uniques avec ses habitants aussi généreux que chaleureux. Bref, on y vient pour passer des vacances inoubliables. Enfin, normalement. Pour la majorité des personnes. Mais pas pour Claire.
Pour elle, les vacances idylliques s’étaient transformées en cauchemar. Ici, dans ce couloir sordide et impersonnel, il n’y avait ni soleil, ni plage, ni récifs de coraux. Rien pour la faire rêver. La porte claqua derrière elle, l’isolant à jamais du monde extérieur. Du paradis. Pour lui donner d’emblée un avant-goût de ce que serait l’enfer dans cet endroit horrible. Deux gardiennes l’encadraient sévèrement. Visage impassible, yeux froids, démarche saccadée, elles ressemblaient à deux robots sans le moindre état d’âme. Elles l’accompagnaient tout le long d’un immense couloir où s’alignaient de chaque côté des cellules qui n’en finissaient pas de défiler. Dès la première cellule dépassée, une voix vulgaire cria :
Aussitôt, ce fut la bousculade. Des femmes s’accrochaient aux barreaux et, quand Claire passait devant elles, elles se permettaient des exclamations ravies et des commentaires salaces.
À cette dernière réflexion, les rires gras fusèrent de partout.
Affolée, Claire pressa l’allure, le visage figé par la peur. Ses pas et ceux des gardiennes claquaient sur le sol et résonnaient douloureusement dans sa tête comme le plus lugubre et le plus discordant écho. Un son métallique et répétitif qui semblait sonner le glas avec une réalité incontestable. Silencieusement, sans pouvoir se retenir, Claire se mit à pleurer.
Cela provoqua d’autres éclats de rire qui s’élevèrent dans une clameur sinistre. Claire eut envie de tomber à genoux pour les supplier d’arrêter. Et ce couloir qui n’en finissait pas… Enfin, les gardiennes stoppèrent ensemble devant une cellule. L’une d’entre elles, la tête tournée vers une caméra installée au bout du couloir, s’écria :
Une voix amplifiée par des micros retentit à travers tout le couloir.
Et la lourde porte coulissa sur sa droite. Comme une automate, Claire entra dans la cellule, les yeux embués de larmes. Aussitôt, derrière elle, la porte se referma dans un claquement lourd et sonore. Un bruit effrayant, insupportable, comme si un vide irréel et infranchissable venait de la séparer à jamais de son monde et de sa liberté. Sans force, Claire se sentit sombrer dans un gouffre infini, comme ce couloir interminable, et se laissa tomber mollement.
Françoise et Lucie émirent un cri de surprise. La jeune femme qui venait d’entrer était tout simplement splendide. Assez grande, svelte et élancée, aux longues jambes déliées, aux formes d’un galbe parfait et d’une rare finesse, aux attache fines, aux bras légers et harmonieux, avec une courbe gracieuse des épaules et un long cou racé, elle incarnait la féminité fragile et délicate d’une sensuelle beauté. La femme-enfant à l’état pur, aussi troublante que touchante. Elle possédait un petit visage ovale au teint rose et vivifiant, éclairé par de grands yeux d’un bleu pervenche qui, pathétiques et plein de larmes, semblaient les plus beaux au monde avant qu’elle ne les ferme pour s’évanouir. Sa bouche était ravissante, presque ronde comme un cœur, avec des lèvres pleines joliment ourlées. Son nez était droit, fin, le front large un peu bombé et dégagé par des cheveux soyeux qui partaient vers l’arrière en boucles d’or. Cette vision de rêve reposait inerte sur le sol et, ainsi immobile, semblait vulnérable et offerte, comme la plus délicieuse des offrandes. La chemisette réglementaire moulait comme une seconde peau des seins épanouis et divinement insolents qui pointaient vers le ciel comme des obus prêts à s’envoler. Il y eut à son arrivée un grand silence admiratif, que seules Françoise et Lucie rompirent sans s’en cacher. D’un même élan, toutes deux firent les premiers gestes lorsque Claire s’écroula sur le sol. Elles se précipitèrent pour la soulever avec soin, délicatement, comme s’il s’agissait d’un objet d’art. Elles la portèrent ainsi jusqu’au lit vide qui faisait l’angle.
Son amie, Lucie, approuva en silence avant de remarquer.
Françoise et Lucie se retournèrent vers celle qui avait posé naïvement la question.
Lucie et Françoise échangèrent un regard agacé. Il est vrai que cette ravissante et discrète jeune femme était arrivée la semaine dernière, et qu’elle ignorait bien des choses sur certaines règles particulières qui régnaient dans cette prison. Elles connaissaient son prénom, Lisa, étudiante en tourisme effectuant un stage à Papeete. Elle avait été condamnée pour un accident de la route dont elle était seule responsable et qui avait coûté la vie à un couple de retraités qui, pour son plus grand malheur, étaient des notables respectés de la ville. Une perte locale qui avait lourdement joué en sa défaveur, et c’est sur cette flagrante injustice qu’elle préparait sa défense en appel. En attendant, elle en avait pour quelques années à être détenue ici, aussi était-il temps de la mettre au parfum, question de lui donner un aperçu du sinistre endroit où elle avait échoué. Ce fut Lucie qui s’en chargea.
Lucie ne répondit pas. Elle jeta un bref regard à son amie qui s’occupait d’humecter le visage de la nouvelle arrivante à l’aide d’une serviette. Elle le faisait avec tant d’attentions qu’elle en ressentit une pointe de jalousie. Pour ne plus y penser, elle reporta son attention sur la petite et adorable Lisa. C’était une jolie blonde aux cheveux très courts, avec un corps fin et menu. Sa peau était pâle et blanche comme du lait, lui donnant un air encore plus fragile. Le visage rond était pur et innocent, rayonnant de vie et de bonté, avec de très grands yeux ouverts sur le monde, francs et curieux sur tout ce qui l’entourait. Malgré son intérêt pour les gens et toutes choses de la vie, elle ignorait ce qui était mal et ne retenait que ce qui était bon ou généreux, ce qui la rendait aussi naïve qu’attachante. Le cœur sur la main, dévouée et chaleureuse, réservée et discrète, elle pouvait difficilement se faire des ennemies, attirait peu l’attention et se fondait tout aussi naturellement dans le décor. C’était, jusqu’ici, ce qui lui avait permis de s’en sortir sans dommage. Pour l’instant… Jusqu’à ce qu’une femme jette son dévolu sur elle, ce qui ne tarderait pas à arriver un jour. Lisa, en plus d’être jolie, possédait aussi beaucoup de charme, dû sans doute à sa façon de s’exprimer qui avait quelque chose de comique, qui enchantait et amusait la plupart des détenues. En effet, Lisa avait un accent chantant du midi de la France, à la fois adorable et enfantin, avec des intonations aiguës et étonnées. Tout cela était délicieux, en parfaite harmonie avec son visage poupin.
Lucie retint un sourire. Ici, et avant, beaucoup de filles avaient aussi des fiancés ou des maris qui les attendaient à l’extérieur. Mais, à l’intérieur de la prison, c’étaient d’autres femmes qu’elles aimaient et partageaient dans leur lit, prêtes à tout pour un peu de tendresse… Lisa était comme les autres, de chair et de sang, avec ses faiblesses et ses émotions, et elle finirait pâmée et roucoulante dans les bras d’une autre femme bien plus vite qu’elle ne le pensait. Qu’elle le veuille ou pas, elle n’y échapperait pas. À cet instant, un gémissement lui fit relever la tête. La nouvelle venue venait de se réveiller.
À travers un brouillard, Claire enregistra comme dans un cauchemar la grande pièce froide, impersonnelle, une triste cellule aux murs gris et sales, bariolés à certains endroits de graffitis et d’inscriptions obscènes. Des lits de camp étaient alignés sur trois rangées, avec des armoires tordues et défoncées posées tout contre le mur. Une porte décrépite était ouverte sur ce qui semblait être des W.C. En respirant, Claire ressentit un terrible malaise qui lui donnait à chaque fois l’impression d’étouffer. Elle cligna des yeux en observant avec attention les têtes qui venaient de se pencher au-dessus d’elle. En voulant se redresser, elle eut comme un éblouissement et se laissa retomber sur le lit. Françoise la saisit aussitôt par les épaules et s’enquit :
Claire gémit tristement :
Elle était au bord des larmes. Françoise murmura avec compassion :
Elle lui toucha le front, puis lui caressa le visage avec une infinie douceur.
Elle continua de lui susurrer des mots apaisants à l’oreille. Mais Claire se mit soudain à se tortiller sur son lit en suffoquant, le corps luisant de transpiration. Elle murmurait « Hélène » sans discontinuer, comme une prière désespérée. L’une des détenues remarqua :
Françoise opina tristement de la tête, sans cesser de veiller sur Claire. Elle lui saisit les bras pour la maintenir étendue sur le lit, tout en la réconfortant de paroles et gestes tendres.
Alors, d’un geste naturel, pour lui permettre de mieux respirer, elle lui déboutonna la veste jusqu’au nombril. Claire se retrouva la poitrine nue, sublime et troublante, alors que ses seins volumineux se soulevaient difficilement. Françoise sembla fascinée, ses yeux écarquillés contemplant la finesse du cou, la fragilité de la gorge frémissante, le galbe magnifique des seins fermes et opulents, la finesse de la taille élancée. Jamais elle n’avait vu autant de grâce et de splendeur chez une femme, et ce fut la gorge sèche qu’elle s’extasia :
Elle était littéralement envoûtée. Perdue dans sa contemplation, elle caressait avec fièvre le visage de poupée, sans se lasser. Claire, de plus en plus malade, se mit à geindre.
Elle était agitée par une forte fièvre.
Françoise se redressa et hocha vigoureusement la tête.
Lucie, furieuse, répliqua :
Puis elle se tourna vers les autres filles.
Un grand silence gêné lui répondit. Lucie, seule, émit un grognement de mécontentement. Puis, avec un geste rageur, elle s’éloigna à l’autre bout de la pièce. Lisa, qui avait assisté avec attention à la scène, se sentit impressionnée par la force de caractère de Françoise et son autorité sur les autres détenues. Mais, en même temps, beaucoup de points lui demeuraient incompréhensibles. Surtout cette scène de jalousie qui avait un instant opposé les deux femmes. Se pouvait-il qu’elles soient bien plus que de simples amies ? D’après les mœurs dont elle venait de prendre connaissance, cela n’aurait rien d’étonnant mais, si tel était le cas, l’arrivée de cette superbe jeune femme ne présageait rien de bon, ne ferait qu’attiser les désirs de l’une pour attiser la jalousie de l’autre. Après tout, elle s’en moquait. Déjà, ce détail lui paraissait vite anodin. Rêveuse, elle pensait maintenant à la journée de demain où, folle de joie comme chaque jeudi lors de la distribution du courrier, elle se précipiterait sur la lettre envoyée par son fiancé. Cela seul comptait…