n° 10133 | Fiche technique | 53540 caractères | 53540Temps de lecture estimé : 30 mn | 10/02/06 |
Résumé: En octobre 2005, la Québécoise Lys d'Oran publie son premier récit sur Rêvebébé, "La lesbienne qui aimait un homme". Domi Dupon, qui a déjà commis quelques récits sur ce site, dont "Noël/Noëlle", en fait une critique dithyrambique. | ||||
Critères: fh fhh fbi hbi hplusag fplusag frousses gros(ses) groscul hotel voyage volupté cérébral fmast cunnilingu fgode nopéné ecriv_c | ||||
Auteur : Lys d'Oran & Domi Dupon (2 auteurs de Revebébé se rencontrent et écrivent à 4 mains) |
DEBUT de la série | Série : Ludo vs Elise Chapitre 01 | Épisode suivant |
Quand un Français, pur hétéro, ex-amant d’un trav, rencontre une Québécoise, lesbienne, amante d’un gay…
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Alors chuis r’parti sur Québec Air, TransWorld, Northern, Eastern, Western…
p’i Pan-American…
Lorsqu’il se pencha vers le hublot, Ludo admira l’ombre de l’Airbus, tache noire glissant sur la blancheur immaculée du Groënland. Cette tache noire, c’était lui qui avait souillé tout ce qu’il avait touché. Se renfonçant dans son siège, il ferma les yeux et plongea dans son passé. En quelques flashs, il revécut la succession d’évènements qui l’avait conduit à ce vide affectif dans lequel il tentait de surnager aujourd’hui. Cette vie familiale, somme toute banale, mais heureuse avec Josette. L’apparition de Noël. Son désir/amour pour lui jusqu’à le faire devenir Noëlle. Le partage de cet Amour avec Josette. Et puis la chute : la jalousie jusqu’à l’obsession. Le rejet des deux êtres. La solitude. Depuis, et ça allait d’abord faire trois ans, il s’était totalement immergé dans son travail. Et les affaires marchaient ! C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il volait vers Montréal. Il collaborait depuis plusieurs mois avec une grande société canadienne qui travaillait sur le réseautage informatique et il devait rencontrer les pontes de cette entreprise pour adapter ces produits au marché français et finaliser leur accord.
Mais il n’avait personne avec qui partager cette réussite. Pourtant ce soir, il allait dîner en tête à tête avec une femme… Une éternité que cela ne lui était arrivé ! Une drôle de dame, d’accord ! D’abord seulement une voix off traduisant les propos de ses interlocuteurs anglophones lors des vidéoconférences, Elise était en fait la personne avec laquelle il avait le plus travaillé. Son agence avait en charge tout le boulot de traduction et d’interprétariat. Ils avaient longuement et régulièrement correspondu par courrier, par courriel et par téléphone. Tant qu’ils n’échangèrent qu’à travers le mode écrit, leurs rapports restèrent uniquement et froidement professionnels. Mais, au fur et à mesure de l’avancée des négociations, ils durent recourir de plus en plus fréquemment au téléphone. La fraîcheur et le naturel de son interlocutrice, rapidement, abaissèrent certaines barrières. Ludo se prit à apprécier ces conversations et une certaine complicité naquit. Progressivement, ils quittèrent le terrain unique du business pour s’aventurer sur un terrain plus privé. Enfin, surtout Élise, Ludo gardant pour lui ses secrets.
Pourtant, peu à peu, sa garde tomba. Il faut dire que, avec une naïveté touchante, Élise lui avait appris qu’elle était mariée… avec une femme ! Son aveu, autant par le naturel avec lequel il avait été énoncé que par le fait qu’il l’excluait en tant que dragueuse/draguable potentielle, le rassura. Il se laissa aller à parler de sa solitude, de son mariage raté (sans entrer dans les détails, bien évidemment). Il en arrivait à attendre ses coups de fil, seul contact un tant soit peu vivant qu’il avait avec le monde extérieur. Et, ainsi, tout à fait naturellement, alors que ça ne faisait en aucun cas partie de ses obligations professionnelles, quand le voyage au Canada fut décidé, Élise lui proposa de s’occuper de son hébergement. Et il accepta.
De plus en plus souvent, ces dernières semaines, surtout depuis qu’il savait qu’il allait la rencontrer, qu’il allait dîner avec elle, Ludo se permettait même certains fantasmes.
Fantasmes sans importance puisqu’elle était lesbienne. Mais parfois, lorsqu’elle lui parlait, la sensualité qu’il sentait dans sa voix lui remuait le bas-ventre. Cette voix l’entraînait, s’il était seul, à se dégrafer, exhiber son sexe, se le caresser nonchalamment sans que cela ne débouche jamais sur une éjaculation finale. L’excitation retombait dès que le téléphone était raccroché.
Fantasmes sans importance puisqu’il aurait été incapable de la reconnaître dans la rue. De par ce qu’elle avait raconté de son physique, elle n’avait rien de cette nymphe androgyne qu’était Noëlle. Quand, le soir seul dans son lit, il s’imaginait baiser cette femme voluptueuse, rien ne venait lui rappeler son ancienne maîtresse. Ses mains ne rencontraient pas d’os mais des chairs fermes et malléables, un corps solide de femme saine sans apprêt. La pensée de ses doigts dans sa chatte humide, de sa tête enfouie entre ses seins confortables, de sa bite sur son ventre légèrement rebondi provoquait à chaque fois des érections consistantes. Mais dans la solitude de sa nuit, l’excitation ne tombait que lorsque le sperme recouvrait son ventre.
Mais son lesbianisme lui laissait peu d’espoir quant à la réalisation de ses fantasmes. D’ailleurs désirait-il réellement que ceux-ci se réalisent ! Il n’en était pas vraiment sûr ! Il n’empêche que cette simple évocation l’avait fait triquer et qu’il s’empressa de poser un magazine sur la bosse qui déformait son jean. Il ne tenait pas à ce que le passager à l’air constipé de prédicateur évangéliste qui occupait la place voisine se fasse des idées. Ludo dut s’avouer que la proche rencontre d’Élise l’émoustillait et l’effrayait…
Je rêvais d’un autre monde…
Élise glandait à l’aéroport de Dorval depuis plus d’une heure à attendre son nouveau client français, Ludovic Lefrançois. C’était bien comme elle de s’être rendue beaucoup trop à l’avance. Mais elle avait une étrange hâte de rencontrer ce client, Ludo comme il voulait se faire appeler. Elle lui avait parlé au téléphone à de nombreuses reprises ces derniers mois, depuis qu’on avait recommandé les services de sa boîte langagière. Si cette association marchait bien entre l’entreprise de Ludo et le fabricant canadien de matériel de réseautique qui était depuis longtemps son plus important client, ce serait une petite mine d’or : tout ce travail de rédaction technique, de traduction, de localisation et d’interprétariat en perspective. Jusqu’à présent, elle avait traduit pour lui les documents préliminaires, et avait interprété leurs négociations en vidéoconférence, mais ce n’était que de la petite bière comparé à ce que ce serait si l’entente que venait conclure Ludo devenait un partenariat officiel.
En consultant distraitement le tableau des arrivées internationales pour voir si le vol de Ludo avait atterri – encore au moins trois-quarts d’heure à faire les cent pas – elle se laissait rêver en récitant les noms des villes qui y étaient inscrits. Avec tout ce que lui rapporterait ce nouveau contrat, elle pourrait se payer des voyages comme elle en avait le goût. Ces derniers temps, elle ressentait le besoin de bouger un peu, de prendre un peu ses distances par rapport à son entourage. Et surtout elle devait faire quelque chose pour se ressaisir et arrêter de penser tout le temps à Amine. Cela devenait une obsession. Elle l’aimait, ils s’aimaient certes, et la découverte du plaisir qu’ils pouvaient se donner l’un l’autre avait été une révélation époustouflante. Ils se voyaient au moins une fois par mois et à chaque fois c’était divin, c’était la découverte, c’était l’ivresse absolue et totale. Elle planait quand Amine, ses lèvres charnues frôlant son cou, l’appelait son Lys d’Oran. Mais c’était toujours entendu qu’il était essentiellement gay et elle essentiellement lesbienne. Elle avait sa conjointe Gisèle. Il avait ses cent petits amants. Mais elle était si follement amoureuse de lui que cela devenait malsain. Il fallait se trouver d’autres (pré)occupations.
Il n’avait jamais été question de quitter Gisèle pour Amine. Elle aimait toujours Gisèle. Bon, d’accord, ce n’était plus l’amour fou depuis longtemps, et ce n’était certainement pas aussi torride au lit qu’avec Amine, mais c’était du solide, du durable, et elle n’avait pas l’intention de tout foutre en l’air pour un amoureux qui deviendrait tout aussi ordinaire s’ils se mettaient dans la tête de devenir un couple hétéro conventionnel. Régulariser sa situation avec Amine lui aurait enlevé tout son charme, tout son piquant. Donc, il n’en était pas question. Mais que faire pour ne pas se laisser glisser dans cette tendance de vouloir devenir Madame Amine ? Tout ce qu’il y a de plus toqué. Tout ce qu’elle détestait. Ce serait l’enfer. Jamais Amine ne se passerait de ses amants. La jalousie s’installerait inévitablement tôt ou tard. Et si elle avait de son côté des amantes, il lui faudrait leur expliquer la présence de cet homme dans sa vie, et même les lesbiennes les moins coincées ne comprendraient pas. Gisèle au moins comprenait, acceptait ou du moins tolérait, par amitié pour Amine qu’elle ne percevait pas comme un intrus ou une menace à leur vie commune. Elise avait songé, pas très sérieusement, à se distraire avec d’autres amants, mais elle aimait trop Amine et de surcroît, sa vie était déjà bien assez compliquée.
Néanmoins, depuis qu’elle avait redécouvert son côté hétéro, elle ne pouvait s’empêcher de mater certains hommes - discrètement toujours – ou même d’essayer de regarder des hommes qu’elle connaissait sous un autre jour. Elle se trouvait attirée par les mains de l’un, les plis aux coins des yeux d’un autre. Elle scrutait des hommes plus âgés ou plus jeunes qu’Amine, juste pour voir si cela avait une importance quelconque. À la longue, elle s’était bien rendu compte que tous les hommes qui lui plaisaient ressemblaient en quelque sorte à Amine : l’âge, la taille, le teint, les cheveux, l’accent, même parfois le sourire correspondaient ; mais in fine, ils n’étaient que de pâles répliques, que des décalcomanies transparentes et sans épaisseur. Personne ne pouvait tenir une chandelle à Amine. Surtout pas les hétéros purs et durs qui, apprenant qu’elle était lesbienne, ne pensaient qu’à une partouze où ils pourraient se rincer l’œil en regardant deux femmes faire l’amour. Ils l’imaginaient sans doute avec leur propre femme. Tous des cochons ! Quoique… Elle comprenait mal pourquoi ce phénomène si commun la dégoûtait tant, car rien ne pouvait l’émouvoir autant qu’admirer Amine avec un amant. Se croyait-elle vraiment supérieure à ces hommes ? Ce genre de voyeurisme venant d’une femme était-il nécessairement moins sordide ? Amine enlacé à un homme… Amine suçant habilement le sexe engorgé d’un amant, ou se faisant lui-même sucer sa queue si goûteuse, la tête renversée en extase… Amine sodomisant vigoureusement le délicieux Sammy devant elle, la fixant droit dans les yeux pendant qu’il se déversait dans son partenaire….
Une voix masculine grave à l’accent hexagonal la fit sursauter et la sortit de sa rêverie :
Sous quelle étoile suis-je née…
Ce « mademoiselle », qui fait vieillot parce que, au Québec, il ne s’emploie plus que pour s’adresser à une petite fille, la fit sourire. Eut-ce été un compatriote qui l’eut abordée ainsi, elle l’aurait traité de sexiste. Mais venant de ce Français, plus âgé qu’elle manifestement, elle se sentit un peu flattée. Même lui devait généralement appeler une femme de son âge « Madame ». Avec ses 46 ans, elle ne ressemblait guère à une vaporeuse et délicate demoiselle.
C’était au contraire une femme forte dans tous les sens, solidement bâtie, de taille moyenne, aux hanches larges et à la poitrine plantureuse, trahissant ses ancêtres paysannes qui avaient mis au monde des douzaines d’enfants chacune pour alimenter la Revanche des berceaux. L’une d’elles avait dû fauter avec un Irlandais, pensa Ludo. Malgré ses origines françaises pure laine, Élise avait une peau très claire parsemée de taches de rousseur sur le décolleté et les avant-bras, une chevelure d’un roux foncé chatoyant, et surtout, des yeux verts à faire rêver à travers ses sobres petites lunettes de femme d’affaires. La mâtine devait savoir que ses yeux étaient son meilleur atout. Son chemisier de soie brute vert pâle en était le reflet parfait et les mettait en valeur. Hormis cette petite coquetterie, Ludo remarqua qu’elle ne semblait pas du genre à s’attarder outre mesure à la mode ou aux apparences. Sa tenue était correcte et de bonne qualité, sans provocation inutile. Outre ledit chemisier vert, elle portait un pantalon noir dont la coupe affinait sa taille sans toutefois parvenir à dissimuler entièrement ses hanches callipyges. Manifestement, elle ne cherchait pas particulièrement à plaire. Femme bien dans sa peau aux goûts vestimentaires classiques sans être figés. Rien dans son apparence ne révélait ses (p)références sexuelles. Ni sa coupe de cheveux, courte mais très féminine, ni ses ongles adroitement vernis, ni son discret maquillage ne laissaient suspecter quoi que ce soit. Seule extravagance dans cette sobre sophistication, un rouge à lèvres un tantinet destroy assorti au vernis de ses doigts de pied. Soulagement de Ludo qui malgré ses fantasmes craignait de se trouver face à une de ces « hommasses », représentation caricaturale qu’il avait de la « gouine » de base. Rien de cela chez Élise : elle ne présentait évidemment pas le profil du mannequin anorexique mais elle était très féminine dans son ampleur…
Élise, par les vidéoconférences, connaissait l’apparence physique de Ludo, mais il se révélait plus grand qu’elle ne l’avait pressenti, un peu plus mince aussi quoique légèrement ventripotent (c’est vrai que la télé déforme). Tout de noir vêtu mais avec un certain cachet européen, un élégant laisser-aller, il lui fit penser à un de ses anciens profs de lettres françaises plutôt qu’à un homme d’affaires sérieux œuvrant dans le domaine du high-tech. Ça changeait des types ternes aux complets-cravates quasi identiques auxquels elle était habituée dans sa vie professionnelle. Cet homme avait du chien, et il dégageait une sorte de sensualité mélancolique. Le personnage, en chair et os devant elle, lui plaisait. Même beaucoup. Ses cheveux bruns un peu trop longs et en broussaille encadraient un visage aguerri – la figure de celui qui a fait souvent le tour du jardin, comme disait sa grand-mère - et surtout, surtout, ces yeux bleus si tristes qu’elle dût se retenir pour ne pas l’accueillir avec une tendre accolade. Cependant, distance gardée, elle lui tendit la main, tout business. Il sentit sa franche poignée de main peu typique des femmes françaises.
Il aima tout de suite sa mine joviale. Elle avait le sourire facile et le bon mot aux lèvres – qu’elle avait très jolies d’ailleurs, charnues et bien dessinées. Le moins qu’on puisse dire, pensa-t-il, c’est que pour une lesbienne, elle était plus qu’à l’aise avec les hommes. C’était son imagination ou elle était même un peu flirt ? En tout cas, elle était certainement bavarde !
Ludo ne répondit que d’un sourire. Elle l’amusait. Lui aussi était bavard de nature, ou du moins l’avait été jusqu’à ce que sa vie sentimentale s’écroule autour de lui. Mais la fatigue du voyage le rendait peu volubile, et à vrai dire il ne savait pas trop comment aborder cette lesbienne si différente de l’image qu’il s’en était faite. Il était aussi trop occupé à tenter de la détailler en y mettant suffisamment de discrétion pour qu’elle ne s’en aperçoive. Sa poitrine opulente qui donnait à son chemisier l’allure d’une mer démontée était telle que dans ses fantasmes.
Lorsque, Élise, en bonne hôtesse, prit la direction des opérations, il la suivit, profitant de la longueur du chariot à bagage pour jouir d’une vue panoramique sur son cul. Quel cul ! Vraiment rien à voir avec les culs aux hanches droites qu’il avait vénérés et baisés jusque là. Pas de lignes brisées, ni même de lignes droites mais deux courbes aux rondeurs très prononcées. Bien comprimées pourtant dans ce strict pantalon, ces deux rotondités n’en donnaient pas moins l’impression de vouloir s’en échapper. Ludo éprouvait une grande envie de « foutre ses mains au cul » de la belle Québécoise. Il s’en abstint. Ce n’était ni l’heure, ni le lieu, ni d’ailleurs dans sa manière d’être. De plus, malgré son attitude très familière, Élise s’adonnait aux plaisirs saphiques et, jamais, ne lui avait laissé entendre qu’elle avait du goût pour les mecs.
Elle le conduisit dans les dédales de cet aéroport international jusqu’au parking où était garée sa Camry blanche reluisante, qu’elle venait de faire laver pour l’occasion. Au grand étonnement de Ludo, elle prit sa valise d’une main et son volumineux porte-document de l’autre et les plaça dans le coffre sans effort. Une femme avec des muscles, manifestement, et peu habituée à ce qu’un homme fasse tout pour elle. Cela le laissa songeur. Il la laissa faire. Au fond de son regard, une petite flamme s’éclaira. Une éternité qu’une femme ne lui avait fait cet effet-là.
Ils s’installèrent dans la voiture et Élise remarqua les mains de Ludo lorsqu’il attacha sa ceinture. Des mains carrées, viriles et grandes, aux veines saillantes, comme elle les aimait, comme Amine les aimait aussi, d’ailleurs. Dans la voiture elle huma son parfum, et celui-ci était net et épicé. Aussi était-elle soulagée de se rendre compte qu’elle n’avait senti aucun effluve de cigarette. Soulagée, parce qu’elle avait oublié de lui dire qu’ici, la cigarette était strictement interdite presque partout, et de plus, s’était-elle surprise à penser, parce que c’était tellement plus agréable d’embrasser un non fumeur…
Ludo cherchait, vainement, comment rompre le silence qui s’était installé entre eux, mais les mots qui lui venaient à l’esprit étaient malséants. Il ne se voyait pas engager la conversation en lui posant les questions qui lui brûlaient les lèvres ; « Les taches de rousseur, vous en avez partout ? Enfin je veux dire sur tout le corps ? » ou encore « Votre minette, chère Élise, est-elle de cette même couleur ambrée que votre chevelure ? ». Heureusement, Élise lui sauva la mise.
Elle avait eu une forte envie de rajouter « et j’ai encore plus de mal à me priver de belles bites bien tendues », mais ce serait évidemment très déplacé à ce stade-ci de leur relation. Elle se demanda d’ailleurs ce qui lui prenait d’avoir en tête de telles paillardises devant un client. Amine c’était autre chose ; lui et elle avaient été longtemps copains et comprenaient les balises de leur relation. Mais cet homme hétéro, visiblement en manque d’affection et sans doute en manque de sexe, c’était une autre histoire. Ludo ne ressemblait en aucune façon à Amine, sauf peut-être pour son accent hexagonal, mais il avait quelque chose qui lui plaisait énormément, qui l’intriguait même. Elle voulait tout savoir sur lui. Élise arrêta son regard sur sa main gauche qui tenait le volant. Une alliance en or brillait à son doigt. Elle ferait mieux de la fixer plus souvent ces jours-ci et penser un peu à Gisèle. Pourtant, ce Français, aucun doute, était séduisant. Elle se ressaisit et décida de jouer la guide touristique sérieuse. Ils filaient sur l’autoroute car à l’heure qu’il était la circulation, bien que dense, était encore fluide.
Elle continuait son baratin anodin mais Ludo ne l’écoutait plus réellement. Il se détendait, observant d’un œil de maquignon sa conductrice. Occupée par la conduite, son corps s’était relâché. Son décolleté baillait, laissant entrevoir cette peau au grain si particulier, cette blancheur laiteuse ponctuée d’une constellation de minuscules taches havane. Le dernier bouton attaché du chemisier résistait vaillamment aux attaques d’une poitrine trop longtemps comprimée qui, à chaque coup de volant, tentait de se libérer de son soutif de satin bordeaux. Elle ne devait quand même pas trop se priver de chocolat car le bourrelet qui l’avait fait rire tout à l’heure était bien réel. À son grand effarement, il trouvait ça charmant. Plus que charmant, érotique, puissamment érotique ! Il était annonciateur d’un ventre confortable, accueillant. Y poser sa tête, le couvrir de baisers humides, laisser ses mains s’égarer où leurs désirs les attiraient tandis que, amante aimante, Élise jouerait avec ces cheveux. Cette évocation, comme dans l’avion, déclencha chez lui une prémisse d’érection. Erection réconfortante pour lui qui n’avait pas bandé pour une femme depuis des mois et des mois ; mais érection qui pouvait être des plus gênante si sa voisine s’en apercevait. Il s’efforça de se concentrer sur le paysage et imprima un tour neutre à la conversation :
Ils entrèrent dans un quartier à saveur décidément plus européenne, aux rues étroites et pavées comme on en rencontre dans les vieux quartiers restaurés des grandes villes françaises.
Elle lui fit un clin d’œil, comme pour dire, « Je sais que pour vous, 200 ans, c’est avant-hier ! ». Ce clin d’œil le troubla. Il n’avait pas la berlue : elle lui parlait peut-être de « vieilles » églises, mais son sourire était toute concupiscence et lui racontait une histoire qui avait peu de rapport avec la religion.
Y’a d’la rumba dans l’air…
Ludo trouva ce lapsus très significatif ce qui le fortifia dans l’idée qu’il n’était pas le seul à avoir des idées.
La Camry s’arrêta doucement devant l’entrée d’un élégant immeuble Second Empire de six étages, qui portait un discret panneau où on pouvait lire « Hôtel des Intendants ». Un portier s’empressa d’ouvrir la portière pour Ludo, tandis qu’un voiturier se précipita vers celle d’Élise.
Il ne pouvait s’empêcher de penser que, si cette femme tenait mordicus à le suivre jusque dans sa chambre, c’est qu’elle devait avoir quelque dessein peu avouable. Il en était très flatté. Élise, pour qui se charger de tout semblait très naturel, déclencha la porte du coffre et indiqua les bagages au portier. Ludo se sentait vraiment comme un V.I.P. et cela lui faisait naïvement plaisir. Ils entrèrent ensemble dans un hall tout de marbre et de riches boiseries. Ils se dirigèrent vers le pupitre des réservations, où on les invita à s’asseoir dans de somptueux fauteuils, tandis que non moins de trois jolies jeunes femmes souriantes s’occupaient de son inscription. Ici, le client est roi, manifestement, jugea Ludo. Lisant dans ces pensées, Élise se pencha et lui chuchota :
En lui remettant sa clé électronique dans un étui de cuir sur lequel était inscrit le numéro de sa suite, l’une des hôtesses indiqua à Ludo le très bel ascenseur de fer forgé et lui souhaita un agréable séjour. Il découvrit qu’il lui fallait utiliser la clé dans l’ascenseur pour se rendre à l’étage voulu. Élise lui expliqua que c’était parce que sa suite occupait tout le dernier étage de cet immeuble.
Silence pesant dans l’ascenseur. Élise avait, soudain, perdu sa faconde. Seuls leurs yeux se parlaient. Une tension toute sexuelle s’installa entre eux. La porte s’ouvrit sur une grande pièce ensoleillée avec d’énormes fenêtres. L’étonnement enfantin dans lequel sa vue plongea Ludo détendit pour un temps l’atmosphère. L’opposition entre l’ameublement des plus modernes et ces hauts plafonds vieillots charmèrent le Français. Une porte-fenêtre donnait sur un balcon et, fin du fin, une cheminée détonnait admirablement dans ce décor moderne. Ludo se demanda si elle était opérationnelle. La plus minuscule des chambres dans un hôtel de cette classe à Paris lui aurait coûté le double.
La chambre était superbe et très aérée en ce bel après-midi de juin, et la vue sur la ville imprenable. Tout criait confort exquis.
Encore ce sourire si charnel, pensa Ludo. Ce sourire éclatant illuminait ce visage un peu trop rond. Des lèvres faites pour sourire, soit, mais aussi pour embrasser, pour lécher, pour sucer…
Elle fit un mouvement vers lui et effleura sa manche, mais sa main resta posée là et, à travers l’étoffe, Ludo sentait cette caresse devenir plus insistante.
De nouveau l’air s’épaissit, de nouveau le silence s’installa. Un geste de Ludo, un geste d’appel et ils se retrouvèrent dans les bras l’un de l’autre, le baise-en-ville d’Élise gisant à ses pieds. Leurs bouches se trouvèrent instantanément, violemment. Leurs langues, forçant inutilement leurs lèvres déjà ouvertes, firent connaissance. Sous la passion de leur première étreinte, leurs dents s’entrechoquèrent. Leurs bouches se séparèrent l’instant d’un rire pour aussitôt se recoller, s’y recoller. Langues se jouant l’un de l’autre, jouant l’une avec l’autre. Ludo avait empoigné les majestueuses fesses de sa partenaire et avait plaqué son ventre contre le sien. Son cœur et sa bite battaient la chamade. Il y a très, très longtemps qu’il n’avait pas été raide comme cela devant une femme et manifestement, cette érection ne laissait pas Élise indifférente. Contre sa poitrine, il sentait vibrer les tétons et le bas-ventre de la Québécoise commençait à onduler. Tirant allègrement le t-shirt du jean, elle avait glissé les mains sur la peau dénudée de son dos. Cette simple caresse fit courir un frémissement grisant le long de son épine dorsale. Ludo faisait glisser ses doigts sur ce cul de reine. Il avait l’impression que ses mains, trop petites, ne parviendraient jamais à faire le tour de ces lunes charnues. La texture de l’étoffe ajoutait encore à son excitation et jamais un cul si pourvu ne l’avait fait bander ainsi. Pourvu que… Putain de merde, pourquoi est-ce qu’il avait pensé à ça ? Le résultat fut immédiat et catastrophique ; il vit plus qu’il ne sentit sa bite se recroqueviller, se cacher honteuse au fond de son slip ! Il en aurait chialé ! La honte le submergeait ! Tout désir l’avait abandonné ! Élise se rendit immédiatement compte de la situation. Et en femme d’expérience, d’intelligence, elle fit glisser la tête de Ludo contre sa poitrine et doucement lui murmura :
Elle fit en sorte que Ludo la raccompagne jusqu’à la porte.
Quand la mer monte…
Élise déverrouilla la porte de l’appartement d’Amine avec la sage intention de s’installer devant son portable et faire avancer un peu son travail. Mais elle tournait en rond et n’arrivait pas à se concentrer. Elle repassait dans sa tête cet incident avec Ludo, et cela la perturbait à bien des égards. Nul doute qu’il avait voulu d’elle – elle avait bien décrypté ses intentions. La passion effrénée de ses baisers ne laissait planer aucun doute, sans parler de cette érection trop vite disparue. Il était épuisé et il n’était plus très jeune après tout. Cela en soi n’était pas bien grave. Ce qui la tourmentait plus, c’est qu’elle ne se reconnaissait plus dans ce comportement. Même dans sa jeunesse, elle n’avait jamais été du genre à se jeter sur quelqu’un si rapidement, si séduisant soit-il. Et puis il y avait Amine, le divin Amine qu’elle aimait tant, son Adonis Arabe. Consciente de leur entente tacite, elle savait que si elle lui avouait tout, celui-ci serait bien mal placé pour l’empêcher de faire quoi que ce soit ! Il lui dirait sans doute « Amuse-toi bien et raconte-moi tout par la suite », tout comme elle le faisait quand il lui disait qu’il allait rejoindre un de ses amants. D’ailleurs, il était justement chez un d’eux ce soir, et y passerait sans doute la nuit. Inutile de l’attendre. Pourtant elle aurait eu bien besoin de ses caresses en ce moment.
Se souvenant, pour une fois, de son épouse, elle appela Gisèle sur son cellulaire, espérant trouver là quelques mots de tendresse, mais cette dernière ne lui parla que de ses petits ennuis au boulot, du dernier mauvais coup d’un de leurs chiens, et d’un avis de cotisation d’impôt. Et en plus il semblerait que le toit coulait dans la salle de bains. Ah, la vie de couple ! Quelle passion ! Quel romantisme ! Elle s’apprêta quand même à quitter Gisèle en lui disant qu’elle l’aimait, et celle-ci lui souhaita un bon séjour à Montréal.
Sans trop savoir pourquoi, Élise avait omis de dire à Gisèle avant de partir qu’elle allait le chercher à l’aéroport, qu’elle s’était occupée de son hébergement, etc. Pourquoi ? C’était pourtant inoffensif. Normal qu’elle rende de petits services à un client d’un énorme potentiel.
Après avoir raccroché, elle s’allongea sur le grand lit d’Amine et ferma les yeux quelques minutes. Elle avait du mal à chasser Ludo de son esprit. Il faut dire qu’il l’avait mise dans tout un état ! Elle mouillait abondamment et les mêmes sensations non désagréables crépitaient toujours dans son bas ventre. Qu’avait-il dans son regard morose qui la chavirait tant ? Elle décida de penser plutôt à Amine, ce qu’elle fit sans peine. Une vague de chaleur douce déferla sur tout son être et la calma. Elle imagina ce corps parfait qu’elle aimait tant, nu près d’elle, ces yeux de braise qui lui fendaient le fond de l’âme lorsqu’ils faisaient l’amour. Elle repensa à lui avec Sammy, la force avec laquelle il l’avait si bien enculé, tous muscles saillants d’effort intense, s’agrippant aux énormes épaules de son amant, leurs testicules claquant bruyamment, pendant que Sammy, l’Américain, râlait de façon déchaînée. Du genre très directif, il hurlait « Fuck me ! Harder, man ! Harder ! God you’re such a power top !! Give it to me ! Fuck, I love your big cock ! ». Amine n’y allait que de plus belle, toutes ces obscénités anglo-saxonnes ne semblant pas lui déplaire du tout. Elle avait pris beaucoup de plaisir avec ces deux-là, et se commémorait chaque détail de ce tableau.
D’un trait elle se déshabilla, et tout de suite sa main trouva sa chatte trempée. Elle plongea deux doigts dans son vagin mais ce n’était guère suffisant ; à défaut d’un(e) amant(e), il lui fallait un gode et vite. De sa main libre, elle fouilla dans le tiroir de la table de chevet d’Amine, où elle savait qu’elle trouverait toute une rangée d’accessoires divers. Elle choisit un gros gode en silicone bleu avec vibreur intégré. Attends, Élise, attends, mais qu’est-ce que t’as ? Pourquoi es-tu si excitée ? Prends ton temps, savoure… Elle laissa un moment le gode à ses côtés et entreprit de se masser les seins doucement. Sammy y avait pris plaisir, malgré son inexpérience évidente avec les femmes. Fasciné par ce qu’il avait vu Amine faire à ses seins, il avait été partant pour essayer lui-même. Amine avait bien dit que Sammy suçait divinement, et sans aucun doute ses talents avec une bite se transposaient merveilleusement bien à des mamelons féminins. Elle avait joui comme jamais auparavant avec les lèvres de Sammy mordillant ses tétons et le sexe turgescent d’Amine s’enfouissant en elle par derrière, sa langue dans son cou, ses mains sur son cul. Le gode bleu pistonnait maintenant son vagin en flamme tandis que ses doigts s’activaient sur son clito engorgé. Son cinéma intérieur se déroulait sauf… sauf que… c’était Ludo qui avait pris la place du massif Sammy… Ludo, Ludo aux yeux si tristes, viens que je te réconforte, que je te réchauffe dans mon brasier, viens t’ouvrir pour la queue de mon Amine, viens découvrir des plaisirs inespérés, frotte doucement ta barbe contre mes cuisses grandes ouvertes, viens ici, viens en moi, viens, viens… LUDO !!!!
La puissance de son orgasme la plia brusquement en deux. Elle serrait contre elle un oreiller de toutes ses forces et gémissait inlassablement, haletante et étourdie. Ludo… Sammy… Amine…, ah, Amine, avec qui es-tu en ce moment ? Que fais-tu ? Penses-tu à moi ? Tous ces corps masculins et velus, ces sexes raides comme le fer, que devenait-elle ? Où était passé son lesbianisme autrefois si bien ancré ? À quand remontait la dernière fois qu’elle avait fantasmé sur une femme ?
Y’a une vie, après le resto…
Ludo, en galant homme qu’il était, s’effaça pour la laisser passer. Ils entrèrent dans le hall de l’hôtel. Le repas s’était bien passé. Elle l’avait amené dans un endroit feutré et tout à fait charmant, dont le nom très simple, « Terroir », évoquait les plaisirs des produits exquis qu’on y servait, une nouvelle cuisine québécoise raffinée comme on ne l’imaginait pas outre-Atlantique. Ludo, ayant dormi plusieurs heures, s’était remis de ses émotions de l’après-midi. Il n’avait pas affaire à une sotte petite minette, mais à une femme attentive, tout tact et compréhension. Sans mot dire, elle lui avait habilement laissé entendre que ce n’était qu’une parenthèse sans importance, qu’elle l’avait déjà refermée. Il se sentait vraiment à l’aise avec elle. Le décor enchanteur, le vin capiteux, cette présence bienveillante lui donnèrent envie de tout déballer. Aussi, leur conversation avait été un long monologue où pour la première fois Ludo s’épanchait, se vidait. Heureusement pour lui, Élise était une oreille compatissante car elle eut droit à Noël/Noëlle en version intégrale, sans sous-titre, ni censure. Pas seulement compatissante mais aussi rassurante sans être maternelle. Parvenant même, en laissant s’exprimer sa sensualité naturelle, à laisser entrevoir à Ludo une lueur, une promesse. Elle lui caressait doucement la main quand il arrivait à un souvenir particulièrement douloureux, et à la fin du repas, la porta silencieusement à ses lèvres et y posa un doux baiser, comme pour dire « Ça ira mieux maintenant ; cet épisode de ta vie est fini, ton avenir sera tout autre. » C’est ainsi que bras dessus, bras dessous, ils montèrent dans l’ascenseur.
À peine la porte de celle-ci refermée, Élise annonça clairement la couleur : elle enlaça Ludo, le colla à elle et lui « imposa » un tendre baiser lascif. Sa langue s’introduisit, sensuelle, entre les lèvres de Ludo qui s’ouvrirent sous cette douce attaque. Elle se contenta de titiller le bout de sa langue et de frôler ses dents. Il se sentait bien et s’abandonna dans les bras de sa compagne. Lorsqu’ils atteignirent la suite, elle lui susurra dans le creux de l’oreille : « Ne t’en fais pas, laisse-moi t’aimer, tu ne le regretteras pas. » Pendant que Ludo allait satisfaire un besoin naturel, Élise posa son sac à main dans la chambre au centre de laquelle trônait un lit aux proportions étonnantes. Deux personnes pouvaient tranquillement y passer la nuit sans jamais se rencontrer.
Ludo la rejoignit. Élise reprit son baiser où elle l’avait abandonné à la sortie de l’ascenseur. Cette fois, sa langue franchit la barrière illusoire des dents et se ficha plus profondément dans la bouche, s’enroula autour de celle de Ludo, la soumettant à ses exigences. Elle s’attaqua au boutonnage de la chemise de son partenaire. Celle-ci ouverte, elle la dégagea du pantalon. Dans un geste enveloppant, elle la fit glisser de ses mains caressantes sur les épaules musclées, descendre le long du dos pour finalement la jeter négligemment sur le lit. Cet affleurement ainsi que les frottements générés par la soie du chemisier provoquèrent l’apparition d’une crise de chair de poule sur tout le corps de Ludo.
Interrompant son baiser, Élise transporta sa bouche sur les parties du torse qu’elle venait de dénuder. Très émue par l’épais duvet poivre et sel qui recouvrait la poitrine et le ventre de Ludo, elle trouvait touchante et attendrissante cette preuve tangible de la course inéluctable contre le temps, pour elle comme pour lui. Ce guerrier pas encore vieux, mais visiblement usé par les aléas de la vie, venait se réfugier dans ses bras, contre sa poitrine chaleureuse, et elle tenait à lui redonner le goût de vivre, le goût d’aimer. Elle plongea les doigts dans ses poils, encercla les seins de Ludo, redescendit vers son ventre qu’elle caressa très lentement. Ses lèvres apposèrent leur marque sur tout ce qui leur était accessible avant de s’intéresser de très près aux tétons de Ludo qui, réactifs comme des tétons de femme, devinrent très durs sous son toucher délicat. Enchantée de cette découverte, phénomène si rare chez un homme, elle joua des lèvres avec l’un puis avec l’autre, pour finir par se fixer sur le téton droit et entamer une tétée digne d’un nourrisson affamé.
Ludo, s’il avait clairement abdiqué toute idée de diriger leurs ébats, n’en était pas pour autant inactif. Sa main droite, dans la rousse chevelure, accompagnait les activités buccales d’Élise tandis que la gauche, adroitement insinuée sous le chemisier, partait à la découverte. Retrouvant ses habitudes, ses doigts pétrissaient délicatement le dos offert. De la lisière du pantalon, en passant sous le soutien-gorge, sa main gauche remonta jusqu’à l’épaule. Cette caresse devait comprimer encore plus la poitrine de la jolie Québécoise. La vision de ces fruits bien mûrs écrasés par la soie du chemisier et le satin du soutif l’excitait. Son cerveau s’embrasait mais sa queue restait insensible.
Tout en continuant de torturer délicieusement ces tétons, (elle avait quitté le droit pour son jumeau) Élise, d’une main experte, s’attaquait au ceinturon qui se rendit immédiatement. Devant cette franche offensive, devant la lâche reddition du zip qui se baissa sans combattre, le jean se retrouva à tire-bouchon sur les chevilles de Ludo. Une trêve fut implicitement décidée afin que Ludo puisse se débarrasser de son jean et de ses boots. Élise en profita pour ôter ses sandales.
Quasiment nu devant elle, Ludo se sentait un peu gêné. Dernier rempart, un slip noir. À croire que c’était la seule couleur qu’il connaissait. Élise apprécia son petit cul, les fesses bien moulées et soulignées par la couleur du slip. Sur le côté face, c’était le calme plat. Même si la bosse qui déformait le tissu présageait d’agréables moments quand la bête se relèverait. Élise termina le déshabillage et le slip rejoignit le futal. Au passage, elle ne put s’empêcher de saluer d’une paume curieuse les fesses de l’homme, d’en apprécier la fermeté (pas trop flasques pour son âge). Elle déposa quelques bisous amicaux sur le membre inerte. Elle mourait d’envie de prendre ce sexe dans sa bouche et le sentir se gonfler sous ses succions, mais elle jugea bon de patienter, de laisser son corps trouver lui-même le cours de son désir. Elle se contenta d’effleurer légèrement ses testicules puis de remonter caresser la broussaille de ses poils pubiens, en route vers son ventre, son nombril, cette poitrine qui l’émoustillait de plus en plus, pour finir à ces joues barbues et cette bouche si accueillante.
Il ne lui obéit pas. Il se précipita. D’une part, parce que ça lui permettait de fuir cette situation ridicule et aussi, surtout parce qu’il désirait VOIR ce corps qui le faisait fantasmer bien qu’il fut si loin de ses critères habituels. Il s’efforça au calme pour, avec une tendresse retrouvée, libérer son buste. Le chemisier ôté, il prit un peu de recul pour…. admirer ses seins. Le soutif en satin bordeaux qui les tenait encore prisonniers ne les cachait pas réellement. D’ailleurs un téton facétieux s’en était déjà échappé et lui faisait un clin d’œil coquin. Plutôt ronds, d’un volume respectable, d’un aspect sympathique, ils semblaient encore bien se tenir et leur propriétaire pouvait en être fière.
Ce qui étonna Ludo : leur carnation quasi diaphane. Point de tâches de rousseur mais seulement une blancheur extrême, encore plus blanc que le ventre. Cette blancheur virginale le remua. Il comprenait mieux l’attirance de certains pour les rouquines.
Ce qui le rassura : les deux tétons tendus, relevés qui le regardaient droit dans les yeux. Son absence d’érection ne semblait pas perturber sa partenaire. Finalement, songea-t-il, il était peut-être bien tombé : une lesbienne peut facilement se passer d’un pénis en érection pour trouver son plaisir. Elle semblait comprendre intuitivement combien il la désirait malgré tout.
Élise interrompit sa contemplation en désignant d’un doigt ferme l’attache de son soutien-gorge. Maladroitement, Ludo parvint à vaincre la malédiction de l’agrafe et écartant les bonnets délivra les deux globes laiteux de cette dernière entrave. Exit le soutif.
Ludo ne se fit pas prier et, comme dans ses fantasmes, enfouit sa tête entre ces mamelles digne d’un Rubens. Il les couvrit de baisers, tandis que ses mains les malaxaient, les soupesaient, les trituraient. Pour être fermes, ils l’étaient. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, ses lèvres s’en prirent aux tétons qu’elles dégustèrent tour à tour, comme Élise l’avait fait précédemment. Il se noyait dans cette poitrine, se perdait au détour d’un téton. Parfois ses doigts rencontraient sa bouche. Doigts qui pinçaient, tiraient, tournaient et retournaient des tétons de plus en plus durs, de plus en plus gros. Élise gémissait bruyamment et agrippait son dos, caressant lascivement sa nuque et ses épaules. Une femme faite pour l’amour, hautement réactive, d’un enthousiasme naturel et sauvage. Il en avait le feu à la tête, le feu au ventre mais à son grand désespoir toujours pas le moindre signe de bandaison. Bien sûr, sa bite était parcourue de spasmes précurseurs mais rien de plus. Il aurait sans doute continué, continué mais Élise, d’une voix cassée, le repoussa :
À regret, Ludo délaissa cette gorge si accueillante pour « finir le travail ». Avec la même maladresse, il dégrafa le pantalon et dans une lente caresse descendante le fit glisser le long des cuisses avantageuses. Et toujours cette blancheur laiteuse. Princesse irlandaise. Fée Viviane. Point de faute de goût, la culotte était assortie au soutif.
Les fesses imposantes distendaient le satin d’une manière indécente. Ludo était impressionné : un tel cul ! Homérique ! Envie de toucher. De constater tactilement la réalité de ce cul, la consistance qu’il devinait douillette. Il se laissa aller à son envie. Tombant à genoux, sans précaution, il fit disparaître le petit morceau de satin bordeaux. Sa bouche se retrouva ventousée au bas-ventre de la jeune femme ; ses mains, lancées à l’assaut des chairs toujours fermes, leur firent subir le même sort qu’elles avaient fait subir auparavant à la gorge plantureuse : elles les malaxaient, les soupesaient,les trituraient.
Sous cette poussée, Élise recula, suivie par Ludo, toujours agenouillé, sans que ni la bouche, ni les mains ne lâchassent leurs proies. Recul calculé, car si les manigances entreprises par Ludo lui convenaient fort, elle trouvait la position peu propice aux épanchements qu’elle en attendait. Sa retraite l’amena contre le lit. Elle s’y laissa tomber gaillardement entraînant Ludo qui se retrouva la bouche ventousée au vagin de la belle, situation forcément très agréable, mais les mains coincées sous le robuste séant d’icelle, situation moins enviable. Prenant une position plus adéquate, la jambe gauche pendant à l’extérieur du lit, le pied droit posé sur l’épaisse couette de manière à offrir à Ludo toutes les possibilités de s’exprimer, Élise libéra les mains de son amant. Celles-ci se hâtèrent : une, la droite pour être précis, trottina sur le ventre pour rejoindre un sein. L’autre, donc forcément la gauche, retourna à la petite porte pour en surveiller l’entrée et reprendre ses activités. Les doigts se glissèrent dans le profond ravin culier, allant chatouiller une sublime rosette qui frémissait un peu plus à chacun de ses attouchements. Sa bouche n’ayant aucun téton à sucer, abandonna la vulve, se rabattit sur une petite tige encapuchonnée qui semblait n’attendre que ça. D’abord, il la lécha consciencieusement, l’humidifia avec sa salive ou avec une certaine liqueur que sa langue avait trouvé plus bas.
Les caresses de Ludo avaient enclenché chez Élise une production importante de cyprine et celui-ci en avait plein la barbe. Les mouvements de langue autour du clitounet engendraient des mouvements parasites du menton. Celui-ci appuyait contre les lèvres, qui s’ouvraient sous cette douce pression et en subissaient les caresses insidieuses. Ludo alternait les poussées contre l’anus et les agaceries sur le clitoris. Élise entra dans le jeu : son bassin oscilla, d’abord au rythme donné par Ludo. Peu à peu, elle imposa sa propre cadence, arrachant sa tige des lèvres de son amant pour que le pouce de celui-ci pèse plus fort sur sa rosette ou au contraire, jetant son bassin en avant contre la bouche de Ludo qui alors aspirait goulûment ce féminin phallus, frottant, frottant son menton contre le sexe maintenant trempé. Ludo entendait la respiration sifflante, les soupirs bruyants et révélateurs. Il voulut pénétrer sa vulve avec ses doigts mais elle l’en empêcha. Des mains appuyèrent sur sa tête et collèrent sa bouche contre le clitounet frémissant. Clitounet tellement frémissant qu’il se servait de sa bouche comme d’un vagin. Ludo était en train de se faire baiser la bouche par une femme. Soudain, au-dessus de lui, le souffle s’accéléra, Élise gémissait de plus en plus fort, hurlait son plaisir, ses ongles se plantèrent dans ses cheveux, ses mains redescendirent sa nuque fermement pour aller saisir ses épaules avec une force peu commune. Il sentait la cyprine couler le long de son menton. Élise venait de jouir et lui ne bandait toujours pas.
(à suivre….)