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Temps de lecture estimé : 8 mn
10/08/06
Résumé:  La genèse, la rencontre. Une femme chagrinée par une perte. Un homme qui en tombe simplement amoureux
Critères:  fh frousses rousseurs amour volupté fellation pénétratio
Auteur : Ed Benelli  (Et bien, j'espère vous faire rêver.)            Envoi mini-message

Série : Juillet sous l'eau

Chapitre 04
Endormie contre moi

Endormie contre moi



Je l’ai rencontrée par hasard, un détour étrange des méandres d’internet. On aurait jamais du s’accrocher autant. En fait on aurait jamais du s’accrocher tout simplement. Mais on s’est plu. Elle avait à venir au Québec, elle avait à venir chez moi, ou enfin, tout près. Pure coïncidence. Le billet était déjà acheté quand on s’est parlé la première fois.

Billet acheté, bagages entamés.

J’ai jamais su exactement ce qu’elle venait faire. Elle a parlé de la famille qu’elle avait par ici.

La première fois que je l’ai vu c’était dans un café, au centre-ville. Simple rencontre, une petite heure, entre deux rendez-vous, entre deux visites. On avait tenu à se voir, pourtant c’était futile. On espérait peut-être se trouver laid et s’oublier.

Mais non, l’heure c’est transformé en retard de visites, en report de rendez-vous, en rires, en joies. Puis on s’est baladé.


C’était en février, je me souviens bien. Qu’est-ce qu’il faisait froid. Je me trouvais complètement débile de me promener sur la rue St-Denis, avec ses échoppes aux vitres givrées, avec ses pubs, ses restos, ses bars. Mais, on s’amusait bien. Sophie était déjà venue en vacances, je ne faisais pas le guide.

On s’est arrêté au bassin du parc Lafontaine. Qu’est-ce qu’il faisait froid. J’adorais ses joues rouges, ses petits reniflements. Ses dents parfaites, ses belles lèvres charnues, ses taches de rousseur, sa beauté sans maquillage, sans apparat.

Elle portait ce bonnet rouge qui me semble être fait de ses cheveux. Mes mains, enfouies dans mes poches, me brûlaient. Je désirais tout bêtement lui caresser doucement le visage, j’imaginais la lumière diffuse d’un feu qui bougeait sur ses sourcils et sa peau.




Le bleu de l’hiver. Un Montréal congelé, la neige immaculée, les nuages striant un ciel figé, même le soleil, qu’on voyait à peine, dans son jaune faiblard, donnait l’impression qu’il ne ferait plus jamais chaud à nouveau.

Ses yeux brillaient. Trop pour moi.

Elle observait les premiers pas d’un enfant sur la glace, ses lèvres ourlées dans un demi-sourire tendrement amusé. Moi, c’est elle que j’observais.




Sophie plongeait ses prunelles noisette dans les miennes.


« Si tu réponds, tu risques tout. Si tu l’embrasses, tu risques tout. Oui, mais au moins tu auras goûté ses lèvres. »


Je l’ai fait, j’ai sorti de ma poche de manteau, ma main chaude, je lui ai caressé le cou et la joue du pouce et je me suis approché un peu, pas trop. Elle a avancé aussi et c’est elle qui avec toute sa volonté, m’a dévoré les lèvres. Ses moufles me fouillaient les cheveux, mes doigts courraient le long de son cou et nos lèvres n’avaient plus qu’envie de chaleur.

Quand nous nous sommes arrêtés, elle avait les yeux un peu embués, mais toujours brillants, vivants, fascinants.

Elle s’est levée, dans le froid de l’hiver, m’a tendu la main. Je l’ai prise en me redressant et ensemble nous sommes partis, oublieux des rendez-vous et des visites. En marchant pour rentrer, quelque chose dans ses yeux avaient changé. Pas seulement ses yeux en fait.


Sa démarche se faisait hésitante, ses pas étaient empressés, ou alors elle restait derrière moi, en retrait. Sa main dans la mienne, ses doigts serrant ma paume, comme si elle n’eut voulu que me désirer partiellement. Ses yeux me disaient le contraire. En traversant le parc près de chez moi, elle s’arrêtait à tous les arbres, m’entraînait avec elle sous les branches enneigées, pour m’embrasser à pleine bouche, pour m’enseigner tout ce qu’elle savait sur l’art du baiser.

Et elle en savait long. Sa langue douce et chaude, ses lèvres et tout son corps semblait répondre avec enthousiasme et envie. Sophie s’était transformée. Ses mains me tiraient contre elle, m’auraient griffé le dos n’eussent été les quinze épaisseurs de vêtements.

Quand on se séparait, elle se mordillait les lèvres et expirait fortement, comme essoufflée. Dans ses yeux, le plaisir et l’envie ne cachait qu’à moitié quelque chose de plus obscur. Je ne voulais voir que sa beauté et sa joie, son envie, mais quand mes yeux plongeaient dans les siens, j’y décelais trouble et chagrin.


La porte de mon appartement se refermait sur nous, nous cloîtrant du monde extérieur, au moment où elle me plaqua à nouveau contre le mur. Je perçus les derniers bruits de voiture, étouffés par la neige, avant que toute mon attention soit captée par ses lèvres sur les miennes. Sa langue a forcé son chemin jusqu’entre mes dents et elle a fouillé partout pour prendre la mienne. Sophie se plaquait fiévreusement contre moi, me serrait les fesses dans les mains et moi j’avais crocheté les miennes dans les plis de son lourd manteau.

Elle eut un gémissement étouffé alors qu’on se séparait encore. Ses yeux vibraient tellement.

J’ai déverrouillé ma porte rapidement et j’ai ouvert en grand.

Tous seuls, nous étions totalement seuls.

Et la tempête recommença. Sophie m’empoigna par le col de mon manteau pour me dévorer à nouveau les lèvres.


J’ai fermé les yeux après elle et me suis laissé porter par sa douceur endiablée. Puis, j’ai senti quelque chose d’humide contre ma joue.

J’avais ma main dans son cou que je flattais le plus délicatement que je pouvais. J’ai entrouvert un œil et j’ai vu cette femme magnifique, entrain de m’embrasser, les yeux fermés sur un malheur que je ne connaissais pas et qui le pleurait en gémissant. Il me vint l’envie d’arrêter pour lui demander ce qui n’allait pas, elle dut sentir que je m’éloignais et resta accrocher à moi.

Cette larme unique que j’avais vu, me troubla tout autant que sa main qu’elle pressa entre mes jambes. Je crois qu’en cet instant, j’oubliai bien égoïstement sa tristesse.


Elle fit passer mon polaire au-dessus de ma tête et le laissa retomber au sol, tandis que je m’appliquais à déboutonner son manteau et, d’un mouvement d’épaule, m’aida à le lui retirer. Elle enleva son bonnet en riant et en ébouriffa ses cheveux d’une main vive.

Sans gêne, me regardant droit dans les yeux, elle lécha la larme de la pointe de sa langue, n’en effaça même pas le sillon brillant. Je lus dans ses yeux, qu’aucune question ne serait admise et de toute manière elle posa son doigt en travers de mes lèvres. Elle ne me laissa pas plus de temps.


Elle tomba à genoux devant moi et défit d’une main trop habile mon pauvre jean délavé. Sophie le descendit jusqu’aux genoux et fit suivre à mon slip le même chemin. Ses sourcils roux s’arquèrent un instant, curieux et ses prunelles noisette brillèrent alors que sa main passait entre mes jambes pour saisir mon sexe et le presser entre ses doigts graciles.

Je ne résistai pas et fut pris d’une fulgurante érection qui fit relever ma chemise. Alors qu’elle passait ses doigts tout autour de mon membre et débutait une lente et délectable masturbation, je retirai chemise et t-shirt et me laissai aller contre le mur, tout à mes soupirs qui semblaient la combler. Je sentis son souffle contre mon sexe et ses mains qui travaillaient efficacement, puis sa langue chaude.

Bien vite, elle accéléra le tempo, mais j’avais bien trop peur d’écourter l’ébat. Ma main qui traînait dans ses cheveux descendit le long de sa tempe et lui releva le menton. Sophie comprit et se redressa.


Heureusement, le salon était là, rien que pour nous et je la poussai sur la causeuse. Elle s’y laissa tomber en riant, de tout son long, sur le dos, les bras étendus. Je me jetai sur son corps offert, la débarrassai de son pull gris que je fis passer par-dessus sa tête. Sophie s’arc-bouta, offrant ses seins pleins à mes yeux, les courbes merveilleuses de sa gorge blanche et j’entendis ses ongles crisser sur le tissu, au moment où, d’une main je défaisais son soutien-gorge et de ma bouche je plongeais dans sa poitrine pour me délecter de sa peau.

Amoureusement (et oui déjà) je pris une de ses mains dans la mienne, où elle tortilla ses doigts et plaquai l’autre sur ses côtes, laissant ma bouche s’emparer de ses mamelons l’un après l’autre pour en caresser les contours et les aréoles, les gober et les mordiller doucement, les titiller sans cesse.

Elle gémissait faiblement et son souffle disait tout. Parfois, un hoquet ou un soupir, ou de longues respirations. Sophie communiquait avec tout son corps comme je lui faisais du bien et je n’avais de cesse d’entendre ces sons encore et encore.


Lentement, ma main descendit le long de son buste pour rejoindre ses cuisses et les malaxer. Je passai entre elles et approchai mes doigts le long de son jean. Rendu à l’aine, je pressai plus fortement et finalement je caressai ce qui devait être son sexe à travers le vêtement.

Son souffle s’était approfondi, son torse reposait sur la causeuse et sa main avait laissé la mienne pour caresser mes cheveux. J’avais une envie folle de la prendre. Toute la fébrilité de l’allée semblait soudainement avoir pris possession de mon cerveau et je me rendais compte comme je la désirais.

Finalement, mes doigts se sont rejoints sur la fermeture de son jean qui succomba sous mes assauts. J’en ouvris les pans et le tirai sur ses genoux, tout comme elle avait fait du mien. J’ai caressé doucement son sexe à travers le string, puis je l’ai descendu aussi.

Elle avait une jolie chatte rasée de près, à l’exception d’un petit triangle trimé très court. Je l’ai embrassé délicatement, m’enivrant du goût léger. Je glissai ensuite le long de son corps, rejoignant son visage que je pris d’une main, et la regardai dans les yeux, tout en guidant mon sexe vers le sien.

Alors que je me frottais un passage vers son antre, elle a gémi et enfoncé sa tête dans les coussins moelleux. Ses joues ont très vite rougi et ses lèvres ont porté les soupirs d’aise qu’elle expirait alors que je m’enfonçais en elle. Je caressais son front, l’observant prendre tout son plaisir à cette simple pénétration et en retirant ma propre satisfaction.


Une fois ancrés ensemble, elle a posé une main sur mon torse et l’autre s’est accrochée à mon épaule et c’est ainsi, alors que mes bras étaient étendus de part et d’autre de son corps, que nous avons entamé le va-et-vient. Il venait autant de ses poussées que de mes coups de reins.

Ses soupirs me ravissaient et je me délectais de la vue de son visage empreint de bonheur. J’amplifiais la profondeur des mouvements et la lenteur, je la prenais entièrement, d’un bout à l’autre et Sophie en râlait de plaisir. Nous sommes montés très vite, ensemble, vers la jouissance. Et je fermai moi aussi les yeux. Nos seuls gémissements témoignèrent de notre plaisir et son sexe enfermant le mien me fit tant de bien que je l’inondai bientôt, au moment même où ses muscles se resserraient frénétiquement.



Et je gardai les yeux fermés, me déposant lentement au creux de ses seins, savourant la caresse tendre qu’elle m’offrit, emmêlant ses doigts dans mes cheveux. Jusqu’à ce que j’entende un petit, timide, reniflement et que j’ouvre les yeux et que je vois cette nouvelle larme unique.

Je me redressai sur un coude, préoccupé et m’installai contre elle, l’enlaçant de mon bras. Je n’eus rien à dire.

Sophie enfouit sa tête au creux de mon épaule et s’épancha en silence, ou presque, versant ce qui me sembla être un chagrin pesant. Je fus heureux qu’elle ne se prive pas, qu’elle m’offre sa confiance et sa vulnérabilité. Je caressai longuement ses cheveux et je la sentis s’endormir, tout contre moi.

Et je vis par la fenêtre, la neige qui tourbillonnait.

Et je la regardai, loin dans son sommeil troublé.

Dans ma tête des paroles que je réentendrai longtemps plus tard.


«I’ll be waving my hands

Watching you drown

Watching you scream

Quiet or loud»


«Clumsy», tirée de l’album «Clumsy d’Our Lady Peace».