Caroline est assise à sa commode de toilette, et réfléchit tout en coiffant ses cheveux.
Elle est presque nue, elle a juste enfilé un négligé de soie précieuse qu’elle a trouvé dans la garde-robe. Il ne lui appartient pas, mais elle s’est dit que s’il se trouvait dans la garde-robe, c’était pour qu’elle puisse l’utiliser. Elle ne s’est pas étonnée qu’il soit si transparent qu’on devine ses formes au travers du tissu, et si petit qu’elle peine à le refermer sur sa poitrine généreuse : elle commence à soupçonner l’ambiance qui règne dans la maisonnée.
Il y a quelques années, elle aurait encore été gênée d’enfiler un tel vêtement. Mais ses pudeurs adolescentes sont oubliées depuis longtemps. Ce qu’elle a pu voir dans la maison de Rennes a vite aboli chez elle toute gêne face à la nudité. Il faut dire que la maison de son père était à tout moment emplie d’individus qui ne montraient aucun complexe à se promener nus : qu’ils soient maîtres ou valets, hommes ou femmes, beaux ou laids, tous montraient leur corps dans un esprit de totale liberté. D’après ce qu’elle en avait lu, les Romains et les Grecs vivaient déjà ainsi, avant que la liberté des corps et des esprits soit brimée par les carcans moraux de l’Église. La Cour de son père avait donc sans doute redécouvert les plaisirs de l’Antiquité. Mais ce goût pour la nudité n’aurait su se dire en dehors de la maison : autant derrière les murs la société tolérait tout, autant en public la pudibonderie ambiante imposait de respecter les normes strictes en matière d’habillement.
Caroline s’est découvert très jeune un penchant pour l’exhibitionnisme, qui n’a fait que se renforcer avec l’âge. À partir du moment où ses formes généreuses se sont épanouies, elle a pris de plus en plus de plaisir à montrer le galbe de ses cuisses, la rondeur de sa croupe, l’arrogance de ses seins. Elle est très fière de son corps, et aime l’offrir aux regards des autres. En arrivant à Paris, elle craignait perdre cette liberté de mouvement. Après son aventure d’hier avec la soubrette, après la scène qu’elle a surprise ce matin dans la cuisine, après le petit déjeuner particulier, elle est rassurée : les occupants de la maison semblent aussi libres que ceux de la maison de Rennes.
Elle se lève, et va se contempler dans le miroir de la garde-robe. Ses tétons sont dardés, et pointent à travers le fin tissu. Le négligé entrouvert dévoile une partie de ses gros seins ronds, de son ventre lisse, de son sexe presque glabre. Elle écarte le tissu, et s’apprête à caresser sa jolie moule, lorsqu’on frappe à la porte.
Elle referme comme elle le peut le négligé, et entrouvre la porte. C’est Elodie. Elle a beau ne connaître la jeune soubrette que depuis quelques heures, elle se comporte déjà avec elle comme avec une vieille amie. Elle la laisse entrer, sans guère se préoccuper du négligé entrebâillé sur son corps nu.
« Votre mère est réveillée. Bien sûr, elle a hâte de vous voir et de vous serrer dans ses bras.
- — Aide-moi vite à m’habiller alors.
- — Est-ce bien nécessaire, Maîtresse ? Je vous trouve si belle dans ce négligé.
- — Petite vicieuse : ce négligé ne cache rien de mon corps : je suis plus nue que nue
- — Ne vous préoccupez pas de cela. Votre mère est seule, vous savez. Elle trouvera grand plaisir à découvrir chez sa fille un corps si bien fait.
- — Crois-tu que je puis oser me présenter à elle aussi dévêtue ?
- — Croyez-vous qu’elle soit du genre à s’en offusquer ?
- — Que veux-tu dire ? »
Caroline devine déjà qu’elle va vivre ici des aventures encore bien plus palpitantes qu’à Rennes. Elle savoure le plaisir d’écouter la soubrette lui dévoiler petit à petit ce qui se passe dans la maison de Paris.
« Je ne sais comment votre mère se comporte lorsqu’elle vient à Rennes, mais ici, à Paris, règne une atmosphère très… libre.
- — Très libre ?
- — Je veux dire, ici, en tout cas dans cette maison, la fausse pudeur n’est pas de mise. Je sais que dans certaines maisons, même le mari n’a jamais vu son épouse dans le plus simple appareil. Mais, Dieu soit loué, votre mère est d’un esprit large et a toujours voulu s’entourer de personnes tolérantes. Croyez-vous qu’elle dissimule sa nudité devant moi ?
- — Tu l’as déjà vue nue ?
- — Y a-t-il quelque mal à cela ?
- — Et elle, t’a-t-elle déjà vue nue ?
- — Devrais-je réserver à vous seule la vision de mon corps ?
- — Tu le montres donc à tout le monde, espèce de petite garce !
- — Bien sûr, pourquoi en aurais-je honte ? J’en suis fière, de mon corps !
- — Et tu le montres même… aux hommes ?
- — Comme ils me montrent le leur…
- — Et ma mère, elle se montre nue à tout le monde ?
- — Pas à tout le monde sans doute, mais elle ne se gêne certainement pas par rapport aux gens qui habitent ici. Après tout, c’est une très jolie femme, elle a un corps superbe qu’il serait dommage de cacher.
- — Ne me dis quand-même pas qu’elle se montre nue devant le valet ?
- — Quel valet ? »
Caroline se rend compte à temps qu’elle allait commettre un impair et laisser deviner à la soubrette qu’elle l’avait vue se faire baiser par le valet dans la cuisine.
« Ben, euh… il y a bien un valet ou l’autre dans cette maison ?
- — Oui bien sûr, il y a le laquais, les deux valets…
- — Et, ils se promènent parfois nus aussi ?
- — Je veux, oui, de si beaux hommes ! Ce serait grand dommage, de nous priver du spectacle.
- — Elodie !
- — Vous verrez vous-même, mademoiselle, et vous me direz franchement et ouvertement ce que vous en pensez. Pour l’heure, et quelle qu’intéressante soit cette discussion, je pense que nous devrions rejoindre la chambre de votre mère. »
Elodie lui saisit la main. Caroline apprécie le contact, doux et tendre. Et se laisse mener jusqu’à la chambre de sa mère. Celle-ci les attend, debout devant sa fenêtre, revêtue d’une fine chemise de nuit. Le contre-jour laisse deviner sa silhouette élégante. Elle a décidément un joli corps, se dit Caroline. Elle est grande, fine, plus élancée que sa fille. Elle est déjà coiffée, et semble encore un peu lasse des excès de la veille : ses traits sont tirés, sa peau pâle. Mais ses yeux brillent encore d’un feu intense. Mère et fille s’enlacent. Caroline est heureuse de retrouver sa mère après plusieurs mois d’absence. Celle-ci est heureuse de découvrir que sa fille a encore embelli. À première vue, elle semble mûre pour faire son entrée à la Cour et y briller. Bien sûr, elle devra la débarrasser de ses manières de petite provinciale, l’habiller à la dernière mode, lui apprendre les bonnes manières… Mais le fond est bon, elle a une élégance naturelle et une spontanéité qui, aux yeux des blasés de la Cour, lui donneront l’attrait du neuf.
À l’invitation de sa mère, Caroline s’assied près d’elle. Elle découvre alors la pièce : les murs sont tendus d’un velours rouge sombre intense qui donne à la pièce une atmosphère de lourde sensualité. Un épais tapis couvre le sol. Le lit est très vaste. Un immense miroir fait face au lit. Un petit divan favorise les causeries à deux. Caroline ne peut s’empêcher de penser spontanément que cette pièce a été conçue pour les ébats amoureux. Un parfum suave et enivrant flotte dans l’air. Elle imagine sa mère régnant comme une déesse sur les orgies qui doivent s’y dérouler.
« Ma chère enfant, comme je suis heureuse que tu sois là. Je n’ai pas pu t’accueillir hier soir comme prévu. J’étais retenue à la Cour, pour un dîner que donnait le Duc d’Albe
- — Ne vous en souciez pas, mère, Elodie s’est très bien occupée de moi.
- — Elodie sera à ton service tout le temps que tu seras à Paris. Bien sûr, nous devrons la partager, si j’ose dire. Mais pour le reste, elle sera à tes ordres, tu pourras en disposer comme bon te semble.
- — Je ne manquerai pas de faire usage de votre bonté, mère, et userai volontiers de ses services attentionnés.
- — Parfait. J’espère que vous vous entendrez.
- — Ne vous tracassez pas sur ce point, nous nous sommes déjà découvert de nombreux points communs.
- — Poursuivez donc vos découvertes. En attendant, tenez, ma fille, je vous ai fait confectionner une robe. Elodie va vous aider à la passer, et fera les ajustements nécessaires. Il me semble que votre poitrine a gagné en opulence, et je ne suis pas sûre que le corset pourra la contenir correctement. »
Elle lui montre alors une superbe robe rouge sombre, plus élégante que toutes celles que Caroline a déjà pu revêtir. Elle a le cœur qui palpite de joie à l’idée de l’essayer.
Caroline est un peu gênée de se dévêtir sous les yeux de sa mère, mais Elodie fait ce qu’il faut pour la mettre à l’aise. Elle l’aide à abandonner le déshabillé. Sa mère contemple le corps superbe de sa fille. Elle est époustouflée par sa beauté. Nul doute qu’elle aura du succès à la cour. Si elle n’était pas sa fille, elle aurait bien envie de goûter à ce jeune corps épanoui. Caroline passe la robe. Elodie passe derrière elle pour lui nouer le corset, qu’elle serre juste assez pour affiner la taille et mettre en valeur les seins. Caroline se dirige vers la glace. Elle est pieds nus, pas coiffée et pas maquillée, mais elle est immédiatement séduite par le reflet qu’elle découvre dans la glace. La robe est très élégante. Les belles épaules sont nues, la taille très serrée. Le corset est très ajusté : ses seins frémissants ont tendance à s’en échapper, il ne manque pas grand chose pour qu’on voie apparaître ses tétons. Elle surprend dans le miroir le regard qu’ont échangé derrière elle Elodie et sa mère, puis elle voit comment Elodie, subjuguée, ne peut détacher son regard de sa poitrine.
« Très bien, je ne sais pas s’il faut changer quelque chose. Si, bien sûr, il faudra compléter tout cela avec des bas, des escarpins, des bijoux.
- — Madame souhaite-t-elle que je termine cela avec sa fille dans sa chambre ?
- — Bonne idée, faites à votre aise, trouvez-lui de jolis bas et de jolis escarpins. Nous nous retrouverons sur la terrasse pour le déjeuner. »
Elodie emmène Caroline à sa chambre. En chemin, elles croisent le valet, celui qui ce matin a sauté la soubrette sur la table de la cuisine. Il ne peut détacher ses yeux du décolleté de Caroline. Il faut dire qu’à chaque pas, ses nichons tressautent, et semblent devoir s’échapper du corset tant ils y sont compressés. Caroline baisse les yeux vers l’entrejambe du valet. Son sexe et ses testicules, comprimés par une culotte moulante, lui semblent énormes. Elle se jure d’en découvrir les charmes avant la fin de la semaine.
Les jeunes femmes continuent leur chemin. À peine la porte de la chambre refermée derrière elles, Elodie saute sur sa maîtresse pour l’embrasser fougueusement. Caroline doit la calmer :
« Allons, Elodie, qu’est-ce qui te prend ?
- — Maîtresse, vous êtes si excitante dans cette robe.
- — Peut-être, mais nous devons nous calmer un peu. Notre petit jeu dans la cuisine ne t’a-t-il donc point rassasiée ?
- — Jamais je ne me fatiguerai de votre corps. Pardonnez-moi ! Je sens que je suis tombée amoureuse de vous.
- — Voyons, Elodie, ne tombez jamais amoureuse de quelqu’un, c’est dangereux. Aimez, baisez, embrassez, prenez, léchez, branlez, faites-vous enculer, faites tout ce que vous voulez, mais ne tombez jamais amoureuse. De personne. Et surtout pas de moi. »
Tout en disant cela, Caroline est envahie du plaisir de se savoir désirée par la jeune femme. Elle s’attriste de devoir la rabrouer ainsi. Mais elle a peur de se laisser submerger par une passion qu’elle ne pourrait pas elle-même maîtriser.
Caroline se défait de l’étreinte de sa servante, et se dirige vers la garde-robe pour se regarder à nouveau dans le miroir. Décidément, cette robe est très jolie, et la met bien en valeur. À Rennes, jamais elle n’a eu de vêtement aussi élégant. Elle tourne sur elle-même pour se contempler sous toutes les coutures. La robe dénude les épaules, serre la taille, et met bien en valeur sa poitrine.
« Qu’en penses-tu ? Cette robe me fera-t-elle briller à la Cour ?
- — Elle vous va à ravir. Mais je ne sais s’il suffit d’une robe pour briller.
- — Parle-moi de la Cour. As-tu déjà été à Versailles ?
- — Bien sûr, j’y ai déjà été pour accompagner votre mère.
- — Je ne savais pas que les soubrettes y étaient admises.
- — Ne me chagrinez pas. Je sais bien que je ne suis qu’une servante.
- — Je ne voulais pas te blesser. Mais admets mon étonnement.
- — Qui vous dit que j’y allais en tant que soubrette ?
- — Tu excites mon intérêt. Raconte-moi donc tout.
- — La première fois que j’ai été à la Cour, c’était au printemps de l’année passée. Il y a souvent des bals à la Cour. Des grands bals organisés à certaines occasions, où toute la Cour parade sous le regard amusé du Roi, où les femmes rivalisent d’élégance avec des robes, des bijoux et des parures merveilleuses, où les hommes, pas moins élégants, rivalisent d’esprit. À un tel bal, je n’ai jamais pu participer. Mais parfois, on donne aussi des bals privés, organisés par l’un ou l’autre prince ou marquis. Ce soir-là, Madame votre mère avait été conviée à un bal costumé qui se déroulait dans un des salons d’apparat. Elle était déguisée en sultane. Je l’avais accompagnée pour lui servir d’habilleuse. Il faut dire que son costume était si exigu qu’il lui fallait de l’aide pour l’ajuster à son corps. Elle était splendide, assurément la plus séduisante de toute l’assemblée.
- — Le Roi était-il là ?
- — Le Roi ne participe d’habitude pas à ce genre de soirée. Mais il adore se travestir ; qui sait s’il n’honorait pas le bal de sa présence sous un habile déguisement ? Je peux vous dire en tout cas que s’il était là, il a dû comme tout le monde chercher à savoir qui se cachait sous ce masque de courtisane arabe. Mais Madame votre mère fut assez intelligente pour ne pas révéler son identité.
- — Est-ce si important ?
- — Dans notre société, il y a deux mondes. Le monde public, celui des convenances, celui où la morale et la décence commandent la rigueur. Et le monde caché, celui où toutes les licences sont permises, celui des débauches, celui de la liberté des mœurs. Celui qui oublie la frontière entre ces deux mondes risque la déchéance : tout est permis dans le second, pour autant que les convenances du premier soient respectées. Son costume de sultane était extraordinaire, et plus d’un curé se serait étranglé en la voyant ainsi parée : ses épaules étaient nues, sa poitrine était couverte d’un simple voile d’organza mauve presque transparent. On devinait ses tétons dressés sous le tissu. Son dos, son ventre étaient dénudés. Elle portait une large ceinture de soierie brodée d’or, qui soutenait une espèce de pantalon, coupé dans le même tissu d’organza. Évidemment, le tissu révélait plus qu’il ne cachait. Pour couronner le tout, elle avait les bras et les chevilles ornés d’une quantité incroyable de bracelets dorés qui tintaient à chacun de ses mouvements. C’était très beau. Il y avait un petit orchestre de chambre qui jouait des menuets. À un certain moment, ils ont entonné une mélodie très particulière. Je suppose qu’il s’agissait d’un air oriental. Quand elle a commencé à danser à la manière des courtisanes arabes, toute l’assemblée s’est figée pour la contempler. Certains la conspuaient de montrer tant de nudité, mais la plupart, sous couvert du masque, avaient oublié la pudibonderie et se délectaient sans vergogne du spectacle.
- — Mon dieu, je devine que le spectacle devait être extraordinaire. Mais toi, tu l’as vue ? Tu participais donc au bal ?
- — Pas directement, mais avec plusieurs autres domestiques nous attendions dans une antichambre, et nous avons discrètement observé à travers une petite lucarne.
- — Dis-moi, qu’as-tu vu d’autre ? Y avait-il d’autres déguisements particuliers ?
- — Bien sûr. Lors de ces soirées, tous les convives rivalisent de créativité pour attirer l’attention sur eux. C’est à qui aura la plus belle robe, la plus perruque la plus étonnante, les bijoux les plus splendides. Et le lendemain de la fête, les conversations ne tournent qu’autour de cela : qui avait accroché l’œil du Roi, qui avait failli à une règle d’élégance, qui avait fait sensation avec un nouvel habit. Mais ce soir-là, il s’agissait d’une soirée particulière. Comme le masque préservait l’anonymat, je vis des costumes extraordinaires. Je vis des Vénitiens habillés de brocart, des Espagnols en bas de soie parés de colliers d’or, des pirates des Caraïbes en pantalon rayé, des Huns habillés de fourrures portant leur arc
- — À Rennes aussi, nous avons parfois des mascarades. Parle-moi plutôt des costumes qui sortaient de l’ordinaire.
- — Ils sortaient tous de l’ordinaire : à la Cour, un déguisement se doit d’être extraordinaire.
- — Je veux dire, y avait-il d’autres costumes semblables à celui de ma mère ?
- — Il y avait par exemple un homme vêtu comme un Romain : il portait des cothurnes, et s’était ceint d’une toge blanche pour tout vêtement. Sa compagne était vêtue comme une princesse romaine, d’une légère robe de tissu fin, laissant ses épaules et son dos nu. On devinait tout son corps à travers sa fine robe. La mode orientale avait inspiré plusieurs convives. Cela donnait des costumes très colorés, luxueux, et souvent très déshabillés. Plus d’une princesse arabe montrait son ventre nu. J’en vis une qui dévoilait même un sein. Il y avait un homme déguisé en eunuque, le torse nu luisant d’huile. Certains et certaines s’étaient transformés en Chinois, en Africains, en Indiens.
- — Comment étaient les indiens ?
- — C’était un couple. Ils avaient teint leur peau en brun foncé, ils portaient une perruque de cheveux noirs et lisses. Elle était très belle : elle avait marqué ses yeux d’un cerne noir pour les agrandir, elle portait un point rouge sur le front. Son sari – je crois que c’est comme cela que se nomme leur habit – était fait d’une soie très fine, et elle portait des bracelets aux bras et aux jambes. Lui portait une tunique, une fausse barbe et un turban. Mais les Africains étaient les plus extraordinaires.
- — Dis-moi
- — Ils avaient la peau luisante, teinte en noir, ils portaient une perruque de cheveux noirs et crépus. La femme avait une coiffure extraordinaire faite de petites tresses serrées. L’homme portait une lance et un bouclier peint. Ils arboraient tous les deux des magnifiques colliers faits de coquillage, de perles de bois, de plumes. Ils étaient torse nu.
- — La femme aussi ?
- — La femme aussi était torse nu, et arborait fièrement ses seins luisants qui s’agitaient quand elle dansait. Ils n’avaient pour tout vêtement qu’une espèce de pagne en paille tressée. Le déguisement était si réussi que je me suis demandé un moment s’il ne s’agissait pas de l’un ou l’autre ambassadeur d’un quelconque roi africain qui passait à Versailles et avait été convié au bal.
- — Ont-ils dansé ?
- — Tout ce beau monde a dansé. C’était très beau à voir.
- — Et après, que s’est-il passé ?
- — Ce qui se passe parfois.
- — Qu’est-ce à dire ? Allons, parle.
- — Je ne sais si je dois.
- — Tu ne dois avoir aucun secret pour moi. De toute façon, je devine déjà.
- — Quoi donc ?
- — Je suppose que le bal officiel s’est terminé, mais que certains convives ont poursuivi la fête. Tu y étais ?
- — Eh bien, oui, maîtresse, j’y étais. C’est même aussi pour cela que j’avais accompagné votre mère. Je veux dire, pour participer à la suite de la fête. Une partie de l’assemblée s’est retrouvée dans l’antichambre où nous attendions. Il y avait là le prince de Montherme – celui-là je l’ai reconnu parce qu’à un moment il a tombé le masque – plusieurs couples, deux jeunes femmes qui étaient plus que des amies, et un autre homme dont je n’ai jamais découvert l’identité. Une douzaine de personnes, en tout, et une autre soubrette, et un valet.
- — Les domestiques étaient aussi déguisés ?
- — Pas exactement.
- — Dis-moi.
- — Nous avions reçu instruction de nous dévêtir.
- — Quoi, complètement ?
- — Oui, nous étions nus. Nous avions un masque comme seul déguisement.
- — Pas besoin de me dire comment le bal a continué.
- — Vous pouvez deviner que ces dames et ces messieurs n’étaient pas là pour boire le thé.
- — Raconte.
- — Vous êtes donc vraiment curieuse.
- — Bien sûr. Tu ne vois pas que toute cette histoire m’excite assez ?
- — N’êtes-vous point un peu trop jeune, pour entendre ce genre de récit ?
- — Tu me prends pour une oie blanche ? Après ce qui s’est passé hier, et ce matin ?
- — Je veux bien vous raconter, mais alors il faut que vous m’en donniez l’envie…
- — Et comment puis-je t’en donner l’envie.
- — Vous pourriez… relever votre robe, par exemple… ou l’ôter tout à fait.
- — Ne serais-tu pas un rien vicieuse, Elodie ?
- — Si fait, Maîtresse. Cela ne semble point fait pour vous déplaire.
- — Ôte-moi le corset, mais continue ton histoire. »
Ravie de la tournure des événements, Elodie n’hésite pas un instant. Elle s’approche de sa maîtresse, dénoue le lien qui serre le corset, et libère sa poitrine. Elle contemple sa maîtresse dans le miroir en face d’elles. Il lui offre la vision sublime d’une jeune femme dépoitraillée, le corset béant, les seins arrogants, le regard brûlant. Elle se risque à effleurer un sein, puis, comme sa maîtresse ne la repousse pas, elle s’enhardit et s’empare des deux masses fermes échauffées. Elle aime se voir elle-même dans la glace, la tête penchée par-dessus l’épaule de sa maîtresse, ses deux mains soupesant les seins lourds. Voir leur reflet dans le miroir l’excite.
« Oui, vas-y, j’aime qu’on me touche mes seins, tu sais. Mes seins dont je suis si fière. Mes beaux gros seins. Mmh c’est bon. Continue donc à raconter.
- — Il y avait là plusieurs femmes. Elles avaient bu du vin, elles étaient déjà un peu ivres, les yeux brillants, les joues roses.
- — Parle-moi aussi des hommes, pas seulement des femmes.
- — Les hommes aussi avaient un peu trop bu, du moins certains. Comme je vous l’ai dit, j’attendais avec le valet et l’autre soubrette. Nous étions nus. Le valet avait été fort émoustillé par la danse de votre mère. Sa nudité nous avait révélé son émoi : il avait le sexe dressé, et ne parvenait pas à le cacher derrière ses deux mains. L’autre soubrette, une chaude brune avec de jolis petits seins – je la connaissais, elle servait chez le Prince de Montherme – avait été fort attirée par ce phallus appétissant. Pendant que nous regardions votre mère, elle s’était placée à côté du valet, s’était emparée de son sexe et avait commencé à le branler, sans même le regarder. Ils étaient dans mon dos, je sentais leur souffle chaud près de moi, je percevais les mouvements de la main qui allait et venait sur le membre dressé. Je ne savais plus que faire : continuer à regarder le spectacle de votre mère dansant sur le parquet, ou me retourner et observer mes compagnons dont l’excitation commençait à monter. Que votre mère me pardonne, mais j’avais vraiment envie de voir ce que ces deux-là allaient faire. Je quittai la lucarne, pour m’asseoir sur le divan.
« L’autre soubrette me regardait étrangement, sans cesser de caresser le sexe qu’elle tenait dans sa main. J’écartai les jambes pour bien lui montrer ma propre excitation, et je commençai à me caresser en les regardant. Mon attitude l’encouragea. Elle s’accroupit face au valet, sans cesser de le branler. De son autre main, elle commença à se caresser. Le valet regardait toujours la danse de votre mère. Quand elle eut fini, il se pencha vers la jeune femme qui attendait ce moment pour lui sucer le pénis. Elle lécha avec application, consciencieusement, des bourses au gland, puis commença à sucer le bout comme s’il se fut agi d’un bâton de réglisse. L’homme lui caressa les cheveux, puis introduisit son membre dans sa bouche et lui enfonça. Elle l’accueillit sans peine, le laissant entrer jusqu’au fond de sa gorge. Elle était très excitée, et massait frénétiquement ses petits seins. J’avais envie de me mêler à leurs ébats, d’aller lui sucer les bouts de seins qu’elle avait très gonflés, mais d’un autre côté je prenais plaisir à me branler le bouton en les regardant.
- — Et moi, tu aurais envie de me sucer le bout des seins.
- — Venez sur le lit. Et laissez-moi vous dévêtir.
- — Ôte ta robe aussi, j’ai envie de te caresser.
- — Vous n’avez pas besoin de me le demander. Je suis à votre disposition. Je serai toujours à votre disposition selon votre bon vouloir.
- — Viens dans mes bras, et continue à me raconter cette soirée
- — Donc, comme je vous disais, la servante semblait apprécier la sensation d’étouffement que pouvait lui apporter ce pénis enfoncé jusqu’au fond de sa gorge, à moins que ce soit son goût qui lui faisait perdre la raison. D’une main, elle caressait les bourses du valet. De l’autre, elle avait commencé à se masturber. Elle avait le sexe épilé, comme votre mère
- — Ma mère a le sexe épilé ?
- — Oui, c’est devenu fort à la mode, ces derniers temps. Je me demande si je ne devrais pas faire de même avec le mien. Qu’en pensez-vous ?
- — Cela doit être excitant, un sexe tout lisse. Et agréable à sucer…
- — En tout cas, d’où j’étais assise, je voyais son sexe glabre et cela m’excitait, de voir ses doigts écarter ses lèvres pour faire émerger son bouton. Elle mouillait assez abondamment, ses doigts allaient et venaient dans sa fente poisseuse. Moi aussi, je mouillais très fort.
- — Comme maintenant ?
- — Oui c’est bon, caressez-moi là. C’est très agréable. Vous aussi, vous êtes déjà toute humide.
- — Continue, ça m’excite.
- — Le valet semblait apprécier les caresses de la servante. Il avait fermé les yeux. Il lui tenait la tête, dont il accompagnait les mouvements sur sa hampe. D’où j’étais assise, je ne voyais pas bien le sexe de l’homme. J’allai m’accroupir à côté d’eux, sans cesser de me branler. La fille me regardait du coin de l’œil en souriant. Elle regardait mes gros seins, que je massais doucement, et mes doigts qui labouraient mon con. Moi, je regardais cette pine coulisser entre ses lèvres. C’était très excitant à voir. Elle voulut m’inviter à l’imiter, mais je préférais rester à l’écart et les regarder.
- — Tu n’avais pas envie d’y goûter ?
- — Si, bien sûr, son pénis était très appétissant, mais parfois résister à ses envies ne fait qu’augmenter le plaisir après. Donc comme je ne les rejoignais pas, la fille se releva. Elle me fit face. Elle prit appui sur le dossier d’une chaise, se pencha en écartant les jambes. Elle me regardait droit dans les yeux, pleine de désir, et heureuse de se donner en spectacle. Elle passait la langue sur ses lèvres pour m’exciter davantage. Le valet se plaça derrière elle. Elle ferma un moment les yeux. Elle savourait le plaisir de ce sexe qui la pénétrait doucement. Ils me regardaient tous les deux. Lui était fasciné par mes seins.
- — Qui ne le serait pas ? Moi aussi, ils me fascinent. J’aime bien les tenir en main. J’aime bien taquiner les bouts.
- — Vous me provoquez des frissons dans tout le corps. Oui, j’adore quand vous me les effleurez. Là, j’étais tellement excitée que les bouts devenaient très durs, et très gros. Je sentais mon sang qui affluait dans mes tétons.
- — Qu’est-ce qui t’excitait le plus ?
- — Tout. La situation. Le risque d’être surpris dans cette situation. Ce valet fasciné par mes seins. Cette fille qui se faisait baiser en me regardant. Je ne voyais plus grand chose, son visage, ses yeux, sa bouche, ses petits seins qui tressautaient à chaque fois que le valet la pénétrait. Elle devait être très excitée aussi par la situation, car elle ne tarda pas à avoir un premier orgasme.
- — Quoi, si vite ?
- — Oui. J’ai vu son regard divaguer, elle a commencé à gémir doucement, puis brusquement tout son corps s’est mis à trembler.
- — Et le valet ?
- — Lui semblait d’une endurance remarquable. Il continuait à la pénétrer, imperturbable. Je me relevai, tournai autour d’eux. J’étais fascinée par le spectacle de ce pénis qui s’enfonçait entre les fesses. Le valet lui tenait la taille, pour lui inculquer le rythme. Ses fesses s’agitaient à chaque fois qu’il butait au fond de son vagin. Je me penchai, pour regarder par en dessous. Elle se caressait le clitoris. Il était très érigé, très gonflé. Elle lui caressait aussi les testicules, mais cela ne le faisait pas encore venir. Moi, j’étais proche de mon plaisir, mais je pouvais arrêter de me caresser. Elle, elle ne pouvait pas. Je me remis devant elle. Je voyais que le plaisir l’envahissait à nouveau. Ses gémissements s’étaient faits plus forts, à la limite des cris. J’étais juste devant elle. Elle jouit une seconde fois. Et le valet semblait insatiable. Moi, je commençais à perdre la tête, de la voir se faire défoncer et prendre son plaisir. Je me caressais un peu, mais devais rapidement m’interrompre. Je voulais jouir en même temps que lui, mais lui ne semblait pas prêt à venir.
- — Cela a duré longtemps ?
- — Au moins dix minutes. Et elle, elle avait joui plusieurs fois. Elle commençait à jouir de manière ininterrompue. Elle ne tenait presque plus sur ses jambes. Moi-même, je n’en pouvais plus.
- — Et alors ?
- — Alors, je me suis approchée, les jambes un peu écartées, le pubis en avant. Elle a compris immédiatement, elle a avancé sa bouche pour m’embrasser le sexe. Elle a commencé à me lécher.
- — Oh bon dieu, ça devait être bon, ça devait être extraordinaire, cette fille en train de jouir.
- — Oui, j’avais moi-même le bouton prêt à éclater. Je pense que j’allais exploser. C’est à ce moment que les convives sont entrés !
- — Et ?
- — Cela a semblé précipiter les choses. Le valet s’est retiré. Il a pris son sexe en main. Elle, elle me suçait presque violemment. J’ai joui au moment où les premiers jets atterrissaient sur son dos, dans ses cheveux. Vous imaginez la scène ? Tous les trois nus, surpris en pleine jouissance !
- — Comme j’aurais voulu voir ça !
- — En tout cas, nous étions un peu gênés. Mais les convives ne semblaient pas offusqués du spectacle. Au contraire, derrière votre mère qui avait ouvert la porte et qui souriait, ils se pressaient pour mieux voir en poussant des exclamations ravies. Ils entrèrent tous dans la pièce, et votre mère referma la porte derrière eux.
Soudain, on frappe à la porte. Caroline enfile prestement le déshabillé resté sur le dossier de la chaise. Elodie ne bouge pas. Elle ne semble pas gênée qu’on la voie nue. Peut-être le cherche-t-elle. Caroline hésite à laisser entrer, elle ne veut pas que l’on découvre sa domestique nue sur son lit. C’est Elodie qui crie d’entrer. C’est le valet. Il tient un paquet entre ses mains.
« Eh bien, Jean, entre donc, ne reste pas sur le seuil. Te voilà bien timide tout à coup !
- — C’est que, je ne sais…
- — Allons, puisque je te dis d’entrer, grand benêt. Entre, et ferme la porte derrière toi. Nous étions en train de converser gentiment. Je racontais à notre jeune maîtresse comment se passe un bal à la Cour. Maîtresse, je vous présente Jean. Il est valet, il s’occupe d’un tas de choses dans la maison, et il est rempli de qualités… et toujours plein d’ardeur. Vous verrez, ses talents sont multiples. Mais dis-moi, Jean, quel est ce paquet ?
- — C’est un paquet que Madame demande que vous portiez cet après-midi chez son amie, Madame de Marans. »
Étendue sur le lit, la soubrette nue a pris une pause lascive et provocante. Les cuisses légèrement écartées, elle lui montre toute son intimité. Le valet ne peut en détacher ses yeux, si bien que lorsqu’il tend le paquet à Caroline, il ne la regarde même pas. Caroline s’énerve un peu de l’attitude de sa domestique.
« C’est bon, Jean, vous pouvez disposer.
- — Que Mademoiselle me permette de lui rappeler que le déjeuner sera servi incessamment, dans la salle à manger.
- — Très bien. »
Aussitôt le valet sorti, Caroline se tourne vers sa servante :
« Elodie, tu es une vraie petite vicieuse. N’as-tu pas honte de t’exhiber ainsi ? J’ai cru que les yeux allaient lui sortir de la tête, j’ai cru qu’il allait promptement se déculotter.
- — Avouez, Maîtresse, que cela n’aurait pas été pour vous déplaire. Vous n’avez pu manquer de remarquer que le garçon a été bien pourvu par mère nature…
- — Cela suffit. Je ne veux pas que tout le monde te voie nue sur mon lit et sache que nous avons une liaison. Rhabille-toi, nous allons déjeuner. »