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Temps de lecture estimé : 19 mn
09/09/06
corrigé 30/05/21
Résumé:  Drôle de surprise lorsque j'ai vu débarquer chez moi un policier qui m'accusait d'être un terroriste sexuel...
Critères:  #humour #policier #sciencefiction fh fhh
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : La traque

Chapitre 01 / 08
La police des activités virtuelles

Toc ! Toc ! Toc !



Le bruit se répéta, plus fort, me tirant de mon demi-sommeil.


Bam ! Bam !



J’ouvris vaguement les yeux. Le soleil baignait la pièce unique. Il devait déjà être assez tard.



Boum ! Boum ! Boum ! Quelqu’un s’énervait sur la porte, en s’égosillant :



Je me levai, encore fatigué. Qui donc cela pouvait-il être ? La plupart des gens savaient que je dormais à cette heure-ci.



La lumière et la cafetière s’éteignirent instantanément.



J’avais vraiment du mal à m’habituer à ces appartements domo-équipés. Je respirai calmement avant de reprendre :



Tout se déclencha à nouveau.



J’attendis un instant, puis repris :



Et je fus soulagé de ne pas l’entendre me répondre "Commande incorrecte".



J’allai jusqu’au sas d’entrée du studio et commandai la vidéo qui me dévoilerait l’énergumène qui n’allait pas tarder à défoncer la porte :



L’écran s’alluma aussitôt, me dévoilant un homme d’une quarantaine d’années que je n’avais encore jamais vu auparavant. Je le dévisageai un instant, sachant qu’il pouvait aussi me voir. Ce fut lui qui rompit le silence, l’air énervé :



Si ce guignol croyait que j’allais lui ouvrir comme ça, il se fourrait le doigt dans l’œil.



J’ignorai mon stupide ordinateur, puis ajoutai à l’adresse de l’inconnu :



L’homme s’agita encore un peu, maugréant de plus belle, et se mit apparemment à chercher quelque chose dans ses poches, mais sans succès.



Je n’eus que le temps de deviner le sigle de la PAV au bas de sa carte avant qu’il ne la range.



La PAV ! La Police des Activités Virtuelles. Qu’est-ce que j’avais donc fait pour être dans leur collimateur ?



La porte d’entrée s’ouvrit, l’homme entra, l’air maussade et agacé. Le sas se referma.



Il jeta de vagues regards dans tout l’appartement, comme cherchant à me cerner à travers ce qu’il voyait dans la pièce, puis il retira sa veste qu’il posa sur le lit.



Je pris deux tasses dans un placard pour les remplir du café fraîchement coulé.



Il prit sa tasse et y trempa les lèvres à plusieurs reprises, avant de me répondre, en me regardant droit dans les yeux :



Je manquai de m’étouffer en buvant à mon tour une gorgée de café.



Je ne pus m’empêcher de rire presque gaiement.



Il but une gorgée de café.



Oui, je le savais. Comme je savais également a priori de quel contact et de quel réseau il voulait parler. Mais je me gardai bien de dire quoi que ce soit. Il reprit la parole :



C’était trop précis pour que je le nie, comme il était également évident que ce genre de choses ne pouvait passer inaperçu.



Il marqua un silence puis leva vers moi des yeux cyniques.



Évidemment… Je décidai d’attendre qu’il en dise plus et me contentai de le regarder avec mépris.



C’était l’exacte vérité. C’était eux qui avaient contrôlé la connexion lors de ma visite. J’avais déjà tout tenté moi-même pour les rejoindre ou au minimum reprendre contact avec eux, et ce sans la moindre réussite.



Je marquai un long silence, tentant de réfléchir rapidement à tout ce que cela impliquait.



Super ! pensai-je. Tout se présente pour le mieux.



J’avais besoin de réfléchir. De peser le pour et le contre. Ou, en fait…



… de chercher un moyen de disparaître, de me faire oublier.



Et une journée ne me serait pas de trop.



Je raccompagnai le bienveillant inspecteur jusqu’au seuil de mon appartement. Mais, juste avant de s’éloigner, il se retourna une dernière fois, l’œil sombre :



Je le regardai droit dans les yeux, cherchant à deviner s’il avait lu mes pensées. Mais son visage restait de marbre, et il finit par me saluer d’un geste vague en tournant les talons. Je retournai dans l’appartement, perdu dans mes pensées.




Je fus réveillé en plein milieu de la nuit, comme prévu, par la voix sans émotion de Tommy.



Je ne voulais pas déclencher toutes les lumières de l’appartement, de peur que quelque "observateur" délégué par le sympathique inspecteur Forman ne le remarque. J’allai prendre une douche et refis rapidement le point sur la situation.


Il était hors de question d’accepter le marché de la PAV. L’accepter, c’aurait été trahir tout ce en quoi je croyais. Je n’avais dès lors plus qu’un seul choix : fuir, disparaître. Changer d’identité ne me paraissait pas infaisable, et la ville était largement assez grande pour que je puisse me planquer le temps de me faire oublier.


Mais cela signifiait disparaître pour de vrai. Presque définitivement. Et qu’allais-je donc faire ? Tout changer, tout oublier. Dans quel but ? Qu’allais-je pouvoir faire de ma vie ? Et une idée s’était peu à peu imposée : rejoindre les gens que la PAV voulait m’envoyer espionner. Les rejoindre et prendre part à leurs actions.


Si je devais choisir un camp, ce serait celui-là. Qu’est-ce qui me retenait ? La famille ? Les amis ? Le boulot ? Non, rien du tout : je ne voyais ma famille qu’une fois par an, mes amis étaient aux quatre coins du globe et mon boulot n’avait rien de passionnant. Non, vraiment, rien ne me retenait. Là, au moins, j’aurais l’impression de faire quelque chose de bien, quelque chose en quoi je pouvais croire.


Mais m’accepteraient-ils ? Et comment les contacter ? Surtout pas de chez moi, mon PC devait être en traçage permanent. J’avais donc décidé de tenter de les joindre en pleine nuit, là où normalement j’avais le plus de chances de les trouver. Et de faire ça depuis un cyberpub, incognito, en usant de fausses identifications.


Je sortis de la douche, préparai vaguement un petit sac d’affaires auxquelles je tenais, pris avec moi tout l’argent dont je disposais, bus deux grands bols de café et me décidai à mettre les voiles pour de bon.



Je partais car j’y étais forcé.



Je souris.



Je sortis rapidement, vérifiai qu’il n’y avait personne dans les couloirs puis me dirigeai vers les ascenseurs.




La ville est immense, et totalement impersonnelle. C’était tout à fait ce qu’il me fallait. Et j’en fus d’autant plus surpris d’être accosté à l’entrée du cyberpub que j’avais choisi. C’était une jeune femme, plutôt belle mais au look assez significatif. Et puis, à quatre ou cinq heures du mat’, qui donc peut hanter les faubourgs et les devantures de bars ? J’expliquai brièvement à la jeune femme que je n’avais pas besoin de ses services. Mais elle insistait, sans doute en manque de clients.



Son portable sonna, au fin fond de son sac. Tout en y fouillant, elle me répondit quelque chose, mais je n’y fis pas attention, m’engouffrant à l’intérieur de l’établissement. Je saluai d’un vague bonsoir les deux ou trois clients et le barman morose auquel je demandai un poste et un grand café.

J’étais en train de m’installer et d’enfiler la cyber-combi intégrale quand je le sentis m’apporter ma consommation.



Il posa son plateau à côté de moi.



Je découvris que ce n’était pas, comme je l’avais pensé, le barman, mais la fille qui m’avait racolé dehors. Je la dévisageai, plus étonné par son insistance que par ce qu’elle m’avait dit.



Je la regardai à nouveau, interloqué cette fois par son discours.



Il y eut un silence. Je m’efforçai de réfléchir.



Elle se mit soudain à contempler la rue apparemment déserte, à travers une des fenêtres du bar. Je regardai également mais ne vis rien.



Je n’eus que le temps d’entr’apercevoir un homme en imper gris-beige venir s’accouder au bar avant que Tilya ne me roule une grosse pelle en pressant mon visage contre le sien. Je tentai péniblement de garder mon self-control. Finalement, Tilya pencha sa tête contre mon épaule et me susurra à voix très basse :



Je réfléchissais rapidement. C’était vraiment ridicule. Tout ça ne tenait pas debout. Je tournai doucement les yeux vers l’homme en imper. Et les rebaissai aussitôt : son regard était braqué sur moi…


Je fouillai au fond de mes poches et en sortis quelques billets que je tendis avec une fausse discrétion à Tilya. Elle s’en saisit puis m’entraîna à sa suite vers le fond du pub. Nous nous assîmes côte à côte sur une banquette dans l’ombre de l’un des renfoncements qui entouraient la grande arrière-salle. Tilya me rassura avec un sourire :



Je repris les billets et les rangeai en continuant de l’observer d’un air interrogateur. Elle sortit de son petit sac un portable et composa un numéro. Elle attendit quelques secondes avant d’annoncer fièrement à son interlocuteur :



Elle raccrocha. J’allais à nouveau la questionner, tandis qu’elle rangeait son téléphone, lorsque nous vîmes l’homme en imperméable s’asseoir à un poste PC à quelques mètres de notre alcôve, droit devant nous. Tilya s’empressa de m’embrasser à pleine bouche.



En guise de réponse, elle plaqua sa main entre mes cuisses.



Elle ne répondit que d’un mouvement des yeux, désignant l’homme qui pianotait sur le clavier de son PC. Je regardai rapidement vers lui. Il ne semblait pas s’intéresser à nous mais, de là où il se trouvait, il était possible qu’il puisse observer tous nos faits et gestes. Tilya continua de me caresser l’entrejambe, tandis que je la dévisageais avec insistance.


Elle tourna doucement la tête pour observer à son tour celui qu’elle pensait être notre "pisteur", puis me murmura :



Et elle accentua le rythme de ses caresses. Je me mis malgré moi à bander sérieusement et à la désirer comme jamais je n’aurais cru pouvoir le faire d’une femme que je ne connaissais que depuis quelques minutes. Elle était certes très belle et très désirable, mais c’était vrai aussi que j’étais "vieux jeu", comme s’était plu à me le répéter Catalina, et que je n’étais pas du genre à m’abandonner à une fille d’un instant.


Elle m’embrassa à nouveau, sans cesser de me caresser. Je me laissai faire, savourant son expertise. Elle commença à déboutonner mon pantalon.



C’est alors que j’entrevis un mouvement de l’homme en imper, qui me parut se pencher légèrement de côté, et nous observer à la dérobée. Cela me fit redescendre du petit nuage d’excitation que Tilya avait réussi à me faire atteindre.



Mais elle n’attendit pas du tout et se mit à me masturber vivement, tout en m’embrassant avec sensualité.



Je la vis jeter un regard à la dérobée vers l’homme qui nous espionnait, avant de se pencher sur mes cuisses, d’ouvrir davantage mon pantalon, d’en sortir mon sexe à nouveau tendu et de l’engloutir à demi.



Elle ne m’écoutait sans doute pas, se contentant de me sucer avec avidité. Je penchai légèrement la tête en arrière et fermai les yeux, décidé à savourer pleinement les caresses de ses lèvres.





Je sursautai et ouvris les yeux. L’homme en imperméable se tenait debout devant nous, un demi-sourire aux lèvres. Tilya se redressa vivement pour l’observer, abandonnant mon sexe toujours tendu. Je devais paraître bien con, assis avec la queue à l’air devant ce guignol.



Mon sexe commençait vraiment à ramollir, mais elle s’en empara à nouveau et se mit derechef à me masturber sans la moindre gêne.



Mais Tilya lui répondit du tac au tac, presque sur le même ton :



Les paupières de notre charmant interlocuteur clignèrent rapidement deux ou trois fois, trahissant sans doute ainsi sa colère, mais il garda tout son calme. Il allait répondre, mais Tilya le devança :



Mais je crois que ce fut trop pour lui ; fumant presque des narines, il regarda Tilya ouvrir la bouche et la glisser autour de mon sexe. Puis ce fut moi qu’il regarda un instant avec colère. Je me contentai de hausser les épaules d’un air compatissant. Ses yeux se reportèrent une nouvelle fois sur ma partenaire, qui continuait de me dévorer comme si de rien n’était.



Ses orbites roulaient en tous sens, et j’eus vraiment l’impression qu’il allait nous frapper, Tilya ou moi. Elle semblait imperturbable, poursuivant son travail, avec peut-être un tout petit peu moins d’acharnement. Je crois que, mine de rien, elle restait relativement attentive à ce qui se passait devant nous. Quant à moi, je tentais de savourer pleinement les caresses de ma partenaire, mais l’agitation ambiante ne favorisait pas ma "forme".


Mais l’homme se calma soudain et, d’un air satisfait et décidé, il descendit sa braguette et sortit sa queue durcissante, en disant :



Tilya releva la tête, l’observant avec incrédulité. Elle sembla réfléchir une ou deux secondes, puis elle se redressa complètement et m’adressa discrètement un clin d’œil que je ne compris pas le moins du monde. Et, sous mes regards interloqués, elle releva alors sa jupe et vint alors s’asseoir à califourchon sur mes cuisses, me tournant le dos, un genou sur la banquette, de chaque côté de moi. Puis elle saisit d’une main le sexe qui durcissait encore devant elle et s’empala vivement sur le mien en s’aidant de l’autre main.


Je ne pus réprimer un vague gémissement de plaisir. Elle se mit à osciller au-dessus de mes cuisses, sans cesser de pomper celui qu’elle supposait être un agent de la PAV. Je tentai de rester tout à la fois concentré sur ma partenaire et sur la situation. Mais ce fut la situation qui l’emporta : je ne tardai pas à me ramollir à vitesse grand V. Tilya s’en aperçut rapidement et ralentit ses va-et-vient. Mon sexe finit par s’extirper du sien. En restant sur mes genoux, elle se retourna et présenta son arrière-train à son autre partenaire, en l’encourageant d’une voix provocante :



Moi, je n’avais plus qu’une envie, c’était de me casser en courant. Je tentai de m’extirper des bras que Tilya serrait toujours autour de moi, mais elle resserra son étreinte et me fit un nouveau clin d’œil.



Il ne pouvait pas voir le visage de Tilya, et celle-ci en profita pour tenter de me parler à voix basse. Je ne compris pas grand-chose au milieu des grognements sauvages que l’autre continuait d’émettre à chaque violent coup de bassin, mais je parvins plus ou moins à lire sur les lèvres de la jeune femme, entre les deux ou trois grimaces que lui arrachait le rythme effréné imprimé par son partenaire :



Je haussai les sourcils de désarroi à son attention. J’étais coincé entre ses bras et ses jambes, le sexe à l’air et elle voulait que je me prépare à courir un cent mètres !


Mais elle n’eut pas le temps de me dire autre chose ; les hurlements du mec s’accélérèrent et gagnèrent encore en virulence et Tilya se cambra soudain en hurlant :



Je n’eus pas vraiment le temps de réfléchir. Tout se passa en quelques secondes. Elle m’avait partiellement libéré de son étreinte, et je tentai de m’échapper. Mais elle était encore agenouillée sur mes cuisses.



Le mec était en train de jouir. Je repoussai violemment Tilya pour me sortir de là. Elle tomba en arrière, entraînant l’homme dans sa chute. Je me réajustai à toute allure tandis qu’il se déséquilibrait en finissant d’éjaculer.



J’attrapai mon sac et me mis à courir vers la sortie.



Qu’est-ce que c’était encore que cette nouvelle connerie ? Je m’arrêtai et jetai un regard en arrière. Elle était en train de se relever.



Derrière elle, l’homme se relevait à son tour. Je me remis à courir, faisant valser au passage une des tables du pub.



J’allais passer la porte du pub lorsque j’entendis une violente détonation. Je m’arrêtai net, atterré ; quelqu’un avait tiré… Je me retournai rapidement, juste à temps pour voir Tilya s’écrouler sur le ventre. Quelques mètres plus loin, un sourire hargneux aux lèvres et le sexe toujours à l’air, l’homme levait un pistolet dans ma direction.



Je le regardai quelques secondes qui me parurent durer une éternité. Tilya ne bougeait plus, étendue par terre, morte sans doute ou en train d’y passer. "Que faire ? Que faire ?" pensai-je. Lui souriait de plus en plus. C’était un malade, sans aucun doute, un fou furieux.


Mais une idée loufoque s’empara de moi : s’il ne m’avait pas encore tiré dessus, c’était qu’il me voulait vivant. Je n’avais qu’à m’enfuir. Il était loin de la porte, et il devait encore enjamber le cadavre de la pauvre Tilya. J’avais le temps de tourner dans la première ruelle qui se présenterait et j’étais sûr de pouvoir le semer.


Je reculai doucement, très lentement, de quelques tout petits pas.



Heureusement pour moi, la porte du pub était ouverte.



Il se mit à s’avancer doucement vers moi, maintenant son arme pointée dans ma direction. Il avait toujours la queue qui sortait de son pantalon, mais cela n’avait pas l’air de le gêner outre mesure. J’attendais le moment où il serait obligé de regarder vers le sol pour enjamber le corps ensanglanté.


Et, à l’instant où il baissa les yeux, je bondis en arrière et de côté, tombant presque à la renverse dans la rue. BLAM ! BLAM ! BLAM ! "Putain, il a tiré !" pensai-je. Trois détonations retentirent encore et l’une des vitres du pub vola en éclat partout autour de moi. Quelques bouts de verre m’éraflèrent. Je me mis à courir sans réfléchir. BLAM ! BLAM ! Encore deux coups de feu. Je courus à toute allure, sans réfléchir, me dirigeant vers la première petite ruelle. Je m’y engouffrai juste avant d’entendre encore deux derniers tirs.


Il avait sans doute eu le temps de sortir du pub avant que je ne disparaisse et devait m’avoir vu prendre cette direction. Mais je ne m’arrêtai pas de courir, tournant tantôt à droite, tantôt à gauche, pendant une dizaine de minutes. Puis je m’arrêtai pour reprendre mon souffle, me cachant du mieux que je pus entre deux poubelles dans une impasse sombre.


J’étais perdu, n’ayant jamais mis les pieds dans cette partie de la ville. J’étais légèrement blessé, quelques bouts de verre m’avaient lacéré un peu le visage et le cou. Mais, surtout, j’étais extrêmement déconcerté. J’étais en fuite, avec la PAV au cul et ma promenade commençait bien : déjà un cadavre.



Si vous voulez savoir qui est Catalina, suivez l’auteur "Dans l’antre du mal" (Texte 5143).