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Temps de lecture estimé : 9 mn
06/10/06
Résumé:  Où une autre version de la prophétie est révélée.
Critères:  ff fff religion sauna massage nopéné partouze aventure fantastiqu
Auteur : Lise-Elise  (Exploratrice littéraire)            Envoi mini-message

Série : L'ambassadrice et le prophète

Chapitre 05 / 13
La vierge

Fyrag est un garçon de ferme sans histoire, à part quelques rêves étranges. Un jour il est abordé par une jeune femme, Thyris, qui cherche à fuir ses ravisseurs, des prêtres d’Hedion, le Dieu Père. Comme ils n’en veulent qu’à sa virginité, elle persuade le garçon de l’en débarrasser. Les poursuivants de la jeune vestale les retrouvent, et heureusement tombent en adoration devant les fesses de Fyrag, permettant aux deux jeunes gens de s’enfuir. Après avoir brouillé leur piste grâce à la magie, Thyris découvre que le garçon est marqué du sceau d’Hedion. Afin d’en savoir plus, elle entraîne son compagnon à Natrant, ville contrôlée par les prêtresses et abritant les plus grandes bibliothèques. Là, Thyris cherche un texte particulier, alors que Fyrag fait le guet.

Si vous ne vous souvenez pas d’avoir lu ça, alors, allez voir les épisodes précédents, ce sera quand même plus clair !




oooOOOooo




La vierge



La joie de Dyanar dura le temps du jour. Les larmes coulèrent à nouveau dans la maison des Dieux. Alors Mysalis se tint devant sa sœur, et elle parla. « Dyanar se languit de son seigneur. Formons une image de Hedion, et Dyanar retrouvera la joie ». Alquise sut qu’elle avait raison. Elles travaillèrent le marbre le plus noble, l’ivoire la plus blanche et l’or le plus pur, et à la ressemblance d’Hedion une statuette elles créèrent. Puis Mysalis reprit la parole. « À la ressemblance d’Hedion est cette statuette, mais Dyanar jamais ne s’y trompera ». Alors Alquise utilisa la magie pour parfaire la ressemblance. Et la ressemblance fut parfaite, tant que Dyanar s’y trompa.


Geste de Dyanar, chant quatre




Alors que Thyris tentait de retrouver la transcription de la prophétie telle que Calcin l’avait écrite dans la pièce sombre, deux prêtresses de Dyanar entrèrent dans la pièce et encadrèrent la jeune femme:



Le ton était celui d’une requête, mais l’aspirante vestale savait qu’il s’agissait d’un ordre. Elle les suivit donc, et quitta à regret la bibliothèque théologique. Elle fut surprise de ne pas voir Fyrag sur le palier, mais jugea plus prudent de ne pas attirer l’attention sur lui. S’il s’était caché, mieux valait qu’elle ne le dévoile pas.


Les deux vestales la conduisirent à la maison des Sœurs, où toutes les congrégations de femmes étaient représentées. Elles entrèrent dans un petit salon. Un pichet d’alwa frais et des biscuits aux fruits confits les attendaient. Thyris se détendit. Ce n’était pas l’accueil réservé aux criminelles.



Thyris ne put qu’acquiescer. On lui servit un verre, et elle croqua l’un des petits gâteaux.



Thyris fut surprise. Elle se doutait bien que son temple avait donné l’alerte, mais que son enlèvement et son signalement soient arrivés à Natrant la gonfla d’importance.



Aïe ! Thyris ne souhaitait pas clamer sur tous les toits qu’elle avait donné sa virginité à un homme. Dans le code des vestales, c’était une faute grave, qui valait la radiation de parmi les fidèles.



Thyris baissa la tête. Voilà, tout était dit. La maison des Sœurs lui était ouverte, mais elle-même n’était plus vestale.



Là encore, c’était un ordre. Elle se leva, abattue, et se dirigea vers la porte. Elle eut un sourire triste pour son vêtement. N’étant ni noble ni vestale, elle se demandait de quelle couleur on allait l’affubler.


Elle se débarrassa de ses oripeaux dans le vestiaire de l’étuve, puis traversa rapidement les quatre salles chaudes où bruissaient des voix féminines. Elle atteint la salle des piscines. La pièce était circulaire, et de petites cascades s’échappaient du plafond. À ses pieds, quatre bassins ronds s’ouvraient, et elle savait que chacun avait une température différente. Elle se plaça sous un filet d’eau tiède, et resta longuement ainsi, perdue dans de sombres pensées. Puis elle se dirigea vers le bassin le plus froid. Les frissons la ramenèrent aux évènements de la veille, et elle se demanda où était Fyrag. Il avait dû échapper aux prêtresses, puisque les Dyanarydes ne l’avaient pas mentionné. Elle s’inquiéta un peu pour lui, enfermé seul dans la bibliothèque, mais son propre sort la souciait trop pour qu’elle s’y attarde.


Comme elle commençait à claquer des dents, elle sortit du bassin. Elle n’avait pas très envie de se soumettre au massage, mais elle savait fort bien que cette partie du rituel du bain n’était pas négociable. Elle gagna donc la pièce suivante, remuant ses sombres pensées.


Une matrone aux larges mains l’accueillit avec gentillesse. Thyris s’installa sur la table. Petit à petit, les doigts experts de la masseuse vinrent à bout de ses muscles noués. Elle se détendit, et elle était parfaitement sereine quand la manipulatrice lui demanda de se retourner.

Comme l’avait fait Fyrag la veille, la matrone s’enduisit les mains de baume cicatrisant avant de masser les pieds de la jeune femme. Celle-ci ne ressentait plus aucune douleur et soupira de contentement. Le massage se poursuivit en remontant sur les jambes, puis la masseuse glissa sa main le long du sexe. Thyris se crispa. Elle savait que ce geste était une forme de routine, mais aujourd’hui il prenait un sens particulier. La matrone fronça les sourcils.



Thyris s’exécuta. Les vieux réflexes prirent le dessus, et elle sentit que sous les caresses habiles de la masseuse, ses nymphes s’humidifiaient. Deux doigts s’attaquaient au clitoris, effleurant le capuchon puis le faisant rouler. Thyris avait oublié toute résistante et s’ouvrait désormais sans retenue. La femme alors écarta franchement les petites lèvres, accomplissant son office. Thyris releva la tête quand elle se rendit compte que les doigts ne reprenaient pas leur ballet. La matrone s’était figée.



Incrédule, la matrone la fit se relever et s’installer au bord de la table. Puis elle poussa les genoux de la jeune femme, exposant son sexe en pleine lumière, et repris son inspection.



La masseuse ne répondit pas, et se dirigea vers le tube transmetteur. Quelques minutes plus tard, les deux Dyanarydes qui l’avaient accueillie entrèrent dans la pièce.



Thyris tiqua. Elle aussi désormais devrait appeler les prêtresses « votre Sainteté ». La vestale se pencha entre les jambes de la jeune femme, qui ne put réprimer un frisson quand un long doigt froid toucha son sexe. Elle palpa un long moment, puis laissa la place à sa sœur, l’air perplexe. Leur objet d’étude commençait à se lasser de cet examen.



Thyris resta abasourdie. La première reprit :



Thyris se représenta la scène de sa défloration. Elle s’était pourtant profondément empalée sur le sexe du jeune homme.



Toujours le ton courtois, et toujours un ordre. La jeune femme obtempéra. Elles regagnèrent le boudoir où avait eu lieu la précédente conversation.



Elle faillit demander laquelle, mais les Dyanarydes ne reconnaissaient que la transcription de Mysalis. Elle hocha la tête.



Thyris fronça les sourcils en signe de concentration. La strophe quatre-vingt douze était vers la fin du poème. Hésitante, elle commença.


Celle par deux fois vierge

Au service de la déesse

L’objet remettra

Pour de Dyanar le grand plaisir


Les vestales bleues hochaient la tête. Elles avaient toutes deux l’air de chats satisfaits, et Thyris sentait la panique la gagner comme si elle eut été une souris. Que voulaient-elles dire ? Celle par deux fois vierge… Elles avaient parlé de deux pucelages, l’un perdu, l’autre intact. Elle n’entendit pas la prêtresse qui dut répéter :



Thyris pensa à la suite de la prophétie :


Femme, pour ce jour

Crie de joie,

Car le pouvoir de l’homme

Alors tombera


Elle eut un sourire sans joie en pensant que vraiment, Mysalis était piètre rimailleuse. La prophétie était l’un des textes sacrés qu’elle avait dû apprendre, et celui qui lui avait donné le plus de fil à retordre. Ces pseudo-vers, parfois rimant, parfois non, assez emphatiques et surtout sans nuance, étaient le cauchemar de nombre d’aspirantes.



Toujours sans comprendre, Thyris fut entraînée par l’une des deux folles vers la salle de banquet, pendant que l’autre allait sonner la tribade. Elle se retrouva bientôt allongée sur le canapé central de la pièce, et exhibée comme un trophée, pendant que la salle, peinte en rose écœurant, se remplissait de femmes vêtues de toutes les couleurs du code.



Thyris ferma les yeux. Elle avait vu ce qu’était la cérémonie d’honneur, elle y avait bien sûr joué avec d’autres aspirantes. Elle se sentait épuisée, incapable de soutenir cela. Pourtant, l’idée de la vivre pour de vrai, alors qu’elle n’était pas encore vestale, faisait monter de son bas-ventre des frissons qu’elle connaissait bien.



Il y eut un moment de flottement dans la salle. Jamais vierge n’avait eu droit à cette preuve de considération. Il faudrait aux officiantes beaucoup de doigté. Elles n’en manquaient cependant pas.



La Dyanaryde appela, alors, neuf prêtresses, nommant leur déesse et leurs fonctions. Cette première partie de l’appel était sans surprise : les officiantes étaient désignées pour trois ans. Puis, après une pause, où la foule féminine bruissa de curiosité, elle appela les trois dernières :



La jeune fille ainsi appelée, rougissante, vit un cercle se former autour d’elle, et, lentement, avança. Les aspirantes, selon les règles, assistaient seulement à la cérémonie, sans jamais y participer.


Jamais il n’y eut plus grand silence dans la salle de banquet de la maison de sœurs. Jamais l’escalier de la tribune ne fut monté plus solennellement. Jamais il n’y eut, au commencement d’une cérémonie d’honneur, un si long temps suspendu.


Puis Thyris, débarrassée de son mentor, marcha jusqu’à la petite blanche, et, avec une grande douceur, l’embrassa.

Une grande clameur monta de la salle.


Thyris, la langue fourrée dans la bouche fraîche de la jeune fille, sentit qu’on lui embrassait la nuque. Des mains prirent possession de ses fesses, des lèvres lui effleurèrent un pied. Elle reprit son souffle, puis entreprit d’embrasser chaque parcelle du visage de la novice. Un pan de son vêtement glissa, et des lèvres virtuoses s’emparèrent de son sein. Elle gémit, poursuivant son parcours vers le cou tendre de l’aspirante. Une main se glissa entre ses cuisses, et elle perdit complètement le contrôle de la situation.

Des langues, des lèvres, des mains, des cheveux caressaient chaque espace de son corps. On l’avait placé sur une sorte de nacelle, qui la soutenait tout en la laissant accessible. Elle gémissait, sans savoir si c’était la bouche qui la buvait, le doigt qui agaçait son clitoris ou le doux pincement sur ses tétons qui provoquait son plaisir. Elle ouvrit les yeux un instant, pour voir la novice Alianthe lécher avec application chacun de ses doigts. Elle criait, et ces cris déclenchaient dans la salle une activité frénétique. Des senteurs de femme, sueurs de plaisir et cyprine mêlées de parfums floraux, emplissaient la pièce. Thyris chantait son plaisir, et les officiantes, émues, laissaient de loin en loin leurs cons frotter qui une main, qui une jambe, afin d’assouvir elles aussi la soif qui menaçait de les dévorer.


Thyris atteignit le sommet de l’orgasme, et, alors qu’elle criait une dernière fois, elle entendit, lointaine, la voix de Fyrag.



Bien qu’épuisée de plaisir, elle tendit l’oreille.



Malgré l’écho et les bruissements de la salle, elle identifia la direction. Elle se dégagea d’autorité. Ce bouleversement du protocole laissa toutes les prêtresses sans réaction. Du moins, celles qui s’étaient aperçues du désordre. Enjambant des corps entrelacés, évitant à grand peine de déranger les femmes ivres de désirs, Thyris se dirigea vers le couloir d’où la voix semblait venir. Dans le renfoncement qui leur était réservées, les novices commentaient avec animation.

Sur l’estrade, les officiantes avaient décidé de reprendre, comme si de rien n’était. Seule la jeune Alianthe vit Thyris passer la porte de la pièce.


La voix s’était tue. Thyris jetait des regards sur des salles désertes, et ses pas résonnaient étrangement. Elle connaissait ces couloirs bruissant des claquements de sandales et du pépiement continu des femmes, mais vides ils semblaient inquiétants. Elle pressa le pas. Elle pouvait voir au loin l’arche sombre de la cave, où certaines vestales goûtaient des plaisirs qui faisaient frissonner les autres d’horreur. Elle n’avait toujours rencontré personne. Elle s’avança avec précaution dans l’escalier obscur.


Trois prêtresses en robes jaunes la regardaient avec stupeur. Devant elles, amarré à une planche, Fyrag s’évanouissait.