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Temps de lecture estimé : 7 mn
21/09/06
Résumé:  Où l'on découvre que la pire des tortures n'est pas celle qu'on croit.
Critères:  hsoumis fdomine humilié(e) contrainte revede nopéné donjon attache bougie aventure fantastiqu
Auteur : Lise-Elise  (exploratrice litteraire)            Envoi mini-message

Série : L'ambassadrice et le prophète

Chapitre 04 / 13
L'épreuve



Fyrag est un garçon de ferme sans histoire, à part quelques rêves étranges. Un jour il est abordé par une jeune femme, Thyris, qui cherche à fuir ses ravisseurs, des prêtres d’Hedion, le Dieu Père. Comme ils n’en veulent qu’à sa virginité, elle persuade le garçon de l’en débarrasser. Les poursuivants de la jeune vestale les retrouvent, et heureusement tombent en adoration devant les fesses de Fyrag, permettant aux deux jeunes gens de s’enfuir. Après avoir brouillé leur piste grâce à la magie, Thyris découvre que le garçon est marqué du sceau d’Hédion. Afin d’en savoir plus, elle entraîne son compagnon à Natrant, ville contrôlée par les prêtresses et abritant les plus grandes bibliothèques. Alors que Thyris compulse des textes sacrés, Fyrag est brusquement frappé par derrière.


Si vous ne vous souvenez pas d’avoir lu ça, alors, allez voir les épisodes précédents, ce sera quand même plus clair !




oooOOOooo




L’épreuve



Dyanar la belle pleura trente jours et trente nuits elle pleura. Alquise lui parla des plus grands prodiges sans l’éloigner de son chagrin. Mysalis lui fit les plus grandes promesses sans l’éloigner de son chagrin, Atilbis lui décrit les plus beaux paysages sans l’éloigner de son chagrin. Alors Mysalis fit venir ses servantes, et elle leur ordonna de prendre soin de la déesse. Les servantes baignèrent Dyanar, oignirent sa peau des plus doux parfums et lui offrirent les plus beaux spectacles. Alors, les pleurs de Dyanar cessèrent, et elle sourit.


Geste de Dyanar, Chant trois



Lorsque Fyrag revint à lui, il pensa d’abord être si faible que ses membres ne lui obéissaient plus. Il s’habitua néanmoins peu à peu à l’obscurité de la pièce, et put constater qu’il n’en était rien. Il était sévèrement entravé sur ce qui lui sembla une table. En faisant jouer patiemment ses muscles, il constata que son cou, ses poignets, ses coudes, sa taille, ses genoux et ses chevilles étaient maintenus par des attaches de métal qui le plaquaient contre le bois. En forçant un peu, il pouvait voir, dans un coin de la pièce, luire faiblement un brasero. Le plafond de la salle était voûté, et une chiche lumière émanait d’un point se trouvant derrière lui. Des objets indistincts étaient accrochés aux murs et au plafond, ou posés sur des étagères sombres. Il entendait, au loin, un brouhaha léger qui rappelait l’atmosphère d’un début de banquet.


La position devenait franchement inconfortable, et le temps lui semblait long quand la pièce s’éclaira brusquement, lui faisant cligner les yeux.


Quand il put à nouveau regarder, ce qu’il vit lui glaça le sang. Au-dessus de lui, une chaîne imposante était pendue à un crochet. Vers la gauche, il pouvait apercevoir une croix de Saint André, à côté de laquelle un râtelier portait ce qu’il identifia comme une série de badines. Vers la droite une quinzaine de crochets étaient appuyés sur un pilori. Il sentait qu’on s’agitait autour de lui, et cette agitation l’inquiétait autant que le décor sinistre. Soudain, on lui parla.



Les paroles de Thyris, comme un écho, lui revinrent en mémoire. Il se rendit compte que ses pensées étaient plutôt embrouillées.



Dans sa tête la voix de Thyris se fit plus précise, ce qui l’empêchait de se concentrer. « …C’est mon porte torche… je veillerai à ce qu’il ne souille rien par sa présence… c’est ce qu’elles attendent… hommes brutaux et sans finesse ». Il finit par s’arracher à la litanie.



Il encaissa une secousse, puis la table bascula. Il sentit avec soulagement quelque chose de dur sous ses pieds. Il avait craint un instant d’être suspendu, et la brève sensation d’étranglement l’avait paniqué. Il s’aperçut alors avec effroi qu’il était nu. La chaleur qui régnait dans la pièce l’avait empêché de s’en rendre compte jusqu’à maintenant.


Devant lui se tenaient trois femmes, vêtues de jaune. Il lui sembla que la couleur était importante*. Sans trop savoir pourquoi, il baissa les yeux. La voix de Thyris résonnait toujours dans sa tête.



Il se rendit compte avec accablement que sa voix était stridente. La peur prenait possession de lui et il ne pouvait pas la maîtriser. Il s’efforça de respirer lentement, mais la chaleur lourde le suffoqua très vite.



Il trouva ces paroles ridicules, et pourtant une sueur d’angoisse coula le long de sa colonne vertébrale. Lorsque le filet liquide atteignit ses fesses, il eut l’idée saugrenue de Thyris utilisant cette humidité pour jouer avec son cul. La pensée de la jeune femme penchée sur son postérieur l’apaisa soudain. Il ne savait pas où était la vestale, mais il fallait qu’il la protège. Et pour cela, il était indispensable de dissimuler leur complicité.


Il sentit un ustensile froid sur son menton. Forcé par l’objet, il leva la tête autant qu’il le pouvait.



Les trois femmes l’observaient d’un air narquois. L’une d’elle tenait une canne en bois sombre.



Une des prêtresses se saisit d’une cravache, qu’elle fit claquer dans le vide. Fyrag déglutit avec difficulté.



Sa voix avait encore dérapé. Il respira très fort.



Fyrag n’avait plus atteint de tels aigus depuis sa mue. Sa gorge lui faisait mal, et la peur n’arrangeait rien.



La chandelle brasillante s’approchait dangereusement du torse du jeune homme. Celui-ci se prit à regretter de ne pas être imberbe. Et dire qu’il avait été si fier de cette marque de virilité. Il fit une tentative ridicule pour se dérober, et sursauta violemment lorsqu’une goutte de cire presque froide s’écrasa sur son orteil. Dans sa tête, la litanie de paroles s’entremêlait maintenant de gémissements de plaisir.



La persifleuse assujettit un poids à l’une des pinces, et soupesa. Elle eut une moue boudeuse, puis fixa longuement l’entrejambe du prisonnier. Celui-ci sentit ses bourses se rétracter.



En disant cela, la vestale soupesait un poids plus volumineux, et Fyrag se demanda si l’air de chat satisfait qu’elle affichait était dû à l’insulte qu’elle lui avait lancée ou à l’objet qu’elle manipulait.



Fyrag frémit en sentant la cravache aller et venir de son torse à ses jambes, effleurant à peine la peau. Sa tortionnaire s’amusa à soulever son pénis du bout de son engin, avec un plaisir manifeste. Fyrag ferma les yeux. Dans sa tête, les paroles de Thyris étaient couvertes par ses cris de jouissance. Il eut un éblouissement, puis il vit la jeune femme.


Elle était ligotée à la croix de Saint André, et ses seins se soulevaient au rythme de ses râles. Son corps luisait de sueur. Elle portait plusieurs balafres rouges sur les cuisses, et une petite prêtresse blonde, la tunique flottant sur les hanches, jouait de son sexe avec une badine. Les feulements de Thyris s’amplifiaient, elle lançait le bassin en avant autant que le lui permettaient ses liens. La vestale moqueuse s’approcha d’elle, et accrocha la pince munie de son poids sur le sein de la suppliciée. Elle se cambra, cria plus fort. La petite blonde cessa de jouer avec son plaisir, et leva sa badine.

Avant qu’elle n’abatte son bras, Fyrag se mit à hurler :



Le silence.


Plus de voix, plus de cris. Il ouvrit les yeux. La croix de Saint André était vide de tout occupant. Les trois prêtresses, ahuries, se regardaient sans comprendre. Fyrag tentait de reprendre ses esprits. Il avait rêvé. Il n’avait pas vu Thyris. Mais il l’avait entendue, et il ne l’entendait plus. Il n’entendait pas non plus le bruit lointain qu’il avait remarqué avant l’arrivée de ses persécutrices. Il n’entendait plus que le bruit sourd de sa propre respiration et les craquements du brasero.

Face à lui, les prêtresses hésitaient à reprendre.


Elles n’en eurent pas le temps.




* Le jaune est la couleur des prêtresses de Mysalis, déesse de la ruse et de la mort. Dans l’épisode précédent, Thyris recommandait à Fyrag de ne jamais se fier à elles.