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Temps de lecture estimé : 13 mn
17/05/07
Résumé:  Des jeunes mariés n'ont plus de voiture suite à un accident et font du stop. Un VRP rêve de leur procurer un long voyage plein d'aventures. Mais est-ce vraiment désintéressé de sa part ?
Critères:  #nostalgie fh hplusag jeunes vacances autostop amour cérébral pénétratio
Auteur : Lucien Ramier            Envoi mini-message

Série : Voyage de noces en auto-stop

Chapitre 01
Un si gentil petit couple

Vendredi 3 juillet


Je m’appelle Lucien. Je suis VRP et, en ces années 1980, j’ai 45 ans. Je reviens de Paris, siège de la société d’édition où je travaille comme commercial dans la vente de livres techniques et de publicité qui paraît dans les deux revues de la maison.


Ma façon de voyager est tout à fait originale et adaptée au métier que j’exerce dans toute la France : pour ne pas être soumis à des contraintes d’horaire avec les chambres d’hôtel à réserver, je voyage dans un fourgon que j’ai aménagé en camping-car, avec un lit, un réfrigérateur, une cuisine sommaire, un chauffage pour l’hiver. Le fourgon a l’aspect d’une simple camionnette commerciale, avec sa publicité sur les flancs. Rien, à part un lanterneau et quelques grilles d’aération, ne laisse deviner que c’est un camping-car, ce qui me permet de stationner dans le centre des villes. En somme, toute l’année, tel l’escargot je promène ma coquille.


Je ne saurais mieux dire en parlant d’escargot, car je ne suis pas un fou de la vitesse. Je prends mon temps et voyage sans contrainte d’horaires à respecter. Je dors et déjeune en général dans le véhicule, sauf le midi, où je m’arrête parfois dans des petits restaurants ou des cafétérias de grandes surfaces. C’est le cas aujourd’hui, vendredi 3 juillet, veille des grands départs en vacances : je sors de la cafétéria de la Flèche, et au volant de mon fourgon-camping-car, je rejoins par la nationale 23 mon domicile nantais. La radio, compagne fidèle de tous les jours, tourne autant que le moteur. Je mets le contact. Tiens, une chanson de Michel Fugain que j’aime bien !



C’est un beau roman, c’est une belle histoire

C’est une romance d’aujourd’hui

Il rentrait chez lui, là-haut dans le brouillard

Elle descendait dans le midi, le midi

Ils se sont trouvés au bord du chemin



Au premier croisement, j’aperçois soudain une grande jeune femme brune correctement habillée qui fait de l’auto-stop. J’hésite à la prendre dans la camionnette. Ce n’est pas son gros sac à dos qui me fait peur, ni les paroles de la chanson qui au contraire pourraient m’y inciter. Mais ce jour-là je suis exceptionnellement pressé de rentrer à la maison, où mon épouse m’attend. Finalement, je ralentis instinctivement et me range sur le bas-côté.



Elle a posé son sac et me regarde en souriant. Je la trouve sympathique et me réjouis déjà de sa compagnie. Sans hésiter je lui dis :



Je suis tout surpris de son hésitation à venir me rejoindre vite dans la camionnette. C’est alors qu’en regardant dans mon rétro, j’aperçois un jeune homme de taille moyenne, bien habillé lui aussi, qui accourt à son tour avec un autre sac tout aussi énorme. C’est bien la première fois que l’on me fait ce coup-là !


Je suis un peu interloqué. Finalement, je me dis qu’après tout je n’aurai pas forcement à soutenir une conversation, si la personne n’est pas bavarde. Ils pourront ainsi parler ensemble. Je ne cherche pas de prétexte pour leur refuser de monter, mais je pense soudain à la sécurité routière.



Elle voit mon hésitation, et se penchant elle me lance :



La chanson de Michel Fugain continue :



C’était sans doute un jour de chance

Ils avaient le ciel à portée de main

Un cadeau de la Providence

Alors pourquoi penser au lendemain



Je baisse le son de mon autoradio. Je la sens suppliante. Je me dis qu’après tout ces jeunes gens me semblent tout à fait corrects, malgré le coup de la jeune femme qui sert d’appât pour la prise en auto-stop. On ne me l’avait encore jamais fait. Je pense que, fatigués d’attendre, ils ont dû choisir ce subterfuge.



La jeune femme traîne son gros sac jusqu’au pied de la banquette derrière la table et s’y installe. Le jeune homme lui fait un petit sourire et un petit signe de remerciement. Un silence s’installe pendant quelques minutes. Histoire de les mettre à l’aise :



En souriant je lui réponds :



Assise sur sa banquette, Valérie prend la parole à son tour.



En somme, je trouve ces jeunes forts sympathiques et je suis enclin à croire qu’ils me disent la vérité. Pourtant leur histoire n’est pas banale. Dans le rétroviseur intérieur au-dessus de la glace, je peux apercevoir Valérie, allongée confortablement sur la banquette. Il fait très chaud dans le fourgon et elle a ouvert un peu son chemisier, laissant apercevoir deux beaux seins blancs libres de tout soutien-gorge. Alain surprend mon coup d’œil et pour ne pas paraitre trop hypocrite, je lui dis :



En disant cela, une idée me traverse l’esprit, une idée folle qui va peut-être leur paraître curieuse. Je dois effectuer durant toute la semaine suivante de ce début juillet, un grand circuit juste avant la fermeture de certains commerces pour les congés d’été. Partant de Nantes, j’ai des rendez-vous rapides à Lyon, Grenoble, Aix, Toulon, Montpellier, Toulouse. Une si longue route seul dans ce fourgon peut peut-être avoir d’autres charmes en leur compagnie et me réserver des surprises. Un tant soit peu voyeur, j’imagine aussi le plaisir de les voir heureux ensemble pendant huit jours, ces deux jeunes tourtereaux.


Un silence de quelques minutes m’a permis de préparer la proposition que je concocte pour qu’ils acceptent de m’accompagner pendant toute une semaine. Nous arrivons à la sortie de Derval. Un petit parking me permet d’arrêter. Comme il fait chaud, je leur propose une boîte de jus de fruit frais sortie du frigo. J’en profite pour expliquer mon travail de voyageur. Je leur fais visiter ma coquille d’escargot. À ces jeunes étudiants, j’ouvre mes cartons de livres de démonstration. Alain prend un livre de bricolage, et Valérie est attirée par un très gros ouvrage que je lis à titre personnel le soir dans ma couchette. Il ne fait pas partie des livres de démonstration. C’est un livre très sérieux sur le comportement des humains avec le vêtement et le naturisme en particulier : la thèse de Marc-Alain Décamps sur « Le Nu et le Vêtement ».



Enchanté par cette halte, je me remets au volant. Alain a rejoint Valérie sur la banquette. Dans le rétroviseur, je les vois feuilleter sagement les deux ouvrages posés devant eux sur la table. Au bout d’un moment, en jetant un autre coup d’œil au rétro, je les vois s’embrasser tendrement. Bien entendu, je fais celui qui ne voit rien. Je me demande bien jusqu’où vont aller leurs effusions amoureuses.


En traversant la ville d’Angers, un premier feu rouge. L’arrêt du véhicule doit subitement les surprendre. Valérie vient s’asseoir sur le siège du passager et Alain reste sur la banquette à feuilleter un livre. Elle a apporté son livre. Je lui adresse la parole :



Alain ne nous a pas entendus. Le bruit du moteur dans la cabine a dû couvrir ma voix. Valérie se lève et va vite le rejoindre sur la banquette. Je la vois expliquer à son jeune mari ma proposition. Elle semble si heureuse de ce projet de voyage. Alain semble tout pensif. Je sais que ce sera oui, car il ne pourra pas lui refuser un tel voyage de noces. Je les vois s’embrasser de nouveau tendrement. Nous arrivons à l’entrée de Nantes. Je les conduis à la sortie, sur la route de La Baule. Au moment de les laisser, je leur demande :



–––oooOooo–––


Lundi 6 Juillet


Il est dix heures et j’arrive à l’endroit précis où je les ai laissés sur le bord de la route, à la sortie de Nantes sur la route de La Baule. Il n’y a personne qui attend au bord de cette route. Je suis très déçu au fond de moi-même. Je vais faire demi-tour au prochain croisement et me fais une raison : je vais partir seul.


Ils ont dû me prendre pour un « fada » ou un drôle de type avec une telle proposition. Pourquoi quelqu’un, tout à coup, offrirait-il à des inconnus un tel voyage ? Alain a peut-être convaincu Valérie que quelque chose de bizarre et de pas tout à fait innocent se cachait sous cette proposition. Pourtant, au fond de moi-même, j’éprouvais un plaisir indéfinissable à rendre ces jeunes inconnus heureux pendant quelques jours. Je trouvais qu’ils n’avaient pas eu de chance avec leur accident de ce premier jour de noces. Je voulais faire tourner leur chance. Je désirais vraiment leur forger des souvenirs inoubliables avec le plus insolite des voyages de noces : en auto-stop.


Soudain, sortant d’un fourré : surprise ! De l’autre côté de la route j’aperçois Alain et Valérie, tout sourire, qui me font le signe du stop. Je freine vite et me range sur le bas-côté.



Je me sens tout à coup satisfait de voir mon projet sur les rails. Je sors la cassette de Michel Fugain et leur fait la surprise :



Ils se sont trouvés au bord du chemin

Sur l’autoroute des vacances

C’était sans doute un jour de chance

Qui cueillirent le ciel au creux de leurs mains

Comme on cueille la providence

Refusant de penser au lendemain



Ils se sont rapprochés tous les deux, sur le même siège du passager, et la cassette continue, pendant qu’ils se regardent en amoureux, leurs visages reflétant la joie.



Tout au long de ces deux cents premiers kilomètres, passant par la nationale qui part de Nantes en direction de Lyon, Alain et Valérie ont échangé leur place entre la banquette et le siège passager. Ils ont à tour de rôle parlé avec moi en toute confiance de leurs occupations et de leurs projets de jeunes mariés. Alain veut arrêter ses études et travailler au plus vite. En stage au CHU de Rouen, Valérie pense bien elle aussi pouvoir travailler tout en continuant ses études.


Il est 13 heures quand j’arrête le camion près d’un petit bois entre Chauvigny et Le Blanc. Il fait chaud et beau, et j’installe les trois sièges et la table de pique-nique à l’ombre sous les arbres. Ils sont tout joyeux et détendus. Alain me fait remarquer aimablement :



Après le repas je propose, sans être trop militaire dans l’organisation, un temps de repos où chacun fait ce qu’il veut. Le départ est fixé à 15 heures, pour ne pas prendre trop de retard. Il reste encore 400 kilomètres de petites nationales en direction de Lyon ou Tarare, but du voyage de cette première journée. Valérie m’aide à ramasser les restes du pique-nique et rejoint Alain dans le bosquet. Je laisse la porte de côté du fourgon grande ouverte et je me repose sur la banquette. Je passe en sourdine la cassette de Michel Fugain :



Ils se sont cachés dans un grand champ de blé

Se laissant porter par les courants

Se sont racontés leurs vies qui commençaient

Ils n’étaient encore que des enfants, des enfants



Ces paroles me font imaginer ces deux jeunes mariés qui m’accompagnent. Je pense un instant à me rendre dans le bois pour jouer au voyeur et assouvir ma curiosité, savoir ce qu’ils sont en train de faire. Je sais ce que je ferais à leur place et je suis même sûr de ce qu’ils font. Je les envie et je me dis que je suis un peu pour quelque chose dans ce bonheur qu’ils partagent maintenant. Mais je pense que ce serait tout à fait inconvenant avec le rôle que je voudrais afficher. Je me dis qu’après tout, tout à l’heure, s’ils sont en retard au rendez-vous, il sera toujours temps d’aller les surprendre, si je ne peux résister à la tentation du voyeurisme.


Alain et Valérie, se tenant par la taille, ont traversé le petit bois. Derrière le bosquet ils ont trouvé un grand champ de blé qui commence à jaunir. Le vent balance doucement les épis. Ils ont passé les premiers sillons et là, ils ont trouvé un petit coin où le blé ne pousse pas. C’est comme une clairière. C’est un nid d’herbes fines et douces. Sans que leurs bouches ne se dessoudent ils se sont retrouvés enlacés et couchés sur le sol.


Alain caresse les cheveux de Valérie, qui se retrouve allongée sur lui. Pendant ce temps, la jeune femme s’empare de la colonne de chair qui durcit. Elle la fait glisser le long de ses doigts. De ses deux mains, le jeune homme enlève le chemisier et les deux seins de la jeune femme se balancent au-dessus de son visage. Comme un bébé, il suce les tétons. Avec frénésie ils se sont débarrassés de leurs habits. Les voilà maintenant tout nus comme au jour de leur naissance, dans ce nid d’amour, dans les blés. Ils roulent l’un sur l’autre comme deux enfants qui jouent ou se chamaillent. D’une main la jeune femme saisit le pieu viril et le fait pénétrer dans son antre de chair rose. Elle soupire. Sur son visage le masque du bonheur se dessine, comme si elle vivait tout à coup dans un lointain paradis. Alain sent monter le plaisir dans tout son corps et dans un grognement de plaisir se libère de sa semence…


–––oooOooo–––



Alain et Valérie me réveillent en chœur. Il est temps de reprendre la route. Je me réveille péniblement, car j’ai dû dormir et rêver pendant une heure, allongé sur la banquette, au lieu d’aller jouer au voyeur dans le champ de blé. Le voyage continue. Demain ou ce soir, je me promets cette fois-ci d’aller les surprendre, mes jeunes amoureux. Ou peut-être encore plus, si l’occasion se présente…