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Temps de lecture estimé : 26 mn
18/09/07
Résumé:  Cassandra est introuvable.
Critères:  copains dispute théatre humour -théâtre -couplea3
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Les malheurs de Cassandra

Chapitre 06 / 08
Roméo et Juliette - Les malheurs de Cassandra - Acte VI

Les personnages :


Juliette

Cassandra : la meilleure amie de Juliette


Roméo

Éloïse : la meilleure amie de Roméo

Siriac : le meilleur ami de Roméo et le petit ami de Cassandra

Flora : une collègue de Roméo

Daphné : la sœur de Flora

Jonas : un serveur d’un restaurant




Résumé de l’acte I : Samedi vers 16h, Cassandra débarque chez Juliette et Roméo ; elle s’est disputée violemment avec Siriac et veut « faire un break ». Juliette, Éloïse et Roméo tentent de lui remonter le moral et lui proposent un restaurant, puis un cinéma. Siriac, de son côté, est décidé à tout tenter pour satisfaire son vieux fantasme de faire l’amour avec deux jeunes femmes. Il invite Flora et Daphné à passer la soirée avec lui, non sans avoir auparavant acheté de puissants aphrodisiaques.



Résumé de l’acte II : Samedi soir, Flora et Daphné viennent manger chez Siriac ; pendant ce temps, Juliette, Éloïse, Cassandra et Roméo sont au restaurant. Siriac dépasse toutes ses limites avec ses deux invitées. Cassandra, quant à elle, s’amuse à séduire des serveurs du restaurant. Roméo, tentant désespérément d’obtenir des nouvelles de Siriac, décide de passer chez lui à l’improviste. Tandis que Juliette et Éloïse ramènent Cassandra pour « la calmer », Roméo essaie de raisonner Siriac, mais finit par succomber à nouveau aux charmes de Flora.



Résumé de l’acte III : Tandis que Siriac, Flora et Daphné poursuivent leur marathon sexuel, Roméo rejoint Juliette, Éloïse et Cassandra, mais ne dit mot de ce qu’il a vu. Juliette et Éloïse finissent par se convaincre que si Siriac est aussi pénible avec Cassandra, c’est notamment à cause de son vieux fantasme de faire l’amour avec deux femmes. Elles décident de le lui réaliser, sans bien sûr rien en dire ni à Cassandra ni à Roméo. Vers trois heures du matin, elles sonnent chez Siriac. Flora et Daphné ont tout juste le temps de se cacher, et observent, sans comprendre, Juliette et Éloïse se livrer à Siriac. Flora, cachée, parvient à prendre quelques clichés compromettants des trois jeunes gens. Pendant ce temps, Cassandra a réussi à convaincre un des serveurs du restaurant de venir la retrouver et elle s’abandonne à lui à côté de Roméo endormi, qu’elle réveille finalement pour qu’il se joigne à eux.



Résumé de l’acte IV : Dimanche après-midi, chacun de leur côté, Siriac et Cassandra se mordent les doigts en repensant à ce qu’ils ont fait la veille. Juliette parvient à convaincre Cassandra de retourner voir Siriac et ils se pardonnent mutuellement, décidant d’oublier ce week-end désastreux. Pendant ce temps, Flora se demande de quelle façon elle va bien pouvoir utiliser les photos qu’elle a prises la veille. Dimanche soir, Juliette, Éloïse et Roméo passent une soirée sympa, persuadés que tout est rentré dans l’ordre.



Résumé de l’acte V : Lundi matin, sur son lieu de travail, Flora envoie par mail à Roméo les photos de Juliette, Éloïse et Siriac. Roméo déboule en furie dans son bureau, où elle lui explique tout ce à quoi elle a assisté samedi soir. Roméo enrage et tente d’appeler Siriac à plusieurs reprises. Flora s’en va déposer une copie des mêmes photos dans une boîte aux lettres, en ville. Le soir, lorsque Roméo rentre chez lui, il s’explique avec Juliette et Éloïse, tentant de comprendre. Siriac les rejoint ; les garçons en viennent presque aux mains, mais Juliette parvient à les calmer, et convie Cassandra à les retrouver pour l’apéritif, dès qu’elle aura fini son travail.





LES MALHEURS DE CASSANDRA




Acte VI, scène 1


Lundi, 20h10


L’appartement de Siriac et Cassandra


(Cassandra)



(Cassandra pose sa veste sur une chaise et dépose le courrier qu’elle tenait sur la table.)


Cassandra : C’est bizarre cette grosse enveloppe marron sans nom, sans adresse, sans rien… Voyons voir…


(Elle ouvre cette grosse enveloppe et en retire quatre ou cinq feuillets A4 imprimés de photos. Cassandra pâlit au fur et à mesure qu’elle découvre chaque photo.)


Cassandra (ébranlée) : Mais c’est pas vrai ! J’hallucine ! C’est un cauchemar !


(Elle jette les photos en vrac sur la table et se met à pleurer.)







Acte VI, scène 2


Lundi, 20h50


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Roméo, Éloïse, Siriac)




(Juliette et Éloïse sont toujours assises dans le canapé ; Siriac est assis sur une chaise ; Roméo va-et-vient dans la pièce, un verre à la main.)


Siriac : Mais c’est pas vrai ! Qu’est-ce qu’elle fout ?

Juliette : Bah, t’inquiète pas, elle aura sans doute été un peu retardée au boulot.

Roméo : Ou peut-être qu’elle a la courante et qu’elle est bloquée sur les chiottes…

Éloïse : Quelle finesse !

Roméo : Bon, en attendant, on va se resservir un petit apéro…


(Il s’approche de la table, mais avant qu’il ne puisse attraper la bouteille de whisky, Juliette s’en saisit.)


Juliette : Tu as peut-être assez bu, non ?

Roméo : Oh, ça va, j’en ai bu que deux…

Juliette : Oui, eh ben, pour le troisième, tu attendras Cassandra !

Roméo : Bon alors je vais peut-être la rappeler…

Siriac : Oui, attends, je m’en occupe.


(Il se lève et téléphone. Quelques secondes passent.)


Siriac : Ça bascule sur la messagerie…


(Un silence.)


Siriac : Oui, ma puce, c’est Siriac, ben, c’était pour savoir où t’en étais. On est tous chez Juliette et on t’attend. Bisous. À plus.


(Il range son téléphone et revient s’asseoir.)


Siriac (à Éloïse) : Bon, tu me fais une pipe, en attendant qu’elle arrive ?

Roméo : Hein ? Mais tu veux mourir, Siriac ?

Éloïse : Moi je veux bien, mais…

Roméo (à Éloïse) : Tu veux bien ? Mais j’hallucine… Tu vas aller dormir dehors, toi !

Siriac (à Éloïse) : Si tu veux, y a de la place chez nous.

Éloïse (avec un sourire) : Je ne voudrais pas déranger…

Juliette (avec un sourire) : Je crois plutôt que je vais garder Éloïse et que je vais vous envoyer Roméo…

Siriac (avec un sourire) : Eh ben, dans ce cas-là, je crois plutôt que je vais rester là, avec vous…

Roméo (sans le moindre sourire) : Oui, c’est ça, comme samedi soir…


(Un silence.)


Roméo : Et moi, je surveillerai Cassandra, pendant que vous baiserez tranquillou, comme samedi soir…


(Plus personne ne sourit.)


Siriac : Qu’est-ce que ça veut dire « surveiller » ?

Roméo : Surveiller ? Ça veut dire faire attention à ce que personne ne l’abîme…


(La sonnerie du téléphone fixe retentit.)


Juliette : J’y vais…


(Elle se lève et va décrocher.)


Juliette : Allô ? … Allô ?

Siriac : C’est Cassandra ?

Juliette (reposant le téléphone) : J’sais pas, ça a raccroché direct.


(Une autre sonnerie de téléphone retentit.)


Siriac : C’est lequel ?

Roméo : T’occupe ! C’est le mien…


(Roméo prend son téléphone sur un meuble et décroche.)


Roméo : Allô ?

Juliette : C’est pas louche, ça… Quelqu’un qui appelle sur le fixe, entend ma voix et raccroche, et rappelle aussitôt sur le portable de Roméo ?

Roméo (au téléphone) : Euh, attends deux secondes, je vais aller dans ma piaule, je t’entendrai mieux.


(Il s’éloigne en direction de la chambre.)


Juliette : J’hallucine ! Et en plus il veut être peinard !

Éloïse : Oui, ça doit être sa Flora…

Roméo (sortant vers la chambre) : Hein ? Tu es sûre ?


(Il referme la porte derrière lui. Juliette se lève et va coller l’oreille contre la porte.)


Siriac : C’est bon, Éloïse, tu peux me faire une pipe, y a plus personne qui regarde…

Éloïse : Tu demanderas à ta femme, elle va bientôt arriver.

Siriac : Oui, c’est vrai, qu’est-ce qu’elle fout d’ailleurs ?

Éloïse : Alors, Juliette ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Juliette : J’sais pas, je comprends rien. J’entends, mais je comprends rien.

Siriac (se relevant) : Je vais essayer de la rappeler.

Éloïse : C’est Flora ?

Juliette : Non, ça n’a pas l’air. Ou alors ils ont buté leur patron ensemble et ils savent pas où foutre le corps. Ça me fait penser à ça, ce que j’entends.


(Siriac reprend son téléphone et compose un numéro.)


Siriac : Messagerie, direct.

Éloïse : Direct ? C’est peut-être elle qu’appelle Roméo…


(Juliette et Siriac la regardent fixement un court instant. Siriac jette son téléphone sur la table et fonce en direction de la chambre. Il s’arrête soudain, réfléchissant.)


Siriac : Non, ça peut pas être elle. Je vois pas pourquoi elle appellerait Roméo. Elle doit être en train d’arriver et a coupé son téléphone.


(La sonnerie du téléphone de Siriac retentit.)


Siriac : D’ailleurs, voilà, ça doit être elle.


(Il saisit son téléphone.)


Siriac (observant l’écran) : Ah, non. Numéro masqué. C’est pas elle.


(Il décroche.)


Siriac : Allô ? … Hein ? Flora ?

Éloïse : Bon, ben c’est pas Flora avec Roméo. Ou alors elle s’emmerde vraiment…

Juliette : J’hallucine ! Je vais lui payer un billet pour Sydney à celle-là !

Siriac (au téléphone) : Quoi ? … Si j’ai trouvé tes photos ? … Quelles pho…


(Il devient livide en s’interrompant et lâche son téléphone qui tombe jusqu’au sol. Il a un court instant d’égarement.)


Juliette : Siriac, ça va ?

Éloïse : Ouh la ! J’ai peur de comprendre…

Siriac (se reprenant, mais anxieux) : Il faut que je vous laisse, les filles…


(Il ramasse son portable et sans ajouter un mot sort à toute allure de l’appartement.)


Juliette : Tu crois que Cassandra est tombée sur les photos que l’autre salope a prises ?

Éloïse : Tu vois une autre explication ?

Juliette : Mais pourquoi elle appellerait Roméo ?

Éloïse : Qui d’autre tu veux qu’elle appelle ? Je te rappelle que sur les photos, il y a Siriac et toi et moi…


(Juliette se redresse et tambourine à la porte de la chambre.)


Juliette : Ouvre, Roméo, ouvre ! Passe-la-moi, il faut que je lui parle. Roméo ! Ouvre, allez !


(La porte s’ouvre enfin. Roméo revient, le téléphone à la main, et l’air tourmenté. Sous les yeux interrogateurs de Juliette et d’Éloïse, il va sans un mot jusqu’à la petite table où sont posés les apéritifs et se sert un grand whisky.)


Roméo : Je crois que je vais pas attendre Cassandra pour le troisième…

Juliette : Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Roméo : Eh ben c’est la suite de vos conneries de l’autre soir !

Éloïse : Cassandra a aussi trouvé des photos, c’est ça ?


(Roméo acquiesce d’un regard, buvant une gorgée de whisky.)


Éloïse : Siriac vient de partir.

Roméo : Ben à mon avis, il peut la chercher longtemps.

Juliette : Pourquoi ? Elle est où ?

Roméo : J’sais pas, elle a pas voulu me dire.


(Un silence.)


Juliette : Je crois qu’un jour, je vais la tuer, ta Flora !

Éloïse : Je vote « pour »…


(Un silence.)


Éloïse (sentencieuse) : Bon, eh ben, par deux voix pour et une abstention, Flora est déclarée condamnée à la peine capitale. La sentence sera exécutée de la façon suivante : l’inculpée sera sodomisée jusqu’à ce que mort s’ensuive… Bourreaux, préparez-vous !

Roméo (à Éloïse) : Eh, t’as craqué ? Redescends !

Juliette : N’empêche que… la vie serait quand même plus sympa sans cette grosse conne, non ?

Roméo (avec un sourire) : Je t’interdis de parler comme ça de mes collègues de travail…

Juliette : Mais elle est le mal personnifié !

Roméo : N’exagérons rien, tout de même…

Juliette : Eh ben, la preuve : regarde ce qu’elle a fait ce soir. C’est pas juste pour foutre la merde ?

Éloïse : Bon, dites, je vous interromps, mais vous voulez pas plutôt qu’on essaye d’aider Siriac ?

Roméo (avec un sourire) : Non, jamais ! Qu’il crève ! Il n’a que ce qu’il mérite…

Juliette : Ben oui, mais on fait quoi ? On peut bien essayer de l’appeler, mais…

Roméo : Euh… comment dire… je crois qu’elle en a pas mal après vous…

Éloïse : Ah ? Je ne vois vraiment pas pourquoi…

Juliette : Elle ferait mieux d’en avoir après l’autre grosse conne !

Éloïse : Mais non, elle est pas grosse, Flora…

Roméo : C’est aussi ce que je lui ai dit au téléphone, mais elle en a rien à foutre. Et ça se comprend : c’est vous sur les photos en train de pomper Siriac…


(Il boit une grande gorgée de whisky. Juliette a les yeux dans le vague.)


Éloïse : Et donc ? On fait rien ?

Juliette : Ben si, mais quoi ?

Roméo : Si vous n’avez vraiment aucune idée, je veux bien encore une pipe…


(Un silence. Juliette regarde Roméo, consternée. Éloïse sourit.)


Juliette : Aide-nous, plutôt…

Roméo : Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Vous vous êtes tous chié dessus, point barre ! Cassandra s’est barrée je ne sais où et sans doute en bagnole, je ne vois pas du tout comment on peut faire pour tenter de la retrouver…

Juliette : Essaie de la rappeler, toi, avec ton portable !

Roméo : J’ai déjà fait, mais si tu veux réessayer, je t’en prie, vas-y…


(Il lui tend son téléphone. Juliette hésite, puis le prend et appelle Cassandra.)


Juliette : Ça sonne.


(Un silence.)


Juliette : Messagerie.


(Elle tend le portable à Roméo.)


Juliette (à Roméo) : Tiens, cause !

Roméo (déconcerté, au téléphone) : Euh… salut Cassandra, c’est Roméo… ben… euh… je sais pas, mais… tiens-moi au courant de ce que tu fais, quand même… et n’hésite pas à me rappeler, hein ? … À plus.


(Il raccroche et range le téléphone.)


Éloïse : Bravo, c’était très bien !

Roméo : Oh, va te faire foutre…

Éloïse (se levant et déboutonnant son jean) : Okay !

Juliette (l’arrêtant) : Non, non, non, pas maintenant. On verra quand on aura retrouvé Cassandra…

Roméo : Ouh la ! Abstinence jusqu’à ce qu’on la retrouve ? Vite Éloïse, appelle les RG…

Juliette : Allez, soyez un peu sérieux… Voyons, qu’est-ce que vous auriez fait si vous aviez été à sa place ?

Éloïse : Moi j’aurais acheté une arme et je serais allée chez Flora…

Roméo : Non, vous êtes de mauvaise foi, toutes les deux. Moi, quand j’ai trouvé les photos, j’étais pas en colère contre Flora, mais contre Siriac…

Juliette : Donc, là, elle est surtout en colère contre nous…

Éloïse (à Juliette) : Vite, ferme la porte à clef et mets un gilet pare-balle !

Roméo (à Éloïse, avec un sourire) : T’es vraiment insensible !

Juliette : C’est vrai que vous donnez vraiment l’impression de vous en foutre, tous les deux.

Éloïse (habituée) : Franchement, je te parie que dans une heure, ils sont là tous les deux à se marrer comme des baleines en se payant notre tronche…

Roméo : Non, honnêtement, là, je crois qu’elle faisait vraiment la gueule… Mais en même temps, même en essayant de me mettre à sa place, je vois pas ce qu’elle aurait pu faire…


(Un silence.)


Roméo : Peut-être retourner voir l’autre guignol de la pizz’ ?

Juliette : De quoi ?

Roméo : Ben tu sais, le gars qu’elle…


(Il s’interrompt, semblant réfléchir.)


Juliette : Le gars qu’elle a quoi ?

Roméo (empoté) : Non, rien, le gars qui lui avait laissé son numéro samedi soir au restau…

Éloïse : Pourquoi t’as dit « retourner voir » ?

Roméo : Euh… Ben, parce qu’elle l’a déjà vu, l’autre soir, à la pizzeria.

Juliette : Elle l’a revu, après ?

Roméo : Ben, j’en sais rien, moi…

Juliette : Roméo !

Roméo (résigné) : Oh, et puis merde ! Ben oui ! Quand vous êtes allées chez Siriac et qu’elle s’est retrouvée toute seule, la première chose qu’elle a faite, ça a été de l’appeler…

Juliette : Quoi ? Mais elle dormait pas ?

Roméo : J’en sais rien, moi !

Juliette : Et elle est allée le retrouver ?

Roméo : Mais tu rigoles ! Il est carrément venu ici !

Juliette : Quoi ?

Éloïse (à Roméo) : Et toi ?

Roméo (à nouveau embarrassé) : Quoi moi ? Ben que dalle ! Je dormais, moi !

Juliette : Ben comment tu le sais, alors ?

Roméo (de plus en plus gauche) : Eh ben, euh… C’est Cassandra qui vient de me le dire au téléphone, là…

Juliette : Bien sûr ! Elle est en colère et sans doute en pleurs et elle te raconte son week-end…

Roméo (se reprenant) : Bon, mais de toute façon, on s’en fout ! Elle s’est tapée son guignol dans la chambre et moi, j’ai fait le guet et j’ai rien dit à personne, voilà, c’est pas un drame !

Éloïse (amusée) : Comment ? Tu as osé nous mentir ?

Juliette : Mouais, bon, alors admettons qu’elle ait essayé d’aller le retrouver… T’as pas son numéro, Roméo, par hasard ?

Roméo : Ben si, bien sûr ! C’est devenu un pote, maintenant qu’on s’est tapé Cassandra !

Éloïse (très amusée) : Quoi ?

Roméo (vaudevillesque) : Ben, rien… Je me suis tapé Cassandra avec vous… Lui il se l’est tapée après… Alors voilà, on aurait pu devenir potes… C’était une blague, quoi… rien d’autre…

Juliette : J’hallucine complètement !

Éloïse : Non, c’est rigolo…

Juliette : Elle a eu le temps de faire venir ce mec-là et de se faire sauter par tout le monde pendant qu’on était parties ?

Éloïse : Oui, pourtant on s’est pas éternisées chez Siriac…

Roméo : Tout le monde, tout le monde, t’exagères…

Juliette : Et toi, t’as rien dit ?

Roméo : Non, mais attends ! Moi, j’étais vraiment en train de ronfler, vous vous êtes barrées, j’en savais rien, elle a fait son micmac, j’en savais rien non plus, et d’un seul coup, elle m’a réveillé en me faisant une pipe pendant qu’elle se faisait bourrer ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Le temps que je me demande où j’étais, et c’était trop tard…

Juliette : Je rêve !

Éloïse (gaiement) : Comment ça, trop tard ? Des détails, des détails !

Juliette : Alors ça vaut bien le coup de revenir nous engueuler avec tes photos !

Roméo : C’est pas mes photos !

Juliette : Ouais, oh, ça va, hein ! Tu nous fais chier parce qu’on se tape ton copain, et pendant ce temps-là tu te tapes ma copine…

Roméo : Non, c’est pas pareil…

Éloïse : Ben oui, évidemment…

Juliette : Bon, stop ! On va arrêter là, on va oublier ce merveilleux week-end et on va essayer d’être constructifs, maintenant, d’accord ?

Roméo : D’accord…

Éloïse : Tout ce que tu veux pourvu qu’on se marre encore !


(Un silence. Juliette et Roméo la regardent, consternés.)


Éloïse (reprenant son sérieux) : Bon, eh ben, y a plus qu’à aller à la pizzeria…

Juliette : Pour trouver le gars ?

Éloïse : Oui, et puis on pourra en profiter pour manger…

Juliette : Oh la la ! Je suis bien entourée ! Une queue et un ventre ! Je suis gâtée…


(La sonnerie du téléphone retentit. Juliette va décrocher.)


Juliette : Oui ? … Ah c’est toi ? Et alors ? Tu l’as trouvée ? … Et sa voiture, elle est plus là ? … Ben non, elle répond pas non plus. … On avait peut-être une idée, va voir sur le parking de la pizzeria rue du Bois d’Or. … J’sais pas trop, mais l’autre soir, on a bouffé là-bas et y a un serveur qui lui a fait du gringue, alors on sait jamais. … Bon, tu nous tiens au courant ? … Oui, à plus.


(Elle raccroche.)


Éloïse : C’est une belle atténuation, quand même, le serveur qui lui a « fait du gringue »… T’aurais pu lui dire : « qu’est venu faire un plan à trois avec elle et Roméo », ç’aurait été plus rigolo…

Roméo : Oh, va chier !

Éloïse (se levant et déboutonnant son jean) : Okay !

Juliette : Oui, ben pas ici, hein ?


(Un silence. Éloïse se rassoit. Puis tous les trois semblent réfléchir un moment.)


Éloïse : Je crois qu’on est vraiment en train de raisonner comme des mecs…

Juliette et Roméo : ?

Éloïse : Non, enfin, ce que je veux dire, c’est que c’est de la faute de Roméo…

Roméo : Ah bah oui ! J’aurais dû m’en douter…

Juliette : Tu peux être plus claire ?

Éloïse : On a pris l’habitude de s’adapter aux frasques de Roméo et de se mettre à réfléchir comme lui… et du coup, on se dit que la première chose que fera Cassandra sera d’aller se taper un autre mec…

Juliette (éclairée) : Alors qu’en fait elle est peut-être vraiment seulement en train de pleurer… Mais toi qui lui as parlé, Roméo, qu’est-ce que t’en dis ?

Roméo : Oui, c’est sûr, elle était pas fière… Mais bon, moi, je raisonne comme un mec, hein ?

Éloïse : Et pourtant t’as pas sauté sur Flora quand t’as vu les photos ?

Juliette : Mouais, c’est ce qu’il nous a dit, ça…

Éloïse : Oui enfin, t’as vu comme il ment ?

Roméo : Tiens à propos de Flora, j’ai un scoop : elle se tape mon patron…

Éloïse : Un scoop, ce serait de trouver un mec en ville qu’elle se tape pas !

Juliette : Bon, vous voulez pas qu’on pense plutôt un peu à Cassandra ?

Éloïse : Si ! Observons une minute de silence en mémoire du couple qu’elle formait avec Siriac…

Roméo : Ah ouais, cash ! Tu penses que c’est vraiment cuit ?

Éloïse : J’sais pas, je connais pas beaucoup Cassandra, mais j’ai comme l’impression qu’elle ne nous pardonnera jamais…

Roméo : Ben, je sais pas non plus, mais vous avez peut-être qu’à lui expliquer, elle aussi ?

Éloïse : Oui, on a bien réussi à te calmer toi, après tout…

Juliette : Oui mais encore faudrait-il réussir à lui parler ?

Éloïse : Ou on lui explique sur la messagerie…

Juliette : De toute façon je vais essayer de la rappeler.


(Juliette prend son téléphone et appelle. Elle attend quelques secondes.)


Juliette (au téléphone) : Allô, Cassandra, c’est moi. Rappelle-moi, s’il te plaît. Je sais qu’on a déconné, mais tu crois pas qu’il vaut mieux en parler ? Allez, je t’en prie, rappelle-moi. Bises.


(Elle raccroche. Un silence.)


Éloïse (avec un sourire) : Bon, allez, à moi !


(Elle prend son téléphone et appelle.)


Éloïse (au téléphone) : Bon, Cassandra, tu vas pas nous faire chier pour une pauvre histoire de cul à deux balles. On s’est tapé ton mec ? Et alors… Tu t’es tapé Roméo juste avant ! Et puis franchement, c’était pour son bien, à Siriac ! Alors arrête de nous emmerder avec tes délires paranos et rentre chez toi vite fait !


(Elle repose le téléphone sous les yeux parfaitement ahuris de Juliette et Roméo.)


Juliette : Euh…

Roméo : Tu crois que…

Éloïse (souriant) : Mais non ! C’était une blague, j’ai pas appelé, en fait… Un peu d’humour, que diable !


(Juliette et Roméo soufflent de soulagement.)


Éloïse : En même temps ça lui aurait peut-être fait du bien d’entendre ça…

Juliette : Pas dans l’état dans lequel j’imagine qu’elle se trouve.


(On entend frapper doucement sur la porte d’entrée, puis on l’entend s’ouvrir. Siriac entre.)


Éloïse (à Siriac) : T’aurais pu attendre qu’on te dise d’entrer… Et si on avait été nus ?

Siriac : Oh, j’ai pas le cœur à rire…

Éloïse : Ah ! Très bien… On dirait Roméo, quand il vient de se taper douze nanas…

Juliette : T’as pas vu sa voiture ?

Siriac : Non. Et c’est quoi, d’abord, cette histoire de pizzaïolo ?

Eloise : Mais non, tu comprends rien ! Pas le pizzaïolo ! C’est le serveur qui s’est tapé ta nana avec Roméo…

Siriac (incrédule) : De quoi ?

Roméo : Oh, eh, ça va, hein ! De toute façon t’as rien à me dire ! Moi j’avais rien demandé, c’est Cassandra qui m’a sauté dessus…

Siriac : Eh ben moi aussi, mon pépère ! C’est tes deux nanas qui m’ont sauté dessus !

Roméo : Oui, mais c’est pas pareil ! Et puis d’abord, moi, j’en ai niqué qu’une !

Éloïse (à part) : Le niveau s’élève à chaque instant…

Juliette (criant) : STOP ! Arrêtez ! On s’en fout et on a mieux à faire !


(Le téléphone de Roméo sonne. Il s’en saisit.)


Roméo (radieux) : Ah, tiens, c’est Flora…

Juliette (agrippant le téléphone) : Donne ! Je vais lui répondre, moi !


(Roméo, mi-amusé mi-inquiet, laisse le téléphone à Juliette, qui décroche.)


Juliette (au téléphone, déchaînée) : Alors ? T’es fière de toi, ma salope ? … Oui ! … Oui c’est Juliette ! … Non, je te passerai pas Roméo ! … Et je veux plus que tu t’en approches, tu as compris ? … Bon ! … Adieu !


(Elle raccroche, satisfaite.)


Roméo : Et qu’est-ce qu’elle voulait ?

Juliette : J’sais pas. Te parler, je crois. Mais je l’emmerde !

Siriac : Oui, on a vu…

Éloïse : Bon, dites donc, j’ai vraiment faim, moi…

Roméo (déboutonnant son pantalon, avec un sourire) : Okay…

Éloïse : Non, sérieusement, on pourrait vraiment aller à la pizz’… Et on pourrait en profiter pour questionner le serveur. Comment il s’appelle, déjà ?

Roméo : Jonas.

Éloïse : Ah oui, c’est ça, Jonas.

Roméo : Pourquoi ? Tu le connais ?

Éloïse : Ben non, mais il était pas mal…

Juliette : Bon, allez, on y va. Tu viens avec nous, Siriac ?

Siriac : Honnêtement, j’ai pas très faim…

Juliette : T’inquiète pas, Éloïse mangera ta part…

Siriac : Et puis j’ai pas très envie de voir ce Jonas…

Roméo : T’inquiète pas, Éloïse s’en chargera…


(Éloïse tape sur Roméo en faisant semblant d’être fâchée.)


Éloïse (à Roméo) : Arrête ! Qu’est-ce qu’il va penser de moi, après ?

Siriac : Et qu’est-ce qu’on va lui dire, au Jonas ?

Juliette (cynique) : Roméo, qui le connaît très bien, va lui demander s’il sait où est Cassandra…

Roméo : Mouais, si c’est juste pour ça, autant l’appeler et lui demander direct…

Éloïse : Non non non, on va y aller, et comme ça on pourra manger !

Juliette (à Roméo) : Et on le trouve où, son numéro ?

Roméo (avec un sourire) : J’sais pas, je peux appeler Flora, elle doit bien l’avoir…

Juliette : Oh ! Contente-toi de prendre les clefs de la bagnole et de nous emmener à la pizzeria !

Éloïse (avec un sourire) : Avec ses trois whiskies ? Mais c’est du suicide !

Roméo : Oui, après tout, tu as raison, on peut bien y aller à pied, quand même…

Juliette : À pied ? Y en a au moins pour un quart d’heure…

Roméo : Eh ben ça nous fera du bien, voilà tout.

Éloïse (impatiente) : Tout ce que vous voulez pourvu qu’on y aille…

Siriac (accablé) : Moi, je crois que je vais vous attendre ici, au cas où elle changerait d’avis et qu’elle nous rejoindrait quand même…

Éloïse (enjouée, passant sa veste) : D’accord, à tout à l’heure !

Juliette (à Siriac) : Mais non, voyons, tu vas pas rester là tout seul…

Siriac : T’en fais pas pour moi.

Roméo : Il a raison, t’en fais pas pour lui et viens bouffer !


(Roméo et Éloïse sortent.)


Juliette : Tu veux vraiment pas venir ?

Siriac : Non, non, je t’assure…

Juliette : Bon, à tout à l’heure, alors.

Siriac : À plus.


(Juliette sort. Siriac prend son téléphone et essaie d’appeler. Quelques secondes passent. Il raccroche et reste hagard, les yeux dans le vague et son téléphone à la main.)






Acte VI, scène 3


Lundi, 21h55


La salle de la pizzeria


(Juliette, Roméo, Éloïse, des serveurs, des clients)




(Juliette, Éloïse et Roméo sont attablés. La plupart des autres clients en sont au dessert ou au café.)


Éloïse : Eh ben, c’était limite. À dix minutes près on pouvait pas manger…

Juliette (se moquant d’Éloïse) : Ouf ! On va pouvoir manger !

Roméo : Tiens ! Voilà Machin !


(Jonas entre et vient vers eux, un carnet de commandes à la main.)


Juliette (à Roméo, à voix basse) : Essaie de lui demander habilement s’il sait où se trouve Cassandra.

Jonas (s’approchant) : Messieurs dames, bonsoir. Prendrez-vous un apéritif ?


(Il reconnaît Roméo, qui le regarde avec insistance.)


Jonas : Ah, salut, je t’avais pas vu…

Roméo : Salut, ça va ? Tu sais pas où est Cassandra ?

Éloïse (à Juliette) : Oh, la vache ! Qu’est-ce que c’est habile !

Jonas : Cassandra ? C’est la nana de l’autre soir ? Celle qu’est grave salope ?


(Roméo acquiesce. Juliette est consternée, Éloïse est morte de rire.)


Jonas : Ben non ! Pourquoi je saurai ?

Roméo : J’sais pas, mais elle s’est fritée avec son mec, et je me disais qu’elle serait peut-être venue te voir.

Jonas : Pourquoi ? C’est pas toi, son mec ?

Juliette (perdue) : Non non non non non ! C’est le mien celui-là ! Et on n’y touche pas !

Jonas (à Juliette) : Ben moi, j’en avais pas l’intention, mais votre copine Cassandra, je serai vous, je me méfierais…

Roméo : Bon, tu l’as pas vue et tu l’as pas eue au téléphone ?

Jonas : Non. Désolé.

Éloïse : Eh ben ce n’est pas grave du tout. Voilà. Alors moi, je vais prendre une « quatre-fromages » ; pour mon amie, une salade verte, pur malt, pas trop chargée en sauces, et pour monsieur, des nouilles, bien saignantes !


(Tous la regardent, atterrés.)


Éloïse : Et puis vous nous mettrez une bouteille de vin rosé. Pas trop cher.

Jonas (avec un sourire) : C’est noté !

Juliette : Euh, attendez, apportez donc une Calzone avec la salade verte…

Roméo : Et pour aller avec les nouilles, une entrecôte à point…

Jonas : D’acc ! Et en apéritif ?

Juliette : Rien, non merci, ça v…

Roméo (très fort, couvrant sa voix) : Un whisky !

Éloïse (regardant alentour) : Chhhut !

Juliette : Encore ?

Jonas : Et vous, belles jeunes femmes ?

Roméo : Eh, du calme, pépère !

Éloïse (clignant des yeux avec un sourire à l’attention de Jonas) : Des petites cacahuètes, s’il vous plaît, monsieur Jonas…

Jonas (souriant aussi) : Je vous apporte tout ça tout de suite.


(Il s’éloigne.)


Juliette : Bon, ben finalement, on est venu pour rien.

Éloïse : Tu rigoles ? On va enfin pouvoir manger !

Juliette : Ça m’énerve, quand même, de ne pas savoir…


(Un silence.)


Juliette : Pauvre Siriac…


(Un silence. Jonas revient avec un petit plateau chargé de couverts, de verres et d’une bouteille.)


Roméo (fort) : Aaaah ! Mon whisky !

Éloïse (à voix basse) : Chhhhuuuttt ! Tout le monde te regarde !

Juliette : Quelle classe ! Un alcoolique et une boulimique !


(Jonas dépose en riant le whisky, les cacahuètes et la bouteille de vin, qu’il débouche ensuite.)


Juliette (à Jonas) : Je peux vous demander quelque chose ?

Jonas (charmeur, zyeutant Juliette sous tous les angles) : Une femme comme vous peut me demander tout ce qu’elle veut…

Roméo : Oh, oh, oh ! Doucement, garçon !

Juliette (à Roméo, lui rapprochant son whisky) : Tiens, bois, toi !

Roméo : Oh, oh, oh ! Doucement, jeune fille !

Juliette (à Jonas) : Promettez-moi de me prévenir si jamais vous aviez des nouvelles de Cassandra, d’accord ?


(Un silence. Jonas contemple les seins de Juliette.)


Jonas : D’accord. Mais il faut que vous me donniez votre numéro de téléphone, du coup.

Roméo : Euh… peut-être que son mail suffirait, non ?

Juliette : Non, attendez, je vais vous l’écrire.


(Elle fouille rapidement dans son sac à main et en extrait un stylo et un petit bout de papier sur lequel elle griffonne un numéro. Puis elle le tend à Jonas, qui le met dans sa poche en adressant un clin d’œil à Juliette.)


Jonas : Je vous tiens au courant.


(Il s’éloigne.)


Juliette : Et voilà ! C’est pas plus compliqué que ça…

Éloïse : Ouais, sauf qu’il va t’appeler nuit et jour, maintenant…

Juliette : C’est pas grave, c’est le numéro de Roméo que j’ai marqué.

Roméo : Hein ?

Éloïse (avec un sourire) : Rien. Bois !






Acte VI, scène 4


Lundi, 22h40


L’appartement de Juliette et Roméo


(Siriac)




(Siriac est avachi sur le canapé et comate devant la télé, un téléphone portable dans la main droite et le téléphone fixe dans sa main gauche. Une sonnerie retentit. Siriac sursaute, regarde en hésitant les deux téléphones, puis porte à son oreille le téléphone fixe.)


Siriac : Allô ?


(La sonnerie se poursuit.)


Siriac : Oh, merde ! C’est l’autre !


(Il repose le fixe et décroche le portable.)


Siriac : Oui ? … Quoi ? Qui ça ? … Ah, Daphné ? … Excuse-moi, je ne t’avais pas reconnue. … Ben pas très fort. … Oh, c’est compliqué. … Et puis je suis fâché après ta sœur, aussi ! … Parce que. … Je te dis, c’est long et un peu compliqué. … Mais non, t’es pas conne, mais je suis pas sûr que ça t’amuse d’écouter tout ça. … Si ? … Eh ben, écoute, ta salope de sœur, tu sais ce qu’elle m’a fait ?






Acte VI, scène 5


Lundi, 23h30


L’appartement de Juliette et Roméo


(Siriac)




(Siriac est encore avachi dans le canapé, et encore au téléphone. Il a posé une main sur son entrejambe et se frotte doucement par-dessus son pantalon tout en discutant.)


Siriac : Ouais ! … C’est clair que c’était vraiment génial ! … Et quand tu m’as sucé juste après le repas, c’était excellent, aussi…


(On entend s’ouvrir la porte d’entrée.)


Siriac (lancé, ne l’ayant sans doute pas entendue) : Moi, ma copine, elle avale pas…


(Juliette, Éloïse et Roméo entrent doucement, les yeux écarquillés. Siriac ne les a pas remarqués. Ils observent un moment Siriac en train de se toucher.)


Éloïse (à voix basse) : J’hallucine !

Juliette (très fort) : Ça va ? Tout va bien ?


(Siriac sursaute et retire immédiatement sa main d’entre ses cuisses.)


Siriac (au téléphone) : Bon, ben, donne le bonjour à tout le monde, et puis on se rappelle à l’occaze, hein ? Allez, bye.


(Il raccroche. Un silence.)


Siriac (déconfit) : Voilà, voilà… Alors ? C’était bon ?

Roméo : Et toi ? C’était bon ?

Siriac (abracadabrant) : C’était mon cousin. Marcel. On parlait de nos copines…


(Un pesant silence.)


Siriac (nébuleux) : Alors ? Vous… vous avez des news ?

Roméo : Oui, une bonne nouvelle, même : Éloïse n’a plus faim…

Éloïse : Gna gna gna !

Juliette : Non, on a une vraie bonne nouvelle : elle n’est pas allée voir le serveur !

Siriac : Qui ça ? Éloïse ?

Roméo : Eh mais t’es con ou quoi ?

Siriac : Ah, Cassandra…

Juliette : Ça n’a pas l’air de te réjouir ?

Siriac : Je sais pas, je me demande si elle me pardonnera jamais…

Éloïse : Ça c’est la phase 2… La phase 1, déjà, c’est de rentrer en contact avec elle !

Juliette : Et toi ? T’as eu des nouvelles ?

Roméo : Ben oui, il a eu son cousin Marcel avec qui il se branle au téléphone !

Éloïse : Oui, j’aimerais bien entendre sa voix, à Marcel, pour rire !

Siriac : Oh, ça va, hein ! On a bien le droit de se détendre un peu…


(Un silence.)


Siriac (avec un sourire) : D’ailleurs, Éloïse, je voudrais bien une pipe, s’il te plaît…

Éloïse : Non, c’est bon, j’ai assez mangé, merci…

Siriac : Juliette ?

Juliette : Euh… non, je passe… Roméo ?

Roméo : Ben oui, bien sûr ! Je vais sucer le nain…

Siriac : Oh, ça y est, ça recommence… Un peu de compassion, tout de même !

Juliette (s’étirant) : Bon, ben… Je suis désolée, mais je vais vous abandonner là. Tu dors là, Siriac ?

Siriac : Ben… j’sais pas trop…

Roméo (railleur) : Dans le canapé, elle veut dire… parce que dans la chambre, c’est moi !

Juliette : Bon, faites comme vous voulez. Moi je vous laisse.


(Elle sort vers la salle de bains, en commençant de déboutonner son chemisier, sous les regards importuns de Siriac.)


Éloïse : Pareil ! Je vous laisse aussi. Bonne nuit, Siriac…


(Elle sort vers les toilettes, en commençant de déboutonner son pantalon, sous les regards envieux de Siriac.)


Siriac : Oh la la !

Roméo (avec un sourire) : Bon, ben, tu m’en veux pas, mais je crois que je vais aller les rejoindre…


(Un silence. Siriac bout.)


Roméo : T’as qu’à rappeler ton cousin Marcel…

Siriac : C’est ça, fous-toi de moi !


(Juliette revient de la salle de bains, à demi nue, portant juste une nuisette presque trop petite et, passant devant les garçons, se dirige vers les toilettes, sous les regards avides de Siriac.)


Roméo : Siriac ?

Siriac (sans détourner les yeux du corps de Juliette) : Oui ?

Roméo : Tu peux regarder ailleurs ?


(Siriac lève des yeux embarrassés vers Roméo. Éloïse sort des toilettes et va vers la salle de bains, passant devant les garçons avec son jean ouvert et en retirant son tee-shirt. Siriac la dévore des yeux.)


Roméo : Siriac ?

Siriac : Euh… ça va, ça va, ne t’inquiète pas…

Roméo : Peut-être qu’un peu de bromure te ferait du bien ?

Siriac (se reprenant) : Je crois que je vais aller me coucher. Ça ira mieux demain. Tu peux m’aider à déplier le canapé ?


(Roméo et Siriac se mettent à transformer le canapé en lit. Juliette, puis Éloïse, passent l’une après l’autre, peu vêtues, devant les garçons pour aller vers la chambre, sous les regards affamés de Siriac.)


Juliette (provocante) : Bonne nuit, Siriac…

Siriac : Bo… bonne nuit.


(Elle sort vers la chambre. Les garçons continuent de déplier le canapé.)


Éloïse (allumeuse) : Bonne nuit, Siriac…

Siriac (hurlant) : Aaaaaahhh !

Éloïse : Qu’est-ce qui t’arrive ?

Siriac (secouant sa main) : Je me suis coincé le doigt entre deux barres de cette connerie de putain de saloperie de merde de convertible à la con !

Roméo : T’avais qu’à pas regarder les fesses d’Éloïse !


(Siriac met un grand coup de pied dans le canapé et se remet à hurler en se tenant le pied et en sautant sur l’autre. Roméo et Éloïse rient. Éloïse sort en roulant ostensiblement du cul. Roméo achève de déplier le canapé-lit.)


Siriac : Il reste pas une place dans ta chambre ?

Roméo : Non, c’est mort ! Rappelle Marcel !


(Roméo fouille sous le sommier du convertible et en ressort un duvet bien enroulé.)


Roméo : Ça te suffira ?

Siriac (regardant avec regret en direction de la chambre) : Je suis sûr qu’on pourrait tenir à quatre…

Roméo (jetant le duvet sur le lit) : Pense à Cassandra…

Siriac : Mouais…

Roméo (se dirigeant vers les toilettes) : Mouais ? C’est tout ?

Siriac : Mouais.


(Roméo sort vers les toilettes. Siriac l’observe et attend qu’il s’y soit enfermé pour se précipiter tout contre la porte de la chambre, tentant d’observer à l’intérieur par la serrure.)


Siriac : Oh, putain, on n’y voit rien, c’est nul !


(Roméo revient des toilettes, sans un bruit.)


Roméo : Qu’est-ce tu fous ?

Siriac (sursautant) : Euh…

Roméo : Tu te fais du mal…

Siriac : Tu tires jamais la chasse ?

Roméo : Bah, j’ai juste pissé, tu la tireras ?


(Il sort vers la salle de bains. Siriac hésite un instant, regarde encore vers la salle de bains, puis ouvre la porte de la chambre et y entre. On devine les rires de Juliette et Éloïse. La porte se referme. Un silence. Roméo revient.)


Roméo (cherchant Siriac) : T’es aux chiottes ?


(Un silence.)


Roméo : Eh ben bonne nuit.


(Il ouvre la porte de la chambre et y entre.)


La voix de Roméo : Vous avez déjà éteint, les filles ?


(La porte se referme. Un silence. On entend soudain un hurlement et des rires, puis des cris. La porte de la chambre s’ouvre à nouveau. Siriac, en caleçon, en est expulsé avec violence et s’étale de tout son long dans le salon.)


Siriac (se relevant) : Oh, tu fais chier ! Tu pourrais partager, un peu…


(Le jean et la chemise de Siriac sont projetées en boule depuis la chambre et lui tombent dessus. La porte se referme en claquant.)


Siriac (ramassant ses affaires) : Pfffff !


(Il pose ses affaires sur une chaise et sort vers les toilettes. Un silence. On entend quelques gémissements étouffés monter de la chambre. Siriac revient, s’avance en direction de la chambre et colle son oreille contre la porte. Il écoute un instant.)


Siriac (à voix basse) : Salaud, va !


(Il se retourne et va éteindre. Le salon n’est plus éclairé que d’une infime lumière tamisée qui provient des fenêtres donnant sur la rue. Un trait de lumière passe également sous la porte de la chambre. On devine Siriac s’allonger et se glisser dans le duvet, puis chercher quelques secondes une position confortable. Le silence n’est plus troublé que par la respiration troublée de Siriac et par de fugaces soupirs et gémissements réprimés.)


Siriac : Comment tu veux dormir avec ça à côté !


(On entend soudain une longue plainte.)


Siriac (attentif) : Ah, ça c’est Juliette !


(Puis une longue série de râles saccadés, auxquels s’entremêle de temps à autre un lent gémissement.)


Siriac (à bout) : Oh non mais là c’est plus possible !


(Il sort de son duvet et se redresse ; on l’entraperçoit dans la pénombre en train de se masturber tandis que redoublent les bruits provenant de la chambre. Cela dure ainsi une ou deux minutes, puis la porte de la chambre s’ouvre soudain, éclairant brusquement un peu plus le salon et accentuant le volume des soupirs et gémissements. Éloïse entre, nue, et, amusée, regarde quelques secondes Siriac, qui ne s’est pas arrêté.)


Éloïse (affriolante) : Tu viens ?


(Siriac lance une sorte de cri de combat et, sautant du lit, se précipite, sexe tendu en avant, à la suite d’Éloïse vers la chambre. La porte se referme derrière eux.)