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Temps de lecture estimé : 18 mn
02/11/07
Résumé:  Yau doit éxecuter un contrat. Mais tout ne se passera pas comme prévu. Un démon blond va se mêler à l'affaire...
Critères:  f fh asie inconnu hotel toilettes amour fmast fellation policier -policier -occasion
Auteur : Dr Lamb  (Vivre...)      Envoi mini-message

Série : Love and death in Hong Kong

Chapitre 03
Une cible, deux contrats

Bonjour ! Pour la compréhension du texte, il est nécessaire de revoir les précédents épisodes.


Résumé des épisodes 1 et 2 : Yau, tueuse à gages froide et implacable, ne trouve de bien-être que dans les bras de Daniel, son amant. Ex-flic, celui-ci ignore tout des agissements de sa maîtresse. Holly, elle, est une tueuse à gages imprévisible et nymphomane. Les deux femmes ont plus de liens qu’elles ne le pensent…







- 1 -





Daniel ne répondit pas et continua à scruter le paysage qui défilait par la vitre de la voiture. Heung, cigarette au bec, poursuivit :



Daniel se tourna vers son ex-coéquipier :



La voiture s’engagea dans une avenue bondée. Heung avait décidé de déposer Daniel avant de rejoindre son équipe sur le lieu du crime, où le couple avait été découvert. Dan aurait donné tout ce qu’il avait de plus cher (soit rien de grandiose) pour l’accompagner. Voilà si longtemps qu’il n’était plus flic. Il soupira et appuya son front contre la vitre de la voiture.


Il se rappelait chaque détail de cette soirée tragique où sa vie avait été brisée… Cette soirée où Heung était présent. Ils travaillaient ensemble à l’époque. On les avait appelés pour un cambriolage, une affaire banale, pas de quoi casser des briques. Heung et Daniel patrouillaient et c’étaient eux les plus près, ce furent donc eux les premiers sur les lieux. Dan avait vu la porte ouverte de l’entrepôt et avait sorti son arme. Heung lui avait demandé s’il n’était pas préférable d’attendre les autres. Mais à l’époque, Dan était une tête brûlée et il avait insisté pour foncer, pour ne pas attendre…



Revenant au présent, Daniel vit que son ex-coéquipier l’avait déposé devant son immeuble.



Il déboucla sa ceinture et ouvrit la portière. Heung l’arrêta avec une main sur l’épaule :



Dan haussa les épaules. Il n’avait rien de prévu. À part ce soir. Ce soir, il voyait Yau.



Le regard du flic le mettait mal à l’aise. Il y lisait tant de regrets…



Dan regarda la voiture s’éloigner jusqu’à ce qu’elle se noie dans la circulation.



Il alluma une cigarette et resta sur le trottoir, regardant tout autour de lui, essayant de chasser de sa tête les mauvais souvenirs qui le hantaient. Ruminer le passé ne servait à rien, il le savait, mais il ne pouvait s’en empêcher. Dan avait même hésité à consulter un psychiatre pour exorciser ses démons… Mais il ne l’avait pas fait.


Au moment de se décider, il avait rencontré cette femme, Yau, dans un bar où il était venu noyer ses tourments. Il ne savait rien d’elle, de son emploi, de ses loisirs, de sa vie. Il ne connaissait que son prénom, et son âge, quarante ans. Et leur première nuit ensemble… Jamais il n’avait vécu quelque chose d’aussi intense, même plus jeune, même avec son ex-femme. Yau et lui avaient une entente sexuelle presque magique. Et depuis qu’ils se voyaient, depuis maintenant presque cinq mois, Dan allait mieux. C’était incontestable. Il dormait mieux, faisait désormais plus attention à son alimentation, à sa santé. Il avait diminué sa consommation de cigarettes. Cette femme agissait sur lui comme un talisman magique.


Il frémissait déjà à l’idée qu’il la voyait ce soir. Leurs rendez-vous à l’hôtel devenaient de plus en plus fréquents. Au départ, cela n’avait été qu’une fois par semaine. Puis deux fois. Et désormais, ils se voyaient trois fois par semaine. Animés par une faim dévorante, ils ne parvenaient plus à se contenir.


Dan regarda sa clope avec dégoût et la jeta par terre avant de l’écraser du pied. Il décida de parcourir la ville avant son rendez-vous de ce soir.




- 2 -





Dans son cauchemar, Yau était perdue quelque part, dans une sorte de forêt. Il faisait nuit. Elle était seule, perdue, ne sachant pas où aller. Plus que tout, elle avait peur. Elle essayait de courir, mais c’était peine perdue. Quelqu’un la suivait. Qui ? Elle ne savait pas. Sous ses pieds nus, le sol de la forêt, humide et froid. De la boue, sous ses pas. Il fallait qu’elle coure. Vite. Son poursuivant se rapprochait. Et elle n’avait pas d’arme sous la main pour se défendre.



Nue sous ses draps, Yau se tortillait de gauche à droite, en sueur, les yeux clos. Dans son cauchemar, ses anciennes victimes étaient revenues à la vie, cadavres pourrissants aux yeux vitreux, qui l’accusaient d’un doigt décharné…



Yau se réveilla soudain, en sursaut, et se redressa dans son lit, persuadée que sa chambre était envahie de spectres. Mais non. Le soleil de l’après-midi s’infiltrait doucement entre les rideaux tirés de la fenêtre. Rien d’autre. Elle se passa une main sur le visage, en sueur, et se rallongea. Yau inspira profondément et repoussa ses draps. Du calme… Ce n’était qu’un cauchemar. Sa mémoire se réveilla progressivement : ce soir, elle voyait Daniel. Un sourire se dessina sur ses lèvres.


Lascive, elle posa la main sur sa poitrine, sentant déjà les caresses de son amant sur celle-ci. Ayant déjà l’impression de sentir la bouche de Daniel sucer les pointes de ses seins, elle poussa un soupir et se caressa lentement la poitrine, passant d’un sein à l’autre, effleurant les mamelons des doigts. Une douce chaleur l’envahit peu à peu, chassant les bribes de son cauchemar. En bougeant dans son lit, elle heurta le revolver qu’elle dissimulait toujours sous son oreiller. Sans y prêter attention, elle porta les doigts à sa bouche, les suça, puis les déposa délicatement sur son sexe.



Son corps devenait peu à peu une fournaise. Attendre ce soir, quelle torture ! Elle ferma les yeux et songea à Daniel, à ses yeux, à son doux visage, à ce sourire un peu triste, à son corps…


Yau se remémora leur première rencontre, dans ce bar anonyme.



oooOOOooo



Il était là, assis, au comptoir, plongé dans ses pensées, son verre presque plein devant lui. Autour d’eux, quelques groupes de jeunes, un ou deux adultes, des hommes d’affaires, des ivrognes…


Yau était assise prés de Dan, sans vraiment faire attention à lui. Le silence de l’homme, son regard absent l’intriguèrent quelque peu. Leurs regards se croisèrent et Yau sentit quelque chose traverser son corps… Une bouffée de désir. Une envie, envers cet inconnu. Cet homme l’intriguait. Pas spécialement beau, mais quelque chose, Yau n’aurait pas pu dire quoi…


Elle replongea son regard sur le barman, débordé, qui allait et venait. Sans tarder, elle sentit le regard de l’homme sur elle et une chaleur l’envahit. Le sentiment de plaire. L’envie. Le désir. C’était bien la première fois qu’un truc pareil lui arrivait. Elle venait juste de tuer cinq hommes. Un énorme contrat. Six millions et demi de dollars. Elle avait encore l’odeur du sang et de la fumée sur elle. Et elle n’avait qu’une envie : faire l’amour avec cet inconnu, tout de suite, sans honte, sans pudeur. Seulement, Yau ne savait pas comment l’aborder. Elle resta donc là, assise, à attendre qu’il se décide.



Yau tourna la tête et plongea dans ses yeux noirs.



L’homme semblait ne pas savoir quoi dire. Yau finit par se dire qu’elle était folle. Mais incontestablement, cet homme lui plaisait. Cela faisait si longtemps qu’elle était seule, dans son lit… Une tueuse à gages pouvait-elle être en manque d’amour ?



Nouveau silence entre eux deux.



Il lui tendit la main et elle la serra. Ce simple contact la fit frissonner, et elle vit dans ses yeux que c’était la même chose pour lui.



Yau se sentit défaillir. Elle n’hésita plus, elle lui sourit, se leva, et s’éloigna : direction les W.-C. Daniel comprit immédiatement, paya son verre, se leva et suivit la belle asiatique dans les W.-C. Son cœur battait la chamade. Il était en sueur, et il ne comprenait pas très bien ce qui lui arrivait. Il poussa la porte des W.-C. pour femmes et glissa la tête à l’intérieur. Il n’y avait que Yau. Elle l’attendait, devant une cabine ouverte.



Il entra et se glissa dans la cabine avec elle.



oooOOOooo



À ces souvenirs brûlants, Yau accéléra les mouvements de ses doigts en elle, les laissant glisser le long de ses lèvres humides, entrant son majeur en elle.



Elle se tortilla dans les draps, ivre de désir. Elle ne pensait pas du tout à son contrat de demain.



oooOOOooo



Daniel la plaqua contre le mur de la cabine. Pour la première fois, leurs lèvres s’unirent, et ce fut doux et bon. Le contact humide de leurs langues fit s’accélérer leurs respirations. Lorsque leur baiser s’acheva, Daniel caressa le visage de Yau, l’air perplexe.



Elle lui posa un doigt sur les lèvres. Il ouvrit la bouche et le suça doucement. Un frisson traversa la tueuse. Les mains de Daniel se posèrent sur le corps de Yau, sur son ventre, dans son dos, pour finir sur ses petites fesses rebondies, qu’il caressa à travers son jean. Yau passa une main sous le pull et le t-shirt de Daniel et caressa son torse. Ils s’embrassèrent de nouveau.


C’était la première fois pour tous les deux qu’ils s’envoyaient en l’air avec un inconnu. Daniel avait toujours été assez timide, réservé avec les femmes. Il lui fallait du temps pour avoir confiance, pour se donner à une femme. Et voilà qu’il rencontrait cette femme, et bouleversait ses habitudes. Il baissa la tête, l’embrassa dans le cou, sur les épaules, et souleva le t-shirt noir de l’Asiatique. Il déposa un doux baiser à la naissance des seins, prisonniers d’un soutien-gorge noir également.



Sans se presser, il déborda la poitrine, pleine, pas vraiment volumineuse, mais très belle. Yau avait des seins ronds, accrochés haut. Il embrassa les pointes, passa sa langue dessus, les aspira lentement entre ses lèvres. Son sexe était devenu si dur qu’il lui faisait mal.



Il leva les yeux et contempla Yau, gémissante, qui se mordait les lèvres.



Il obtempéra, savourant ce délicieux goût dont il ne s’était pas régalé depuis longtemps. Daniel mordilla doucement les mamelons dressés, humidifiés par sa salive, sans cesser de caresser les seins magnifiques qui le rendaient fou de désir. La main de Yau passa dans ses cheveux. Daniel remonta sa tête, traçant un chemin humide de la poitrine aux lèvres entrouvertes par le plaisir.



Impatient et surexcité, mais ne voulant pas s’abandonner dans ces W.-C., il se sépara à regret de sa compagne, non sans l’embrasser une dernière fois.



oooOOOooo



Yau poussa un cri vibrant d’extase, sous la violence de l’orgasme qui venait de la secouer. Elle se cambra, et retomba dans ses draps, épuisée, en sueur. Son cœur battait à toute allure.



Haletante, elle s’accorda cinq minutes pour reprendre son souffle. Peu à peu, Yau reprit le contrôle d’elle-même. Le feu brûlant de son corps s’éteignit. Un visage se forma dans son esprit : celui du contrat de demain. L’homme d’affaires corrompu, que l’on voulait voir disparaître. L’Asiatique s’assit au bord du lit et s’étira. Son réveil clignota et lui indiqua : 15h43. Plus que quelques heures et elle serait dans un lit, nue, avec Daniel.


Elle se leva, prit une douche, se lava les cheveux, enfila un soutien-gorge et une culotte blanche. Mettant la chaîne hi-fi en marche, elle ouvrit les fenêtres, lava l’assiette et les couverts laissés dans l’évier hier soir. Sous la douce musique mélancolique de Sally Yeh, elle enfila un pantalon et un chemisier.




- 3 -




Holly Malone avait une fois de plus passé une nuit blanche. Lavée et habillée dés cinq heures du matin, elle allait et venait dans son appartement comme un fauve en cage. Ce soir, un contrat. Elle savait déjà comment elle allait s’y prendre. Un sourire se dessina sur le beau visage de la blonde lorsqu’elle y songea… Mais elle n’y était encore pas. Jusqu’à ce soir, le temps allait être long. Elle resta encore deux heures dans son appartement, à faire du ménage alors que tout était propre, à laver un sol propre, à ranger du linge impeccable, à faire une vaisselle composée d’assiettes propres et de couverts nickels. À sept heures trente du matin, elle enfila son manteau et sortit.


Mais dehors comme chez elle, elle n’avait rien de particulier à faire. De plus, à cette heure si matinale, les magasins étaient encore fermés. Les stores baissés semblaient la narguer. Elle traversa la ville, sans vraiment savoir où elle allait, ne prêtant aucune attention aux personnes qui allaient au boulot, la mine renfrognée pour la plupart. Au bout d’un certain temps, elle s’arrêta en plein milieu d’une rue bondée de monde. La frustration venait de l’envahir. Que faisait-elle ici, perdue, seule ?


Furieuse, elle descendit la rue, sentant soudain son corps s’illuminer d’une fièvre érotique, sa fureur se transformant en envie, en pulsion sexuelle presque incontrôlable. Elle sentit son sexe devenir humide, les pointes de ses seins se tendre.



Comme toujours, le sexe venait combler le manque de sa vie. Mais trouver quelqu’un pour combler ses envies à cette heure-ci allait relever de l’exploit. L’humeur d’Holly sombrait peu à peu dans les ténèbres. Elle se sentait seule, sans but, sans vie ni existence. Ce n’était pas qu’une sensation, songea-t-elle. C’était la vérité. En passant devant une boutique, elle vit son reflet dans un miroir. Blonde, belle, un corps de rêve, de beaux traits fins, un soupçon de maquillage… Ce n’allait pas être dur à trouver, un amant, voire deux amants, voire deux amants et une amante.


De l’autre côté de la rue, elle vit un homme en costume, plutôt beau mec, la trentaine bien tassée, se diriger vers une voiture. Holly sourit et traversa la rue au pas de course, évitant les voitures. Alors que l’homme ouvrait sa portière, elle l’aborda :



Surpris, il releva la tête. Vraiment beau.



Il cherchait visiblement d’où il connaissait cette beauté occidentale.



L’homme consulta sa montre.



Le beau visage de la blonde s’éclaira d’un grand sourire, révélant des dents blanches et régulières.



Holly monta à bord tandis que l’homme sentait son sexe durcir dangereusement dans son pantalon. La voiture démarra et s’insinua dans le trafic déjà dense. Holly boucla sa ceinture.



Elle le dévisagea du coin de l’œil. Vraiment pas mal. Et vu la bosse qui déformait son pantalon, elle lui faisait de l’effet. Normal. Après tout, qui pouvait lui résister ? Personne. Elle avait séduit tant d’hommes et tant de femmes qu’elle avait abandonné l’idée de les compter. La nature l’avait vraiment gâtée, et elle le savait. Et le sexe, c’était si bon… Pourquoi s’en priver ? Baiser toute la journée et tuer, c’était ça, sa vie.


Lai, de son côté, sentait la chaleur monter en lui, lorsqu’il regardait de biais cette femme ravissante aux cheveux blonds, au visage magnifique. Des filles de ce calibre, il n’en avait vu que dans les films x, ou dans les revues. Marié depuis douze ans à la même femme, il ressentait parfois le désir d’aller voir ailleurs. Tant que sa femme ne l’apprenait pas… Son mariage et sa réputation n’en souffriraient pas.



Elle laissa sa phrase en suspens. L’homme, abasourdi, ne sut quoi répondre.



Blême, l’homme resta les yeux fixés sur les voitures. Il serrait si fort le volant que les jointures de ses mains devinrent blanches.



Elle décida de se montrer entreprenante et lui posa la main sur le sexe. Il déglutit bruyamment, le souffle court. La main d’Holly caressa le sexe prisonnier.



La dernière phrase rassura Lai. Il cherchait déjà des yeux un hôtel. Oublié, le boulot. Il ne pensait plus qu’à enfoncer son sexe dans le vagin, qu’il devinait brûlant, de la belle.




* * * * *




Pour gagner du temps, Daniel se rendit à l’hôtel qu’ils fréquentaient, réserva sa chambre et la paya. Déjà ça de fait. Yau devait le rejoindre dans trois heures exactement.


Daniel décida de rester dans le hall de l’hôtel plutôt que continuer à errer comme une âme en peine. Il s’installa dans un des fauteuils et regarda des clients jouer au billard. Lorsqu’au bout de cinq minutes, son œil fut attiré par une silhouette qu’il connaissait…




* * * * *




Holly laissa Lai payer la chambre, restant collée très prés de lui tandis que la réceptionniste lui donnait la clé. Chambre 428. Il était huit heures douze du matin. Une journée entière à l’hôtel à se faire baiser… Holly sentait déjà l’humidité venir souiller sa culotte noire. Ce Lai était vraiment pas mal…


Sans penser au contrat de ce soir, elle suivit Lai dans le hall de l’établissement et appela l’ascenseur, sentant le poids du désir dans les yeux de l’Asiatique. Holly lui jeta un regard brûlant et se passa subtilement la langue sur les lèvres.




- 4 -




Heung détourna les yeux des deux corps en soupirant. Un couple assassiné. L’homme était habillé, la femme non. Elle gisait sur le lit, l’homme à ses côtés.



Le flash de l’appareil photo du médecin légiste illuminait la pièce. Heung se posta à la fenêtre.



Il se retourna.



Peut-être l’homme avait-il surpris sa femme avec un amant… Et sous la colère, avait voulu le tuer. L’amant s’était rebellé et au final, c’était le mari cocu qui avait péri. Sous la panique, l’amant avait tué la femme elle aussi… Mais ça ne collait pas. De plus, le visage de l’homme ne lui était pas inconnu. Où l’avait-il vu ?



Un des flics le toisa.



Le visage de Heung s’illumina sous un sourire de satisfaction.





- 5 -





Il ferma les yeux en gémissant.



Holly lui prodiguait une fellation parfaite, mais son malaise grandissait. Elle avait eu envie de cet homme, mais à présent qu’elle l’avait dans la bouche, elle se sentait seule, encore plus seule, encore plus sale, encore plus vide.



Holly ferma les yeux, se sentant perdre pied, se demandant pourquoi elle était là, dans cet hôtel, à se faire traiter de chienne par un illustre inconnu. Elle se demanda soudain pourquoi elle était encore en vie. Un frisson de dégoût la traversa. Elle ouvrit les yeux, croisa le regard de l’homme, et son dégoût et son mal-être se transformèrent soudain en rage meurtrière.


Quinze minutes plus tard, elle était propre, habillée, à nouveau maîtresse d’elle-même.


Derrière elle, le lit était inondé de sang. Le corps de l’homme gisait tel un pantin désarticulé, les yeux encore ouverts affichaient une profonde surprise.


Elle sourit. Quitta la chambre. Bientôt le contrat.


Elle se retrouva seule dans l’ascenseur et s’appuya contre les portes. Lentement, sans en avoir conscience, les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Des larmes de souffrance, de mal-être, de pitié envers elle-même. Holly était une femme superbe, mais elle n’arrivait pas à trouver un homme, à faire confiance à quelqu’un. Dès qu’elle entamait une relation sexuelle, le malaise la rattrapait. Jamais, à part avec elle-même, elle n’avait joui. À chaque fois, la rage et la colère venaient la remplir. Holly s’essuya le visage et, parvenue en bas, traversa le hall.




- 6 -




Postée en haut de l’immeuble, l’œil rivé à la lunette de son fusil, Yau guettait sa cible, neuf étages plus bas. Son cœur battait la chamade, comme à chaque fois avant un contrat. Dés que sa cible serait là, elle agirait aussi froidement qu’une machine. Elle avait hâte de revoir Daniel et d’oublier tout dans ses bras rassurants.


Presque vingt-deux ans de métier derrière elle. Premier contrat exécuté à l’age de dix-huit ans. Yau ne se considérait pas comme une martyre, elle avait fait ce choix et ne le regrettait pas. Mais avec les années, elle avait parfois envie de tout plaquer. Au fond d’elle-même, elle savait cela impossible : ceux qui l’employaient ne la laisseraient sûrement pas prendre une retraite anticipée…


N’ayant pas de famille, Yau n’avait pas d’attaches. C’était pratique. Menaces et chantages impossibles. Si elle ne craignait pas pour sa propre vie, Yau avait peur pour Daniel. Si jamais quelqu’un de mal intentionné découvrait son existence… Néanmoins, elle ne pouvait se résoudre à ne plus le voir. Daniel lui donnait du bien-être. Du réconfort. Il lui rappelait qu’elle était un être humain, non une machine à tuer.



Non, ce n’était pas de l’amour, juste du bien-être et du plaisir. Elle n’allait pas tomber dans ce piège.


Yau se concentra sur la rue en bas. Elle fit pivoter son arme, posée sur le rebord de béton. Elle guettait trois voitures, deux blanches et une noire. Sa cible était dans la noire. Vivement que ce soit fait. Plus que quelques instants…




* * * * *




En bas, dans la rue, Holly guettait elle aussi la cible. L’arme lourde qu’elle portait dans son dos lui pesait. Postée devant l’arrêt de bus, elle fixait le carrefour de la rue. Cible bientôt à portée de vue.


Un être humain allait bientôt perdre la vie à cause d’elle. Cela la faisait trembler d’excitation, une fièvre presque sexuelle. Le pouvoir de vie ou de mort. D’ailleurs, elle avait le pouvoir de vie ou de mort sur tous ces passants qui s’agglutinaient autour d’elle. Holly aurait adoré dégainer son arme et tous les abattre rien que pour voir la surprise déformer leurs traits. Lai aussi avait été surpris. Très surpris. Sa vulgarité s’était transformée en bredouillements inaudibles, en cris de peur, en supplications. La jeune femme se mit à sourire toute seule. Mais elle resta concentrée. Ce n’était pas le moment.


Et soudain, la voiture arriva. Escortée par deux voitures blanches, une en avant et une en arrière. La jeune femme blonde quitta l’arrêt de bus et s’avança sur le trottoir. Elle prit une grenade dans sa poche et la dégoupilla.




* * * * *




Sur le moment, l’œil rivé au viseur de son fusil, Yau resta paralysée lorsqu’elle vit la femme blonde sortir quelque chose de sa poche, quelque chose de rond.



Qui était-ce ? Que faisait-elle là ? Et surtout, qui l’employait ?



La panique gagna Yau. Attaquer une cible à la grenade ! C’était de la folie pure et simple. L’Asiatique fit pivoter son fusil, tenta de garder la voiture noire dans la ligne de mire, visa le crâne de l’homme à l’arrière, distingua le haut du crâne…


La voiture explosa au moment même où elle pressait la détente. Un gigantesque BANG vint faire trembler la rue. Plusieurs passants furent projetés en arrière. Yau, même perchée aussi haut, entendit les cris. La voiture blanche de l’avant pila soudainement.



Yau fit pivoter son fusil pour prendre la blonde dans sa cible…




* * * * *




Holly sentit la chaleur de l’explosion venir réchauffer son corps. La violence de l’impact la projeta en arrière et elle se retrouva dos à une voiture. Tout autour d’elle, les passants criaient et s’enfuyaient. D’énormes flammes brûlantes venaient lécher la voiture blanche. Contrat exécuté.


Deux hommes, habillés en civil, sortirent de la première voiture blanche, l’air paniqué. Quelle belle bande d’incapables ! Elle s’empara de son Uzi, calée dans son dos, et les visa alors qu’ils pointaient leurs revolvers dans sa direction. Holly pressa la détente et ils furent morts avant de toucher le sol.


Les hommes de la voiture de l’arrière sortirent à leur tour. Avant qu’ils ne la visent, Holly s’était avancée et vida son chargeur sur eux, brisant les fenêtres de la voiture, crevant les pneus, faisant jaillir le sang.


Les sirènes de la police se mirent à retentir au loin. Il ne fallait pas traîner. La jeune femme contempla quelques secondes l’épave de la voiture calcinée. Rien ne bougeait. Elle battit en retraite et se mit à courir, le cœur battant à tout rompre, plus excitée que jamais.




* * * * *




Yau était restée figée sur le toit. Paralysée par le spectacle sanglant auquel elle venait d’assister. Incapable de mettre des mots sur les images qui hantaient son esprit. Incapable de se convaincre qu’une autre tueuse à gages venait de lui ravir le contrat. Incapable de se mettre en tête que de gros ennuis l’attendaient.




- 7 -




Lorsqu’au bout de cinq minutes, son œil fut attiré par une silhouette qu’il connaissait…


Daniel se leva et traversa le hall pour l’intercepter. Elle ne l’avait pas vu. Il mit la main sur son épaule. Elle se retourna, surprise. Dan fut frappé par son visage rouge, son air si triste qui assombrissait son si joli visage. Puis les lèvres s’étirèrent pour former un grand sourire.



Elle se jeta dans ses bras.



Pour toute réponse, elle lui fit un bisou sur la joue. Effacée, la mine sombre.





À suivre dans le quatrième épisode : Complications.