n° 12059 | Fiche technique | 37859 caractères | 37859Temps de lecture estimé : 26 mn | 09/12/07 corrigé 31/05/21 |
Résumé: Frédéric se laisse aller à un essayage plutôt coquin. | ||||
Critères: fh inconnu essayage revede voir exhib | ||||
Auteur : Eroslibré (Jean Marie tenté par Eros, alors partagez mes émois charnels) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : De tulle Chapitre 02 / 05 | Épisode suivant |
La voix douce et claire surprend Frédéric au plus profond de sa rêverie. Il se tourne et lui fait face. Ce n’est pas un choc qu’il ressent, mais il reste toutefois surpris quelques instants. En effet, et même s’il n’est absolument pas physionomiste, la jeune femme qui vient de prononcer ces mots n’est absolument pas la vendeuse qui s’est occupée de lui et de son épouse la dernière fois, ni celle qu’il entrevoit régulièrement derrière la vitrine à chacun de ses passages. Il a échafaudé tout son scénario sur un visage connu et voilà que celui-ci lui échappe totalement.
Ce n’est pas possible ! s’insurge-t-il intérieurement.
Ce bouleversement non prévu bouscule les règles du jeu qu’il avait établies, pensant pouvoir les mettre en œuvre sans la plus petite anicroche. Les fantasmes qui l’ont jusque-là aidé à franchir cette porte, vacillent et s’évanouissent, le plongeant entre l’étonnement et un vague désir de fuir une partie qu’il estime soudain mal engagée. Un trouble presque palpable s’empare d’eux.
Elle ne le quitte pas des yeux, connaissant le pouvoir de son regard. Cet homme qui lui fait face a provoqué en elle un sursaut léger. Elle n’a rien montré de son trouble, mais quelle coïncidence étrange. Ce matin, avant de rejoindre le magasin, elle est passée par la maison de la presse et a acheté, ce qui lui arrive parfois, une revue érotique. Pourquoi ? Certainement parce que la couverture indiquait qu’une des rubriques photographiques évoquait ce qu’il peut advenir au cours d’un essayage. À peine avait-elle poussé la porte de la boutique qu’elle s’était précipitée vers cette histoire très coquine, qui maintenant occupait une place importante dans son esprit. Et voilà que ce client qui, fruit du hasard ou d’autre chose, ressemblait un peu au protagoniste de l’aventure chaude, était devant elle.
Cependant, bien que troublé, Frédéric parvient à soutenir son regard. Il découvre et élabore ainsi, l’espace de très brèves secondes, les raisons de poursuivre sa quête charnelle. Elle est brune, ce qui correspond, à s’y méprendre, à l’héroïne ses rêves érotiques. Elle doit mesurer un peu plus d’un mètre soixante et possède une stature identique à celle de son épouse… Ses cheveux sont coupés courts et encadrent un visage agréable, éclairé par des yeux noirs parsemés de multiples et minuscules points dorés. La nature lui a aussi donné ce qu’il faut pour susciter l’envie et des regards concupiscents chez les hommes. Mais là, Frédéric ne s’attarde pas trop. Nathalie, sa femme, lui reproche trop souvent de n’avoir des yeux que pour les poitrines et les fesses de ces dames au point, selon ses termes, de les indisposer en se focalisant sur ces parties, parfois trop bien dessinées et mises en avant de leur silhouette.
Chaviré par ce premier contact, il finit par baisser son regard, essayant de lui échapper avant d’avoir retrouvé l’énergie suffisante pour lui faire face. Pourtant, il le ressent, il est grand temps de répondre au sourire qui lui est adressé.
C’est la seule chose qu’il trouve à dire et encore il ne sait pas si elle a pu l’entendre, tant ses premiers mots se sont perdus au fond de sa gorge. Tout à fait banal, hésitant, sans la moindre chaleur dans le ton, s’il continue ainsi tout risque s’écrouler. Quel imbécile !
Sa voix contrairement à celle de Frédéric est ferme et assurée. Elle le fixe de façon intense, cherchant à percer d’emblée les intentions et pourquoi pas les envies de ce client, un peu trop timide à son avis. Le silence qui les enveloppe aussitôt cette brève entrée en matière prononcée, l’irrite. Elle souhaiterait le secouer, qu’attend-il enfin ? Elle se ferme un peu, abandonne son sourire et se montre impatiente. Quel genre d’homme est-ce ? Que cherche-t-il donc ici ?
Que raconte-t-il ! lui qui estimait, il y a à peine trois minutes, qu’il n’y avait rien de bien folichon dans cette boutique, enfin rien qui puisse permettre un achat facile et rapide. Elle soutient le regard de Frédéric, un regard toujours aussi inquisiteur, mais son visage est maintenant complètement détendu et son corps semble avoir perdu de sa crispation initiale, un peu comme si elle percevait un peu mieux son interlocuteur.
Elle enchaîne aussitôt, devant les hésitations de Frédéric, ne lui laissant pas le temps de prendre la parole.
Frédéric est interloqué et, il faut le dire, incapable de se raccrocher au texte du scénario imaginé par lui pendant de longs moments. Cette jeune femme, cette inconnue, prend l’ascendant sur lui. Le voici donc condamné à prendre une décision, mais plus sous la contrainte des événements que de par sa propre initiative. Tant pis, il lui faut quand même essayer de retourner la situation à son avantage.
À la chaleur de cette voix et sous l’insistance du regard de la jeune femme, presque mis en confiance inconsciemment ou non, Frédéric sent qu’il ne doit plus hésiter et se jeter à l’eau sans plus attendre. Il arrivera bien à refaire surface à un moment ou à un autre. C’est pourquoi, avant de répondre à cette dernière question, il décide de se consacrer à son tour à un examen un peu plus approfondi de la personne qui semble jouer avec lui. En fait, aujourd’hui, si ses souvenirs sont encore intacts par rapport à son dernier passage, il ne perd rien au change.
Sa vendeuse, puisqu’en lui-même il la nomme ainsi, n’a pas le genre austère presque rébarbatif de celle qu’il a déjà rencontrée derrière ce comptoir. Bien au contraire, elle possède un côté figurante féminine de la série Benny Hill, suave, pulpeuse mais sans excès, beaucoup de rondeurs. Elle réveille en lui, uniquement par le simple fait de sa présence, ce pourquoi il est venu en cette boutique. Une toute autre qu’elle se serait présentée qu’il aurait déjà acheté n’importe quoi. Frédéric se détend à son tour, rassuré à la fois sur ses propres intentions et croyant deviner celles de cette jeune femme qui continue de lui sourire à l’envi. Oui, le jeu en vaut bien la chandelle, alors plongeons.
Frédéric ne réussit pas à terminer sa phrase tant il craint de prononcer les mots qui se bousculent au fond de sa gorge. Il lui semble en effet tout à fait déplacé de dire qu’en bon macho, il préfère mettre en relief sa virilité, même si en vérité il est loin d’être aussi fourni que bien d’autres hommes. Il craint de paraître stupide et de passer pour un détraqué sexuel ou d’être convaincu de harcèlement à l’encontre d’une vendeuse qui ne fait que son travail.
Elle termine ainsi son long monologue et l’observe, cherchant à savoir quels effets vont produire ses paroles sur cet homme qui paraît à la fois bien indécis et timide ou qui tout simplement pense à toute autre chose qu’à faire un simple achat, ce qui en réalité ne serait absolument pas incompatible avec ce qui trotte de plus en plus dans sa tête. Frédéric veut se reprendre et montrer qu’il sait être affirmatif et qu’à la vérité, son choix est bien arrêté.
Elle quitte son comptoir et s’avance vers lui. Frédéric peut alors tout à loisir satisfaire sa curiosité naturelle et c’est sans la moindre gêne qu’il se livre à son sport favori, déshabiller l’autre du regard. Il n’avait pas encore eu la possibilité de découvrir la totalité de la silhouette de la jeune femme. Il se croit à l’abri de tout soupçon, pourtant elle surprend aussitôt le regard presque inquisiteur, mais elle ne s’en offusque pas, lui laissant tout loisir de se repaître de ce qu’elle lui offre sans retenue. Cependant, il ne souhaite pas voir leur relation s’arrêter aussi vite qu’elle vient de commencer, uniquement parce qu’il se montre trop voyeur ; alors il ne s’attarde pas sur ce corps qui oscille entre sensualité et provocation. Peut-être aura-t-il plus de temps à lui consacrer plus tard.
Mais, ce qui accroche tout de suite les yeux de Frédéric c’est la minijupe noire très moulante et super courte qu’elle porte, tout en ayant des cuisses rondes, mais musclées. Un pull gris, tout aussi collant que la jupe, met lui aussi en relief une poitrine plantée assez haut et qui semble généreuse. Elle est donc toute en courbes et rondeurs, ce qui est loin de lui déplaire. Charnelle, oui elle l’est en diable. Il ne peut s’empêcher, en l’observant, de se référer à l’image de ces femmes qui ornent toujours les calendriers des publicités pour les routiers ou de celles qui posaient au début du siècle pour des cartes postales coquines, comme on trouve en fouinant le long des quais à Paris.
Il est certain, du moins c’est ainsi qu’il le pense, qu’elle ne posera jamais pour une marque de produit bio ou présumé allégé ou pour un de ces appareils destinés à faire fondre les déjà maigres. Mais, pour Frédéric une telle silhouette, c’est nettement mieux que les spectres désincarnés et distants des défilés de mode du printemps - été, même si elles dévoilent maintenant sans la moindre pudeur seins et fesses, le visage fermé ou cyniquement - certains n’hésitent pas à dire stupidement - barré par un sourire immanquablement triste. Enfin, bien souvent, elles n’exhibent que de petites poitrines, certes fermes, mais qui manquent pour lui de toute la consistance qu’il attend des appâts féminins.
Il a beaucoup de mal à détacher son regard de ce corps et surtout de ces deux fruits lourds et quelque peu arrogants ainsi exposés sous la laine fine et tendue du pull. Elle remarque bien le manège de son client, plus flattée qu’irritée, et elle continue d’ignorer l’intrusion de ce regard dans son intimité, elle paraît même vouloir en montrer encore plus. Frédéric se sait incorrigible. Tout en étant timide, gauche, parfois presque stupide et complètement inexpressif avec les femmes, il ne peut s’empêcher de vouloir en posséder les secrets les plus intimes, se montrant certainement souvent désobligeant envers ses interlocutrices.
Que signifie donc ce manque de tact, de discrétion et à tout le moins de politesse, donc de charme ? Que lui importe de savoir ce que recèle telle marque de slip sous un fin pantalon ou telle absence de soutien-gorge ? Voilà qu’aujourd’hui il ne s’impose aucune retenue et qu’il laisse libre cours à ses yeux très indiscrets, beaucoup trop indiscrets.
Toutefois, il n’en était pas encore et cela le rassurait tout de même, à faire la « chasse aux petites culottes » de ces dames dans la rue et les lieux publics, voire les transports, propices à certaines découvertes sympathiques et émouvantes. De toute façon et ceci, il le lit en elle, elle lui semble avoir un travers similaire au sien et leurs regards ne font que se croiser, s’examiner, se jauger, se fouiller et se dénuder sans aucune crainte et sans agressivité.
~~ ~~ ~~
Cette joute des yeux se termine pourtant. Elle paraît songeuse, l’espace de quelques secondes, puis lui décoche à nouveau un sourire cajoleur. Elle sait où elle va. Cet achat ne sera pas banal, réduit, comme à l’accoutumée, au simple échange d’un produit contre de l’argent. Non, elle souhaite, elle espère vivement en faire bien autre chose. En quelques secondes, elle entrevoit une opportunité inespérée en ce jour un peu terne. Si cet homme en face d’elle souhaite croquer du sexe, et même s’il ne s’agit que d’un simple fantasme typiquement masculin, elle va lui en donner, mais en prendre aussi. Fidèle lectrice de revues coquines et de romans libertins, elle se raccroche aussitôt aux quelques pages et photographies fort évocatrices qui ont enflammé son corps et surtout son esprit, dès son arrivée ce matin. À elle de créer les conditions idéales pour cet effeuillage !
Frédéric est soulagé par cet intermède de fermeture, mais en même temps, il a la nette impression que les événements vont se précipiter. Il se voit rapidement comme l’instrument d’une machination dont il n’arrive pas encore à déterminer clairement la teneur. Enfin, trêve d’hypocrisie, il entrevoit plus ou moins parfaitement ce qui va suivre, et là, il comprend qu’il est à la fois acteur et co-auteur du scénario.
Il ne fallait pas non plus couper le fil si charmant des moments précédents. Mais, parler d’affaires à un commerçant, même si ce n’est certainement pas ce qu’il y a de plus original, permet de conserver un certain contact. En pensant à cela, à la quasi-stupidité de ses propos, il la découvre agenouillée, les jambes à peine serrées, en train de verrouiller la serrure au bas de la porte. À nouveau leurs yeux indiscrets se croisent, ils glissent ensemble vers les cuisses sur lesquelles le tissu de sa minijupe est remonté au plus haut. Rien n’est dévoilé, sauf…
Elle lui fit face en se redressant lentement, comme si par ce geste, elle veut délibérément lui révéler au plus vite le secret qui dort sous son vêtement. Mais, Frédéric, par crainte de paraître encore trop voyeur, préfère détourner son regard.
D’ailleurs, désire-t-elle vraiment aller aussi vite, en l’appâtant ainsi ?
Frédéric ne trouve rien à répondre et encore moins à ajouter, mais dans ces dires, cette jeune femme ne se trompe pas trop, sauf pour ce qui est d’une amante, enfin tel qu’il imagine le comportement d’un homme infidèle envers sa maîtresse. Il n’avait pour l’instant jamais eu l’occasion de connaître d’autres émois commerciaux qu’avec et pour son épouse.
Il lui est souvent arrivé de choisir un soutien-gorge et un slip pour sa femme, presque toujours une parure et selon un coup de foudre bien particulier, l’obliger à en montrer toujours un peu plus, sans oublier évidemment les effets de la publicité. Jusqu’à aujourd’hui, il a rarement fait une faute de goût, et il sait qu’ils sont portés avec plaisir même si parfois ils constituent un affront à la pudeur de Nathalie. Toutefois, aussi étrange que cela puisse paraître, cela fait quelques mois qu’il a abandonné cette pratique, si ce n’est ce matin, mais avec un but très particulier.
Elle le regarde alors longuement, lui rendant en quelque sorte la « monnaie de sa pièce », le jaugeant et le déshabillant à sa façon, très subtilement, s’attardant à la fois sur ses épaules, son ventre et ses jambes. Il est mal à l’aise, peu habitué à être ainsi détaillé et soupesé des yeux, comme si elle cherchait déjà à deviner les capacités physiques et avant tout sexuelles de son interlocuteur. Puis ce regard, pénétrant au possible, provoque en lui une intense source de chaleur, une sorte d’angoisse. C’est un peu comme si tout vacille autour et en lui ; il lui semble que quelque part, il perd pied devant cette femme.
Elle l’interroge une nouvelle fois, guettant sa réaction avec amusement, surtout que visiblement il est membre de la dernière catégorie. Elle reprend :
Sans attendre une réponse de la part de Frédéric, elle ouvre un grand tiroir sous le présentoir central et commence à faire un tri parmi les nombreuses boîtes colorées qui s’entassent dans ce meuble. Frédéric est inquiet, car manifestement, à première vue, rien ne lui convient dans le choix que la vendeuse est en train d’effectuer. Les premiers modèles extraits de leur emballage et qu’elle déplie avec le plus grand soin le ramènent à des années lumières de la mode masculine en ce domaine et ce même si un certain retour en arrière est à l’heure actuelle évident en terme de sous-vêtement.
Frédéric pense pourtant que l’on peut tout trouver de nos jours sans avoir à faire des recherches dignes d’un anthropologue. Sauf, bien sûr si elle n’a pas bien compris ce qu’il lui a expliqué. Il doute, mais cette inquiétude ne va être que de courte durée.
Au contraire de ce qu’il semblait craindre, la jeune femme a parfaitement deviné les attentes de son client. De toute façon, elle découvre au regard et à l’expression du visage de Frédéric qu’il lui faut pousser encore plus loin ses investigations. Pourtant elle s’arrête soudainement et songeuse se tourne vers lui.
Elle porte un doigt à sa bouche, prend une mine songeuse avant de retrouver très rapidement le sourire.
Elle se dirige prestement vers l’arrière-boutique et disparaît, le laissant seul et désemparé. Abandonné, Frédéric en profite pour réfléchir. Il se dit qu’il ne lui faut plus jouer les timides même s’il l’est corps et âme. Cependant, il se sent partagé. C’est bien la première fois qu’il se trouve dans une telle situation. En règle générale, tout va très vite et c’est à peine s’il échange quelques mots avec la vendeuse. Et c’est aussi la première fois où il se voit confronté à une femme un peu trop curieuse à son goût et aussi jeune dans un tel emploi. En effet, il a remarqué que les grands magasins font plutôt appel à des femmes plus âgées et parfois très strictes pour vendre de tels articles, y compris au rayon homme. Il se peut pourtant que leur physique parfois ingrat cache une réelle capacité à voiler et dévoiler les corps.
Bien que d’un naturel assez perspicace, il ne réussit pas à deviner ce qui peut survenir maintenant. Il en fait un drôle de séducteur, planté ainsi dans cette boutique. Il va lui falloir réviser ou relire les préceptes des dernières revues masculines, grands fournisseurs de conseils et de trucs infaillibles, du genre comment la séduire en quelques secondes ? Comment décrypter son attitude et son regard ? Quels gestes vont la faire craquer ? D’accord, il se refuse à ressembler à un bellâtre, à un collectionneur de conquêtes féminines, très macho et rêvant de conclure chaque fois en croquant la pomme. Mais, il a sa fierté et il ne veut pas non plus être la victime d’une quelconque machination ou situation qui tournerait à son désavantage.
Alors, il se veut entreprenant au risque de briser une sorte de charme ou de connivence qu’il pressent dans cette atmosphère de dentelles et de frivolités qui flatte son tempérament de libertin timoré. Non, cela fait trop d’années qu’il fantasme sur des multitudes d’aventures similaires et elles se sont toutes révélées être de formidables fiascos, aiguisant sa frustration. Il ne prendra pas d’initiative, il vaut mieux laisser les événements suivre leur cours. Oui, là est la bonne solution, enfin, celle qui correspond totalement à ses velléités de participer une fois à une fête des sens, imprévisible et improvisée.
La voilà qui revient avec quelques slips à la main dont un noir à la large ceinture… Surpris par ce retour impromptu et silencieux, il doit aussitôt interrompre son questionnement personnel et tâcher de se précipiter à nouveau dans l’action.
Joignant le geste à la parole, elle lui glisse sous les yeux une publicité sur laquelle un mannequin masculin au corps « body buildé » à l’extrême, porte ce slip noir, le tout dans l’environnement propice du monde de la glisse, un surfeur couvert de sable et d’eau portant sa planche, les yeux fixant un rouleau surmonté d’écume s’écrasant sur une plage des tropiques. Effectivement, il a de quoi charmer et bouleverser les regards féminins, leur cœur et leur corps. Un bien bel objet, se dit-il, car s’il est lui-même sportif, il ne dispose pas encore de muscles aussi volumineux et aussi biens dessinés, tout comme d’une peau au bronzage si unie. Toutefois, c’est tout à fait le genre de slip qu’il souhaite porter, parce que quelque part il satisfait totalement le côté viril de son personnage en quête de reconnaissance de la part de la gent féminine.
C’est encore elle qui met un terme à la réflexion de Frédéric.
Elle marque une légère pause s’emparant à nouveau des yeux de son client.
Elle n’a pas tort à ce sujet-là. Frédéric éprouve depuis plusieurs minutes une forte sensation de chaleur, voire de moiteur et déjà une très légère sueur commence de perler sur le haut de son front, trahissant involontairement, mais sûrement, son embarras. Et c’est sans compter sur cette autre vague de touffeur diffuse qui s’empare peu à peu de sa personne, ainsi que sur les images voluptueuses qui se précipitent dans son esprit. Il n’arrive pas à les faire disparaître et il craint, là encore, de ne pas pouvoir cacher les sentiments éprouvés. Mais il lui faut impérativement rester maître de lui, surtout que la dernière proposition de cette vendeuse charmante au possible le plonge dans un trouble terrible. Que doit-il répondre à cette suggestion qui semble sentir le souffre ?
Où veut-elle en venir ?
Elle hésite avant de poursuivre.
Le visage de Frédéric doit lui refléter perplexité et inquiétude. Va-t-il renoncer au dernier moment ? Elle ne doit pas l’affoler ainsi.
Frédéric se sent de plus en plus excité à l’idée de poursuivre cette aventure, car c’est bien de cela dont il s’agit maintenant. Une aventure féminine, une de celles qui peuplent à l’infini ses rêveries. En dépit de sa gêne et d’une certaine appréhension, il n’a pas la moindre envie de reculer. De plus, cette jeune personne maîtrise à la perfection l’art de provoquer et d’augmenter son désir.
Ainsi, juste après s’être effacée et l’avoir laissé pénétrer dans cette pièce où règne un capharnaüm de dessous en boîte ou sans, elle s’est assise sur un tabouret assez haut, remontant volontairement sa jupette et écartant les cuisses ostensiblement. Il peut clairement voir qu’elle porte un slip noir. Pourtant, il n’ose pas trop profiter de ce qu’elle lui dévoile craignant que ceci ne le trouble encore plus.
Mais, effrontée et soupçonnant la retenue de Frédéric, elle lui dit :
Elle arrête là son discours et se met à fouiller négligemment dans un carton. Toutefois, elle n’est visiblement pas décidée à terminer son déballage printanier. Que faire ? Il ne peut pas s’attarder, attendre qu’elle rétablisse le dialogue, ou qu’elle l’oublie complètement. Impossible. Non, c’est à lui de jouer.
Frédéric, fébrile et cotonneux à la fois, gagne le fond de l’arrière-boutique et s’approche du miroir. Il retire son blouson, le pose sur un tas d’emballages, défait ses chaussures, puis après une légère hésitation, lui tourne finalement le dos. Il ne va pas quand même tout lui dévoiler du premier coup, trop facile. Il ôte son pantalon perdant du temps avec les boutons de la braguette tant ses gestes sont maladroits. Le plus difficile reste cependant à entreprendre.
C’est alors qu’il se découvre dans l’immense glace murale qui lui fait face. Quel choc ! Il se trouve totalement ridicule ainsi en chemise et en chaussettes noires qui jurent avec la couleur de sa peau. Il éprouve alors l’envie irrépressible de mettre une fin rapide à cette mascarade. Pourtant, sans être surpris, en jetant un coup d’œil discret en arrière, il peut constater qu’en fait de tri de la nouvelle collection, la jeune femme ne perd rien de cet effeuillage improvisé, certainement plus intéressée par le physique de Frédéric que par les derniers bustiers, bodys et autres corsets de l’année.
À quoi bon réfléchir et tergiverser, il est réellement le deuxième acteur de ce petit scénario, peut-être même en est-il la vedette, autant alors ne pas faire de « caprices de star ». Puis, il se relâche enfin, il semble ne pas y avoir de caméra cachée dans ce local tout de même un peu bizarre comme dans les sketches coquins de certaines chaînes de télévision.
Il retire son slip d’un seul mouvement et enfile le modèle noir. Il n’a pas tout à fait le temps de l’ajuster et d’en apprécier le confort et la forme très sexy qu’elle abandonne son activité, se lève brusquement de son perchoir et le complimente tout en s’approchant.
Sans la moindre hésitation, il se retourne et soulève le pan de sa chemise. Elle est à peine à un mètre de lui et il voit son regard plonger avide vers son bas-ventre qu’il offre à sa convoitise.
Frédéric subjugué par le son suave de la jeune femme et comme envoûté se plie à cette proposition, tout heureux en quelque sorte d’être ainsi piloté, commandé, dirigé tel un acteur débutant emprunt de maladresse.
Il est vrai qu’il se trouve très stupide à la limite du très mauvais goût dans cette position, les bras croisés à hauteur de la poitrine à tenir sa chemise. Il pouvait tout à fait se croire chez le docteur, prêt à s’allonger sur la table de consultation et à affronter des palpations désagréables. Cependant, à ce rythme-là, il se voit déjà nu comme un vers, se livrant innocent à cette femme. Mais le jeu en vaut sûrement la chandelle. Une fois encore, il suit à la lettre la suggestion de la jeune femme.
Effectivement, ce mini-slip lui va bien, trop bien même, très viril, d’une façon un peu exagérée presque, comme s’il s’agissait uniquement de cela. C’est certainement ce que va lui dire son épouse qui le préfère vêtu un peu plus sagement. Le tissu particulièrement souple tient à la fois de la soie et du coton, moulant à la perfection son membre. D’ailleurs, c’est en pensant à ce personnage ainsi mis en relief qu’il se rend compte que son bas-ventre fourmille de mille picotements et il devine qu’il aura de plus en plus de mal à maîtriser son sexe qu’il voit tendre doucement, mais inexorablement l’étoffe. Cette matière inconnue lui semble prendre la texture d’une seconde peau et se révèle indécente et pourquoi pas provocante.
Ceci n’a pas échappé au regard de la vendeuse qui se trouve maintenant presque à son contact. Ainsi, sans qu’il puisse esquisser le moindre geste de refus et de recul, elle avance ses mains à hauteur de la ceinture du slip, glisse ses doigts sous celle-ci, provoquant un frémissement du corps de Frédéric. Elle remonte très haut le slip sur la taille de celui-ci, accentuant par la même occasion l’échancrure de l’aine et des cuisses. La verge de François soudainement contrainte par ce mouvement commence alors à se déplier sous l’afflux d’un sang généreux.
Il tressaille en sentant les doigts doux qui courent, frôlant à peine sa peau. Elle insiste. Elle prend tout son temps, faisant semblant d’arranger l’élastique de cette ceinture, dont il devine qu’elle a diablement envie de la faire rouler beaucoup plus bas. Elle longe le ventre de son client, en éprouvant au passage la fermeté, puis vient lui caresser le creux des reins, effleurant le duvet noir et dense qui l’habite, se perdant même l’espace de quelques secondes trop brèves dans celui-ci.
Il est à nouveau pris d’un long frisson qui le parcourt de la tête aux pieds. Des gouttes de sueur perlent maintenant sur son front, au-dessus de ses yeux et de sa lèvre supérieure. Il est écarlate. Frédéric est persuadé qu’il fait de plus en plus chaud dans cet espace confiné qui abrite son essayage.
Oui, elle le provoque par son regard cru et lui l’émoustille au possible par cette bosse qu’elle souhaite de plus en plus loger au creux d’une main. Il aurait voulu se saisir d’elle et la déshabiller à son tour afin de lui prodiguer sans plus attendre les mêmes caresses, mais elle rompt sans qu’il s’y attende, le jeu subtil qui est en train de s’installer entre eux deux ; un arrêt brutal qui laisse Frédéric figé.