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Temps de lecture estimé : 9 mn
27/01/08
Résumé:  Les tribulations d'un homme pour séduire sa nouvelle collègue.
Critères:  fh collègues travail telnet amour cérébral voir nopéné jeu humour -bureau
Auteur : PtitLoup            Envoi mini-message

Série : Anonymix

Chapitre 01
Anonymix

Paris – 08h30


Déjà trois mois que je suis complètement inefficace au bureau. C’est sûr, cela va commencer à se voir même si je suis employé d’une administration… Allez, défoulez-vous. Je vois votre sourire devant l’ordinateur. Voilà où passent nos impôts… Il n’a que ça à faire… P… de fonctionnaires, toujours en grève… J’en passe et des meilleures.


Stop ! Sachez que je paye également des impôts, sauf que moi, je suis plus malin et je me rembourse sur mon temps de travail. J’ai dit travail ? Oups, pardon.


Il n’a que ça à faire… Et bien non, j’ai plein d’autres trucs très intéressants à faire, comme n’importe quel employé dans n’importe quelle société, et si je peux les éviter, je les évite.


P… de fonctionnaires ? Cri bestial émanant d’une tribu localement située partout en France et prenant souvent à partit les fonctionnaires. Et bien oui je l’avoue, on nous jalouse, et j’y pense souvent le soir lorsque je rentre à la maison… vers seize heures trente.


Enfin, le « toujours en grève » est de loin le « Number One » des revendications des « jamais en grève ».


Je rappelle la définition de toujours : adverbe – à utiliser dans le temps – marque en soi une durée illimitée ou de permanence.


Or il me semble avoir déjà vu des trains ou des métros circuler, des écoles, des hôpitaux, des administrations ouvertes et même de l’électricité produite, acheminée et consommée. Le terme le plus approprié serait donc : parfois ou de temps en temps.


Je tiens à rassurer l’ami lecteur, je ne suis pas en train d’écrire l’apologie du fonctionnaire. Les trucs cochons arrivent… Ah, la dérision. C’est sympa parfois ! (Voyez : là, j’ai utilisé « parfois » parce que « toujours » aurait été malvenu…)




Paris – 16h00


C’est l’heure, je vous laisse…


Je déconne, le fonctionnaire possède un peu d’humour tout de même… On enchaîne.


Cela fait donc trois mois que je ne suis plus bon à rien. Trois mois qu’elle est arrivée.


Gaëlle ! Fraîchement sortie de l’école et admise au concours d’entrée. Simplement rayonnante, elle illumine à elle seule le bureau et accessoirement ma vie, ou l’inverse. Nous sommes trois dans un bureau initialement prévu pour une personne, mais Michel étant sur le départ (depuis quatre ans d’ailleurs), il est prévu qu’elle nous rejoigne pour le remplacer.


Franchement, c’est un gain évident. Michel a soixante ans ; veuf ; un costume qu’il porte du lundi au vendredi ; toujours le même repas. (Oui, là, j’ai dit « toujours », mais parce qu’il mange systématiquement la même chose, alors je peux utiliser cet adverbe ! Mais faut arrêter maintenant parce que cela va être difficile de se mettre dans l’ambiance.)


Toujours le même repas donc, une boîte de sardines, une portion de camembert et une pomme. Tout cela au bureau pour ne pas perdre du temps le midi. Je vous laisse imaginer les odeurs enivrantes des après-midi confinées dans notre closed space. Rien à voir avec le doux parfum de notre envoûtante collègue. Jamais quelqu’un ne m’avait fait cet effet.


Gaëlle est jeune, un visage rond, la peau laiteuse avec quelques taches de rousseur. Une petite bouche bien dessinée, les yeux bleus, le tout coiffé d’une chevelure prune tombant sur les épaules.



Et oui, je connais les femmes, hé, hé.


J’avoue que la première chose que je vis au départ, ce fut sa jupe… Surtout les jambes qui s’en échappaient, gainées de voile, elles se balançaient lestées de grandes bottes pendant que le reste du corps, sur une chaise, attendait nerveusement un interlocuteur. Lorsqu’elle se leva, enfin je pus admirer dans son ampleur la silhouette très féminine de ma future collègue.


Il ne fallut pas longtemps pour que Jean-Louis (le dernier habitant de mon bureau) me donne des coups de coude dans l’estomac en me faisant ses yeux de merlans frits.



Jean-Louis est un poète, mais là on ne se rend pas vraiment compte. Divorcé de Chantal (qui travaille deux étages plus bas dans un autre service), trois enfants. Son activité sexuelle s’est arrêtée le jour où il est rentré ivre mort un midi en gueulant qu’il venait de niquer Lucie.


Chantal l’a très mal pris. Était-ce parce qu’elle était présente au moment de la révélation ? Était-ce parce que Lucie était la responsable du service de Chantal ? Était-elle simplement jalouse ? Du coup, notre pauvre Jean-Louis s’est retrouvé tout seul. Il est retourné vivre chez sa mère… à quarante-sept ans.



Il est con Jean-Louis.


Gaëlle aussi vit chez ses parents (mais non, pas ceux de Jean-Louis). Elle espère mettre assez de côté pour prendre son propre appartement bientôt. Nous avons de suite sympathisé, et une fois le pot de départ de Michel effectué, elle s’installa chez nous.

Étant incapable de lui exprimer ma flamme, je suis passé de l’autre côté, celui du meilleur ami, du confident, de celui en qui on a entièrement confiance. Cela me permet de passer plus de temps avec elle. Parfois, je la taquine sur sa tenue, sa coiffure. Il nous est arrivé d’échanger via la messagerie instantanée des propos un peu plus personnels, intimes. Je sais qu’elle aime le sexe. Pas d’amants attitrés, juste des aimants à tirer.


Je redoute le jour où elle va me confier avoir une liaison sérieuse. Comment faire pour lui avouer ? J’avais bien essayé un midi alors que nous déjeunions, mais s’était sans compter Jean-Louis qui avait mangé liquide pendant la pause et qui, nous voyant de l’autre côté de la brasserie, s’était mis à hurler :



Il est con ce Jean-Louis. Dès fois, il m’énerve vraiment. Enfin, un flop ce jour-là.


Il faut préciser que je suis ce que l’on appelle un introverti, ascendance introvertie. Impossible pour moi d’être le centre du monde, de faire un discours, de me mettre en avant. Éducation ? Je ne sais pas, c’est dans ma nature. Petit, j’étais le garçon mignon selon les autres mamans, adolescent, le gamin entouré de pleins de meilleures copines, pour finir effacé du monde masculin auquel j’appartenais. Du coup, je n’ai jamais cherché à séduire, je laissais faire les filles. Puis les femmes. Aucune initiative de ma part, on ne sait jamais. Du coup je papillonne, je butine au gré du vent à la recherche de ma fleur.


Mais là, c’est différent, je dois faire le premier pas. Et je n’y arrive pas.


Nous rentrons du déjeuner comme si de rien n’était. Enfin, en ce qui me concerne. Au moins Jean-Louis, au vu de son état, ne sera pas parmi nous cet après-midi. Et puis ce fut le déclic. Il suffit de lui écrire. Une déclaration. Bon sang mais c’est bien sûr ! Oui, mais à la fin de celle-ci, il faut signer. Et si elle refuse ?


Une idée, il me faut une idée. Et puis l’idée conne est arrivée. Ma plus grande peur serait qu’elle fasse une rencontre vraiment sérieuse, qu’elle tombe amoureuse. Il fallait donc qu’elle tombe amoureuse de moi, d’une manière ou d’une autre.



Une fois devant mon PC, je me suis mis à écrire une lettre :


Bonjour Gaëlle,

Depuis ton arrivée chez nous, mes yeux ne voient que par toi.

Tu m’as bouleversé au point que je suis incapable de venir à toi.

Tu peux tout arrêter maintenant, ou continuer en essayant de nous découvrir.

Fais-moi un signe si tu souhaites en savoir un peu plus.

De la manière la plus simple, habille-toi comme le premier jour de ton arrivée.

Alors je saurai que tu acceptes.



Maîtriser la situation allait être dur. Je sors la lettre sur notre imprimante, je la mets dans une enveloppe sur laquelle je trace un X, puis je me dirige vers l’accueil où je la dépose discrètement dans sa bannette. Je retourne à mon poste en attendant la fin de journée.


Que va-t-elle faire ? Et si elle prend le courrier ce soir et décide de faire demi-tour pour savoir qui est le mauvais plaisantin ? Est-ce considéré comme du harcèlement ? Que de questions sans réponses.



Mon cœur passe du mode Fonction Normale au mode Fonction Extrême. Et si… Et si… Et puis, je me lève à mon tour, je prends mes affaires et la sortie. La lettre n’est plus là.



Paris – 08h30


La nuit fut longue et sans sommeil, pas habitué au stress (ben oui, fonctionnaire).



Je sais, ce n’est pas intelligent comme réflexion, mais c’est tout ce que j’ai trouvé à ce moment-là. Des fois, je me « jean-louise » (expression couramment utilisée par moi-même).


Je me lève de ma chaise et m’avance pour l’embrasser. Son parfum embaume déjà la pièce. Elle a mis sa jupe surplombant de grandes bottes noires. Son chemisier blanc, déboutonné juste assez pour attirer l’œil et ne pas être vulgaire. Mince alors. Elle accepte mon invitation. Je lui fais remarquer qu’elle est très sexy et elle me remercie par un fabuleux sourire. Elle s’installe à son bureau, je suis sur un nuage.


Coup de téléphone : Jean-Louis est en arrêt indéterminé.


La matinée se passe tranquillement comme un jour banal, sauf pour Gaëlle qui jette souvent un regard par dessus la cloison du bureau, comme pour prendre en flagrant délit son prétendant anonyme. OK, passons à la seconde étape.


Je commence à écrire mon courrier X lorsqu’elle s’approche de moi. Je ferme illico mon traitement de texte et relève la tête vers elle. Mes yeux se figent sur son décolleté où je perçois l’aube de ses seins. Quelle vision merveilleuse. Gaëlle, en toute innocence, reste penchée à mes côtés et me demande en tendant un papier :



Zut. Je n’avais pas prévu qu’elle me questionne sur mon propre délit. Je parcours la lettre en ayant l’air curieux.



Oh le boulet ! Qu’est-ce que je venais de dire. Je la mettais en garde contre moi.



Je ne réponds rien. Elle retourne s’installer à son poste. Je la regarde s’asseoir, glissant ses mains sous les fesses pour maintenir sa jupe sous ses cuisses en s’asseyant. Légèrement tournée vers moi, elle reprend son travail. Mon regard reste bloqué sur ses cuisses. Étrange impression que tout ce qu’elle peut faire est naturellement beau.



À mon tour, je reprends mon travail, enfin, mon courrier.


Douce Gaëlle,

Je suis heureux de constater que tu souhaites poursuivre cette aventure.

Le bonheur de te voir ainsi, très sensuelle, ne me laisse pas de marbre.

J’imagine depuis ce matin que tu ne portes aucun sous-vêtement.

Cette pensée me fait frémir à chaque fois que je te croise.

Et si c’était vraiment le cas ? Me le ferais-tu partager ?

Pour simplifier nos échanges, j’ai ouvert un compte messagerie :

Anonymix@mail. Com. Je t’attends.



Voilà, le ton était donné. Elle voulait jouer, on allait jouer.

Je sors ma lettre sur l’imprimante, prends discrètement une enveloppe dans mon tiroir, trace mon X dessus, puis sous prétexte de descendre prendre des nouvelles de Jean-Louis, passe devant l’accueil et dépose mon courrier. Trente minutes plus tard, je remonte à mon poste, Gaëlle est à l’accueil en train de discuter. Elle me sourit en agitant l’enveloppe comme un enfant qui découvre ses cadeaux de Noël. Nous rentrons dans le bureau, elle ferme la porte.


Je m’installe à mon poste, mine de rien, elle ouvre l’enveloppe et commence sa lecture.



(Gaëlle aime beaucoup utiliser le mot Super.)



Elle bouge sa souris et commence à cliquer sur son écran.

Elle vient de dire exactement ce que je pensais une heure plus tôt.



(À suivre…)