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Temps de lecture estimé : 15 mn
18/04/08
Résumé:  Au beau milieu du cataclysme... Tout ceci s'arrêtera-t-il un jour ?
Critères:  ffh nympho humour sf -humour -sf
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Les apprenties

Chapitre 11 / 11
La fuite

Résumé de l’épisode 1 : J’ai rencontré deux extra-terrestres surprenants, composés de myriades de grains de lumière tourbillonnants et pouvant prendre n’importe quelle forme, humaine ou non. Ils sont venus sur Terre pour rencontrer un certain docteur Robert Shank. Mais voulant faire un peu mieux leur connaissance avant de les accompagner pour le retrouver, j’ai réussi à les convaincre de choisir chacun l’apparence d’une sublime bombe sexuelle et je leur ai fait découvrir les plaisirs de l’amour physique.


Résumé de l’épisode 2 : Après avoir baptisé Juliette et Éloïse mes deux nouvelles amies, je les ai conduites au cabinet du psychiatre Robert Shank. Mais celui-ci est devenu fou en apprenant que je leur avais enseigné les joies du sexe ; il m’a expliqué que ces êtres jouaient un rôle fondamental dans l’équilibre de l’univers et que ma conduite aurait des conséquences catastrophiques ; et pour finir, il s’est mis en tête de me supprimer. Mais il a été lui-même éliminé par les deux extra-terrestres.


Résumé de l’épisode 3 : Juliette et Éloïse, mes deux sublimes extra-terrestres, ne peuvent désormais plus se passer de sexe. Elles ont passé la nuit à explorer les ressources et les possibilités de leurs enveloppes humaines. Moi, je n’ai pas réussi à dormir, tracassé par les paroles puis le meurtre du toubib. Mais au matin, elles m’ont rassuré : je ne dois pas m’inquiéter quant au sort de l’univers.


Résumé des épisodes 4 et 5 : Je leur ai proposé d’aller découvrir d’autres loisirs ; nous sommes allés nous promener en ville, marcher dans les rues du centre, faire un peu les boutiques, déjeuner au restaurant, puis assister à une séance de cinéma et même finalement visiter un sex-shop. Mais le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes ; je dois me faire une raison : mes deux amies sont insortables.


Résumé de l’épisode 6 : En rentrant de cette journée farfelue, je n’aspirais qu’à passer une soirée cool avec les deux demoiselles. Mais presque impossible d’être tranquilles : sans cesse dérangés par les coups de téléphone. C’est curieux, ma mère d’abord, puis Raoul, un copain d’enfance, jurent leurs grands dieux m’avoir vu copuler en public avec Éloïse et Juliette, alors que c’est parfaitement impossible. N’y tenant plus, Raoul nous rejoint finalement à la maison et nous explique avoir vu des choses vraiment étranges, ce soir. Ce qu’il raconte me fait vraiment penser à ce que j’ai vécu le premier soir. Voulant en parler avec Juliette, nous laissons Éloïse avec Raoul, celui-ci ne sachant toujours pas qu’elle est une extra-terrestre.


Résumé de l’épisode 7 : Tandis que Raoul prend du bon temps avec Éloïse, Juliette m’avoue que d’autres extra-terrestres ont rejoint notre planète. Mais c’est la catastrophe, ils ne semblent venus que dans l’unique but de partager des orgasmes et ont tous pris les mêmes apparences : des centaines de clones de Juliette, d’Éloïse et de moi-même baisent dans tous les coins de la ville. Les flics ne tardent pas à débarquer chez moi et m’emmènent au commissariat central pour "m’interroger".


Résumé de l’épisode 8 : J’ai raconté tout ce que je savais (ou presque) au commissaire ; celui-ci me fait confiner dans une minuscule cellule, attendant d’être interrogé par la DST. Au beau milieu de la nuit, les policiers m’apprennent que la situation a encore dégénéré. Les clones partouzeurs ont envahi tout le pays. Au matin, je découvre avec surprise Juliette dans ma cellule ; celle-ci prend mon apparence et se fait passer pour moi aux yeux des flics, me permettant ainsi de m’évader. Je retrouve Raoul qui nous emmène à son domicile, Juliette, Éloïse et moi.


Résumé de l’épisode 9 : La télé diffuse en boucle des images de guerres entre les humains et les innombrables congénères de mes deux protégées. Et bientôt, dans un gigantesque amas d’éclairs, tous les extra-terrestres, unissant leurs pouvoirs, provoquent une sorte d’immense champ électro-magnétique entourant la planète, empêchant ainsi la moindre circulation électrique et plongeant par-là même la Terre dans le chaos le plus inattendu.


Résumé de l’épisode 10 : Le ciel zébré d’éclairs se noircit à vue d’œil ; des boules de foudre frappent le sol à tout bout de champ ; et les extra-terrestres continuent de baiser à tour de bras sans qu’on ne puisse plus rien contre eux. Mais ils ont finalement négligé quelque chose : leur intervention a modifié les lois électro-gravitationnelles, et plus aucun ne peut survivre aux désintégrations qu’ils subissent tous après chacun de leurs orgasmes. Raoul et moi parvenons à fuir la ville en proie au chaos, traînant après nous Éloïse et Juliette…









On était dans une petite cabane en bois, la plus déserte que nous avions pu trouver, perdue au fond d’un bosquet, à quelques kilomètres de la ville. C’était tout petit, mais on était un peu à l’abri. Raoul et moi y avions traîné Éloïse et Juliette, presque malgré elles. Nous les avions finalement même attachées, sans quoi elles se seraient à coup sûr lancées dans une course destructrice à l’ultime orgasme.



Nous étions parvenus à allumer un petit feu, qui nous réchauffait légèrement, mais surtout, nous éclairait. Ensuite, Raoul était reparti, avec un vieux vélo qui gisait là dans la cabane. Il avait voulu aller trouver de la nourriture, et puis des bougies aussi. Moi, je tournais en rond. J’allais de temps en temps jeter un œil dehors. Il n’y avait aucune amélioration.



J’hésitai à les assommer. Mais préférai faire encore une fois un tour à l’extérieur. Je fumai une des dernières cigarettes qu’avait laissées Raoul.



Je ne les entendis plus pendant un moment, à tel point que je rentrai vérifier qu’elles n’étaient pas passées à l’acte. Je fus d’abord rassuré en voyant qu’elles étaient toujours là. Mais Éloïse était immobile, la tête penchée sur le côté, complètement inerte. Je m’approchai d’elle à toute allure. Et éclatai soudain de rire. Incroyablement, elle s’était tout connement endormie. C’était sans doute la première fois qu’elle conservait longtemps le corps qu’elle s’était choisi, et elle était assujettie à son métabolisme. Juliette s’étonna un instant de me voir me marrer, mais revint une nouvelle fois à la charge :



Je ressortis, l’abandonnant à ses pulsions.




* * * * *




Je fus réveillé tout à la fois par un grondement plus fort et l’impression d’une présence. C’était Raoul, qui venait sans doute de rentrer. Il se tenait debout dans l’encadrement de la pauvre porte qui fermait péniblement la cabane. Je ne l’apercevais qu’à peine grâce aux lueurs tremblantes du feu agonisant.



Je tournai la tête vers nos deux "prisonnières". Elles dormaient à poings fermés, ronflant même doucement. Je me levai, le plus silencieusement possible et suivis Raoul jusqu’à l’extérieur de la cahute.



Je le devinai tendre un bras vers le ciel, et levai les yeux à mon tour. Il y avait toujours de très nombreux éclairs, mais ils n’avaient plus la même allure. Ce n’étaient plus uniquement des fils de foudre qui traversaient la voûte. On eût dit qu’ils ressemblaient de plus en plus à ceux qu’on aurait pu trouver dans un banal orage d’été.



Plusieurs grondements de tonnerre "classiques" retentirent, semblant confirmer ses dires. Tout dans l’atmosphère paraissait absolument immobile. Je regardai Raoul, attendant qu’il me dise ce qu’il avait trouvé. Mais il resta un moment silencieux. Un souffle d’air chaud caressa soudain nos visages. Un long éclair clignota, tout près, aussitôt accompagné d’un puissant coup de tonnerre. Et il se mit soudain à pleuvoir, quelques grosses gouttes, d’abord, mais rapidement suivies d’une véritable douche tropicale. Nous rentrâmes à l’abri spartiate de la masure.



Je le regardai, cherchant à comprendre le sens de sa phrase. Il fouilla alors dans ses poches et me tendit ensuite une énorme liasse de billets :



Je ne trouvai rien à lui dire et le dévisageai bêtement. Il m’observa aussi un moment, avec amitié. Malgré la faible lumière des flammes vacillantes, ses yeux complices me firent chaud.



Il sortit. Je le rejoignis dehors, sous la pluie maintenant battante. Il enfourcha son pauvre vieux vélo.



Il partit au son décroissant d’un grincement régulier et disparut rapidement de ma vue. Un ou deux derniers éclairs me laissèrent entrapercevoir sa silhouette s’éloignant.




* * * * *





Elles criaient. L’une et l’autre, m’arrachant encore à son sommeil. J’ouvris péniblement les yeux. Il faisait soleil. La pluie et l’orage avaient apparemment cessé. Je les regardai.



Je fouillai à l’intérieur du sac qu’avait déposé Raoul et sortis un paquet de madeleines et une bouteille d’eau, puis m’approchai d’elles deux. L’une après l’autre, je leur tendis à manger et à boire. Juliette dévora presque instantanément, mais Éloïse râlait encore :



Elle me regarda bêtement, avant d’acquiescer naïvement. Les yeux sans doute exorbités d’incrédulité, je lui répondis en tentant de me calmer :



Elle accepta finalement mon étouffe-chrétien et le mastiqua longuement en me considérant avec attention. Je poussai la porte de la cabane. Les rayons matinaux d’un soleil déjà chaud entrèrent nous éblouir. Je fis quelques pas dehors. Le sol était détrempé, mais tout paraissait redevenu normal. Il n’y avait plus d’éclair, plus de nuage.


Devais-je les détacher, en espérant que tout risque pour elles fût passé ? Et le courant ? L’électricité était-elle de nouveau utilisable ? Je rentrai dans la cahute, à la recherche d’un éventuel appareil électrique. Mais cette pauvre baraque n’était même pas reliée au réseau. J’avisai une vieille radio qui devait marcher à piles et essayai de la faire fonctionner. Mais rien. Soit les piles étaient nazes, soit toujours rien ne marchait.



Je lui en tendis une autre en reformulant ma question :



Je contemplai les lignes évocatrices de son corps somptueux et me réfrénai une nouvelle fois :



Mais elle se mit soudain à tousser bruyamment. L’andouille avait avalé de travers. Et ça ne semblait pas passer. Elle était en train de s’étouffer. Je lui tapai brusquement dans le dos plusieurs fois, mais rien n’y fit. Elle toussa de plus belle et commença de changer de couleur.


Et sous mes yeux effarés et ceux inquiets d’Éloïse, elle se désintégra soudain en ces milliards de grains de lumière tourbillonnants. Un tas informe de madeleines écrasées et prédigérées s’écrabouilla au sol. Je restai un court instant comme paralysé, le regard rivé sur les particules tournoyantes, anxieux de les voir s’échapper sans retenue vers le ciel.


Mais Juliette se reforma bientôt tranquillement à côté de moi, libérée, nue et arborant un vaste sourire. Avant que je ne puisse réagir, Éloïse en avait fait autant et commençait à se réagréger à son tour. Juliette me sauta littéralement dessus, m’embrassant et se frottant à moi avec passion.


En moins de trente secondes, je me retrouvai allongé sur le dos, chevauché par les deux sublimes jeunes femmes, Éloïse gigotant empalée sur mon sexe tendu à bloc, et Juliette se frottant sur mon visage, savourant les caresses que je tentai de lui procurer avec peine.




* * * * *





Elles ne me répondirent évidemment pas. Je me levai et me renfroquai plus ou moins. J’avais l’intention de rejoindre mon chez-moi. Je fouillai une dernière fois la cabane, cherchant s’il y avait quelque chose que j’aurais pu emporter. Et dans un tiroir, je tombai sur un paquet de piles neuves, sans doute justement destinées à la radio. Je me dépêchai d’en foutre deux dans l’appareil et le réenclenchai. Mais toujours désespérément rien. Je balançai la radio contre le mur en espérant qu’elle soit déjà morte à la base et que son absence de fonctionnement n’ait rien à voir avec les phénomènes de la veille.




* * * * *




J’étais parvenu à convaincre Éloïse et Juliette de s’arrêter un peu de baiser, au moins le temps qu’on arrive chez moi. Mais à pied, de là où nous nous trouvions, c’était plus que long. Au bout de sans doute une bonne heure de marche sur les chemins de campagne sans avoir vu âme qui vive, nous vîmes approcher deux types qui menaient une vache après eux.


Sans chercher à comprendre ce qu’ils faisaient, et heureux à l’idée de trouver enfin quelqu’un à qui parler (les discussions avec Éloïse et Juliette étant quand même quelque peu limitées) et surtout demander des nouvelles, je leur adressai de grands signes amicaux. Mais une fois arrivés à une dizaine de mètres de nous, ils s’arrêtèrent tout net, échangèrent quelques mots, puis firent soudain demi-tour et décampèrent en braillant :



Je soupirai longuement. Ce que les gens étaient cons, quand même ! Il allait peut-être falloir qu’on change d’apparence… Oh, et puis merde ! On verrait bien…


On continua. Encore une bonne demi-heure sans la moindre rencontre. Et puis soudain, j’eus une idée. J’étais vraiment con, moi aussi. Ça faisait bien longtemps que j’aurais déjà dû l’avoir eue :



Je fermai les yeux et imaginai alors le plus précisément possible un magnifique cheval sellé, et, en rouvrant les yeux, je fis bientôt face à deux superbes étalons noirs, qui me regardaient, penauds. L’un des deux, qui devait être Juliette, fit un effort démesuré pour regarder entre ses pattes arrière, puis releva la tête et renâcla bruyamment. Je souris en m’approchant de l’autre :



L’animal hennit tandis que je m’installai péniblement sur la selle.



Les deux canassons se mirent à courir doucement. Je m’accrochai péniblement à l’encolure pour ne pas tomber. Nous parvînmes bientôt à un petit village. Les maisons étaient toutes ouvertes, et trois gamins jouaient dehors. Je commandai à mes montures de ralentir à leur hauteur. Les gosses s’arrêtèrent et m’observèrent. Je m’adressai à celui qui paraissait le plus âgé :



Je regardai autour de moi, sans bien savoir ce que je cherchais.



J’allais signifier à mes étalons de redémarrer quand la petite gamine me fit :



Incroyable ! Même cette gosse de cinq ans m’avait reconnu ! Sans répondre, je talonnai vivement les flancs de ma monture pour qu’elle démarre au triple galop. Mais cette conne d’Éloïse commença de hennir puissamment et se désintégra soudain. Je tombai comme une pierre, à moitié sur le cul, en beuglant de douleur. Elle reprit alors son apparence humaine, évidemment nue, et me regarda avec répréhension :



Les gamins avaient d’abord sursauté, mais se marraient maintenant comme des baleines.



Je la portai pour l’installer sur Juliette (toujours déguisée en cheval) juste devant la selle, et montai avec difficulté m’asseoir derrière elle. Je tapotai d’une main le haut du flanc de notre monture en demandant doucement :



Elle démarra doucement ; Éloïse se cramponnait au cou de Juliette et moi, je devais faire des efforts désespérés pour ne pas tomber de selle. Tandis que nous avancions ainsi, je réfléchissais. Qu’allais-je devenir ? Où que je puisse aller, on me reconnaîtrait sans doute. Et puis toujours pas d’électricité. Si ça devait durer, il allait de toute façon falloir changer de mode de vie, pour pas mal de monde…


Et tandis que je réfléchissais, Éloïse se frottait de plus en plus vivement sur le haut de la colonne vertébrale de la pauvre Juliette, oscillant des hanches de manière significative juste sous mon nez.


« N’importe quoi ! » pensai-je en me replongeant dans ma réflexion.


On arriva enfin dans mon village. Si de nombreuses personnes nous regardèrent passer avec curiosité ou inquiétude, nous parvînmes sans encombre jusque devant ma maison. Une bagnole de flics était encore garée à l’entrée de mon terrain.



Je descendis de cheval et laissai Éloïse se frotter encore et encore à l’encolure de l’animal. Les flics étaient-ils toujours là ? Inquiet, je commençai par faire le tour de la maison, le plus discrètement possible. Je n’y décelai aucune présence, ni aucun bruit. Les gardiens qui surveillaient la baraque avaient dû se barrer quand tout était parti en boudin, la veille.


J’essayai de rentrer par la porte du garage, mais elle était fermée. Et je n’avais évidemment plus les clés, qui avaient dû rester dans la voiture de Raoul. Sans un bruit, sur le qui-vive, et prêt à me défendre, j’actionnai finalement la porte principale. Celle-ci était ouverte. J’entrai. Et écoutai attentivement. Il n’y avait pas le moindre bruit. Je fis rapidement le tour de la maison, qui s’avéra finalement déserte. J’essayai au passage d’allumer tous les appareils électriques, y compris ceux qui fonctionnaient sur batterie, mais rien ne marchait. Évidemment !


Je ressortis pour aller chercher mes deux extra-terrestres. Pour donner le change aux voisins qui devaient m’espionner à qui mieux-mieux, il allait sans doute falloir faire entrer le cheval dans le salon… Mais le moindre souci de crédibilité m’abandonna lorsque, parvenu à l’extérieur, je trouvai Éloïse, debout à côté du cheval, une main passée entre ses pattes arrière et occupée à branler l’animal.



Le cheval fit mine de vouloir entrer, suivi de près par Éloïse qui me souriait sereinement. Je leur barrais le passage :



Elle s’exécuta et je m’effaçai pour laisser entrer les deux jeunes femmes apparemment follement excitées. Tandis qu’elles allaient immédiatement "se détendre" sur le canapé, je fis une nouvelle fois le tour de la maison, rassemblant rapidement dans un sac de voyage les quelques affaires qui me tenaient à cœur. Dans un autre, je chargeai le maximum de bouffe et de boissons que je pus trouver.


J’aurais de quoi tenir un moment. Et puis j’avais tout le fric que m’avait laissé Raoul. J’avais pas compté, mais y avait sans doute plusieurs mois de salaire. Je trouvai au fond d’un coffret un double des clés de la maison.


J’avais pris ma décision. Partir. Loin. Et vivre seul avec mes deux déesses dans un quelconque coin peinard qu’on pourrait trouver.





* * * * *




Je fermai la maison. Juliette et Éloïse m’attendaient dans le jardin, regardant avec admiration partout autour d’elles. Il faisait toujours un temps magnifique et chaud. Aucun bruit ne couvrait le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. Je les rejoignis, déposant à leurs pieds mes deux sacs et deux cordes.



Elles durent comprendre que je voulais les "syntoniser" une fois encore. J’évoquai en fermant les yeux l’image d’un gigantesque aigle royal, noir et majestueux. Les myriades de particules qui composaient mes deux amies s’agrégèrent bientôt à nouveau, formant devant moi deux magnifiques oiseaux, qui me toisaient de leurs yeux fiers et presque menaçants.


J’amarrai sur le dos d’un des aigles géants mes deux sacs et montai ensuite avec difficulté sur le dos de l’autre, m’attachant comme je le pouvais avec la seconde corde.



Les deux oiseaux s’envolèrent brusquement, me ramenant à mes plus lointains rêves d’enfant. Je me cramponnai à la corde et à quelques-unes des longues plumes tandis que nous survolions le village, puis la campagne environnante, apaisée. Le monde défilait sous mes yeux. J’étais heureux.