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Temps de lecture estimé : 7 mn
29/06/08
Résumé:  Voyage au fil de l'eau, pour nos amis réunis...
Critères:  hhh copains vacances bain bateau amour cérébral hsodo historique
Auteur : Claude71            Envoi mini-message

Série : Marins d'eau douce

Chapitre 06 / 06
Canaux et rivières

Canaux et rivières



Le voyage jusqu’à Paris fut une partie de plaisir. Bien sûr, il fallait ne pas chômer, se lever tôt, s’arrêter tard. En dehors de l’entretien du bateau, des repas à préparer, il n’y avait pas grand-chose à faire. Marcel avait initié ses coéquipiers à la conduite de la péniche. Il assurait, en professionnel, les passages délicats, le franchissement des écluses, mais quand il n’y avait pas de difficultés, il leur confiait la barre. Il pouvait ainsi disposer comme ses camarades de moments de liberté consacrés au farniente, aux bavardages et à l’amour. C’était devenu, dans la chaleur de ce mois d’août, leur principale activité.


Michel et Marcel préféraient s’y livrer l’après-midi. La nuit, il valait mieux dormir pour être d’attaque au matin et laisser les deux autres se reposer. Dans leur cabine, le soleil filtrait à peine, dessinant un halo autour de leurs corps nus. Marcel, couché sur le ventre, la tête appuyée sur ses bras repliés, se laissait longuement caresser. Michel pianotait le long de son épine dorsale puis, avec le plat de sa main, il effleurait ses épaules, sa nuque, descendait lentement jusqu’aux lobes fessiers.


Marcel écartait alors ses jambes pour que la caresse se fasse plus intime. Il y avait là, entre les testicules et la raie des fesses, une zone particulièrement sensible. Quand Michel l’avait bien agacée de ses doigts agiles, il la léchait à petits coups de langue. Si le sexe de Marcel, bandé au maximum, dépassait sous son corps alangui, Michel le prenait en bouche pour le sucer goulûment. Au comble de l’excitation, Marcel se retournait et invitait son amant à s’empaler dessus.


Commençait alors un corps à corps passionné dont aucun des deux ne sortait vainqueur ou vaincu. Ils jouissaient presque ensemble, s’enlaçaient pour s’embrasser. Ils restaient unis attendant, toujours avec regret, que Marcel débande. Quand Michel se faisait actif, il cherchait toutes les positions qui lui permettaient de se rapprocher au plus près de Marcel. Il aimait sentir son torse, son ventre contre le sien, caresser son dos, pétrir ses fesses. Une fois, il l’avait pris debout. Marcel s’était lové autour de lui, ses jambes et ses bras l’encerclaient. Leurs bouches étaient collées et leur baiser dura tout au long de l’étreinte. Ils atteignirent, ce jour-là, un orgasme jamais égalé et se promirent de recommencer.


Après ces moments de félicité, ils retrouvaient leurs deux copains qui avaient assuré, à tour de rôle, la conduite de la péniche. On en profitait pour plaisanter et bavarder mais, le plus souvent, on discutait sérieusement de l’avenir. Les quatre garçons confrontaient leurs jeunes expériences pour résoudre les multiples problèmes qui ne manqueraient pas de se présenter.




La première difficulté apparut dès le début du voyage. Ils naviguaient sur le canal du centre. Un peu avant Digoin, il fallait franchir l’écluse tenue par la mère de Marcel. Il était trop tôt pour en confier le passage à un des trois autres matelots. Inévitablement, Marcel aurait à affronter sa mère. Sa réputation était faite. Son patron avait dû s’en charger quelques semaines auparavant. Il proposa de les laisser en dehors de tout ça. Ils n’avaient qu’à descendre un peu avant le passage et il les récupèrerait plus loin.


Michel refusa d’abandonner son compagnon alors qu’il allait vivre une épreuve douloureuse. Les autres lui firent remarquer qu’il prenait des risques pour sa carrière, si la mère de Marcel ébruitait leur liaison. Il n’en démordit pas. Il aimait son métier mais il aimait aussi Marcel. Il savait combien sa présence à ses côtés était indispensable. Si l’amour avait un sens, il devait aussi se révéler dans les épreuves.


Rien ne se déroula comme ils le redoutaient. Quand Marcel vit sa mère, elle lui fit d’abord de grands signes et l’embrassa dès qu’il s’approcha d’elle. Elle pleurait, elle riait toute contente de le retrouver. Depuis le passage du père Mathieu, elle était sans nouvelles, morte d’inquiétude. Son fils, devant un tel accueil, commença par s’excuser. Il avait eu si peur qu’elle ne veuille plus de lui qu’il n’avait pas voulu la revoir. Il présenta ensuite ses amis, Maurice et Martial d’abord, puis Michel en le désignant clairement comme son compagnon.


Elle les embrassa tous et s’adressant à Michel elle dit :



Michel fit remarquer qu’avant tout, il fallait remercier Maurice et Fifine qui avaient recueilli Marcel. Elle les retint pour le souper. Ils ne purent refuser. Michel fut invité à partager la chambre de Marcel. Il découvrait son passé au travers des souvenirs accumulés : petits objets, cahiers d’écoliers, jouets…


Martial et Maurice étaient retournés dormir dans la péniche. La tension de cette folle journée s’était évaporée. Tout en se caressant, il en évoquait l’heureuse issue. Maurice, rêveur, lança :



Martial était devenu expert en préliminaires. Il ne baisait plus comme une bête. Il faisait l’amour avec art. Maurice était un chef d’œuvre. Son corps, tout en finesse, méritait de délicates attentions. Il embrassa son front, ébouriffa ses cheveux soyeux qui resplendissaient sous la pâle lumière de la cabine. Ses yeux d’un bleu si pur illuminaient son visage. Sa bouche gourmande invitait au plaisir. Il la prit comme on croque un fruit mûr.


Il promena ses doigts sur son torse puissant dont la peau douce frémissait sous la caresse, posa un baiser sur la pointe des seins durcis par le désir. Cette lente exploration se poursuivit jusqu’au nombril qu’il lécha à petits coups de langue. Un peu plus bas, se dressait un sexe turgescent. Il le prit dans sa main comme on tient une offrande, fit coulisser la peau sur le gland violacé, l’humecta de salive pour huiler le mouvement qui se faisait plus rapide.


Tout en branlant son amant, il plongea entre ses fesses pour déguster son bouton de rose. Avec la pointe de sa langue, il fouillait ce petit trou si accueillant. Il le sentait s’ouvrir. Un doigt, puis deux, remplacèrent la bouche. Le massage était lent, d’une infinie douceur, un supplice enchanteur qui chavirait Maurice.



Il devait honorer cette supplique ardente. Martial souleva son compagnon presque à l’horizontale, bascula ses jambes contre la paroi de la cabine, écarta ses fesses d’une poigne vigoureuse et le pénétra. Il libéra soudain toute la tension qu’il avait savamment retenue jusqu’à présent. Il s’enfonçait de toute sa hauteur, ressortait aussitôt pour s’introduire à nouveau. Il exprimait, avec force, tout son amour. Il sentait aussi, dans ce fourreau qui l’enserrait, le retenait, combien il était aimé en retour.


Au point de succomber, il saisit le membre de Maurice. Il fallait qu’ils jouissent ensemble. Quand il sentit les premiers jets de son amant, il se laissa submerger par l’orgasme. C’était si fort qu’il ne put retenir ses larmes. Il se réfugia dans les bras de Maurice. Il sanglotait. Son compagnon, ému, le calmait par de douces paroles :



Ils avaient bien navigué. On était samedi et ils approchaient de Paris. La livraison des barriques de vin devait se faire quai de Bercy. Ils ne seraient pas trop nombreux, à quatre, pour aider au déchargement. Ils arrivèrent vers midi. Le transbordement de la cargaison fut assez rapide. Michel et Marcel réglèrent les formalités. En fin d’après-midi, ils atteignaient Boulogne.



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Épilogue



Maurice trouva un travail au Bar du Coin. Josette et Henri devaient remplacer, provisoirement, leur garçon parti au service militaire. Le provisoire dura parce que Maurice savait se faire apprécier. Il était débrouillard, aimable, et son côté provincial plaisait aux clients. Il mesurait la chance qu’il avait de vivre auprès de Martial et tenait à conserver sa place.


Marcel, son remplacement terminé, refusa l’emploi de matelot qu’on lui avait promis. Il préférait ne pas s’éloigner de Michel. Il fit plusieurs petits boulots sur des péniches qui restaient sur la région parisienne. Il finit par occuper un poste à la TCRP (Transports en Commun de la Région Parisienne). Il conduisait un bateau-mouche et, comme il dépendait du département de la Seine, son avenir était assuré.


Ainsi, les quatre garçons restaient ensemble. Sur la péniche, ils pouvaient se retrouver, à l’abri des regards indiscrets. Chaque couple disposait d’une cabine. Tout aurait été parfait, s’il n’avait pas fallu rendre le bateau à ses propriétaires. C’est Michel qui trouva la solution. La mairie de Boulogne venait de faire construire des HLM. Comme instituteur dans la commune, il avait droit à un logement de fonction.


Dans son école, il n’avait qu’une chambre. Il pouvait prétendre à plus. Il déposa un dossier qui fut accepté. Un trois-pièces tout neuf, avec salle d’eau, lui fut attribué. Il demanda, très officiellement, à partager ce logement avec trois copains. Le service municipal trouva l’idée généreuse d’autant plus que ses co-locataires vivaient et travaillaient à Boulogne.


Il gardèrent leurs habitudes au Bar du Coin autant pour Maurice que parce qu’ils évitaient ainsi les corvées ménagères. Ils étaient considérés comme des amis qui vivaient ensemble pour partager les dépenses. C’était courant et personne ne se doutait de leurs relations particulières.


Chez eux, à Boulogne, on discutait beaucoup de politique. Le Front Populaire s’était disloqué. La Guerre d’Espagne et les radicaux avaient eu raison du rassemblement éphémère des partis de gauche. Comme l’avait prédit Fifine, Daladier gouvernait avec la droite. Il restait au moins les congés payés.


Tous les ans, ils revenaient en Bourgogne. Ils retrouvaient Fifine, Émile et Georges. Ces deux-là continuaient à s’aimer sous le regard complice de Fifine. La guinguette marchait bien. Les garçons, chaque été, y apportaient des améliorations. Ils aménagèrent, dans la grange, une auberge de jeunesse. Michel se démena pour qu’on amène l’électricité. Ça nuisait un peu au romantisme mais, au moins, on put installer une pompe électrique sur le puits. Avec l’eau courante, on pouvait faire fonctionner une douche, ce qui ajoutait au confort de tous les estivants. On pouvait aussi écouter la radio, et c’est ainsi qu’ils apprirent, début septembre 1939, la déclaration de guerre.





Claude, avril 2008