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Temps de lecture estimé : 24 mn
25/08/08
corrigé 01/06/21
Résumé:  Eloïse ne sait plus où elle en est, partagée entre ses sentiments pour Gabriel et Roméo. De son côté, Juliette se livre à toutes sortes d'expériences en compagnie de Flora.
Critères:  fh ff ffh grp couplus grosseins travail jalousie dispute fellation cunnilingu pénétratio double fsodo hgode théatre humour -humour -théâtre -consoler -couplea3
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Pour Eloïse

Chapitre 03 / 03
Roméo et Juliette - Pour Eloïse - Acte III

Les personnages :


Juliette


Cassandra : la meilleure amie de Juliette


Roméo


Éloïse : la meilleure amie de Roméo


Siriac : le meilleur ami de Roméo et le petit ami de Cassandra


Flora : une collègue de Roméo


Gabriel : un ami d’Éloïse


Raoul : un ami de Cassandra et Siriac


Ben, Nuts : des amis de Flora


Carmen : une jeune femme


Des clients, des serveurs






Roméo & Juliette


Pour Éloïse



Résumé de l’acte I : Éloïse ne se satisfait plus de la vie qu’elle partage avec Juliette et Roméo. Mercredi 10, au repas du soir, elle leur annonce qu’elle a rencontré Gabriel il y a une quinzaine de jours. Juliette et Roméo en sont tout retournés. Jeudi, Éloïse part s’installer chez Gabriel ; Roméo engage Raoul, un ami de Siriac, pour suivre Gabriel, et découvrir sur lui le maximum de choses, mais c’est un échec. Jeudi soir, Juliette et Roméo dépriment et échafaudent plan sur plan pour faire revenir Éloïse. En désespoir de cause, sur les conseils de Siriac, ils décident d’envoyer Flora séduire Gabriel. Toujours dans la soirée de jeudi, Éloïse appelle Juliette pour lui proposer de venir leur présenter Gabriel le lendemain soir.


Résumé de l’acte II : Vendredi 12, Flora tente d’aller séduire Gabriel sur son lieu de travail, mais elle est surprise par Éloïse. Comprenant que celle-ci a quitté Roméo, elle décide d’aller prendre la place vacante et Juliette accepte dans le but de provoquer Éloïse. Le soir venu, Éloïse et Gabriel, ainsi que Cassandra et Siriac, sont invités à prendre l’apéritif chez Roméo et Juliette. Ils les découvrent en compagnie de Flora. Éloïse éclate en larmes. La soirée finit en queue de poisson.






Acte III, scène 1


Mercredi 17, 18h25


L’appartement de Juliette et Roméo


(Roméo, Juliette)



(Roméo est vautré en caleçon sur le canapé. Il transpire à grosses gouttes. On entend le bruit de l’eau couler dans la salle de bains. Vêtue d’un élégant tailleur, Juliette vient apparemment d’entrer. Elle pose son sac et vient embrasser Roméo.)


Juliette : Eh ben, tu transpires…

Roméo : Euh… ah bon ?


(Elle regarde les fringues jetées en tous sens à terre.)


Juliette : Flora est là ?

Roméo (souriant) : Oui, oui, elle est sous la douche…

Juliette : Parfait…


(Elle se déshabille entièrement sous les yeux ahuris de Roméo.)


Juliette (désignant la salle de bains) : Tu viens ?

Roméo : Euh… non, on tiendra pas à trois…

Juliette : Bon, ben j’y vais… tu me rejoindras après ?


(Roméo acquiesce en souriant. Juliette sort vers la salle de bains. On entend un long hurlement.)






Acte III, scène 2


Mercredi 17, 10h45


L’appartement de Gabriel


(Éloïse)



(Éloïse est assise sur une chaise, regardant par la fenêtre. Elle a un téléphone dans une main. Elle paraît hésiter. Elle respire profondément, puis compose un numéro.)


Éloïse (au téléphone) : Cassandra ? … C’est Éloïse. … J’ai… j’ai beaucoup hésité avant de t’appeler, mais… mais je ne sais pas à qui parler. … Non. … Ben non, ça va pas très fort. … Si, si, il est adorable, il est attentionné, il m’aime et je l’aime beaucoup aussi, mais… … Mais je ne crois pas que je suis heureuse. … Et je n’arrête pas de penser à Roméo et à Juliette. … Si, bien sûr que je leur en veux, mais…


(Elle se met à pleurer.)


Éloïse (entre deux sanglots) : Oui… … C’est vrai, je peux ? … Je suis désolée de te faire chier avec ça… … C’est gentil. … À quelle heure ? … Chez toi ? … D’accord, à tout à l’heure. … Merci !






Acte III, scène 3


Mercredi 17, 12h45


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse, Cassandra)



(Cassandra et Éloïse sont attablées autour d’un repas frugal.)


Cassandra : Mais il faudrait savoir ce que tu veux, surtout. Je veux dire, au fond de toi… Si tu penses encore tout le temps à eux, c’est que…

Éloïse : Oui, je sais… Je suis toujours amoureuse de Roméo… et aussi de Juliette…

Cassandra : Et pas de Gabriel ?


(Un silence.)


Éloïse : Pas autant…

Cassandra : Mouais. Ben dans ce cas…


(Un silence.)


Cassandra : Et ce que t’a fait Juliette avec cette garce de Flora, ça t’a pas dégoûtée ?

Éloïse : Si, bien sûr ! Enfin… sur le moment, en fait… Plus j’y réfléchis, plus je suis convaincue qu’elle a fait ça pour me faire chier, et plus j’en déduis que c’est aussi parce qu’elle tient à moi.

Cassandra : Oui, tu connais ses façons de faire, à force…

Éloïse : Tu as de ses nouvelles ?

Cassandra : Pas plus que ça… Elle a complètement pété les plombs depuis l’autre soir. Elle passe tout son temps libre avec cette salope !

Éloïse (abattue) : C’est vrai ?






Acte III, scène 4


Samedi 13, 15h50


La chambre de Juliette et Roméo


(Juliette, Flora, Roméo)



(Roméo est couché sur le lit, Flora et Juliette sont agenouillées par-dessus lui, la première assise sur sa bouche, la seconde sur son bassin. Toutes deux se trémoussent en gémissant, s’embrassant et se pelotant avec soin.)






Acte III, scène 5

Dimanche 14, 12h10


Le salon de Flora


(Juliette, Flora, Roméo)



(Juliette et Flora sont en soixante-neuf sur le sol ; Roméo, debout derrière elle, sodomise puissamment Flora.)






Acte III, scène 6


Dimanche 14, 21h45


Le salon de Flora


(Juliette, Flora, Roméo, Ben, Nuts)



(Sur le canapé, Ben est allongé, pénétrant Juliette qui le chevauche, tandis que Nuts, agenouillé derrière elle la sodomise. Derrière eux, à l’autre bout du canapé, Flora, sur les cuisses de Roméo, face à lui, est empalée sur son sexe, et va-et-vient de haut en bas. Tous gémissent.)






Acte III, scène 7


Dimanche 14, 23h50


Le salon de Flora


(Juliette, Flora, Roméo, Ben, Nuts)



(Juliette est debout à côté du canapé, équipée d’un gode-ceinturon. Elle sodomise avec rage Ben, debout devant elle, penché en avant appuyé sur le canapé, et qui suce avec acharnement le sexe de Nuts. Flora est debout près de Juliette et masturbe tranquillement Ben tout en caressant Juliette. Roméo, plus loin dans le salon, regarde la télé.)






Acte III, scène 8


Mercredi 17, 12h55


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse, Cassandra)



(Éloïse et Cassandra sont toujours attablées.)



Éloïse (affligée) : C’est pas vrai ?

Cassandra : Et je n’ai pas eu de nouvelles depuis…


(Un silence. Éloïse est consternée. Cassandra se lève et débarrasse quelque peu la table.)


Éloïse : Pauvre Roméo…

Cassandra : Oui… c’est aussi ce que je me suis dit…


(Elle sort vers la cuisine.)


La voix de Cassandra : D’un autre côté, il l’a bien cherché… C’est lui qu’a insisté pour que Flora reste avec eux. Juliette voulait la foutre dehors…






Acte III, scène 9


Vendredi 12, 21h10


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Flora, Roméo)



(Juliette est assise dans le canapé, et Flora sur un fauteuil. Roméo achève de mettre la table.)


Juliette (à Flora) : Bon… Ca y est, j’ai plus besoin de toi, tu peux t’en aller…

Flora : Je t’ai déjà dit : tu rêves si tu penses pouvoir me manipuler…

Juliette (irritée) : Et alors ? Tu vas rester là à nous faire chier ?

Flora (ardente) : Oui… Tu veux m’utiliser pour faire criser ta copine ? Eh ben allez ! Ça m’amuse aussi ! Mais dans ce cas, il faut accepter les conséquences…

Juliette (agacée) : Et c’est quoi, les conséquences ?

Roméo : Euh… les filles ! Arrêtez ! Temps mort !


(Flora regarde instamment Roméo avec des yeux langoureux.)


Juliette : C’est mort ! Dégage ! Si tu touches à Roméo, je te tue !

Roméo : Pourquoi personne ne m’écoute jamais ?

Flora (à Juliette, sardonique) : Moi aussi, je t’aime…

Juliette : Pfff ! Tu vas voir…

Roméo : Stop ! Pour l’instant on a dit qu’on allait manger, alors on mange ! Vous venez à table et vous arrêtez de vous engueuler !


(Il regarde Juliette.)


Roméo (désignant Flora) : On va pas la virer maintenant…


(Il regarde Flora.)


Roméo : Et toi tu pourrais peut-être te calmer cinq minutes, non ?


(Un silence.)


Flora : Mouais…

Juliette : Bon…


(Elles se lèvent et viennent s’asseoir à table. Roméo, dans leur dos, soupire doucement et fait un discret geste de victoire.)






Acte III, scène 10


Mercredi 17, 13h00


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse)



(La table est débarrassée. Cassandra revient de la cuisine apportant un plateau chargé de deux tasses de café, un sucrier et quelques gâteaux.)


Éloïse : Et ensuite ?

Cassandra : Eh ben faut croire qu’elles se sont réconciliées sur l’oreiller…


(Un silence. Cassandra dépose son plateau et donne une tasse à Éloïse.)


Éloïse : Merci. C’est Juliette qui t’a raconté ça ?

Cassandra : Ben non, tu penses… C’est Roméo qui l’a dit à Siriac.


(Un silence. Elles boivent un peu de café.)


Éloïse : Remarque, d’un côté c’est rassurant.

Cassandra : Ouais, sauf que vu ce qui s’est passé après…

Éloïse (de nouveau sombre) : Mouais…


(Un silence. Elles boivent de nouveau.)


Cassandra : Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Éloïse : J’sais pas trop…

Cassandra : Tu restes avec Gabriel ?

Éloïse : J’sais pas…

Cassandra : Ben c’est pas moi qui vais savoir !

Éloïse : J’en sais vraiment rien. Je l’aime bien, mais…

Cassandra : Ouais… c’est pas l’amour fou, quoi…

Éloïse : Non. En fait, j’ai l’impression que tout s’est écroulé quand je lui ai raconté, pour Roméo et Juliette…






Acte III, scène 11


Vendredi 12, 21h20


L’appartement de Gabriel


(Gabriel, Éloïse)



(Éloïse et Gabriel sont debout, face à face. Éloïse a les traits tirés et Gabriel le visage fermé.)


Gabriel : Bon, je crois que tu as quelques confidences à me faire, non ?


(Un silence.)


Éloïse : Si…

Gabriel : Alors je t’écoute…


(Elle soupire.)


Éloïse : Eh bien… je ne sais pas trop par où commencer… Roméo est un ami de très longue date. J’étais avec lui au lycée. Je suis sortie un moment avec lui quand on avait dix-huit ans. On n’est pas restés très longtemps ensemble, mais on est toujours restés proches, ensuite, très bons amis. Et puis quelques années plus tard, il a rencontré Juliette et s’est rapidement installé avec elle. Mais leur couple a failli exploser suite à un malentendu, et je les ai aidés à se rabibocher. Ça m’a valu de m’attacher à Juliette et de rester très proche de Roméo. Et sans doute un peu trop proche…

Gabriel : Trop proche ?

Éloïse : Oui.

Gabriel : C’est-à-dire ?


(Éloïse soupire.)


Éloïse (péniblement) : J’ai été leur maîtresse…

Gabriel : Hein ? Tu es sérieuse ?

Éloïse : Au début, c’était pour rire, une fois ou deux, comme ça. Et puis petit à petit, c’est devenu une habitude. J’ai laissé mon appart et je me suis vraiment installée avec eux.

Gabriel (parfaitement incrédule) : Vous avez fait ménage à trois ?


(Éloïse acquiesce. Un silence. Gabriel réfléchit.)


Gabriel : Et jusqu’à ce que tu viennes t’installer chez moi, tu partageais encore leur lit ?


(Éloïse respire un grand coup.)


Éloïse : Oui…


(Gabriel soupire profondément.)


Gabriel : Et Flora, dans tout ça ?

Éloïse : C’est le malentendu…

Gabriel : De quoi ?

Éloïse : Le malentendu, dont je parlais tout à l’heure… C’est une collègue de Roméo. Elle est plus ou moins amoureuse de lui et c’est à cause d’elle que Juliette et Roméo ont failli se séparer. C’est une salope !


(Un silence.)


Gabriel : Eh ben, au moins me voilà fixé…


(Un long silence.)


Éloïse : Tu veux que… tu veux que je m’en aille ?


(Un silence. Éloïse pâlit. Gabriel hésite.)


Gabriel : Je veux que désormais tu me dises la vérité !

Éloïse : Oui… je suis désolée… excuse-moi !


(Elle l’embrasse. Un silence.)


Gabriel : Est-ce que tu les aimes encore ?


(Un lourd silence.)


Éloïse : Oui…


(Gabriel est abattu.)


Éloïse : Mais je veux faire une croix sur tout ça ! C’est toi que je veux aimer, maintenant ! Je veux vivre avec toi !






Acte III, scène 12


Mercredi 17, 13h15


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse, Cassandra)



(Cassandra débarrasse la table des derniers restes du repas.)


Cassandra : Ouais, remarque… il a quand même dû se prendre une bonne claque…

Éloïse (soupirant) : Oui…


(Cassandra sort vers la cuisine.)


La voix de Cassandra : Bon, il faut que j’y aille.

Éloïse : Okay, ben je te suis. Merci beaucoup pour le repas.

Cassandra (revenant) : Ben de rien.

Éloïse : Et pour l’écoute…


(Un silence. Cassandra s’approche d’Éloïse et lui tient les mains en la regardant dans les yeux.)


Cassandra : Ça va aller ?

Éloïse : Oui, t’en fais pas…

Cassandra : Tu devrais peut-être essayer d’appeler Roméo…

Éloïse : Tu crois ?


(Cassandra va prendre sa veste et son sac.)


Cassandra : Tu vas où, là ? Tu veux que je te dépose quelque part ?

Éloïse : Ben… j’sais pas…


(Un silence.)


Cassandra : Tu ne sais pas où aller ?


(Éloïse ne répond rien et baisse les yeux.)


Cassandra : Tu ne veux plus retourner chez Gabriel ?

Éloïse : J’sais pas trop…

Cassandra : Ben dis donc, quand ça va pas, vous, c’est pas pour de rire ! Toi t’es complètement dépressive, pendant que l’autre fait sa maniaque compulsive !


(Éloïse sourit vaguement.)


Cassandra : En tout cas, si tu ne veux plus le voir, tu devrais lui dire assez vite, à mon avis. Inutile de laisser la situation s’enliser…


(Elle fouille dans ses poches et en sort une clé qu’elle tend à Éloïse.)


Cassandra : Tiens… T’as qu’à rester ici… Si tu sors, tu la mettras dans la boîte aux lettres.

Éloïse (souriant franchement) : C’est vrai ? Ça ne te dérange pas ?

Cassandra : Non, puisque je te le propose…

Éloïse : Merci.


(Elle prend Cassandra dans ses bras et la serre un instant contre elle.)


Cassandra : Bon, allez, il faut vraiment que j’y aille, je vais être en retard. À plus tard.

Éloïse : Salut, et encore merci beaucoup !


(Cassandra sort. Un silence. Éloïse sort son téléphone et va s’asseoir sur le canapé. Elle soupire en faisant défiler son répertoire, puis porte finalement son téléphone à l’oreille. Un silence.)


Éloïse (soupirant de soulagement) : Ah, messagerie…


(Elle raccroche et tripote un instant nerveusement son téléphone.)


Éloïse : Bah, on verra bien…


(Elle repose son téléphone, puis s’allonge sur le canapé et ferme les yeux.)






Acte III, scène 13


Mercredi 17, 13h25


Le lieu de travail de Flora et Roméo.


La scène est séparée en deux en son milieu par une cloison.

À gauche se trouve le bureau de Flora, à droite celui de Roméo.


(Roméo)



(Le bureau de gauche, vide et parfaitement rangé, paraît inoccupé. Dans celui de droite, Roméo, les yeux hagards, est au téléphone, un stylo à la main.)



Roméo : Siriac ? C’est Roméo. … Non, je suis en train de péter les plombs ! … Juliette est devenue dingue et Flora en profite ; je te jure que si j’avais su… … Oui, tu peux m’aider, j’ai besoin que tu me files le numéro d’Éloïse, il faut absolument que je lui parle ! … Ben si, mais Juliette a pété un câble, elle a viré son numéro de mon portable ! … Mais si, je te promets ! Quand je te dis qu’elle est devenue folle ! … Bon, tu l’as, ce numéro, ou pas ?


(Il écrit sur un calepin. Un long silence.)


Roméo : Tu crois ? … Oui, remarque, t’as raison. Mais je fais quoi, je débarque chez son gus, comme ça ? … Non, ben non, il doit bosser.


(Roméo semble réfléchir.)


Roméo : Oui, ben t’as raison. Je l’appelle pas et j’y vais, direct ! … Bon, ben… merci… … Ouais, à plus.


(Il raccroche et se lève, prend sa veste et y range son téléphone, puis fait mine de sortir, mais s’immobilise soudain.)


Roméo : Oh mais quel con !


(Il reprend son téléphone et appuie quelques touches. Un court silence.)


Roméo : Ouais c’est encore moi. Dis c’est bien gentil, ton plan foireux, mais c’est où, chez son gus ? … Ben non, l’autre jour, j’ai filé l’adresse à Flora et je l’ai pas gardée, moi… … Ah non ! C’est mort ! J’appelle pas Flora ! Je l’ai assez vue ces derniers temps. Et puis elle va me prendre la tête, elle voudra pas me la refiler. Non. … Ben oui, t’as qu’à rappeler Raoul. … Oui. … Okay, c’est sympa. J’attends ton appel. … Merci.


(Il raccroche et retourne s’asseoir à son bureau.)






Acte III, scène 14


Mercredi 17, 14h45


Une agence de voyages


(Gabriel, Carmen)



(Gabriel est assis à son bureau et fait mine de travailler à son ordinateur. Mais Carmen est agenouillée entre ses jambes et le suce et le masturbe avec résolution. Le téléphone sonne. Gabriel hésite, jette un regard inquiet vers la jeune femme et décroche en tremblant.)



Gabriel : Allôooooooohmmmmm !


(Un silence. Il se contrôle pour ne pas gémir.)


Gabriel : Ouiii… je m’occupe de votre dossieeeeeeerrr ! … Je vous l’envoie dès que… Ahrhrrr ! … dès que possible… Hummmùùùù ! … Oui tout va bien je vous… Grrrraaahrrr ! …je vous remerciiiiiiie ! Au revoir !


(Il raccroche avec force.)


Gabriel (regardant Carmen) : Ah, la vache ! C’est bon ! T’es vraiment forte… Tu as de l’avenir, toi !


(Un silence. La porte de l’agence s’ouvre faisant retentir la clochette.)


Gabriel (tout bas) : Attends, attends ! Arrête ! Ne fais pas de bruit !

Carmen : Eh c’est pas moi qui fais du bruit…

Gabriel (tout bas) : Chhut !


(Roméo entre. De là où il se trouve, il ne peut pas voir la jeune femme, cachée par le bureau. Gabriel, crispé, le regarde.)


Gabriel : Tu n’es pas le bienvenu !

Roméo : Oh, tu vas pas commencer à me faire chier !


(Carmen entendant une nouvelle voix s’immobilise soudain.)


Gabriel : Qu’est-ce que tu veux ?

Roméo : J’ai besoin de voir Éloïse et je ne sais pas où elle est. Je suis passé chez toi, elle n’y est pas…

Gabriel : Tu es passé chez moi ? Comment est-ce que…


(Tout en parlant, il presse d’une main vers son bassin la tête de la jeune femme. Mais celle-ci, agenouillée dans une position instable, tombe en avant sur ses mains, poussant de ce fait le siège à roulettes de Gabriel qui recule d’un bon mètre.)


Roméo (apercevant le sexe tendu de Gabriel dépassant de son pantalon) : Euh… tout va bien ?


(En se relevant, Carmen se cogne la tête dans le bureau, provoquant un bruit sourd. Roméo regarde le bureau, puis Gabriel avec des yeux écarquillés. Celui-ci pâlit.)


Carmen (se frottant la tête) : Oh, merde !

Roméo : C’est pas vrai ! Éloïse ? C’est toi ?


(La jeune femme sort du bureau et se relève en regardant Roméo. Gabriel remballe son sexe en soupirant.)


Carmen : Euh… non.

Gabriel : Euh… c’est une stagiaire… elle avait perdu un stylo sous mon bureau !

Roméo (rigolant) : Ben voyons ! Et Éloïse, elle est au courant ?


(Gabriel pâlit encore.)


Roméo : Ben ça devrait lui faire plaisir…

Gabriel (agressif) : Elle te croira jamais !


(Roméo s’avance vers le bureau et s’y appuie des deux mains.)


Roméo : Dis-moi où est Éloïse ou bien je lui dis ce que je viens de voir.

Carmen : Bon, ben, je vous laisse, hein…


(Elle s’éloigne et sort vers le fond de l’agence sous les regards amusés de Roméo et ceux dépités de Gabriel.)


Roméo : Dépêche-toi !


(Gabriel semble réfléchir.)


Roméo : Alors ?

Gabriel : Je sais pas ! Si elle n’est pas chez moi c’est qu’elle est sortie faire un tour ! Elle rentrera ce soir, sans doute…

Roméo : Appelle-la ! Je veux savoir où elle est !

Gabriel : Appelle-la toi-même, t’es assez grand !

Roméo : Si c’est moi qui l’appelle, elle ne répondra pas. Appelle-la, je te dis !

Gabriel : Va te faire foutre ! Et sors de mon agence ou j’appelle les flics !

Roméo : Appelle-la ou je lui laisse un message pour lui dire ce que j’ai vu !


(Gabriel regarde Roméo en réfléchissant. Roméo sort son téléphone. Gabriel soupire et décroche le sien. Il compose un numéro.)


Gabriel (au téléphone) : Allô, bonjour, ici l’agence de voyages World Travel, rue Legland.


(Roméo le regarde avec des yeux soupçonneux.)


Gabriel : Je vous appelle pour que vous m’envoyiez quelqu’un, il y a là un individu qui ne cesse de me harceler…

Roméo : Enculé !


(Roméo sort à toute allure sous le regard victorieux de Gabriel.)


Gabriel (toujours au téléphone, ricanant) : Allô, Éloïse ? Excuse-moi, ma chérie, c’était juste pour faire une blague à quelqu’un. … Non, rien d’important, un type qui m’a saoulé. … Tu n’es pas à la maison ? … Ben non, j’ai essayé d’appeler sur le fixe et ça répondait pas. … Qu’est-ce tu fais ? … Ah bon ? Et tu rentres à quelle heure ? … Okay, bon, à tout à l’heure, alors. … Salut, ma chérie. Je t’aime !


(Il raccroche et fait rouler son siège en direction de la porte du fond.)


Gabriel : Carmen !

La voix de Carmen : Oui ?

Gabriel : Vous pouvez revenir, mademoiselle…


(Il se rapproche du bureau en riant nerveusement et en dégrafant son pantalon.)






Acte III, scène 15


Mercredi 17, 14h55


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse)



(Éloïse est allongée sur le canapé, les yeux mi-clos. Posé sur la table basse en face d’elle, son téléphone sonne.)


Éloïse : Encore ?


(Elle regarde vaguement l’écran et se redresse soudain rapidement pour s’asseoir. Elle paraît hésiter, puis respire un grand coup et le porte à son oreille en décrochant.)


Éloïse (piteuse) : Salut, Roméo.


(Un long silence. Éloïse sourit peu à peu.)


Éloïse : Tout ça pour me trouver, c’est vrai ?


(Elle s’appuie sur le dossier du canapé.)


Éloïse (se redressant soudain) : Attends un peu ! Tu dis que t’es même passé à l’agence ? … C’est toi qu’il a voulu faire fuir en faisant semblant d’appeler les flics ? … Ben oui, je viens de l’avoir au téléphone. … Mais… Roméo ? … Roméo ?


(Elle regarde l’écran de son téléphone.)


Éloïse : Il a raccroché…






Acte III, scène 16


Mercredi 17, 15h00


Une agence de voyages


(Gabriel, Carmen)



(Gabriel est assis à son bureau, les bras croisés derrière la tête, un sourire satisfait sur le visage. Carmen est à nouveau agenouillée entre ses jambes et le suce avec avidité. La porte de l’agence s’ouvre soudain brutalement et Roméo entre à toute allure. Gabriel sursaute.)


Gabriel : Encore toi ? Tu devrais pas traîner dans le coin, les flics vont bientôt arriver !

Roméo : Laisse tomber, je viens d’avoir Éloïse. T’aurais dû faire ta blague avec quelqu’un d’autre, ça aurait sans doute marché !


(Gabriel pâlit à nouveau et se précipite sur le téléphone, Roméo le lui arrache des mains, puis s’avance sur le côté du bureau. Il aperçoit Carmen agenouillée entre les jambes de Gabriel.)


Roméo : J’en étais sûr ! T’es vraiment trop con !


(Il sort de sa poche son téléphone et le porte devant ses yeux. Gabriel, réalisant que Roméo veut prendre une photo recule vivement son siège et tente de remballer son sexe.)


Roméo : Trop tard…


(Roméo s’éloigne vers pour sortir de l’agence. Gabriel, forcené, se lève.)


Roméo : Merci bien. Bonne journée…


(Il sort. Gabriel se met à courir vers la porte pour le rattraper.)


Carmen : Mais vous n’allez pas sortir dans la rue avec la sexe à l’air ?


(Gabriel se retourne soudain, les yeux fous, et se renfroque maladroitement à toute allure, puis sort.)


Carmen (se relevant) : Eh ben ! Pour une première journée de stage, ça donne la mesure…


(Elle sort vers la pièce du fond. Un silence. Gabriel revient, rouge cramoisi.)


Gabriel : Rââh ! Putain de merde !


(Il renverse en hurlant un présentoir de catalogues.)


Gabriel : Il a réussi à se barrer !


(En grommelant, il retourne s’asseoir à son bureau.)


Gabriel (enragé) : Carmen ! Venez ici ! Tout de suite !






Acte III, scène 17


Mercredi 17, 15h05


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse)



(Le téléphone d’Éloïse retentit une fois encore. La jeune femme, debout vers la fenêtre, va s’en emparer et regarde l’écran.)


Éloïse : Qu’est-ce que c’est que ça ? Ah, un message de Roméo… Une photo ?


(Elle pousse soudain un grand cri.)


Éloïse : Mais c’est pas vrai, merde ! Je suis maudite, moi !


(Elle appuie quelques touches de son téléphone et le porte à son oreille.)


Éloïse : Roméo ? … Qu’est-ce que c’est que cette photo ? … Non, je suis chez Cassandra. … Bah, c’est trop long à t’expliquer. … De quoi ? … Tu viens tout de suite ? … Bon.


(Elle raccroche et soupire en se laissant tomber en arrière dans le canapé, au bord des larmes.)






Acte III, scène 18


Mercredi 17, 15h20


L’appartement de Cassandra et Siriac


(Éloïse)



(Éloïse va-et-vient dans la pièce, son téléphone à la main, regardant à tout moment par la fenêtre. On entend sonner. Elle sursaute et va ouvrir en courant. Roméo entre. Elle se jette dans ses bras. Il la serre fort contre lui.)


Roméo : Salut, ma puce.

Éloïse : Oh, Roméo ! Mon Roméo !


(Ils restent quelques secondes ainsi, puis Roméo referme la porte derrière lui. Ils s’avancent dans la pièce.)


Roméo : Alors ? Qu’est-ce que tu fais là ? Raconte ?

Éloïse : Non, attends. Avant, tu dois me dire ce que c’est que cette photo…

Roméo : Eh ben je t’ai dit, je suis passé à son agence. Et voilà ce qu’il y faisait…

Éloïse : Putain, le salaud ! Mais c’est qui cette grognasse ?

Roméo : Une stagiaire…


(Un court silence.)


Éloïse : Il faut que j’aille récupérer mes affaires chez lui…

Roméo : Je t’accompagne.

Éloïse (hésitante) : Je peux… je peux revenir ?

Roméo : Bien sûr que tu peux revenir !

Éloïse : Et Juliette ?

Roméo (irrité) : Juliette ? Pfff ! Juliette ! Elle me fait chier, Juliette !

Éloïse : Qu’est-ce qu’il y a ?

Roméo : Il y a qu’avec cette grosse salope de Flora, elles sont subitement devenues les meilleures amies du monde !

Éloïse (contrariée) : Alors c’est vrai ? Ça continue ?

Roméo : Comment ça, c’est vrai ?

Éloïse : Cassandra m’en a un peu parlé… Je te raconterai tout ça plus tard. Viens, il faut y aller. Je veux me débarrasser de ça le plus vite possible.

Roméo : Eh ben allez, on y va.


(Ils s’éloignent vers la porte d’entrée de l’appartement.)


Éloïse (s’arrêtant soudain) : Attends, je vais mettre un mot à Cassandra…






Acte III, scène 19


Mercredi 17, 16h00


L’appartement de Gabriel


(Éloïse, Roméo)



(Éloïse rassemble en hâte toutes ses affaires pendant que Roméo contemple avec dégoût la décoration de l’appartement.)


Roméo : Ce mec et moi n’avons vraiment pas les mêmes goûts…


(Il regarde soudain Éloïse puis se reprend.)


Roméo : Euh… enfin… je veux dire… en matière de déco, hein…


(Éloïse termine d’entasser quelques vêtements dans un sac de voyage qu’elle ferme péniblement.)


Roméo : C’est bon, tu as tout ?

Éloïse : Oui, je crois… Attends, je vais vérifier encore là-bas…


(Elle sort en hâte vers la salle de bains. On entend soudain le bruit d’une clé dans la serrure de la porte d’entrée. Gabriel entre.)


Gabriel (apercevant Roméo) : Ha, j’avais un pressentiment ! J’ai bien fait de venir ! Alors, qu’est-ce que tu fous là ? Explique-toi, vite !

Roméo : Je visite, j’adore la déco…

Éloïse (revenant de la salle de bains) : Et toi ? Qu’est-ce que tu fous là ? T’es plus en train de tringler ta stagiaire ?


(Gabriel s’immobilise, soudain dépité.)


Éloïse (prenant un sac de voyage) : Tu viens, Roméo ?

Roméo (prenant l’autre) : J’arrive…

Gabriel (à Éloïse) : Eh, non ! Attends ! On peut pas se quitter comme ça !


(Éloïse passe à côté de lui sans même le regarder.)


Gabriel : Mais tu vas quand même pas croire ce crétin ?

Roméo : Tu sais ce qu’il te dit, le crétin ?

Gabriel : Éloïse ! Attends !


(Éloïse sort. Gabriel regarde Roméo d’un air abattu.)


Roméo (enjoué) : Allez, à la prochaine…


(Il sort.)


Gabriel (hurlant et claquant la porte derrière eux) : Râââhhh ! Merde ! Putain ! Connasse !






Acte III, scène 20


Mercredi 17, 16h30


L’appartement de Juliette et Roméo


(Éloïse, Roméo)



(Éloïse est en train de vider ses sacs et ranger ses affaires, allant et venant dans l’appartement, d’une pièce à l’autre. Roméo est au téléphone.)



Roméo (au téléphone) : Non ! … Eh ben dites au directeur que j’ai eu un empêchement ! … Je sais pas, moi, vous n’avez qu’à lui dire "raisons familiales" ! … Oui, je serai là demain matin. … Bonsoir.


(Il raccroche.)


Éloïse : Alors ? C’est bon ?

Roméo : Oui, ça ira. Et puis si ils sont pas contents, c’est pareil. Je te prépare un café ?

Éloïse : Oui, je veux bien.


(Il s’approche d’elle.)


Roméo : Alors, à une condition…

Éloïse (souriant) : Laquelle ?

Roméo : Je ne veux plus que tu t’en ailles…


(Éloïse cesse de sourire et lâche ce qu’elle a dans les mains pour prendre Roméo dans ses bras.)


Éloïse : Non, je ne te quitterai plus. J’ai trop pensé à toi, pendant ces cinq jours. J’ai pas arrêté de penser à toi, et à Juliette.


(Ils s’embrassent, une première fois presque furtivement, puis une seconde fois, longuement et voluptueusement. Roméo passe doucement ses mains le long du corps d’Éloïse, qui en réponse frotte sa cuisse contre l’entrejambe du jeune homme.)






Acte III, scène 21


Mercredi 17, 18h20


L’appartement de Juliette et Roméo


(Éloïse, Roméo)



(Éloïse est assise sur le canapé, nue. Elle a le visage tout rouge et respire fort, comme après un effort violent. Roméo, en caleçon, est écroulé à côté d’elle. Il transpire à grosses gouttes.)


Éloïse : Ouaaaahh ! Eh ben !

Roméo : Ouais…

Éloïse : C’était merveilleux !

Roméo : Ouais…


(Elle l’embrasse. Il est parfaitement amorphe.)


Éloïse : Je vais prendre une douche…

Roméo : Ouais…


(Elle se lève et sort vers la salle de bains. Un silence. Roméo se redresse péniblement et s’étire longuement.)


Roméo : Bon… allez… un effort ! Je vais aller me servir une petite bière…


(Il se lève en soupirant. On entend une clé tourner dans la serrure de la porte d’entrée. Il se rassoit. Juliette entre, vêtue d’un élégant tailleur. Elle pose son sac et vient embrasser Roméo.)


Juliette : Eh ben, tu transpires…

Roméo : Euh… ah bon ?


(Elle regarde les fringues jetées en tous sens à terre.)


Juliette : Flora est là ?

Roméo (souriant) : Oui, oui, elle est sous la douche…

Juliette : Parfait…


(Elle se déshabille entièrement sous les yeux ahuris de Roméo.)


Juliette (désignant la salle de bains) : Tu viens ?

Roméo : Euh… non, on tiendra pas à trois…

Juliette : Bon, ben j’y vais… tu me rejoindras après ?


(Roméo acquiesce en faisant des efforts pour ne pas rire. Juliette sort vers la salle de bains.)


Roméo : Hé hé hé !


(Un silence. Roméo tend l’oreille. On entend soudain un long hurlement. Roméo rigole. On entend ensuite des bruits de lutte, et des coups donnés contre les parois de la douche. Roméo écarquille les yeux. Quelques secondes passent, puis un silence, et se font finalement entendre deux gémissements plaintifs mêlés.)


Roméo (se levant) : Eh ben, ça a pas été long… Allez, j’ai bien mérité une petite bière…


(Il s’éloigne vers la cuisine quand la sonnette retentit. Il s’arrête et sort vers la porte d’entrée.)


La voix de Roméo (fort) : C’est qui ?

La voix de Flora (étouffée par la porte) : C’est moi !

Roméo (revenant à toute allure dans la pièce) : Entre ! C’est ouvert !


(Il vient en hâte ramasser les vêtements d’Éloïse et les cache derrière le canapé où il s’assoit finalement juste au moment où Flora entre.)


Flora : Salut, Roméo !


(Elle s’approche pour l’embrasser.)


Flora : Eh ben, tu transpires…

Roméo : Ah ?

Flora (regardant les habits par terre) : Juliette est là ?


(On entend un gémissement venir de la salle de bains.)


Roméo (ne se retenant que difficilement de sourire) : Oui, oui, elle est sous la douche…

Flora (commençant de se dévêtir) : Bon, ben j’y vais… Tu viens ?

Roméo : Non, on va être trop serré, à trois dans la douche. Mais vas-y, elle t’attend…


(Flora achève de se déshabiller et sort vers la salle de bains. Roméo rigole déjà. Il tend l’oreille dans une excessive mimique d’attente. Un court silence et trois longs hurlements retentissent soudain. Roméo éclate de rire. À nouveau, des bruits de lutte se font entendre quelques secondes, suivis d’un monstrueux coup sourd.)


Roméo : Ouh là…


(Éloïse revient, recouverte d’un peignoir, apparemment en colère.)


Éloïse : Tu devrais faire payer l’entrée dans ta douche !

Roméo : Qu’est-ce qui s’est passé ?


(Éloïse cherche désespérément ses fringues.)


Roméo : C’était quoi ce bruit ?

Éloïse (distraitement) : Ce bruit ? Quel bruit ?


(Juliette revient, nue et dégoulinante, de la salle de bains, semi-affolée.)


Juliette : Euh… Roméo, tu peux venir m’aider ?

Roméo : Qu’est-ce qui se passe ?

Juliette : Ben, c’est Flora… Éloïse l’a frappée et elle a glissé. Elle s’est cognée la tête par terre et elle ne bouge plus…

Roméo (se levant, soudain inquiet) : Ah, merde… quand même ?

Éloïse : Oh, c’est rien ! C’est encore du cinéma ! Et puis si elle avait eu la tête moins creuse, il ne se serait rien passé…


(Roméo sort vers la salle de bains.)


Éloïse : Attends ! Où c’est que t’as foutu mes fringues ?


(Elle regarde de tous côtés.)


Éloïse : Oh, merde ! C’est nul, comme blague !


(Elle regarde les autres habits par terre.)


Éloïse : Attends un peu… Ça, je reconnais, c’est à Juliette… Donc, ça, ce doit être à l’autre crevure…


(Elle ramasse plusieurs affaires et s’approche de la fenêtre avec un sourire diabolique. Elle l’ouvre et balance tout dehors.)


Éloïse : Et voilà !


(En revenant vers le centre de la pièce, elle aperçoit ses habits derrière le canapé. Elle retire son peignoir et se rhabille doucement. Juliette et Roméo reviennent en portant le corps nu inerte de Flora.)


Éloïse : Alors ? Elle est morte ?

Roméo : Non, elle est juste évanouie.

Éloïse (à part) : Ah, raté !


(Juliette et Roméo déposent Flora sur le canapé.)


Juliette (à Roméo) : Tu crois qu’il faut qu’on appelle les pompiers ?

Éloïse : Vous rigolez ? Appelez plutôt les pompes funèbres ! On leur dira qu’on s’était gourés quand ils s’apercevront qu’elle était pas morte…

Juliette (s’approchant d’Éloïse) : Je suis extrêmement contente que tu sois revenue, mais tu crois pas que t’en fais un peu trop, là ?

Éloïse : Et toi ? Flora est devenue ta meilleure copine, maintenant ?

Juliette : Non, c’était juste pour meubler, pendant ton absence !

Éloïse : Oui, et puis pour me faire chier au maximum, c’est ça ?

Juliette : Tu as tout compris !

Roméo : Arrêtez, merde ! Vous venez tout juste de vous retrouver et vous commencez déjà à vous engueuler !


(Flora s’éveille avec peine. Elle se frotte la tête et plisse les yeux en se plaignant.)


Flora : Où suis-je ?

Roméo (s’approchant d’elle) : Ça va ?

Flora : Qui… qui êtes-vous ?


(Éloïse éclate de rire. Juliette et Roméo pâlissent.)


Flora (difficilement) : Ah si, ça me revient…

Éloïse (déçue) : Ah merde !

Flora (regardant Roméo avec un sourire innocent) : Roméo… mon amour…

Roméo : Euh…

Flora (regardant Juliette, puis Éloïse avec des yeux vides) : Et vous qui êtes-vous ?


(Un court silence. Éloïse regarde intensément Flora.)


Éloïse : J’hallucine ! Bien essayé, salope ! Mais ça ne prend pas !

Flora : Mais…

Éloïse : Debout ! Et fous le camp ! On n’a plus besoin de toi !

Flora : Oh, pfff !

Juliette : C’était du chiqué ? Je rêve ! Tu te fais pas chier, hein !

Flora : Vous pourriez avoir un peu plus de considération pour une blessée…


(Elle se lève en se frottant encore la tête et cherche ses habits.)


Flora (à Roméo) : Tu les as mises où, mes fringues ?


(Roméo hausse les épaules.)


Juliette (ramassant une culotte) : Tiens, ta culotte…


(Éloïse se mord les lèvres en se retenant de rire. Flora prend la culotte et la met. Juliette semble chercher la sienne.)


Flora : Mais bon sang ! Elles se sont quand même pas envolées, ces fringues…


(Roméo regarde Éloïse avec insistance. Celle-ci se met à siffloter en regardant le plafond.)


Juliette : Éloïse !


(L’interpellée éclate de rire.)


Juliette : Où est ma culotte ?

Éloïse (en regardant la fenêtre) : Aucune idée…


(Roméo pouffe.)


Flora (suivant le regard d’Éloïse) : Oh putain, non, c’est nul, ça !


(Juliette sort en soupirant vers la chambre.)


Éloïse (sortant vers la cuisine avec un sourire) : Bon… je vais aller préparer à manger…

Roméo : Non, attends, on va peut-être se faire quand même un restau, pour fêter ton retour.

Flora (cynique) : Ah bah ouais, super ! L’emmerdeuse est revenue !

Éloïse (à Flora) : Toi, t’es pas invitée, alors fais pas chier !


(Juliette revient ; elle a passé une culotte et tient un survêtement qu’elle tend à Flora.)


Flora : Eh ben, t’as rien trouvé de plus moche ?

Juliette : Si t’es pas contente, tu rentres à poil…

Flora : Pffff !


(Elle enfile le survêtement sous les yeux amusés d’Éloïse.)


Flora (à Juliette) : Tu me fous dehors, toi aussi ?

Juliette : Écoute, on s’est bien marrées, toutes les deux, mais… oui, je crois que c’est mieux pour tout le monde…


(Un silence.)


Flora : Bien ! Alors c’est de nouveau la guerre !


(Elle s’approche de Roméo et lui fait un smack.)


Flora (d’une voix suave) : À lundi au boulot, mon Roméo…


(Juliette ne peut s’empêcher de sourire.)


Éloïse (à Juliette) : Et toi ça te fait marrer !

Juliette : Ben… ouais…

Éloïse : Pffff !


(Flora sort vers la porte d’entrée.)


Juliette (à Flora) : Si tu récupères ma culotte en bas, tu la fileras à Roméo lundi…

La voix de Flora (de l’entrée) : Alors là, tu peux toujours rêver !


(On entend la porte d’entrée s’ouvrir puis claquer.)


Éloïse : Bon débarras !


(Un silence.)


Roméo (à Juliette, semblant chercher ses mots) : Bon, donc, si j’ai bien compris, pour résumer, en récapitulant… ça ne te gêne pas si… euh…

Juliette (souriant) : Roméo, si tu t’approches de Flora, je te tue !

Éloïse : Bravo ! Voilà qui est parlé !

Roméo (soupirant) : Ben c’est pas juste…


(Éloïse s’approche de Juliette et la prend par la taille.)


Éloïse : Bon, dis… on n’avait pas commencé quelque chose, dans la douche ?


(Elle embrasse langoureusement Juliette ; celle-ci referme ses mains sur les joues d’Éloïse.)


Roméo (d’un air satisfait, s’asseyant) : Ah…




FIN