n° 12813 | Fiche technique | 63651 caractères | 63651Temps de lecture estimé : 34 mn | 01/09/08 corrigé 01/06/21 |
Résumé: Déluge de violence pour les uns, réponse pour les autres. Retrouvailles pour certains... | ||||
Critères: fh couple fépilée amour cunnilingu pénétratio fantastiqu -fantastiq | ||||
Auteur : Dr Lamb (Vivre..) Envoi mini-message |
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Résumé : Après avoir été attaqué par une vampire à l’hôpital psychiatrique où il était retenu, Ben Bollard est transféré au commissariat par Herbert et Charlotte, deux policiers. Herbert, déterminé à venger la mort de son ancien co-équipier Jacques Pigneaux, cherche des réponses, mais celles fournies par Ben sont incroyables.
Attaqué par la mystérieuse organisation B, Ben parvint à s’enfuir, et se réfugie chez Yan Harris, un ancien ami et collègue.
Charlotte, blessée, se réveille à l’hôpital. Samia, sa compagne, n’a pas le temps de la retrouver, que les deux jeunes femmes sont agressées dans leur chambre par un membre de l’organisation B.
Amel et Huang, de leur côté, ont fui Hong-Kong après l’attaque de leur groupe de résistants par des vampires. Ils prennent l’avion, mais Amel est agressée dans les toilettes de l’appareil. Heureusement, sa colère envers ceux qui ont brisé sa vie et tué sa sœur Nouria lui sauve la vie.
Ben parvint à convaincre Yan de l’aider à retrouver sa mère, tuée par Kleyner le vampire et devenue l’une d’entre eux. Kleyner, lui, est désormais prisonnier d’Anita Chow Yuan, de même que Laurence.
Pour la compréhension du texte, il est conseillé de lire la série précédente "Les enfants de la nuit" et les précédents épisodes de cette saison 2.
Une vive douleur à la tête. Le goût épais du sang dans la bouche. Un marteau-piqueur dans le crâne. Samia entrouvrit les yeux et poussa un gémissement. Quelque chose lui écrasait la poitrine, quelque chose de lourd et chaud… Elle avait chuté au sol, et le corps inerte de Charlotte était tombé sur elle.
Samia tenta de se redresser mais son corps endolori protesta vivement. Que s’était-il passé ? Elle se souvint être venue voir Charlotte à l’hôpital, folle d’inquiétude, puis de soulagement de l’avoir vue en vie, puis…
Un homme était entré dans leur chambre. Et soudain, une explosion de douleur, dans tout son corps, et…
Charlotte !
Samia se redressa en poussant un cri rauque de douleur. L’homme était là, penché au-dessus d’elle, et la visait avec son arme. Sans bien réaliser comment elle parvint à le faire, elle lança ses jambes en avant et le fit tomber à terre. Surpris, il pressa la gâchette, faisant exploser la lampe au plafond.
Samia se releva d’un bond et bondit sur lui en hurlant. Poussée par la rage et la colère, elle se jeta sur lui, frappant au hasard, envoyant valdinguer son arme à l’autre bout de la chambre. L’homme, surpris par la vivacité de l’attaque, fut pris au dépourvu. Le visage de la belle Algérienne était défiguré par la haine. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait, si ce n’est que Charlotte était morte. Elle avait plus ou moins conscience de la douleur dans son corps, dans son épaule gauche où une balle s’était logée, mais cela lui semblait si loin… L’adrénaline qui circulait dans ses veines lui donnait une force surhumaine.
L’homme poussa un cri et tenta de sortir un petit couteau qu’il gardait toujours dans la poche de son pantalon - juste au cas où. Samia le vit faire et plongea tête la première, le frappant au crâne. Il poussa un cri de douleur, tentant d’éjecter la jeune furie loin de lui. Mais elle était solidement agrippée, et tint bon. Elle plongea son index dans l’œil droit de l’homme. Il hurla, un cri perçant qui résonna dans le couloir. La porte de la chambre s’ouvrit brusquement, dévoilant une infirmière et une aide-soignante.
Pour Samia, le monde venait de se réduire à une minuscule sphère, à un éventail restreint d’images et d’odeurs : devant elle, le visage de l’assassin, ses doigts à elle, qui fouillaient la chair vulnérable, des cris rauques, l’odeur du sang… L’image de Charlotte, son visage et son rire se dessinaient peu à peu devant elle, remplaçant bientôt le visage mutilé sur lequel elle s’acharnait.
Elle porta une dernière fois ses doigts tremblants jusqu’au visage, mais n’eut la force de poursuivre. Sa vue se brouilla, ses muscles se relâchaient. Samia chuta sur le côté et tomba évanouie, près du corps inerte de son ancien amour.
L’aide-soignante poussa un cri perçant.
Lorsqu’elle revint à elle, ce fut dans un capharnaüm de bruits : sirènes de police, voix déformées par des talkies-walkies, cris et pas précipités… Elle tenta de se redresser mais en fut empêchée. La jeune femme regarda autour d’elle et réalisa qu’elle se trouvait dans une ambulance. Un jeune ambulancier la regardait avec de grands yeux ronds et admiratifs.
Une vive douleur paralysa Samia. Elle retomba sur le brancard dans un gémissement de douleur, ayant l’impression que son épaule gauche était chauffée à blanc.
Il était vraiment jeune, vingt-deux ou vingt-trois ans, tout au plus. La mémoire sauta aux yeux de la jeune femme comme un diable de sa boîte : Charlotte était morte. Et elle avait tué son meurtrier. Mais pourquoi elles ? Pourquoi était-ce arrivé ? Cela avait-il un rapport avec l’enquête que Charlotte menait ? Les larmes jaillirent de ses yeux sans violence. Elles coulèrent le long de ses joues, déposèrent leur goût amer sur ses lèvres délicates. Que s’était-il passé ? Pourquoi avoir voulu les tuer ? Elle ne comprenait pas.
Elle ne répondit pas, fixant le plafond du véhicule, pleurant toujours en silence. Il y eut un bruit à l’avant.
« Je suis dans un hôpital et ils me transfèrent dans un autre établissement… »
Mais là où beaucoup d’autres auraient paniqué, elle resta de marbre. Elle se contenta de fixer les portes arrières, tentant de comprendre pourquoi on avait voulu faire taire Charlotte, et elle par la même occasion, vu qu’elle se trouvait sur les lieux. Le véhicule démarra et se mit en route. La jeune femme ferma les yeux et inspira profondément.
Il y avait apparemment deux hommes, le conducteur et le dénommé Mike. Elle n’était pas attachée au brancard sur lequel elle se trouvait. Une chance. Le véhicule s’engageait vers la sortie du parking ; elle le vit aux véhicules immobiles qui défilaient sous ses yeux. Elle ne voyait qu’une seule explication : ils l’emportaient ailleurs pour la tuer. Mais ils avaient agi si vite ! Stupéfiant !
« Je dois comprendre ce qui se passe. »
Elle le regarda. Il jouait la comédie avec un sang-froid impressionnant.
Il resta un moment interloqué.
Le chauffeur éclata soudain de rire, faisant sursauter Mike.
Mike haussa les épaules, puis se pencha en avant et enfonça ses doigts dans la plaie de Samia. Une explosion de douleur la traversa des pieds à la tête. Elle rejeta la tête en arrière et hurla, ayant l’impression qu’un milliard de petites épingles lui charcutaient l’épaule.
Samia se mordit les lèvres et inspira profondément. Le jeune homme s’essuya le bout des doigts sur sa blouse de travail.
Mike ne répondit pas et regarda nerveusement la route.
Le cœur de Samia s’emballa brusquement, mais elle savait qu’elle devait demeurer impassible.
Mike se pencha en avant, passant par-dessus elle pour se saisir de quelque chose. Samia ne vit jamais de quoi il s’agissait, car elle se redressa au même moment, et prit entre ses dents l’oreille de l‘ambulancier. Il beugla et se rejeta en arrière. Samia croqua de toutes ses forces dans le bout de chair et fit de même. Il y eut un affreux bruit de déchirement.
Mike porta les mains à son oreille. Samia en avait plus de la moitié dans la bouche. Elle lança ses pieds en avant et propulsa Mike contre la double porte arrière du véhicule : négligence ou inattention, celle-ci était restée entrouverte. Il la heurta de plein fouet et bascula par-dessus bord.
Son cri fut aspiré en même temps que son corps sur la chaussée. La jeune femme se redressa sur son séant. Le chauffeur la regarda faire avec horreur.
Il s’empara du revolver posé sur le siège à côté de lui, mais Samia avait déjà bondi hors de l’ambulance, s’écrasant sur le bitume. Elle se fit affreusement mal, mais heureusement le véhicule n’avait pas encore pris de vitesse, et il n’y avait aucune voiture derrière eux. Alors Samia, l’épaule en sang, prit ses jambes à son cou, remontant la rue sous le regard ahuri des passants et des ambulances qui entraient dans l’hôpital.
* * * * *
Anita Chow Yuan pila brusquement devant sa maison, et bondit hors de son véhicule, ne coupant même pas le moteur, et laissant les clés sur le contact. Elle ne se demandait même pas comment ils l’avaient retrouvée, comment ils étaient remontés jusqu’à sa nouvelle vie, et son nouveau travail. La seule chose qui l’intéressait était de savoir si ses deux prisonniers étaient toujours là. Ils avaient très bien pu venir les délivrer en même temps.
Elle farfouilla dans la poche de sa veste, à la recherche de ses clés.
Elle se saisit du trousseau, mais elle tremblait tellement de rage qu’elle dut s’y reprendre à trois fois pour enfoncer la clé dans la serrure et tourner la poignée. La rue était déserte, mais elle savait que ce n’était plus qu’une question de secondes. Elle devait faire plus vite que l’éclair. La porte s’ouvrit enfin et alla percuter le mur. Comme un ouragan, Anita entra dans sa demeure et traversa le salon, puis la cuisine, et ouvrit alors la petite porte qui menait à la cave. Fermée à clé. Dans son état de nerfs, elle avait oublié les précautions qu’elle prenait elle-même.
La maison était silencieuse. En fait, tout était silencieux, mis à part la respiration haletante de la femme asiatique, et le cliquetis nerveux de son trousseau de clés.
Elle parvint enfin à ouvrir la porte de la cave. L’épouvantable odeur de viande avariée et de poussière lui sautait au visage, mais elle n’y prêta pas attention. Elle chercha l’interrupteur de ses doigts tremblants et l’actionna. Une petite lumière éclaira la pièce, en bas. Anita descendit précipitamment les marches, manquant à une ou deux reprises de tomber, se rattrapant de justesse à la rampe.
Les deux vampires étaient toujours là.
Anita fit halte en bas des marches, et se laissa tomber sur l’avant-dernière dans un souffle, au bord des larmes. Sa vengeance était une telle obsession… Elle n’aurait pas supporté que Kleyner et Laurence ne lui échappent. Les deux créatures déchiquetées et desséchées étaient inertes, pantins faits de chairs moisies et putrides. Elle les haïssait de toute son âme. À chaque seconde qui passait, elle entendait dans son crâne les hurlements de sa petite fille, ses cris à elle, les implorant de ne rien faire, ce n’était qu’une enfant, juste une enfant innocente, ils ne pouvaient pas lui faire de mal, non, non… Elle se boucha les oreilles et hurla. Un long cri rauque de souffrance.
Des années que cela durait. Des années de cauchemar éveillé. Des années passées à torturer les deux responsables, à repousser à chaque fois les limites, à se plonger dans l’horreur et l’immondice la plus infâme.
Au plus profond de sa folie, dans le peu d’humanité qu’il lui restait, Anita avait conscience qu’elle était devenue un monstre, une sorte de créature à forme humaine n’ayant plus qu’une chose en tête. Un milliard d’années auparavant, elle était une femme flic qui aimait son métier, jusqu’au soir où sa vie avait basculé, le soir où elle avait tué le fils de Laurence… Cela faisait combien de temps ? Quinze, vingt ans ? Elle n’en savait plus rien.
Elle se releva, essuya ses larmes et se moucha d’un revers de manche.
Un peu calmée, mais ayant l’impression d’avoir été broyée dans un mixeur géant, Anita remonta dans la cuisine, bien décidée à préparer sa fuite. Tout d’abord, elle devait trouver comment transporter les deux vampires, surtout en plein jour. Le plus adapté était sans nul doute un camion. Elle réfléchit un instant, cherchant comment elle pouvait s’en procurer un, et où, surtout ? Elle n’avait pas beaucoup de temps devant elle.
Elle fit un pas en avant et ce fut à ce moment-là que sa porte d’entrée fut balayée par le souffle d’une explosion violente. Les débris de la porte retombèrent dans le couloir de l’entrée. Une épaisse fumée blanche pénétra dans la maison. Anita poussa un cri de surprise.
Sans paniquer un seul instant, Anita sprinta dans le salon, plongea dans la pièce, atterrissant près du canapé. Une rafale de coups de feu assourdissante résonna à ses oreilles. Bruit de verre brisé. La femme tendit le bras et s’empara de l’Uzi caché sous le canapé.
* * * * *
Je tombai presque de fatigue. Yan conduisait, les yeux rivés devant lui. Nous n’avions croisé aucune voiture de police. Une chance incroyable. Tous mes muscles me faisaient mal, à tel point que j’avais l’impression d’avoir couru le marathon de New York. Mes yeux semblaient lourds, comme deux rideaux de fer qui veulent absolument se baisser. Mais quelque chose me tenait éveillé malgré tout. Nous nous rapprochions. J’avais tant attendu pour ce moment…
Maman.
Après que Kleyner lui ait fait boire son sang, je l’avais emmenée dans un endroit sûr… Du moins, à l’époque. Mais après, nous avions été rattrapés par les événements. Et j’avais été enfermé avant de…
De quoi ? Voir ce qu’elle était devenue ? Un frisson me traversa le corps.
Yan me jeta un coup d’œil.
Je n’étais plus que l’ombre de ce que j’avais été.
J’avais une terrible envie de fermer les yeux, rien qu’un instant. Juste un instant.
J’inspirai profondément, cherchant à calmer les douleurs que me lançait mon corps courbaturé, puis fermai les yeux. La fatigue combinée au stress ne tarda pas à me vaincre.
Je déposai la vaisselle dans l’évier et fis couler l’eau chaude. Nouria, derrière moi, rangeait le beurre et l’eau minérale dans le frigo.
J’envoyai une bonne dose de liquide vaisselle et Nouria se posta à côté de moi avec un sourire.
Elle tendit le bras et ferma le robinet d’eau chaude.
Je procédai donc selon ses conseils.
Je haussai les épaules.
Elle me passa une main dans le dos.
Je la regardai. Petite et si belle, si fragile. Je mourais d’envie de lui avouer mes sentiments, mais c’était trop tôt : nous ne nous fréquentions que depuis deux mois. Mais une telle osmose, un tel bonheur, une telle complicité s’était créés entre nous que j’avais l’impression de la connaître depuis dix ans.
Elle se plaça derrière moi et m’enlaça, ses mains entourant ma taille. Elle posa sa tête sur mon épaule.
Elle me serra plus fort.
Je soupirai.
Amel avait en effet très mal pris la dernière relation de Nouria. Son ex était un connard macho qui avait traité sa sœur plus bas que terre. Depuis, elle voyait d’un mauvais œil les hommes en général. Mais son propre mec, David, ne valait guère mieux. Il me semblait même qu’il n’était avec elle que pour tirer son coup. Alors je ne comprenais pas le raisonnement d’Amel. Elle ne supportait pas pour Nouria ce qu’elle-même supportait avec David. Alors pourquoi ne pas le quitter ?
Je coupai l’eau et m’essuyai les mains sur un torchon, que je disposai ensuite au-dessus de l’égouttoir, puis me tournai pour lui faire face, et la pris dans mes bras.
J’effleurai son visage du bout de mes doigts, puis me penchai pour déposer sur ses lèvres un délicat baiser.
Nos lèvres se donnèrent, se goûtèrent, donnant à notre baiser une intensité qui me fit battre le cœur de plus en plus vite. Je passai une main dans ses cheveux, lui caressai la joue, émerveillé par sa douceur. Elle m’attira contre elle en me prenant par la nuque, tandis que mes mains descendaient jusqu’à sa taille. Elle poussa un soupir lorsque je l’embrassai dans le cou. Elle avait des fesses magnifiques, fermes et rebondies, et elle frémit lorsque mes mains s’y aventurèrent.
Je ne répondis rien et la fis reculer jusqu’au frigo. Puis je l’embrassai passionnément, avidement. Nos langues se touchèrent une fois, puis deux ; une caresse chaude et humide, divine et excitante. Je commençai à dégrafer son chemisier, lentement, bouton par bouton, sans la lâcher du regard.
J’arrivai au dernier bouton et lui ôtai son chemisier avec douceur. Elle le fit tomber à terre d’un coup d’épaule. Je me mis à genoux devant elle, déposai un baiser sur son nombril.
Son ventre était chaud, j’y glissai ma langue un long moment, puis remontai pour lui embrasser les seins à travers son soutien-gorge noir. Le désir avait envahi chaque particule, chaque molécule de mon corps. Je me redressai et lui pris les lèvres de nouveau. Nouria passa ses mains sous mon tee-shirt et me caressa le torse.
Elle me prit par la main.
Je la pris dans mes bras et essayai de la soulever de terre, mais n’y parvins pas. Je la reposai avec un hoquet de rire. Elle se mit à rigoler elle aussi.
Je me retournai et me mis sur les genoux.
Elle rit de nouveau et me grimpa dessus.
Nous gagnâmes la chambre sans incident. Je me rapprochai du lit et la balançai en arrière.
Je grimpai sur le lit à mon tour et me plaçai au-dessus d’elle. Nouria rigolait toujours doucement. Je me penchai, l’embrassai, promenai mes mains sur son ventre, lui caressai les seins doucement. Son rire cessa peu à peu et se mua en soupirs de bien-être.
Sa peau basanée était un vrai délice sous mes lèvres. Elle porta ses doigts à ma bouche et je les suçai délicatement. J’embrassai ses épaules, ses bras, son ventre, et passai mes mains dans son dos pour lui dégrafer son soutien-gorge. Sa respiration s’accéléra lorsque je découvris sa poitrine, et que je baissai la tête pour venir effleurer les pointes du bout des lèvres. Ses seins étaient magnifiques, ronds, accrochés haut ; elle les trouvait petits, pas moi. Elle était magnifique.
Elle se redressa sur les coudes, et me fit m’allonger sur le dos. Je laissai glisser ma main le long de son dos, et elle s’allongea sur moi, se calant confortablement pour que je puisse la caresser à mon aise. Son dos contre mon torse, ses fesses calées contre mon bas-ventre dur comme de la pierre, ma bouche parsemait son cou de petits baisers, tandis que mes mains emprisonnaient ses seins et les caressaient doucement. C’était divin. J’adorais cette position, et elle aussi.
Ses cheveux bruns retombaient sur mon visage. Nouria ondulait légèrement du bas-ventre, ce qui accentuait mon désir, je sentais mon sexe se durcir de plus en plus.
Je suçai deux de mes doigts, puis vins effleurer ses mamelons, l’un après l’autre, attentif à ses soupirs et ses gémissements. Son parfum me rendait fou. Je descendis mes mains le long de son ventre, et je commençai à dégrafer sa ceinture à l’aveuglette. Je glissai la main dans son pantalon, et entrepris de la caresser lentement à travers sa petite culotte. Elle poussa un gémissement, soupira, se tortillant contre moi. Je remontai ma main libre jusqu’à son visage que je caressai doucement.
N’en pouvant plus, elle se retourna pour me faire face, et se rehaussa quelque peu, de manière à me présenter sa poitrine. Je la serrai contre moi et relevai la tête pour venir embrasser les pointes durcies par le désir. Je passai le bout de ma langue sur celles-ci, les effleurai de mes lèvres humides, avant de me décider enfin à les prendre dans ma bouche pour les téter. Nouria laissa échapper un petit cri de plaisir. Passant d’un sein à l’autre, je me régalai vraiment. Elle était douce, tout son corps n’était que douceur.
Je me redressai et la pris dans mes bras. Nos lèvres s’unirent dans un long et passionné baiser. Je la renversai sur le lit, enlevai mon tee-shirt, puis entrepris de la déshabiller totalement. Je jetai ses habits au pied du lit, l’amenai au bord de celui-ci, et baisai ses pieds, ses chevilles, remontant de la langue jusqu’à ses cuisses. Elle gémissait, impatiente et excitée, me jetant un regard brûlant.
Elle écarta les jambes et je pus enfin admirer son sexe, totalement épilé, une véritable promesse d’extase et de douceur. Je mourais d’envie de la pénétrer, de m’enfoncer en elle, mais auparavant je voulais l’inonder de plaisir, et goûter à son intimité la plus secrète. Je m’installai au pied du lit et passai mes mains sous ses fesses pour l’attirer contre moi. Et glissai ma tête entre ses jambes.
Je revins brutalement à la réalité, en sursautant. J’étais en sueur. La lumière vive me fit mal aux yeux, et pendant une seconde, je fus surpris de me retrouver à l’avant d’une voiture, et pas dans ma chambre, à l’hôpital psy. Je mis quelques instants à identifier le visage penché sur moi.
Je regardai autour de moi : nous étions garés devant un immeuble abandonné. Mon sang ne fit qu’un tour : c’était bien celui où j’avais emmené maman, neuf ans plus tôt. Il n’avait pas changé, une chance qu’il n’ait pas été démoli ni rénové. Je débouclai ma ceinture, et ouvris la portière.
* * * * *
La tête rentrée dans les épaules, littéralement scotchée au sol, Anita serrait l’Uzi dans ses deux mains, les oreilles en feu sous le déluge de coups de feu. Ils tiraient partout, de façon ininterrompue. De vrais kamikazes. Ils devaient être aux moins cinq, tous équipés d’armes automatiques. Un vase explosa près d’elle. Toutes les fenêtres avaient éclaté, et il y avait des bouts de verre partout. Anita se releva d’un bond, sortant de derrière le canapé, et arrosa la pièce avec son Uzi. Le recul de l’arme lui faisait mal à la main, et le bruit était assourdissant, mais peu lui importait. Ce qu’elle voulait avant tout, ce n’était pas se sauver elle, mais les empêcher d’emmener les deux vampires, en bas.
Elle entendit quelqu’un crier, et un corps tomba au sol. Un coup de fusil à pompe fit exploser une partie de canapé, et elle replongea à l’abri. Par l’une des extrémités, elle tendit son arme et ouvrit le feu de nouveau. Les balles firent exploser les jambes de l’un des tueurs. Poussant un hurlement rauque, il chuta au sol, arrosant tout avec son Beretta. L’une des balles se ficha dans le ventre de l’un de ses collègues. Portée par l’adrénaline, Anita se releva, et une balle se logea dans son épaule droite. Elle recula en criant, sentant un flot brûlant de douleur se déverser en elle. Ses jambes se dérobèrent, et elle s’effondra sur la moquette.
L’un des tueurs se dirigeait vers la porte de la cave. Elle leva son Uzi et pressa la détente comme si sa vie en dépendait. Une dizaine de balles percutèrent l’homme : il tomba cul par-dessus tête dans les marches. Dans toute la maison, c’était un véritable brouillard de plâtre et de débris, qui la fit tousser. Elle se releva d’un mouvement gracieux, et distingua une silhouette se faufiler dans la brume blanche artificielle. Ils avaient dû lancer une grenade fumigène. Elle se couvrit le visage d’une main, et vida le reste du chargeur. L’homme poussa un cri et s’effondra comme une poupée de chiffons.
Rapidement, la femme traversa la pièce accroupie, le cœur battant comme jamais, couverte de sueur, ne pensant qu’à protéger ses deux victimes… Plus un bruit, si ce n’est au loin les sirènes des voitures de police qui se rapprochaient, probablement appelées par un voisin paniqué. Le temps jouait contre elle. Elle traversa la cuisine, s’attendant à tout moment à ce qu’un ennemi surgisse devant elle… D’autres allaient venir, ce n’était plus qu’une question de secondes. Mais comment allait-elle pouvoir emporter Laurence et Kleyner loin d’ici aussi vite, et surtout, en étant blessée ? À moins de les tuer ici et tout de suite, pour qu’ils crèvent de sa propre main… Mais elle ne voulait pas envisager cette solution. Ils n’avaient pas assez payé.
Elle se tenait en haut des marches qui menaient à la cave lorsqu’elle sentit un mouvement derrière elle. Elle fit volte-face, se retrouva nez à nez avec un homme vêtu de noir des pieds à la tête, cagoulé, qui lui pressa un Beretta sur le ventre. Elle leva son Uzi tout en appuyant sur la gâchette…
Clic Clic Clic.
Plus de balles. L’espace d’un moment, elle ressentit un instant de peur, vite balayée par un soulagement sans précédent. Puis le regret de ne pouvoir achever Kleyner et Laurence elle-même… Elle sentit un véritable choc dans son ventre, et partit en arrière, projetée dans les marches qu’elle descendit en tombant. L’impact du coup de feu résonna longtemps dans ses oreilles. Allongée à plat ventre, elle était incapable de dire ou bien de faire quoi que ce soit. Le feu dans son ventre lui coupait le souffle. Elle ouvrit les yeux, face aux deux vampires desséchés et désincarnés, attachés juste devant elle. Leurs bouches ouvertes semblaient des trous béants, et leur peau était si sèche qu’on aurait dit un parchemin.
Les voix lui parvenaient aux oreilles, donc elle n’était pas encore morte. Elle entendit les pas de l’homme qui descendait. Il l’enjamba, et sans un regard pour elle, s’approcha des deux créatures.
* * * * *
Amélie Levreaux jeta sa cigarette au sol d’un geste nerveux et la regarda se consumer. Elle consulta de nouveau sa montre, avec une boule au ventre. L’avion d’Amel et Huang s’était posé il y avait déjà plus de vingt minutes, et aucun signe d’eux. Elle n’osait toutefois pas venir à leur rencontre, de peur de les louper. Elle attendait là, dehors, devant le hall de l’aéroport, à croiser les doigts en espérant que tout aille bien.
Elle n’avait pas de nouvelles d’eux depuis trois heures. C’était la panique. Depuis l’évasion de Benjamin Bollard, elle avait la sensation que tout s’écroulait. D’abord, cette flic achevée à l’hôpital, sa compagne qui échappe de peu à un kidnapping par de faux ambulanciers (putain qu’ils avaient été rapides !) ; puis le groupe de Amel et Huang attaqué, et aucun survivant à part eux… Elle n’avait aucune nouvelle de la femme asiatique, mais elle pariait sa tête qu’elle avait été aussi retrouvée par l’Organisation B. C’était sûr.
Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi avaient-ils décidé d’attaquer neuf ans plus tard ? Quelque chose ne collait pas, mais elle était incapable de savoir quoi.
Un jeune homme, portant un lourd sac à dos, passa près d’elle et la bouscula au passage. Nerveuse, elle bondit en arrière. Il se retourna. Il était brun, la trentaine.
Elle ne répondit pas et détourna le regard. Elle n’en pouvait plus d’attendre. Son revolver planqué dans sa ceinture semblait peser des tonnes et lui gelait la peau, comme un baiser de glace.
Et où était Bollard ? Ils avaient, de leur côté, tenté de localiser sa mère, car un vampire en liberté n’était jamais prudent. Mais jamais ils n’avaient mis la main dessus si, bien sûr, elle était encore en vie. Laurence et Kleyner étaient eux aussi portés disparus.
Elle se passa une main sur le visage, en sueur, toute la tension accumulée en elle l’épuisait. Une main se posa soudain sur son épaule. Elle fit volte-face en se mordant les lèvres pour ne pas crier. Le sublime visage d’Amel se dessina sous ses yeux.
Huang se tenait debout près d’elle, une main dans la poche de sa veste, dissimulant probablement une arme. Amélie était efficace. Elle ne posa pas une question, se contentant de les entraîner vers sa voiture. Ils quittèrent l’aéroport une minute plus tard.
* * * * *
Yan me tendit la torche qu’il gardait toujours en réserve dans le coffre de sa voiture. C’était un homme prévoyant. Je le regardai avec une pointe au cœur. Je ne voulais pas l’entraîner là-dedans, mais il était déjà trop tard pour faire marche arrière.
On resta un moment les bras ballants, puis il monta dans sa voiture et s’éloigna, me laissant seul, la torche à la main, une boule d’angoisse se formant en moi. J’avais attendu ça depuis neuf ans. Et j’allais enfin avoir une réponse.
Je me tournai vers l’immeuble abandonné. Il était situé un peu en retrait, derrière la voie de chemin de fer. Il n’était pas très haut, seulement trois étages. La porte du hall était fermée, mais les vitres avaient été pulvérisées. Les murs étaient sales et tagués. J’inspirai profondément et me rapprochai un peu, comme si c’était la grotte d’un dragon.
Je ne pouvais de toute façon pas faire marche arrière. Il était trop tard. Le verre crissait sous mes pas lorsque je pénétrai le hall par l’une des fenêtres brisées. Les boîtes aux lettres étaient toutes ouvertes, l’une était même démontée. Une forte odeur de pisse régnait. L’ascenseur était hors service. La porte de l’escalier avait été dégondée et gisait sur le sol. Un extincteur avait servi à briser le miroir en face de la porte. Je repris une grande inspiration en jetant un œil dans l’escalier qui menait aux étages. La minuterie ne fonctionnait plus. J’allais devoir y aller à tâtons.
Et je n’avais rien pour me défendre…
Je saisis la rampe d’une main et brandis la torche allumée devant moi. Rien que des marches, bien sûr. Il n’y avait rien d’autre. J’avais déposé le corps de maman au deuxième étage, appartement 23. Avec le peu de courage et d’espoir qu’il me restait, je commençai à grimper les marches, lentement et aux aguets, guettant un bruit quelconque.
Mais rien.
L’odeur d’urine était encore plus étouffante dans l’escalier. Me tenant à la rampe, je parvins au premier palier, et entamai la montée jusqu’au deuxième étage. J’avais la sensation que mon cœur allait sortir de ma poitrine tant il battait fort. Tant la peur et l’angoisse m’écrasaient.
Neuf années s’étaient écoulées. Et elle n’avait certainement pas été nourrie. Alors avait-elle survécu ? Qu’était-elle devenue ? Et si elle était parvenue à s’échapper ? Je l’avais attachée à un lit, mais…
Il y eut un bruit sourd derrière moi et je fis volte-face en laissant échapper un cri de surprise. Je me pris les pieds dans je ne sais quoi et chutai en arrière dans les marches, cul par-dessus tête. Un choc sourd contre mon crâne me mit les larmes aux yeux. Une vive douleur se diffusa en moi, mais je me relevai aussi vite que possible. Je me plaquai contre le mur, les dents serrées.
Pas un bruit. Et si j’avais imaginé entendre quelque chose ? Si mon esprit en feu voulait absolument que j’entende quelque chose ?
Non, il n’y avait rien.
Je repris ma progression, courant presque tant j’avais hâte de retrouver la lumière artificielle du couloir… Je me jetai littéralement contre la porte de l’escalier et me retrouvai dans le couloir du deuxième étage, en face des ascenseurs. La lumière du jour était distribuée par deux petites fenêtres entrouvertes. Le couloir donnait à droite et à gauche. Je m’avançai dans cette direction, la bouche sèche.
Appartement 20, 21, 22…
Je fis halte devant le 23. La porte était close.
Je pris une profonde inspiration ; mes jambes étaient à deux doigts de se dérober. Jamais je n’avais eu une telle sensation de toute ma vie. La peur me comprimait la poitrine si fort que je me serais cru écrasé dans un étau.
C’était une folie, une vraie folie. Je pris mon élan et ouvris la porte d’un grand coup de pied. Elle alla claquer contre le mur.
* * * * *
Yan referma la porte de son appartement. Il avait les mains moites, et la curieuse sensation d’avoir fait un cauchemar éveillé. Cela ne lui était pas arrivé depuis la mort de son grand frère, cinq ans plus tôt.
Il ôta sa veste et l’accrocha au porte-manteau près de l’entrée.
Yan fit halte par la salle de bain pour s’asperger le visage d’eau froide, ce qui le réveilla quelque peu et lui fit du bien. En lui naissait un conflit : devait-il prévenir la police ? Que faire ? Il connaissait Ben, mais… Après tout, il avait tué son médecin de sang-froid. Peut-on réellement prétendre connaître totalement et entièrement une personne ? Et s’il était devenu fou ? S’il était devenu dangereux ?
Mais une autre part de lui savait qu’il se trompait.
Serviette en main, il entra au salon.
Celle-ci était assise sur le canapé et regardait la télévision. Sans tourner la tête, elle lui lança :
Il s’approcha du canapé et ce fut à ce moment-là qu’il perçut un mouvement derrière lui. Il fit volte-face juste à temps pour entrapercevoir un homme, et ce fut le noir complet.
Il se réveilla les muscles engourdis, incapable de comprendre ce qui se passait. Une terrible odeur envahissait ses narines, quelque chose de puant et d’infâme, une odeur nauséabonde qui lui mit les larmes aux yeux : la viande morte. Une énorme gifle lui fit ouvrir les yeux. Il releva la tête et vit Cassandra plantée devant lui. Derrière elle, deux hommes qu’il n’avait jamais vus de sa vie.
Une peur panique s’empara de lui, se diffusa dans tout son corps. Mais que se passait-il ?
Elle ne répondit pas et recula de quelque pas.
Il essaya de bouger mais n’y parvint pas. Ses mains attachées dans son dos lui faisaient un mal de chien. Son dos le brûlait. La sueur qui coulait sur son visage le gênait. L’homme s’avança tandis que l’autre resta en arrière. Il vit alors dans sa main une sorte de cutter. Cette fois, la panique le submergea tout à fait. Il se mit à hurler :
Une vive brûlure à la joue le fit taire. Il poussa un cri rauque sous le coup de cutter qu’il venait de recevoir. C’était atroce. L’homme baissa son arme.
La lumière se fit dans l’esprit de Yan. Il vit Cassandra, debout et le sourire aux lèvres.
Donc Ben disait la vérité. Les perspectives de ce que cela impliquait le terrifiaient. Et Cassandra, était-elle au courant ?
Celle-ci haussa les épaules.
Yan prit une grande inspiration. L’homme lui fit face et brandit son cutter taché de son sang.
Yan baissa la tête. Le cutter traça une longue balafre le long de son bras gauche.
Le second homme sortit alors de l’ombre. Yan releva la tête, la puanteur s’étant encore accentuée.
C’était bien un homme, sans en être un. Oui, il portait des vêtements, un superbe costume qu’il n’aurait jamais pu se payer. Oui, il avait des cheveux. Mais son visage blafard évoquait une face de revenant, les yeux exorbités et injectés de sang et la bouche sanguinolente lui firent immédiatement penser à…
Il puait la mort. Une véritable infection. Yan en eut un renvoi.
La chose s’approcha davantage.
Yan ne répondit pas. Il était terrifié, mais se savait condamné. Sa mort était imminente, et elle serait douloureuse. Il réussit pourtant à se maîtriser et était bien décidé à ne rien dire. Il n’avait pas le droit de trahir Ben. D’autant plus que celui-ci disait la vérité.
La chose l’agrippa par la nuque et lui rejeta la tête en arrière. Il vit une dernière fois Cassandra, avant de sentir les dents de la chose se planter dans son cou. Un liquide brûlant et poisseux lui coula sur la nuque, les épaules et ce fut la dernière sensation qu’il éprouva.
* * * * *
Amel s’écroula dans le canapé d’Amélie avec un soulagement immense. Tout son corps lui faisait mal. Elle avait en fait la sensation d’avoir baigné toute la journée dans des marécages putrides. Huang s’assit près d’elle. Il avait l’air épuisé. Amélie leur déposa deux tasses de café et du sucre. Son appartement était une véritable armurerie. Trois revolvers dans le salon. Des couteaux de chasse, des fioles d’eau bénite, des crucifix dans toutes les pièces. Un fusil à pompe planqué derrière la cuisinière.
Huang se passa une main sur le visage en tremblant.
Amel lui prit la main.
Amélie se dirigea vers le téléphone.
Une douche chaude était effectivement une perspective réjouissante. Amel puait la sueur et le sang ; un miracle que l’équipe à bord de l’avion n’ait rien remarqué. Elle s’était essuyée du sang de l’homme de son mieux, mais…
Huang se leva.
Amel l’imita. Amélie était déjà au téléphone.
Amel laissa choir son tee-shirt dont l’envers était maculé de sang séché. Elle ôta ses chaussures et son jean, qu’elle jeta négligemment dans un coin de la salle de bain. Huang ôta son pull et son tee-shirt.
Elle s’appuya contre la baignoire avec un soupir. Il s’approcha d’elle et le prit dans ses bras.
Il ne savait pas quoi dire. Impuissant, il haussa les épaules et serra sa femme contre lui. Amel était tétanisée par la peur. Tout allait si vite qu’elle était presque incapable de comprendre ce qui se passait. Tout s’était précipité à la vitesse grand V. Heureusement qu’Huang était là pour la soutenir, sans lui, elle se serait écroulée, ou bien réfugiée dans la folie.
Il passa ses mains dans son dos et la serra plus fort. Ils étaient épuisés tous les deux, pourtant, ils ne surent comment, le désir fit irruption. La chaleur du corps d’Amel, en sous-vêtements, éveilla en Huang une douceur et une chaleur puissantes, qui l’emplirent tout entier. Le besoin de défier la mort, peut-être, ou au contraire, de célébrer la vie. Ils étaient toujours vivants, et maintenant, brûlait en eux le désir de se le prouver.
Leurs lèvres s’unirent doucement d’abord, presque honteusement, mais cela se mua progressivement en baiser enflammé et passionné, digne d’un film d’amour à l’eau de rose. Huang caressa le visage de sa compagne, passa sa main dans les cheveux, l’attira contre lui, sa poitrine venant s’écraser contre la sienne. Amel poussa un soupir lorsqu’il l’embrassa dans le cou, tandis que sa main descendait vers ses fesses rebondies.
L’homme posa ses mains sur la poitrine prisonnière et la caressa doucement, avant de déborder les seins du soutien-gorge, et de se baisser pour téter les pointes. Amel poussa un petit cri sourd, son cœur battant la chamade, maintenant emplie d’une douce chaleur qui prenait vie dans son ventre, et se diffusait dans tout son corps. Huang passa d’un sein à l’autre, tétant, léchant, mordillant comme si sa vie en dépendait, encouragé par les gémissements de plaisir de sa femme, laissant sur sa poitrine une traînée de salive.
Il se mit à genoux devant elle, embrassant son ventre, et entreprit de lui enlever sa petite culotte. Il passa ses mains sur les cuisses fuselées, les genoux, les chevilles, et remonta ensuite, glissant un baiser dans la fine toison minutieusement entretenue. Amel prit sa tête entre ses mains et le fit se redresser, il passa sa langue le long du ventre et vint emprisonner entre ses lèvres gourmandes la pointe d’un sein érigée.
Huang glissa deux de ses doigts dans la bouche de la jeune femme pour les humidifier, puis les porta ensuite à son sexe. Amel se crispa contre son amant, le souffle court. Huang effleura d’abord le sexe avec lenteur, une délicate torture pour la jeune Algérienne, qui se cambra un peu pour venir à la rencontre des doigts. Puis il caressa les grandes lèvres, s’enfonça en elle. Amel poussa un cri rauque, la tête enfouie dans l’épaule de son amant. Le souffle court, les jambes flageolantes, elle s’agrippa à lui comme si elle était perdue au milieu de l’océan, et qu’il était la seule bouée de sauvetage à dix kilomètres à la ronde.
Il la souleva de terre et l’assit sur le lavabo, la tenant fermement, puis elle ouvrit grand les cuisses d’un air de défi, et lui demanda :
Il s’agenouilla à nouveau, et passa sa langue dans le creux des cuisses, avant de poser sa langue sur le sexe chaud et déjà humide. Amel ferma les yeux. Si ses caresses étaient lentes et délicates, elles se changèrent bien vite en passion effrénée, sa langue parcourant chaque repli intime de la chair tendre, effleurant le clitoris, sa bouche aspirant chaque goutte de cyprine lui étant offerte. Amel gémissait, haletait, toute vibrante de plaisir, les courbatures oubliées. Le désir brûlait en elle comme un feu ardent.
Huang se redressa finalement, déboucla sa ceinture, et fit glisser son pantalon et son caleçon à ses pieds. Son sexe dressé donna un frisson de désir à Amel. Il s’approcha, la saisit par les hanches, tout en l’embrassant, et vint humecter son gland en le posant sur le sexe humide. Il donna un coup de reins et la pénétra lentement, en prenant son temps, les yeux clos. Amel le mordit à l’épaule, lui planta ses ongles dans le dos.
Elle noua ses jambes autour de la taille de son amant, tout en l’embrassant avidement. Huang prit le rythme en douceur, puis plus soutenu.
Elle baissa les yeux, fascinée par la verge qui entrait et sortait d’elle presque totalement. Un vrai délice. Lorsque la chaleur devint presque intolérable, elle ferma les yeux et se laissa porter par le plaisir, sans chercher à lutter. Huang accéléra encore, fou de désir, en nage, embrassant sans relâche sa femme. Il finit par jouir, incapable de se retenir, les muscles crispés, la mordant à son tour à l’épaule.
Chaque jet de sperme en elle lui provoquait de délicieux frissons. Amel le repoussa en arrière, sauta du lavabo et se mit à genoux devant lui, puis prit entre ses lèvres le gland écarlate, avalant les ultimes gouttes de sperme. Huang poussa un long gémissement, tremblant et frissonnant, sous la divine caresse buccale.
Oui, incontestablement, ils étaient bel et bien vivants.
On frappa soudain à la porte de la salle de bain. Amel se redressa, essoufflée. La voix d’Amélie leur parvint :
* * * * *
Comme neuf ans plus tôt, l’appartement était presque vide. Je traversai le couloir en silence, guettant un quelconque bruit, mais rien. Le salon était désert. Les volets fermés donnaient une épouvantable atmosphère à la pièce. Une forte odeur de pourriture et d’abandon y régnait. Seule une chaise, dans un coin, indiquait qu’un jour, il y avait eu de la vie ici. La cuisine était déserte. Une assiette sale dans l’évier. Quelques mégots de cigarettes sur le sol de la salle de bain.
Je me retrouvai vite devant la porte close de la chambre où je l’avais laissée. Mais bien incapable de pousser la porte, ayant trop peur de ce que je risquais ou pas d’y voir.
Je me passai une main sur le visage, j’étais en eaux. Il fallait que je bouge, que je fasse quelque chose, mais… Comme paralysé, je restai les yeux rivés sur la poignée.
Rien.
« Elle n’est plus là ! Elle doit être morte, de soif, de soif de sang ! Et même si elle est encore là, et en vie, tu feras quoi ? Ce n’est plus ta mère ! Ce sera l’une de ces choses ! Kleyner te l’avait bien dit, non ? Elle sera même encore pire qu’eux ! Faire un vampire d’une personne déjà morte, c’est encore pire : elle sera complètement dégénérée ! »
Je savais tout ça, et il était impossible de faire taire cette petite voix qui me martelait la tête. Ma main, comme mue d’une vie propre, se posa sur la poignée.
Je la poussai. La porte s’ouvrit. Totalement déserte elle aussi, la chambre ne contenait rien d’autre qu’un lit.
Vide.
Je sentis mes jambes me trahir et je fus au sol avant de comprendre comment et pourquoi.
Ma bêtise me rendait fou de colère. Neuf ans… Et j’espérais encore !
Et maintenant ? Que faire ?
Plongé dans mes lamentations, je sentis soudain une présence. Je reculai vivement et me cognai au mur.
Mais non. Une silhouette se tenait devant moi. La peur s’insinua en moi, à tel point que je ne parvins plus à réfléchir ni même à fuir.
Elle fit un pas en avant et me révéla son visage. Je ne parvins pas à y croire.
* * * * *
Anita Chow Yuan avait la résistance d’un tank, une endurance à toute épreuve et surtout, une détermination sans faille. Rien n’aurait pu la stopper. D’autant plus qu’elle était d’une nature prudente et ne gâchait jamais bêtement ses chances. Tous les jours, avant de s’habiller, elle enfilait un gilet pare-balle, souvenir de l’époque où elle était agent de police.
L’impact l’avait clouée au sol, mais la balle ne l’avait pas atteinte. Mais elle était incapable de se relever. Son « meurtrier » la croyait morte et ne faisait preuve d’aucune prudence. Il se tenait debout, arrogant, devant ses deux victimes, attendant ses renforts.
Trop sûr de lui.
Anita ramena ses bras le long de son corps, la poitrine comprimée par la douleur. C’est alors que Kleyner revint à lui. La tête squelettique se redressa quelque peu. Surpris, l’homme recula vivement. Anita s’immobilisa, gardant toutefois les yeux ouverts. Kleyner entrouvrit les yeux, poussa un gémissement presque inaudible. Sa bouche s’ouvrit comme un trou béant. Un filet de sang coula sur son menton.
La voix était désincarnée, étouffée, comme s’il parlait de très très loin dans les ténèbres.
Il s’approcha de Kleyner, à deux centimètres du visage putride, qui ne le voyait certainement pas.
Une bouffée de rage et de colère traversa Anita, mais elle ne dit rien. Si, elles les avaient brisés. Et comment ! Mais elle ne voulait pas les tuer, oh non ! Ses poings se serrèrent. Laurence sortit brutalement de sa léthargie, et se jeta littéralement en avant. Ses dents se plantèrent dans la gorge de l’homme.
Il hurla. Le vampire desséché se rejeta en arrière, arrachant un énorme morceau de chair, arrachant la gorge de sa victime. Ce dernier porta les mains à sa gorge, titubant, mais le sang giclait avec une violence hallucinante. Jamais Anita n’avait vu d’égorgement aussi violent. Le sang aspergeait les deux vampires. L’homme couina, et s’effondra au sol.
Anita, n’ayant plus à se cacher, tenta de se relever, faisant abstraction de la douleur qui la martelait et de la balle logée dans son épaule gauche. Mais quelque chose se passait. Kleyner semblait fondre, son visage coulait comme du fromage blanc. Et Laurence subissait le même sort.
Dans un épouvantable cri rauque et terrifiant qui glaça le sang de leur bourreau, les deux vampires fondaient, leurs chairs putrides devenaient liquides, coulaient, sur le sol. En une minute à peine, il ne restait plus des deux vampires qu’un épais liquide bourbeux et puant, épais comme du pétrole.
Les hurlements de la femme dans la cave semblaient ceux d’une damnée.
Elle chuta à genoux, et frappa le sol de ses mains avec une telle violence qu’elle s’écorcha les doigts.
Pourtant, ce n’était pas fini. Quelque chose émergeait du liquide. Ou plutôt, le liquide reprenait forme. Surprise, elle cessa de crier et recula vivement en arrière, s’égratignant les coudes et les genoux. Soudain, elle comprit, en voyant le liquide prendre forme, redevenir solide. Une masse prenait forme, prenait vie, une masse gigantesque. Une tête monstrueuse, bossue et difforme apparut, une paire d’yeux rouges s’illumina soudain. Une bouche gigantesque laissa apercevoir deux rangées de dents acérées. Deux bras se formèrent, épais comme des troncs d’arbres. La chose était de couleur grise, immense, en tout cas, et elle n’était pas encore formée.
Les yeux d’Anita se posèrent sur l’arme de l’homme, mais pouvait-elle l’atteindre à temps, et surtout, serait-elle efficace face à ce monstre ? Elle en doutait. Ils avaient fusionné. Pour donner naissance à un vampire supérieur aux autres. Ils lui avaient finalement échappé.
Bientôt, la chose déploya une paire d’ailes gigantesque, faite de chairs, semblables à ceux d’une chauve-souris. La monstruosité devait se courber pour ne pas toucher le plafond de la cave. Anita hurla.
Un cri strident envahit la pièce. Anita se releva tant bien que mal, et se précipita vers les marches. Mais c’était déjà trop tard pour elle.
Une main difforme l’attrapa par les cheveux, lui déchirant le cuir chevelu. Une épouvantable douleur lui traversa la tête, et elle pensa qu’elle venait d’être scalpée. La chose enfonça ses griffes en elle, dans le dos, et elle les vit ressortir par son ventre. C’était comme si un marteau glacé venait lui couper le souffle. Soulevée de terre, elle se sentit soudain décoller, et alla s’effondrer contre le mur, comme si elle n’était qu’une poupée de chiffons. Ce qu’elle était, aux yeux de la chose. Incapable de bouger, chaque inspiration lui broyant les côtes, elle contempla la chose qu’elle avait créée malgré elle.
Mais sa bouche pâteuse ne laissa sortir aucun son. Avant que les ténèbres ne viennent l’engloutir, elle vit la chose grimper les escaliers, à quatre pattes, ignoble monstre qui allait bientôt être confronté à l’espèce humaine.
(À suivre dans l’épisode 6 : Retrouvailles. Les enfants de la nuit, saison 2.)
Merci à tous. Dr Lamb.