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Temps de lecture estimé : 17 mn
07/02/08
Résumé:  En fuite, Ben se réfugie chez son dernier ami. De leur côté, Amel, Huang, Anita et Charlotte sont attaqués par l'organisation B...
Critères:  fh ff couple médical amour cunnilingu fantastiqu -fantastiq
Auteur : Dr Lamb  (Vive 2008...)      Envoi mini-message

Série : Les enfants de la nuit 2

Chapitre 04 / 07
Maman ?

* * * * *




Neuf ans plus tôt :



Nouria claqua la porte, s’installa devant, côté passager, et boucla sa ceinture. Elle fit démarrer le moteur.



Amel en resta bouche bée. C’était un cauchemar, une mauvaise blague…



Nouria se retourna violemment.



Nouria fixa la rue vide sans la voir.



Amel secoua la tête. Elle tremblait de tout son corps, et avait la sensation de se réveiller toutes les deux minutes. Elle fixa l’entrée de la maison de la mère de Ben. La porte d’entrée était ouverte.



L’image de la mère de Ben morte encore vive dans son esprit empêcha Nouria de répondre. Elle tentait de se convaincre que l’homme qu’ils avaient vu n’était qu’un malade, un fou… Pourtant, elle l’avait bien vu se dissoudre, lorsque l’eau bénite… Elle ferma les yeux et se cramponna à la ceinture de sécurité.



Elle fut interrompue par un long hurlement strident, qui lui évoqua une craie qui crissait sur un tableau noir. Terrifiée, Amel se boucha les oreilles et cria en retour. Nouria fixait la maison, tétanisée, se demandant ce qui se passait à l’intérieur. Mais incapable de sortir pour aller voir. Ben lui avait bien dit de ne pas le rejoindre, mais…



Il y eut un long moment d’attente, et Nouria, au bord de la crise de nerfs, allait sortir de la voiture pour entrer dans la maison, lorsqu’elles virent Ben, sur le seuil, le corps de sa mère dans les bras. Le regard vide, il traversa la pelouse et rejoignit la voiture. Amel se couvrit le visage de ses mains et poussa un gémissement.




* * * * *





Avec un sursaut, Amel s’arracha à la contemplation du hublot et tourna la tête vers Huang. Celui-ci avait le teint pâle, les yeux injectés de sang. Elle porta sa main à son visage et le caressa doucement.



Il hocha la tête et se cala dans son fauteuil, fixant les autres passagers de l’avion. Ils avaient embarqué moins d’une heure auparavant pour fuir leurs poursuivants, dans le doute et la terreur d’avoir été suivis. Heureusement qu’ils étaient prévoyants. Cela avait été une chance folle de pouvoir se rendre à l’aéroport sans encombre, de pouvoir prendre un vol à la dernière minute. L’homme se pencha vers elle et lui chuchota :



Là, elle marquait un point.



La jeune femme ferma les yeux et tenta de regrouper ses idées. Pourquoi ? Amélie avait toujours été une alliée fidèle. Mais si c’était effectivement une traître, alors Ben était foutu lui aussi. Quel bordel ! Des années de lutte réduites à néant. La jeune femme se leva :



Huang la suivit des yeux et l’interrogea :



Malgré la situation, elle réussit à sourire :



Amel traversa la rangée de sièges et gagna l’avant de l’appareil, sous les yeux inquiets de son amant. En réalité, elle n’avait aucune envie de satisfaire un besoin naturel. Elle voulait juste être seule. Elle referma la porte de la cabine étroite et se laissa aller par terre, les larmes coulant sur ses joues sans même qu’elle ne les ait senties arriver. Elle se cacha le visage dans les mains, pleurant en silence, pleurant pour leur groupe décimé, pour sa sœur, pour Ben, pour toute sa vie détruite et anéantie. Elle pleura pour le monde qui vivait dans l’ombre d’une menace aux dents acérées. Elle songea à ses parents, qu’elle avait dû abandonner il y a neuf ans. Et ses pleurs se transformèrent soudain en une sourde colère, une rage, une explosion meurtrière envers ceux qui avaient tué sa petite sœur, et l’avaient condamnée à l’exil. Elle savait leur lutte vaine, et pourtant, elle était bien décidée à ne pas laisser tomber. Oh que non.


La jeune femme se releva, et fit couler un peu d’eau froide du lavabo. Elle s’aspergea le visage avec, inspirant profondément. Le visage que lui renvoyait le miroir l’intriguait. Était-ce vraiment elle ? Les yeux cernés, les longs cheveux bruns, les mains tremblantes… Malgré tout, elle restait toujours aussi belle et désirable. Dans son jean et son chemisier blanc, elle avait attiré tous les regards masculins lorsque Huang et elle avaient pris place dans l’avion. Elle soupira et ferma le robinet, à nouveau maîtresse d’elle-même.


Ce fut lorsqu’elle ouvrit la porte des W.C. qu’un homme y entra précipitamment, la bousculant au passage. Surprise, elle n’eut même pas le temps de parler, et recula, acculée au mur. Il lui envoya son pied dans l’estomac, et Amel se plia en deux sous la violence du coup, cherchant son souffle. Hoquetant, elle tomba à genou, alors que son agresseur refermait la porte des W.C. et y mit le verrou.



Amel, encore endolorie, leva les yeux vers son agresseur. C’était un homme d’une trentaine d’années, brun, aux cheveux courts et taillés en brosse.



Il tira un couteau de sa ceinture.



Il l’attrapa par les cheveux et la releva de force, pour la plaquer contre la porte de la cabine de W.C. Amel ne cria pas. En fait, elle-même était étonnée du sang-froid dont elle faisait preuve. Ne bouillait en elle qu’une rage sourde, lancinante comme une dent cariée.



Un sourire se dessina sur le visage de la belle Algérienne.



L’homme lui expédia son genou dans le ventre. Elle se plia et grogna sous la douleur.



Ce qu’il y lut le troubla : ni peur, ni frayeur ; rien que de la rage. Il haussa les épaules.



Il n’eut pas le temps de plonger son couteau dans le corps d’Amel que celle-ci se jeta en avant et mordit le nez de son agresseur de toutes ses forces. Surpris, il hurla, lâcha son couteau et recula, se cognant en avant. La jeune femme se précipita sur lui, du sang plein la bouche, et enfonça ses deux pouces dans les yeux de l’homme. Il hurla, tapant des poings au hasard, mais Amel ne sentait pas les coups, noyés dans les flots d’adrénaline qui circulaient en elle.



Mais c’était trop tard, il était perdu. Amel tenait l’un des responsables de la mort de sa sœur, et entendait bien le faire payer pour les autres. Elle lui attrapa la tête et l’expédia contre le rebord du lavabo. Il y eut un craquement sec fort satisfaisant. Elle recommença, encore et encore, et ne cessa que lorsqu’elle vit la cervelle jaillir hors du crâne brisé.




* * * * *




Cela devait bien faire une demi-heure que je roulais. J’avais traversé Pontoise et les deux villes suivantes, persuadé que les sirènes des voitures de police allaient retentir, que des barrages allaient se dresser, que j’allais me faire coincer. Mais rien. Encore une dizaine de minutes et je revenais à Sartrouville. Ma ville. Je pris une avenue, avec la sensation que les piétons m’observaient, mais bien sûr, c’était une illusion, de la paranoïa, tout ce qu’on voulait.


Le cimetière. Nouria.


Mais je savais que si je m’y rendais, je m’y ferais coincer. Il était impossible que les flics ne m’attendent pas là-bas. Alors que faire ? J’avais un besoin viscéral de voir Nouria.


« Mais elle est morte ! » me hurla mon esprit. « Tu le sais, tu y étais ! Tu l’as vue brûler vive ! »


Les larmes coulèrent silencieusement sur mes joues. Oui, je le savais. Mais je devais la voir.


Une moto passa en trombe près de moi, me faisant sursauter. Il fallait impérativement que je me débarrasse de cette voiture, parce qu’une voiture ayant l’avant tout défoncé, difficile de faire plus voyant. Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi je n’étais pas suivi. Ni repéré. Je m’engageai dans une petite rue bordée de maisons. Il fallait que je continue à pied, ou que je vole une autre voiture. Je garai la bagnole et descendis, sous le regard intrigué d’une jeune femme :



Je claquai la portière et la regardai :



Sans prendre le temps de réfléchir, je me mis à courir. Les gens allaient et venaient autour de moi sans que j’y prête attention. Je traversai la rue, et me dirigeai vers le centre-ville, non pas en rasant les murs, mais en regardant droit dans les yeux des gens que je croisais. J’avais l’impression d’être un extra-terrestre qui découvrait la civilisation. Personne ne fit attention à moi. Personne ne se retourna sur mon passage. J’étais, pour l’instant, presque libre, mais je savais que ça ne durerait pas. Ils allaient passer mon portrait à la télé, tous les flics de la ville allaient se mettre à ma recherche.

Ce n’était qu’une question de temps. Il me fallait une planque, et vite.


Je me retrouvai soudain devant le centre commercial où Nouria travaillait comme caissière. C’était là que je l’avais rencontrée. Je restai planté devant, observant les gens qui entraient et sortaient, achats en mains, les voitures qui se garaient, qui partaient. J’avais envie d’entrer. En plus de ça, mon ventre criait famine. Mais non, c’était trop dangereux.


Je pressai le pas, songeant qu’il fallait que je prévienne le laboratoire qui allait analyser les cendres de la vampire. Ils étaient tous en danger, et il était peut-être même déjà trop tard. Mais je n’avais rien pour téléphoner, pas un sou, rien.


Je me figeai soudain sur place. Yan Harris. L’un de mes seuls amis et collègue de boulot. Celui-là qui m’avait vu maigrir. Mais habitait-il encore dans le coin ? Et puis il devait sans doute me croire mort. Je ne pouvais quand même pas ressurgir dans sa vie comme ça… Mais c’était la seule option que j’avais. Ma dernière carte à jouer. Je me passai une main sur le visage, tremblant. L’impliquer, c’était le mettre en danger. Mais hélas, il était ma seule solution.


Je pressai le pas, courant presque, me remémorant soudain les footings que je faisais, avant cette histoire. Me remémorant ce matin-là, ce matin de trop, où j’avais quitté les bras de Nouria pour aller courir au stade, et que ma vie avait été bouleversée par l’attaque de Kleyner.




* * * * *




Lorsque Charlotte ouvrit les yeux, ce fut pour voir le visage de Samia penché sur elle. Elle mit une seconde à l’identifier, puis soudain, ce fut une explosion de douleur dans tout son corps.



Samia lui prit la main.



Charlotte ne comprit pas tout de suite le sens de sa phrase, puis cela lui revint : ils roulaient, et soudain, une voiture qui leur rentrait dedans, et des coups de feu…



La jeune flic tenta de se redresser, mais trop faible, elle n’y parvint pas. Samia lui caressa le visage.



Elle ne put terminer sa phrase et inspira profondément.



Elle regarda autour d’elle, et constata qu’elle se trouvait dans une chambre d’hôpital, une chambre seule.



La femme flic se frotta les yeux et grommela :



En se soulevant sur ses coudes, Charlotte vit qu’elle avait le pied plâtré.



Et voilà, expulsée de l’enquête. Arrêt maladie.



Samia lui serra la main plus fort.



Elle se passa une main dans les cheveux



Surprise par cette explosion de colère de la part de sa douce compagne, Charlotte resta muette. Elle entendait tout : la respiration haletante de Samia, les voitures, dehors, le bruit des chariots dans le couloir… Elle entendait même son cœur battre à travers la fine chemise de l’hôpital.



Samia se rapprocha du lit.



Charlotte la regarda avancer, le cœur battant, surprise, mais aussi étrangement excitée.



La flic ferma les yeux.



Samia s’assit au bord du lit et caressa le visage de Charlotte, du bout des doigts. La flic se redressa et rapprocha son visage de sa maîtresse pour l’embrasser. Leur baiser fut long, lent, doux.



Elle l’embrassa dans le cou, lui mordilla l’oreille. L’Algérienne la força à se rallonger et se pencha sur elle.



C’était de toute façon peine perdue, Samia avait déjà passé ses mains sous la casaque de Charlotte, elles se glissèrent sur son ventre, puis se posèrent sur les seins ronds.



Lentement, Samia passa ses mains dans le cou de son amante pour déboutonner la casaque. Lorsque ce fut fait, elle glissa sa langue sur le cou et les épaules de Charlotte, arrachant à celle-ci un frisson d’extase. La casaque se retrouva au sol avant même qu’elles n’en prissent conscience. À présent, poussées par le désir et l’amour, elles se moquaient bien de savoir si quelqu’un, un aide-soignant ou une infirmière, allait entrer dans la chambre brusquement, elles s’en moquaient totalement.


La bouche de Samia trouva les mamelons durcis de Charlotte, les caressa, les téta avec une lenteur délibérée. La jeune flic poussa un soupir et ferma les yeux, tandis que les mains douces de sa compagne lui caressaient la poitrine sans répit, tandis que sa langue cajolait les pointes tendues.



Charlotte tenta de dire quelque chose, mais ne poussa qu’un soupir lorsque les mains de sa compagne se glissèrent entre ses cuisses.



Samia se pencha davantage et déposa un baiser sur la fine toison, embrassa le nombril, puis pointa sa langue vers le passage humide qui s’ouvrit à elle. Le corps de la flic s’anima d’une telle fièvre qu’elle dut l’attraper par les hanches pour ne pas le laisser s’échapper.



Charlotte se cambra pour venir à la rencontre de cette langue si douce, qui lui faisait tant de bien.



Elle se rejeta en arrière lorsque la langue de Samia s’enfonça en elle, loin, très loin, puis glissa sur les lèvres humides, avant d’effleurer son anus. À son tour saisie d’une faim dévorante, Samia grimpa sur le lit, se cognant au passage le genou contre les barrières du lit médical, et enjamba Charlotte pour se retrouver en 69. Celle-ci déboucla la ceinture de l’Algérienne, et fit glisser tant bien que mal le jean et le string, pour avoir finalement les fesses de sa compagne à portée de langue. Samia suça son majeur, et l’enfonça dans le vagin trempé de la flic, qui poussa un profond gémissement.



Ce fut à cet instant précis, alors que les deux lesbiennes étaient tête-bêche, déconnectées du monde, qu’un homme fit soudain irruption dans la chambre, armé du Beretta. Il eut un instant de stupeur en voyant le spectacle lesbien qui lui était offert, puis leva son arme, et fit feu par deux fois. Les détonations furent étouffées par le silencieux dont était équipé le pistolet.




* * * * *




Yan Harris se réveilla ce matin-là à dix heures moins le quart. Il resta un moment inerte, les yeux fixés au plafond, sortant doucement de la torpeur du sommeil, bien décidé à profiter de son jour de repos. Il se tourna sur le côté, et contempla sa femme encore endormie. Marié depuis cinq ans, heureux en couple, ayant brillamment réussi sa vie professionnelle, à présent sous-directeur de sa compagnie d’assurances, c’était un homme heureux, épanoui, menant une vie presque parfaite.


Il souleva les draps et posa ses mains sur les seins de Cassandra. Il se pencha et l’embrassa sur la joue, puis dans le cou. Elle murmura quelque chose d’indistinct en entrouvrit les yeux.



Avec des gestes lents, elle passa sa main dans les cheveux de son époux et s’étira.



Cassandra frémit, et pressa la tête de son mari contre elle, tandis que celui-ci passait d’un sein à l’autre pour sucer avidement les mamelons tendus et au goût savoureux. De sa main libre, il descendit lentement le long du ventre rond, puis se glissa entre les cuisses ouvertes. Doucement, il effleura le sexe, caressa les grandes lèvres, s’enfonça doucement dans le vagin accueillant.


Cassandra poussa un profond gémissement et ferma les yeux, savourant les baisers de Yan, sur son ventre, ses seins ronds, ses cuisses, et soudain, elle se cambra, poussa un cri lorsque celui-ci glissa sa langue le long du sexe humide. Elle ouvrit les jambes autant qu’elle le put, et Yan s’installa entre elles. Avec lenteur, il écarta les chairs humides et y déposa de tendres baisers, des coups de langue rapide.



Elle se donna totalement à son époux, les yeux clos, l’attirant le plus possible contre elle, passant ses doigts dans ses cheveux.



Yan remonta, et d’un coup d’un seul, s’enfonça dans le vagin trempé, aussi fort et puissamment qu’il put. Cassandra poussa un cri, s’accrochant au corps musclé de son époux.



Ils prirent un rythme doux, lent, au début, puis au fur et à mesure de la passion qui les consumait, accélérèrent de plus en plus, jusqu’à adopter un rythme éreintant. Yan se souleva sur les coudes pour ne pas écraser Cassandra sous lui, mais elle semblait s’en moquer, et le retint contre elle. Le souffle court, les muscles tétanisés, elle sentit son corps se cambrer tout d’un coup, comme secouée par la foudre, et elle cria violemment. L’homme sentit à son tour l’orgasme arriver, et il accéléra encore plus, jusqu’à sentir sa semence inonder le vagin de sa femme. Il ferma les yeux, enfouit sa tête dans l’épaule nue et cria son nom.



Plus tard, alors qu’ils prenaient leur petit-déjeuner dans le salon, encore en pyjama, on frappa à la porte. Cassandra ne leva pas les yeux de son bol et ce fut Yan qui se déplaça pour aller répondre.



Mais ce n’était pas le facteur.


C’était un fantôme.


Yan resta inerte, debout dans l’encadrement de la porte, à contempler sans pouvoir y croire le visage décharné qui se présentait à lui.





* * * * *




Anita Chow Yuan déjeunait comme tous les midis, seule à une table du réfectoire de l’école où elle enseignait. Elle faisait penser à un robot, les yeux rivés sur son assiette, maniant ses baguettes avec des gestes précis et répétitifs, insensible à ce qui se passait autour d’elle, concentrée sur son repas. Les élèves la regardaient faire avec curiosité, se demandant pourquoi elle ne mangeait pas avec ses collègues. Ils n’avaient aucune idée des images qui défilaient dans l’esprit de la femme, des images atroces, de ce jour-là, où sa famille avait été massacrée sous ses yeux, son mari tué sous ses yeux par des vampires, et Laurence et Kleyner, qui la prirent, elle et sa petite fille, et soudain, des flammes partout, un océan de flammes, sa fille qui hurlait, hurlait, hurlait…


Plusieurs enfants regardèrent l’homme, vêtu d’un jean et d’un t-shirt blanc, qui venait entrer dans le réfectoire scolaire. Anita lui tournait le dos, cinq rangées de tables plus loin. Il s’avança, les yeux fixés sur la tête de la femme, qui, plongée dans son repas, ne le vit pas venir. Il tira un revolver muni d’un silencieux, sous le regard ahuri des enfants. Une petite fille de dix ans se mit à pleurer.


L’homme, parvenu à Anita, pointa son arme sur elle et ce fut à ce moment qu’elle fit volte-face et lui planta ses baguettes dans l’œil droit. Il hurla, tira, mais le coup toucha la table, brisant une carafe d’eau. Il recula et trébucha sur le sac à dos d’un enfant, et se retrouva au sol. L’Asiatique plongea sur lui, la haine défigurant son visage. Elle ne chercha pas à l’interroger. Elle se mit à frapper violemment le visage de l’homme, le griffant avec ses ongles, envahie par un concert de cris d’enfants, de chaises renversées, de fuite. Mais elle s’en moquait.



Elle savait qu’elle aurait dû l’interroger, lui arracher des réponses : pourquoi maintenant ? Comment l’avaient-ils retrouvée ? Mais elle ne sut pas se contenir. Elle attrapa l’assiette de nouilles chaudes qu’elle mangeait, en prit une grosse poignée qu’elle fourra dans la bouche hurlante. Il hoqueta, tenta de se soustraire, mais il n’y parvint pas.

Littéralement assise sur lui, Anita lui fourra les nouilles brûlantes dans la bouche, le visage défait par un affreux rictus de haine et de souffrance.



L’homme parvint à recracher un peu de nouilles, ce qui mit Anita dans une rage folle et incontrôlable. Elle ramassa les féculents et les fourra de toutes ses forces dans le gosier de sa victime en gueulant :



Le pistolet était à sa portée. Elle tendit le bras, s’en empara et pointa le canon sur l’entrejambe de l’homme venu la tuer. Elle tira neuf fois, et fut éclaboussée de sang et de sperme.




* * * * *




Je m’étais écroulé dans le canapé de Yan. Celui-ci s’était assis en face de moi, apparemment convaincu que je n’étais qu’un fantôme. Quelque part, il avait raison. Je n’étais plus rien.



Il se prit le visage entre les mains et soupira. Sa femme, debout à côté de lui, me regardait avec crainte, comme si j’étais un fou psychopathe venu les massacrer.



Yan ne répondit pas.



Je pris le téléphone portable posé sur la table basse et recomposai le numéro d’Amel. Ligne hors service. Bon, je m’en doutais. Je le reposai sans déception.



Mais que voulais-je, au fait ? Juste aller voir Nouria au cimetière ? Ou bien retrouver ses assassins et la venger ? Tout s’embrouillait.



Ma gorge se serra d’un coup.



Je secouai la tête.



Je me frottai le visage, me sentant soudain seul, très seul et très fatigué. J’avais envie de dormir. La femme de Yan se leva soudain, mal à l’aise.



Il nous regarda successivement, moi et elle, ne sachant que penser.



Peu m’importait.



Il se leva et fit les cent pas dans son salon. Je regardai autour de moi, les meubles chics, la gigantesque télévision à écran plat… Il avait réussi. Il menait une belle vie. La vie que Nouria et moi aurions pu avoir.


Yan me fit face.



« Maman », songeai-je. « Maman, qu’est-ce qui t’est arrivé ? Qu’est-ce que tu es devenue ? »


Avec un peu de chance, j’allais le découvrir.