n° 13070 | Fiche technique | 28265 caractères | 28265 4787 Temps de lecture estimé : 20 mn |
20/12/08 |
Résumé: Je passe du temps avec celle que j'aime. La troisième simulation est pour le moins effrayante. | ||||
Critères: #sciencefiction #fantastique fh couleurs collègues travail amour préservati pénétratio | ||||
Auteur : TomaN7 Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : L'arbre des possibles Chapitre 03 | Fin provisoire |
Note de l’auteur : cet épisode fait partie de la série « l’arbre des possibles », veuillez lire les chapitres précédents avant celui-ci. L’expérimentation sur les plants de tomate est véridique (http ://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php ?langue=fr&id_article=9283), et j’espère que la suite de la vision ne restera que pure fiction.
Le Colonel a repoussé les deux simulations suivantes afin de me laisser le temps de récupérer. Cela tombe à pic, le lancement du premier satellite de la filière que j’ai mise au point est prévu pour bientôt. Le deadline imposé par l’ESA est à la fin du mois. Les demandes d’expertise des universitaires abondent. Bref, je ne manque pas de boulot. Le débriefing de la deuxième simulation a par ailleurs été fait lors de mon dernier jour de convalescence à l’hôpital, ainsi que la rédaction du rapport. Je n’ai donc pas trop perdu de temps de ce côté-là.
Mes journées deviennent de plus en plus chargées à mesure que la date fatidique approche. C’est à chaque fois avec plaisir que je retrouve Hanane sur MSN le soir venu. Nous restons plusieurs heures à discuter de tout et de rien, être virtuellement avec elle me détend. Le jeudi, je l’ai invitée à passer le samedi après-midi avec moi, en finissant par un dîner au restaurant. J’ai été vexé quand elle a hésité. J’ai finalement obtenu son accord en jouant sur les sentiments : pourquoi refuserait-elle alors qu’elle m’assure tous les soirs qu’elle m’aime ?
Le vendredi a été la journée la plus éreintante de la semaine, à cause de tout le stress accumulé. Le soir, alors que j’étais soulagé d’être enfin en week-end, un mail est venu m’achever :
Monsieur,
J’ai eu un retour de notre équipe chargée de l’interprétation de vos simulations. Il est apparu que la qualité de votre rapport est malheureusement insuffisante pour une exploitation efficace. Il est vrai que vous nous avez fourni plus d’éléments qu’à la première simulation, mais la manière dont vous nous les avez transmis ne nous permet pas l’analyse psychologique nécessaire pour en tirer les informations pertinentes. Par ailleurs, votre écrit semble manquer de relectures, de nombreuses fautes de syntaxe y subsistent.
Merci de revoir votre rapport et de me le renvoyer avant lundi, afin que nous puissions travailler dessus dès le début de la semaine prochaine. Je vous souhaite un bon week-end.
Cordialement,
Colonel Levasseur.
En fumant intérieurement, j’ai réussi à écrire une réponse plus ou moins cordiale :
Monsieur,
Je suis désolé de ne pas avoir le talent de mon prédécesseur. Je n’ai pas été engagé par la DGSE pour écrire des nouvelles littéraires ; si la réussite de nos expérimentations ne vous suffisait pas, nous serions malheureusement contraints de négocier mon licenciement. Je ne compte pas passer plus de temps sur mes rapports que sur celui-ci, par ailleurs je peux vous assurer que je l’ai rédigé le plus sérieusement possible. Il est vrai que mon expression écrite pourrait être meilleure, mais chacun son credo, je suis un scientifique avant tout. De plus, mes semaines sont chargées en ce moment, je ne peux pas consacrer du temps au projet en dehors des missions d’une journée prévues par notre contrat.
Je vous souhaite un bon week-end, je compte sur vous pour trouver un bon compromis au sujet de l’exploitation de mes visions.
Cordialement,
En rentrant chez moi, la perspective de passer du temps avec la femme que j’aime m’a vite fait oublier ce contretemps. Je me suis précipité sur mon PC pour notre conversation du soir. Elle n’était pas encore connectée mais je n’ai pas attendu bien longtemps avant qu’elle me rejoigne virtuellement. C’était reparti pour une nouvelle conversation passionnante et passionnée.
--ooOoo--
Samedi, 15 heures, la porte sonne enfin. C’est bien elle ! Hanane est trempée, je n’avais pas fait gaffe mais il s’est mis à pleuvoir à verse. Elle enlève son long manteau en me racontant son trajet tumultueux.
Elle me remercie en rougissant, je la trouve adorable avec cet air gêné.
J’apprécierais encore plus que sa robe me laisse apercevoir ses formes ! Rien de son corps n’est modelé par cette longue robe que je trouve, certes, d’une grande classe. J’aimerais plutôt une robe un peu plus courte, laissant ses genoux apparaître quand elle marche, une robe à manches courtes pour me laisser imaginer la douceur de ses bras, une robe d’un tissu plus fin, qui soutiendrait ses seins et les modèlerait. Là, je ne la trouverais pas élégante, mais sublime, extraordinaire !
Seul son visage est laissé visible par cette robe unie et son voile assorti, qui enveloppe impeccablement sa tête, sans un seul faux pli. Ce visage fin et gracieux m’incite à découvrir le reste de son corps que j’imagine caché pour mieux être découvert par la suite. C’est d’ailleurs devenu l’objectif de l’après-midi : enlever cette robe si bien conçue pour rendre belle et inaccessible la femme qui la porte. Juste pour voir ce qu’elle cache. Sans doute pas un corps nu… Je suis curieux de découvrir la lingerie en dessous de ce rempart de tissus. Rien que de m’imaginer Hanane en sous-vêtements me chauffe le bas-ventre.
Du calme mon coco…
C’est la première fois qu’elle me dit un mot doux comme elle vient de le faire, ses beaux yeux droits dans les miens. Un frisson se propage en moi, cela n’arrange pas du tout mon état d’excitation.
Elle s’avance doucement mais sans hésiter, se colle à moi. Je referme mes bras dans son dos. Le tissu épais de sa robe ne me laisse aucun indice sur le dos que j’imagine fragile, appelant sans cesse les massages. Hanane pose sa tête bien voilée sur mon épaule. Je me souviens de sa crispation la dernière fois que je l’ai serrée contre moi dans cette chambre d’hôpital. C’est donc bien le fait d’être dans un lieu public qui la stressait, ça me fait plaisir de la sentir aussi détendue dans mes bras.
Elle ne bouge pas lorsque je parcours son dos de mes mains. Je la tiens quelques instants par la taille. Ce qu’elle a l’air fine ! Je ne sens pas de graisse à travers le tissu. Mon sexe gonfle lorsque que je m’imagine son ventre plat et mat, son dos frêle, ses petites fesses fermes. Hanane se dégage doucement, elle sentait mes mains descendre encore.
Te faire l’amour pendant des heures…
Oh, il pleut, comme c’est dommage !
J’en dis que mon idée est bien mieux…
Le mien de plaisir a par contre davantage ressemblé à de la frustration. J’ai tout de même pu goûter à ses lèvres dans un trop chaste baiser. Mais rien de plus, elle déplaçait mes mains gentiment mais sans équivoque à chaque fois qu’elles descendaient sur ses fesses ou montaient sur ses seins. Enfin à chaque fois… Les regards sévères qu’elle me lançait à ces moments-là me dissuadaient de retenter encore d’autres caresses.
Moi qui voulais rester plusieurs heures contre elle pour découvrir son corps dans tous les sens du terme, je me suis découragé en à peine une heure, rien à faire ! Je lui ai proposé de lui apprendre un jeu de carte. Nous avons fini l’après-midi dans une bonne humeur qui m’a permis de faire baisser la tension dans mon jean. Le restaurant dans lequel nous avons ensuite dîné était succulent, et c’est avec une grande satisfaction que nous avons succombé aux plaisirs… gustatifs, c’est déjà ça ! Après l’avoir raccompagnée chez elle, je me suis senti très seul. Pas de doute : même si je ne peux pas la toucher, même si je ne peux rien voir de son corps, je l’aime de tout mon cœur !
--ooOoo--
Lundi soir, la réponse de Levasseur était dans ma boîte électronique :
Monsieur,
Je regrette que vous n’ayez pas accédé à ma demande, j’ai tout de même transmis votre réponse à notre équipe d’analyse, ils travailleront sur la version que vous m’avez fait parvenir.
Par ailleurs, j’ai peut-être une solution à notre problème. Il y a quelque mois, j’ai reçu un mail des ressources humaines. Une collaboratrice a fait part lors de son entretien annuel de son souhait de travailler sur des projets scientifiques. Cette personne a une certaine expérience des missions de renseignement, elle est chargée de seconder nos agents dans la rédaction de leurs rapports.
Je vous propose dorénavant de vous entretenir avec elle après chaque simulation, elle révisera votre compte-rendu et de vous posera les bonnes questions pour l’étoffer. Je rencontrerai cette personne pendant la semaine et espère qu’elle sera disponible dès votre prochaine simulation.
Je vous souhaite une bonne semaine et vous rappelle la date de votre prochaine mission :
Mouais… Il me propose mais je n’ai pas le choix… J’aime bien les tournures professionnelles…
Je rédige un mail en me disant ravi de cette alternative. Faux-cul pour faux-culs. J’oublie vite cela pour me consacrer à tout ce qui m’attend cette dernière semaine avant l’échéance fatidique.
--ooOoo--
La semaine suivante a été beaucoup moins chargée, le satellite a été livré à temps à Arianespace, maintenant c’est à eux de jouer. Je dois tout de même rester disponible pour répondre à leurs questions, mais une personne de chez eux a pris ma suite pour superviser les opérations relatives au lancement. Cela me permet de passer du temps avec Hanane. La veille de la nouvelle simulation, nous avons passé une très tendre, trop chaste, mais tout de même excellente soirée ensemble.
C’est avec en tête tous les bons moments en sa compagnie que je me suis rendu à la DGSE. Levasseur a commencé par me présenter Cécile, une belle blonde de mon âge. Je remarque tout de suite son opulente poitrine mise en valeur par le léger décolleté de sa veste et de son chemisier entrouvert. Ses belles jambes sont gainées de noir translucide, ses fesses rondes moulées par un petit tailleur de marque.
Les deux femmes se serrent cordialement la main.
Je m’installe sur le fauteuil médical habituel et commence à me détendre.
Encore cette teinte rougissante que j’adore sur son visage cerclé de tissus.
Sujets de simulation :
1) Analyse de la situation géopolitique actuelle.
2) Analyse du développement et industrialisation de la fusion nucléaire.
3) Analyse des effets sur l’organisme et le cerveau des ondes hyperfréquences.
Non mais ça va oui ? À peine arrivée elle nous donne déjà des ordres !
La perfusion toujours aussi euphorisante me fait vite oublier ce détail. À plus tard, terrible réalité !
Quelle découverte terrifiante ! Il est plus de 20 heures, mais je suis encore dans mon laboratoire de biologie. L’excitation de pouvoir enfin démontrer au monde que j’ai raison a pris le pas sur la fatigue de cette fin de journée. Depuis mon expérimentation sur les plants de tomate, je suis persuadé que les ondes hyperfréquences, dans lesquelles nous baignons tous pour avoir la joie de bidouiller un téléphone-mp3-gps-télévision-navigateur-internet-appareil-photo, avaient des conséquences à long terme sur le génome des mammifères. J’en ai la preuve par A+B !
Tout a commencé il y a quelques années, j’étais encore en thèse. J’avais choisi d’étudier les effets des radiations sur les organismes vivants. Une de mes expérimentations a fait pas mal de bruit, bien sûr mes tuteurs en ont eu le bénéfice… Mais peu importe, j’avais trouvé l’objectif de ma vie : démontrer au monde les dangers des téléphones portables et autres systèmes de communication sans fil.
Cette expérience était simple : j’ai exposé pendant une petite heure des plants de tomate à des radiations électromagnétiques, simplement en posant mon téléphone portable allumé près des plants. Je m’étais imposé de faire des prélèvements toutes les minutes pour analyser les différentes sécrétions des végétaux. J’ai halluciné lorsque j’ai constaté qu’au bout de cinq minutes, les plantes réagissaient comme si elles étaient blessées !
Mon tuteur a donc publié mes résultats dans différentes revues scientifiques. L’affaire n’a cependant pas fait autant de bruit que je l’espérais, le gouvernement a vite étouffé l’affaire. Bien, il me fallait donc une expérimentation qui ne laisserait aucun doute sur mes conclusions. J’étais tenté de faire l’expérience sur des cellules souches humaines, mais je n’ai pas eu l’accord du labo. Le responsable avait peur qu’une polémique éthique vienne encore plus réduire ses subventions. Je peux le comprendre, et puis je ne vais pas me couper l’herbe sous le pied.
Alors j’ai continué avec mes tomates. Cette fois j’ai irradié les plants dès la germination des graines. Résultats effrayants. Le plant témoin se portait comme un charme, donnant de belles tomates bien juteuses. Les autres irradiés par contre n’ont donné que des tiges tordues où des feuilles calcinées ont poussé péniblement, les bourgeons se sont asséchés sans donner aucun fruit…
Cela ne me suffisait pas, je voulais plus d’éléments pour ma publication choc.
J’ai donc élevé des souris dans une cage contenant mon téléphone allumé. La cinquième génération de souris vient de naître ce soir. Enfin des souris… Ce qui aurait du être des souris plutôt, car ça n’a vraiment plus rien avoir : la femelle a accouché de deux cadavres flétris et de trois bestioles démentes. Deux d’entre elles se sont tout de suite révélées très agressives, déchiquetant un de leur frère encore vivant mais né une patte en moins. Puis ces deux-là ont égorgé leur mère et se sont battues jusqu’à ce que mort s’ensuive.
À peine une semaine plus tard, ma publication était prête, je l’ai envoyée à la revue scientifique de mes rêves, j’étais sûre que mon article allait être accepté. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu la visite de plusieurs hommes. Après un passage à tabac, j’ai été contraint sous la menace d’accepter d’être soudoyé : dix millions d’euros dès maintenant, puis un million par an jusqu’à la fin de ma vie. Tout cela pour ne pas publier ma découverte et arrêter complètement mes recherches sur le sujet. Je n’ai jamais su qui étaient ces hommes, je me doutais qu’ils devaient appartenir à un consortium de téléphonie mobile. Et puis la vie de luxe qui m’a été offerte m’a vite fait oublier mes préoccupations d’étudiant.
Clic clac, changement d’époque, changement de lieu !
Je suis enfermé, je ne peux pas bouger. Que se passe-t-il ? Mais qu’est-ce que je fais dans cette boîte ! Non, en fait la situation est tout à fait normale pour une personne de mon âge. C’est déjà ainsi depuis pas mal d’années : toute personne de 20 ans doit séjourner cinq mois dans un sarcophage sur mesure. Sur mesure pour empêcher tous mouvements, toutes sensations en dehors de celles programmées pour l’apprentissage imposé. Sur mesure pour prélever régulièrement le sperme des hommes afin de féconder les femmes selon un algorithme permettant d’obtenir des nouveau-nés les plus parfaits possible.
Tiens, d’ailleurs, je suis une femme ou un homme ? Une femme : je sens un fœtus en moi, mon ventre est tendu par quatre mois de grossesse. Je sursaute, des décharges électriques viennent périodiquement pulser mes muscles. C’est la séance de sport de l’après-midi. Car telles sont mes journées depuis quatre mois : 12 heures endormies, 6 heures de bourrage de crâne… heu, non, « d’apprentissage accéléré » comme ils disent, deux fois 1 heure de sport et 4 heures où rien ne m’est imposé, où je peux me connecter librement à des réseaux de réalité virtuelle grâce à mes I-Glasses. Sans ce joujou de vision 3D, qui est maintenant un équipement standard des sarcophages, je serais vraiment dépressive !
Mais tout cela dans la plus stricte immobilité, dans l’atmosphère chaude du sarcophage irradiant mon ventre continuellement. Étrange que des radiations soient nécessaires pour corriger les dégâts causés par d’autres radiations ! Mais c’est le seul moyen trouvé pour préserver l’espèce humaine. Nos ancêtres ont vécu baignés dans des ondes électromagnétiques de toutes sortes, et ce qui devait arriver arriva : des femmes se sont mises à enfanter des monstres, d’autres sont devenues complètement stériles.
Les scientifiques ont alors mené des recherches intensives sur ces problèmes généralisés de fécondité humaine. Aucune polémique éthique à cette époque : seul comptait le résultat. Tout le monde se fichait que des femmes soient torturées pendant toutes leurs grossesses pourvu que celles-ci aboutissent à une naissance. Peu importait que des mères meurent pendant l’accouchement dans d’atroces souffrances tant qu’elles enfantaient des humains normaux.
Les méthodes de conception humaine ont tout de même évolué vers quelque chose de plus… humain, justement. L’immobilité de la femme pendant les cinq premiers mois de la grossesse était tout de même nécessaire, mais les « sarcophages de la vie » sont devenus plus high-tech, pour permettre à la personne immobilisée d’avoir une vie correcte, de ne pas être totalement isolée du monde. Et puis les scientifiques se sont aperçus qu’une immobilisation pendant autant de temps rendait le cerveau plus réceptif à l’apprentissage.
Une réforme a été écrite, l’éducation a été révolutionnée : on pouvait faire toutes ses années d’études supérieures en seulement 5 mois ! Le gouvernement a aussi imposé l’immobilisation des jeunes hommes. Et par la même occasion d’implanter à tous les « devoirs civiques de la république ». Un gros lavage de cerveau quoi.
Clic clac, changement de lieu !
Je cours, je fuis un danger de mort encore une fois aujourd’hui. Je me réfugie sous une carcasse de voiture carbonisée. Ouf, le monstre qui me poursuivait ne m’a pas vu. Heureusement que je suis un peu plus intelligent que la moyenne, sinon je n’aurais pas survécu bien longtemps à cet enfer avec un moignon à la place du bras gauche. J’ai 13 ans, mes parents sont morts depuis plus d’un an maintenant, massacrés par un cinglé. Ils ont eu la malchance de naître difformes, ils ont donc été parqués comme des bêtes. Dans un de ces camps où règne l’anarchie, où les plus violents font leurs lois de dégénérés mentaux, où les plus faibles doivent vivre cachés ou selon le bon vouloir d’un monstre plus fort qu’eux, où l’intelligence n’est plus une qualité, tout juste un moyen de survivre seul.
Mes parents n’étaient pas fous pourtant, juste pas tout à fait dans la norme. Mais c’était à cette époque où les membres du gouvernement ne savaient pas quoi faire de ces gens-là. À cette époque où ils n’ont pas eu le courage d’exterminer ceux qu’ils prenaient pour des rebuts d’humanité. À cette époque où ils ont pris la lâche décision de tous les enfermer dans des ghettos. Mais un de ces camps a organisé une milice et a attaqué Paris. Réponse immédiate du gouvernement : tous les miliciens ont été massacrés, d’épaisses enceintes ont été construites autour de chaque camp, gardées par des militaires armés jusqu’aux dents.
Les monstres humains de ces immenses enclos ont vite régressé à l’âge de pierre, dans la plus grande indifférence des gens normaux, trop préoccupés par leurs problèmes de fertilité.
--ooOoo--
Cette séance m’a épuisé, mais l’interview de Cécile a été encore plus éreintante. Hanane, elle et moi sommes allés déjeuner à la cafétéria de la boîte, puis Hanane est allée vaquer à ses occupations médicales pendant que Cécile et moi nous sommes attelés à la rédaction du rapport. Je lui ai d’abord narré ma vision. Les éléments choquants, mais tout de même si plausibles, de celle-ci ont déjà été pénibles à exprimer. Mais le pire était à venir : Cécile est en train de reprendre chaque point en me posant mille questions toutes plus gênantes les unes que les autres. Gênantes car elles m’obligent à fouiller dans mon esprit chargé par les horreurs de la simulation pour aller dénicher un petit détail technique.
Elle me sourit puis quitte mon bureau. Je m’enfonce dans mon fauteuil, les paupières fermées, étends mes jambes et essaye de me changer les idées. Je m’imagine Hanane nue sur mes genoux, ses longs cheveux d’un noir intense virevoltent au rythme de ses déhanchements. Son vagin humide chauffe et masse mon sexe tendu à l’extrême. Je suçote ses tétons érigés au bout de ses petites poires. Son visage est transformé par le plaisir que nous partageons.
Mon sexe est gonflé par ces pensées érotiques. Je le replace dans mon pantalon, les yeux toujours fermés.
Je sursaute, ouvre les yeux. Cécile me fait face. Je remarque tout de suite que sa lourde poitrine est plus basse que tout à l’heure, ses gros seins déforment son chemisier, cette vision n’arrange pas du tout mon érection.
Ce sont des sous-vêtements de dentelle noire : un petit string et un soutien-gorge à gros bonnets. Je remarque que le triangle de dentelle qui enveloppait sa moule est souillé de mouille, je ne peux m’empêcher de le renifler. Cécile fait glisser sensuellement la fermeture éclair de son tailleur. Mon sexe me fait mal tellement il est dur dans mon froc. Je ne pense plus que par ma bite, mon pantalon et mon caleçon se retrouvent vite fait sur la moquette.
Elle se dandine devant moi pour faire glisser son tailleur de ses hanches. Ses jambes sont gainées de bas noirs auto-fixés par de larges bandeaux de dentelles aux motifs compliqués. De ses lèvres intimes épilées dépasse l’anneau en plastique d’un préservatif féminin. Je n’en peux plus, je masse mon sexe gorgé de sang en matant ses formes généreuses.
Elle enjambe sa jupe maintenant au sol et s’approche de moi en déboutonnant son chemisier. Nos gémissements de plaisir sont simultanés lorsqu’elle s’empale sur mon pieu dressé. Ses gros seins me rendent fou, je les palpe, les aspire, les lèche. Elle a l’air d’apprécier, ou alors elle en rajoute pour que notre étreinte soit encore plus animale.
Je l’attrape par les hanches et m’enfonce profondément en elle. Je la pilonne puissamment pendant que sa main droite s’active sur son clitoris. La capote fait des bruits ignobles en glissant contre les parois trempées de son vagin. Nous sommes bestiaux, des mots jaillissent de nos bouches dans une coprolalie pulsionnelle. L’explosion finale est intense, elle crie son plaisir pendant que je déverse de grosses giclées dans le sac à foutre enfoncé dans son sexe.
C’est avec un immense dégoût que je me rhabille. Ce n’est pas Cécile qui me dégoûte, mais bien moi. Je ne suis pas du genre à mépriser les femmes avec qui j’ai des relations sexuelles, même si c’est exempt de tout sentiment. Après tout, elle m’a offert un moment très agréable. Je pense plutôt aux mots d’amour répétés par et pour Hanane, à ma conviction d’avoir trouvé la femme de ma vie.
Mais qu’est-ce que j’ai fait !
Ces mots, qui n’avaient pas forcément de pertinence après notre premier câlin, prennent maintenant tous leurs sens.
--ooOoo--
Je suis dans le bureau du colonel, notre débriefing s’est bien passé jusqu’à maintenant. Levasseur était ravi d’avoir entre les mains un « vrai » compte-rendu de mission et s’est félicité d’avoir obtenu la collaboration de Cécile. Il a également remarqué que j’ai de plus en plus de contrôle sur mes visions, pouvant changer de personnage au fil de la simulation. Il a tout de même regretté que celle-ci ait pris une tournure éloignée des applications militaires qu’il espérait entrevoir. Mais ce n’est pas de ma faute, m’a-t-il assuré, la programmation n’a pas été assez centrée sur des objectifs stratégiques.
Alors qu’il était en train de mettre fin à l’entretien, j’ai exprimé mon souhait de contacter les médias pour révéler au monde ce que j’ai vu. La réaction du colonel m’a surpris, je ne pensais pas que divulguer ce genre d’informations poserait problème.
Je suis rentré chez moi complètement écœuré. Écœuré de ne pas pouvoir révéler ce que j’ai vu. Écœuré d’avoir eu la faiblesse de coucher avec une autre femme que celle que j’aime.