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Temps de lecture estimé : 22 mn
11/04/09
Résumé:  Des portes s'ouvrent, le doute, la peur s'installent.
Critères:  f fh hplusag jeunes extracon inconnu nympho magasin fdomine revede lingerie fmast intermast nopéné humour -revebebe -occasion
Auteur : CannelleS            Envoi mini-message

Série : La vie de Steph

Chapitre 01
Découvertes

Avant toutes choses, je pense qu’il serait mieux que je me présente. Je m’appelle Stéphanie. Ben oui, je ne m’appelle pas Cannelle, hein. Ç’aurait vraiment été idiot de la part de mes parents de me donner un nom pareil. Je crois bien que je leur en aurais voulu. Si j’ai choisi ce pseudo-là, c’est à cause de Rachid, mon copain. Alors Rachid, quand il me fait, euh… quand il se sert de sa langue quoi, ben alors, il me dit toujours que j’ai ce goût-là, qu’il ne s’en lasse pas, que ça lui excite toutes les papilles gustatives… plein de choses dans le genre. Ça me remue mine de rien. Alors, disons que le pseudo, c’est un hommage à mon chéri en quelque sorte.


Enfin, donc, je m’appelle Stéphanie et j’ai 19 ans. Je suis coiffeuse dans un grand salon à Bruxelles, mais je vous dirai pas lequel, bande de coquins, j’ai pas envie que vous débarquiez tous devant le patron et mes collègues. Quoique Sandrine, ça la ferait bien marrer de vous voir tous arriver. C’est par elle que j’ai connu ce site.


Sandrine, moi je lui dis toujours que c’est une obsédée du cul. Non sans blague, réellement, ça la démange tout le temps. Quand elle coiffe un client qu’elle trouve pas mal, elle s’approche de moi et me glisse à l’oreille :



Et là, je sais qu’elle va l’allumer à mort ! Et si ça marche, et croyez-moi ça marche souvent – faut dire qu’à trente-huit ans, elle est encore drôlement bien foutue - ben elle s’arrange pour que le gars l’invite le soir. Dîner et tout le toutim ! Elle fait des vaches d’économie en nourriture Sandrine. Et le lendemain, si elle est dans le cirage jusqu’à 10 h, je sais que le gars a assuré un max. Elle me dit toujours :



Un jour, elle m’a dit aussi :



Sérieux, je vous jure. Ça m’a fait bizarre, je suis devenue rouge comme une tomate et j’ai rien trouvé à lui répondre. Tout à trac me dire un truc pareil ! Après, ça m’a trotté dans la tête toute la journée. Je ne savais pas si j’étais choquée ou flattée, ou excitée, ou honteuse, ou bien tout ça à la fois… J’ai rien dit à Rachid, j’ai pas osé, j’ai eu peur qu’il se moque de moi. Ou peut-être peur qu’il me dise qu’il voyait bien que j’en avais envie… Je sais pas.


Parfois, Sandrine m’invite à déjeuner chez elle. Sur une étagère dans le salon, il y a une collection de jouets d’adultes, oh là là ! De toutes les tailles, tous les genres, je vous dis pas ! Des trucs que je m’imaginais même pas qu’on puisse simplement avoir pensé à les créer, des objets dont la forme m’a réellement laissée perplexe. Des menottes aussi, des tenues en cuir… et des pornos ! Par dizaines ! C’est une vraie fan. Sérieux. Mais elle dit que ce sont les histoires écrites qui la branchent le plus. La littérature érotique. Avec des détails bien croustillants, comme elle dit. C’est à cause de ça qu’elle a découvert le site, puis qu’elle m’en a parlé.


Le soir même, on s’est connectés, Rachid et moi. Il a lu deux, trois histoires avec moi puis il est parti se coucher.



Je suis restée collée à l’écran jusqu’à la moitié de la nuit ! J’ai lu un nombre incalculable d’histoires. Je crois bien que j’étais comme envoûtée, je pouvais plus m’arrêter. Quand mes yeux ont crié « pitié », j’ai rejoint Rachid. Lui dormait à poings fermés, le pauvre chéri avait sombré à force de m’attendre. Mais j’étais dans un sale état ! Jamais j’aurais pu m’endormir ! Alors, je l’ai réveillé vite fait ! Quelques caresses bien placées, quelques jeux de langue et l’affaire était faite, je sais bien comment je dois m’y prendre avec lui.


On a fait ça comme des fous cette nuit-là ! Pendant que Rachid me faisait du bien dans toutes les positions, j’avais plein d’images qui se bousculaient dans ma tête. Toutes ces histoires stimulaient mon imagination, mon excitation. J’étais réceptive de partout ! Comme jamais ! Partout où Rachid posait ses mains, ou sa langue, ou autre chose, ça m’électrisait de manière démentielle ! Comme si on avait poussé à fond mes capteurs de sensibilité. Et j’en voulais toujours plus ! Et Rachid se démenait ! Et moi, je voyais des scènes d’orgies, de lesbiennes, de gang-bangs dans ma tête ! Des situations tellement hard, tellement pornographiques, tellement obscènes qu’en temps normal j’aurais pu avoir honte, mais là, je ne ressentais que de l’envie, de l’appétit, de la voracité !


Et puis Rachid a demandé grâce, il n’en pouvait plus. Il s’est retourné et pas deux secondes plus tard, il roupillait.


Chez moi, ça vibrait encore de tous côtés à l’intérieur. Sacré bon sang (comme aurait dit mon Papy) de trip ! J’étais déjà bien partie dix fois, mais je me sentais encore drôlement fébrile. Alors, j’ai continué le travail à la main. Ça faisait un bout de temps que je n’avais plus pratiqué, depuis Rachid. Mais c’est comme rouler à vélo, ça ne s’oublie pas, mes doigts ont vite retrouvé tous leurs petits endroits favoris. Là, je me suis sentie un peu honteuse. Surtout vis-à-vis de Rachid. Je sais pas, c’était un peu comme si je le trompais. C’est con comme raisonnement, mais ça m’a traversé l’esprit. Mais bon, je ne me suis pas arrêtée.


J’entamais un deuxième round en solitaire quand le radioréveil s’est enclenché. Ça m’a bien ramenée à la réalité, tiens !


Autant dire qu’au salon, j’avais une tête à effrayer un zombie, après ma nuit blanche endiablée. Tony, notre patron chéri – je rigole pas, c’est un amour avec nous – m’a demandé si j’allais bien, si je ne voulais pas rentrer me soigner, voir un docteur… Il m’a sciée pendant plus d’un quart d’heure puis il a fini par abandonner. J’ai eu plus de mal avec Sandrine. Je lui avais raconté que je n’avais pas trop dormi, une sorte d’indigestion, mais elle m’avait fouillée du regard. Elle ne m’avait pas crue. Elle ne m’a pas lâchée de la journée. Elle me jetait des œillades en travaillant et, entre chaque client, elle venait me relancer.



Une véritable sangsue ! Mais le pire, c’est qu’elle avait raison. C’est vrai que j’avais des soucis, des tracas, je sais pas exactement, mais ça bouillonnait en moi. Quelque chose s’était passé cette nuit-là, je devais avoir ouvert une petite porte dans ma tête, lâché en liberté tous des petits démons lubriques. Quand je n’imaginais pas un client glissant une main sous ma jupe, je me voyais à genoux entre les jambes d’un autre ! À plusieurs reprises, j’ai été forcée de constater que mes pointes de seins se dressaient comme des petits doigts, dures comme de la pierre ! Je suis convaincue que les clients l’ont remarqué, j’en ai vu plus d’un baisser les yeux, l’air gêné et d’autres qui me souriaient d’un air entendu pendant que je les coiffais.


Mais le comble, c’était quand je regardais Sandrine. À chaque fois qu’elle passait dans mon champ de vision, je l’imaginais la tête plantée entre mes jambes, ses mains sur mes seins et Rachid qui pendant ce temps la besognait par derrière ! Ça me revenait comme une chanson qui vous trotte dans la tête toute la journée. Et mon intimité qui manifestait son contentement ! Ça m’a détrempé la culotte.


Oh là là ! J’ai vécu un calvaire ce jour-là ! Je n’avais jamais été une bégueule comme dit mon tonton, c’est vrai, dans notre groupe de copines quand on était ados, j’ai été loin d’être la dernière à coucher et j’ai jamais fait de chichis au lit, Rachid peut en témoigner, mais ce que j’ai vécu ce jour-là, ça m’a toute tourneboulée ! J’en ai quitté le salon franchement paniquée. C’est sûr que la fatigue ne m’aidait pas à arranger les choses, à remettre de l’ordre dans ma tête, à rétablir le calme. Alors, je me suis dit qu’il fallait que je fasse une pause. Je suis rentrée chez moi, enfin chez maman.


La plupart du temps, je vis chez Rachid, dans son studio. On est presque comme un couple déjà. Même si on n’est pas mariés, pas fiancés, rien de tout ça. J’ai prétexté à Rachid que maman était souffrante, que je ne voulais pas la laisser toute seule. Tonton dit qu’on peut mentir parfois, quand c’est pour ne pas faire de la peine aux gens. Et moi, je souhaitais juste avoir la tête sereine, au calme. Et surtout, surtout, ce qui m’intéressait vraiment, c’était que chez maman, il n’y avait pas Internet ! Pas lieu d’alarmer Rachid, qu’il n’aille pas croire que je ne voulais plus le voir ou ceci ou cela. Alors un pieux mensonge… comme dit aussi Tonton…


Maman et moi, on a passé une semaine formidable. Elle était contente que je reste un peu près d’elle, je pense. Un soir, dix ans plus tôt, mon père était sorti promener le chien. Après plus d’une heure, il n’était toujours pas rentré. Maman a prévenu la police. Au milieu de la nuit, ils nous ont ramené le chien. Mais sans mon père à l’autre bout de la laisse. On n’a jamais su ce qu’il était devenu. Maman est convaincue qu’il est tombé dans le canal et que les poissons l’ont boulotté.


Vu que le canal est à plus de cinq kilomètres de la maison et vu comment mon père était fainéant, je suis nettement moins convaincue qu’elle. Jamais il ne se serait farci cinq kilomètres pour promener Gipsy. Je l’imagine plutôt en train de se dorer la pilule dans une tribu en Afrique, ou sur une île au soleil en train de vendre des chocolats glacés aux touristes. Enfin, toujours est-il que maman est en quelque sorte veuve depuis dix ans. Alors, quand je squatte chez Rachid, elle est toute seule maintenant. Elle ne s’est jamais remariée. Elle a un amant, elle ne s’en cache pas, mais comme elle dit : chacun chez soi ! Je ne l’ai jamais vu, il est marié…


Donc, ça nous a fait un bien fou de nous retrouver toutes les deux. Le soir, en sortant du salon, je passais récupérer maman à son boulot – elle travaille à la teinturerie deux rues plus loin, vingt ans de bons et loyaux services, les clients l’adorent, elle est connue comme un vieux sou dans le quartier – puis on se faisait les courses en rigolant comme des folles et quand on rentrait, maman me mitonnait tous les petits plats que j’adore. Puis on s’affalait dans un fauteuil, devant la télé à suivre toutes les séries. Elle est boulimique de ces feuilletons, maman. Moi, les soirs où il travaillait pas au resto, je passais deux heures pendue au téléphone avec mon Rachid, histoire qu’il croie pas que je l’oubliais et puis parce que ça me faisait chaud de l’entendre aussi.


À ce rythme, j’ai bien vite été remise sur les rails. Au bout de huit jours, plus l’ombre de la moindre pensée libidineuse ne me traversait l’esprit, l’incident était clos, toutes les pièces remises en place. Mais je mourais d’envie de retrouver mon chéri, de me pendre à son cou ! Ainsi qu’au reste…


C’était bien la première fois qu’on était séparés aussi longtemps, alors je me suis dit qu’il fallait que je marque le coup. D’autant que cette séparation, c’était bien à moi qu’on la devait. Moi et mes pensées pas trop nettes. Alors, comme je me sentais un peu coupable, et pour fêter ça dignement, je me suis décidée à acheter de la lingerie. Ça lui ferait plaisir à mon gros loulou, je le savais, ça l’excite les trucs jolis et sexys. Normal, c’est un homme. Et c’est là que tout a commencé à réellement se compliquer. Réellement. Vraiment se compliquer.


Faut pas s’imaginer qu’une coiffeuse employée comme moi gagne des brouettes d’euros. Loin de là. C’est pas des jérémiades, je ne me plains pas, je suis heureuse avec ce que j’ai, je ne suis pas une fille matérielle. C’est juste pour expliquer comment tout a pu déraper, partir en vrille, merdouiller au plus haut point.


Donc, je ne gagne pas des euros à la pelle, aussi, quand je m’achète de la lingerie, c’est pas dans un magasin luxueux, capitonné, dans une ambiance feutrée, assistée d’une vendeuse qui passe une heure à vous sortir les trois quarts de sa collection jusqu’à trouver le merveilleux string minimaliste qui vous va à ravir et qui, bien qu’il ne contienne pas plus de quatre ou cinq centimètres carrés de tissu, vous soulage au bas mot de cent euros. À croire que plus c’est petit, plus c’est cher ! Bon, si j’avais les moyens, je ne dis pas… mais bref, je ne sors pas de ce genre de boutique avec à la main un petit sac griffé en carton dur dont les anses sont faites de corde torsadée. Non, vu mes moyens, les rares fois où je me décide à me fendre de quelques pièces sexys, c’est dans la grande surface près de la maison, celle qui porte le nom d’un croisement de routes. En fouillant bien, j’y trouve des trucs craquants, qui me plaisent, et Rachid en a les yeux qui lui sortent des orbites en m’effeuillant. Tout le monde est content.


En sortant du salon, le samedi soir, j’ai mis direct le cap sur la grande surface histoire d’y faire mon choix avant de rentrer chez moi pour une bonne douche et d’ensuite filer au resto pour récupérer Rachid.


Je n’ai rien d’un top-modèle, je trouve même que j’ai un peu trop de rembourrage sur les hanches. Que je dise ça à Rachid ou à tonton, l’un comme l’autre me trouvent cinglée. Ils me répondent des trucs du genre :



Je suis réaliste, c’est tout. Mais je ne me plains pas pour ça non plus. Je suis aussi loin d’être un laideron, j’ai jamais fait tapisserie. Dans la rue, je vois tout de même des regards qui se posent sur moi, des mecs qui se retournent parfois et au salon, il s’en trouve toujours quelques-uns dans la journée qui au minimum me font un compliment quand ils ne me draguent pas ouvertement.


Enfin, donc, tout ça pour dire que j’ai un tout petit peu l’habitude qu’on me regarde. D’autant que je ne m’habille pas avec des sacs poubelles. Quand il fait beau, c’était le cas ce samedi, je porte des tops, des t-shirts, des blouses qui laissent toujours bien voir un coin de peau quelque part. Aussi, quand j’ai remarqué que ce type me reluquait dans les rayons de lingerie, je ne me suis pas formalisée. Je ne suis pas du genre à les fusiller du regard ou à leur demander s’ils veulent ma photo. Que du contraire, tant qu’ils restent corrects, je trouve même ça plutôt flatteur. Et s’ils me plaisent aussi, j’en fais un petit jeu. Je prends des poses, je passe la main dans mes cheveux, je les regarde du coin de l’œil…


Le type en question ne devait pas être loin de la quarantaine. Il portait des lunettes et un costume bon marché, un peu usé. Il m’a même semblé qu’il commençait à s’empâter aux entournures. Un type quelconque. C’était clair qu’il faisait tout pour rester discrètement dans mon entourage, mais je n’ai pas fait de remarque, rien manifesté. Je me suis contentée de choisir mes pièces et puis j’ai filé vers les cabines d’essayage. Quand je suis ressortie, il avait disparu.


À la caisse, j’ai payé ce petit ensemble string et soutien dont j’étais convaincue qu’il ferait le bonheur de Rachid et de par là même, le mien. Mais quand je suis passée entre les bornes antivol, tout le bazar s’est mis à faire un potin d’enfer, toutes lumières clignotantes ! Ça m’a tellement surprise que je suis restée plantée comme une potiche, string et soutien en main, l’air ahuri. C’est là que le type est réapparu. Mon admirateur du rayon lingerie. Dans un sourire professionnel, de circonstance, en me montrant son badge, il m’a lâché :



J’étais rouge de honte. Je sentais mes joues en feu. Sans doute j’aurais dû tempêter, faire un scandale, ou pour le moins demander ce qu’il se passait, s’il y avait un problème, mais je n’ai pas pu sortir un mot. Docile, je lui ai emboîté le pas, le nez dans mes baskets.


Par souci de discrétion, j’imagine, il m’a emmenée dans un petit bureau. Il a refermé la porte, m’a invitée à m’asseoir et a commencé son laïus. C’est à ce moment que j’ai compris. Il était loin de me reluquer dans le rayon. Ce salopard me surveillait ! Ben oui, quelle cruche je faisais !



Cet infâme enfoiré était en train de m’accuser de vol, purement et simplement. Ni plus ni moins ! Ce petit bonhomme, que je dépassais d’au bas mot cinq centimètres, me soupçonnait d’avoir piqué quelque chose ! J’en revenais pas. Passée ma gêne, j’ai senti la colère m’envahir. Alors, j’ai relevé la tête et j’ai planté mes yeux bien droits dans les siens. Sur un ton peu amical, je lui ai répondu :



À présent que je me tenais face à lui, je pouvais l’examiner plus en détail. Il avait les traits fatigués, le visage un peu long, les joues légèrement creusées. Ses cheveux se clairsemaient sur le sommet de son crâne. Réellement un homme banal. Et puis, j’avais vu juste, il affichait un sérieux début d’embonpoint.


Je me suis dit qu’il ne devait pas s’éclater tous les jours. Comme ça. Ça m’a traversé l’esprit. Tout juste si on pouvait déceler une étincelle de vie au fond de son regard, dans ses yeux bruns. Le tableau que je m’en suis fait en un éclair a fait retomber ma colère. Aussi sec. Je n’ai plus du tout eu envie de l’attraper à la gorge.



Et là, oui là, à ce moment précis, j’ai eu une vision. Enfin, une sorte de flash. Mais extraordinairement clair ! Pas une image floue qui s’évapore vite fait en ne laissant que le vague sentiment d’avoir aperçu des fantômes en coup de vent. Non, mon imagination m’envoyait une scène aux contours bien définis, tout à fait plausible, comme si je la vivais. Et, dans un premier temps, cette scène m’a glacée, pétrifiée sur place.


C’était tellement obscène… Moi j’étais nue, accroupie sur le bureau en métal, écartant les lèvres de mon sexe pendant que j’urinais. Les cheveux en bataille, mes mamelons tendus à craquer, je regardais d’un air de défi le flicaillon de service, nu lui aussi, assis dans son fauteuil en cuir, son engin à la main, les yeux rivés sur mon entrejambe.


D’une voix blanche, lointaine, je me suis entendue lui répondre :



Sans doute je devais trembler, ou être pâle comme un linge, parce qu’il a commencé à s’inquiéter.



Mais je suis revenue les pieds sur terre. Au prix d’un gros effort - j’en tremblais encore - j’ai pu à nouveau me concentrer sur la réalité.



Son sourcil gauche a bougé de manière quasi imperceptible. Mais ça ne m’a pas échappé. Il commençait à douter. Ses certitudes devaient en prendre un coup. Il a sûrement dû se dire que je n’étais peut-être pas la petite délinquante qu’il s’imaginait, tout compte fait.



Il a poussé un profond soupir en se frottant les tempes. Cet homme faisait vraiment un sale boulot et ça lui pesait. C’est en tout cas l’impression que ça m’a fait. Peut-être même que j’ai eu un peu pitié de lui, je sais pas.


Il avait vraiment l’air désolé quand il a ajouté :



Eh oui, je sais, j’aurais dû me sentir humiliée, offensée, arracher les yeux de ce petit enfoiré. Une semaine plus tôt, encore… Mais c’est à cet instant que j’ai totalement perdu le contrôle, à cet instant que, comme je le disais, tout est parti en vrille.


Je crois que c’est le mot « fouille ». J’ai ressenti dans le bas-ventre comme une aspiration. Ou plutôt une onde de chaleur. Mes seins se sont tendus à me faire mal et, le regard brûlant, j’ai dit :



J’ai empoigné le bas de mon t-shirt pour le passer par-dessus ma tête.

Ses yeux ont roulé comme des billes de loto derrière ses verres de lunettes et sa bouche s’est ouverte en une espèce de « ô » difforme. Pour plus de facilités, en vue de l’essayage, j’avais laissé mon soutien dans mon casier au salon, je lui offrais une vue trois étoiles au Michelin.


Je ne cherchais pas à me venger, ou à prouver quoi que ce soit, ou à prendre le dessus. Rien de tout ça. Je perdais tout simplement le contrôle de moi-même. Ça devait être une pulsion, la suite de ma vision, je n’en sais rien, mais je n’avais plus qu’une envie : que ce petit agent de sécurité plutôt pas beau, insignifiant, beaucoup plus vieux que moi me baise ! Je dis bien : qu’il me baise ! Je voulais que ce soit bestial, grossier, vulgaire.


Son regard passait de mes seins à mes yeux. La situation lui échappait, ça se lisait sur son visage. Le pauvre gars ne savait plus quoi faire, comment réagir. Quand j’ai commencé à déboutonner mon jeans, après avoir balancé mes baskets, il a pu enfin ouvrir la bouche :



Puis, quand j’ai sorti la seconde jambe de mon jeans, le gars a commencé à paniquer sérieusement. Pour un peu, il aurait crié.



Pour ce que j’en avais à faire ! Comme si j’y avais réfléchi, tiens. Mais lui, oui. C’était clair que si quelqu’un se pointait, le pauvre vieux aurait eu bien du mal à expliquer le fait qu’il se retrouvait avec une jeune cliente en culotte dans son bureau.


En un éclair, j’ai bondi ! Une seconde plus tôt, j’avais saisi son regard qui se posait sur la porte, mais elle était dans mon dos et il lui fallait faire le tour du bureau. Sa tentative était belle, mais j’ai plaqué mon dos contre la porte bien avant qu’il n’y parvienne.


Le souffle court, ma poitrine se soulevant à chaque respiration, je le fixais intensément, d’un air de défi. À tâtons, j’ai cherché la serrure dans mon dos, dans l’espoir d’y trouver une clé. Bingo ! Je l’ai tournée puis lancée dans l’autre coin de la pièce.


Lentement, très lentement, je me suis approchée de lui. Cette fois, il paraissait complètement désemparé. Il a reculé, un peu, jusqu’à ce qu’il touche le mur, acculé.


Il a appuyé ses mains contre le mur quand j’ai posé mon corps contre le sien. Mes lèvres à quelques millimètres de son oreille, j’ai soufflé :



Dans un murmure, comme essoufflé, il m’a répondu :



Pour lui dire ça, j’avais ramené mon visage face au sien, mes yeux plantés dans ses yeux, mes lèvres frôlant pratiquement les siennes. Lui n’en pouvait plus, je le sentais tendu comme un arc, tétanisé. Il a baissé les yeux, mais n’a pas détourné son visage.



Sa voix était devenue pratiquement inaudible.



Jamais il n’a pu me répondre. Pour la simple raison que j’ai collé ma bouche contre la sienne. Et j’ai cherché le passage de ses lèvres avec ma langue. Peut-être qu’à ce moment-là tout aurait pu s’arrêter, allez savoir, s’il avait résisté. Mais je n’ai pas eu à insister lourdement.


Je lui ai décollé une main du mur et l’ai placée sur mon sein. Là encore, il ne lui a pas fallu un quart de seconde avant de la mettre en action et de me malaxer. Contre mon bas-ventre, je sentais son attribut gonflé à bloc dans son pantalon et c’est là que j’ai glissé la mienne de main. À travers le tissu, j’ai commencé à le caresser, sans douceur, assez rapidement. Il était dur comme un roc ! Ça me rendait folle d’excitation ! Je lui ai descendu sa main de mon sein vers ma culotte, sa paume bien à plat sur mon pubis. Et de ses doigts, à travers le coton blanc, il s’est mis à m’administrer le même traitement.


C’était bestial, primaire, vulgaire ! De la bave nous coulait sur le menton pendant que nos langues s’emmêlaient, que nos bouches s’aspiraient. Ses doigts, qu’il poussait à l’intérieur de mon intimité autant que le tissu le lui permettait, m’électrisaient !


Jamais de ma vie, je n’avais été aussi excitée, je crois. Sans doute mon improbable partenaire non plus parce qu’il n’a pas fallu, au jugé, plus d’une dizaine de secondes pour que lui comme moi émettions des grognements sourds durant notre baiser. Dans ma main, j’ai senti les spasmes de son sexe. Dans ma tête, j’ai imaginé Rachid qui nous observait en se masturbant et je suis partie dans un orgasme qui m’a remué tout le corps, jusqu’au bout des orteils ! Puissant…


Je dois bien être restée plus d’une minute appuyée contre lui de tout mon poids, le temps de récupérer un peu, puis j’ai relevé la tête et je me suis reculée vers une chaise. Le pauvre gars restait inerte, une main sur les yeux. Sur le devant de son pantalon, j’ai vu se former une grosse tache.


Et l’envie m’a reprise… Plus rien, je ne gérais plus rien ! En enlevant ma culotte, je lui ai lancé :



Il a relevé la tête, interloqué à la fois par ma question et ma nudité.



Un instant, il a regardé la tache sur son pantalon et a paru hésiter. Mais ses yeux ont atterri sur mon corps et il a ramassé la clef dans le coin de la pièce puis a filé.


Une fois seule, j’ai pris conscience de ce qu’il était en train de se passer. Je me suis vue nue, les jambes écartées sur cette chaise, dans ce petit bureau défraîchi, dans l’attente de faire une grosse connerie. Les sous-vêtements que j’avais achetés traînaient sur le bureau. Ils ont ramené mes pensées vers Rachid.


Je me suis rhabillée à toute vitesse. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vérifié qu’il n’y avait pas d’agent de sécurité dans l’allée puis j’ai foncé vers la sortie. Je n’ai pas récupéré les sous-vêtements.


Je me suis jetée dans les bras de Sandrine dès qu’elle m’a ouvert la porte. Sur le coup, c’était le seul refuge auquel j’avais pensé. Je hoquetais, pleurais à chaudes larmes contre son épaule pendant qu’elle me caressait les cheveux pour me calmer.



Sandrine m’a fait un bon café fort et je lui ai déballé toute l’affaire. Ma nuit sur le site, ma journée d’enfer au salon, l’agent de sécurité, tout. Elle n’a pas eu l’air étonné. Avec un petit sourire en coin, elle m’a glissé :



Puis plus sérieuse, elle a ajouté :



En posant sa tasse, elle a continué :



Puis, Sandrine m’a tout doucement poussée vers la sortie. Un samedi soir, bien sûr, elle attendait de la visite. Quand on est arrivé tout près de la porte, elle a posé ses doigts sur ma nuque. Un geste amical. Oui, sans doute. Maternel, même. Mais ce n’était pas à faire. Pas conseillé dans l’état où j’étais. Je suis partie en trombe. Pas d’au revoir, rien. Deux rues plus loin, je me suis adossée à un mur pour reprendre mes esprits.


Cette nuit, je me suis blottie dans les bras de Rachid. On n’a pas fait l’amour. Je voulais juste qu’il me serre fort, très fort contre lui. Il n’a pas posé de questions.


La solution m’est venue en dormant. Aujourd’hui, dimanche, je suis venue chez tonton. Et je lui ai aussi raconté toute l’histoire, ainsi que mes intentions. Il trouve cela lâche et courageux à la fois. Mais il est d’accord avec Sandrine, il faut que d’une manière ou d’une autre, je parle à Rachid. Alors, il m’a prêté son portable.



Rachid, je t’aime. Pardonne-moi de ne pas t’affronter directement. Je n’en ai pas la force. Je prie tous les dieux auxquels je ne crois pas pour que tu ne m’abandonnes pas quand tu auras lu cette page que je laisserai ouverte sur ton PC. Je ne sais plus où j’en suis. J’ai peur. De moi, bien plus que de toi. Aide-moi, je t’en supplie.



Sandrine, je sais que toi aussi tu liras ce texte, je n’en doute pas un seul instant. Tu le trouveras sur le site, tu les lis tous. Excuse-moi pour le départ précipité d’hier soir. Tu sais à présent quelle en fut la raison.


Tout ce qui se passe en moi, je ne l’ai pas demandé. Je ne sais si la nature en est responsable, ou si c’est mon inconscient qui s’est mis à suivre des chemins tortueux. Dois-je leur tourner le dos ? Je ne suis pas certaine d’y parvenir. Ni même d’en avoir envie.