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Temps de lecture estimé : 16 mn
28/04/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  La suite de ma vie...
Critères:  ff plage hotel revede voir nudisme -coupfoudr
Auteur : CannelleS            Envoi mini-message

Série : La vie de Steph

Chapitre 02
Un weekend à la côte

Résumé de l’épisode précédent : Il y a quelque temps, j’ai découvert les textes de Revebebe… Mais ils ont eu sur moi un effet auquel je ne m’attendais pas, me poussant à agir sous l’effet d’une pulsion.




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Il en a coulé de l’eau sous les ponts. Tellement de choses se sont passées, tant de choses ont changé… Au début j’en ai bavé quand Rachid m’a quittée. Il n’avait pas supporté, c’était trop dur pour lui qu’il m’avait dit, sans colère. Il ne m’en voulait pas, il comprenait, mais il se sentait trahi… Je pense que j’aurais préféré que les foudres s’abattent sur moi, puis qu’on recolle les morceaux. J’avais pleuré, j’avais supplié, rien n’y avait fait… C’était moche, et peut-être mieux ainsi finalement, je n’en sais encore rien aujourd’hui.


Le soir de la rupture, j’avais débarqué chez Tonton. C’est dans ses bras que je m’étais effondrée cette fois. J’avais larmoyé toute une nuit, la tête sur ses genoux.


Pourquoi est-ce que ça collait tant entre Tonton et moi ? Ça devait faire à peine deux ans que je le connaissais. Mais dès le début, quelque chose s’était établi entre nous. On s’était comme reconnus, je crois. Dès qu’il avait emménagé chez ma tante Liliane, la sœur de maman. Au bout de six mois, elle le virait avec tous ses paquets, à renfort de grands cris dans le couloir de l’immeuble. Pour une sorte d’écart qu’elle n’avait pas admis. Tonton avait un peu caressé et embrassé la voisine — une dame charmante certes — sur la bouche. Ailleurs aussi à mon avis. Et cette greluche n’avait rien trouvé de mieux que d’aller s’en vanter auprès de Tatie. Bref, Tonton n’avait fait qu’un passage éclair dans la famille – un petit peu de bien à Tatie et puis s’en va – mais moi j’avais continué à lui rendre visite. Et à l’appeler Tonton.


Nous avions une raison de plus de nous sentir proches, nous nous étions tous deux fait larguer pour un écart. Donc j’avais larmoyé toute la nuit. Au matin, Tonton m’avait dit :



Je n’avais pas rechigné. Retourner chez maman me paraissait au-dessus de mes forces. Toute l’affaire l’aurait bouleversée, elle aurait été capable de verser plus de larmes que moi, tout le contraire de ce dont j’avais besoin.



oooOOOooo



Sandrine n’avait pas eu l’air plus étonnée que ça en me serrant dans ses bras. En plein milieu du salon.



Alors Tony s’en était mêlé. Sandrine lui avait résumé l’histoire, lui enjoignant d’être gentil avec moi, de me ménager. Puis il m’avait serrée dans ses bras. En plein milieu du salon.



Un moment, j’avais craint que Jérémy ne participe aux effusions. Mais il m’avait juste souri de loin. Il était plutôt cool, plutôt fin psychologue, notre apprenti, il s’était abstenu.


Dans les premiers temps, j’avais senti qu’ils étaient tous aux aguets ! Qu’ils me surveillaient du coin de l’œil, prêts à bondir au moindre signe d’abattement ! Puis les choses s’étaient tassées. Il y avait bien Sandrine qui tentait de me brancher avec des clients. Quand un mec mignon se pointait, elle passait la main, prétextait du rangement, du nettoyage, pour que je m’en occupe, puis me glissait, pendant que je le coiffais, un truc du genre :



Mais elle ne la ramenait plus quand je lui lançais un regard glacial.


Un soir pourtant, j’ai accepté. Il avait de jolis yeux, il me parlait avec douceur, avec humour, j’avais senti que ça me touchait. Alors j’ai accepté le cinéma, et le dîner. Puis il m’a ramenée chez Tonton. Mais l’image de Rachid m’est apparue quand il a voulu m’embrasser. Et j’ai fondu en larmes. Je l’ai repoussé :



Quand je suis passée comme une fusée, la mine défaite, vers la chambre, Tonton m’a lancé un Hello du salon. Mais je ne lui ai rien répondu. Je me suis écroulée, en pleurs, sur le lit. Deux mois plus tôt je me conduisais comme une trainée, cédant à mes pulsions, et aujourd’hui je ne pouvais même plus accepter un simple baiser ! Pourquoi fallait-il que ces pulsions aient causé ma perte et qu’aujourd’hui, alors que je n’avais strictement rien fait pour les repousser, elles se soient refoulées à tel point que le moindre attouchement me rebute ? La colère m’a gagnée. Comme s’il ne suffisait pas que mon cœur soit en miettes !


On a perdu un client ce soir-là, on ne l’a plus jamais revu.


Tonton prenait déjà son petit-déjeuner quand je suis entrée dans la cuisine après ma nuit tourmentée. Il a levé la tête et a laissé échapper un « Ouh là ! » franc. C’est dire la tête que je devais me payer.



Il s’est contenté de hausser un sourcil, l’air dubitatif. J’ai plongé le nez dans ma tasse. S’il y avait bien une chose dont je n’avais pas du tout envie, c’était de remuer à nouveau toute cette crasse. Je souhaitais juste que quelqu’un débranche ma machine à penser. À ce moment, si on m’avait proposé un lavage de cerveau, probable que j’aurais accepté.

Je savais Tonton drôlement finaud, tout en délicatesse, je savais qu’il ne se ferait pas pressant. Mais je sentais qu’il m’observait du coin de l’œil. Le silence devenait pesant. C’est lui qui l’a rompu.



On a décapoté le petit scarabée, Tonton s’est enfoncé une casquette sur la tête et il a démarré.

Il ne m’a pas fallu cent sept ans pour comprendre qu’on prenait la direction de la côte. La radio, le soleil et l’air m’ont redonné des couleurs. À l’arrivée, j’avais les joues rouges comme des pommes d’amour !


On s’est dégoté un petit hôtel avec vue sur la mer. J’aurais volontiers flanqué une gifle au réceptionniste quand il m’a regardée d’un air méprisant après que Tonton eut demandé une chambre avec deux lits. Je fulminais en entrant dans la chambre. Tonton était hilare ! Il se contrefoutait que le gars se fasse des idées.



oooOOOooo



On a tout de même été un peu surpris en arrivant sur la plage. Tonton encore bien plus que moi. Il a proposé qu’on lève le camp.



Mes sandales me cisaillaient les doigts de pieds et je n’avais aucune envie de parcourir un demi tour du Monde pour trouver un autre endroit, alors j’ai répondu :



Pour moi, la nudité avait un côté naturel. Souvent chez Tonton, je débarquais seins nus dans le salon, dans la cuisine, n’importe où. Quand je sortais de la douche, le matin avant de m’habiller, ou quand il faisait chaud. Comme chez maman, et chez Rachid par la suite. J’avais toujours été comme ça.

La première fois, Tonton avait eu l’air un peu éberlué. Sur le coup, j’avais pas saisi. Quand j’avais vu qu’il me regardait, perplexe en buvant son café, je lui avais souri, interrogative.



J’avais baissé la tête, comme pour vérifier – je l’ai dit, je ne réfléchissais pas à ces attitudes, c’était naturel – j’avais vu mes seins nus, et rougi comme une collégienne ! J’avais bredouillé :



Tonton s’était mis à rigoler doucement. C’est ce jour-là que j’ai appris quel était son métier, j’avais jamais songé à lui demander auparavant.



C’était tant mieux ! J’aurais jamais pu lui promettre que ce ne se serait plus produit… J’ai continué à faire comme chez moi…


Tonton grattait le sable avec son pied, ça devait un peu se chamailler dans sa tête. J’ai posé la petite glacière en attendant qu’il se décide. Je n’avais qu’une envie, lézarder au soleil, me détendre, en écoutant la mer. À poil ou pas, je m’en foutais. Des seins nus à la tenue d’Ève, il n’y avait somme toute que quelques tout petits centimètres carrés de tissu de différence. J’espérais juste qu’il n’allait pas prendre des plombes pour se décider.

Il a regardé partout autour et il a dit :



J’admets. Je reconnais. J’ai jeté un œil à ses attributs quand il a enlevé son maillot. Un coup d’œil furtif. C’était pure curiosité. J’ai été juste un peu étonnée qu’il s’épile avec autant de soin que moi, j’y ai pas aperçu un seul poil.


Abstraction faite de quelques excités qui sont passés deux, trois fois pour se rincer l’œil – la présence de Tonton les a dissuadés de s’attarder ou de m’approcher — c’était juste l’après-midi qu’il me fallait ! J’ai pu à l’aise m’étendre de crème, dorer ma peau, piquer quelques têtes dans la grande bleue. Où Tonton a bien tenté une fois de me suivre. Mais quand il a eu trempé un orteil, il a gémi et m’a lancé :



Et il s’en est retourné sur son drap.


C’est en le rejoignant cette fois-là, dégoulinante, que j’ai remarqué qu’il m’observait attentivement. Avec un sérieux que je ne lui connaissais pas encore.



Il a eu un petit sourire en coin.




oooOOOooo



Tonton n’en démordait pas :



Et moi, je faisais exprès de l’asticoter :



On finissait nos moules qu’on n’avait toujours pas réglé l’affaire. Le serveur rôdait, pas loin de notre table, le sourire aux lèvres. Tonton a fini par réclamer l’addition, et c’est là qu’il m’a demandé :



Malgré son sourire, je n’ai pas eu le sentiment qu’il plaisantait, alors j’ai acquiescé. Je crois bien qu’il en a été soulagé. Il a laissé un gros pourboire et on est sortis.




oooOOOooo



Quand Naïa nous a ouvert sa porte, j’ai senti mes bronches se rétrécir. J’ai cru voir un être mystique, l’apparition d’une déesse, quelque chose de cet ordre. Une aura, un magnétisme extraordinaire émanait d’elle. Son regard doux, mais intense, son sourire discret, sa chevelure noire, la chaleur de sa peau mate et brunâtre lorsqu’elle posa sa joue sur la mienne pour m’embrasser… tout en elle me remua. Tout en elle me subjugua. Un sentiment de bien-être, de sécurité, une envie d’abandon m’enveloppa… Voilà l’effet que faisait Naïa.


Dany, qui ne voulait plus que je l’appelle Tonton, m’a présentée comme une amie. Naïa nous a offert du thé, du thé indien, qu’on a bu assis sur des coussins, à même le sol. Ses gestes me paraissaient doux, aériens, délicats. Dany discutait, l’interrogeait sur sa carrière, feuilletait son book. Elle lui répondait d’une voix douce, inclinant la tête d’un côté, de l’autre, repoussant une mèche de cheveux… J’étais muette comme une carpe. Je devais probablement afficher un sourire niais.


Plus tard, Naïa me dirait qu’elle souffrait de ce que je considérais sur le moment comme un don du Ciel : que le hasard ait rassemblé en un seul être autant de grâce, de beauté, de charisme. Elle me dirait combien il pouvait parfois être lourd à porter qu’autant de gens se tournent vers elle, le regard implorant, le cœur plein d’espoir, en attente d’un geste, d’une attention… Mais ce serait plus tard. Pour l’heure, j’étais du lot des implorants, la bouche ouverte, le cœur dans le coton.



Dany me secouait doucement l’épaule. Et je suis redescendue d’une couche supérieure de la stratosphère. Il souriait, un flash à la main, je devais vraiment avoir l’air cruche.



Je me suis extirpée des coussins, les joues brûlantes, collégienne honteuse prise en défaut. Dany fixait un spot sur un pied. Je restais debout, l’air empoté.



Tu aides Naïa à s’habiller…


Quelques mots… simples… un frisson sous mon épiderme… je trouve un paravent… mes pas hésitants… je passe la tête… Naïa est là… bien sûr… qui d’autre ? Et son sourire bienveillant, son sourire doux, rassurant… elle est seins nus… passe les jambes dans une robe… se redresse… me sourit encore… glisse les bras dans les manches…


  • — Tu m’aides ?

Je ne bouge pas… je suis tétanisée… je ne peux pas…


  • — Tu veux bien remonter la fermeture éclair ?

Elle se tourne, je fixe son dos, mes jambes me trahissent, pèsent des tonnes, je ne peux pas les bouger…


  • — Steph ? Tu es sûre que tout va bien ?

Elle tourne la tête pour me dire ça. Enfin un pied se décolle… j’approche… je pose une main sur sa hanche… je sens la chaleur de sa peau sous le tissu… de la soie… je remonte la fermeture…


Elle pose une main sur mon épaule… m’embrasse la joue… me remercie… J’ai envie de m’enfuir… ou je vais tomber… m’écraser misérablement sur le sol… je ne sais pas… je ne sais plus rien…


Dany a fait deux cents photos avec la robe ! Enfin, je n’en ai aucune idée, je n’ai pas compté. Je me suis contentée de regarder. Naïa prenait des poses, jamais grotesques, jamais exagérées… mais sensuelles, gracieuses, espiègles… Dany l’encourageait, la complimentait, tournoyait, orientait un éclairage, s’agenouillait, se penchait par-dessus elle… Et moi, je vivais ça de loin, anesthésiée…


Par bonheur, j’ai pu me reprendre suffisamment pour ne pas passer pour une débile profonde tout le reste de la soirée. Bien sûr j’ai cligné des paupières plus que de raison en retouchant son maquillage. Bien sûr j’ai transpiré quand elle a passé ses doigts sous l’élastique de sa culotte. Bien sûr j’ai tremblé quand elle s’est caressée, j’ai blêmi quand elle a écarté ses lèvres, et j’ai frisé la syncope quand elle a crié son plaisir à l’objectif. Mais j’ai pu garder suffisamment de contenance pour donner le change !



oooOOOooo



Dany a dû briser le silence sur le chemin du retour :



Je n’ai pas aimé qu’il affiche à nouveau son petit sourire en coin.



On s’est tus un moment, en longeant la côte. Je regardais la mer au loin, les reflets de la lune scintillaient sur les vagues. Je sentais Dany m’observer du coin de l’œil dans mon dos.




oooOOOooo



L’air de la nuit coulait doux sur la terrasse, le garçon était souriant, la kriek fraîche à souhait. Malgré ça je restais mélancolique, rêveuse, ailleurs.



Faillait-il vraiment qu’il me pose cette question ?



Mon verre a fait un potin d’enfer en éclatant par terre, un sursaut malheureux. Toutes les têtes se sont tournées vers nous. Et Dany souriait toujours…




oooOOOooo



Sandrine ne portait qu’un peignoir en satin qui lui descendait juste sous les fesses lorsqu’elle m’a accueillie. J’en revenais pas qu’elle soit encore dans cette tenue en plein dimanche après-midi.



Un instant, j’ai eu le sentiment de déranger… mais elle m’a proposé un café en m’entrainant vers son divan et l’impression s’est dissipée.



Avaient-ils suivi un même cours, le même séminaire, Dany et elle pour parvenir à afficher ce petit sourire en coin qui avait le don de m’agacer au plus haut point ?


Je faisais de grands gestes en m’exprimant, réfutant cette absurdité que Dany avait proférée, cette supposition loufoque que je puisse être tombée raide dingue de Naïa, quand Tony est apparu, sortant de la chambre à coucher. Nu comme un ver. Je suis restée comme une idiote, la chique coupée, un bras en l’air, la bouche ouverte.


Tout sourire, comme si de rien n’était, il s’est avancé vers moi et m’a embrassée.



Puis, se tournant vers Sandrine :



J’ai regardé Sandrine, abasourdie, mais elle s’est levée, cap sur la cuisine. Quand Tony est repassé, toujours en tenue d’Adam, décontracté, il m’a fait un petit signe de la main et s’en est retourné dans la chambre à coucher.


Sandrine est revenue avec du café, nous a resservies et s’est rassise, comme si de rien n’était. J’ai vidé ma tasse d’un trait et j’ai déclaré :



J’avais déjà mon sac en main quand Sandrine a répondu :



Je ne voyais pas où elle voulait en venir. Je l’ai regardée, perplexe.



J’ai juste dit :



D’une toute petite voix, étranglée. Sandrine s’est approchée. Elle a posé une main sur ma joue.



Et mes larmes ont commencé à couler. À grands flots. Sandrine m’a prise dans ses bras, elle m’a serré contre elle, me caressant les cheveux. Je lui ai rendu son étreinte, comme je le faisais autrefois avec maman quand elle me consolait.


Sandrine me donnait de petits baisers, sur la joue, entrecoupés d’affectueux « ça va aller, ma chérie ». Je sentais la chaleur de sa peau sous le satin.


Et tout a basculé.


Pas à cause d’elle, oh, non ! À cause de moi. Moi qui ai approché ma bouche, doucement. Sa bouche que j’ai sentie se poser sur la mienne. Avec une infinie douceur. Elle y a posé de petits baisers. Puis tout s’est enchaîné.


J’ai tout reçu, tout accepté, tout apprécié. Sa peau, ses lèvres, ses baisers, ses caresses, sa langue, ses doigts… Tout. Je lui ai tout rendu, avec passion, avec fougue, du mieux que je pouvais. Moi qui n’avais aimé que des hommes.


Je me suis mordu les lèvres pour ne pas crier quand j’ai joui sur sa langue.





(à suivre)