n° 13378 | Fiche technique | 27027 caractères | 27027 4803 Temps de lecture estimé : 20 mn |
27/07/09 |
Résumé: Bienvenue dans le monde sulfureux de celui qui dicte mes phrases, suscite les désirs, les miens... Les vôtres ? | ||||
Critères: fh travail hdomine cérébral cunnilingu pénétratio fsodo délire humour | ||||
Auteur : Felin Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Mon Hypothalamus et moi Chapitre 01 | Épisode suivant |
Elle effeuille le dossier. Les pages défilent trop vite, je sais qu’elle ne lit rien. Elle fait une pause. Si ça se trouve, elle pense à sa liste de courses ou qu’il ne faut pas oublier de reprendre les affaires de danse de sa fille.
Ce que je pense, moi, elle n’y pense pas. C’est pourtant le fond du problème.
Elle se redresse.
Un doigt manucuré tapote la monture dorée de ses lunettes. Rigides. Anguleuses. Deux doigts plus loin, une alliance.
Ses mains se rejoignent sur le bureau, forment un mur en face de moi.
Elle referme le dossier. Le geste est agacé. Elle perd son temps, n’aime pas ça. Elle se décide à jeter un coup d’œil au fou qui est venu, apparemment sérieusement, lui demander l’impossible. Elle a les yeux gris, froids et liquides. Une fissure entre les sourcils, rigole du quotidien et de ses soucis.
Avant d’écourter l’entretien, elle pose la question, simple curiosité :
La fissure se creuse encore au centre des sourcils. Elle est en train de se convaincre que je suis vraiment fou. Il faudra qu’elle filtre ses rendez-vous. Elle hésite à poursuivre.
Elle commence à comprendre. Ses lèvres, qu’elle a pincées, se mettent en oblique, esquissent une fossette charmante.
Son rictus s’accentue.
Un sourire sans joie. Les yeux restent froids et gris. Liquides.
Le sourire s’estompe, doucement, comme le soleil se couche. L’ongle parfait, nacré, revient ajuster les lunettes.
Je ne la laisse même pas achever sa phrase. Elle ouvre la porte. Je m’y engouffre. Il faut que je me vide. Il faut que je le vide, qu’il me foute la paix. Et tant pis pour elle !
« Avant que vous vous tourniez pour gagner votre bureau, j’ai repéré – il a repéré – le bouton de trop, celui du chemisier, celui qu’on ferme avec sagesse le matin, mais qui, le diable sait comment, finit sa journée ouvert. Ouvert sur des coins de dentelle blanche et une peau parsemée de points de beauté. Puis, vous vous tournez. La fermeture éclair de votre jupe a un défaut, il faudrait la faire réparer. Elle n’est jamais complètement fermée. Ou bien vous l’avez mise à la hâte ce matin. Vos bas sont autoportants. Il l’a remarqué tout de suite, m’a chuchoté des choses à ce propos. Il et moi, ce n’est pas pareil, je veux que vous le compreniez. Il prend les initiatives, il donne les ordres et je suis attaché. De l’intérieur.
« Vous n’êtes pas encore à votre bureau qu’il l’a traîtreusement ouverte, votre fermeture éclair. Il l’a fait dans ma tête, c’est pour ça que vous n’avez rien senti. J’ai eu le temps d’apercevoir, entre les plis du chemisier, ce que vous portiez en dessous de la jupe et ce n’était pas gris. Il y a de la couleur en vous. Ça vous va bien. Pas seulement la couleur, non, le mélange, le mélange du gris et du pourpre. Ce qu’il m’a montré est pourpre. Ce n’est pas forcément ce que vous portez parce que je vous vois venir, vous allez me dire que rien de tout cela n’est réel, que c’est uniquement dans mon crâne, mais le pourpre, c’est lui qui l’a choisi. C’est la couleur cardinale, mais une couleur de honte aussi. Il veut que je vous imagine sainte et dans le péché.
« Il y a de la couleur sur vous. Je n’ai pu qu’apercevoir, comme un coup de pinceau dans la grisaille. Je pense que c’était un string. Un coin de peau sur le côté droit, sous la sangle. Il me reste en tête.
Elle s’enfonce dans son fauteuil en agitant les mains. Sa bouche fait une drôle de grimace.
« Là, à vos pieds, mes mains agrippées à vous, je vous implore de m’aider, de me débarrasser de lui parce que lui, ce qu’il veut, c’est vous à l’heure présente. Et il est très fort. Il coordonne mes mouvements. C’est à cause de sa maîtrise qu’au lieu de simplement vous meurtrir, mes doigts desserrent leur étreinte et caressent, tremblants, un rien frénétiques, extasiés. Ils s’étendent à même la peau de votre poignet, à même le tissu satiné de votre bas, juste sous la cuisse.
« Mes yeux se rapprochent. Vous ne le voyez pas parce que vous ne me regardez plus. Vous cherchez de l’aide dans le presse-papiers « maman chérie pour la vie ». Vous perdez du temps. Et le temps, c’est de la volonté qui s’effrite.
« Synchrones, mes mains s’aventurent la même seconde, l’une au creux de votre coude, l’autre haut sur la jambe, sur la peau, le pouce à l’intérieur insinuant des choses. Le tailleur se taille. Elles sont belles vos jambes. Elle est douce votre peau. Elle frémit. Je sens la chair de poule sur votre avant-bras, sous ma paume. C’est un encouragement involontaire.
« Elles sont belles vos jambes. Décroisez-les maintenant, décroisez-les. Vous n’êtes pas certaine que j’ai dit ça. La pression de mon pouce l’a dit peut-être. Ou vous l’avez pensé tout simplement. Une transmission de désir, d’hypothalamus à hypothalamus. Allez savoir !
« Votre culotte glisse entre mes mains vers vos chevilles, elle franchit avec votre aide l’impasse chic de vos escarpins. Qu’elles sont longues vos jambes ! Quel beau périple de les gravir du bout des doigts, de les modeler des deux paumes jusqu’à ce que tout se rejoigne : les cuisses, les doigts, les désirs. Au centre de vous pousse une rose fertile qui aujourd’hui veut mourir. Elle est là sous mes yeux. Je la vois, délicate. Je la bois, délicate et salée. J’ai soif si souvent et là, enfin, je bois, avidement, sans douceur, comme au sortir d’un désert. Je vous ouvre autant que je peux aux assauts de ma bouche, je cherche la source de cet écoulement, je mordille et suce le bouton paniqué qui se croyait à l’abri du bonheur, il y a cinq minutes encore. Il est tétanisé, le pauvre, on dirait qu’il a peur. Et je lape toujours car vous ne vous tarissez pas. Pourtant, la fureur du moment vous inspire autre chose.
« Finis les jeux de surface. Puisqu’un hypothalamus a décidé de vous prendre, qu’il le fasse et vite ! Qu’il vous emplisse de sa présence et qu’il ne la joue pas trop cérébral : vous la voulez longue, dure et en vous, surtout en vous. « Prenez-moi ! » grognent vos dents sous les yeux clos.
« Votre bouche hésite à le goûter, mais c’est votre bas-ventre qui crie. Ces veines qui pulsent dans la puissance, vous les voulez à l’intérieur de votre corps. Je le veux aussi. Il le veut aussi. Je vous soulève. Virilement, c’est cela ? Adieu le fauteuil ! J’ai besoin de hauteur. Ce sera donc le bureau. Je vous étale sur mon dossier. Pour ce que vous en avez lu ! Je relève vos jambes, je les tiens sous les genoux, fermement, et je m’avance, la queue droite, bien ajustée. Le gland se colle à la rose offerte et s’arrête. L’instant est rare et nous voulons qu’il dure, dans mon cerveau, nous voulons en immortaliser l’image. Mais pas vous. Vous, vous sentez l’invité qui refuse d’entrer et vous le désirez au point que son contact ténu est une torture. Qu’il se montre ! Qu’il entre, le salaud ! Qu’il emplisse les lieux de sa présence, qu’il les emplisse bien jusqu’au feu d’artifice ! Mais qu’il entre bon sang !
« Très bien, Docteur, vous le voulez ? Le voilà ! D’un coup, d’une poussée, le voilà maître du vagin, seigneur des profondeurs ! Un cri rauque vous échappe. Dieu qu’il est long et gros. Vous le vouliez long et gros ! Maintenant, il est là, plus taureau qu’humain, et il vous besogne sans pitié. « Pas de pitié, non ! » gémit votre gorge. « Baisez-moi sans pitié ! »
« Je n’en aurai pas, de la pitié. Je suis comme vous, régi par un tyran. Il m’ordonne d’y aller fort, il m’ordonne de vous pourfendre. À chaque coup, mes hanches bousculent vos fesses, votre corps entier ondule, le bureau tremble. Près de votre épaule droite, le presse-papiers « Maman chérie pour la vie » vacille dangereusement. Mes serres s’emparent de votre taille pour espérer une étreinte plus profonde encore. Vous gémissez la douleur que vous avez appelée. L’intrus vous bat de l’intérieur. Il vous cogne et chaque coup vous rapproche de la jouissance. Je la sens qui palpite dans vos muscles, impatiente, je l’entends qui tressaute dans votre bouche, saccade dans vos gestes. Soudain éclate. Tout s’immobilise. La rose se pétrifie autour de son violeur. Vous jouissez. Vous jouissez comme il y a longtemps, comme quand vous pensiez qu’on ne pouvait pas jouir aussi fort. Le presse-papiers n’y survit pas, il tombe de la table. Vous ne l’entendez pas. Peu à peu, le souffle vous revient, le cœur se calme qui a frôlé la mort.
« Croyez-moi, je le voudrais… Mais il n’en a pas fini avec nous, il n’en a jamais assez. Vous croyez que vous allez pouvoir reprendre vos esprits, vous désentraver et remettre de l’ordre sur le bureau et entre vos jambes, mais non. Désolé. Ce n’est pas terminé. Vos yeux n’ont pas encore trouvé le courage de se rouvrir que soudain, les mains vous soulèvent à nouveau. Virilement, souvenez-vous. Le pieu sort de vous, ranime des frissons au passage. Je vous retourne sur la table comme une poupée que vous êtes presque. Votre poitrine s’écrase sur les feuilles en désordre. Une mèche de cheveux s’est évadée du sérieux assemblage du matin, elle dissimule vos traits. Je vous entends murmurer quelque chose. Une protestation sans doute, incompréhensible de toute manière. Mes mains ne vous lâchent que pour achever de retrousser votre jupe à hauteur de reins, pour épouser ensuite la douceur de vos fesses, en apprécier le galbe, les sculpter enfin dans l’indécence. Vous ne les aimez pas, vos fesses. Trop basses, trop tendres, avec ces terrifiantes traces de cellulite au-dessus des cuisses qui ne disparaissent jamais complètement. Je dis, moi, que je les aime. Je le dis tout haut et c’est moi qui le dis. Lui, il bave des trucs crades dans mon cerveau et j’essaye de lui échapper. Vous avez droit à des mots gentils quand même, non ? Je ne suis pas forcé d’être sa bête en permanence. Si ?… J’ai bien peur que si.
« Ce qu’elles font mes mains, ce qu’elles font vraiment, c’est assouplir votre cul. C’est le rendre accessible. À chacun de ces amples mouvements – vous en rendez-vous compte ? – votre anus se montre et se détend comme une nouvelle fleur. Mes doigts s’en approchent, imperceptiblement. Dans leur sarabande complexe, ils puisent au passage le miel qui coule encore de votre nid, le répandent ce miel, l’étendent à l’entrée du trou. Vous savez maintenant ce qu’ils entreprennent et vous ne luttez pas. Votre corps est torpeur. Vos yeux, vos bras inertes, dans la négation.
« Ce qui arrive n’arrive qu’à votre ventre et n’arrive qu’en rêve. C’est le schéma d’un hypothalamus malade. Vous n’êtes pas responsable. Tant pis si c’est mal, tant pis si c’est bon ! Mes phalanges mouillées sont si proches à présent qu’elles sont plus dedans que dehors. Vous gémissez doucement. Le désir revient, l’envie du monstre à l’intérieur de vous. Vous n’êtes plus vierge, plus depuis longtemps, mais ça fait longtemps… que vous n’en avez plus eu envie. Plus sauvagement comme ça. Votre acceptation, je la sens dans mes doigts que vous laisser entrer à plusieurs, vous seriez bien incapable de dire combien. Ce qui vous importe, c’est qu’ils lui laissent la place sans trop tarder parce qu’à nouveau, c’est elle que vous voulez toute entière : la queue raide au gland d’ivoire poli, aux veines gonflées et pulsantes.
« La prière est muette, mais avons-nous vraiment articulé quoi que ce soit depuis le début des ébats ? Il entend vos souhaits, les a sollicités. Son pied à lui, c’est de les susciter, de les mettre en vous, crus et irrépressibles. Il domine vos sens autant que les miens et ça le transcende. À l’instant, c’est lui qui va nous emboîter l’un dans l’autre, moi dans vous, l’ogre-sexe écartant les parois inaccoutumées et glissant sans heurts jusqu’au tréfonds de vos boyaux, plus loin que quiconque auparavant. Il vous dépucelle une seconde fois, il veut que rien de ce qui l’a précédé ne soit comparable à lui.
« Et c’est un fait ! Cette chose immense qui prend possession de votre cul vient d’un tiroir secret de votre cerveau que vous n’ouvriez jamais, dont même vous aviez jeté la clé à cause de votre mari ou à cause de votre peur. Et la voilà à l’intérieur de vous, cette chose vivante et grosse, et le diable sait comment, elle ne vous fait même pas mal. Elle vous tend, vous distend, absorbe vos réserves, sème la pagaille dans la vie déjà écrite sous la liste de courses. Elle va vous faire jouir, la salope ! Cochonnerie ! Vous allez sombrer dans un second orgasme et bordel ! Tous les cadrans sont au rouge dans votre salle des machines, il y a de la vapeur partout, ça bouillonne. Ça va être pire, enfin meilleur encore que tantôt. Tout ça alors qu’un inconnu fêlé vous encule en prétendant - faut-il être lâche ? - que c’est son hypothalamus le responsable.
« Merde, Dieu que c’est bon ! Ça devrait faire mal. Comment fait-il ? Vous soufflez à grands coups, vos ongles se sont plantés dans le chêne du bureau, le vernis saute et s’écaille, celui du meuble, celui des ongles, celui de votre âme. Ça vient.
« Pour moi aussi ? Il va me libérer. Il attend une minute encore que les palpitations de votre chair lui annoncent qu’il a gagné. Elles viennent, ces secousses, impressionnantes, autoriser mon membre fou à tirer ses salves puissantes en vous. Vous les sentez, l’une après l’autre, chacune prodiguant une vague nouvelle et plus grande. On dit que c’est la septième, la septième vague la plus haute, comme le ciel. Je tire sept fois donc. C’est plus qu’il n’en fallait pour vous abattre. Je plaiderai la folie… Il sera l’avocat… Un temps d’inconscience passe. Indéfini. Puis, je reviens. Je suis hors de vous et vous êtes toujours affalée sur le bureau, inerte. Ma sève coule de vous, côté pile, et se mêle à la vôtre, côté face. Par terre, le presse-papiers ne s’est pas brisé dans sa chute. Et voilà ! C’est là que j’en étais dans mes pensées quand vous m’avez demandé comment je vous voyais. C’est comme ça que je vous voyais. Voilà. Je pouvais pas commencer par la fin.
Madame la neurochirurgienne est enfoncée dans son fauteuil. Ses jambes sont toujours croisées, dans l’autre sens que tantôt. La pirouette m’a échappé. Je ne l’ai pas quittée des yeux pourtant, mais c’est le film que je revoyais. Je transpire un peu et j’ai moi-même les jambes croisées, pour une raison logique.
Elle me toise. Il y a de la colère derrière ses lunettes. Elle ne reprend pas la parole de suite. Elle ouvre un tiroir d’abord, en tire lentement un mouchoir de poche et éternue dedans, discrètement, avant de se moucher consciencieusement et de soulager ses muqueuses enflammées.
Le mouchoir meurt dans la corbeille. Elle me regarde à nouveau, capture un stylo-bille sur le bureau rangé.
Je baisse la tête, un rien penaud, à mille lieues de mon effronterie. Elle décroise les jambes, rapproche son fauteuil de la table, appuie un coude sur mon dossier fermé.
Je jette la boîte à demi pleine de mes derniers cachets en date à côté du cadeau de fête des mères. Elle reconnaît le nom, relève des yeux méfiants.
Elle élude la question.
Elle se lève. J’accroche la dentelle de son soutien-gorge du bout des yeux. Elle saisit le regard en plein vol, reboutonne aussitôt le chemisier dans sa rigueur du matin. Je me lève à mon tour, les épaules voûtées. Je bande toujours, c’est horrible.
Elle esquisse un geste, hésite et pour cause ! Enfin, elle tend la main au-dessus du bureau protecteur.
Je ne serre pas la main tendue. Une part non négligeable de mon esprit « voit » encore mon pénis dedans… Non, je ne peux pas, vraiment. Je répète une dernière fois avec la plus grande conviction :
Et je fonce vers la sortie. Frustré. C’est pas bien grave : je suis toujours frustré. Abominablement frustré. J’ai déjà saisi la poignée de la porte quand elle m’interpelle :
Je me retourne vers elle. Rien n’a changé dans son attitude flegmatique. Pas un cheveu qui dépasse. Les mêmes yeux gris qu’avant l’amour, avant le film plutôt.
Retour à la poignée de porte.
Je sors.
À tous les coups, c’est lui qui lui a fait dire ça, juste pour me rendre un peu plus barge. Il est très fort !