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Temps de lecture estimé : 28 mn
10/08/09
Résumé:  Je ne sais plus où j'en suis. Blessée, je décide de prendre un nouveau départ...
Critères:  fh hplusag jeunes amour jalousie pénétratio mélo -amourpass
Auteur : Oxalis      Envoi mini-message

Série : Un duel pimenté

Chapitre 03 / 03
L'aveu

Résumé de l’épisode précédent : Le pouvoir d’attraction qu’Adam a sur Elyne, depuis le lycée, semble cette fois agir comme un filtre envoûtant que rien ne peut plus contrecarrer… éperdue d’amour, Elyne succombe au charme d’Adam. Mais elle regrette vite son geste, échaudée par l’éloignement qu’il semble déterminé à dresser entre eux…




Je suis revenue en ville avant la rentrée, toute bronzée, des étoiles pleins la tête. Le désir de vivre, le droit de vivre, comme tout le monde.


Retrouver mon studio, là où moi et Adam avons vécu des moments inoubliables, me fait un coup au cœur. Je pose mes bagages sur le sol, pousse un soupir, regarde autour de moi d’un air découragé. Ces deux mois en Espagne m’ont heureusement remis les idées en place. Après avoir englouti un bon tas de tapas arrosé de vin portugais et de margarita maison tous les soirs, en compagnie de quelques amis à l’humour débridé, je ne suis même plus sûre d’être amoureuse de qui que se soit. Et enfin, je suis parvenue à écrire plusieurs chapitres d’un nouveau récit, et ça, j’en suis vraiment fière.

Je n’ai pas débarqué depuis un quart d’heure qu’on frappe à ma porte. J’hésite, puis vais ouvrir, le cœur léger. Mon voisin vient sans doute demander de mes nouvelles. J’ouvre la porte, un air poli plaqué sur le visage… puis je lâche brutalement la poignée, le souffle coupé.


Adam m’écarte pour entrer d’autorité dans la pièce, me regarde un instant, l’air nerveux et agacé, fourrage dans ses cheveux, puis se met à faire les cent pas. Les genoux flageolants, je demeure là, sur le seuil, muette et stupéfaite, incapable de trouver quelque chose de cohérent à dire. Le revoir est vraiment une épreuve pour moi, mais je me promets de ne pas flancher.



contente de me voir ?


Une vague de colère, aussi puissante, irrépressible, que soudaine, monte alors en moi et me dévaste comme un ouragan. Tremblante, je croise les bras sur ma poitrine, rouge d’indignation.



Il se fige au milieu de la pièce et me fixe droit dans les yeux, l’air… furieux lui aussi. Ses yeux bleus jettent des éclairs de rage. Rien que pour ça, j’essaie de tempérer ma colère.



Je hausse les épaules.



Il me regarde avec tellement d’intensité que j’ai l’impression qu’il va se précipiter sur moi et m’étrangler.

Au lieu de ça, il baisse les yeux durant de longues secondes, puis se frotte la nuque d’un geste énervé, fermant à demi les yeux.



Je m’efforce de compter jusqu’à cinq, puis lève les yeux et l’observe avec une fausse indifférence.



J’ai soudain peur qu’il remarque à quel point je tremble. Il se redresse soudain et explose :



Je le regarde, interloquée, battant des cils. L’injustice de la situation pourrait me faire hurler si je n’avais pas décidé depuis longtemps de l’oublier. Debout au milieu du salon, les poings serrés, tellement beau dans son jean noir et son polo vert, il me foudroie du regard, ses yeux bleus brillant de reproche, et puis de quelque chose d’autre, aussi. Peut-être de la fierté bafouée.



Il paraît stupéfait, me fixant d’un air choqué pendant plusieurs secondes, immobile.



J’ai un moment de doute. Et s’il a dit la vérité ? Si seulement j’ai pu lui manquer comme lui m’a manqué ! Si seulement je pouvais le croire !


J’ouvre la bouche, j’ai envie de crier, mais rien ne sort. Je me détourne, bouleversée. Je ne sais plus où j’en suis.

Au bout de quelques minutes, je me rends compte que je suis seule.


Regardant frénétiquement autour de moi, à travers mes larmes, je dois me rendre à l’évidence.

Adam est parti, silencieusement, emportant mon cœur avec lui. La porte est encore ouverte sur un couloir vide, désespérément vide, silencieux.

A-t-il été sincère ? Comme j’aimerais le croire, mon Dieu ! Déchirée, je m’effondre sur le sol, le souffle court. J’ai cru qu’il s’était servi de moi, me suis-je trompée ? Mais alors, pourquoi ce silence, toutes ces semaines, ces si longues semaines ?

Mes belles certitudes volent en éclats.


Je me précipite dans le couloir, aveuglée par les larmes, dévale comme une dingue les escaliers, déboule dans le hall, ouvre la porte à la volée, regarde autour de moi, fébrilement, et vois passer Adam dans sa voiture, fonçant comme un cinglé sur la route.

Trop tard.

Vide de tous sentiments, je regarde la voiture jusqu’à ce qu’elle disparaisse au carrefour. L’incertitude me ronge comme la peste. Enfin, je prends ma décision.


Ai-je encore une chance au bonheur ?





Il n’y a personne dans la rue des Pommiers. Je trouve enfin le numéro de son appartement et sonne à l’interphone. Rien. J’appuie encore plusieurs fois, secoue la porte, fermée à clé. Il n’est pas là. La mort dans l’âme, je ne fais pas un mouvement, me mordant les lèvres.

J’observe pensivement la porte en bois, haute et close ; ma raison me conseille d’oublier Adam, mais mon cœur… m’ordonne de l’attendre.

Je me balance d’un pied sur l’autre quelques minutes, me rongeant les ongles, puis enfin je m’assieds sur la plus haute des marches qui conduisent à la porte, dos contre le mur, et attends.



Une heure après, le soleil commence à descendre sérieusement à l’horizon. Les yeux fixés sur les nuages qui coulent dans un ciel orange, entre deux immeubles, je me mords la lèvre.

Comment ai-je pu croire que je n’aimais plus Adam ? Que je sois là, à l’attendre comme une cruche, prouve bien la fureur de l’attachement que je ressens pour lui.

Ce n’est qu’à la nuit tombée que j’entends soudain des pas derrière moi. Je me retourne, le cœur au bord des lèvres, scrute l’obscurité grandissante de la rue. Je me sens frissonner dans ma petite robe d’été.

Une silhouette s’approche. La démarche m’est si familière que je la reconnais instantanément. J’attends, tremblante. Il lève soudain la tête, me voit, ne semble pas me reconnaître car il freine ses mouvements, semblant hésitant. Je fais alors quelques pas en avant et prononce son nom tout bas ; il me reconnaît enfin, me regarde avec une fixité troublante, ses yeux brillants dans le noir de la nuit. Et c’est le moment que choisissent les lampadaires pour s’allumer enfin.

Adam s’approche lentement, sortant des clés de sa poche, sans me regarder, puis ouvre la porte, se tourne vers moi.



Je baisse légèrement les yeux, me sentant rougir. J’avoue, doucement :



Il reste immobile quelques secondes, comme s’il regardait ses clés, puis lève enfin la tête et me scrute avec insistance.



Il hoche la tête d’un air moqueur, l’air de ne pas y croire du tout, puis il me glisse un regard impassible, un bizarre petit sourire au coin des lèvres. Amer, je pense.



Je bats nerveusement des paupières, troublée et inquiète. Il me dévisage fixement, un long moment, sans rien dire, et je reste muette moi aussi. Je n’arrive pas à déchiffrer son expression, mais je le sens tendu, aux aguets. Dur.

Ça ne va pas être facile ! Il secoue alors la tête, doucement, et finalement entre. Hésitante, je ne bouge pas. Il se retourne soudain.



Rassurée, je le suis et ferme la porte derrière moi. C’est une petite cour pavée. Nous la traversons et il me fait entrer dans son immeuble. Arrivés dans son appartement, je me demande soudain ce que je vais bien pouvoir lui dire. Tout en fermant la porte, Adam ne me quitte pas des yeux.

J’évite son regard, et jette un œil autour de moi pour prendre une contenance. Nous nous trouvons dans un couloir sombre tendu de rouge. Une grande porte vitrée est ouverte sur ce qui semble être le salon.



Il hausse les épaules et entre dans le salon, allume les lumières. Je le suis, gauche et incertaine. Il y a une immense bibliothèque qui court sur trois murs, rien que ça. Ça sent le vieux. D’antiques lampes à abat-jour diffusent une lueur douce, il y a deux fauteuils de bois vernis tapissés de velours verts. Tout ça semble si austère ! Est-ce qu’Adam est comme ça ? Austère ?

Il se laisse tomber dans un fauteuil, m’observant d’un air glacial.

Je ne sais pas comment réagir. Cet homme peut être chaud comme la braise, et la seconde d’après glacé comme un iceberg. Il me déconcerte. Est-ce réellement cet homme que j’ai serré dans mes bras, avec qui j’ai partagé une intimité qui jusqu’alors m’était seulement propre ?


Jamais je ne me suis sentie aussi loin de lui. Mise à l’écart. Il n’a encore rien dit, mais tout ici respire le fossé qui nous sépare. Une pauvre étudiante nullissime et un brillant professeur. Une jeune femme inexpérimentée amourachée de son aîné de vingt ans.

Nous habitons deux mondes différents. Vraiment.

J’éprouve soudain des doutes irrépressibles, me demandant pour la première fois si j’ai bien fait de pénétrer dans son antre.

Un frisson me parcourt le dos.



Pas un muscle de son visage ne bouge.



Je déglutis. Rien. Adam penche un peu la tête, railleur, attendant la suite. Mais il n’y aura pas de suite. Je ne peux pas rester ici avec un homme qui se moque de mes sentiments, de ce que j’ai à dire.



Je lui tourne brusquement le dos et vais sortir lorsque je sens la main d’Adam sur mon bras. Je sursaute, ne l’ayant pas entendu venir. Ses doigts me retiennent doucement, et je me tourne vers lui. Son visage est flou malgré la clarté de la pièce. Je me rends compte que mes yeux sont noyés de larmes. Je serre les dents, manquait plus que ça.

Adam me regarde fixement, les yeux énigmatiques. Le visage fermé et distant.



Je ferme les yeux, déchirée entre accablement et douleur.



Il relâche mon bras, et recule ; après un moment, je rouvre les yeux, incertaine. Immobile devant la fenêtre aux volets à demi fermés, Adam me tourne désormais le dos, les mains nouées autour de sa nuque, le visage renversé en arrière, yeux clos. L’air crispé et las.

Un profond soupir lui échappe.

Je le devance.



Je secoue la tête, sentant une sourde douleur sourdre de mon cœur et se distiller dans tout mon corps, jusqu’au bout des doigts, qui me démangent. Furieuse envie de bondir sur lui, de le griffer, de lui arracher les cheveux… Souffrance lancinante. Se calmer, se calmer, résister.

Ne pas flancher…


Comme je reste muette, il me fait brusquement face, son regard jetant des éclairs, et me fixe droit dans les yeux, son visage dur, autoritaire, ses poings serrés, son corps frissonnant.



Abasourdie, je le dévisage intensément.



Il s’est rapproché, ses yeux scintillant sous l’effet de la colère. Je le fixe sans piper un mot, bouleversée. Il pose ses mains sur mes épaules, nos yeux se croisent, s’attachent.



Il a l’air hagard maintenant. Son visage se rapproche du mien. Je me contente de l’observer à travers mes larmes, comme aimantée par son regard, ne faisant pas un geste pour le repousser. Et pourquoi le repousser ? C’est ce que je désire, de toutes mes forces, de tout mon cœur.


Il souffle, tout contre ma bouche :



Adam prend ma bouche et je l’embrasse avec la fureur du désespoir. Mus par une volonté propre, mes bras se tendent vers lui, entourent son cou, et finalement, nos corps se serrent très fort l’un contre l’autre dans une étreinte passionnée.

Le silence est impressionnant. Je m’écarte soudain, sens dessus dessous. Je balbutie, la voix cassée :



Il me serre à nouveau très fort contre lui, son visage violemment plaqué contre ma poitrine, mes seins qui se soulèvent rapidement sous lui, entraînés par ma respiration haletante, mes cheveux épars sur les siens. Je me sens fondre de bonheur, avec un soupir de contentement.



Un cri m’échappe : frénétiquement, il a écarté le corsage de ma robe d’été, sa bouche prenant, dévorant la peau satinée de mes seins, ma gorge. J’enlace son corps avec violence, car bien plus que la passion dont il fait preuve, ce sont ses mots qui me rendent à la vie, son amour pour moi, qui écrase le serpent de la souffrance au plus profond de mon cœur, ses mains, entre mes jambes, qui m’arrachent à la solitude et à la vanité d’un désir sans satisfaction…



Sentir sa peau, la toucher, la posséder… tenir ce corps tant rêvé entre mes cuisses… L’étouffer par ma passion, m’accrocher à lui comme une ivrogne, mes jambes nouées autour de lui, mes bras serrés autour de son cou, ma bouche offerte, rougie, et chaude… Ses mains qui me caressent, qui m’aiment, sa langue qui m’arrache cris et soupirs, son corps qui m’écrase, les reins embrasés de désir…

Il me bascule soudain contre un fauteuil, mes jambes l’enserrant toujours.

J’ouvre les yeux. Dans son regard bleu étincelant, je ne vois qu’amour et passion. Un regard de braise. L’homme de glace a fondu.



Je ne veux pas faire l’amour avec lui tant qu’autant de mystères embrument nos vies, créant des ombres floues et menaçantes entre nous, un véritable barrage. Pour l’instant, le feu a repris le contrôle, mais pour combien de temps ?


Un instant, j’ai l’impression qu’il ne m’écoutera pas, et je me raidis. Mais Adam reprend le contrôle de lui-même avec une facilité déconcertante. Le souffle court, il se redresse, me laissant affalée là dans le fauteuil, et me jette un coup d’œil brûlant.



Je me sens épuisée, vidée par toutes ces émotions. J’opine sans conviction. Il disparaît dans sa cuisine. À moitié couchée dans le fauteuil, nue jusqu’au ventre, la petite culotte froissée autour d’une de mes chevilles, les jambes entrouvertes, je réfléchis, me demandant l’attitude à adopter après cet aveu, et cette étreinte farouche.


Je m’aperçois soudain qu’il est devant moi, une tasse à la main, le regard fixé sur moi, curieux et bizarre.

Je prends la tasse qu’il me tend. Elle est chaude. Le café est brûlant, amer. Je fais la grimace lorsqu’une coulée de lave descend le long de ma gorge.



J’aime tout de lui. Je fais « si » de la tête. Il boit son café, l’air pensif, debout devant le fauteuil où je suis vautrée, me fixant intensément.



Je bats des paupières, me redresse à moitié. Mes seins sautent de mon soutien-gorge. Du coin de l’œil, je vois Adam tressaillir, se retenir. Difficilement. J’esquisse un sourire. De triste pucelle je suis devenue une maîtresse sexy et provocante. Ça ne me ressemble pas, ou bien, peut-être que je me découvre un peu salope. Je me rajuste à peine, et relève les yeux.



Il pose la tasse sur la table basse, prend la mienne de mes mains, la pose à côté de l’autre. Le visage un peu distant. Revoilà déjà la froideur. Je me retiens de grimacer.



Je me lève, titube, remettant ma lingerie et ma robe en place sous son regard lourd. Les bras croisés, il suit tous mes faits et gestes d’un regard intéressé.



Il se racle la gorge, s’assoit sur le canapé, les yeux dans le vide.



Il se lève brusquement, va de long en large, l’air soucieux, les sourcils froncés.



Je tremble, comme foudroyée, évitant de le regarder. Une partie de moi me crie que j’ai peut-être eu tort, qu’il a en partie raison…

N’ai-je pas foncé tête baissée vers la souffrance, ne cherchant même pas à résister, à me battre, pour savoir si j’avais vraiment besoin d’oublier… Je me complaisais dans ma douleur, une douleur que je m’étais créée, toute pleine de mon manque d’assurance et de mes horribles certitudes.



Je déglutis.



Mon sang se glace dans mes veines, je pose sur lui un regard douloureux et inquiet. Comme le marin qui sent venir la tempête, je sais que quelque chose d’important va se produire, quelque chose qui m’est passé sous le nez pendant longtemps. Adam me fixe, immobile d’un seul coup, les yeux vagues et amers.



Je le coupe, mortifiée :



Adam ne peut s’empêcher de sourire amèrement.



Il me dévisage, intensément. Comme ses mots me font du bien, et coulent dans mon âme comme une rivière pure…



J’écarquille les yeux, tremblante, le souffle suspendu. Adam me regarde, les yeux voilés.

Je bégaie :



Mais Adam hausse les épaules, et lance d’un ton abrupt :



Abasourdie, je souffle à peine :



Il se poste devant la fenêtre, silencieux, le corps crispé. Je n’arrive pas à y croire. C’est impossible. Il se moque de moi. Je dis, très bas :



Il continue à me tourner le dos.



Il prend une profonde inspiration, se tourne enfin vers moi, le regard tourmenté.



Il reste muet quelques secondes, figé dans l’attente de ma réponse, les yeux rivés à moi comme pour m’arracher l’aveu.



Je ne peux pas continuer. Troublée et incapable de réfléchir correctement, les pensées agitées comme des cerfs-volants sous le vent.



J’ai envie de pleurer. Une certitude hallucinante se présente à moi : les hommes peuvent être bien plus vulnérables que ce que nous pouvons penser. Bien plus patients. Adam m’aimait quand j’avais 17 ans. Et il a attendu trois ans pour que je grandisse, pour que je choisisse.

C’est flippant.

C’est incroyable.

C’est… merveilleux.


Adam s’approche, un tendre sourire aux lèvres. Ses yeux me caressent amoureusement.



Il saisit mes mains glacées. Je vois des larmes briller au fond de ses yeux bleu pâle. Je n’ai jamais imaginé qu’il pouvait pleurer, même si c’est ridicule, car tout le monde pleure. Pourtant cette vision me tord l’estomac.



Ses cheveux luisent doucement à la lumière diffuse des lampes. Je me serre contre lui, les yeux rivés aux siens.



Adam ne dit rien, ne sourit pas. Il se contente de me fixer avec une gravité troublante. Puis sa bouche saisit la mienne. Prise au dépourvu, j’étouffe un gémissement et sens sa langue chercher la mienne. Avec un soupir, j’enroule mes bras autour de sa nuque et réponds lascivement à son baiser.


La douceur de ses mains contre ma peau m’arrache des frissons de plaisir. Les doigts crispés dans ses cheveux tièdes, je renverse la tête en arrière et pousse un cri de désir, sentant avec une volupté sincère ses mains frôler délicatement mon ventre frémissant.

Adam goûte mes lèvres, les yeux fermés. Ses caresses me révèlent à quel point il a envie de moi, à quel point il a besoin de moi. Son amour crie par tous les pores de sa peau, ses yeux bleus troublés de désir, ses mains fébriles contre mon intimité brûlante. Je l’aime tant, à cet instant, que je pourrais me fondre en lui et renoncer à ma propre identité.

Il m’entraîne sur le fauteuil avec lui, je m’installe à califourchon, m’amusant à le séduire par de rapides mouvements de hanches, avant de me laisser entraîner par notre étreinte ardente, dans un gémissement.


Nous sommes tellement occupés à nous découvrir l’un l’autre qu’aucun de nous deux n’entend la porte d’entrée, à côté, s’ouvrir.



Sa voix est rauque. Je tressaille et plonge mon regard dans le sien, profond et embrasé d’amour. Je vais répondre quand une voix féminine, sourde et ironique, fuse derrière nous, nous faisant sursauter.



N’osant croire à notre malchance, le cœur battant, je vois Adam regarder derrière nous, ses yeux s’assombrir, sa bouche se crisper durement. Je connais cette voix. Jetant un coup d’œil derrière moi, j’aperçois brièvement Isabelle, l’ex-femme d’Adam, et un flot de rouge me submerge du visage jusqu’aux seins.


Je me sens humiliée, ainsi affalée sur les genoux d’Adam, mes jambes écartées autour de lui pour mieux le sentir contre moi. Derrière nous, les yeux bleus embrasés par la colère et l’ironie, se trouve celle qui a eu sa place dans le cœur d’Adam, celle qu’il a déjà aimée, sans doute même tenue ainsi dans ses bras.

Adam se raidit brutalement contre moi, me repoussant légèrement.

Ses yeux brûlent de colère.



Elle porte un tailleur-pantalon prune, sous un long manteau noir. Sa bouche rouge sourit avec amertume, un pli goguenard au coin de ses lèvres. Elle pose un regard intéressé sur moi, et ma rougeur reprend de plus belle alors que j’essaie de remettre de l’ordre dans ma tenue. Ma seule satisfaction : elle est habillée trop chaudement pour la saison, ça en devient ridicule. Ça compense un peu le sentiment d’infériorité qui me prend à la gorge en sentant son regard acéré et moqueur me cribler.

Enfin, elle tourne la tête et fixe Adam, d’un air profondément sarcastique.



Adam se lève brusquement. Je manque glisser à terre et me retiens à l’accoudoir, sous les yeux railleurs de la petite blonde, bien campée au milieu du salon (son salon), si belle dans son ensemble, prune et noir, ses cheveux lâchés en une onde dorée dans son dos.



Elle hausse les épaules, rit un peu, un rire rauque, un peu désenchanté.



J’observe Adam. Va-t-il réellement sortir de ses gonds ? Son visage devient pâle de fureur.



Isabelle cligne nerveusement des paupières. L’aurait-il atteinte ? Je la croyais bardée de fer…



Elle laisse sa phrase en suspens. Sans me regarder, à tâtons, Adam saisit soudain ma main dans la sienne et la serre très fort.



toi !


Elle trésaille.



Adam se tourne vers moi, le visage soudain distant.



Mais Isabelle s’engouffre à cœur joie dans cette brèche. Se tournant vers moi, elle lance d’un air innocent.



Mon cœur se soulève d’humiliation et de souffrance. Je me tourne brusquement vers Adam.



Il fixe toujours Isabelle, semblant la crucifier sur place de son regard dur. Elle lui retourne un regard faussement étonné.



J’arrache ma main de la sienne, et fais quelques pas en arrière, le visage sombre.

Il semble enfin se rendre compte que ça cloche de mon côté, et me fixe d’un air bizarre.



La respiration courte, je regarde moi aussi Adam, qui me regarde à son tour. Ses yeux bleus brillent dangereusement.



Combien de fois m’a-t-il fait du mal ? Déchirée, je le dévisage sans pouvoir répondre pendant un moment, puis les nerfs à vif, je bégaie :



La victoire luit alors dans le regard de la belle blonde.



Adam fait la sourde oreille aux paroles de son ex-femme, se contentant de me scruter avec attention.



Mais encore une fois, il paraît tellement loin de moi. Son regard est si… J’étouffe un sanglot, irrépressible, qui se coince dans ma gorge.



qu’elle fait là ! Explique-moi pourquoi elle peut entrer chez toi comme si elle y habitait !


Il veut me répondre, mais Isabelle éclate de rire et vient brusquement se pendre à son cou. Je recule, de plus en plus choquée. Adam essaie vainement de se débarrasser d’elle, mais cette femme semble croisée avec de la glue…



Des larmes d’humiliation me montent aux yeux, et je serre les poings ; je me sens prête à m’effondrer. Mais pas devant eux ! Quelle horrible bonne femme !



Adam foudroie Isabelle du regard, qui le fixe d’un air ingénu : puis oubliant les bonnes manières, il 1a repousse brutalement, et se tourne vers moi, l’air furibond.



Oh, qui croire ? Quelle histoire ! Décontenancée, je retiens mon souffle, mon regard passant de l’un à l’autre, fébrilement.



reprends-lui ces putain de clés !


Adam me sourit. Ses traits se détendent instantanément. J’ai l’intuition d’avoir prononcé les bonnes paroles celles qu’il voulait entendre. Isabelle pousse une exclamation de dépit, et avance une moue boudeuse. Adam se tourne vers elle, les yeux acérés comme du verre.



Isabelle cille. Je vois soudain des larmes luire dans ses yeux.



Elle sort les clés de sa poche et les lui tend, le visage néanmoins impassible, son regard débordant de larmes. Il les prend, la regarde froidement.



Isabelle secoue la tête.



Adam pousse un soupir irrité, et passe une main nerveuse dans ses cheveux.



Elle l’affronte du regard pendant quelques secondes. Puis je la vois s’effondrer ; un élan de pitié me fait avancer vers elle ; elle voit mon mouvement et m’adresse un horrible rictus, encore plus blessée par ce qu’elle lit dans mes yeux.



Adam a un geste d’énervement.



Elle ne me quitte pas des yeux. Enfin, elle tourne les talons et sort du salon dans un barouf du diable. J’entends la porte d’entrée claquer derrière elle.


Je comprends enfin pourquoi elle a si bien réussi à me déstabiliser. Je croyais qu’Adam l’aimait encore un peu. C’est faux. Il conserve néanmoins un reste d’estime pour elle, assez pour ne pas vouloir lui faire trop de peine. Je suppose que j’aurais apprécié cet égard, si j’avais été à la place d’Isabelle. Je ne lui en veux pas, pas vraiment. Je ne voudrais être dans sa situation pour rien au monde !


Le silence s’étirant, je relève lentement la tète et me heurte au regard d’Adam, las et tourmenté. J’ouvre la bouche, mais d’un mouvement de bras, il pose un doigt sur mes lèvres, m’imposant le silence.



Bouleversée, je fais un pas vers lui… Adam me prend soudain dans ses bras et sort du salon, m’emportant avec lui. Je suis encore une fois surprise qu’il ne soit apparemment gêné d’aucune sorte par mon poids. Il faudra que je lui pose la question, quand même, quand on aura le temps pour ça…


Blottie contre lui, je le vois ouvrir une porte, et nous entrons dans une pièce obscure. Adam me relâche délicatement, je descends tout contre lui, sentant la douceur et la mollesse d’un lit sous mon poids. Je voudrais m’asseoir, mais ses mains appuient sur mes épaules, doucement, m’intimant de m’allonger.


Je cherche son regard. Dans la semi obscurité, je rencontre ses yeux, voilés, torturés. Adam se déshabille, rapidement, par gestes saccadés. Enfiévrée et impatiente, je le caresse du regard, suivant le moindre de ses gestes.

Ensuite, l’homme s’agenouille sur le lit, se penche au-dessus de moi, et m’embrasse, passionnément, avec une ardeur qui me laisse pantelante, consumée de désir sur ces draps soyeux.



Sa voix semble enrouée. Je veux répondre, mais ses lèvres capturent à nouveau les miennes, avec fougue, me faisant taire. Avant que je puisse réagir, ses mains ont déjà soulevé ma robe par-dessus ma tête, s’attaquent à présent à ma culotte en coton jaune, puis enfin à mon soutien-gorge. Je tremble d’excitation, hors d’haleine comme si j’avais déjà fait l’amour.



Un instant il me quitte, et la lueur vacillante de son briquet, puis la flamme d’une bougie, plongent la pièce dans un ballet d’ombres et de lumières douces. Je cligne des yeux.

Complètement nu, Adam est déjà sur moi de nouveau, me caressant, me brûlant. Ses yeux dévorent mon corps, brillent de désir. Il empaume mes seins, et un gémissement m’échappe. Je rougis. Adam me regarde tendrement, un vague sourire aux lèvres.



Mes seins durcissent sous ses doigts. Je ferme à moitié les yeux, l’observant entre mes cils. Adam m’effleure du regard quelques secondes, sourit, puis se penche et gobe un mamelon dans sa bouche, brûlante et humide. Mon cri s’étrangle, je frissonne violemment, la respiration haletante, le ventre creusé par l’attente. Je n’en peux plus… je veux connaître à nouveau le vertige de l’amour, et découvrir la plénitude des sens, celle dont on entend si souvent parler…

Dans une plainte enrouée, j’exhale :



Mais il sourit, continuant à embrasser mes seins. Ses doigts palpent délicatement ma peau, explorent régulièrement mon entrejambe, sensuellement.



Mais alors qu’il enfonce ses doigts dans le creux de mes cuisses, je suis parcourue d’un haut-le-corps, et un grognement excité jaillit de mes lèvres. J’ouvre les jambes, soulève les reins jusqu’à toucher ses hanches. Je le sens se crisper. Ravie de mon effet, j’ondule contre lui, le torturant, l’obsédant. Le souffle soudain court, Adam me fixe entre ses yeux mi-clos.

Un sourire troublé, tremblant, vient détendre son visage tendu.



Je soupire, me redresse à demi, et prends son visage dans mes mains, écrasant sa bouche de la mienne, l’encerclant de mes jambes. Il pousse un gémissement de désir.

Mes mains griffent légèrement son dos lisse, puis son torse recouvert d’une fine toison brune. J’ai l’impression que je vais éclater tant j’ai envie de lui. Comme la première fois, je me redécouvre femelle, avide, et suis presque effrayée par l’ampleur de mon désir.


Son sexe dur se dresse entre mes cuisses, s’empalant dans la peau souple de mon ventre. J’ouvre davantage les jambes, me soulève un peu, et donne un mouvement de hanches. Adam gémit faiblement, ses mains fixées à mes reins, tandis que son sexe se fiche en moi d’un seul coup. La sensation est intense, brutale, mais loin d’être douloureuse, et j’en suis agréablement surprise. Nous restons immobiles un instant, le cœur battant, bouche contre bouche, savourant notre brûlante intimité.


Puis Adam se glisse plus profondément en moi ; je suis agitée de tremblements convulsifs.

Le désir, l’amour, à part égale, hurlent dans mon corps embrasé.

Dans un corps à corps harmonieux, nous nous cherchons, comme ivres de nos retrouvailles. Et quand la houle du plaisir nous tord de son mouvement saccadé, quand le septième ciel m’ouvre ses portes, Adam, baisant ma bouche de ses baisers farouches, me serre fort contre lui, et je sais, sans hésitation aucune, je sais que je peux compter sur lui pour m’apprendre l’amour et le plaisir, et plus généralement, pour être là, juste là. Comme un roc inébranlable.



Nous restons immobiles, étroitement enlacés.



Sans rien dire, je souris, le visage blotti contre sa poitrine ferme.

Silence.



Adam se met à rire dans mes cheveux. Je sens sa main caresser doucement mes seins.



J’ai un sourire béat. Je me redresse, plonge mes yeux dans les siens.



Adam pose sa main sur ma joue, puis la glisse sous mon menton, attirant mon visage vers lui ; et je sens ses lèvres chaudes capturer les miennes.



Moment de stupeur ; puis j’éclate de rire. Adam ne changera jamais !

Il aurait dû être concierge.