n° 13738 | Fiche technique | 37890 caractères | 37890 6185 Temps de lecture estimé : 25 mn |
03/03/10 corrigé 12/06/21 |
Résumé: Nos héros débarquent sur le Suzan Zeldon | ||||
Critères: #sciencefiction ff | ||||
Auteur : Domi Dupon (homme de moins en moins du bon côté de la cinquantaine) Envoi mini-message |
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Résumé :
De moins en moins facile, il est quasiment nécessaire de lire (et de noter) les textes N° 13 562, N° 13 565, N° 13 579, N° 13601, N° 13610, N° 13667 et N° 13689.
Pour ceux qui ont vraiment trop la flemme (ou pas l’envie, ou pas le temps) : un vaisseau de l’Empire se dirige vers Proxima du Centaure, pour voir si par hasard y’aurait pas une planète à polluer car sur notre Terre bien aimée ça commence à craindre.
À bord deux couples : Susan et Heinrich, Gladys et Danilo
Apparemment y’a eu un gros bug et ils se retrouvent à leur point de départ, mais 6000 ans plus tôt.
Ils se demandent ce qu’ils vont devenir quand un vaisseau apparaît.
Voilou !
28 août 2099, an 83 de l’Empire, 18 h 58 P.M.T., système solaire Terra, 6 000 ans en arrière
La navette approchait du Susan Zeldon. Guère plus imposante extérieurement qu’Explorateur 1, l’intérieur était mieux conçu. Le cagibi de repos avait été squeezé au profit d’un habitacle plus ergonomique, plus fonctionnel. La capacité était passée de deux à cinq places.
Constatant que le tableau de bord se résumait à trois pauvres moniteurs, Heinrich interrogea l’ordo. Celui-ci lui expliqua que la navette était dirigée directement du vaisseau par Multivac X et que les astronautes n’usaient que de commandes vocales.
De près le Susan Zeldon les impressionna. À leur époque, envoyer un tel monstre dans l’espace eut été impossible. Pour l’amarrage, rien n’avait changé, le module alla s’encastrer sous le champignon. Le sas supérieur s’ouvrit et ils arrivèrent dans un réduit assez semblable à la cage à vide du Nicolas 1er.
Ils furent accueillis par le commandant en personne. Renversante. Elle avait troqué sa tenue d’astronaute pour un ensemble d’intérieur pantalon, débardeur en « soie » lilas qui fit pâlir les filles engoncées dans leurs combines. Ses cheveux bruns courts devant, légèrement plus longs derrière, avec un effet de plumes sur la nuque contrastaient avec la blancheur diaphane d’une peau qui ne devait guère fréquenter le soleil. Cela la rendait mortellement attrayante.
Comme Sander- Farrell, elle avoisinait, voire dépassait les 180 cm. Elle était dotée d’une cabine avancée à damner un disciple de St Ahmed. Les similitudes s’arrêtaient là. Les séances de muscu faisaient la différence. Heinrich n’aurait pas voulu se battre avec elle.
Elle se montra charmante, les amena à des cabines individuelles où ils purent se changer. Susan fulminait : elle avait vu les regards concupiscents des deux mâles. Dans son accoutrement de spationaute, elle ne faisait pas le poids face à l’élégance de Palver.
Elle ôtait sa combinaison pressurisée quand elle aperçut sur la couchette, (son cœur ne fit qu’un bond) un ensemble blanc tout à fait semblable à celui du commandant. Elle finit prestement son déshabillage. Elle souleva le débardeur et vit une minuscule culotte blanche transparente. Superbe ! Les temps avaient, semble-t-il, bien changé. Elle se débarrassa de son horreur en coton synthétique et l’enfila.
Malheureusement pas de soutif… Deux solutions : garder son antiquité ou s’en passer. Conserver ce vieux machin allait gâcher son plaisir. Elle opta pour la solution deux. Exit le garde-manger grand-maman. Elle passa le petit haut. Nouvelle surprise ! Il s’ajusta à sa poitrine et la maintint tel un vulgaire soutif.
Au tour du pantalon, qui, immédiatement, s’adapta à sa silhouette. Super le progrès. Plus de problème pour choisir la taille. La technique spatiale semblait être passée dans le domaine courant. Elle fit un tour complet à la recherche d’un miroir. En vain. Le domaine courant n’était pas passé dans le monde spatial.
Restait un dernier problème : ses pieds nus. Si Palver avait pensé aux fringues, elle ne pouvait avoir oublié les chaussures. Il lui suffit de baisser les yeux. Elle les trouva au pied de la couchette. Pas de souci pour la pointure, en chaussures intelligentes, elles épousèrent ses pieds.
Elle ne faisait toujours pas le poids, mais elle se sentait nettement mieux.
Elle ne fut pas étonnée en arrivant sur le pont salon de trouver Gladys dans un ensemble semblable, mais couleur safran. Les garçons, chaussés de mocassins, portaient une chemise bordeaux à col droit sur une sorte de jean anthracite. Rare élégance qui seyait tout à fait à Danilo. Quant à Heinrich, Susan se retint de rigoler, il avait l’air emprunté d’un communiant dans son premier habit.
Bien que plus vaste, le pont salon n’était guère qu’une réplique de celui du Nicolas 1er, en plus convivial. Comme pour la navette, plus de clavier, ni de curseurs seulement un écran géant sur l’une des cloisons. Outre le moniteur, on retrouvait un mobilier quasi semblable à celui de leur vaisseau, avec ici huit tabourets autour d’une table ovale. Ancrée au sol par un pied central où passait tout le hardware, elle différait de celle du Nicolas 1er uniquement par la forme et les dimensions. Unique rajout un confortable canapé occupait la paroi qui sur leur vaisseau accueillait les consoles informatiques.
Ils prirent place. Naturellement, les couples se reformèrent. Arcadia Palver, en bout de table, se retrouva flanquée sur sa droite par la paire Gladys/Danilo, sur sa gauche par Susan et Heinrich. Susan nota, avec quelque amusement, que les deux mâles occupaient, par un hasard heureux, les tabourets côtoyant celui de la belle officier. Des rafraîchissements et des amuse-gueule émergèrent devant chacun des interlocuteurs.
Quadruple exclamation.
Quadruple coup de blues. Pensées émues pour ces aventuriers qu’ils ne connaissaient pas, mais embarqués dans la même incertaine odyssée. Ils auraient pu subir un sort analogue.
Susan se rendait compte de l’incongruité de sa demande. Ils pataugeaient en plein délire temporel. Ils avaient parcouru des millions de kilomètres pour remonter dans le temps. Leur date de départ ne signifiait pas grand chose.
Gladys, toujours aussi curieuse, lâcha la question qui lui brûlait la langue :
Danilo remit la discussion sur ses rails.
Quadruple regard interrogatif.
Sourire complice d’Arcadia, menton pointé en direction de l’Italienne.
Susan remercia Le Dieu d’être noire, sa rougeur subite, resta invisible. Contrairement à Palver dont les joues délavées s’ornèrent de deux taches colorées. Susan la trouva aussi très séduisante. D’ailleurs comme d’hab., elle… Surtout que ce crétin d’Heinrich lui faisait du pied sous la table.
Arcadia Palver accompagna sa remarque d’un regard que Susan ne put interpréter, mais qui provoqua un trouble trop explicable. Heinrich en rajoutait une couche. Son pied déchaussé caressait sa cheville nue, se glissant, espiègle sous le pantalon. Incorrigible ! Et imperturbable. Il semblait consacrer toute son attention aux propos de l’astronaute.
*********************
Flashback dans le futur : 15 juin 2155, an 136 de l’Empire, 14 h 15 P.M.T., Vincal Hôtel, Aachen.
Le commandant Arcadia Palver était furieuse.
Arrivée à Aachen, la veille au soir, après une perm de décompression en milieu rural, elle passait ses dernières heures sur Terre. L’Airbus-Boeing TL 002 qui les emmènerait, elle et son équipage, jusqu’à la station Isaac Asimov décollait de l’aéroport militaire de Köln le lendemain en début de matinée.
Initialement, elle avait prévu un plan Q pour cette dernière après-midi sur le plancher des vaches. En TTGV, Amsterdam se trouvait à vingt minutes. La ville, depuis la libération des mœurs post U.S.D., avait, non seulement, retrouvé son lustre d’antan, mais était devenue, dans l’Empire, LA ville du sexe, tarifé ou non. Pour elle, qui n’avait pas de temps à perdre avec des histoires pseudo-sentimentales, l’idéal. En outre les relations lesbiennes, bien que depuis peu autorisées par la loi, étaient très mal tolérées par le vulgum pecus.
Hélas, au lieu de s’envoyer en l’air dans le plat pays, elle tournait en rond dans sa chambre, jurait et sacrait, s’énervait sur ses bagages.
Ses projets avaient été bouleversés par un courriel émanant directement du directoire du F.S.H.N. à New York City. On l’invitait impérativement à ne pas quitter l’hôtel dans l’attente d’un visiteur type V.I.P. à une heure non précisée de la journée.
Le message la rendit furieuse et elle s’était promis de se monter franchement désagréable avec son interlocuteur.
Puisqu’elle devait rester dans sa chambre, elle n’avait pas pris la peine de s’habiller, ni de se chausser.
Elle se campa devant la psyché, tache anachronique dans cet environnement ultra design. Elle en jetait. Ses longs cheveux bruns qui tombaient en cascade dans son dos encadraient un visage aux traits réguliers, à la bouche pulpeuse. Aucun maquillage, seulement un rouge à lèvres rouge vif tranchant sur le blanc de sa peau. Elle adorait ce côté buveur de sang.
Elle avait pris un malin plaisir à accentuer cet aspect beauté vénéneuse. Elle avait choisi pour la circonstance de porter une robe d’intérieur genre chinois scratchée chastement sur les côtés, des chevilles jusque sous les épaules. Le haut très échancré dévoilait, avec impudeur, une partie non négligeable de son opulente poitrine alors que le bas épousait la courbe de ses reins, suivait les lignes de ses jambes.
Si le visiteur était un mec, elle allait l’allumer grave et le renvoyer à ses chères études et si c’était une nana…
Aussi, lorsque son intervid l’alerta, est-ce d’une voix sèche et sans empathie, qu’elle réagit :
Une femme ! Un regard à l’écran. Elle corrigea : une vieille femme. Enfin pas une vieillarde, mais plus une jeunette. Une femme noire, menue, aux cheveux mi-longs, bouclés et grisonnants, se tenait face à la vidcam. Elle lui rappelait quelqu’un.
Elle enclencha l’ouverture de la porte. Celle-ci coulissa. La femme entra. Silhouette parfaite moulée dans une robe d’été jaune bouton d’or qui s’arrêtait au-dessus du genou.
Jolies jambes à la cheville fine mises en valeur par des escarpins d’un jaune assorti à celui de la robe.
Poitrine et fessier qui manifestaient encore une certaine fermeté en tendant l’étoffe avec arrogance.
Seule concession devant la vieillesse, un léger embonpoint qui n’enlevait rien, au contraire, à la sensualité que son corps exhalait.
Arcadia sentit dans sa voix qu’elle n’était pas du tout désolée plutôt excitée. Pas excitée comme l’étaient tous les groupies qu’elle rencontrait. Y’avait autre chose.
Attends l’autre, après deux répliques, elle passait au tutoiement, elles n’avaient pas baisé ensemble ! Et puis qu’est-ce qu’elle savait des voyages dans… P… ! Tout à coup, ça tilta dans son cerveau… Susan Zeldon ! Si elle pilotait un vaisseau intersidéral, c’était à cause d’elle ! Un poster de cette grande dame avait longtemps veillé sur son sommeil. Soudain, elle regrettait moins sa pétasse hollandaise. Mais qu’est-ce qu’elle foutait là ?
Elle passa par toutes les couleurs de l’arc en ciel. Quand elle parvint à parler, elle couina lamentablement en bégayant :
Un rire frais lui répondit. Elle devait taper les quatre-vingts carats, Arcadia lui en aurait donné soixante. Et son rire était celui d’une jeune femme. Encore drôlement séduisante pour son âge.
Connue ? Si elles s’étaient rencontrées, elle s’en souviendrait ! Au lieu de lui demander des explications, elle débita :
Elle commençait à être inquiète. Pensée fugitive : et si Zeldon voulait voler de nouveau. Elle avait beau être magnifiquement conservée, l’âge était là. Susan sourit une nouvelle fois, semblant lire dans ses pensées. Son sourire était bluffant.
Arcadia indiqua le grand sofa qui occupait une cloison entière de la chambre. Comiquement, elles s’assirent face à face, plaçant pareillement leurs jambes sous elles. Ce qui eut pour effet de découvrir un peu plus les cuisses de Susan et de déscratcher une grande partie des attaches de la robe d’Arcadia.
Nouveau sourire.
Inquiétude. Avait-elle tous ses esprits ?
Arcadia acquiesça d’un hochement de tête.
Elle tira de son sac et posa trois feuilles de vrai papier apparemment vierge sur la table basse. Arcadia en reconnut une sur le champ la feuille du milieu : ce papier, elle l’avait fabriqué, elle-même, pendant sa permission.
Elle devenait grave la mémé. Pourtant… Elle l’écouta. L’autre raconta l’odyssée du Nicolas 1er. Elle ne s’étendit pas sur les faits connus de toute la communauté spatiale. Elle arriva rapidement à la rencontre avec le Susan Zeldon. Malgré que ce fût un délire complet, Arcadia ne parvenait pas à décrocher. La Zeldon racontait très bien, son récit était cohérent. Tous les détails qu’elle donnait sur le bâtiment étaient vrais. Pas vraiment étonnant, pour une spécialiste comme elle. Rien ne l’aurait empêchée de visiter un autre vaisseau de l’armada.
La vieille dame penchée vers Arcadia accompagnait sa narration, la soulignait de petits attouchements qui lui parurent, au départ, anodins. Des petits tapotements brefs de l’empreinte des doigts sur la soie synthétique. Tapotements qui ensuite émigrèrent sur la peau nue. Plus tard, les doigts restaient au contact deux ou trois secondes. Après encore, ils pressaient doucement un poignet, une cheville. À la fin, sans plus aucune ambiguïté, la main empaumait un genou, longeait d’un doigt négligent une jambe.
Quand Arcadia réalisa qu’elle était en train de se faire draguer par une vieille qui aurait pu être sa grand-mère, elle eut envie de rire. Mais dans l’instant, elle s’aperçut qu’il était déjà trop tard, Susan Zeldon l’avait eue. Les picotements de son bas ventre, ses tétons qui s’érigeaient lui donnaient une réponse fort claire. Le coup d’œil ironique de Susan sur le haut de sa robe déformée par ses bourgeons turgescents lui apprit que la Zeldon savait très bien ce qu’elle faisait.
Son histoire était à dormir debout, mais c’est pas pour cela qu’il fallait négliger une bonne partie de jambes en l’air qui plus est avec une vétéran de l’espace. Baiser avec son idole, c’était pas donné à tout le monde. Et ça la dédommagerait de son escapade ratée !
Arcadia posa la main sur le genou de sa vis-à-vis et, sans hypocrisie – pas son truc –, elle entreprit une caresse qui l’amena sous la robe. Un sourire satisfait répondit à cette attaque.
Susan accompagna ses paroles d’une douce caresse sur la joue de l’astronaute.
Elle se pencha vers la table et retourna la première feuille. Y était dessinée une femme nue. Effectivement, ce n’était pas une œuvre d’art. Cependant ses seins représentés avec leurs particularités étaient parfaitement reconnaissables. Possible qu’elle se soit renseignée auprès d’une de ses ex-conquêtes. Beaucoup plus dérangeant le tattoo, reproduction exacte aux couleurs près de celui qui ornait son sexe. Souvenir de ce dernier congé, nul, excepté le tatoueur ne l’avait encore vu. Aussi perturbant le fait que le tracé semblait ancien, le papier avait jauni.
Cette exclamation, le ton sur laquelle elle avait été prononcée, augmenta encore son trouble. Elle était complètement déstabilisée. En outre, cette affirmation impliquait qu’elles auraient eu une certaine intimité. Elle rougit. Susan prit le visage rosissant entre ses mains et posa un baiser sur les lèvres closes. Pour l’intimité, un grand pas venait d’être franchi. La vieille dame tourna ensuite, sans un mot, la feuille qu’Arcadia avait reconnue comme étant de sa fabrication.
Susan chérie,
En souvenir de deux très doux moments
Garde ce mot, en souvenir de moi.
Arcadia
Impossible ! Complètement impossible ! Elle reconnaissait son écriture sans le moindre doute. Pire, elle savait quel stylo avait écrit ces lignes. Ce stylo, cadeau d’une amie qui lui fut chère, ne quittait pas sa cabine dans le Susan Zeldon. En plus, elle l’appelait chérie. Qu’est-ce qu’elle avait pu lui offrir ? L’air vieillot de l’encre. À se taper la tête contre les murs.
Loin de profiter de son désarroi, pour avancer dans sa campagne de séduction, Susan, au contraire, s’était éloignée. Appuyée contre le dossier du divan, elle attendait.
Arcadia pouvait déjà rejeter une hypothèse. Susan n’était pas gâteuse ! Bien que ce fût hors de propos, elle en était naïvement heureuse. Restait deux possibilités, soit elle était une manipulatrice de premier ordre, soit (ce qui ne l’empêchait pas d’ailleurs d’être manipulatrice), elle disait la vérité.
Il y a avait encore une feuille. Susan n’avait pas l’air de vouloir la retourner. Elle avança la main.
Elle suspendit son geste.
Arcadia, dans son trouble, passa au tutoiement.
Ce disant, elle sortit, une keyprog de son sac.
Retour à d’ « autres choses » : elle se pencha vers Susan, prit son menton entre ses mains et l’attira vers elle. Ainsi débuta un baiser qui ramena Susan cinquante ans ou six mille ans en arrière.
La vieille femme jeta ses bras autour du cou de la grande brune. Celle-ci avait entrepris une reptation pour se rapprocher. Maintenant cuisses contre cuisses, après avoir roulé la robe au-dessus des hanches de son aînée, Arcadia pouvait glisser les mains au creux de ses reins. La peau malgré l’âge avancé conservait une certaine élasticité, un certain tonus. La fesse, passablement fripée, n’était plus aussi ferme qu’elle avait dû être. La chair de cuisses pendouillait quelque peu, mais pas de flasquitudes. La musculature, signe d’un corps entretenu, répondait présent.
Arcadia remarqua avec un certain amusement que mamie, coquette, portait une petite culotte sexy très mode dont le blanc cassé tranchait sur sa peau noire. Amusement car elle en avait la réplique exacte dans sa cantine.
Susan remarqua son intérêt. Interruption du baiser. Murmure au creux de l’oreille :
Elle enchaîna sur un mordillement de lobe avant de rajouter :
Puis retour sur lobe. Ses doigts pressés se bousculaient pour déscratcher le haut de la robe chinoise.
Arcadia n’était pas dupe : Susan accumulait les détails pour achever de la convaincre. Elle y parvenait. Peu à peu, Arcadia admettait l’histoire. Aussi improbable que cela paraissait, cela semblait réel.
Leurs bouches se joignirent dans un nouveau baiser au féminin.
Après cinquante ans d’attente, Susan montrait une certaine impatience. Avec fébrilité, elle fit sauter les derniers scratchs. La robe d’intérieur passa l’obstacle du cou et atterrit au pied du canapé. Le commandant était nue. Les doigts de la vieille dame avaient illico fondu sur les énormes tétons qui la faisaient fantasmer.
Dans un parallélisme parfait,
elle les roulait,
en massait les bouts d’un pouce léger,
les frôlait de ses longs ongles manucurés,
les agaçait du creux de la paume en affleurements circulaires,
les étirait avec douceur serrés entre l’index et le médius,
les courbait jusqu’à ce que les extrémités touchent les aréoles,
les poussait vers l’intérieur des mamelons pour qu’ils les engloutissent.
Arcadia avait l’habitude que ses tétons hors normes soient l’objet de toutes les attentions. Mais, pour la première fois ils apparaissaient, si l’on excepte leur dégustation labiale ininterrompue, comme l’unique centre de sollicitude. Susan semblait hypnotisée par ces bouchons et, en tout cas pour l’instant, elle ignorait le reste de son corps. Seuls existaient ces deux turgescences.
Cette vénération très efficiente mettait la jeune femme en transe. De ses seins durs comme le roc explosaient/s’échappaient des flots de plaisir qui se répandaient dans tout son corps. Chaque mouvement provoquait des frissons sur tout son épiderme allant jusqu’à générer des contractions vaginales.
Contrairement à son habitude, elle subissait. Lorsqu’elle avait voulu prendre quelque initiative, Susan lui avait susurré :
C’était dit si gentiment ! L’emploi de ce mot, si longtemps tabou, par une personne de cet âge l’émut. Alors, pour sa plus grande satisfaction, elle se laissait « aimer ». Passivité ne voulait pas dire inertie. Il fallait qu’elle occupe ses mains. Enfin une, l’autre jouait dans la chevelure poivre et gris de la vieille dame.
Sa vulve qui baignait dans son jus avait besoin d’assistance. Sa main libre s’insinua difficilement entre ses cuisses serrées. Cette position agenouillée commençait à devenir incommode. Enfin, elle atteignit son but : son gros clito. Preuve de son excitation, dégagé de son prépuce, il bandait dur. Le simple contact de l’empreinte de son pouce déclencha un mini séisme. Elle fut prise d’un tremblement incontrôlable. Ce n’était pas un orgasme. Mais qu’était-ce ?
Susan réagit instantanément. Elle abandonna son occupation. Elle prit Arcadia dans ses bras, sans l’étreindre réellement. Elle parcourut son dos diaphane de caresses relaxantes. Retrouvant progressivement son calme, la jeune femme enlaça à son tour sa partenaire. Ses doigts se faufilèrent sous la robe enroulée, remontèrent jusqu’aux omoplates dans un délicat effleurement.
Cette ascension embarqua le frêle vêtement d’été et découvrit la poitrine de la vieille dame. Après s’être fort opportunément reculée pour faciliter le passage de la robe, Susan se pressa franchement contre Arcadia. Celle-ci sentit sa poitrine s’enfoncer dans celle de sa vis à vis. La disparition de la protection efficiente de l’étoffe intelligente trahit leur mollesse. Ils s’affaissaient doucement, le soutif trop arachnéen ne pouvait les soutenir.
Susan percevant le contraste entre leur poitrine, consciente qu’Arcadia suivait un pareil raisonnement, ironisa :
Elle défit l’étreinte, la repoussa afin de voir sa poitrine. Elle la débarrassa d’abord de sa robe qui alla rejoindre la sienne sur la moquette. Ensuite, d’un geste rapide, elle dégrafa l’attache centrale du soutif. Le soutien-gorge tomba, les seins aussi. Susan soupira :
Dans un geste rempli de tendresse, Arcadia les avait pris en mains – un pour chaque main, évidemment. Elle les soupesa, les remonta, les rapprocha. Sûr qu’ils n’étaient plus de première jeunesse, mais ils n’avaient rien de gants de toilette. Ils manquaient certes de fermeté, mais ce n’étaient pas des outres pleines de vide. Elle les sentait vivre sous ses doigts. Leurs tétons bandés par les diverses stimulations leur rendaient toute leur sensualité.
Arcadia se leva et lui tendit les mains :
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Dressée sur ses escarpins, Susan faisait encore illusion. Lorsqu’elle les quitta, elle se trouva infiniment petite, voire un peu ridicule. La vieille toute fripée habillée d’une culotte sexy face à la jeunesse triomphante et sportive de l’astronaute. Ses seins pendouillant face à ses obus perforants. Ses cuisses flétries face à cette musculature acérée. Ses fesses en goutte d’huile face à ce cul compact de garçon. Surtout cette carnation diaphane, mais lumineuse, face à sa peau grisâtre, éteinte. Elle eut envie de s’enfuir. Après tout, sa mission était terminée. Inutile de s’humilier.
Trop tard ! Arcadia, à ses pieds, les lèvres posées sur son ventre rebondi, s’attaquait à la culotte. Doucement, le minuscule morceau d’étoffe glissait le long de ses hanches. Elle frémit. Qu’allait penser Arcadia de sa vieille chatte fripée au poil gris. Pour l’occasion, elle s’était rendue dans un institut pour qu’on la bichonne, qu’on lui fasse une coupe d’automne. Dans un sursaut de dignité, elle avait refusé le transfert de couleur.
Quand les lèvres de la jeune femme se posèrent sur sa motte bien taillée, elle s’aperçut avec stupeur qu’elle mouillait. Comme au bon vieux temps. D’accord, pas avec la même abondance. Bien qu’elle ait encore quelqu’activité sexuelle, y’avait longtemps que ça ne lui était pas arrivé aussi franchement. Une attente de cinquante ans justifiait sans doute cette crue octogénaire.
Arcadia avait l’air d’apprécier particulièrement son ventre rebondi. Elle le couvrait de bisous baveux, le léchait, nettoyait voluptueusement son nombril. Les mains agiles de la jeune femme papillonnaient des fesses aux seins, malaxant délicatement les chairs amollies des uns et des autres, saluant au passage les tétons tendus.
Dans cette situation, Susan ne pouvait qu’accepter ses câlineries sans les rendre. Ce qu’elle faisait en mouillant de plus en plus. Elle retrouvait ses vingt… non ses trente ans. Tout en promenant ses doigts dans la longue chevelure brune, elle se remémorait une scène semblable sur le Susan Zeldon.
Le commandant du susdit Susan Zeldon resta les lèvres scotchées sur le ventre de la vieille dame. Elle avait décidé, tout à l’heure en se regardant dans la glace, de raccourcir sa chevelure avant le départ. Son idole ne mentait pas. Cette folie prenait de plus en plus de consistance.
Susan profita de l’arrêt momentané des hostilités pour relever Arcadia. Elle voulait sentir son corps frémir contre le sien. Baiser passionné. Pour assurer, l’Italienne devait se tenir sur la pointe des pieds. Équilibre précaire qui les amena contre le lit où elles s’échouèrent.
Dans l’heure qui suivit, elle oublia son âge, son arthrose et tous ses autres maux. Elle participa à un étrange ballet tournoyant où chacune goûta, dégusta chaque parcelle accessible de l’autre. Elles avaient pris plaisir à découvrir, à éveiller par de délicats attouchements des sections de peau habituellement peu visitées. Elles avaient passé de longues minutes à explorer les sensations provoquées par une caresse dans le creux du coude ou du genou, à la base de la nuque, sous l’arche du pied, dans le pavillon d’une oreille…
Au bout d’un temps certain, la fièvre empirant, leurs caresses se précisèrent, se recentrèrent en de lieux où régnait un climat équatorial chaud et humide. Les langues s’aiguisèrent, les mains se firent plus prégnantes. Toujours dans une parfaite synchronie. Parfois troublé par l’attirance obsessionnelle de Susan pour les bouchons de carafe d’Arcadia. Du gros orteil à la pointe de la langue, il fallait toujours qu’une partie son corps interagisse avec les gros tétons.
À l’attaque de la dernière ligne droite, elles se retrouvèrent tête bêche, dans un bon vieux soixante-neuf des familles. Malgré le temps passé, le clitoris hypertrophié d’Arcadia impressionnait toujours autant Susan.
Sans façon, la grande brune avait plongé, entre les cuisses ouvertes qui s’offraient à elle, langue en avant et tentait de déloger le clitounet de derrière son capuchon.
Timide ou admirative, Susan titillait du bout des doigts le monstre turgescent. Elle n’eut aucun besoin de le décalotter, il s’était découvert tout seul. Elle le branla doucement comme elle l’aurait fait d’une bite.
Effet garanti. Cette entame de masturbation, catalyseur de tous les petits plaisirs générés par leurs câlins réciproques, enclencha le processus orgasmique.
Tempête dans un bas-ventre. Arcadia insinua la langue entre les grandes lèvres trop bien lubrifiées, pénétra la vulve accueillante tandis qu’elle massait énergiquement de ses mains ouvertes les nénés de Susan dans un mouvement tournant.
Pour Susan retrouvée, il n’en fallut pas plus, elle partit. Elle orgasma sans pour autant délaisser sa partenaire. Ses lèvres aspirèrent le gros décapuchonné et le tétèrent au rythme de ses hululements. Ses mains, à leur tour s’en prirent aux obus du commandant. Ou plutôt pour ne pas changer à ses tétons qu’elle traita cette fois plus virilement. Elle y planta ses ongles et leur fit effectuer des 180°.
La douleur/plaisir fit exploser Arcadia. Ni l’une, ni l’autre ne stoppèrent pour autant. Susan continuait sa tétée en martyrisant les énormes bourgeons. Arcadia baisait la vulve, enfonçant sa langue aussi loin qu’elle pouvait. Elle plantait à son tour ses ongles courts dans la chair molle des mamelons de Susan.
Susan déjà en route pour une seconde tournée. Ce deuxième orgasme, elle le dédia à la chatte de sa jeune camarade. La bouche contre sa vulve, elle hurla sa jouissance dans le vagin détrempé. La cyprine coulait le long de ses lèvres, maculait ses joues. Elle n’en avait cure. Elle ne voulait pas que ça s’arrête. Sentiment que ce pouvait être la dernière fois.
Les parois du vagin d’Arcadia, sous les rugissements de Susan, entrèrent en vibration. Ce qui l’amena, elle aussi, à l’orgasme. Lors du temps de récup qui suivit, elle déscotcha Susan de son clito et la ramena dans une position de tête à tête.
Toujours sur le côté, elles s’enlacèrent sauvagement. Arcadia, pensée fugitive : « Et si je lui cassais le col du fémur ? ». Aussitôt effacée. Zones érogènes contre zones érogènes se frottant énergiquement. Ce fut le troisième.
Arcadia, qui depuis un moment avait pris les rênes, bascula sa partenaire consentante sur le dos et la couvrit. Flash cinquante ans en arrière. Arcadia, la mec, la baisait. Elle lui avait ouvert largement les jambes et la tenant par les chevilles, elle s’agitait au-dessus d’elle. Le mini pénis venait frapper son clitounet, glissait entre ses grandes lèvres.
Yeux fermés, le visage baigné de sueur, elle la pilonnait. Le plaisir montait en elle. Arcadia se sentait comme un garçon sur le point d’éjaculer. Là, pour elle était le véritable orgasme : quand Susan exploserait, quand elle, Arcadia, se viderait.
Pour ce dernier round, elles jouirent ensemble, longuement, dans une succession d’orgasmes d’intensité croissante. L’une hululant, l’autre hurlant.
Quand Arcadia atterrit et se décolla de sa partenaire, elle éprouva une grosse frayeur. Susan, visage gris, yeux clos, totalement immobile, respiration inaudible. M… Pas ça ! À ce moment, la vieille dame ouvrit les yeux, son visage s’éclaira d’un grand sourire.
Arcadia réclama des rafraîchissements qui émergèrent sur la table de chevet. Les deux femmes discutèrent tout en sirotant leur boisson. La jeune femme voulait tout savoir de cette passée/future rencontre. Trois verres de blanc plus tard, Arcadia, convaincue et pompette, invita la vieille dame à passer la soirée et la nuit avec elle. En utilisant le compucook de l’hôtel, elle leur concocta un repas sympa.
Au cours de celui-ci, Arcadia se souvint de la troisième feuille de papier. Susan alla la chercher et la lui présenta :
Nous venons de baiser.
Apparemment tu as apprécié
puisque tu m’as demandé
de passer la nuit avec toi.
Un baiser canaille l’empêcha de finir la phrase.
Le lendemain matin, Susan accompagna Arcadia jusqu’à la gare TTGV. Elles promirent de se revoir dès le retour du Susan Zeldon.
À SUIVRE