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24/04/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Eloïse est partie pour un voyage de quatre mois ; Juliette et Roméo se désespèrent de sa longue absence...
Critères:  fh vacances voyage fellation théatre humour -théâtre
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - La nouvelle Eloïse

Chapitre 01 / 05
Roméo et Juliette - La nouvelle Eloïse - Acte I

Les personnages principaux :


Juliette

Cassandra : la meilleure amie de Juliette


Roméo

Eloïse : la meilleure amie de Roméo ; elle vit avec Juliette et Roméo

Siriac : le meilleur ami de Roméo et le petit ami de Cassandra


Flora : une collègue de Roméo

Daphné : la sœur de Flora


Marcel : le patron de Roméo et Flora


Les personnages secondaires :


Yannick : le frère d’Eloïse

Frank, Johnny, Thomas, Jane, Brandon, Marie : des jeunes gens

Un DJ, des danseurs





LA NOUVELLE ELOÏSE





Acte I, scène 1

Jeudi 12 avril, 19 h 25

L’appartement de Juliette et Roméo

(Siriac, Roméo)



(Siriac et Roméo sont assis côte à côte dans le canapé et papotent, un verre à la main.)



Siriac : Et alors ? Vous avez eu des nouvelles d’Eloïse ?

Roméo : Elle nous écrit presque tous les jours, une petite carte ou un mail. C’est sympa. Mais sinon… récemment ? Euh… je crois pas… Ah, si, attends, elle a appelé lundi soir. Elle s’est encore vautrée dans le décalage horaire : elle a appelé à onze heures et demie.

Siriac : Vous dormiez ?

Roméo : Oui. Enfin, non, pas vraiment, mais on était couché, quoi…

Siriac (souriant) : Oui, je vois… Et alors ? Elle va bien ?

Roméo : Oui. Elle s’ennuie pas, visiblement… Elle visite plein de trucs, à droite à gauche, elle est jamais dans le même coin, elle voit plein de monde…


(Un silence. Roméo a les yeux dans le vague.)


Siriac : Elle te manque ?


(Roméo soupire.)


Siriac : Ouh là !

Roméo : T’imagines même pas comment…

Siriac : Et Juliette ?

Roméo : Pareil.


(Un silence.)


Siriac : À mon avis, vous lui manquez tout autant.

Roméo : Oui, oui, je pense. Elle nous l’a dit, d’ailleurs. C’était déjà ce qui l’avait freinée à partir.

Siriac : En même temps, une occase comme ça, faut pas la laisser passer.

Roméo : Ben oui. C’est ce qu’on lui a dit aussi. C’est ce que tout le monde lui a dit.

Siriac : Et avec sa mère et son beau-père, ça se passe bien ?

Roméo : Ouais, à peu près. Elle a dit qu’au début c’était un peu tendu, mais après ça s’est calmé. Et puis y a son frère.

Siriac : Tu le connais bien, son frère ?

Roméo : Un peu, sans plus. Il peut pas me voir, donc ça limite.

Siriac (souriant) : C’est curieux comme toutes les filles t’adorent et tous les mecs te détestent…

Roméo : Ben non ! Toi tu m’aimes ! Ça suffit à mon bonheur !


(On entend s’ouvrir puis se refermer la porte d’entrée de l’appartement. Juliette entre, les cheveux ébouriffés, et vêtue d’une tenue de sport.)


Juliette : Salut !

Roméo : Salut ma puce !

Siriac : Salut ma puce !


(Elle dépose un sac de sport dans un coin de la pièce et s’approche du canapé. Elle embrasse Roméo et fait une bise à Siriac.)


Siriac : Alors ? bien crevée ?

Juliette : Oui, et ça fait du bien.

Siriac : J’espère que t’as gardé un peu de forces à consacrer à Roméo…

Juliette : Eh, dis donc ! Occupe-toi de tes fesses !

Roméo : T’inquiète pas, tous les soirs, elle finit dans cet état-là…

Juliette : Mais c’est fini, oui !

Roméo : Je te sers un truc à boire ?

Juliette : Je veux bien un énorme verre d’eau, oui. Je prendrai un apéro tout à l’heure ; d’abord je vais prendre une douche.

Siriac : Bonne idée ! Si tu as besoin de moi…

Juliette : Mais t’es à fond, toi, ce soir !


(Juliette ôte son sweat-shirt, puis son survêtement. Siriac la dévore des yeux. Roméo sert un grand verre d’eau.)


Roméo : Comment ça se fait que tu rentres si tard ?

Juliette (sortant vers la salle de bains avec sa tenue de sport à la main) : Oh, on a papoté un peu avec les filles, dans le vestiaire.

Siriac : Il reste pas des places dans ton équipe ?

La voix de Juliette (de la salle de bains) : T’as eu des nouvelles d’Eloïse ?

Siriac : Et elles sont bien, tes copines ?

Roméo : Si, elle a envoyé un mail ce midi et y avait une carte postale au courrier.

Siriac : Vous prenez vos douches ensemble, des fois ?


(Juliette revient, en culotte et soutien-gorge.)


Siriac : Ouaouh !

Juliette : Fais voir, la carte ? Elle est où ?

Roméo (désignant un meuble) : Tiens, là.


(Juliette vient prendre le verre d’eau puis s’approche du meuble et se saisit de la carte postale. Siriac approche son regard du corps de Juliette.)


Roméo (à Siriac) : Mais arrête un peu de la mater comme ça !

Juliette (contemplant la carte) : Oh, t’as vu : Las Vegas !

Siriac : Boah, elle a qu’à pas se balader à poil…

Roméo : Bon… allez, Siriac… Cassandra va s’inquiéter… il vaut mieux que tu rentres, maintenant.

Siriac : J’hallucine comment t’es jaloux ! Tu fais chier ta meuf parce qu’elle rentre un quart d’heure plus tard que d’habitude, tu fais chier ton meilleur pote quand il ne fait qu’apprécier des yeux la beauté des courbes d’un corps harmonieux…

Roméo : Mais t’arrêtes de dire n’importe quoi ?


(Juliette repose la carte et s’approche du canapé. Siriac regarde soigneusement ses fesses pendant qu’elle embrasse Roméo.)


Juliette : Mais j’aime bien, moi, qu’il soit jaloux. D’un côté, ça me rassure…


(Elle se tient un moment debout devant eux et retire doucement son soutien-gorge en lançant des yeux de braise à Siriac qui bave presque. Quand elle l’a ôté, elle tourne sur elle-même puis se dirige vers la salle de bains en roulant exagérément des fesses.)


Juliette : Allez, je file à la douche…


(Juliette sort.)


Siriac (se rejetant en arrière dans le canapé) : Ah la vache ! J’hallucine !

Roméo : Mais t’as toujours pas compris qu’elle fait exprès pour te faire chier ?

Siriac : Si… mais j’aime bien… Et puis, je sais pas qui c’est qu’elle fait chier le plus, en fait, hein Roméo ?

Roméo : Râgnagna !

Siriac (se levant) : Fais voir la carte d’Eloïse ?

Roméo : Je te ressers un pastis ?

Siriac (prenant la carte) : Oui, léger.


(Tandis que Siriac lit, Roméo ressert deux verres de pastis et prépare un whisky-coca pour Juliette.)


Siriac (revenant s’asseoir) : Elle finit toujours ses cartes par « Vous me manquez. Je vous aime. » ?

Roméo : Tu vois, c’est toi qui es jaloux…

Siriac (se rasseyant) : N’importe quoi ! Déjà une nana, ça me fait chier, alors deux…

Roméo : Comment ça, ça te fait chier ? Ça se passe pas bien, avec Cassandra ?

Siriac : Si, si, globalement ça va…


(La sonnerie du téléphone retentit. Roméo bondit dessus à toute allure et décroche frénétiquement.)


Roméo (extatique) : Allô ?


(Juliette, trempée et dégoulinante, le corps recouvert de gel douche moussant, sort de la salle de bains.)


Roméo (largement déçu) : Ah, salut…


(Juliette retourne dans la salle de bains.)


Siriac : Eh ben ! On peut pas dire… elle vous manque…

Roméo (au téléphone) : Oui, il est là. Tu veux que je te le passe ?

Siriac : Et voilà ! Tu vois que ça fait chier… On peut même pas boire l’apéro tranquille !

Roméo (au téléphone) : Eh ben viens manger, sinon.

Siriac : Non, arrête ! Malheureux ! Y a sa mère, ce soir !

Roméo (au téléphone) : Ah, okay… Bon, ben je te le renvoie… Ouais, toi aussi. À plus.


(Il raccroche. Siriac soupire.)


Siriac : Quelle chouette soirée en perspective !

Roméo : Désolé…

Siriac (se levant) : Bon… Faut que j’y aille, je crois…

Roméo : C’est ce qu’elle avait l’air de dire…


(Siriac regarde son verre de pastis, puis la porte de la salle de bains, et finit par se rasseoir.)


Siriac : Bah, on n’est pas à cinq minutes.


(Il boit une grande gorgée de pastis. Roméo revient s’asseoir sur le canapé.)


Siriac : Je veux pas dire, mais vous avez l’air un peu à cran, non ?

Roméo : Tu crois ?

Siriac : T’as vu comme tu t’es jeté sur le téléphone ?


(Roméo soupire.)


Siriac : Elle rentre quand ?

Roméo : Je sais pas. Dans un gros mois.

Siriac : Bon ben vous avez fait le plus dur…

Roméo : Comment ça ?

Siriac : Eh ben ça fait presque trois mois qu’elle est partie, non ?

Roméo : Si, ça doit être ça.


(La porte de la salle de bains s’ouvre.)


Siriac (se calant dans le canapé et fixant toute son attention sur celle qui va en sortir) : Ah…


(Juliette revient, en peignoir ; elle se brosse les cheveux.)


Siriac : Zut ! Elle a remis quelque chose…

Juliette : C’était qui ?

Roméo : Cassandra. Elle se demandait ce que foutait Siriac.

Siriac : Ouais, c’est la misère. Faut que j’aille bouffer avec belle-maman…

Juliette (exagérément) : Oh, c’est trop bête ! Moi qui espérais justement de la compagnie ce soir…

Roméo : Pfff !

Siriac : Aaa… attends, on doit… on doit pouvoir s’arranger… Je vais leur filer des somnifères !

Roméo : T’emballe pas ! Elle plaisante !

Juliette : Tu crois ?


(Roméo lui lance un drôle de regard.)


Siriac : Dites donc, c’est Eloïse qui vous manque ou juste les plans cul ?

Roméo (innocemment) : J’sais pas… faudrait essayer avec d’autres filles, pour voir…


(Juliette lui lance un drôle de regard.)


Siriac : Ah, tiens, à propos : comment va Flora ?


(Roméo soupire.)


Juliette (à Siriac, se renfrognant) : Bon, allez, tu as raison, Cassandra va s’inquiéter. Dépêche-toi ! Hop !






Acte I, scène 2

Jeudi 26 avril, 10 h 50

Le lieu de travail de Flora et Roméo.

La scène est séparée en deux en son milieu par une cloison.

À gauche se trouve le bureau de Flora, à droite celui de Roméo.

(Flora, Roméo)



(Roméo est assis et, visiblement, travaille. Flora se recoiffe, s’observe brièvement dans un petit miroir, rehausse sa poitrine, puis sort de son bureau et entre, quelques secondes après, dans celui de Roméo.)



Flora : Salut, mon Roméo.

Roméo : Ah, tiens… salut.

Flora : Alors ? Toujours à demi célibataire ?

Roméo : Pffff !

Flora : Elle rentre quand ?

Roméo : Dans un mois.


(Elle contourne son bureau et vient se coller juste derrière lui.)


Flora (massant doucement les épaules de Roméo) : Toujours pas décidé à passer un peu de temps avec moi ?

Roméo (ironique) : J’en parle ce soir à Juliette et je te donne ma réponse demain ?

Flora : Pfff ! J’en reviens pas ! Depuis quand t’es fidèle comme ça, toi ?

Roméo : Depuis que je sais à quel point j’aime Juliette et à quel point j’aime Eloïse ; et à quel point, pour une simple baise, je risque de tout perdre…

Flora : Une simple baise ? Je ne suis rien d’autre pour toi qu’une simple baise ? Regarde-moi et jure-moi que tu n’as plus envie de moi ? Que nos baises n’ont pas été les meilleures que tu as connues ?


(Roméo se retourne et observe un court instant la poitrine de Flora avant de la regarder dans les yeux.)


Flora (souriant) : Ce regard en dit long…

Roméo (péniblement) : Flora, je préférerais que tu t’en ailles…

Flora (toujours souriant) : Ah oui, rien que ça ! Bon, très bien… Alors à plus tard, mon Roméo.


(Elle pose ses mains sur son visage et l’embrasse langoureusement. Il finit par réussir à détourner la tête. Flora s’éloigne en roulant ostensiblement des fesses, puis sort.)


Roméo (soupirant) : Oh là là ! C’est vraiment dur de résister, à chaque fois…


(Il ferme les yeux, crispe ses poings, puis pousse un long hurlement..)


Roméo (se calmant) : Mais à l’arrivée, je suis content de ne pas avoir cédé…


(On frappe à la porte du bureau de Roméo. Marcel entre, souriant, des papiers à la main. De l’autre côté de la cloison, Flora entre dans son bureau et s’y installe pour travailler.)


Marcel : Bonjour, Roméo.

Roméo : Bonjour, monsieur.

Marcel : Que vous arrive-t-il, Roméo, vous n’avez pas l’air dans votre assiette ?

Roméo : Euh, non, c’est rien… C’est juste que… euh… j’essaye d’arrêter de… euh…

Marcel : Vous arrêtez de fumer ? Excellente nouvelle ! Ne craquez pas !

Roméo : Oui, voilà… Même pas une pipe, rien…

Marcel : Moi aussi, j’ai une très bonne nouvelle pour vous !


(Il tend une enveloppe à Roméo. Celui-ci l’ouvre et en sort un feuillet qu’il lit.)


Marcel : Convocation à un stage de management !

Roméo : Un stage de… Mais… je…

Marcel : Je compte sur vous, Roméo ! Vous avez de l’avenir dans cette société !

Roméo : Euh… merci, monsieur… Mais…

Marcel : Allez, bonne journée !


(Il sort tandis que Roméo achève de lire.)


Roméo (soufflant) : Quoi ?! Cinq jours à Bruxelles ?!? Et du 21 au 25 !?! Mais c’est justement pile quand Eloïse va revenir ! Oh merde !!!


(Il froisse les papiers et se jette en arrière sur son fauteuil en soupirant. On entend frapper à la porte du bureau de Flora ; Marcel y entre.)


Marcel : Bonjour, Flora.

Flora (aguicheuse) : Bonjour, monsieur Marcel. Avez-vous besoin de moi ?

Marcel : Vous êtes bien aimable, Flora.


(Il ferme la porte à clef puis s’approche du fauteuil de Flora en débouclant sa ceinture.)


Marcel : J’ai une bonne nouvelle pour vous, Flora !

Flora (achevant d’ouvrir le pantalon de Marcel) : Ah ?

Marcel (lui tendant une enveloppe) : Vous êtes convoquée à un stage de management…







Acte I, scène 3

Vendredi 11 mai, 18 h 15

L’appartement de Juliette et Roméo

(Juliette)



(Juliette est assise sur le canapé, un ordinateur sur les genoux. Elle semble lire avec attention. On entend s’ouvrir la porte d’entrée de l’appartement. Roméo entre, portant un gigantesque bouquet de fleurs.)



Roméo : Coucou, mon amour !


(Juliette, apercevant les fleurs, pose l’ordinateur et se lève en souriant.)


Juliette : Ouaouh ! Quel bouquet !


(Roméo tend les fleurs à Juliette.)


Roméo : Tiens, ma puce ! J’espère qu’elles te plairont !

Juliette : Oh, Roméo, comme elles sont belles !


(Elle l’embrasse comme elle peut derrière l’immense bouquet, qu’elle prend ensuite et va déposer sur la table du salon.)


Juliette : C’est pour quelle occasion ?

Roméo : C’est juste pour l’occasion de te dire que je t’aime.


(Ils s’embrassent.)


Juliette : Moi aussi, je t’aime.


(Ils s’embrassent encore. Longuement, langoureusement, voluptueusement. Elle l’entraîne vers le canapé où ils se laissent choir. Ils s’enlacent, se cajolent, s’étreignent. Leurs caresses sont de plus en plus suggestives. Juliette déboutonne le pantalon de Roméo et en extrait son sexe tendu qu’elle masturbe un instant. Ils s’embrassent encore. Roméo passe une main entre les cuisses de la jeune femme.)


Juliette (doucement) : T’t’t’… je préfère pas, mon amour… je suis… indisposée…

Roméo (déçu) : Ah… C’est vrai ? Ça fait déjà un mois ?

Juliette (sensuelle) : Mais je vais te montrer d’autres trucs, tu vas voir… Laisse-toi faire…


(Roméo se laisse aller en arrière sur le canapé ; Juliette s’agenouille entre ses jambes et lui retire son pantalon et son caleçon. Puis elle se penche sur son bassin et referme ses lèvres sur son gland gonflé et le suce doucement. Il geint en lui caressant les cheveux.)


Roméo : Oooohh ! Oui ! Hmmmm !


(Juliette alterne de rapides mouvements et de lents et profonds va-et-vient. Roméo gémit de plus en plus fort.)


Roméo : Oh c’est trop bon ! T’es vraiment une reine !


(La sonnerie du téléphone retentit. Sans cesser de pomper, Juliette lève vers Roméo des yeux interrogateurs.)


Roméo : Laisse tomber, on s’en fout, t’arrête pas !

Juliette : Mbhais chzè pftchèt Ehohizch ?

Roméo : Tu crois ? À cette heure-ci ?

Juliette (se relevant) : Je vais voir, attends…


(Elle va jusqu’au téléphone, tandis que Roméo reste immobile, le sexe tendu entre ses cuisses écartées.)


Juliette (observant le téléphone) : C’est ton boulot. Je décroche ?

Roméo : Pfff… Oui, vas-y, file-le-moi.


(Juliette apporte le téléphone à Roméo puis reprend sa position, agenouillée devant Roméo.)


Roméo (décrochant) : Oui ?


(Juliette se remet à le sucer doucement.)


Roméo (entre deux soupirs) : Tiens… hmmm… salut, Flora…

Juliette : Grmrblrblrmbbblrmm !

Roméo : Ben, si, tu me déranges un peu, mais bon… Attends, tiens, essaie de deviner…


(Roméo, amusé, déclenche le haut-parleur et positionne le combiné juste à côté de la bouche de Juliette qui continue de pomper en s’évertuant désormais à faire le plus de bruit possible.)


La voix de Flora : Alors ? Elle s’y prend bien, celle-ci ? Mieux que ta Juliette, j’espère…

Juliette : Thfa gweuwe khwonnaszch !

La voix de Flora (visiblement amusée) : Aaah, c’est Juliette… Zut alors, j’ai gaffé…

Roméo (reportant le combiné à son oreille) : Tu me saoules, Flora ! Qu’est-ce que tu voulais ?

La voix de Flora : Oh, pas grand-chose. Attends, tu as éteint ton haut-parleur, là ?

Juliette (toujours suçant et masturbant Roméo) : Hôon lèch chle !

La voix de Flora : C’est à propos du stage, la semaine prochaine.

Roméo : Hmmmm !

La voix de Flora : Eh bien, je vois que ça t’excite d’avance…

Roméo : Aaah ! C’est Juliette, qui m’excite… Hmmm ! Pas toi !


(Ces dernières paroles semblent donner un coup de fouet à Juliette qui se met à sucer toujours plus ardemment Roméo, accélérant encore sa cadence. Celui-ci gémit de plus en plus et se crispe soudain en grognant avant de se déhancher quatre ou cinq fois avec brutalité tandis que Juliette continue de le masturber et de suçoter son gland. Elle déglutit à deux reprises en dardant des yeux enflammés à Roméo. Celui-ci se décontracte finalement en poussant un dernier soupir.)


La voix de Flora : Ça y est ? Ça va mieux ?

Roméo : Wouaaahhh !

La voix de Flora : Alors ? Elle a tout avalé ?

Roméo (reprenant ses esprits) : C’est vraiment pour parler de ça que tu appelais ?

La voix de Flora : Non, mais ça m’intéresse. Je veux savoir si elle se débrouille quand même un peu, si je te manque pas trop.

Juliette (s’approchant du combiné) : Grrrrrr !

Roméo : Bon, qu’est-ce tu voulais, Flora ?

La voix de Flora (suave) : Hmmm, d’abord, juste pour t’informer : j’ai appelé l’hôtel et j’ai demandé une chambre avec un lit double à la place de nos deux chambres single…

Juliette : Rââaaaaahhh ! Salope ! Fais ça et je te tue !

Roméo (à Juliette, posant une main sur le combiné) : Laisse tomber, t’énerve pas, c’est des conneries.

La voix de Flora : Ensuite, je voulais te demander si tu voulais que je demande à ma sœur de nous accompagner…


(Juliette bouillonne. Roméo lui adresse des signes d’apaisement.)


Roméo (au téléphone) : Non, pas spécialement, mais tu as bien fait de me prendre une chambre double ; Juliette sera en vacances et Eloïse sera rentrée ; elles pourront nous accompagner.

La voix de Flora : Pfff ! N’importe quoi !

Roméo : Tu me demanderas un lit assez grand, tant qu’à faire. Par contre, je crois que tu devras conserver ta chambre à part…


(Juliette sourit. Un silence.)


La voix de Flora : Bon… euh… et, accessoirement, le chef m’a demandé de te prévenir que la réunion de demain matin était avancée à huit heures vingt.

Roméo : Ah bon ? T’as été rétrogradée au secrétariat ?

La voix de Flora : Oh, fais pas chier ! C’est juste qu’y a plus que moi, à cette heure-ci.

Roméo : Oui, toi et le chef… tu finissais de gagner ta prime mensuelle, c’est ça ?

La voix de Flora (reprenant assurance) : Ne sois pas jaloux, mon Roméo, y aura toujours un peu de place pour toi dans mon emploi du temps…

Roméo : Pfff !

Juliette : Mais elle s’arrête jamais ?

La voix de Flora : Bon, allez, bonne soirée ! Amusez-vous bien !

Roméo : Oui, bonne soirée, toi aussi.

La voix de Flora : Et t’oublies pas, demain ? Huit heures vingt en salle de réunion.

Roméo : Ça roule. À plus.


(Il raccroche, pose le téléphone. Juliette soupire profondément et vient s’asseoir à côté de lui sur le canapé.)


Juliette : Tu l’as mouchée, c’est bien… Mais je m’y ferai jamais… Je sais que c’est de la provoc, mais j’ai l’impression qu’elle sera toujours là à t’exciter à outrance, à te sauter dessus dès que j’aurai le dos tourné…

Roméo (soupirant aussi) : Ouais… Je passe mon temps à l’envoyer promener…

Juliette : Ça me fait peur… Un jour ou l’autre, tu vas craquer.

Roméo : Non. Plus maintenant ! C’est toi que j’aime ! Eloïse et toi, je vous aime. Je suis le plus heureux des hommes. Je ne foutrai pas tout en l’air pour tirer un coup !

Juliette : Oh, Roméo, je t’aime !


(Elle approche son visage du sien.)


Roméo : Euh…

Juliette : Embrasse-moi…


(D’un air dégoûté, il lui dépose un petit smack sur les lèvres puis retourne la tête hâtivement.)


Juliette (souriant) : Rrrooh, petite nature !


(Elle se lève et va jusqu’à la table du salon prendre le bouquet de fleurs. Roméo se lève et se rhabille. Juliette sort vers la cuisine.)


Roméo : Prends un Tic-Tac, pendant que t’y es…

La voix de Juliette : Elles sont vraiment magnifiques, ces fleurs ! Tu as dû te ruiner !

Roméo : Je m’en fous ! Je t’aime !


(Il achève de se revêtir et parcourt en hâte une pile de papiers posés sur un meuble. Il en sort une carte postale qu’il détaille longuement des deux côtés. Juliette revient de la cuisine, portant un grand vase dans lequel elle a mis les fleurs. Elle pose le vase sur la table.)


Juliette : Ah, tu as vu ? Acapulco… Ça donne envie…

Roméo : Ouais… Moi j’ai surtout envie qu’elle revienne…


(Juliette s’approche de lui et passe ses bras autour de son cou.)


Juliette (amusée) : Je ne te suffis plus ?

Roméo : Arrête, tu sais très bien que…

Juliette (l’interrompant) : Mais je te taquine ! Moi aussi elle me manque !

Roméo : Plus que deux semaines…

Juliette (s’écartant de Roméo) : Oui. Mais il y a ce stage !


(Roméo soupire.)


Juliette : Je vais être toute seule et m’imaginer les pires choses ! Te savoir seul avec cette salope à des centaines de kilomètres…

Roméo : Écoute, ma puce, on en a déjà parlé ; j’ai pas le choix, il faut que j’y aille, et tu n’as pas le choix, tu dois me faire confiance. Et je t’assure que tu n’as rien à craindre !






Acte I, scène 4

Mardi 22 mai, 20 h 35

L’appartement de Cassandra et Siriac

(Juliette, Cassandra, Siriac)



(Tous trois sont attablés pour dîner.)



Juliette : En tout cas, c’est sympa de m’avoir invitée à manger. Ça me fait du bien.

Cassandra : Bah quand même ! C’est la moindre des choses… Tu te retrouves toute seule chez toi, autant que tu passes la soirée avec nous.

Siriac : Oui. Ou même la nuit, si tu veux…


(Juliette sourit. Cassandra soupire.)


Cassandra : Tu as eu des nouvelles d’Eloïse ?

Juliette : Pas depuis hier soir. Elle savait que j’étais toute seule hier soir, alors elle s’est arrangée pour trouver un ordi et on a discuté un bon moment sur le net.

Cassandra : Elle était où ?

Juliette : Je sais plus. Elle m’a dit le nom d’un bled… Montserrat, je crois.

Siriac : C’est où, ça ?

Juliette : Pas loin de la Guadeloupe, il me semble. C’est sa dernière étape. Elle rentre jeudi soir. Vous pouvez même pas imaginer comment j’ai hâte d’y être !

Cassandra : Et Roméo, il rentre quand ?

Juliette : Normalement vendredi. Mais il m’a répété tout à l’heure qu’il allait tout faire pour revenir aussi jeudi soir.

Siriac : Et… comment dire… ça va ? il t’a paru… euh… normal ?

Juliette (pâlissant soudain) : Je crois, oui. J’espère…

Cassandra (à Siriac) : Mais t’es con ou quoi ? Tu vois pas que ça la rend malade, de parler de ça ?

Juliette : Non, non, t’inquiète pas, ça va… C’est de ma faute ; je suis bien trop jalouse.

Cassandra : Oui, rassure-toi, j’ai vraiment l’impression que Roméo a changé, dans le bon sens du terme.

Juliette : Oui, et l’absence d’Eloïse, on dirait presque que ça l’a fait réfléchir…

Siriac : Bah en tout cas, elle lui manque, c’est clair !


(Un silence.)


Siriac : Remarque, moi aussi, elle me manque. J’ai plus personne à qui envoyer des vannes…


(Juliette sourit.)


Juliette : Ça vous dit de venir manger avec nous, vendredi soir ? Elle sera contente de vous revoir aussi.


(Cassandra et Siriac se regardent un instant.)


Cassandra : Oui, pourquoi pas.

Siriac : Elle va passer la soirée à nous raconter son voyage…

Juliette : C’est possible. Hier soir, elle m’a dit qu’elle avait plein de trucs à me raconter.

Siriac : Bah tu m’étonnes ! En quatre mois à travers la moitié de l’Amérique…

Cassandra : De quoi vous avez parlé, hier soir ?

Juliette : Pas mal de trucs, d’ici, de là-bas, mais surtout des bricoles. Si, elle m’a dit qu’elle commençait à en avoir un peu marre de se balader tout le temps…

Siriac : Pfff ! Ce qu’il faut pas entendre ! Marre de se balader d’hôtel quatre étoiles en hôtel quatre étoiles, dans des endroits plus délirants les uns que les autres…

Juliette (amusée) : Attends, le pire, c’est que depuis dix jours, elle traverse les Caraïbes sur une sorte de yacht…

Siriac : J’hallucine ! Le blé que ça doit coûter…

Juliette : Oui…


(Un silence. Ils finissent leur assiette.)


Juliette (souriant) : Ah si ! Elle m’a dit aussi qu’elle avait pas mal changé…

Cassandra : Changé ?

Juliette : Je sais pas, elle a pas voulu m’en dire plus.

Siriac (rigolant) : Mort de rire ! Si ça se trouve, à force de rien foutre sur son yacht, elle a pris quarante kilos ! Vous allez retrouver une grosse bonbonne !

Juliette : Ben j’espère que non…

Cassandra : Bah en même temps, elle avait de la marge, à ce niveau-là…

Siriac : Ouais enfin si tu lui rajoutes quarante kilos… J’aimerais bien être là quand Roméo va voir ça… Ha ha ha ! Je me marre d’avance !

Cassandra : Mais arrête ! C’est peut-être pas ça !

Siriac : Oui, si ça se trouve, c’est juste qu’elle s’est rasé la tête… ou qu’elle a des tatouages partout…

Juliette : Je m’en fous ! Je l’aime !


(Un silence.)


Siriac : Ça me fait toujours bizarre de t’entendre dire ça… Cass, ma puce, ça te tente vraiment pas, un ménage à trois ?


(Cassandra soupire et se lève en emportant des plats vers la cuisine.)


Siriac : Bah quoi ? Oooh, pffff ! Elle est pas rigolote, hein ?

Juliette (se levant) : T’as besoin d’aide, Cassandra ?

Siriac : Eh, Juliette, t’es sûre que tu veux pas dormir là ?


(Juliette emporte à son tour assiettes et couverts vers la cuisine.)


Siriac : T’inquiète pas, je leur dirai rien…

La voix de Cassandra (de la cuisine) : Siriac ?

Siriac : Oui ?

La voix de Cassandra : Ta gueule !






Acte I, scène 5

Vendredi 25 mai, 19 h 15

L’appartement de Juliette et Roméo

(Roméo)



(Roméo achève de dresser la table. La sonnette de l’appartement retentit.)



Roméo (fort) : Entrez, c’est ouvert !


(Cassandra et Siriac entrent, apportant un dessert et une bouteille de vin. Roméo serre la main de Siriac et fait une bise à Cassandra, avant de les débarrasser de leurs présents.)


Roméo (désignant le canapé) : Venez, installez-vous.

Siriac : Les filles sont pas là ?

Roméo : Si, si, elles doivent être à la cuisine.


(Eloïse entre. Cassandra, l’apercevant, pousse une exclamation de stupeur.)


Siriac (beuglant en la voyant) : Ouah la vache ! C’est qui cette bombe ?

Eloïse (souriant) : Eh ben, Siriac, tu me reconnais pas ?

Siriac : Haaaaaaaaaaaaaa ! Eloïse, c’est toi ?!? Ben tu m’étonnes que t’as changé !


(Roméo sourit et sort vers la cuisine, emportant le dessert et la bouteille de vin. Eloïse s’approche de Cassandra et la salue d’une bise.)


Eloïse : Salut.

Cassandra : Salut, Eloïse ! Alors ? Comment tu vas ? Ça s’est bien passé ?

Eloïse : Oui, super ! C’était vraiment exceptionnel ! Je re…

Siriac (l’interrompant par un nouveau hurlement) : Aaaahhhaaaaa !

Cassandra (agacée) : Oh ! Tu nous saoules !

Siriac : J’hallucine !


(Eloïse, riant, s’approche de lui pour le saluer. Il s’écarte pour continuer de la contempler. Juliette et Roméo entrent, et observent la scène en se marrant.)


Eloïse : Bon, quand tu seras décidé à me dire bonjour…

Siriac : Attends, attends… j’en reviens toujours pas !

Cassandra (à Eloïse) : C’est vrai que t’as changé…

Eloïse : Oui… j’ai pris au moins quinze kilos…

Siriac : Ouais enfin vu où tu les as pris, c’est parfait ! Ne change plus rien !

Cassandra : Ben y a pas que ça… La coiffure, le bronzage…

Eloïse (passant la main dans ses cheveux) : T’aimes bien ?

Siriac : Rrraaah ouais ! Grave !

Cassandra : Ça te change, en tout cas. Et puis ces habits…

Siriac : Ah ouais, c’est mortel, ces fringues moulantes, comment elles te vont bien !

Eloïse : C’est à la mode, aux States. Mais quand je les ai achetées, elles me moulaient moins que ça… J’ai repris du bide, depuis.

Siriac (en transe) : T’as repris des seins, ouais ! Et des hanches ! Peut-être un peu du reste, mais laisse tomber, on s’en fout !

Cassandra : Si, un peu du visage, aussi.

Siriac : Ah ouais, mais t’as vu comme elle est belle, comme ça ? Elle était trop maigre avant, et puis voilà ! Ah, la vache ! Comment t’es magnifique !

Cassandra : Euh… Siriac…


(Siriac paraît se calmer un peu.)


Siriac : Euh… ouais… ouais… excuse-moi, mon amour, je suis désolé. Mais…


(Il s’avance vers Eloïse pour la saluer.)


Eloïse : Ah, quand même !


(Il lui fait une bise.)


Siriac : Hmmm ! Et même ce parfum… c’est somptueux !


(Cassandra fait une drôle de tête. Juliette s’approche d’elle pour la saluer.)


Juliette : Alors ? Comment vous trouvez notre nouvelle Eloïse ?

Cassandra : Changée, c’est le moins qu’on puisse dire…

Siriac (regardant Roméo d’un air cauteleux) : Ben mon salaud !






Acte I, scène 6

Vendredi 25 mai, 20 h 00

L’appartement de Juliette et Roméo

(Juliette, Cassandra, Roméo, Eloïse, Siriac)



(Les trois jeunes femmes sont assises dans le canapé ; les garçons sont assis face à elles sur des fauteuils. Plusieurs verres et bouteilles d’apéritif sont posés sur une table basse entre eux.)



Eloïse : Ensuite, de là, on a pris l’avion pour Vancouver…


(Siriac regarde sa poitrine pendant qu’elle parle.)


Eloïse : …où on a passé encore deux nuits, le temps d’aller…

Cassandra : Siriac, tu veux que je t’aide !

Siriac : Comment ? Qu’y a-t-il ? Euh… non, mais je me demandais juste si c’étaient pas des implants…

Eloïse : Hein ?!? J’hallucine ! Ben tiens, t’as qu’à toucher, pour t’en rendre compte…

Siriac : C’est vrai ? Je peux ?

Cassandra et Roméo (s’écriant ensemble) : Non !

Siriac : Boah…


(Un court silence.)


Siriac (à Eloïse) : Bon, et niveau cul, alors ? Ça a été, t’as tenu le coup ?


(Un silence.)


Siriac (à Cassandra) : Et là, tu me dis rien ?

Cassandra : Bah non ! Ça m’intéresse aussi…

Eloïse (souriant) : Ben… ça a été dur, c’est clair.


(Roméo est pendu à ses lèvres.)


Eloïse : Mais j’avais emprunté un gode à Juliette… Tiens, d’ailleurs, ça me fait penser que je vous ai ramené plein de souvenirs à tous.

Cassandra (inquiète) : C’est le gode qui te fait penser à ça ?

Eloïse : Oui parce que mes premières emplettes, je les ai faites dans un sex-shop. Mais t’inquiète pas, j’ai aussi rapporté d’autres trucs…

Siriac : Attends, attends, détourne pas la conversation ! T’as tenu quatre mois, alors ? T’as pas craqué ?


(Un silence. Eloïse semble gênée. Elle regarde tour à tour Juliette et Roméo.)


Juliette : Bah, c’est bon, tu peux le dire, va…

Eloïse : Si, j’ai craqué. Une fois. Un soir où j’avais le blues, un type dans un hôtel, qu’avait le blues aussi…

Roméo : M’enfin !

Siriac : Bah, ça va, une fois en quatre mois…

Roméo : Ça va, ça va, c’est vite dit…

Juliette : Eh, attends, faut la comprendre, quatre mois toute seule !

Roméo : Ouais, ben on voit bien que c’est pas une nana, qu’elle s’est tapée ! Tu serais moins coulante, je crois…

Juliette : Parce que môssieur Roméo tiendrait certainement quatre mois sans se taper une fille, lui ?

Siriac : Là, je veux pas dire, mais elle a raison… Déjà deux jours, tu peines…

Roméo : Mais je t’emmerde !

Siriac : Tiens, à propos, comment ça s’est passé ton stage ?

Roméo : Mais fous-moi la paix !

Juliette (sarcastique) : Oui, tiens, niveau cul, alors ? Cinq jours avec ta Flora ? Ça a été, t’as tenu le coup ?


(Roméo est sur le point d’éclater, mais parvient à se contenir et à se calmer.)


Roméo (doucement) : Oui… ça a été, j’ai tenu le coup.


(Juliette semble soulagée.)


Siriac (toujours amusé) : Flora était pas trop en chaleur ?

Roméo : Si, si, comme toujours… Mais je l’ai envoyée promener.

Siriac : Ah là là ! Ça doit être dur, quand même, d’envoyer chier une bombe comme elle…


(Tous le regardent méchamment.)


Siriac : Ben quoi ? C’est vrai ? Mais tant mieux, s’il a réussi. C’est bien.


(Un silence presque pesant.)


Siriac (à Juliette) : Bon, et toi ?

Juliette : Quoi, moi ?

Siriac : Ben… niveau cul, ça a été, pendant ces quatre jours ?

Cassandra : Oh, ça va, arrête ! T’es vraiment lourd, là !

Siriac : Ben comme ça on aura fait le tour de toute la famille…

Juliette : Quatre jours d’abstinence, c’est pas dans mes habitudes, mais c’est pas la mort quand même… hein, Roméo ?

Roméo : Euh… oui… enfin, non… non, c’est pas la mort.


(Un silence.)


Eloïse : Bon, allez, on va pas se pourrir la soirée ! On est contents de se retrouver, non ?


(Tous acquiescent.)


Eloïse : Tu nous ressers un peu de champagne, Roméo ?






Acte I, cut scene 1

Samedi 30 mars, 1 h 40

Une chambre d’hôtel

(Personne)



(La porte s’ouvre. Eloïse entre en titubant, suivie de Thomas.)



Eloïse (se laissant choir sur le lit) : Aaaaahh !

Thomas (à Eloïse, avec un fort accent québécois) : Tu es sûre que ça va ?

Eloïse : Ouaaaiis ! Et puis pour une fois que je croise quelqu’un qui parle la même langue que moi…


(Elle écarte les jambes.)


Eloïse : Tu sais t’en servir, de ta langue ?






Acte I, cut scene 2

Mardi 10 avril, 11 h 20

Une terrasse

(Yannick)



(Yannick est allongé sur un transat, visiblement occupé à bronzer. Eloïse entre, en bikini, toute dégoulinante.)



Eloïse (s’asseyant sur un autre transat) : Aaah ! Elle est trop bonne, l’eau de la piscine, tu devrais vraiment essayer !

Yannick : Non, ça me dit rien…


(Eloïse s’allonge. Un silence.)


Yannick : Je crois que t’as un ticket avec le grand costaud, là-bas…

Eloïse (se redressant légèrement) : Lequel ? Le blond ?

Yannick : Oui.

Eloïse (regardant attentivement) : Remarque, il est pas mal. Mais je préfère son pote.

Yannick : Ah ?

Eloïse : En tout cas, ils se gênent pas pour me mater, ni l’un ni l’autre.


(Un silence.)


Eloïse : Eh, ils viennent carrément par ici !


(Yannick se redresse pour regarder. Un silence.)


Yannick : Non, ils ont l’air d’hésiter un peu… À mon avis, ils pensent qu’on est maqués ensemble…

Eloïse : Tu crois ? Ben dégage, alors !

Yannick : Non mais eh ! Tu rigoles ? Je suis bien, moi, ici. T’as qu’à te barrer, tu verras bien s’ils te suivent.

Eloïse : J’sais pas…

Yannick : Et puis, oh ! T’as pas déjà un mec, toi ? Ça y est, t’as tiré une croix sur l’autre guignol et sa copine ?

Eloïse : Oh, arrête de me faire chier !


(Frank et Johnny entrent et font mine de discuter en s’approchant tout doucement d’Eloïse. Celle-ci les regarde en souriant subtilement.)


Yannick : Ben là, en même temps, vu la gueule que tu leur fais, s’ils viennent pas, c’est qu’ils sont cons.

Johnny : Hi !

Eloïse : Hi !

Frank : Hi !

Johnny : Savouring sun after bath ?

Eloïse : Hein ?

Yannick : Dis « yes », ils seront contents…

Johnny : With your boyfriend ?

Eloïse : Ah, ça j’ai compris !

Yannick : Ah ! toute la délicatesse américaine !

Eloïse : No, he’s only my brother.

Frank : Oh really ?

Yannick : Et voilà…

Johnny : Do you wanna have a drink ?

Eloïse : Yes.

Frank : C’mon, we’ll be comfier inside…


(Eloïse se lève. Johnny et Frank la dévorent des yeux.)


Eloïse : Yannick, t’as pas besoin de la chambre, là, pendant un moment ?






Acte I, cut scene 3

Dimanche 21 avril, 1 h 50

La piste d’une discothèque

(Eloïse, entourée de dizaines de danseurs et danseuses)


(Tous dansent au son d’une musique techno assourdissante. Eloïse est juchée sur une sorte de petit podium et se trémousse également. Un projecteur l’éclaire soudain. Son tee-shirt est trempé et colle à son corps, dévoilant quasiment sa poitrine sans soutien qui se balance au rythme des déhanchements de la jeune femme.)



La voix du DJ (couvrant quelque peu la musique) : Come on, boys and girls, look at her ! She’s our winner tonight !


(La foule hurle et applaudit Eloïse qui continue de danser.)


La voix du DJ : Overall winner with her wet top, she’s the real star tonight !


(La foule crie à nouveau.)


La voix du DJ : I’ve never met a girl like her before. Let me introduce : Frenchy Loïs !


(La foule hurle encore. Eloïse enlève son tee-shirt et continue de se trémousser seins nus. Un jeune homme monte sur le podium à côté d’elle et commence à danser en se frottant suggestivement à Eloïse. Un autre monte de l’autre côté. Elle continue à bouger un moment en les caressant vigoureusement entre les cuisses. Puis, souriant, elle adresse un signe en direction d’une jeune femme qui danse devant le podium. La foule crie à nouveau et la jeune femme est quasiment soulevée jusqu’au podium, où Eloïse et elle se mettent à danser enlacées. Eloïse enlève le tee-shirt de la jeune femme et l’embrasse langoureusement en maintenant collées leurs poitrines.)






Acte I, cut scene 4

Dimanche 28 avril, 9 h 50

Une chambre

(Eloïse, Jane, Brandon)


(Eloïse est allongée nue dans un grand lit, entre Jane et Brandon, également nus. Tous trois paraissent dormir. Eloïse remue légèrement, se dégage doucement de l’étreinte de Jane, se frotte les yeux, s’étire en bâillant.)



Eloïse : Merde ! Où est-ce que je suis ?


(Elle regarde alternativement Jane et Brandon.)


Eloïse : Et c’est qui, eux ?


(Jane remue vaguement et ouvre un œil. Elle caresse doucement la poitrine d’Eloïse.)


Jane (pâteuse) : Hmmm, what a great night !


(Elle embrasse Eloïse puis se rendort.)


Eloïse : Oh là là ! Faut que j’arrête de picoler…


(Elle s’extirpe le plus silencieusement possible du lit.)


Eloïse : Euh… sorry, hein, mais là je dois y aller…






Acte I, cut scene 5

Jeudi 24 mai, 18 h 50

L’appartement de Juliette et Roméo

(Juliette, Eloïse)



(Eloïse et Juliette sont assises nues enlacées dans le canapé et paraissent épuisées. Dans le fond de la pièce sont posés deux énormes sacs de voyage.)



Eloïse : Oh comme tu m’as manqué !

Juliette : Toi aussi, tu m’as manqué ! Ça a été vraiment dur sans toi…

Eloïse : Et moi donc !

Juliette : T’as pas craqué, pendant ces quatre mois ?


(Eloïse baisse les yeux et soupire.)


Juliette (apeurée) : Tu m’as beaucoup trompée ?

Eloïse (hésitante) : Euh… non… juste une fois. Et c’est plutôt Roméo, que j’ai trompé…


(Juliette la serre dans ses bras. Elles s’embrassent.)


Eloïse : Et toi ? Tu as vu d’autres filles ?


(Juliette reste un instant silencieuse, les yeux dans le vague.)


Juliette : Non. Ça a bien failli, mais non…






Acte I, cut scene 6

Jeudi 12 avril, 18 h 45

Une douche d’un vestiaire de gymnase

(Juliette, Marie)



(Juliette et Marie sont nues sous la douche, enlacées, leurs cuisses entrecroisées. Chacune a passé une main entre les jambes de l’autre. Elles s’embrassent et se caressent en se trémoussant.)







Acte I, cut scene 7

Lundi 21 mai, 22 h 10

Une chambre d’hôtel

(Roméo)



(Roméo est allongé sur le lit et subit la télévision. On entend frapper à la porte.)



Roméo (fort) : Oui ? C’est qui ?

Une voix (à travers la porte) : Room service…

Roméo (hésitant) : À cette heure-ci ?


(Il se lève et s’avance jusqu’à la porte.)


Roméo : C’est pourquoi ?

La voix : Une envie de sexe…

Roméo (soupirant) : Oooh, Flora, tu me saoules !

La voix de Flora : Comme tu veux, mon Roméo… Je t’attends toute nue sous mes draps…

Roméo : Je n’ai pas envie de baiser avec toi, Flora. Tu perds ton temps.

La voix de Flora : Pas de problème, fais bien comme tu veux. De toute façon, d’ici vendredi, je suis sûre que tu vas craquer… Alors un peu plus tôt, un peu plus tard…


(Roméo crispe les poings et ferme les yeux.)


La voix de Flora : Chambre 12, je laisse la porte ouverte…


(Un silence. Roméo retourne s’allonger sur le lit, et fait mine de regarder à nouveau la télé. Régulièrement, il se frotte la tête, se mord les doigts, soupire puissamment. Il finit par se relever et tourne un instant en rond dans la pièce, puis sort d’un air décidé.)


(Un silence. Roméo revient et claque la porte. Il sort en direction de la salle de bains et revient quelques secondes plus tard, le visage aspergé d’eau. Il tourne de nouveau en rond dans la pièce.)


Roméo : Oh et puis merde ! On n’a qu’une vie !


(Il sort.)






À suivre.