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n° 13947Fiche technique24016 caractères24016
Temps de lecture estimé : 13 mn
27/07/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Cher Eric, si tu souhaites participer à ce moment charnel et attachant, nous te demandons de rédiger quelques vers suggestifs. La vénusté de ton poème sera ton billet de participation. Nathalie et Catherine
Critères:  ffh campagne amour fsoumise hsoumis fdomine hdomine attache bondage poésie exercice humour -couplea3
Auteur : Eric Grand  (EricGrand)            Envoi mini-message

Série : Ludosexe

Chapitre 07
Corps à corde

Résumé des épisodes précédents :


Éric et Nathalie, d’anciens voisins, se rencontrent fortuitement plusieurs années après s’être perdus de vue. Sous l’impulsion de Nathalie, cette anodine rencontre se transforme en jeu sexuel aux règles élaborées. Rapidement les fantasmes de Nathalie irradient Éric et plusieurs joutes endiablées se succèdent lors desquelles liens de cordes, caresses intimes et orgasmes féroces s’entremêlent.


À chaque rencontre, Nathalie entraîne Éric un peu plus loin sur le chemin du plaisir et de la perversion, repoussant à chaque fois les limites de leur jeu. Jusqu’au jour où elle inclut Catherine, l’ancienne amie d’Éric, dans leur relation débridée.


La relation à trois se complexifie. Catherine révèle à Éric que sa rencontre avec Nathalie n’a pas été fortuite, mais soigneusement préparée. Elle lui explique que durant plusieurs mois Nathalie l’a accompagnée dans son cheminement personnel et sexuel. Elle lui a notamment enseigné les plaisirs de la corde, un fantasme jusque-là refoulé et dont la révélation a désinhibé sa sexualité. La confiance de Catherine envers Nathalie est absolue.


Éric prend conscience qu’il a peut-être fait une incroyable erreur lorsqu’il a rompu avec Catherine. Leur relation était parfaite, seule leur sexualité n’était pas satisfaisante. Ce qu’il considérait comme un obstacle infranchissable pour leur amour a été balayé en quelques mois par Nathalie.


De son côté, Nathalie réalise qu’elle éprouve maintenant de forts sentiments pour Éric. Or la situation est sur le point de lui échapper. Pour tenter de conserver son pouvoir sur le scénario, Nathalie interdit à Éric de succomber à Catherine. Étrangement, elle organise dans le même temps une rencontre intime entre les anciens amants. Une nouvelle manipulation perfide ?


Ce soir-là, les charmes de Catherine balayent bien vite l’interdit de Nathalie. Éric s’abandonne entièrement aux mains et surtout aux cordes de sa nymphe. Elle entreprend de le ligoter intimement, longuement, passionnément… la nuit leur appartient…




Le monde du silence


À la manière d’un plongeur qui remonte des abysses, j’émerge paisiblement d’un profond sommeil. La pression sur mes paupières est encore lourde mais, palier par palier, je franchis les étapes de mon éveil.


Le monde de silence qui m’enveloppe se transforme en un doux murmure. À chacune de mes inspirations, je perçois le frôlement de la couette qui se soulève sur ma poitrine nue. Mon attention s’accroît et je devine maintenant une respiration régulière à mon côté.


Un à un, mes sens renaissent. Après l’ouïe, mon odorat me transmet quelques informations sur l’atmosphère environnante. La fenêtre doit être ouverte car l’air est frais et empli de senteurs forestières. Subséquemment, je prends conscience d’un engourdissement prononcé de ma main droite. Mes doigts paraissent collés les uns aux autres. Serait-ce une conséquence de l’essence de poix de sapin qui embaume la pièce ? Tout en restant parfaitement immobile, je réalise finalement que mes phalanges sont intimement enlacées avec des congénères. Ainsi, l’engourdissement de ma main doit être le fruit d’une longue étreinte inconsciente.


Des bribes d’événements nocturnes commencent à habiller mes pensées. Les émotions de la nuit se font jour en moi, mais le scénario m’échappe. Chaque péripétie parvient unitairement jusqu’à ma conscience, telle des bulles d’air remontant une à une de profondeurs insondables. J’ai l’impression de redécouvrir les cases d’une bande dessinée connue, mais de ne plus en saisir la chronologie : Catherine, la fournaise d’un lit, une course poursuite, une paire de lèvres, Nathalie, un corps à corps, des corps encore, décors de corps, des corps à cordes, des cordes encordent…


Un mouvement sur ma gauche interrompt cette résurgence d’événements ardents. Une onde naît sur mon épaule, parcourt mon bras en une douce caresse et vient se fondre dans ma main. Je prends conscience d’une seconde présence à mon côté. Un tendre chatouillis à l’intérieur de ma paume m’indique que celle-ci héberge maintenant une couvée de jeunes doigts.


Un nouveau palier de mon réveil est franchi. Toujours sans bouger, j’identifie assurément la main enserrante et dominante de Nathalie sur ma droite à l’opposé de la douce et nidifiante étreinte de Catherine. L’instant est féerique, alors que mon esprit est encore baigné d’une parcelle de sommeil, alors que mon corps à corps avec Morphée s’achève en une marée descendante, je prends conscience que le monde du réel est encore plus beau que celui des rêves, je réalise que je partage mon intimité avec deux sirènes.


Une appréhension vient toutefois ternir cette matinale idylle : mes pensées peignent-elles un tableau fidèle de ma réalité ? Ne serait-il pas préférable de rester entre deux eaux et prolonger ce présent extatique ? Couard, je renonce au monde factuel et laisse mes songes s’immerger à nouveau dans les limbes chimériques.


Bientôt, un flot renouvelé d’images distille dans tout mon être des émotions d’aventures vécues ou supposées l’être.




Le monde des paroles



Sans me laisser le temps de répondre, Nathalie tourne les talons et sort de la chambre.


Un peu abasourdi par les propos de Nathalie, je récupère un à un mes habits et les enfile doucement. Je dois me positionner dans cette histoire, discuter avec Catherine, comprendre si Nathalie est sérieuse, je dois… sortir de cette chambre.


Une délicieuse odeur de café m’accueille dans la cuisine. La table est mise et j’aperçois des croissants incroyablement désirables. En revanche, contrairement à ce que j’imaginais, ni Catherine, ni Nathalie ne sont présentes et tout est silencieux. Je m’approche de la table et aperçois une feuille de papier déposée entre un pot de confiture et un café fumant.



Cher Éric,


Nous partons faire du shopping en prévision d’une longue soirée festive et attachante. Si tu souhaites participer activement à ce moment charnel, nous te demandons de rédiger quelques vers suggestifs. La vénusté de ton poème sera une inspiration pour le déroulement de notre petite fête et ton billet de participation.


Nathalie et Catherine



Délaissant les volutes scripturales de Nathalie, mon regard s’échappe par la fenêtre et enjambe le paysage. À quelque distance, sur le chemin de cailloux menant au village, j’aperçois deux silhouettes exquises qui s’éloignent main dans la main.




Entracte



Un régal ces croissants croustillants, une merveille cette confiture d’abricots, un délice ce café au lait. Me voilà dans d’excellentes dispositions pour coucher sur le papier quelques rimes fantasmatiques… orgasmiques… oniriques… extatiques…



… menottée… ligotée… attachée… garrottée… ligaturée… saucissonnée… enfermée… emballée… immobilisée… encordée… sanglée… enchaînée… ficelée… nouée… capturée… collée… emprisonnée… scotchée… incarcérée… encagée… harnachée… écrouée… ceinturée… claquemurée… fagotée… encellulée… liée… enserrée… embrassée… aimée… libérée… fantasmée…



… assujettir… asservir… conquérir… retenir… durcir… interdire… affranchir… maudire… médire… frémir… offrir… obéir… désobéir… subir… délire… haïr… chérir… honnir… désir… souffrir… jouir… plaisir…



… fantasmant… embrassant… caressant… enlaçant… sensuellement… déshabillant… divan… étreignant… roulant… tombant… mordant… excitant… criant… griffant… attrapant… immobilisant… ruban… attachant… enserrant… dominant… soumettant… doucement… accroissement… stimulant… fiévreusement… galvanisant… électrisant… enflammant… passionnément… lascivement… accouplement… épanouissement…





Soleil couchant


Toc toc



Installés dans le grand canapé, nous devisons sur nos vies, sur nos envies, les sujets défilent et les éclats de rires également. L’ambiance est très décontractée, vraiment excellente.


L’après-midi tire maintenant à sa fin. Les rayons obliques du soleil illuminent d’une couleur chaude l’intérieur du chalet. La discussion se fait moins animée. Mon regard s’attarde sur les boiseries qui ont pris une teinte orangée. Le silence s’installe. Les reflets du soleil sur le lambris donnent à la pièce un petit air de feu de cheminée. Je prends conscience de la présence d’une pendule à balancier dans l’angle opposé du salon.


Rompant la gêne naissante, Nathalie s’arrache du canapé. A-t-elle également remarqué les ondoiements orangés sur le mur ? Quoi qu’il en soit, elle quitte la pièce en annonçant qu’elle va allumer un feu dans la cheminée de la chambre.


Catherine se lève également et articule rapidement qu’elle va se préparer. Elle aussi est d’une couleur un peu rosée, mais je crois deviner que le soleil n’est pas seul responsable. Elle disparaît prestement et bientôt le bruit d’une douche se fait entendre.


Je reste seul, confortablement installé dans le grand canapé. Mon verre de vin blanc à portée de main, le disque solaire à moitié dévoré par la cime de la montagne, je tente de me convaincre que je suis aussi calme que la nature environnante.


Combien de temps suis-je resté immobile à tenter d’apaiser mes pensées en sirotant sans fin la dernière goutte de mon verre de vin ? Je ne saurais le dire, mais je constate qu’à l’extérieur la voûte céleste a revêtu son pyjama étoilé. Certes, je m’amuse avec les mots, j’habille ma gêne avec un vêtement de soie. Mais la vérité, c’est qu’au moment où la voix de Nathalie m’enjoint de monter dans la chambre, la petite contracture qui assaille mon estomac me rappelle l’instant précis où l’on quitte la salle d’attente pour rejoindre le fauteuil du dentiste.




Corps à corde


De grandes flammes dansent dans la cheminée et animent d’un entrelacs d’ombre et de lumière les murs de la chambre. En écho à cette ardente parade, des craquements sonores accompagnent chaque nouvelle volute incandescente.


Mes yeux maintenant habitués à l’instable clarté, je peux dévisager Catherine, immobile, qui sied au centre d’un immense lit. Seul son visage, merveilleusement illuminé par des reflets orangés, se laisse observer. Le reste de sa personne est recouvert d’une couette généreuse à la forme pyramidale. Je ne parviens pas à capter son regard qui semble hypnotisé par les flammes.


Un mouvement du côté de la cheminée aimante mon regard vers le foyer. D’un simple pas, Nathalie est venue se placer dans l’éclat des flammes. Je reconnais ce regard qui scintille comme la braise, ce sourire énigmatique, un frisson parcourt mes vertèbres.



Sur ces mots volontairement solennels, Nathalie rejoint Catherine sur le lit et prend place à son côté en prenant soin, je le remarque, de ne pas déplacer la couette. Qu’elles sont belles. Face à ces deux juges magnifiques, j’ai l’impression de passer l’oral de ma vie. Je devine qu’elles seront intraitables, et que Nathalie en particulier prendrait un plaisir pervers à me priver de toute intimité.


Je contemple distraitement l’émergence d’une nouvelle flamme, je me remémore les arabesques de mon texte et soudain, comme bousculé par une force étrangère, je capture le regard de Catherine, je plante mes prunelles dans ses pupilles et je lui déclame mon fantasme :


Douces sont tes formes contraintes par le lien.

Rugueux il t’écorne, noueux il te maintient.

Telle une guerrière, tu luttes, tu gémis,

Fière prisonnière ton combat t’embellit


Grande est ta révolte réprimée par l’attache

Cette danse folle qui nourrit mon fantasme

Corps à corde inégal d’une sauvage Apache

Au courage animal que mon lasso terrasse.


Étreinte rassurante imprimée sur tes reins,

Colère évanescente étale tu deviens.

Liée intimement, mes câlins tu acceptes

Docile, tu consens au plaisir te soumettre.


Caresses ensorcelantes appliquées sur tes seins,

Réponses bouillonnantes au foyer de mes mains,

Ton feu se contamine, embrase l’incendiaire,

Tes entraves sublimes, ô mon imaginaire.


Symbiose de nos corps, chaleur et effusion,

Violente tu me mords, douleur, excitation,

Tes lèvres je capture, intenses vibrations

Dans ta chair la brûlure, une corde, un tison.


Fringale sexuelle, ébats irrépressibles,

Déchaînements charnels, plaisirs incoercibles


Tes chevilles entravées,

Tes jambes repliées,

Tes poignets dans le dos,

Ligotés sont si beaux.


Ondoiements de nos corps qui se cherchent et s’excitent,

Objet de nos efforts, la danse du coït.


Tes seins sur ma poitrine,

Tes liens je les devine,

Tes fesses dodelinent,

Liée tu es divine.


Explosion de plaisir, frénétique éruption,

Fruit de notre délire, orgasmique addiction,

À la corde assouvir fantasmes et déraison

Assumer sans rougir notre folle passion


Ton corset illumine, éblouit ma vision,

Ton corps est si sublime, une peau de vison

Charnelle féminine, ode à ma dévotion,

Confiance si intime amour et affection.