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Temps de lecture estimé : 9 mn
28/10/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Nouvelle rencontre avec mon ancien professeur de français. Nos relations prennent un nouvel élan...
Critères:  fh hplusag hagé jeunes profélève parking caférestau amour cérébral revede nopéné confession nostalgie -amourcach -hplusag -f+prof
Auteur : Aud      Envoi mini-message

Série : Monsieur P.

Chapitre 03
Premier "rendez-vous"

Dans mon précédent récit, je vous expliquais que le professeur dont je suis tombée éperdument amoureuse lorsque j’étais adolescente habite désormais tout près de l’appartement dans lequel j’ai emménagé avec mon compagnon.

Je vous propose aujourd’hui de vous raconter mon premier « rendez-vous » avec Monsieur P.






Mon désir de LE retrouver, que j’étais pourtant parvenue à essouffler un peu depuis ma relation avec Jérémy, se trouve ravivé comme jamais, peut-être même décuplé comme un brasier qu’on aurait voulu faire mourir, mais qu’une bourrasque de vent aurait finalement tout bonnement transformé en incendie !

La bourrasque de vent, c’est la découverte que le destin l’a à nouveau posé sur ma route. Le professeur qui a fait chavirer le cœur de la collégienne est à présent le voisin de la jeune femme que je suis devenue. Et c’est miraculeux !


« Monsieur P. », je n’ai plus que ce nom à l’esprit, son visage, l’unique objet de mes secrètes obsessions, son corps autour du mien, le seul rêve qui hante mes nuits. Cela en devient même un peu inquiétant, car je ne parviens plus à me concentrer sur rien qui ne soit pas lié à mon fol Amour.

Et je suis bien consciente qu’il me faut faire quelque chose, et que je dois agir si je souhaite le revoir rapidement, car plus longtemps sans lui, je ne suis pas persuadée de pouvoir seulement survivre…


Lorsque j’arrive sur le parking de la grande surface, il est à peine onze heures, et je me sais largement en avance, ce qui me laisse le loisir de faire un « repérage » des lieux. C’est appréciable, d’autant que mon cœur bat la chamade et je ne souhaite pas que Monsieur P. me remarque si anxieuse à l’idée de notre rendez-vous.


Quelques jours plus tôt, j’étais allée rôder aux abords de sa grande maison, et j’étais parvenue à le croiser. Nous avions convenu d’une rencontre dans un endroit neutre, et il avait alors suggéré que je le rejoigne dans le supermarché où il déjeune lorsqu’il a cours toute la journée.


Ainsi, je parviens à garer ma petite auto non loin de l’entrée principale du magasin, je jette un œil dans le rétroviseur afin de vérifier mon maquillage, et je me dirige d’un pas décidé vers les larges portes tournantes où convergent précipitamment une horde de personnes trempées par la pluie froide de décembre, leurs caddies à bout de bras.


Ce matin-là, j’ai particulièrement pris soin de me faire la plus jolie possible, en osant un tailleur noir, sobre, mais un brin sexy, que la blondeur de mes longs cheveux ondulés met en valeur. Je ne tarde d’ailleurs pas à constater que mes efforts vestimentaires portent leurs fruits, car plusieurs hommes tournent leur regard vers moi, et certains vont même jusqu’à tenter une approche ! Mais je n’en ai que faire, bien sûr : je n’voudrais aucun autre que LUI ; seulement, je dois bien l’avouer, je suis presque « rassurée » de m’apercevoir que je plais.


Et c’est assez surprenant : les jeunes femmes qui doutent de leurs charmes, deviennent assurément trois milliards de fois plus sexy encore, dès lors qu’elles sont confortées dans l’idée que « oui », effectivement, elles peuvent plaire !


En ce qui me concerne, d’ordinaire, je ne suis d’ailleurs pas bien sûre de moi car, même si certains me complimentent, mon physique ne fait pas forcément l’unanimité auprès de la gent masculine. Je suis ce qu’on pourrait appeler une « femme-enfant », plutôt petite, avec quelques rondeurs au demeurant harmonieuses, blondinette aux yeux bleus.

Ma différence d’âge avec Monsieur P. en est d’autant plus frappante !


Frénétiquement, je regarde défiler les minutes sur mon bracelet–montre, des minutes qui semblent interminables. Car oui, le temps, joueur, est élastique et sait se rendre long lorsque je m’impatiente !

Midi arrive enfin, et quelques instants plus tard seulement, celui que j’attendais depuis… mon existence entière peut-être (!) pénètre enfin dans la galerie marchande du supermarché.


Monsieur P., comme bien souvent, porte une veste de costume élégante, sur une chemise écrue. Son teint mat tranche avec le tissu clair. Ses cheveux poivre et sel sont coupés court, et il arbore les prémices d’une barbe « de trois jours ».


Je suis particulièrement émue de le voir. Comme à chaque fois, certes. Seulement, aujourd’hui, il vient à notre rendez-vous.


D’emblée, avant même que d’échanger les salutations d’usage, le regard de Monsieur P. me parcourt de haut en bas, et s’arrête, provocateur, avec envie, sur mon décolleté. Je suis troublée. Extrêmement.



J’ai déjà peine à articuler. Mais il me sourit, alors, je tente intérieurement de me raisonner et de regagner confiance en moi afin de pouvoir profiter pleinement de notre rencontre.



S’il savait : je le suivrais à l’autre bout du monde !…


Nous voilà ainsi partis, tous deux, en direction d’un troquet impersonnel, avec de hautes tables rondes, lesquelles sont équipées de tabourets design. Mais qu’importe l’endroit, l’essentiel tient en ce que je sois près de Lui !


Et pour être « près de Lui », je vais l’être et l’être encore ! Car en effet, Monsieur P. et moi bavardons longuement, de banalités en questions intimes, de propos psycho-philosophiques en échanges plus légers, de nos dernières lectures en passant par nos projets professionnels, nous finissons par être collés serrés, son tabouret jouxtant le mien, son odeur chaude m’enivre, et ses mains frôlent par moment mon bras.

À cet instant, je donnerais tout ce que j’ai de plus cher pour pouvoir me lover au creux de Lui !


Et voilà que Monsieur P. se met à nouveau à me faire du charme, comment vais-je résister ?

Lui qui, d’ordinaire, est un homme si droit, presque lisse, un homme charismatique mais « intouchable », tellement sérieux… à présent, il n’hésite plus à plonger ouvertement de longues « mirades » suggestives vers ma poitrine dessinée nettement au travers de la chemise de dentelle qui la couvre à peine.

Je crois que je vais défaillir…


Je veux allumer une cigarette, mais mon professeur me devance et se saisit du paquet que j’ai laissé posé sur notre table. C’est un détail futile, mais je crois alors qu’il va fumer une de mes cigarettes, sans prêter attention au fait que j’en veux alors une moi-même. Mais pas du tout ! En réalité, galant, charmeur, il porte une Marlboro à sa bouche, l’allume, et me la tend, la braise de son regard plus chaude encore que celle qui consume la cigarette !


Je fonds, il me rend ivre de désir, et je ne peux réprimer le volcan qui grandit déjà dans mon ventre.



Zut ! Une nouvelle fois, je ne peux plus rien dire, pas un son ne sort de ma bouche, j’ai beau essayer d’articuler quelque chose, mais rien n’y fait, il me trouble bien trop !

Alors, il enchaîne :



Je suis une très mauvaise menteuse… Seulement, je ne veux pas l’effrayer. Je l’aime à la folie, et les fous qui aiment à la folie font peur… À cet instant précisément, je suis folle à damner…



Je suis estomaquée. Et à la fois terriblement excitée à l’idée de ce que Monsieur P. vient de me proposer.

Que faut-il penser ?… Si tant est que « penser » me soit encore possible… Quoi qu’il en soit, je tâche de ne pas me montrer déstabilisée. Je suis « une femme » après tout, ce sont ses propos, et une femme se doit de rester digne et forte, de ne pas flancher.

Ainsi, je parviens à lui adresser un sourire que je veux déstabilisant, et je me contente de lui répéter « juste une nuit »…


Bientôt, il est l’heure pour Monsieur P. de reprendre ses cours de l’après-midi, et je le raccompagne jusqu’à son véhicule. La pluie a cessé, mais un vent froid souffle sans discontinuer au dehors. Il passe un bras sur mon épaule, et dans une timide étreinte, tente de me réchauffer un peu.


Nous courons.

La berline de mon professeur, est stationnée tout au bout d’une allée, loin des entrées du magasin.

Je suis surprise, mais il ouvre la portière passager et m’invite à m’installer.


Alors, la magie va commencer…

À peine assis à son tour dans la voiture, mon professeur, prend mon visage entre ses deux mains, laisse passer quelques secondes ainsi, ses yeux profondément plantés dans les miens, et il approche enfin tout doucement ses lèvres de ma bouche.


Ayant toujours à l’esprit ses propos de l’instant passé, je ne sais pas alors, précisément, si je dois rire ou pleurer. La scène est surréaliste. Je sens mes doigts trembler irrépressiblement. Et sans que je n’y puisse rien faire, quasi imperceptible, une larme vient se planter au coin de mon œil droit, une petite larme timide qui ouvre le bal au flot de sanglots qui va s’en suivre.

Je suis impuissante et pleure comme une petite fille…



Mon Amour s’empresse de venir sécher ces étranges larmes, et nos corps se joignent alors dans une étreinte qu’on ne peut refréner… C’est un tourbillon des sens qui vient nous submerger. Une fougue quasi animale nous emmène et Monsieur P. me souffle alors au creux de l’oreille un terrible :



Je ne réalise pas ce qu’il me dit, ma raison est endormie, seuls mes cinq sens sont absolument en éveil, bien plus en éveil que jamais ! Je regarde Monsieur P. de tout mon être, je suis étourdie d’entendre son souffle tiède contre ma joue, je respire son odeur mâle et suave, je touche son torse viril qui palpite sous mes petits doigts tremblants, je le goûte… plus ! … je le mange !


Aucun mot n’est capable de décrire les sensations extraordinaires qui envahissent alors mon être entièrement, et je ne suis plus rien d’autre qu’une espèce d’entité hypersensible, mes lèvres frémissent sous sa langue, mes tétons se dressent outrageusement dans ses mains, mon corps entier se cambre vers lui.


Le désir. Bestial. Encore, je voudrais le manger, il m’électrise et me rend fauve.


Alors, une frénésie me fait arracher presque la ceinture de son pantalon, où je me glisse bientôt pour extirper une verge brûlante. Non pas seul son sexe bandé, mais lui tout entier est en feu ! Il halète. Trois pas seulement avant le précipice de l’extase, je le sais, je le sens.


Je ne veux pas.


Pas ici, pas comme ça.


Nous devons nous revoir.


Le volcan dans mon ventre continue de gronder, seulement, je le douche.



Il me regarde, interrogateur. Et puis, après quelques longues secondes, il m’embrasse tendrement sur le front.



Une pluie battante a recommencé à tomber. Il est 14 h 15 et Monsieur P. est déjà très en retard pour son premier cours de l’après-midi.


Je ne dis rien d’autre que « merci » … Un « merci » suppliant…


Je sors de la voiture et le regarde s’éloigner, restant seule au milieu du parking, et un torrent de larmes recommence à couler sur mes joues…Pourtant, étrangement, je suis heureuse…




Monsieur P. déjeune tous les lundis midi dans cette grande surface, et nous prendrons alors l’habitude de nous y retrouver.

Ce n’est pas très romantique de voir l’homme qu’on aime dans le bar d’un magasin ! Je le sais bien, c’est idiot…


Seulement, ce que nous réserve la suite de nos rencontres est fabuleux, et je me fous d’être romantique !