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Temps de lecture estimé : 14 mn
13/02/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  Suite de la vie d'Alice qui aspire à s'accomplir en tant que femme.
Critères:  fh hplusag couple extracon complexe amour nonéro confession
Auteur : Shiva__  (Des fantasmes, mais pas que !)      Envoi mini-message

Série : Alice

Chapitre 02 / 02
Renaissances

Dans la première partie de ce récit, Alice avait changé de vie en partant vivre chez son grand-père à l’adolescence, pour fuir un père incestueux et une mère indigne. Nouveaux amis, nouvelles expériences…

À 19 ans, ses tumultes intérieurs persistent au point qu’elle décide de ne jamais se marier.




J’avais été prise toute la journée de douleurs aiguës, depuis le bas du dos, qui remontaient le long de ma colonne vertébrale. Des douleurs si vives, qu’elles me paralysaient, m’obligeant à marquer un temps, le souffle coupé, concentrée sur les muscles contractés et tiraillés de mon corps pour les détendre.


Dans la nuit, vers 3 heures du matin :



Une douche à la Bétadine : être un maximum « stérile ». La valise est prête, chargée dans le coffre ; direction la clinique.

La sage-femme nous accueille :




Mon Dieu, ça y est, nous y sommes. Je vais être maman « pour de vrai ». J’associe toujours cette expression infantile, aux événements incontournables de ma vie, sans possibilité d’échappatoire. Il/elle est là, bien réel (le), dans mon énorme ventre. Neuf mois déjà.


Après avoir passé une grande partie de ma vie à refuser d’être une femme, pour fuir la perversité de mon père et aussi parce que je refusais de souffrir des Hommes, je suis au terme de neuf mois, deux ans et demi après ma rencontre avec Michel, sur le point de devenir maman.




*****




L’infirmière revient. Elle lubrifie son doigt pour m’examiner. Je relève le bassin, poings fermés sous les fesses. Qu’est-ce que je peux détester ces touchers vaginaux ! On vous fourre les doigts relevés vers l’utérus, sans ménagement, profondément. En d’autres circonstances, j’aurais pu y prendre du plaisir. Mais là… Un nœud dans la gorge, un autre dans le vagin. Elle peut recommander de me décontracter, rien n’y fait.



Je hais ces examens obligatoires. Quelle plaie d’être une femme. Les visites chez le gynécologue sont une véritable torture pour moi. C’est si dégradant ! Je ne m’y habituerai jamais, même si la première visite chez un spécialiste du genre datait de mes 15 ans : palpation des seins, loin d’être sensuelle, pour diagnostiquer un fibrome.


À 20 ans, deuxième visite solennelle chez un gynéco. D’usage pour les femmes, quand elles ont une sexualité. De ce côté-là, rien de très mirobolant à cette période de ma vie, que des rencontres d’un soir ou d’une semaine, mais c’était une précaution, alors j’écoutais, disciplinée, les conseils de mes pairs.


Un frottis. Ce fut horrible. Aucun égard de la part dudit spécialiste. Je me trouvais nue, ne sachant ni quoi faire, ni où me mettre. Encore une fois, rien d’excitant (ni chez lui, ni dans son cabinet). Allongée, cuisses béantes, le speculum froid qui pénétrait mon vagin, avant que le docteur ait effectué son prélèvement avec sa spatule en bois. Ça paraît bénin tel que c’est raconté, mais moi, j’ai eu l’impression qu’il m’avait prélevé un bout de chair. J’étais si crispée ! Incapable de parler, de le questionner. J’avais honte.


Puis le troisième, à 25 ans, avant que cela devienne la routine. Traumatisée par ma dernière visite, je n’avais pas renouvelé l’expérience. Mais, c’était devenu sérieux avec Michel. Nous avons très vite troqué le préservatif, contre la confiance. Trois mois après notre rencontre. Je me suis dit que c’était le moment de prendre la pilule.



*****




Il faut dire qu’après des années d’errance identitaire, j’étais décidée à assumer ma féminité, coachée par Sedigheh (ma « maman » de cœur) et Arthur, un très bon copain. Époque « Bridget Jones », que j’avais visionné sur les conseils de ce dernier. La métamorphose se traduisait par : 10 kg de perdus et beaucoup moins d’hésitation à porter des jupes, en dehors du travail, tailleurs et escarpins à talons (qui changeaient littéralement le galbe de mes courbes que je découvrais). J’avais même investi dans des dessous plus seyants, en dentelles et broderies de soie et satin (là, pour le coup, je réalisais un rêve). Je me trouvais superbe, avec un maquillage que je ne maîtrisais pas encore, mais qui restait tout à fait correct. Bien sûr, je restais une jeune femme à la silhouette d’une autre époque, mais c’est celle-ci qui entretenait une sensualité authentique.


Cependant, je manquais cruellement d’aisance et de délicatesse, grimaçant des sourires et tentant la distinction. Un ou deux verres d’alcool réussissaient toujours à me d’étendre et je me retrouvais réellement en accord avec moi-même sur la piste de danse. C’était le seul endroit où je parvenais à me libérer complètement (toujours les yeux fermés, seule au monde, dans ma bulle), tant qu’aucun des mâles sur la piste ne venaient se frotter à moi (un répit fréquemment de courte durée). C’est ainsi que j’ai séduit Michel.


Michel : bel homme timide et maladroit, grand, aux cheveux courts et poivrés, de dix ans mon aîné. Cultivé avec une bonne situation ; informaticien perdu au milieu d’une famille de médecins et ingénieurs de père en fils, lyonnaise de souche. Une classe sociale pleine de convenance, catholique et pratiquante. Rien à voir avec la fille de viticulteur que j’étais et qui avait grandi au fin fond d’un vignoble, au milieu de nulle part. Qui s’était construite un peu toute seule, oubliant l’existence de Dieu, en tout cas ignorant ce qu’on en disait. Je m’étais forgée ma propre opinion dans ce domaine, puisque Dieu « notre Père », censé apporter le meilleur à ses enfants, avait dû m’oublier ou bien il n’existait pas.


Bref. Nous avions été présentés lors d’une soirée organisée par sa boîte, par Garance, une amie du lycée en poste dans la même SSII que lui, certaine que nous étions faits pour nous entendre. Ce soir-là, elle n’imaginait pas que nous nous apprécierions au point qu’elle deviendrait témoin de notre mariage un an plus tard.


Aucun de mes amis n’aurait parié là-dessus d’ailleurs :



En fait, j’ai été la première. À l’extrême opposé de ce que j’imaginais moi-même. Au second rendez-vous, quinze jours après notre première rencontre, déclaration « cliché » au pied de la Cathédrale Notre-Dame :



Michel et moi, ce ne fut pas le légendaire coup de foudre. Nous nous sommes instinctivement plu, c’est tout. C’était simple, mais je ne sais par quelle alchimie, c’était fusionnel ; magique. Nous faisions rêver (vraiment !). Cette histoire, c’était mon conte de fée à moi ; j’avais trouvé en Michel mon Prince-Charmant.


Une patience, une gentillesse et une douceur qui tranchaient avec mon impulsivité, mon égoïsme et mon dynamisme. Dans ses bras je me réfugiais, apaisée de tous mes tiraillements habituels. Il avait l’oreille pour m’écouter, silencieux, complètement subjugué par ce que j’étais : l’amour de sa vie. Je pouvais rester un garçon manqué, enveloppe que je revêtais au quotidien sans aucun complexe, laissant libre cours à ma féminité lorsque nous sortions.


Tout était parfait pour moi, hormis notre sexualité. En résumé : à 35 ans, Michel était puceau. J’étais la première femme de sa vie, je ne l’ai su qu’à notre troisième rendez-vous ; notre première nuit. Je l’ai trouvé touchant. Je comprenais toute la retenue dont il avait fait preuve jusqu’à présent. Il se sentait honteux. J’ai tenté de le rassurer. Cette nuit-là, il ne s’est rien passé. Nous avons simplement dormi l’un contre l’autre, enlacés.


Mon altruisme, à ce moment là, allait à l’encontre de tout ce que j’avais toujours attendu sexuellement des hommes. Mes sentiments pour Michel étaient alors ma priorité, parce qu’avant lui, je ne m’étais jamais sentie vraiment heureuse. Finalement, pour moi aussi c’était une première fois, n’ayant jamais rien fait d’autre que du sexe et pas l’amour.


Notre première fois fut décevante. Michel n’avait pas l’entrain et la fougue que j’aimais dans l’acte sexuel. Il était plein de délicatesse (trop à mon goût). Manque d’assurance et stress aidant, il a suffit de quelques minutes pour qu’il perde le contrôle et se décharge en moi. Sentiment de frustration partagé, mais nous croyions en nos sentiments. C’était un aspect de notre vie de couple que nous pouvions améliorer et que nous surmonterons.


Trois mois s’écoulent, nous nous installons dans un appartement à mi-chemin de nos emplois respectifs. Un mois plus tard, Michel réitère sa demande en mariage que j’accepte. Nous nous marions en septembre.

Je me sens tellement bien, qu’avant d’envisager de fonder une famille, et pour en finir avec mon passé, je décide de déposer une plainte contre mon père, pour le chef d’inculpation de « viols et tentatives de viols sur mineure de 15 ans par ascendant légitime ». Requalifié, faute de preuves et après confrontation devant monsieur le Juge d’Instruction, à celui de « délits d’agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par ascendant ». La procédure est lancée.



*****




Deux ans et demi sont passés. C’est ainsi que je me trouve dans cette salle de travail, complètement ensuquée par l’anesthésie locale. Neuf mois passés à travailler sur moi pour intégrer l’idée que mon corps pourrait donner la vie. Je suis épouse, mais je ne me sens toujours pas femme.


C’est bien simple, j’appréhendais tellement le trait rose du test de grossesse positif, que j’avais mis deux semaines avant de l’acheter, et une semaine de plus avant de le faire. Michel se souvient avoir entendu le bruit d’un effondrement total dans les toilettes et s’être inquiété sur le coup. Eh oui, comment aurions-nous pu devenir parents autrement ? J’avais occulté que les enfants ne naissaient ni dans les roses, ni dans les choux. Ça aurait été trop simple.


Consultation de rigueur pour en être sûre, nouveau spécialiste. Les pieds sur les étriers, je pleure. Pas de joie, ni de douleur physique. Simplement, des souvenirs éprouvants qui remontent instantanément à la surface. Ce n’est qu’en relevant la tête que le médecin constate mon état. Il est terriblement gêné.



Il réussit à balbutier des félicitations maladroites et m’indique aussi que si je ne veux pas garder l’enfant…



Je ne suis pas sûre qu’il ait compris un traître mot de mes pseudos-explications, mais bon, l’avantage c’est que ce fut le premier des examens du genre où je me suis sentie « à l’aise ». Sortie de son cabinet, plus de doute pour lui, mais pour moi… Enfin, aucun des contrôles essentiels en pareille situation ne me permettaient d’assimiler l’évidence d’un phénomène naturel pour toutes les femmes, excepté pour moi. Chaque mois pourtant, j’étais heureuse de retrouver mon obstétricien. Il tentait à chaque fois de me rassurer face à mes craintes. Ça faisait son effet le temps de l’entretien et je me sentais légère.


Heureuse à l’idée de devenir maman, j’étais prête à chérir un petit être symbole de notre amour, à Michel et moi. Paradoxalement, je ne pouvais admettre que c’était moi qui lui donnerais la vie. Une thérapie fut nécessaire. Le constat du psychanalyste fut à peu près celui-ci : certes, mon corps avait subi un traumatisme pendant l’enfance, mais il fallait que je tourne la page de ce passé difficile, pour aller de l’avant.


Je ne crois pas avoir réussi à avancer de ce point de vue là, après deux séances par mois durant sept mois. Mais quand je me suis trouvée là, à réagir aux consignes des sages-femmes et du médecin, poussant maladroitement, ce fut la révélation. Dix minutes, peut-être quinze, pour expulser notre petite fille, que je tiens blottie dans mes bras. Juliette, si fragile, si belle, si parfaite. Toutes mes émotions y sont passées, ont aurait pu m’enfermer, tellement j’étais hystérique. Indescriptible. Je tremblais, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai crié, de bonheur et de fierté. À travers sa venue au monde, je me sentais renaître. Bouleversant. Seulement quelques minutes suffirent pour en être convaincue. Oui, elle devenait la chose la plus importante de ma vie de femme et elle allait m’apprendre à devenir maman.



*****




Les mois passent, Juliette grandit : merveilleuse. On me qualifie de maman parfaite, à l’air épanoui, mais il me manque une chose. Je n’arrive pas à le comprendre vraiment, mais plus les jours s’écoulent et plus je cerne l’origine du problème. Dans un premier temps, je l’ignore, persuadée que c’est une erreur. Mais non, il est clair que mes sentiments pour Michel se sont altérés. Déconcertant.


Contrairement à ce que nous espérions, Michel ne réussissait pas à améliorer ses performances sexuelles. Il bandait mou, il suffisait de quelques secondes de pénétration pour qu’il éjacule. Exit la position du missionnaire, il perdait tous ses moyens.


Masturbation, fellation, Andromaque ou chevauchée fantastique, je prenais toujours les initiatives, j’étais la cavalière, il était un piètre étalon. Même en ayant recourt aux petites pilules bleues, il n’était pas convaincant. Si elles avaient l’avantage de maintenir une belle érection (il était bien membré : quel gâchis !), quel intérêt quand on ne sait pas comment s’en servir ? J’avais beau tenter de le convaincre qu’il pouvait se servir de sa langue ou de ses doigts, rien à faire. Incapable de « rebondir », il me communiquait son appréhension et l’acte sexuel devenait une corvée. J’avais l’impression d’être une simple éprouvette. Le sexe n’avait rien d’essentiel pour lui. Il estime que m’aimer suffit. Ceci dit, inutile de nier l’évidence : faire l’amour avec Michel était ennuyeux pour moi.


Je me sens incapable de l’aider. Ça me met mal à l’aise de l’éduquer dans ce domaine, n’étant moi-même pas très expérimentée sur la question. Pour moi, le sexe c’est instinctif, animal, soit on est adepte, soit on ne l’est pas. Puisque sexoanalystes, psychologues… ne peuvent rien pour nous, j’en arrive en désespoir de cause, à faire les propositions les plus insensées :



Avant Juliette, c’était secondaire. J’avais confiance en nos sentiments si forts et réciproques. Et puis, ça ne me gênait pas, ce n’était pas une priorité pour moi non plus. Juliette a révélé, malgré elle, toute cette partie de moi que je n’assumais pas avant. Je me sens enfin femme et j’ai des envies de femme. Être désirée, séduire, était devenu essentiel et vital. Nécessaire à mon équilibre.


Ma tendance frénétique impressionne Michel et le castre semble-t-il. Il s’efface au quotidien, il m’avait toujours laissé la responsabilité des décisions familiales et de la maison, en plus de mon travail. En plus d’être épouse et maman, je porte aussi le pantalon.


Je suis inquiète et préoccupée par mes doutes pour cette situation. J’en parle à mon obstétricien, craignant d’être complètement responsable de la situation. Il me rassure encore une fois :



Je suis fatiguée moralement et physiquement. Juliette est certes merveilleuse, mais elle pleure beaucoup et nous dormons peu. Mes contrariétés, je les étouffe avec la nourriture, à longueur de journée, avec tout et n’importe quoi. C’est ainsi que très vite, je prends des kilos, en plus de ceux de la grossesse qui persistent : vingt au total !



*****




Un an déjà, je n’en peux plus, je suffoque. J’espère pimenter notre vie en achetant quelques sextoys. Cela met Michel mal à l’aise et nous ne partageons jamais des moments coquins et de complicité à leur usage. Je trouve cette alternative lamentable : me masturber seule, parfois plusieurs fois par jour, tous les jours. Outre le fait que je ne ressemble plus à rien dans le miroir, je dois me contenter d’un plaisir artificiel et glauque. L’étreinte de l’acte sexuel me manque cruellement. Je suis à cran.


Michel n’était pas tenté par le « partage », donc, les expériences du type échangisme et libertinage : hors de question. Il n’avait aucune intention de se « soigner » en allant voir ailleurs, parce qu’il m’aimait trop ; et inversement, il m’avait prévenue :



Moi qui étais pleine d’incertitudes, me voilà au chevet d’un homme plongé dans une sorte de coma sexuel.



*****



Pourtant Michel et moi, ça paraissait une telle évidence :



L’interdit aidant, j’en suis arrivée à focaliser sur ce manque d’harmonie sexuelle et à me demander si je n’étais pas devenue une obsédée sexuelle. Je retrouve ma ligne, mon humour et ma répartie, pleine d’assurance, d’un naturel agréable, les sollicitations se multiplient. Je dois dégager ces phéromones qui signifient que je suis disposée à étudier toute proposition indécente.


Je résiste (presque) à tous types de tentations, jusqu’à ce que notre divorce soit prononcé.


En réalité, c’est ce « presque » qui fut fatal. J’étais prévenue, tant pis pour moi. J’aurais dû être plus discrète, mais ce n’était pas mon genre. Je pense même que j’ai tout fait, inconsciemment, pour que Michel découvre ma relation extraconjugale.


Cela faisait quelques temps que je sortais seule. Que restait-il entre Michel et moi, si ce n’était une relation plus proche des rapports fraternels et amicaux ? Nous en étions arrivés à ne plus rien partager d’autre que la routine. C’était pathétique.


Alors, un jour, après une consultation tardive chez mon gynécologue-obstétricien, celui-ci m’invita à boire un verre. Nous avions tissé des liens qui dépassaient la simple relation du médecin/patiente. Je me sentais bien avec lui, il était attirant. Ce fut tellement rapide, tellement simple, tellement charnel, quand du bar de l’hôtel, nous sommes passés dans cette chambre.


Nous avions toujours senti un magnétisme nous envahir, lors des consultations que nous refoulions. Nous n’avions jamais réalisé à quel point nous débordions de désir réciproque. À peine arrivés à la porte de chambre, nous étions déjà débraillés, conséquence de la fougue de nos baisers langoureux et signe manifeste d’impatience. C’était aussi fort qu’hormonal. Ce fut aussi intense que répété. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas rencontré une femme ayant un tel appétit sexuel. J’ai pris mon pied plusieurs fois. Quitte à faire un écart, ça aurait été dommage de me priver et de rester sur ma faim. D’autant que j’avais fantasmé sur lui toutes ces années.



*****



Je n’ai jamais su comment aimer, c’est ainsi. L’amour et le bonheur m’ont toujours effrayés ; accessibles à quel prix ? Alors, quand j’ai réalisé que je ne pourrai jamais compter que sur moi-même, le reste m’est devenu égal. Dommage pour Michel. Il m’avait soutenue dans ma quête de reconnaissance, face à mon histoire personnelle. Une procédure en tribunal correctionnel contre mon père qui avait abouti sur une sanction de cinq ans de prison ferme.


Lui avais-je seulement dit une fois :



[…] J’avais pas le droit mais en cachette moi je t’aimais beaucoup […]

[…] je t’aime comme c’est plus permis […]

[…] Le temps va tout s’en va, mais pas l’amour que j’ai pour toi […]

[…] Tu restes mon père pour le meilleur et pour le pire […]


Alice avait grandi. Elle était devenue comme ça : des opinions bien tranchées. Se poser des questions, c’était s’aliéner et ne plus savoir quelle direction prendre. Avec ces expériences, j’ai appris à me construire, à me reconstruire. J’ai fait le deuil de mon passé. J’aspirais à devenir une femme, j’ai été épouse, je suis maman et je redeviens maîtresse. Michel a refait sa vie. Je poursuis mon chemin.