n° 14322 | Fiche technique | 14759 caractères | 14759Temps de lecture estimé : 9 mn | 16/03/11 |
Résumé: Léa et Vincent, couple uni et solide, reçoivent Gilles, de façon inopinée ou presque, rencontré chez des amis l'an passé. Une soirée où les premiers pions se déplacent sur l'échiquier des désirs troublants, mais qui est le maître du jeu ? | ||||
Critères: fh couple cérébral revede pénétratio -couple | ||||
Auteur : Léa11 Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Sur les chemins du partage Chapitre 01 / 03 | Épisode suivant |
22 mars
Enfin une belle journée ! Du genre de celles que l’on attend depuis des mois en se demandant si, cette année, l’hiver ne va finalement pas durer six mois… Du froid, de la grisaille – beaucoup de grisaille – à n’en plus finir… alors quand arrive la première vraie journée aux effluves de printemps, le moral remonte presque aussi haut que le soleil dans le ciel.
Journée de boulot achevée, un peu claquée quand même, contente de rentrer chez soi retrouver son chéri. Mince, pas là ! Juste un petit mot sur la table de la cuisine : « parti courir – bisous ». Bon, du temps pour soi, c’est bien aussi, me dis-je…
Au cours de la soirée, Vincent – mon mari – m’annonce :
À part des sourcils un peu plus relevés, le reste de mon visage n’ayant guère changé d’expression, Vincent poursuit.
Pour autant, j’avais un bon souvenir de la soirée chez nos amis l’an passé et Gilles était quelqu’un que j’avais trouvé agréable et sympa, Donc sur le coup, sentiments un peu mêlés mais globalement favorables.
02 avril
Mars était à présent derrière nous, et manifestement l’hiver aussi. Au boulot, dans la rue, on voyait les visages plus ouverts et souriants qu’il y a peu encore. Chaque année, je m’étonne toujours de l’impact du soleil et de la douceur sur l’état général de chacun. À midi au boulot, un SMS de Vincent :
« Gil vien 2min soir. bisous. »
Ah ! J’avais oublié ce plan presque aussi rapidement que j’en avais été informée. Bon, il fait beau et c’est quand même le bon moment pour sortir un peu de sa tanière hivernale, l’effort ne sera pas si terrible…
Le mercredi, de retour du travail assez tôt l’un et l’autre, nous préparâmes un repas convivial ; gaspacho, curry de poisson en papillote, riz basmati et dessert glacé. Vincent avait sorti un blanc d’Alsace pour accompagner le poisson.
Gilles arriva vers 19 heures, à peu près comme convenu. De toute façon je n’ai jamais été à cheval sur les horaires, dans la limite du raisonnable quand même ! Élégant mais simple, il était vêtu d’un pantalon en lin gris chiné, de chaussures noires – classiques – d’une chemise blanche à col mao avec un gilet noir sans manches sous une veste printanière ; genre décontract’-pas-trop-serré.
Vincent l’accueillit par une bonne poignée de main.
Une paire de bises, un joli bouquet et un franc sourire pour Madame plus tard, Gilles se mit à l’aise et, après quelques banalités d’usage sur la route, le temps et la maison, nous nous installâmes dans le salon pour l’apéro.
Gilles nous expliqua qu’il était de passage à Grenoble pour participer à un colloque international de médecine énergétique qui rassemblait de nombreux praticiens et spécialistes du monde entier. Après l’Inde, l’année précédente, la France avait été retenue pour l’organisation annuelle de cette manifestation. L’objet était de faire le point sur le niveau d’avancement des différentes pratiques de soins liées à l’énergétique de santé au travers de nombreuses et différentes disciplines. Lui-même était praticien-masseur sur Montpellier, et donnait par ailleurs des formations en reiki. Au cours de l’apéritif, je pus observer qu’il avait de très jolies mains, harmonieuses, sensuelles et dotées de longs doigts terminés par des ongles particulièrement bien soignés. J’étais sensible aux mains, sans doute comme beaucoup de femmes, et je me dis qu’un petit massage devait sûrement être très agréable dans de telles conditions. Vincent demanda s’il comptait beaucoup d’hommes dans sa clientèle mais, sans surprise, cela n’était pas le cas, loin s’en fallait.
Bien entendu, mon mari, plutôt porté sur la chose, tenta d’amener la conversation sur les frontières du massage et des caresses intimes qui, selon lui, devaient parfois constituer une tentation, mais, en dépit d’un sourire en coin et d’un air entendu, Gilles répondit qu’il convenait de garder une démarche professionnelle le mettant à l’abri de ce genre de choses. Le tout ponctué d’un petit clin d’œil dans ma direction, ce qui m’interpella une fraction de seconde avant que mon cerveau ne classe aussitôt ce signe dans le tiroir des E.I.P.D., les erreurs d’interprétation potentiellement dangereuses.
Le dîner se déroula dans la bonne humeur, les conversations allaient bon train et l’ambiance, décontractée, me convenait parfaitement. Outre humour, finesse d’esprit et culture, je trouvais notre hôte plutôt séduisant, avec un magnétisme certain, des yeux sombres, un léger accent du Sud sur une voix profonde, un sourire craquant… en deux mots : charmant et mystérieux.
Un bémol à la soirée toutefois, le sujet des origines géographiques de chacun qui était venu sur le tapis. J’étais Savoyarde et fière de l’être, et mon tendre chéri, sans doute stimulé par l’apéro, quelques verres de bon vin et l’évocation des massages, ne put s’empêcher de préciser ma ville de naissance à son interlocuteur : Bellecombe-en-Bauges, en Savoie, donc. Le tout ponctué d’un air hilare de connivence masculine. L’esprit de Gilles, probablement quelque peu émoussé lui aussi, ne percuta pas spontanément.
En l’espace d’un temps très bref, mon cerveau s’était connecté sur le mode multitâche, fonctionnalité somme toute exclusivement féminine – l’un de nos rares privilèges ! – qui permet de transcender les limites de l’espace-temps et de faire plusieurs choses simultanément. En l’occurrence, une partie de mon énergie cérébrale tentait par tous les moyens de faire obstruction à l’afflux sanguin qui montait dangereusement vite en direction de mes joues, une autre s’efforçait de graver en lettres de feu dans mes yeux : « chéri, plus jamais ça ou je… », tandis qu’une autre me disait à l’oreille : « zen, ma belle, zen, fais-leur ton plus beau sourire ».
Et, c’est bien connu, ce que femme veut, femme l’obtient. Enfin à peu près. Je crois que j’ai réussi à sourire franchement, mais le rouge aux joues n’avait pu être évité.
À cet instant, le tiroir des E.I.P.D. se rouvrit dans ma tête et j’en ressortis le dossier clin d’œil. Mal rangé ! pensai-je.
Dessert et café achevés, notre hôte nous quitta à regret mais l’heure était tardive et il fallait être en forme le lendemain.
Vingt minutes plus tard, vaisselle et cuisine rangées, débarbouillage accompli, je trouvai le matelas bienvenu. Vincent me rejoignit un petit quart d’heure plus tard, alors que je commençais à me laisser aller dans les bras de Morphée, et s’allongea contre moi, sa main posée sur mon ventre.
Vincent me glissa un bisou dans le cou, mais sa main gauche malaxait toujours mes seins en s’attardant sur les mamelons qui se redressaient un tantinet et contre mon gré sous ses doigts. Je commençais à percevoir un début d’érection contre ma cuisse gauche mais ne fis aucun geste pour encourager la bête.
Il fit glisser sa langue sous le lobe de mon oreille car il savait bien à quel point cela me faisait fondre rapidement, et je ne pus réprimer un léger soupir de contentement. Vincent aimait le sexe, ce qui tombait bien d’ailleurs, car c’était le cas pour moi également.
Je ne répondis pas, mais je pus sentir que son sexe avait gonflé ses voiles pour traverser les mers du désir. À cet instant, mon esprit hésitait entre le désir qu’il fasse un petit tour du monde en solitaire et celui d’une régate endiablée sur une mer houleuse. Je ne répondis rien, mais je sentis que ses paroles m’avaient touchée.
Sa main glissait à présent entre mes cuisses encore serrées, mais les images suggérées par mon homme commençaient à produire leur effet sur mon bas-ventre.
Mes cuisses avaient fini par s’entrouvrir à mon insu, sa main chaude était tout près de mon sexe. Je me cabrai en gémissant lorsqu’il glissa son majeur dans ma fente.
Je haletais et gémissais, le cœur battant la chamade, et je mobilisai mes dernières volontés pour ne pas crier « oui, j’en ai envie », car je n’avais pas envie de l’avouer aussi crûment à Vincent.
Il me poussa alors sur le côté droit tout en continuant de me caresser, mes lèvres gonflées elles aussi et toutes mouillées du désir de Gilles.
Lorsque je sentis son sexe me pénétrer d’un seul coup jusqu’à la garde, je ne pus m’empêcher de retenir mon plaisir silencieusement plus longtemps.
Mes lèvres serrées entre mes dents, je laissai exploser un orgasme violemment bon dans tout mon être, avant de ressentir la vague de langueur s’abattre sur moi. Vincent se retira et souffla sur le dos, me laissant à ma torpeur sur le côté.
Cinq minutes plus tard, je sus à sa respiration qu’il s’était endormi. Je restai éveillée quelques minutes de plus, prenant le temps de rembobiner la soirée dans ma tête, puis me laissai glisser dans le sommeil, de belles mains dansant devant mes yeux clos…