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Temps de lecture estimé : 18 mn
14/03/12
Résumé:  Arkel, mal en point, revient chez lui pour y découvrir de la visite indésirable. Une petite soirée à l'extérieur avec Mylène.
Critères:  fh cinéma hdomine cérébral fellation pénétratio sf -sf -couple -lieuxpubl
Auteur : Arkann            Envoi mini-message

Série : Framm

Chapitre 04
La soirée au cinéma

Résumé du chapitre précédent : Après une absence de quatre mois, Mylène est de retour, sa tâche accomplie. Elle décide de vivre désormais avec moi, quand elle n’est pas en mission.







J’étais vidé, exténué, titubant presque, en rogne. Toujours sans emploi ferme, il m’arrivait de devoir faire un petit revenu en utilisant mes talents de guérisseur. Une partie de moi détestait l’Ordre auquel j’étais obligé d’appartenir de par la loi. Une autre partie était reconnaissante à l’Ordre, car c’était eux qui m’avaient fait tester, avaient révélé mes talents latents, et m’avaient sauvé de la peine capitale. Les guérisseurs étaient trop rares et précieux, et l’exécution n’était pas une option, alors on m’avait condamné à cinq ans de bataillons pénitentiaires, à la place. Même différence. Contre toute attente, j’y avais survécu.


L’Ordre régissait les guérisseurs, dictait que ceux-ci ne pouvaient accepter que de maigres dons en reconnaissance de leurs services, et ces lois étaient appliquées fermement. Un guérisseur qui y dérogeait, d’une manière ou d’une autre, même par des moyens détournés, se faisait vite attraper. Je pouvais comprendre le principe – s’assurer que tous aient un accès égal –, mais j’aurais bien aimé pouvoir en vivre. Oh, un salaire honnête, certains privilèges, et un grand respect étaient disponibles en étant membre actif de l’Ordre, mais c’était un ordre religieux, et il m’était hors de question de travailler pour Milikki, même de cette manière.


Aider les gens du dispensaire local, c’était différent.


J’avais travaillé toute la journée. Comme toujours lorsque j’y allais, j’avais puisé profondément dans mes énergies pour guérir les autres. Il y avait un docteur et trois infirmières au dispensaire. Des conditions de travail difficiles, des médicaments périmés, des ressources limitées. Lorsqu’ils avaient trop de malades ou blessés graves, lorsque toutes les civières étaient occupées, lorsque certains cas graves atteignaient leur cœur malgré leur blindage – surtout des enfants gravement malades – … ils m’appelaient.


Ils m’avaient appelé à leur aide, ce matin.


Des gens d’une grande bonté. Tant que cela restait raisonnable, il m’était difficile de refuser. Et puis, tous dans ce secteur savaient que j’étais guérisseur, connaissaient quelqu’un que j’avais aidé, et me laissaient un peu d’espace lorsque j’en avais besoin, malgré leur ambivalence envers mon héritage. Ça aidait aussi au niveau de la sécurité : l’Inquisition ou les paladins intervenaient – toujours – lorsqu’un précieux guérisseur avait été tué, agressé, ou volé, alors aucun truand voulant vivre ne se risquait à toucher à un cheveu d’un guérisseur connu ou portant l’écusson vert.


En ce moment, j’aurais pu faire sans. J’aurais bien aimé avoir une raison de buter quelqu’un. J’avais un mal de tête profond, mes articulations craquaient comme si j’avais le double de mon âge, et mes muscles protestaient au simple effort de marcher. J’allais être plusieurs jours à me relever de l’effort. À peine suffisant pour justifier la semaine d’autonomie gagnée par les quelques dons qu’on m’avait donnés.



Le sourire d’Alem était figé, son expression très, très polie. Sa voix était pleine de tension et je décelais la peur dans son odeur. Il était vrai que j’avais probablement l’air prêt à tuer à la moindre provocation. Mon halo était traître, révélait mon état d’esprit. Le corridor était bien illuminé, mais je semblais marcher dans les ombres tellement mon halo radiait la noirceur.


Alem était un salaud qui aurait probablement vendu son âme aux démons s’il avait su comment. J’étais tenté de mettre fin à sa misérable existence, mais j’étais trop fatigué. Plus tard.


Il recula, pâle, à la vue de mon sourire.


Malgré l’heure, il y avait du monde dans les corridors, mais tous me laissaient passer, lorsqu’ils ne pressaient tout simplement pas le pas ou tournaient de bord pour éviter de me croiser. Deux chiens qui se battaient furieusement se mirent soudainement à fuir.


Lorsque j’étais de mauvaise humeur, je ne détestais pas du tout cette réaction des gens.


Ça me prenait plus de temps qu’à l’accoutumée pour me rendre. Un coup d’œil à ma porte me permit de constater qu’elle avait été ouverte depuis mon départ.


Mylène était en mission depuis maintenant deux semaines, et aurait laissé un signe.


Une main alla à mon épée, l’autre à mon pistolet, alors que je commençais à reculer, lorsque…



Une voix à peine audible au travers de la porte. Une voix que je n’avais pas entendue depuis le jour de mes quinze ans. Un choc.


Je pris le temps de composer mon expression, de ne rien laisser paraître de mes émotions. Puis j’entrai.


Confortablement assise sur le vieux fauteuil de cuir un peu taché et déchiré, perdue dans les ténèbres provenant de son halo, ma mère. De sa face, je n’avais jamais vu plus que les formes générales. Et les yeux. Des yeux d’un vert émeraude, d’une profondeur infinie, qui capturaient l’âme, qui l’emprisonnaient. Une ange déchue, presque sans pouvoir, sa beauté angélique cachée à perpétuité par les ombres les plus noires.


Toutes les lumières étaient allumées, mais seule une pénombre grisâtre et diffuse régnait là où elle n’était pas. Je fermai la porte. Un doux bruit de chaînes… Miavir, son fléau d’armes. Enfant, ce son avait toujours été rassurant.



Il y avait de l’approbation dans sa voix, et cette approbation… me rendait furieux, provenant de celle qui avait toujours été une mère sévère, et qui m’avait poussé hors de son nid pour voler de mes propres ailes le jour de mes quinze ans.


Rien ne parut sur ma face, mais elle savait. Elle savait toujours.



Le silence fut ma seule réponse.



Il m’était impossible d’empêcher ma voix d’être froide.



Un autre silence de ma part, qu’elle laissa traîner.



Je gardai l’hostilité hors de ma voix, de mon expression.



Un sourire, que je pouvais percevoir.



Un vent glacé semblait souffler le long de ma colonne à cette terrible nouvelle. Un assaut total. Toutes les batailles que j’avais menées n’étaient rien en comparaison de ce dont elle parlait. Même si nous gagnions ce combat, il laisserait le monde en ruines. Je ne doutais pas qu’elle était bien placée pour savoir quand cette horrible chose arriverait.



Elle disait cela avec une confiance calme.

Elle se leva.



Ça confirmait ce que Mylène pensait déjà.


Elle s’approcha, me mit une main sous le menton, et me donna un petit bec sur le front.



Des mots prononcés avec une conviction tranquille.



Elle me mit un doigt sur la bouche. Puis s’en alla. Ma mère, dont je ne connaissais même pas le nom.



***




Trois jours pénibles à me remettre de ma gueule de bois de guérisseur. Trois jours pénibles à repenser à cette discussion avec ma mère. Trois jours à oublier.


Et au quatrième matin, Mylène entra chez moi, de fort bonne humeur. Mon humeur n’était pas à la hauteur. Elle voyait bien que je sortais à peine de ma gueule de bois, et n’insista pas. Elle me prépara une tisane comme elle seule avait le secret, et ça m’aida un peu. La meilleure partie d’une journée à ne pas se parler, à vaquer à nos occupations, chacun de notre bord.


J’aiguisais cette épée que mon père avait laissée. Un ange. Ma mère ne me l’avait jamais dit, mais l’épée était d’une telle perfection, que ce ne pouvait qu’être l’arme d’un ange. Elle vibrait d’une magie intérieure. Elle réagissait à la présence de démons puissants par une lueur bleutée, irréelle, qui semblait émaner du cœur du métal. Parfois, dans des combats désespérés, il y avait comme un chant féroce, plus senti qu’entendu, qui provenait d’elle. Les démons en avaient toujours été terrifiés. Une fois, la fois où j’avais combattu en la présence d’un ange, elle avait réagi à cette présence en émettant une lumière incandescente qui illuminait tout, bannissait l’horreur et la terreur. Malgré mes talents, malgré ma grande compétence, jamais je n’aurais survécu aux bataillons pénitentiaires sans cette arme.


Un jour, ce père qui m’avait abandonné se présenterait peut-être pour ravoir son arme. S’il osait jamais se montrer, je la lui redonnerais bien volontiers, enfoncée dans son ventre ou sa poitrine. Je le détestais, lui et Milikki, elle qui m’avait condamné à expier des crimes commis par ma mère longtemps avant que je n’existe.


Mylène sentait cette morosité. Pas que ce soit difficile : j’aiguisais une arme qui n’avait jamais eu besoin d’être aiguisée. Dans mon état actuel, elle était aussi coupable que Milikki. Par association.


Et comme toujours, la pensée que je commettais une injustice similaire à celle qui m’avait été faite… Punir une innocente que j’aimais pour un crime que je savais commis par une autre…



Ça brûlerait l’argent des dons si douloureusement acquis puisque c’était moi qui invitais, mais peu importe comment, je trouvais toujours moyen de payer mes comptes. De toute manière, depuis qu’elle vivait avec moi, payait sa part, les choses étaient moins difficiles.


Elle eut un sourire radieux, dirigé en ma direction. Mes premiers mots de la journée.



Ses premiers mots de la journée.


Un repas en tête à tête dans un excellent petit restaurant que je lui fis découvrir. Une longue discussion, sur tout et rien. Je me détendais, mettais gueule de bois et mère de côté. Reprendre contact avec Mylène, tout doucement. Elle semblait plus radieuse, plus détendue qu’à l’accoutumée, et ce depuis qu’elle avait emménagé avec moi.


Je la sentais manœuvrer la conversation, suggérant, évoquant. Elle n’aimait pas mon appartement, voulait plus grand, plus confortable, plus luxueux. Mieux équipé.



Elle dit cela avec un chuchotement bas, regardant les autres tables comme si on nous espionnait. C’était une actrice née : si elle avait l’air de comploter, c’est qu’elle voulait en avoir l’air. Parfois en mission d’infiltration, il lui fallait pouvoir tenir un rôle à la perfection.



Dans ce son, ma suspicion profonde était mise en évidence.



Presqu’assez fort pour que les gens aux autres tables puissent entendre. Une expression triste au visage, mais ses yeux riaient.



Normalement, j’aurais coupé court à cette discussion, mais son ton avait changé, et ce lien indéfinissable qui nous unissait m’avertissait de cette douleur intangible tapie derrière son amusement.



Elle hocha de la tête, mit la main dans sa sacoche. Un grésillement, très discret, plus ressenti qu’entendu. Elle venait d’enclencher un gadget de paladin qui empêcherait l’espionnage amateur.



Elle hésita, ferma les yeux. Ne termina pas. Encore maintenant, même avec moi, elle avait de la difficulté à parler de son martyre. Puis, ouvrant les yeux :



Un sourire un peu embarrassé.



Un long moment de silence. Je ne parlais pas, je savais qu’elle n’avait pas terminé.



Un autre moment de silence, puis un frémissement de ses narines.



Elle était blême, ses mains crispées sur les bords de la table. Elle suait, même s’il ne faisait pas chaud. Elle se rappelait. Elle se rappelait comment le démon qui l’avait eue en son pouvoir avait joué avec son esprit, l’avait pliée, avait perverti ses sens, douleur devenant plaisir, humiliation devenant jouissance. Il n’avait jamais réussi à la casser, mais il avait laissé sa marque indélébile. Elle ne l’avait jamais fait, mais elle savait qu’un côté de son âme avait voulu supplier le démon de… prendre son âme, de la tourmenter ainsi pour l’éternité. Elle avait cette crainte qu’il ait réussi à la pervertir, d’une manière fatale.


Je lui mis une main sur une joue, la caressai doucement.



Je savais qu’elle pensait que j’étais sa seule planche de salut : tant que j’existais, il y avait une personne en qui elle pouvait faire une confiance absolue, avec qui elle pouvait s’abandonner complètement, sans crainte de jamais tant désirer qu’elle succomberait à la séduction des démons. Cette crainte était terreur, bien ancrée en elle, mais je la connaissais : elle ne succomberait jamais à cet appel. Sans quelqu’un pour l’aider, je savais aussi qu’elle n’y survivrait pas.


Elle frotta sa joue contre ma main, telle une chatte marquant son humain avec les glandes de son museau. La tension la quitta, aussi soudainement qu’elle était apparue. Un sourire franc et radieux, de nouveau. La discussion tourna de nouveau vers des sujets plus anodins.


Une humeur… pas du tout mauvaise, finalement. Plutôt bonne, même. Mylène était heureuse, et il me faisait plaisir de croire que j’en étais partiellement responsable. Je ne l’avais jamais vue aussi détendue.


Je réglai la note, puis je décidai de jouer les trouble-fête. Ça allait prendre la majeure partie de mon argent restant, mais… tant pis. Un bras autour de ses épaules, souriant, je l’amenai d’un pas paresseux jusqu’au centre de transports le plus proche. Des rames de monorail, un train transhabitat… et des ascenseurs pouvant mener sur tous les étages.


Elle se mordit une lèvre pour ne pas rire lorsque je jetai mon dévolu sur l’ascenseur qui nous mènerait directement aux étages supérieurs, là où les gens extrêmement riches vivaient, et les moins fortunés n’étaient pas bienvenus. Deux policiers se tenaient à proximité de l’ascenseur, pour s’assurer que personne ne se « trompe » de destination. Si cet ascenseur était utilisé plus d’une centaine de fois par jour, j’en aurais été surpris.


Les policiers hésitèrent… puis choisirent de regarder dans la mauvaise direction. Deux vétérans armés. Sur ce niveau, il valait mieux laisser faire.


Je pressai le bouton pour le centième étage. Une accélération constante pendant quelques secondes, les étages défilant. Puisque nous étions au niveau -30, cela prenait quand même un certain temps. Aucun arrêt jusqu’à l’étage vingt… Puis un arrêt à chaque dix étages… Mais nous gardions l’ascenseur à nous seuls : les gens s’apprêtaient à entrer, voyaient mon halo, et décidaient qu’ils pouvaient attendre, finalement. À l’étage soixante, quatre policiers entrèrent avec nous, manifestement avisés par le central. J’affichai un sourire moqueur, sifflotant un petit air connu, que les policiers détestaient. Il était clair qu’ils allaient chercher le trouble alors, tant qu’à faire…



Un ordre sec, impératif, de la part du policier Ducran, pour qui j’étais le souffre-douleur favori.


Mylène lui tendit sa carte. De vrais faux papiers. J’étais bien au fait de l’identité qu’elle utilisait lorsqu’elle était avec moi, et je ne fus pas surpris de voir le policier hausser un sourcil. C’était bien moins impressionnant que sa vraie identité, mais c’était tout de même plus qu’assez.



Un ton fort obséquieux, le policier semblant hésiter à croire ce que lui disait son lecteur. Je remarquai comment il appuya discrètement sur un bouton rouge, envoyant une demande prioritaire de vérification de faux à l’ordinateur central, mais les faux papiers de Mylène étaient plus vrais que vrais.



Le petit accent snobinard de la haute société qui allait avec son identité paraissait un peu plus qu’à l’accoutumée.



Les policiers descendirent à l’arrêt suivant.



Des mots dits à Mylène. Il y avait probablement quelqu’un qui nous écoutait, alors je faisais attention à ce que je disais. Elle comprit aisément.



Quelques moments de silence, puis nous étions arrivés à notre destination. Le centre de transports était impeccablement propre, les murs peints de couleurs plaisantes qui n’avaient jamais connu les graffiti. L’air était… doux, doté d’une senteur de pin, à peine décelable. La température parfaite. Sur le quai d’embarquement proche, un train partait… et les écrans indiquaient que le suivant arriverait dans un peu moins de deux minutes. Sur cet étage, la densité de population était relativement faible, mais les transports en commun étaient rapides et confortables. Tout était neuf et propre. Chaque fois que je m’aventurais sur les étages supérieurs, la tentation d’aller pisser sur les murs me prenait. Une très mauvaise idée, mais une envie puissante.


Les policiers me regardaient d’un air profondément désapprobateur, mais Mylène avait été contrôlée… Et les policiers avaient été avisés de ne pas nous inquiéter. Nous marchions dans ces corridors si beaux – mais sans caractère – comme si nous étions dans notre bulle, les gens évitant soigneusement de s’approcher de ces deux individus à la mine patibulaire. Les gardes du corps des gens que nous croisions nous surveillaient. Personne n’aimait notre présence.


Puis, notre destination finale. Un cinéma.



Les mots glissèrent lorsque mon regard croisa les yeux de ce gardien bellâtre en veston et cravate signés qui pensait qu’il arriverait à m’interdire l’accès.


Je payai les billets – un film d’action à gros budget – pour un prix dix fois supérieur à celui ayant cours dans les étages inférieurs. Un prix obscène, mais…



Encore un autre film de désastre, l’invasion en règle d’un habitat par des démons, le héros plongeant dans les profondeurs de la structure pour sauver sa bien-aimée coincée dans les bas-fonds de l’habitat.



Une main agrippant fermement son épaule.



Elle tirait dans une direction qui ne me plaisait pas. Elle faisait par exprès, bien sûr.



Un grondement profond, tel un loup.


Elle rit, se colla contre moi et se laissa guider. Nous étions tôt. Une bonne place. Et comme toujours, personne ne voulait s’asseoir près de moi, comme si ma malédiction était contagieuse. J’adorais cet effet, à tout le moins quand j’étais au cinéma.


J’embrassai Mylène. De longs et langoureux baisers, en attendant le film. Puis les lumières baissèrent en intensité, et elle se blottit contre moi. La publicité, les bandes-annonce, puis le film lui-même. Une très bonne musique. Des personnages stupides, insipides. L’action commença vite, les démons ouvrant des portails tout partout. Aucune crédibilité : avec une telle débâcle, l’armée n’avait qu’une option, activer les charges de destruction immédiatement, avant de perdre la zone complète.


Le héros était bel homme, avait une gueule assez particulière, mais moi et Mylène partions à rire à chaque fois qu’il abattait un démon d’une rafale bien placée, ou en tuait un d’un coup de hache bien senti. Des ricanements, en le voyant descendre et descendre, à contre-courant, jusqu’à l’étage -48. Il n’y avait jamais de survivant, dans de telles profondeurs.


Ridicule. Encore plus improbable était qu’il arrivait à retrouver son amoureuse. Pire encore, il se faisait casser la gueule en corps à corps avec les démons, mais se relevait toujours. Je jetai un coup d’œil : les gens regardaient avidement. Explosions et effets spéciaux. Parfait.


Je défis la braguette de mon pantalon. J’avais espéré ce moment depuis un certain temps. J’avais fait bien attention de ne pas être trop excité. Mylène n’avait pas vraiment idée de mes intentions. Je la tirai fermement, doucement, à moi, la forçai à baisser le torse.



Elle résista, tenta de se redresser, mais je savais ce que je voulais, et je savais aussi que la situation l’exciterait assez rapidement. J’avais raison… elle me mordit, juste assez pour me réprimander, mais considérant ce qu’elle allait faire, je n’avais aucun problème. Personne ne semblait se rendre compte de quoi que ce soit.


Et si quelqu’un s’en rendait compte, si les placiers ou la police débarquaient, il allait être profondément amusant de voir comment Mylène s’en tirerait. Me fallait-il… provoquer les choses ? Je savais que Mylène devait se poser la question, à savoir si je le ferais…


La situation l’excitait profondément, mais elle ne voulait pas se faire prendre. Elle voulait cela, et c’est pourquoi elle se plia à ma volonté. Je résistais à sa langue, ses lèvres, ses doigts. Elle sentait ma mauvaise volonté, combien je voulais que ceci dure, augmentant les risques. Elle me laissa sentir ses dents, très légèrement, mais elle savait déjà que la menace ne fonctionnerait pas. Mes mains sur sa tête, caressant ses cheveux.


Je regardais le film, savourant ses efforts, sa bouche si chaude, sa langue si agile. Un long, lourd soupir de plaisir, peut-être audible pour mes plus proches voisins. Mylène bougea, se déplaça, m’abandonnant quelques instants, afin de pouvoir s’agenouiller entre mes jambes, son dos contre le dossier du siège en avant de moi. Elle me tenait d’une main, sa tête bougeant rythmiquement, ses lèvres appliquant une bonne succion, alors que sa langue faisait des choses…


Je fermai les yeux, laissant passer un gémissement que seule elle pouvait entendre, mais elle savait que d’autres viendraient, plus forts, plus aisément reconnaissables pour ce qu’ils étaient. Elle augmenta un peu la cadence, fit usage de tout son talent. Profondément dans sa bouche. C’était bon… Mais je voulais que cela dure, je voulais la voir dans l’eau chaude, et elle le savait, se doutait aussi que je n’allais pas transformer le risque de se faire prendre en certitude.


Je la sentais toute excitée. Ses petites culottes étaient probablement humides. Comme toujours en un tel cas, j’y allais avec le flot, les désirs impulsifs. Je la laissai me rendre loin… puis j’arrêtai tout, à sa grande surprise. Je refermai l’avant de mes pantalons, me levai aussi bien que je pouvais avec elle dans mes jambes, et l’entraînai avec moi. En plein milieu du film. Les gens… n’aimaient pas et faisaient des commentaires désobligeants. Si seulement ils avaient su à quel point je me foutais d’eux…


La sortie de secours. La barre panique déclenchait un système d’alarme, mais tout adolescent des niveaux inférieurs savait comment la faire ouvrir sans délai, et sans son aigu. Et puis nous étions de l’autre côté… et je plaquai Mylène contre la porte fermée. Ses pantalons, je l’en débarrassai, ainsi que ses petites culottes. Je fis usage d’elle, la pénétrant profondément, debout. Plaquée contre la porte, qui était comme une caisse de résonance. Usage rapide, intense, qui la fit crier de plaisir. Plus une question : elle savait que beaucoup, de l’autre côté de la porte, pouvaient entendre, devaient deviner ce qui se passait…


Ses doigts, agrippant mes épaules, enfoncés dans ma chair. Je n’avais aucune intention de me faire attraper. Un sprint. Un noir dessein. Elle savait que le son n’importait plus, que ce n’était qu’une question de temps. Elle se laissa aller, laissa libre voix à son plaisir, qui gagnait en intensité plus elle était bruyante. Ce n’était pas le côté physique qui importait le plus, mais le côté psychologique. Pour moi, comme pour elle.


Mon plan improvisé, trop excitant. J’éjaculai en elle, rapidement, la femme me suivant tout de suite après. Sa jouissance fut… puissante. Trop puissante. Je n’avais pas complètement fini, mais je savais que les placiers allaient être avisés dans les secondes qui viendraient, si ce n’était pas déjà fait. Mylène était comme une chatte en chaleur, aussi bruyante et distraite. Le moment était bon… je me retirai d’elle, la laissai tomber. Son pantalon, ses petites culottes, saisis d’une main, l’autre tenant mon pantalon en place.


Je me mis à courir.



Sa voix, étranglée, urgente, excitée, furieuse, ses mains tentant d’atteindre ses souliers…


Il allait être amusant de voir comment elle allait se débrouiller, sa longue chemise la seule chose cachant son sexe dégoulinant…