n° 15194 | Fiche technique | 14252 caractères | 14252Temps de lecture estimé : 9 mn | 05/10/12 |
Résumé: La femme peinte... | ||||
Critères: fhh cérébral intermast préservati double sandwich fsodo -couple+h | ||||
Auteur : Aline Issiée Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Le Tableau Chapitre 03 / 03 | FIN de la série |
Résumé : Ludivine, mariée à Ben, marchand d’art, se rend chez Yann, un nouvel artiste découvert par son mari. Mais au lieu de faire son portrait, ce dernier la « peint » directement à même la peau…
Je suis entrée doucement, ai doucement fermé la porte, et puis je suis allée jusqu’au salon : Ben, assis dans le fauteuil club, sous le grand tableau de Schiele qui faisait l’admiration de tous, m’attendait. Son regard m’a sauté au visage, et j’ai tressailli.
Il me fallait enlever mon imperméable, défaire la ceinture, le faire glisser de mes épaules. Ma robe fourreau recouvrait exactement la peinture de Yann, mais un seul faux mouvement ferait apparaître un bout de ligne noire, une tache de couleur…
Et Ben m’examinait si attentivement :
Je compris, à la douceur de la voix de Ben, que celui-ci n’était certes pas « jaloux » de Yann. Peut-être même, sûrement même, m’avait-il envoyé à lui en toute connaissance de cause, en sachant, en espérant que j’allais séduire le peintre… Ben agissait souvent ainsi avec moi : comme un propriétaire complaisant, qui pouvait prêter ce qui lui appartenait. Cela n’était arrivé qu’une fois ou deux durant notre mariage, et à chaque fois vis-à-vis d’hommes dont Ben avait besoin, et qui ne me déplaisaient pas. Mais c’était la première fois qu’il « m’offrait » à un homme dont il n’avait en réalité nul besoin, qu’il admirait simplement.
C’était la première fois aussi où je sentais un mouvement de révolte monter en moi, à cause de cette passivité, de cette docilité dans lesquelles Ben m’enfermait, depuis des années. Yann avait fait de moi une femme peinte, presque tatouée, dont chaque dessin, chaque courbe, invitaient à l’amour… Mais la marque de Yann n’était posée que sur ma peau. Celle de Ben, hélas, s’enfonçait bien plus dans ma personnalité : pour la première fois, j’en souffrais et la refusais.
C’est par un geste de défi que, brusquement, détachant de mes deux mains l’attache du dos de ma robe – ce qui avait automatiquement pour effet d’écarter et de redresser mes seins –, je la fis tomber à terre ; j’apparus ainsi à Ben, dans toute la splendide peinture de Yann. Nul sorcier d’Afrique, nulle peinture papoue, nul pigment d’Amazonie, ne pouvait rendre l’effet de ces dessins sur ma peau nue : je devenais d’un seul coup vivante de dizaines de vies colorées, qui toutes désignaient clairement mes attributs sexuels…
Ben n’en finissait pas de me regarder, et je n’en finissais pas de m’exhiber devant lui. Le désir de Ben emplissait la pièce, de plus en plus. Que pensait-il ? Était-il en colère d’avoir été ainsi pris « au pied de la lettre » par Yann, ou bien, simplement, allait-il venir vers moi, me prendre dans ses bras, me coucher sur le divan, et contempler chaque ligne de mon corps ?
J’avais envie qu’il le fasse, car j’avais tant et tant désiré Yann, pendant toute la journée de pose, qu’il me semblait que je pourrais faire l’amour avec tous les hommes de la terre – mais en même temps, je me sentais incapable de rester passive, comme j’avais l’habitude de le faire avec Ben.
Celui-ci, pourtant, se leva et s’approcha de moi, à me toucher : je levais un peu la tête vers lui, qui était tellement plus grand que moi, ouvris la bouche pour qu’il me donne un baiser aussi voluptueux que celui de Yann…
Mais Ben ramassa simplement mon imperméable, ne prit même pas la peine de me faire passer ma robe : il serra la ceinture, me dit :
Et il m’entraîna, me pressant contre son flanc. Je ne posai aucune question : il me semblait naturel de retourner chez ce peintre qui, sans me toucher ni me pénétrer autrement que de la pointe d’un pinceau taché d’encre, avait pourtant éveillé chez moi la plus dévorante libido.
Je ne me demandai même pas si Yann serait là, ou disposé à nous recevoir – j’étais sûre qu’il pensait encore à moi, à mon corps, à ce qu’il en avait fait.
La porte de l’atelier s’ouvrit tout de suite. Les deux hommes se regardèrent, sans parler, puis se retournèrent vers moi, qui avais fait quelques pas et me retrouvais au centre de l’atelier. Les toiles peintes, avec leurs taches, étaient toujours disposées par terre, et les coussins qui m’avaient aidée à garder les poses étaient encore répartis comme pendant la journée.
Ben, toujours sans un mot, me rejoignit au centre de la pièce, et retira ma ceinture : je bougeai les épaules, pour faire tomber l’imperméable. Mes seins remuèrent un peu, leurs couleurs ondulèrent :
Mon regard passait de l’un à l’autre homme. L’un était mon mari, qui me tenait sous sa dépendance, certes, mais ne m’avait jamais causé le moindre tort. L’autre – ah, l’autre m’avait parfaitement devinée. Il m’avait réveillée – et mon désir allait vers lui. Je dis simplement :
Et, sans plus attendre, je marchai vers Yann, me mis à genoux devant lui, levai la tête et j’entrouvris la bouche. Yann se pencha, m’embrassa aussi voluptueusement que l’après-midi. Je cherchais déjà à ouvrir sa ceinture, à sortir son sexe pour sentir son excitation dans mes mains… Mais c’est alors que je sentis la présence de Ben derrière moi.
Yann me releva, me retourna, me présenta ainsi à mon mari : celui-ci, lentement, passa ses mains sur tout mon corps : mes seins, d’abord (qui, cette fois-là, n’avaient certes pas besoin de glaçons pour se raidir, tant mon désir en durcissait les pointes), puis le long des lignes qui, sur mon ventre, semblaient converger vers mon sexe. À son tour, il s’agenouilla devant moi, caressa les poils de mon pubis, que Yann avait peints presqu’un par un : Ben joua un moment avec eux, les touchant et les déplaçant sous la lumière de la grande lampe murale qui était allumée. Avec plus de douceur qu’il ne m’en avait jamais témoignée, il pressa mes cuisses pour les faire s’écarter.
J’étais ainsi, debout, dans les bras de Yann qui me soutenait et me présentait à Ben, en passant ses bras sous mes aisselles. Les mains de Yann, posées sur mes seins, en prenaient lentement possession, comme ses pinceaux l’avaient fait l’après-midi même. Je ne savais plus ce qui me donnait ce plaisir qui montait en moi : était-ce la caresse de Yann ? Celle plus intime encore, de Ben, qui ne se laissait pas de contempler mon entrejambe, de dessiner, du bout du doigt, les contours de ma vulve peints par Yann, et qui enfin commença à embrasser mon clitoris, d’une façon aussi délicieuse qu’inconnue : il ne posait pas simplement ses lèvres ou sa langue, il suçait véritablement, comme je le suçais lui, mon clitoris aussi durci que mes seins.
Je poussai un gémissement, et, balançant ma tête en arrière, je rencontrai le visage de Yann, sa bouche qui s’ouvrait, sa langue qui venait chercher la mienne… Ben, pendant ce long baiser, continuait son exploration de ce corps peint pour l’amour : à petits baisers doux, il parcourait mes cuisses…
Je rompis alors la pause : je me retournai. Je faisais ainsi face à Yann, plaquant mon corps contre le sien, défaisant sa veste, le dénudant de son pantalon. Il me reprit dans ses bras, m’embrassa de nouveau, passant ensuite au cou, puis aux seins. Pendant ce temps, Ben, parcourait des yeux, des mains et de la bouche tous les dessins de mon dos. Il écarta mes fesses, pour suivre la ligne rose qui entourait désormais l’œillet de mon cul… Je sentis bientôt les mains des deux hommes me caresser, l’un par-devant, l’autre par derrière. Leurs doigts s’effleurèrent, à l’entrée de ma vulve…
Je les repoussai alors, tous les deux, et me reculai vers le centre la pièce.
Ils avaient prononcé mon nom en même temps. C’était comme une prière…
Je compris que ces deux-là se parlaient plus qu’ils ne me parlaient. Je n’étais peut-être qu’un truchement, pour leur relation. Mais ils avaient choisi, me semblait-il.
Ben ne me parlait bas, mais sa voix trahissait une vraie émotion. J’eus presque pitié de lui, mais j’avais compris que cet homme ne m’aimait pas vraiment : il m’utilisait pour son plaisir. Là, je le laissais avec Yann, la première personne pour laquelle il éprouvait une réelle admiration. Je ne doutais pas une seule seconde que ces deux hommes allaient ensemble poursuivre l’œuvre commencée avec moi. Ils utiliseraient d’autres femmes. Yann les peindrait, Ben les « vendrait », je ne sais pas quel moyen, peut-être des photos, ou des expositions forcément privées. Je n’avais été que le déclencheur de leurs fantasmes. Ils m’avaient tous deux, sans le savoir, libérée de leurs empreintes sur moi.
C’est donc tout à fait librement que je les pris par la main, je me suis installée sur les coussins et les tissus : ils se dénudèrent, vinrent s’allonger de part et d’autre.
Dès qu’ils furent près de moi, je pris les deux queues dans mes mains : je reconnaissais la dure tige de Ben, mais c’était la première fois que je sentais le long sexe de Yann, embouché d’un gland ovoïde et attirant… Les deux hommes, pendant que je les branlais lentement, passaient leurs mains sur mon corps, en laissant échapper quelques paroles :
Et j’ouvris les jambes, pour que les deux hommes admirent ma vulve parée et qui les attendait, humide, chaude, et comme désignée pour les jeux sexuels les plus osés.
Ils me prirent tous les deux, d’abord l’un en levrette pendant que je suçais l’autre, puis en intervertissant leurs places. Je sentais la chaleur de mon corps, et mes orgasmes successifs, changer le dessin de Yann. Je demandais alors aux deux hommes d’aller chercher un miroir, afin que je puisse, moi aussi, profiter de cette « œuvre d’art » qu’était le changement irisé des couleurs de ma jouissance.
Devant le miroir, ils me prirent tous deux « en sandwich », Yann dans mon cul et Ben dans mon con. J’étais comme soulevée par leurs deux sexes qui bougeaient à la même mesure, mais ce qui me fascinait le plus, c’était de me regarder jouir, dans le miroir – car je brûlais d’un tel feu que tout mon corps se brouillait, qu’on aurait dit que ma peau devenait un arc en ciel – j’étais comme une flamme entre les sexes et les corps des deux hommes…
Nous finîmes par nous endormir tous trois, entrelacés, sur les coussins – épuisés, car les hommes avaient joui plusieurs fois, et moi il m’avait semblé que j’avais mené le jeu de bout en bout…
Le lendemain, les couleurs de mon corps s’étaient effacées, brouillées. Je me levai, remis mon imperméable, laissai les deux hommes encore endormis, et sortis.
Je ne les revis plus jamais, ni l’un, ni l’autre…