n° 15255 | Fiche technique | 42367 caractères | 42367Temps de lecture estimé : 25 mn | 06/11/12 corrigé 11/06/21 |
Résumé: Si j'avais su ! Su quoi ? Ami lecteur, nous allons le découvrir maintenant. | ||||
Critères: fh amour cérébral pénétratio portrait délire -humour | ||||
Auteur : Lacducoucou (Amateur qui écrit pour le plaisir.) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Si j'avais su... Chapitre 02 / 02 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode 1 :
Invité à Saint-Vit-sur-la-Jeanne, au mariage de Louis de la Margelle du Puy, le noble, avec Justine, la roturière, j’allais de surprise en surprise tout au long de la journée, jusqu’au point d’orgue, sur le coup de minuit. Selon la coutume en ces lieux, l’un des invités, désigné par tirage au sort, est chargé de tenir la chandelle aux mariés durant la nuit de noce. Il est hors de question de refuser. Et c’est à moi que cette bouffonnerie échut. Pire : la nuit de noces prit un tour inattendu. Si elle encorna le brave Louis, elle écorna surtout les bonnes mœurs et les valeurs sacrées du mariage. La honte m’habite. Oui, elle a honte.
Le hasard, me direz-vous ? La fatalité ? Que nenni ! On va mesurer que Mac Hiavell, l’écossais inventeur du whisky, en tenait une, ce jour-là !
Mais est-ce que je pouvais savoir, moi ?
Ajoutons qu’il serait préférable d’avoir lu d’abord « Chandelle 1 » n°15206 – pour bien comprendre ce qui va se passer ici.
Contre moi, Griotte de Amah Groupp, la fille de mon épicier turc, nue comme un doner kebab sorti de l’emballage… Bien que son papa vende un large éventail de nourriture, elle n’a maintenant d’appétit que pour un seul plat : la trique à la mode de Pan. Ah Griotte ! Une impétueuse confiture sur la tartine du drap ! Le beurre de sa motte exige autre chose qu’une vulgaire biscotte et mon meilleur remède pour tenter d’oublier Saint-Vit, c’est encore elle. Comme toujours lorsqu’elle ne se contrôle plus, elle abandonne la langue de Molière pour revenir à sa langue maternelle. Elle feule, éructe, hurle :
Elle me griffe le dos à m’arracher les omoplates, m’étouffe contre elle en écrasant ses poumons pointus contre mon torse. Son bassin roule et tangue, ses cuisses prennent mes flancs en étau, ses pieds font des nœuds dans mon dos – c’est fou, hein, ce qu’un seul nœud peut provoquer. Je n’oserais prendre position sur sa religion, mais elle, visiblement, a choisi celle du missionnaire – la position, s’entend. J’accélère le pilon. Toi, tu vas l’avoir, ta vue sur Jérusalem ! Que je vais te défoncer, pieuvre lubrique, t’éclater le turbo, te crucifier l’abricot ! J’en deviens fou et la digue se rompt, je me lâche en elle. Le brave général Sper lance ses matozoïdes à l’assaut du col de l’Utérus. Sur le trajet, la foule des muqueuses applaudit à s’en rompre les membranes. Cuisses ouvertes, elle s’arc-boute, se tétanise et surpasse en décibels la corne de brume de l’Abeille Flandre.
Le calme revient, son tendre sourire apparaît comme le soleil après l’orage ; autour de nous les petits cupidons se remuent le cul en gatsouillant. Nous nous endormons dans les bras l’un de l’autre.
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Le voyage du retour ? Un cauchemar ! J’étais dans le compartiment conducteur de ma deudeuche tgv fonçant sur la ligne grande vitesse de la vallée du Vit. J’entendis des bruits, des cognements sourds dans le couloir. C’est quoi, ça ? Mon volant d’une main, j’ouvris la porte pour jeter un coup d’œil et j’aperçus une horde de sangliers en train de foncer dans ma direction. Je ne cherchai pas à comprendre, je fuyis dans l’audace orthographique et dans la direction opposée, poursuivi par des grouissements de rage. L’étroitesse du couloir les gênait, ces imbéciles. Ils se bousculèrent, se coincèrent, grimpèrent les uns sur les autres. J’eus le temps le temps de prendre du champ, passai comme une flèche dans le second wagon, puis le troisième et là, devant moi… un mur de canards tout aussi agressifs que les sangliers. J’étais perdu ! Miracle : Berbe, le nain Berbe, apparut soudain à mes côtés et fit le ménage. Il balança à tour de bras des frisbees en marbre sur les assaillants qui battirent en retraite. Puis il se tourna vers moi, avec un sourire mauvais :
Un coup de frisbee à plat sur le sommet du crâne, je m’effondrai contre lui et… et je me réveille en sursaut. Penchée sur moi, ma Griotte, inquiète :
Brave Griotte ! Tremblant, je me réfugie dans ses bras, l’embrasse avec reconnaissance et tendresse ; elle ronronne d’aise en se collant contre ma géographie de rescapé des canards et retourna chez Morphée. Je n’ose l’y suivre de peur de retrouver tous ces connards : le nain, les sangliers et les canards. Alors mon esprit vagabonde. Dans ma tête repassent les images de Saint-Vit au lendemain de la noce.
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Je n’ai pas terminé la nuit dans la chambre nuptiale, ce qui m’a enlevé une rude épine du pied : j’aurais eu du mal à nous imaginer en trio… au réveil. Après le combat de Titans entre Safoufoune et Mondard, Justine me conduisit dans une autre chambre, au fond du couloir. Sur le seuil de la porte, j’eus encore droit à un baiser torride comme seule Natacha sait en faire, puis elle m’abandonna en courant pour rejoindre son époux. J’ai préféré. Crevé, vidé, pompé, je n’aurais effectué qu’une misérable prestation. Et devant moi, ce lit qui me tendait les bras pour offrir la paix du sommeil au pécheur épuisé…
Le lendemain ? Tout va très bien, madame la marquise ! Au petit-déjeuner, dans les cuisines du château, surprise ! Un Louis frais comme un gardon, sautillant et souriant. Comment avait-il pu récupérer si vite ? Ça tenait du miracle. Il l’avait prise à Lourdes, sa douche ? En trempant sa tartine de confiture dans son ovaire maltine :
– Si, si, si ! Et si tu savais à quel point !
Clins d’œil complices entre Justine et moi. Et son regard, à nouveau… Mais j’intervins :
Elle me regarda avec, dans les yeux, tout le soleil de cette nuit :
– Que je te vais lui botter le cul, à çui-là ! « Ah, patron, j’ai oublié de vous prévenir. » Tu parles ! Demain, à la boîte, corvée de chiottes !
En partant, je l’embrassai avec un pincement au cœur. Pour masquer mon émotion :
Il le fallait ! Il le fallait ? Mais ça veut dire quoi, ça ?
Ah, si j’avais su…
Stéphane habite à cinq cents mètres, en contre-bas du château. Ma deudeuche ne m’attendait pas à l’ombre des jeunes filles en fleurs, mais à celle du nain. Il faisait beau, le salon de jardin nous accueillit dans la douceur matinale. Stéphane plié de rire, les larmes aux yeux :
– Ouh la ! Un subordonné qui tutoie son chef ? C’est permis, ça, même s’ils sont maintenant beaux-frères de queue ?
… Patron, Justine m’a chargé d’une mission importante : te transmettre son témoignage : elle n’a jamais été aussi bien baisée, elle te voue toute sa gratitude et son affection.
– Y veut quoi, lui ? Une augmentation ?
– Bon, ne soyons pas hypocrite…
Le grincement du portail. Mais c’est notre curé ! Il est tout sourire, le soutané, et à jeun, sauf si l’on pousse la mesquinerie jusqu’à évoquer les quelques lampées restantes du vin de la messe qu’il vient de célébrer. Qui n’aurait eu pitié d’une demi-bouteille orpheline ? Il s’installe parmi nous pour l’apéro, c’est l’heure, et s’adressant à moi, hilare :
– Il insinue quoi, lui ? Justine lui aurait-elle téléphoné, à lui aussi ?
Et soudain, un bruit curieux sauta la haie pour arriver jusqu’à nous. Je me levai et n’en crus pas mes yeux : un bonhomme en costume gris et casquette de chauffeur, en train de conduire un fenndouic. Sur les bras de la machine, un fauteuil. Dans le fauteuil un hurluberlu vêtu d’une toge blanche et sur la tête, un entonnoir maintenu à l’aide d’un élastique de pyjama.
Stéphane anticipa :
Le curé, joyeux :
Sur ce bon mot, le père Douzedegrés donna miséricorde à son second verre d’apéro. Puis au troisième.
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Deux ou trois mois ont passé. La vie a retrouvé son train-train. J’ai décroché mon contrat du siècle. J’ai embauché du monde et promu Stéphane pour s’occuper des nouveaux venus. Ma vie se partage entre mon boulot, Griotte, le souvenir de Justine et quelques loisirs auxquels je tiens : sculpture et peinture.
Parfois, j’invite Stéphane à se joindre à Griotte et moi pour partager une bonne bouffe. Le courant a l’air de trèèèèès bien passer entre eux deux, et il ne m’étonnerait pas qu’un jour… ça dérape. Les cornes se portent abondantes, ces temps-ci. Il en pousse une multitude de nouvelles chaque année, mais on a l’impression, cette année, que celles de l’an prochain sont déjà là. (Je pastiche ici ce qui avait déjà été écrit au sujet des cons « dont la mère est toujours enceinte »). Si elles étaient comestibles, toutes ces cornes, le problème de la faim dans le monde serait résolu.
Justine et Griotte, Griotte et Justine. Quand je baise Griotte, ça me dope de penser à Justine et quand je pense à Justine, vite, vite, il faut que j’aille baiser Griotte.
Justement, le téléphone se met à sonner. Je décroche et sers ma plaisanterie désormais favorite, empruntée à Douzedegrés qui me l’avait confiée à table, le soir du mariage :
Mon cœur s’arrête.
– Mais alors… il sait qu’elle vient chez moi ? Ça ne l’effraie pas ? Veux pas d’histoires, moi !
Pourquoi elle se déplace ? Juste pour un petit coït ? Bizarre.
Si j’avais su…
Elle raccroche. Un lourd moment de panique. J’avais promis à Griotte de l’emmener dans un bon restaurant, et qu’ensuite… Comment faire ? Et soudain, la lumière ! Je reprends le téléphone.
18 heures pile, dring. Je vais ouvrir.
Elle est là, devant moi, avec son regard à ramollir un homme et durcir son membre. Elle, je, nous ! Sans un mot, à bas les vêtements. Ils s’éparpillent comme des papillons dans la tourmente. Bouches soudées, mains folles, épidermes en délire, nos corps chutent et chantent sur le matelas d’où la pauvre vertu prend la fuite en hurlant. Pas de préliminaires, pas de léchouilles, ni fanfreluches ni plumes, tout de suite le marteau dans l’enclume. Ni string, ni cyprine, ou autre fée Lation qui font l’encre des plumes indigentes et le bonheur des lecteurs-à-une-main. Plus rien n’existe que nous deux. Rien que le désir, et l’éternité du plaisir.
À mon âge, je réussis l’exploit de remettre le couvert derechef, avec les encouragements déchaînés de la victime. Brave et généreux général Sper, on peut compter sur toi…
Ainsi parla Kamasoutra.
Il a tout dit, Kama. Je préfère donc taire la longue nuit, le réveil, l’apéro et le repas de midi sacrifiés au profit d’une seule faim et d’un seul menu.
Justine repart dans l’après-midi.
Et la même réponse toujours énigmatique pour moi :
Si j’avais su pourquoi…
Pour Stéphane, ce fut au-delà de toutes ses espérances. Fâchée par ma brutale défection, c’est Griotte qui propose, par esprit de vengeance, de terminer la nuit chez lui. Elle n’aime pas les lapins, mais elle adore la pine. (Oui bon, d’accord, ce féminin-là j’aurais pas dû …) En début de soirée, ce fut donc moi qui me fis traiter de salaud, alors qu’en fin de soirée c’est lui, mais pas du tout pour les mêmes raisons.
– Y veut quoi, lui, une majoration des indemnités de licenciement ?
… et que même je lui ai fait des trucs que tu ne lui avais jamais faits.
Il poursuit avec un grand sourire :
Alors, je la déshabille, avec art… C’était comme déballer un cadeau de Noël. Je lui remonte sa robe jusqu’aux aisselles, lui détache un bras pour libérer un côté de la robe et du soutien-gorge, lui rattache le bras, puis la même opération de l’autre côté. Je la caresse sur tout le corps, avec mon index pointé, avec la main ouverte, avec les lèvres, tandis qu’elle tire sur ses cordons comme une folle.
Il s’interrompt un moment, les yeux dans le rêve.
Encore les yeux dans le rêve, émerveillé, intarissable :
Encore une pause. Il reprend, toujours ailleurs :
Mon Stéphane encore sur son petit nuage… J’en profite nonobstant pour remettre les pendules à l’heure :
La surprise ? Oui, c’en est une, extraordinaire : Griotte me présente Prunelle, sa petite sœur, majeure, vaccinée et… affamée.
Exit Griotte, mais quel beau cadeau d’adieu ! Et Prunelle, ce n’est pas dans les yeux qu’il faut la regarder. Dans la famille Amah Groupp, il y en a de beaux fruits !
Des mois passent encore. De temps en temps, je reçois un coup de fil de Justine, ou je lui téléphone, moments de délicieuse amitié. Mais c’est Stéphane qui m’apprend la nouvelle un matin. Coup de tonnerre dans un ciel sans nuage. Justine a accouché cette nuit de Clovis-Amédée Henri, dernier en date des comtes de la Margelle du Puy. Amédée ? Je cherche dans le dico : aimé de dieu. Bon, ça ne coûte rien et ça aurait pu être pire. La mère et l’enfant se portent bien. Louis le père danse de joie, le vieux comte, terriblement diminué, pleure de bonheur.
Trois kilos pile ! Péridurale, et accouchement en une demi-heure. Que des bonnes nouvelles. Un pincement d’émotion pour moi à la pensée de ma vie de célibataire, seul et sans enfants, comparée au bonheur des autres. Mais n’était-ce pas mon choix ? Petit reproche à Justine : elle aurait pu me le dire, qu’elle allait être maman, non ?
Ce point m’invite à en faire un autre : la boîte marche du tonnerre de dieu. Son chiffre d’affaires a explosé. Nos logiciels connaissent un succès énorme à l’international. J’ai enregistré plusieurs propositions de rachat pour ma boîte, ces derniers temps. Mais surtout, je peux m’en remettre totalement à Stéphane. Je le dis sans honte, l’employé s’avère petit à petit aussi bon que le patron. Griotte irait même plus loin dans la comparaison. Eh bé, dans ces conditions, pourquoi pas une petite semaine de vacances au soleil ? Prendre un peu de recul. La pensée me vient encore que je ne me verrais pas vouer toute mon existence à ce job, malgré la montagne de pognon. Du pognon pour qui, du pognon pour quoi d’ailleurs ?…
Trois mois passent encore et puis, ce coup de fil de Louis, l’heureux papa, un dimanche matin. Après le blablabla d’usage, Louis attaque :
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Sainte-Jeanne-sur-le Vit, Saint-Vit-sur-la-Jeanne. Nous y arrivons, ma Cayenne et moi. Deudeuche craint les canards et les sangliers. Ah oui, le nain…
– Oh, nom de dieu, c’est pas vrai ! Oh les cons ! Qui a fait ça ?
Stéphane, hilare :
Je n’avais plus rien à ajouter. Stéphane se retourne vers la maison et appelle :
Énorme surprise : Griotte ! qui sort de la maison en courant, passe les bras autour du cou et me colle deux chastes bises sur les joues.
J’éclate de rire. Ces liens du lit ont tissé les liens d’une vie. Heureux qui, comme au lit, a fait un beau voyage…
Et Griotte, rayonnante me saute encore une fois au cou. Je l’étreins avec émotion. Une page de souvenirs heureux s’envole à tire-d’aile, une page vierge (vierge… ? mais si, la page !) s’ouvre pour elle et Stéphane.
Je ne saurais vous conter en détail tout le tralala de cette journée de baptême. J’ai le plaisir de découvrir le petit Clovis-Amédée, de le tenir dans mes bras devant le prêtre. Un gamin adorable et souriant, une petite chose fragile qui me fait entrevoir un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence. Je n’ose bouger de peur de le casser. Ils en ont de la chance, Louis et Justine, d’avoir un si beau bébé.
Repas de midi et repas du soir préparé par un cuisinier de talent embauché pour la circonstance. Je mentionne la promenade digestive de l’après-midi au milieu des vignes endormies sous le soleil. Le parrain a le droit de pousser le landau, ça change d’un quatre-quatre. Je ne parlerai pas de la marraine, une lointaine cousine de Louis, douce et gentille qui pousse la délicatesse jusqu’à ne m’inspirer aucune pensée impure. Je retrouve le père Douzedegrés comme compagnon de table ; rien que cela vaut le déplacement à Saint-Vit. Ce brave curé, faudra que je l’emmène en vacances avec moi, séjour de gais lurons au soleil. « À l’écluse », bien sûr, et par prudence pour le porte-monnaie. (« all in… » pour les anglicistes).
Le repas du soir ? Il ne m’en reste que des bribes de souvenirs. Le père Douzedegrés et moi avons emprunté, à marche forcée, les chemins de Bacchus. On m’a raconté qu’en fin de soirée, mais je ne m’en souviens plus du tout, ils durent se mettre à plusieurs pour m’empêcher d’aller chier sur la tête du nain comme j’en avais fait le pari avec le curé. Celui-ci me força d’ailleurs à ingurgiter de sa fiasque miraculeuse pour me dessoûler. Miraculeuse en effet : la tête claire, l’esprit apaisé le matin.
Le calme avant la tempête…
Si j’avais su ce qui allait me tomber dessus !
À la cuisine du château, autour de la grande table du petit-déjeuner, le comte Louis et la comtesse Justine, qui m’ont offert l’hospitalité pour la nuit (il a fallu me porter dans ma chambre…) et le petit Clovis-Amédée dans mes bras pour le biberon.
Il est fou ? Je reste pétrifié. Je sens le sol se dérober sous moi. Un tsunami de panique m’envahit. Le mauvais rêve ! Ahuri, je me tourne vers Justine pour y chercher du secours. Un regard, un seul, et son sourire éclatant me tassent sur mon siège. La tête enfoncée dans l’horreur, je tente de refaire surface :
Je dois être pâle comme un maure (un maure albinos). Clovis-Amédée retrouve le giron de maman, tandis que Louis poursuit :
– Stéphane, oh le chien ! Je vais te le donner à bouffer aux sangliers et aux canards !
Je suis abasourdi par toutes ces révélations. Louis poursuit :
Une chose me tarabuste.
Louis éclate de rire.
J’en reste comme deux ronds de flan, l’esprit secoué par l’énormité de la chose. Une question cependant :
J’en reste muet, vidé. À quoi tiennent les choses. Justine intervient alors :
Alors, vaincu, je me lève, récupère l’enfant dans les bras de Justine, le prends contre moi en silence. Dans mes yeux des larmes muettes, dans mon cœur un indicible bonheur et dans mon esprit une immense fierté.
Combien de fois ai-je répété « si j’avais su » ? Maintenant, je sais. Pardon, lecteur, je ne t’oublie pas : nous savons.
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Quatre ans ont passé. Aujourd’hui, le père Douzedegrés n’est plus là. Il a rejoint les chais célestes, il y a deux ans. J’ai eu autant de peine que lorsque j’ai perdu mon père.
Un prêtre venu d’une autre paroisse assure le service de baptême pour Fleur Céleste Marie, la petite sœur de Clovis-Amédée. Qu’elle est belle ! Hein qu’elle est belle ? Mais reconnais-le, lecteur, qu’elle est belle !
J’ai revendu ma boîte, bien au-delà de ce que j’escomptais. Je n’ai plus aucun souci jusqu’à la fin de mes jours, et il en restera plus que largement assez pour la génération suivante.
J’ai racheté et fait retaper le presbytère, m’y suis installé avec Prunelle et passe mes journées dans l’atelier de peinture et de sculpture aménagé au rez-de-chaussée. Je peux enfin me livrer à ma vraie passion. La vie ici est agréable, et les habitants m’ont à la bonne. J’aide la commune et les associations.
J’ai financièrement, et plus que largement, épaulé Stéphane pour monter sa propre boîte d’informatique. Elle prospère au-delà de toute espérance. Stéphane et Griotte ont des jumelles, Myrtille et Aubépine dont Louis et moi sommes parrains. Seule ombre au tableau : Prunelle désespère d’être enceinte. Et pourtant, nous ne ménageons pas nos efforts. C’est moins grave pour moi que pour elle. Elle travaille au domaine avec Justine et se passionne pour son boulot.
Louis m’a converti au parapente, mais dès que je vois un vol de canards, ou de sangliers, je me dépêche d’atterrir…
Je vous abandonne, je dois m’occuper de mon… filleul.
Remerciements à Louvi pour ses conseils et remarques.