n° 15286 | Fiche technique | 13416 caractères | 13416Temps de lecture estimé : 8 mn | 20/11/12 |
Résumé: C'est une fiction, où j'ai imaginé le cheminement d'un couple qui participe à une thérapie en groupe. Les pensées se libèrent, les envies montent crescendo, au fur et à mesure des exercices demandés, d'épisode en épisode. | ||||
Critères: fh couple école amour revede exercice nostalgie portrait -couple | ||||
Auteur : Cheminamants (Les pensées nous mènent, là où nos pas imaginent un chemin.) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Envie d'envies Chapitre 01 / 06 | Épisode suivant |
Chapitre 1
Un petit coup d’œil scrutateur l’un vers l’autre, et puis les pensées qui s’emballent. Décidément, cela aurait été étonnant qu’ils soient d’accord.
Sans répliquer, Marylène se pousse de côté. Son mari fait quelques pas. Elle referme la porte, comme si ce geste était une avancée pour elle, pour lui, pour eux, avec le choix de non-retour. Elle se dirige vers la fenêtre, d’un pas tranquille, espérant laisser une impression d’assurance, ou pour se donner bonne contenance. Cela le fait sourire, lui qui la suit, et il ne peut s’empêcher de lui chuchoter à l’oreille :
Eh bien oui, c’était ça, leur petite sortie ! Et, pour qu’il ait accepté cela, c’est qu’il avait bien conscience que leurs relations s’étaient détériorées ces dernières années. Et ils s’étaient retrouvés, tous les deux, impuissants, se détachant petit à petit l’un de l’autre. Depuis combien de temps, au juste, elle n’en savait rien. Sans doute pas plus que lui.
Dans cette salle qui les accueille aujourd’hui, ils se sont installés, debout, près de la fenêtre, tout à côté de la petite table où sont dressées, deux thermos qui sentent le café chaud. Des tasses en plastique, un bol de sucre en morceaux, quelques assortiments de thé, sont à disposition. Marylène trouve cet accueil bien sympathique, et elle commence à se détendre.
Chapitre 2
Elle repense au cheminement qui les a amenés jusqu’ici. Elle se souvient, la première fois qu’elle a réalisé, navrée, que son désir s’était absenté de manière évidente. C’était à un anniversaire de mariage d’amis, l’année dernière… Ils avaient dansé, Marylène et Christophe, chacun avec les conjoints des couples présents. Et ensemble aussi. Mais, rien ne s’était passé. Rien !
Par exemple, sur les quelques slows, il ne l’avait pas serrée dans ses bras, pas plus qu’elle ne s’était blottie contre lui, la tête sur son épaule, et son corps collé au sien. Aucun regard tendre n’avait été échangé, ni aucun geste délicat, tout en douceur… Aucune caresse, de celles que l’on cache aux yeux des autres, n’était venue titiller leurs pensées.
Le temps était parti, où sa main chaude et masculine, explorait le creux de son décolleté au rythme des slows, puis vagabondait sur sa poitrine à travers le voile de son chemisier étonnement féminin. Le téton se tendait alors, vers des promesses futures…
Ce soir-là, il n’avait pas pressé son corps souple de femme abandonnée dans ses bras, jusqu’à ne plus faire autrement que de caler sa respiration à la sienne. Il n’avait pas placé sa cuisse droite discrètement entre ses jambes, pour lui faire découvrir son envie d’elle, lorsqu’ils s’étaient retrouvés sur la piste de danse. Rien de tout cela n’était arrivé. Et, Marylène s’en était voulu.
Avant, elle ne serait jamais sortie sans mettre en valeur ses jambes, aux courbes harmonieuses, dans des bas satinés. Quand elle glissait son corps aux formes généreuses, dans une robe, ou une jupe légère, offrant la liberté à ses genoux de se mouvoir, sous une dentelle délicatement ajourée, c’était pour le plaisir. Juste pour leur plaisir… Quelle idiote ! pense-t-elle. Elle était venue en pantalon, à cette soirée.
Tout comme aujourd’hui d’ailleurs…
Chapitre 3
Elle revient à la réalité. Son envie, c’est de retrouver cette étincelle, ce bonheur d’être deux, et de partager à nouveau tendresse et amour. Les séances de thérapie de couple vont les aider. Mais, ils ont à faire des efforts, l’un envers l’autre, et l’un avec l’autre. Ses pensées sont interrompues par des bruits environnants.
Ça bouge autour d’eux. Les couples se rapprochent de cette table. Ils sont conviés par la thérapeute à se servir. C’était elle, qui les avait accueillis, tout d’abord, pour un premier entretien, puis les avait convaincus de venir participer à quelques séances. Elle se présente à tous : Docteur Nicole Chauvotte. Puis leur propose, une fois servis, de venir s’asseoir sur les chaises placées en cercle au milieu de la salle.
Marylène et Christophe s’installent côte à côte. Sans se parler, ils se regardent. Puis se recentrent sur cette femme, à présent, debout au milieu d’eux, qui prend la parole :
Christophe se lève pour se débarrasser de sa tasse, puis revient s’asseoir. Il prend la main de Marylène, d’un geste un peu vif, puis la pose, avec la sienne, de manière peu délicate, sur sa cuisse. Elle aurait aimé un peu plus de douceur, et qu’ils entrecroisent leurs doigts. Mais elle n’ose pas lui en faire la demande, de peur de le brusquer, alors qu’il montre de la bonne volonté. Lorsque tous les couples ont agi, selon la demande, le temps semble s’être suspendu, et les minutes interminables.
Résultat : Malaise général ! Puis, un doigt se lève, hésitant, celui d’un homme d’une trentaine d’années qui veut expliquer :
Elle en reste là, sans oser dire à quel point, ce geste lui manque. Puis elle sent, à ce moment, ses doigts s’écarter devant la douce fermeté de Christophe qui entrelace les siens, mêlant leur chaleur. Elle doit sans doute rougir un peu, sous le regard des autres, bienveillants ou admiratifs.
La thérapeute reprend la parole :
Marylène baisse la tête, et attend. A-t-il remarqué que sa main dans la sienne tremble un peu ? Sans doute. Peu importe, pense-t-elle tout d’abord. Mais bien vite, ce fut un non ! Non, cela n’est pas sans importance. Elle aime ce contact du bout de la peau. Et plus encore, elle le veut. Sans plus attendre, elle met ses doigts en mouvement, les frottant à ceux de Christophe. Ce va-et-vient pudique est agréable.
Leurs phalanges s’enlacent, se crochètent, s’agrippent, paume contre paume. Christophe a l’air heureux, juste un tout petit peu, mais c’est déjà bien, pense Marylène. Leurs mains se caressent ainsi, avec plus d’aisance, sans gêne, puisque, à présent, chaque couple est absorbé par leur propre reconquête, et ne prête aucune attention aux autres.
Chapitre 4
Elle sent ses muscles se détendre un peu plus, et ferme les yeux, la tête toujours baissée. Elle apprécie ce que son corps lui dit : « Vis ! Frémis ! Reçois et donne. Une main qui s’accroche à la tienne, c’est un mets, que tu dois savourer. » Si les doigts se délient, c’est pour que le pouce de l’autre, se libère. Il caresse enfin, en effleurements sensuels, le creux de ton poignet pour enivrer tes sens, tout comme le ferait un délicat parfum, placé tout juste là.
Qui te dit le mieux, ce que tu dois faire ? Ta tête ? Ton cœur ? Aucun des deux, s’ils sont liés à une réflexion, une analyse. Surtout ne pense pas, ne te pose aucune question. Laisse-toi aller, tout simplement. Vibre, quand le charme agit, et fais danser tes doigts, et ta main, pour le plaisir de retrouver l’autre. Tu fais renaître l’envie de révéler que les sentiments amoureux ne sont jamais bien loin, pour peu, que du bout des doigts, ils se cherchent et se trouvent.
C’est ainsi, que Marylène et Christophe retrouvèrent le bonheur de se caresser. Ils s’étaient abandonnés, l’un à l’autre, tout comme ils l’avaient fait, mille et mille et une fois. Tout simplement, main dans la main. Mais ce soir-là, durant cette première séance de thérapie de couple, ils prirent conscience, que cette fois-ci, ces gestes-là, tout tendres, leur avaient manqués.
Et quand la thérapeute demande, à tous, mettant fin à cet exercice, de renouveler ces gestes pendant plusieurs minutes durant la semaine, Marylène et Christophe acquiescèrent au fond d’eux-mêmes. Mais ils n’en dirent mot, gardant au secret, l’un à l’autre, qu’ils choisiront de se donner des moments tout simples, adaptant leur emploi du temps pour une plus grande disponibilité envers chacun d’eux.
Ils se lèvent. Une heure s’est passée. Si vite. Ils saluent Nicole Chauvotte.
Se dirigeant vers la porte, ils sont abordés par un jeune couple.
Ils quittent la salle, sur ces mots.