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n° 15531Fiche technique30401 caractères30401
Temps de lecture estimé : 17 mn
25/03/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  Delilah est prête. L'ancienne esclave sexuelle va bientôt se venger de son tortionnaire... Du moins, si elle parvient d'abord à gérer le retour du père qui, lorsqu'elle était enfant, l'a abandonnée.
Critères:  ascendant grosseins groscul bizarre exhib nonéro fantastiqu sorcelleri -fantastiq
Auteur : Talaff      

Série : Delilah Desire

Chapitre 05 / 06
Delilah Desire : le début de la fin

Note de l’auteur : Je tiens à m’excuser, auprès des quelques lecteurs de cette histoire, pour l’énorme attente entre deux chapitres. Je n’ai pas d’excuses très originales, simplement le quotidien qui m’impose ses priorités.


De plus, je tiens à préciser que ce chapitre-ci, s’il met toujours en scène une femme fortement sexualisée, ne contient aucune scène réellement érotique. Néanmoins, merci à tous ceux qui lisent encore les histoires de Delilah, en tout cas. La conclusion du premier arc narratif est désormais proche. Et, juré, je ne vous ferai pas attendre un an pour la découvrir !


N’hésitez pas à me contacter pour tout commentaire ou question sur cette histoire.


Merci encore !








Résumé des chapitres précédents : Delilah Desire, ancienne esclave sexuelle du démon Nargulh, a brisé ses chaînes et s’est libérée du joug de ce monstre, qui se trouve être l’un des quatre Hauts-Ducs du pays.


Désormais à la tête d’une armée de hors-la-loi et de parias, la jeune femme au corps de braise a décidé de mener une guerre contre son ancien maître, afin de prendre sa place sur l’échiquier politique du royaume. Armée d’une épée magique et épaulée par Koloss, un démon aussi gigantesque que puissant, elle s’est en outre alliée avec Mazoku, un demi-démon qui voit lui aussi un intérêt à éliminer Nargulh… Désormais, Delilah se sent prête à tuer son ancien tortionnaire.


Cependant, lors d’une cérémonie, la jeune femme a la surprise de voir réapparaître son père, qui avait disparu des années auparavant… Et l’avait laissée se faire enlever par Nargulh alors qu’elle n’était qu’une enfant…




Chapitre 09 – Le père retrouvé



Ils étaient de retour à la tour d’ivoire et d’or, au domaine de Delilah.


Les guerriers étaient retournés à leurs tentes et à leurs camps, les gardes d’élite aux étages de la tour qui leur appartenaient, et Maîtresse Delilah au sommet de celle-ci. Liteh, sa jeune servante et amante, l’attendait, nue, sur son lit. Elle sourit en voyant sa maîtresse entrer dans la pièce, son corps magnifique éclairé par le soleil du matin.



Delilah ne sourit pas. Liteh comprit que quelque chose n’allait pas. Elle n’eut pas le temps de demander ce qui donnait du souci à sa maîtresse avant que celle-ci ne parle.



Liteh poussa un petit cri, et sortit de la pièce en courant, toujours nue, ses yeux d’adolescente emplis de larmes.


Delilah se retrouva seule. Elle prit une longue inspiration, qui souleva sa poitrine. Son père. Son père était réapparu. Elle ne savait pas quoi ressentir. Elle s’assit sur son lit, là où s’était trouvée la pauvre Liteh quelques secondes auparavant, et réfléchit. Lorsqu’elle se sentit prête, elle appela l’un de ses pages, qui entra, tête baissée et mains jointes.



Visiblement, il avait vu Liteh fuir, et la petite crétine était allée ébruiter l’humeur massacrante de la maîtresse de guerre.



Le vieil homme hocha la tête et disparut.


Depuis sa victoire à Erolt et les retrouvailles qui avaient suivi, Delilah avait évité son père. Celui-ci s’était joint à son armée, mais la jeune femme était volontairement restée loin de lui, entourée par Koloss, Lacker et ses autres gardes les plus proches, afin de ne pas avoir à se confronter à ce père retrouvé avant d’y être parfaitement prête. Elle avait peur de ce qu’elle ressentait à son égard, de ce qu’elle pourrait lui dire ou lui faire… Mais elle était prête, désormais. Et tant qu’elle n’aurait pas réglé cela, elle ne serait pas sereine pour reprendre sa conquête du monde.


On frappa à sa porte, qui s’ouvrit avant qu’elle ait pu répondre.


Son père entra.


Un homme âgé désormais d’au moins cinquante ans. Des cheveux mi-longs gris, ramenés en arrière. Un corps de guerrier un peu usé, mais toujours massif, musclé, noueux. Un visage anguleux, ponctué d’une barbe gris sombre. Il avait changé, mais Delilah le reconnaissait sans aucun souci. La dernière fois qu’elle l’avait vu elle avait cinq ans, et pourtant, c’était lui. Il souriait, et ses yeux bleus semblaient sûrs d’eux. Delilah, toujours assise sur le bord du lit, ne parvint pas à soutenir le regard de son géniteur.



Il ne souriait plus, et son visage vieilli et dur semblait sincère.



Delilah grogna son approbation, la teintant d’un soupçon de moquerie, ses yeux toujours baissés. Elle se leva, et se dirigea vers sa garde-robe. Elle ne se sentait pas capable de rester plus longtemps assise juste à côté de son père. Celui-ci resta assis sur le lit, et regarda sa fille s’éloigner dans la pièce. Elle avait bien grandi… Il ne put retenir ses yeux d’admirer la démarche chaloupée de Delilah, ni son sexe de gonfler à cette vision.



Elle se déshabilla, sans façon, habituée qu’elle était depuis vingt ans à paraître nue devant les hommes qu’elle rencontrait. Kérol sentit avec une certaine gêne que son érection prenait des proportions qui déformaient son pantalon, désormais.



Elle posa ses vêtements dans un meuble, et attendit. Elle n’était pas encore prête à se retourner.



Une larme coula sur la joue ronde de la jeune maîtresse de guerre. Ses émotions se rentraient les unes dans les autres, créant un chaos de sentiments dans son crâne. Ses mains se mirent à trembler, et elle s’agrippa au portant de sa penderie pour ne pas tomber à genoux. Elle repensait à Nargulh, aux viols, aux tortures, à la peur…



Kérol se leva et vint derrière sa fille. Il posa ses mains calleuses de guerrier sur les épaules de Delilah et la força à se retourner. Son beau visage était mouillé de larmes, et ses grosses lèvres tremblaient. L’ancien roi des Aéliths mit une main sous le menton de sa fille pour la forcer à le regarder.



Il l’embrassa sur chaque joue, buvant ses larmes. Delilah le serra contre elle.


Le visage au-dessus des cheveux noirs de sa fille en pleurs, Kérol eut un sourire mauvais, calculateur. Il frotta légèrement son érection sur le ventre nu de Delilah. L’avenir lui semblait d’un coup très prometteur.




Chapitre 10 – Vengeance



Nargulh était au sommet de sa citadelle creusée dans les Montagnes d’Onyx, regardant par l’une des hautes fenêtres de sa nef. Colonne de chair de plusieurs mètres, bardée de tentacules gris, violets et couleur chair, les dizaines d’yeux qui parsemaient son corps étaient tous fixés, grands ouverts, sur le spectacle qui se déroulait des centaines de mètres plus bas, dans les Plaines Mortes de son duché.


Une armée assiégeait les Montagnes d’Onyx. L’assiégeait lui, le Haut Duc Nargulh ! Le dernier pur démon de ce monde corrompu par l’homme ! Le plus puissant des Ducs, le véritable seigneur noir de ce royaume décrépi… Une telle insolence, un tel affront… Le grand démon ne pardonnerait jamais cela. Ses assaillants seraient tous capturés. Torturés. Violés. Humiliés. Puis tués et envoyés, empaillés, aux alliés et aux ennemis de Nargulh, en guise de rappel de sa puissance.


La tournure de cette bataille ne faisait aucun doute dans l’esprit labyrinthique du démon : au bas de sa citadelle se trouvait l’armée de Mazoku, le célèbre demi-démon mercenaire. Nargulh connaissait bien ce guerrier et ses troupes, pour avoir plusieurs fois combattu, tant face à lui qu’à ses côtés. Un général très capable, un guerrier honorable, et des soldats agiles, rapides et disciplinés… Mais qui avait l’immense faiblesse de n’être que quelques milliers. Face à eux en ce matin d’automne, la citadelle noire de Nargulh, d’où débordaient plus de dix mille démons, autant de guerriers humains, une centaine de magiciens surpuissants, et un millier de Krahs, les créatures les plus meurtrières du monde de Doniri. Ce serait la dernière bataille de ce sous-guerrier de Mazoku, sa dernière offense.


L’armée du mercenaire se pressait contre les murailles de la citadelle, leur grouillement sombre se détachant sur le gris des Plaines Mortes. Le jour venait à peine de se lever, et dans le Duché du Sud le soleil ne brillait jamais très haut. Une légère brume humide flottait au-dessus des guerriers, rendant le ciel aussi gris que la roche stérile qui entourait les Montagnes d’Onyx. Un vent froid, puant, soufflait à travers la fenêtre sans vitre à laquelle Nargulh se tenait. Il pouvait entendre les cris des soldats, ceux de Mazoku comme les siens, qui du haut des murailles tiraient flèches et sorts sur l’assaillant. Et tout au bout des Plaines Mortes, à plus d’un kilomètre de la citadelle, il pouvait même apercevoir la haute silhouette de Mazoku, qui donnait des ordres à ses officiers, une épée dans chaque main.



Nargulh poussa un grognement sourd qui fit vibrer les dents du serviteur. Le démon ne s’exprimait jamais par mots. La langue des hommes lui semblait vulgaire, ridiculement simple, et ses serviteurs devaient donc apprendre à comprendre les vibrations et les sons qu’émettait leur maître.



Le serviteur sortit de la nef, plié en deux pour ne pas offenser son maître, et laissa ce dernier seul.


Nargulh se repaissait des cris des soldats tués, de l’odeur du sang et du souffre qui commençait à monter jusqu’à lui. Il allait mener bataille. Il allait tuer. Il allait gagner. Ce soir, lorsque Mazoku et les siens seraient morts, Nargulh violerait ses esclaves, boirait leur sang, jouirait de sa vie éternelle. Une bouche difforme sembla se dessiner dans les chairs monstrueuses du démon, et il sembla sourire. Par tous les dieux maléfiques, qu’il aimait vivre…



*

* *



Nargulh allait mourir.


Delilah en était persuadée. Son ancien maître était puissant, elle ne l’aurait jamais nié. Très puissant, plus que les autres Ducs, peut-être. Il avait réussi à rassembler autour de lui des milliers de fidèles, qui se prosternaient à ses pieds, impressionnés par son aura maléfique et sa puissance brute.


Delilah n’était plus impressionnée. Nargulh l’avait quotidiennement violée entre ses cinq ans et ses vingt-quatre ans. Il l’avait torturée, l’avait transformée en objet sexuel, en avait fait sa compagne forcée. Et si la jeune femme y avait perdu une partie de son âme et sa capacité à espérer, elle y avait beaucoup gagné. Des pouvoirs, tout d’abord. Mais aussi une connaissance de Nargulh qu’aucune autre personne dans le Doniri n’égalait.


Elle connaissait les faiblesses du dernier vrai démon. C’était un être cruel, mauvais, puissant, dominateur. Et stupide. C’était sa puissance militaire sans équivalent qui protégeait depuis des siècles son statut de Haut Duc du Sud, et aucunement ses compétences stratégiques. Il ne voyait jamais les ruses arriver, et perdait toujours un grand nombre de soldats dans ses batailles. Il gagnait finalement toujours, mais uniquement parce qu’il avait mille fois plus d’hommes que ses adversaires.


Cette fois il allait perdre.


Delilah y avait pensé des mois et des mois, avait préparé ses troupes, son plan, ses alliés, ses armes… Sa vengeance. Le goût du sang, des offenses qu’on lui avait faites, emplissaient sa bouche, et ce serait aujourd’hui qu’elle aurait enfin sa vengeance, sa victoire.


Elle regarda le ciel gris du duché du Sud et plissa les paupières. Ses cheveux noirs volaient autour de son visage au gré du vent qui soufflait entre les rochers. À l’œil nu, elle estima qu’il était neuf heures du matin. Dans vingt minutes, lorsque de l’autre côté de la citadelle noire la bataille entre Mazoku et Nargulh aurait bien commencé, les forces de Delilah sortiraient de leurs cachettes dans les Montagnes d’Onyx, et assiégeraient la citadelle du démon de l’autre côté, le tenant en étau. Ça occuperait l’armée de Nargulh un bon moment, et diviserait ses forces sur deux fronts.


Les soldats de Delilah, tous d’anciens esclaves, des gens du peuple, des mercenaires ralliés à sa cause ou des demi-démons bannis du monde normal, un mélange improbable de guerriers hétéroclites et indisciplinés, n’avaient ni l’expérience ni la puissance de frappe de l’armée de Mazoku. Cependant, ils avaient pour eux la discrétion impossible à utiliser pour une armée professionnelle. Par petits groupes dissimulés sous des allures de caravanes marchandes ou de vagabonds, ils s’étaient approchés de la citadelle noire de Nargulh sans se faire remarquer, et s’étaient réunis depuis quelques jours dans les grottes des Montagnes d’Onyx, attendant l’arrivée de Mazoku pour passer à l’assaut. Lorsqu’ils sortiraient des rochers pour attaquer le démon, celui-ci verrait la bannière rouge et noire de Delilah flotter haut dans le ciel du Duché du Sud… Et il verrait aussi la tente pourpre, portée par quatre serviteurs, dans laquelle il imaginerait que son ancienne esclave serait cachée, donnant ses ordres et préparant ses stratégies depuis le fond du champ de bataille. Il serait fou de rage, et ferait tout pour la capturer, Delilah le savait.


Mais ce serait inutile, et il tomberait ainsi dans son piège.


Parce que Delilah ne serait pas avec ses troupes sur le champ de bataille. Delilah serait déjà dans la nef de Nargulh, prête à lui planter son épée dans le corps.


Autour d’elle était rassemblée l’élite de ses forces : dix soldats en armure noire d’obsidienne, les meilleurs guerriers de son armée. Cinq jeunes femmes, ses vestales, d’anciennes esclaves sexuelles qui avaient fait vœu de silence et se refusaient désormais à tout autre amant ou amante que maîtresse Delilah elle-même. Des tueuses silencieuses, rapides et précises. Koloss, le Krah renégat qui avait rejoint Delilah tant via son armée que via sa couche. Et enfin Kérol, l’ancien roi des défunts Aéliths, et le père de Delilah. Bien qu’âgé, il s’agissait toujours d’un guerrier doué et puissant, qui tenait à être sur le front auprès de sa fille… Fille qui, elle, tenait à avoir son père sous les yeux pour le protéger et ne pas le perdre une seconde fois. Pour l’occasion, il avait peint sur ses muscles et son visage des figures bleues, des peintures de guerre traditionnelles de son ancien clan. Des peintures de meurtre et de vengeance.


Ils n’étaient donc que dix-huit. Mais cela suffirait, Delilah en était convaincue. C’était l’odeur de la victoire qui remontait dans ses narines.



Delilah ne portait que quelques bijoux, des plaques d’argent protégeant ses tibias et ses avant-bras, un diadème créé par le forgeron Lacker et destiné à concentrer l’énergie magique de l’ancienne esclave sexuelle, et deux lanières de tissu violet, presque transparent, qui peinaient à couvrir son énorme poitrine et son sexe, menaçant de craquer à tout moment. À chaque mouvement, le corps de la maîtresse de guerre s’agitait, ses grosses fesses musclées se contractant en rythme avec ses cuisses, tandis que sa poitrine surdivine se balançait lentement lorsqu’elle se tournait pour regarder l’un ou l’autre de ses soldats d’élite. Elle se tourna justement vers Koloss.



Elle fixa à nouveau le soleil. Autour d’elle les guerriers étaient tendus, sur le qui-vive, et au loin, de l’autre côté des montagnes, ils pouvaient entendre les cris de l’armée de Mazoku, probablement en train de se faire lentement dominer. Mais le mercenaire connaissait le plan de Delilah, et avait accepté de jouer le rôle de premier appât. La jeune femme ne s’en faisait pas pour le demi-démon. Il saurait survivre à Nargulh.


Kérol vint s’accroupir derrière elle et posa ses mains calleuses sur les douces et chaudes épaules de sa fille. Il commença à la masser et Delilah frémit de plaisir.



Elle n’avait pas encore fait de son père l’un de ses amants.


Mais elle savait qu’elle serait incapable de se retenir encore très longtemps. Elle était trop heureuse de l’avoir retrouvé, trop sensible aux attraits interdits de l’inceste, trop perverse, tout simplement.


Koloss, caché à quelques mètres d’eux, les regarda avec un air désapprobateur sur son visage noir comme la nuit.


Kérol posa une bise derrière l’oreille de Delilah, frôlant de son entrejambe les fesses de sa fille.



Delilah soupira de plaisir et tendit une main en arrière, incapable de retenir son instinct. Elle voulait masturber son père. Celui-ci le comprit et approcha son corps de la main experte de sa fille.


Mais ils n’en eurent pas le temps. Soudain, le soleil apparut entre deux énormes nuages noirs, et ce fut l’heure. Delilah oublia ses envies de chair, et fut submergée par ses envies de sang. Sa vengeance était proche.


Elle repensa à Nargulh, aux viols, aux tortures. Et elle sourit en imaginant le moment où son épée se planterait dans le corps difforme du démon. Ses yeux aux pupilles rouges brillèrent.


Autour d’elle, partout dans les Montagnes d’Onyx, ses guerriers se levèrent en hurlant. Cinq mille soldats volontaires, inexpérimentés mais sauvages, indisciplinés mais dévoués. Criant, bondissant, brandissant des armes tordues, ils se précipitèrent ensemble sur la citadelle de Nargulh, créant le deuxième front, la deuxième partie de l’étau qui allait enserrer le démon.



Derrière elle son père semblait frustré, son entrejambe tendu à l’extrême et son visage figé en une expression presque de colère. Il fixait le fessier de sa fille avec un regard haineux. Le visage monstrueux de Koloss se fit presque moqueur.


Puis les cris des troupes de Delilah se firent un peu plus lointains, et on entendit résonner, en guise de réponses, ceux de la citadelle noire. Nargulh venait de diviser ses forces, de comprendre la stratégie de son adversaire. Delilah se leva.



Ses soldats d’élite se levèrent enfin, sortant leurs armes et vérifiant les fixations de leurs boucliers. Delilah empoigna son épée magique, accrochée dans son dos. D’un pas calme et décidé, elle mena sa troupe jusqu’à une petite grotte sans nom, à quelques kilomètres de la citadelle. Un tunnel construit par les esclaves de Nargulh et resté secret pendant des siècles. Ce n’était pas par là que Delilah s’était enfuie. Elle ne voulait pas qu’il soit découvert. Parce que déjà à l’époque de sa fuite, elle savait qu’un jour, elle reviendrait se venger. Et qu’alors elle passerait par ce tunnel, qui débouchait directement dans la citadelle noire. À trois étages de la nef de Nargulh.


Delilah pénétra dans l’obscurité de la grotte, et sa troupe suivit en silence, lames à la main. Bientôt ils allaient tuer. Bientôt ils allaient gagner.



*

* *



Nargulh était à bout de nerfs. Cette salope ! Cette immonde salope ! Cette sale pute qu’il avait dressée, qu’il avait faite ! Delilah !


Tout d’abord elle était arrivée, enfant, et Nargulh l’avait violée comme il violait toutes ses esclaves. Et ça aurait dû s’arrêter là, mais non ! Cette pute l’avait envoûté, et pendant des années il n’avait plus violé qu’elle, transformant son corps en fantasme ambulant et la dotant de pouvoirs pour en faire sa favorite. Il était fou de cette petite pétasse.


Puis, alors qu’il avait fait d’elle la reine de son harem, cette immonde traînée s’était enfuie, emportant avec elle plusieurs centaines d’autres esclaves de la citadelle ! Nargulh n’avait pas réussi à la rattraper, et finalement elle avait réussi à quitter son Duché…


Le démon avait mis du temps à s’en remettre, n’ayant pendant plusieurs mois aucune motivation à baiser quelque autre esclave que Delilah. Mais il avait fini par s’en remettre.


Et aujourd’hui, cette infâme pute osait venir l’attaquer à la tête de son armée de pacotille ? Il allait l’attraper, la gaver de son sperme démoniaque, lui arracher les seins, lui brûler le sexe, lui déchirer les fesses…


Sa rage explosa à nouveau, et il projeta l’un de ses magiciens contre le mur de la nef, où il explosa dans une gerbe de sang et de viscères qui coulèrent au milieu des centaines de crânes qui décoraient la plus haute pièce de la citadelle.


Postés tout autour de l’immense pièce, les autres magiciens de Nargulh, tous experts en magie offensive, se regardèrent nerveusement. L’immense démon protéiforme passait à chaque fenêtre de sa nef et regardait les deux armées, celle de Delilah et celle de Mazoku, qui essayaient de prendre en tenaille sa forteresse. À chaque fenêtre, un mage lançait éclairs et boules de feu vers les soldats adverses. Mais ce n’était pas assez rapide au goût de Nargulh, dont la fureur à revoir son ancienne favorite explosait à intervalles réguliers. Il avait déjà tué six de ses mages, les envoyant par les fenêtres ou contre les murs d’un coup de tentacule. Les autres essayaient d’accélérer le rythme, nerveux.


L’armée du démon allait gagner, cependant. Les troupes de l’ancienne esclave comme celles du mercenaire étaient toujours bloquées aux murailles Est et Ouest de la forteresse, et ne les feraient pas tomber avant encore une demi-heure. D’ici là, les archers et les magiciens auraient divisé leurs effectifs par deux, et les soldats de Nargulh n’auraient plus ensuite qu’à achever les survivants.


Nargulh fit ramper son corps monstrueux jusqu’à une fenêtre à l’Est et poussa un hurlement vibrant. Plusieurs de ses tentacules pointèrent, droits et durs comme des sexes en érection, vers une tente de guerre, pourpre, que quatre soldats portaient, à l’arrière de l’armée de Delilah. C’était de cette tente que l’ancienne esclave, cette salope ultime, donnait ses ordres. Nargulh hurla à nouveau, frappa contre les murs, fit vibrer l’air de toute sa rage. Les magiciens essayèrent alors d’atteindre la tente de leurs projectiles crépitants, afin de brûler vive celle qui avait réveillé la fureur de leur seigneur.


C’est au moment où une boule de feu atteignit enfin la tente pourpre, l’enflammant aussitôt, que la porte de la nef démoniaque vola en éclats. Nargulh tourna vivement mille visages sertis de mille yeux chacun vers l’entrée de la pièce. Des humeurs acides coulaient de ses tentacules, et sa colère empuantissait la pièce.


Delilah se tenait à l’entrée de la nef.



*

* *



Les forces de Delilah avaient pénétré la citadelle noire sans encombre, mais dès la sortie de la grotte, qui fusionnait avec le système d’aération des derniers étages, ils étaient tombés sur des gardes d’élites de Nargulh. Ceux de Delilah avaient engagé le combat, et la troupe avait continué son chemin.


À l’avant-dernier étage, dix chasseurs démoniaques les avaient surpris. Les vestales avaient silencieusement tiré leurs lames, et s’étaient jetées sur eux pour permettre à leur maîtresse de continuer son ascension.


Et au dernier étage, enfin, Delilah, son père et Koloss, les trois derniers, avaient atteint l’immense double-porte qui protégeait la nef de Nargulh. Derrière elle ils pouvaient entendre les hurlements de rage du Haut Duc. Delilah reconnut le bois noir, sculpté en des centaines de visages hurlants. La première fois qu’elle avait vu cette porte, elle n’avait que cinq ans, mais elle avait aussitôt compris qu’elle allait souffrir. Énormément souffrir.


Mais aujourd’hui elle allait faire payer à Nargulh. Ça allait se terminer là où ça avait commencé.


Deux guerriers Krahs, armés de hallebardes géantes, étaient alors apparus, leurs sourires carnassiers ravis de reconnaître la pute qui avait humilié leur maître en lui échappant.


Koloss et Kérol, d’un commun accord, se jetèrent sur ces derniers gardes. Delilah hocha la tête et chargea son épée de toute sa magie. Elle frappa alors la double-porte de sa lame, tandis qu’autour d’elle Koloss et Kérol se battaient en hurlant de rage.


Le bois explosa, et la maîtresse de guerre se retrouva face à son ancien maître.



*

* *



Nargulh tourna l’un de ses visages vers la tente enflammée à quelques centaines de mètres de là, les autres visages restant fixés sur son ancienne amante.


La tente était vide. Il avait été piégé.


Il hurla, et la force de ce son fit vibrer les murs. Delilah resta cependant stoïque et souriante, une main sur sa hanche divine, et une autre armée d’une épée qui brillait légèrement.


D’un mouvement rapide, elle trancha dans l’air. Bondit au-dessus de Nargulh. Trancha à nouveau. Rapide, agile, précise, puissante… La petite salope s’était améliorée.


Dix secondes plus tard, les magiciens étaient tous morts, leurs cadavres tranchés en deux à chaque coin de la nef. Il ne restait plus que Delilah et Nargulh au centre des morts, des crânes, des corps empalés qui décoraient la pièce. Delilah souriait toujours, son énorme poitrine se soulevant lentement au rythme de sa respiration et son corps luisant de sueur à la pâle lumière de l’extérieur. Nargulh déplaça son gigantesque corps vers elle et poussa un nouveau rugissement.