n° 15629 | Fiche technique | 23885 caractères | 23885Temps de lecture estimé : 14 mn | 01/06/13 |
Résumé: Ma vie me semble se compliquer, m'échapper. | ||||
Critères: ff hh fplusag jeunes | ||||
Auteur : CannelleS Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : La vie de Steph Chapitre 03 | Fin provisoire |
Résumé de l’épisode précédent : partie en week-end à la côte avec Dany, j’y rencontre Naïa. Cette rencontre sème plus de trouble encore dans mon esprit. Perdue, je m’abandonne dans les bras de Sandrine.
Dany est allongé sur le sable, près de moi, nu. Une personne se tient assise à son côté, en contre-jour. Je ne peux distinguer qu’une silhouette. Elle avance une main, caresse le torse de Dany… descend… vers son bas-ventre.
Je mets ma main en visière, mais rien n’y fait, le soleil me pique les yeux, m’empêche de voir le visage de cette personne.
La main s’est posée sur le sexe mou. Elle y joue, le frotte, le pèse, l’enserre… Dany croise les mains sous sa nuque, écarte un peu les jambes pour faciliter la caresse.
Doucement le sexe se gonfle… la main le dresse, le couche, le roule sur le ventre… Dany soupire…
À présent, le sexe est dur… la main le pointe vers le ciel, monte et descend… et la silhouette se penche…
Enfin elle sort du contre-jour, ses contours se précisent… elle entre dans l’ombre et je l’aperçois… Jérémy !
Sa bouche s’ouvre… et le sexe se glisse entre ses lèvres.
Il ne faut plus que je regarde, j’ai honte, je veux me lever… mais une autre main se pose sur mon épaule, me maintient au sol.
Tony.
Il approche sa bouche de mon oreille.
Sa voix est douce, chaleureuse, apaisante.
Il me parle comme un père, rassurant…
Il me secoue l’épaule.
Quand j’ai ouvert un œil, difficilement, j’ai vu Tony agenouillé près de moi, au pied du divan, la main sur mon épaule. Il me parlait à voix basse.
L’atterrissage m’a pris quelques instants. Tony n’était plus nu, c’était déjà ça. Je ne pouvais pas en dire autant de moi. Ni de Sandrine, allongée, une jambe repliée sur les miennes et la tête posée sur mes seins, ses cheveux me chatouillant le menton.
J’ai bredouillé un vague « oumpf » ou quelque chose du genre.
J’ai juste hoché la tête. Tony m’a regardée de la tête aux pieds. Et il est devenu tout sérieux.
Les compliments sont toujours plaisants. Enfin… souvent. Venant de Tony c’était sympa, mais ça m’a un peu gênée, sans que je sache pourquoi. Tony a dû le remarquer.
À ce moment, Jérémy est sorti de la chambre et s’est approché. À son tour, il nous a bien détaillées Sandrine et moi. Mais dans ses yeux, je voyais largement plus qu’un pur intérêt esthétique !
Tony l’a agrippé par le bras.
Arrivé près de la porte, Jérémy avait toujours le regard tourné vers moi.
Je suis restée allongée un long moment, tentant de reconnecter mes neurones, me frottant les yeux. Je sentais le souffle chaud de Sandrine entre mes seins. La lune baignait la pièce d’une lueur argentée. Plus aucun bruit ne parvenait de la rue, je n’entendais que le faible vrombissement du réfrigérateur. La nuit m’a paru calme, très calme. Trop. Et une petite inquiétude a commencé à montrer son nez. Une petite voix.
Qu’est-ce que tu fais là, Steph ?
Cette même petite voix qui s’était pointée après l’épisode du magasin. Cette petite voix qui m’avait entraînée aux enfers.
Tant bien que mal, je me suis dégagée sans réveiller Sandrine. Sur un fauteuil j’ai trouvé un plaid et l’en ai recouverte. Elle n’a même pas grogné.
Je suis allée me planter à la fenêtre. Une grande fenêtre du sol au plafond. J’ai observé la rue, les réverbères, les voitures qui dormaient, les fenêtres en face. Pas une âme qui rôdait. Le Monde sommeillait. Une situation peu idéale pour me changer les idées. Il ne fallait pas que je plonge, pourtant. Dieu sait. J’avais donné.
Un rideau a bougé. Furtivement. Je l’ai vu du coin de l’œil. J’ai fixé l’endroit un moment, mais il n’y eut plus de mouvement.
Tu as couché avec Sandrine…
La lune m’a semblé énorme, blanche, électrique. Presqu’aveuglante. Et, oui, j’avais couché avec Sandrine. Oui, elle m’avait déshabillée. Oui, je l’avais caressée. Et plus encore.
Un bruit métallique a retenti dans la rue. Mais je n’ai aperçu personne. Un chat devait avoir renversé une poubelle, sans doute. Le regard baissé, j’ai vu mes avant-bras, éclairés par la lune. J’ai pris conscience de mon corps nu, à la fenêtre. Je m’en fichais. Peut-être un homme était-il planqué derrière ce fichu rideau. Puisse le spectacle lui avoir plu.
Tu as joui…
Ma vessie m’a poussée vers les toilettes. Sandrine avait bougé. J’ai réajusté le plaid sur elle. Et, oui, j’avais joui. Oui, fort. Puis je m’étais endormie dans ses bras.
Tu as aimé…
Le froid de la lunette m’a pincé la peau. Le menton dans les mains, j’attendais que mon jet se tarisse. Oui, j’avais aimé.
Et alors ?
« L’amour est beau, Steph, quel qu’il soit ! »
Merci Tony, bien dit ! Même dans un rêve. Je me suis mise à penser à Naïa…
Il n’y avait pas foule dans le réfrigérateur. Mais un fond de bouteille de jus d’orange fit mon bonheur. Je le buvais au goulot en tenant la porte quand j’ai senti le menton de Sandrine se poser sur mon épaule, ses seins se presser contre mon dos, ses bras enserrer ma taille. D’une toute petite voix, presqu’un souffle, elle m’a dit :
J’ai rangé la bouteille. J’ai refermé la porte du réfrigérateur, desserré l’emprise de Sandrine et me suis tournée face à elle. Je l’ai à mon tour prise dans mes bras.
Puis elle a posé sa joue contre la mienne. Et a murmuré :
Et s’est mise à pleurer.
Bon Dieu, Sandrine !
oooOOOooo
À l’aube, j’ai filé. Avant son réveil. En traversant le parc, je revivais la nuit. Les larmes de Sandrine, mes baisers pour la consoler. Au milieu de la cuisine. Et la fièvre qui nous avait reprises, un mélange d’excitation, de passion, d’interdit ! Un mélange plus qu’intense. Un cocktail détonnant.
Arrivées dans la chambre, je l’embrassais avec une force dont je ne me savais pas capable, presqu’avec violence ! Comme un homme l’avait fait avec moi autrefois ! Je la caressais, la pétrissais pour la faire entrer en moi, pour entrer en elle, que nos corps fusionnent.
Puis quand je l’ai basculée sur le lit, à cet instant où j’ai eu le regret de ne pas avoir de pénis…
Puis plus tard, quand j’ai joui en la pénétrant de ma langue, rien qu’à regarder son plaisir, à entendre ses cris quand elle s’était abandonnée…
L’air était encore frais à cette heure, mais n’y changea rien. Tout mon corps vibrait, j’avais les joues en feu. J’aurais voulu l’avoir encore près de moi, encore toucher sa peau, respirer ses cheveux…
Pars Steph, cours…
oooOOOooo
Quand je suis entrée dans l’appart, Dany sortait de sa chambre, le teint terreux, les yeux injectés de sang et les cheveux en pétard. Et une grosse érection matinale sous son boxer orange fluo. Il m’a fixée un petit moment, l’air hagard, puis a dit d’une voix caverneuse :
J’allais répondre un truc idiot, mais je l’ai vu tituber dangereusement et je me suis précipitée pour le soutenir. J’ai passé son bras autour de mes épaules.
Et sur le coup, je n’ai plus dû me poser de questions sur l’origine de son état, il empestait l’alcool.
Mine de rien, il pesait son poids ! Et il se laissait aller, l’animal ! Je commençais à craindre qu’on s’étale tous les deux sur la moquette du couloir ! Il fallait prendre une décision… j’allais pas pouvoir tenir la matinée…
Pas plus de dix mètres entre la porte de sa chambre et le divan… mais je n’avais pas encore fait deux pas quand je me suis rendu compte que ça n’allait pas être une promenade de santé… en soutenant un gorille amorphe, ça devenait un vrai parcours du combattant !
Mais pour réponse, je n’ai reçu qu’un gargouillis incompréhensible…
Par deux fois, je me suis fracassé l’épaule contre le mur pour éviter qu’on chute ! Je pestais, certaine de garder un bel hématome durant de longs jours, mais j’ai pris conscience lorsque nous avons atteint le bout du couloir que j’étais loin du bout de mes peines. Plus de mur pour te soutenir, ma petite Steph… Purée !
Je me suis lancée, plutôt, je nous ai lancés, aussi rapidement que mes forces me le permettaient. En touchant le divan, j’étais pratiquement pliée en deux, presqu’à genoux. J’ai pivoté en donnant un coup de hanche et Dany s’est affalé à bon port ! Moi, au contraire, j’ai perdu l’équilibre et j’ai atterri la tête en avant sur le tapis, m’éraflant presqu’au sang deux bons cm² de la peau du front !
Je me suis relevée en nage, haletante. Dany fixait le plafond, absent. Il m’a semblé que son teint virait au vert pâle. Je lui ai agrippé l’épaule pour le secouer un peu.
Je l’ai observé, transformé en zombie par sa gueule de bois, tout attendrie. Je trouvais que malgré cela, il gardait un charme dingue.
Une petite odeur désagréable montée de mes aisselles m’a informée qu’il était temps d’effacer les traces de ma nuit mouvementée et de mes efforts herculéens. Pas trop rassurée, j’ai quitté Dany. Non sans lui signaler :
Une fois encore, il n’est sorti de sa bouche qu’une sorte de grognement d’homme de Cro-Magnon…
Une douche express m’a bien requinquée, mais le miroir m’a confirmé que mon épaule prenait une drôle d’allure. Ainsi que mon front. J’ai noué ma serviette autour de moi et je suis retournée voir Dany.
Le pauvre n’avait pas bougé un cheveu. Il fixait toujours le plafond, le même teint vert pâle aux joues. Et toujours cette érection sous son boxer orange fluo.
Le temps de préparer un plateau avec du café bien corsé, deux tasses et du sucre, je le retrouvais dans la même position. Je me suis installée près de lui, une jambe repliée sous mes fesses.
Péniblement, il a redressé la tête, s’est raclé la gorge et m’a dit :
On aurait dit qu’il faisait un effort surhumain pour rassembler ses forces.
J’ai ramassé un magazine sur la table basse. Je l’ai feuilleté, deux, trois minutes, puis Dany est intervenu :
Je le regardais d’un air étonné, ne sachant pas de quoi il parlait.
Ses yeux roulaient un peu, il devait fouiller sa mémoire.
Puis vint à nouveau un long blanc… alors j’ai dit :
Il a dû tenter un petit signe de la main, j’ai vu son bras se soulever un peu, mais sans succès.
De nouveau, il a tenté un petit signe du bras… guère plus convaincant que le précédent.
Un léger frisson lui a parcouru le corps. Je ne savais pas comment interpréter ça. Puis il a continué :
Dany reprenait un peu de couleurs. Il se réveillait un peu.
À présent, je le trouvais très lucide. Et aussi très embarrassé. Je le percevais malgré son masque de mort-vivant.
Pour détendre l’atmosphère, j’ai lancé :
Que pouvais-je bien lui répondre ? La même nuit, je me roulais dans les draps de Sandrine qui affichait le double de mon âge au compteur. En mon âme et conscience, c’était mon choix. Sans que j’aie l’envie de lui coller un procès pour pédophilie ! À dix-neuf ans, une jeune femme n’est-elle pas à même de décider de s’abandonner à un partenaire quel que soit son âge si le cœur lui en dit ? Je ne voyais que du désir, du plaisir, où Dany voyait un drame.
Il a pris la tasse d’une main mal assurée – je voyais le liquide tanguer à chacun de ses tremblements – mais il l’a portée à ses lèvres sans encombre. Puis il a remis ses tourments sur le tapis :
Et c’est en scandant ça que ses membres se sont réveillés ! Et qu’il a claqué la tasse sur sa cuisse, envoyant tout le café sur son ventre et son slip ! Il a tenté de se lever, en lançant un « Ah ! Bon Dieu ! », mais il est retombé, assis, aussi sec.
Fort heureusement, le café n’était plus brûlant. Mais tout de même encore bien chaud. Je lui ai attrapé la tasse des mains, et pour l’essuyer, il ne m’est venu à l’esprit qu’une seule solution sur l’instant. J’ai dénoué ma serviette et j’ai commencé à l’éponger.
Cette damnée érection matinale avait enfin daigné se calmer, le café y avait sans doute contribué. Alors, je n’ai pas hésité à frotter son slip.
Il a bien essayé. Mais le pauvre était encore loin d’avoir complètement récupéré. Je le voyais se tortiller sans succès. Alors, j’ai décidé d’intervenir. Je suis descendue du divan, je me suis accroupie devant lui et j’ai attrapé le slip pour le retirer. Dany a pu suffisamment soulever les fesses pour que je puisse le faire glisser. Je le posais à terre lorsque j’ai frôlé la crise cardiaque en entendant une voix derrière moi :
J’ai fait un tel bond en arrière que je me suis écrabouillé l’oreille sur l’arête de la table basse ! J’y ai porté la main tant la douleur était forte ! J’ai cru tourner de l’œil, mais j’ai pu surmonter le tournis et me relever au plus vite. Juste à temps pour apercevoir, à l’entrée du couloir, une jeune fille nue, aux longs cheveux blonds, la mine défaite. Elle a aussitôt tourné les talons et a filé à toute vitesse vers la chambre de Dany.
Lou ?
Dany est devenu blême, il a fermé les yeux et secoué la tête, dépité. J’ai ramassé ma serviette et je suis partie vers la chambre où cette fille s’était enfermée.
J’ai frappé doucement. Je n’ai eu le temps de rien dire, la porte s’est ouverte à toute volée ! Furax, ses vêtements dans les mains, la fille m’a repoussée et s’est précipitée vers la sortie. J’ai lancé :
Elle s’est retournée, les yeux emplis de colère.
Et elle s’est tirée en claquant violemment la porte ! Au passage, j’ai pu noter qu’elle avait enfilé son string… Un instant, j’ai songé la suivre pour lui expliquer. Mais aurait-elle gobé cette histoire rocambolesque – et pourtant vraie – qui justifiait qu’elle m’avait retrouvée nue, accroupie entre les jambes de Dany, nu lui aussi ? Hum…
Il se tenait la tête dans les mains.
Vu sous cet angle, en effet, tout était possible. Mais il restait un doute !
Bon, j’avais au moins tenté le coup. Dany s’est allongé et a ajouté :
oooOOOooo
J’aurais pu claquer mon portable contre un mur. Ces satanés engins ne vous laissent aucun répit. Ces quatre appels manqués de Sandrine, et ce message… Il a fallu que je m’allonge sur mon lit à mon tour. Ce message où je l’entendais pleurer… ce message où elle s’interrogeait sur mon départ… pourquoi j’étais partie sans la réveiller… et elle voudrait que je sois là… dans ses bras… mais elle ne m’en voulait pas… elle savait dès le départ qu’elle souffrirait…
Le soleil dans les arbres dessinait des ombres sur le plafond. Je tentais de les suivre des yeux, mais elles bougeaient sans cesse. Insaisissables. Comme ma vie à présent. Et que dire de celle de mes proches… Dany aux prises avec ses doutes et sa culpabilité… Sandrine qui d’ordinaire collectionnait les aventures, se jouait des hommes autant que des femmes, et que j’entendais souffrir après une nuit avec moi… et moi…
Le sommeil m’a happée.
À suivre