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17/12/13
Résumé:  Danièle et Jean ont une première expérience naturiste. Un beau jeune homme drague Danièle, qui apprécie grandement. Une première rencontre entre eux échoue. Une seconde a toutes chances d'aboutir...
Critères:  fh couple inconnu plage nudisme
Auteur : Alex2      Envoi mini-message

Série : Danièle, Jean et les autres

Chapitre 01 / 05
Rencontre naturiste

DANIÈLE, JEAN ET LES AUTRES




– Premier épisode –



Rencontre naturiste




I




C’est un de ces jours de canicule où la chaleur efface l’horizon. Au loin, le ciel se noie dans la Méditerranée. L’immobilité des vagues n’est démentie que par le léger bruit du ressac qui parvient aux oreilles de Danièle. Venant de la falaise de granite qui domine la crique, les senteurs du maquis se mêlent à celles de la mer en un mélange d’essences de romarin, d’acacia, de pin et de sable chaud. Le regard perdu dans cet horizon aux lignes incertaines, Danièle s’enivre de ces odeurs fortes empreintes de sensualité sauvage, comme une fièvre qui fait bourdonner la tête, s’insinue sous la peau et réchauffe le sang.

L’évidence de son corps lui semble concentrée là où naissent d’étranges sensations, lentes, lourdes et insistantes.


Exceptionnellement, Jean, son mari, n’est pas là. Elle attend son retour. Il avait profité à l’occasion de ces courtes vacances de faire ce jour un déplacement professionnel à Toulon, qui devait être suivi d’un autre le lendemain.

Ils sont venus plusieurs fois sur cette plage isolée de la presqu’île au sud de Ramatuelle, empruntant un sentier dont la longueur et la difficulté dissuadent la plupart des estivants, d’ailleurs peu nombreux vers cette fin de mois de Juin. Les jours précédents, quelques personnes y étaient venues passer l’après-midi pour pratiquer le naturisme en toute tranquillité comme eux aussi le font depuis quelques jours.


En cette fin d’après-midi, les habitués viennent juste de partir et Danièle se retrouve seule sur cette petite plage. Elle est envahie par un curieux sentiment. Un peu inquiète, elle a remis son slip et tient son paréo à portée de main pour s’en couvrir la poitrine si nécessaire. Ces précautions, qui sont loin de la rassurer complètement, la mettent mal à l’aise, comme si elles lui faisaient abandonner une part d’elle-même, cette nouvelle indépendance qu’elle a acquise ces derniers jours dès lors qu’elle n’a plus eu ni réticences ni honte à montrer son corps à des inconnus.

Depuis près de dix ans – depuis exactement son mariage avec Jean – pour la première fois plusieurs autres hommes que son mari l’ont vue intégralement nue. Elle en a ressenti d’abord de la gêne, puis petit à petit une émotion étrange. Elle se sait désirable, et si son corps n’appartient qu’à elle et à son mari, elle comprend les pulsions et les désirs que sa beauté fait naître. Elle ne s’accorde pas le moindre droit de porter quelque jugement que ce soit sur ceux dont les yeux s’attardent sur elle. Curieusement, elle en a même conçu une indéfinissable et secrète complicité. L’admiration qu’en général elle suscite en d’autres circonstances, elle l’accepte naturellement avec la seule satisfaction de se sentir belle, alors que sur cette plage naturiste d’insolites sensations se sont emparées d’elle, dont une très nouvelle et très sexuelle, qui loin de la gêner lui procure maintenant qu’elle y est habituée un agréable désordre, né de la connivence implicite de son corps avec les pensées de ceux qui la désirent.


Les jours précédents, il y a eu en particulier un jeune homme très beau dont la caresse du regard l’a fait frissonner. Il profitait des inattentions de son mari pour ne pas la quitter des yeux, sans qu’il fût le moins du monde gêné de lui montrer l’intérêt qu’il y prenait.

Dès qu’elle fermait les yeux, elle sentait ce regard vagabonder sur son corps et chauffer sa peau. La présence rassurante de Jean était là pour lui permettre de goûter sans réserve ces moments de béatitude au cours desquels elle emmagasinait un potentiel de désir qui, le soir venu, la faisait sombrer dans le plaisir de l’amour de Jean.


Au fur et à mesure que les minutes s‘égrènent Danièle finit par s’habituer à sa solitude du moment, appréciant de plus en plus son compagnonnage avec le sable, la mer, le soleil et la brise, complices hédonistes d’un bien-être qu’elle sent envahir tout son corps. Alors elle décide de se remettre intégralement nue, cherchant à apprivoiser également la crainte qui risque de réapparaître d’un moment à l’autre. C’est une peur qui ressemble à une envie. Elle désire se donner sans réserve à la chaleur du soleil et à la caresse de l’air, et seule sur la plage ressentir avec une perversité certaine la totale disponibilité de sa personne. Cette capitulation de sa raison devant le bien-être de son corps a la douceur des défaites souhaitées. Aussi loin que sa mémoire se reporte, jamais elle ne s’était mise dans une telle situation de dépendance totale d’un environnement dont la sensualité a fini par dompter le restant de crainte que sa solitude lui inspire.


Ce n’est pas la silhouette d’un homme qu’elle aperçoit au loin qui éveille un sentiment différent. Il nage au milieu des rochers, et les regards qu’il lance dans sa direction ne lui semblent pas totalement neutres. L’homme, bien que se rapprochant, feint de ne pas apparaître particulièrement intéressé par elle. Alors qu’il se redresse complètement, elle constate que lui aussi est nu, et cette constatation la rassure. Elle est totalement tranquillisée quand il lui fait un signe amical, qui se veut teinté d’indifférence. Elle reconnaît ce jeune homme qui avait semblé s’intéresser particulièrement à elle, les jours précédents.


Aujourd’hui, il est seul. Les personnes qui l’accompagnaient les jours précédents ne sont pas venues sur la plage. Elle regarde l’heure et se rend compte que le retour de Jean pourrait être proche si sa visite à Toulon a été rapide. Elle en est rassérénée et déçue. Non qu’elle espère une rencontre très particulière avec son visiteur imprévu, mais il ne lui déplaît pas de se savoir observée et admirée comme les jours précédents par cet homme dont le corps lui fait naître des sentiments indiscutablement mêlés de désir. Contrairement à sa première impression, il devient clair qu’il la regarde à la dérobée chaque fois que ses évolutions au milieu des rochers le lui permettent. Elle pense un moment se retourner sur le ventre pour éviter d’exposer son corps dans ce qu’il a de plus intime. Puis cette idée lui semble absurde et même risible. Ce serait la manifestation d’une certaine honte et aussi une forme de défiance envers cet homme, impliquant que ses regards peuvent être perçus comme imprégnés de perversité, alors qu’il est très naturel qu’il la contemple ainsi, comme il le ferait avec toute autre belle femme et comme il l’a fait à son égard les jours précédents.


Dans cette zone de la baie où l’eau est peu profonde, où le fond est rocheux ou tapissé de galets et cailloux rendant la marche difficile, ses évolutions maladroites semblent avoir pour objectif de se rapprocher insensiblement de la plage. Mais il le fait avec tant de détours et d’hésitations que Danièle en est amusée et rassurée, flattée et un peu émue. Une subite chaleur coule dans son corps lorsqu’elle voit l’homme se redresser montrant, sans s’en cacher, une très belle érection. D’incertaines et troubles sensations viennent se concentrer dans les zones les plus secrètes de son corps. Les sentiments diffus qui l’habitaient se sont transformés. Il est devenu évident que l’apparition de ce visiteur a fait naître en elle une très forte émotion sexuelle. Ce n’est pas une envie de faire l’amour. On fait l’amour avec un homme qu’on aime. On baise avec un homme qu’on désire, et c’est cela qu’elle ressent à l’état brut. L’éloquent message qui lui est transmis est sans ambiguïté. Si elle le veut, il lui est aisé d’y répondre de la façon la plus claire. Cette soudaine liberté de pouvoir satisfaire une pulsion naissante, et la proximité immédiate de ce qui pourrait être une aventure sexuelle imprévue et sans autre importance que le plaisir d’un instant, accroissent encore l’émotion qui a envahi tout son être. Elle sait que l’arrivée de son mari ne lui permettra pas de céder à cette pulsion de plus en plus tyrannique qui bouleverse ses entrailles. Elle est à la fois craintive devant l’inconnu d’une transgression, mais ressent la très forte envie d’y céder.


Le jeune homme se rapproche de la plage, nageant en eau peu profonde. Elle aimerait que se redresse ce corps magnifique qui a fait naître dans les tréfonds du sien un désir imprévu, et voir à nouveau ce membre dressé vers elle avec la même vigueur. Elle pense à ce fantasme qu’elle cultive lors de ses rêveries les plus érotiques, mais elle a encore une pudeur suffisante pour s’interdire de céder à l’envie de se caresser ouvertement à la vue de son admirateur, ce qu’elle pourrait librement faire puisque le seul témoin en serait celui auquel elle s’adresse. Lui qui a montré son désir sans honte et avec l’évidente intention de l’exhiber interpréterait ce geste comme la réponse positive à son attitude. Tout aurait été mis en place pour que s’enclenche la plus torride des rencontres sexuelles. Et aussi la plus dangereuse ; et ce risque, elle ne veut pas le prendre.

Il est debout et marche vers elle, sans la moindre hésitation. Son état physique est sexuellement très atténué, toujours intéressant, mais moins spectaculaire.

Il s’assied à côté d’elle et engage la conversation.



Il reste près d’elle un moment sans rien dire, elle non plus. Elle est émue, trop émue pour relancer la conversation. Elle trouve ce jeune homme réellement très beau, après avoir un court instant apprécié comme il se doit sa virilité. Et curieusement, depuis qu’elle l’a aperçu et reconnu au large, à aucun moment elle n’a ressenti la moindre crainte de se trouver seule sur cette plage déserte. Ensuite, elle a même aimé le sentir près d’elle. Elle a envie de lui parler de cette petite crique mais n’ose pas…


Il se lève, s’approche du rivage, se retourne vers elle, hésite, et enfin rentre dans l’eau. Elle ne peut s’empêcher de contempler, d’admirer, et aussi de désirer ce corps superbe tandis qu’il s’éloigne. Elle aimerait qu’il se ravise et revienne vers elle. Il plonge et disparaît, dissimulé par les rochers, nageant probablement vers une de ces petites criques dont il vient de lui parler. Elle se demande ce qui serait advenu si elle n’avait pas attendu son mari et si elle avait été disponible et libre de son temps. C’est tellement invraisemblable d’avoir eu envie de lui à ce point, alors qu’elle vient à peine de faire connaissance…

Elle s’allonge et ferme les yeux, goûtant avec avidité cette nouvelle sensualité que cette rencontre a fait naître. Elle est parfaitement consciente de ce qu’elle ressent, mais ne comprend pas comment un désir aussi sournois et aussi impérieux s’est insinué en elle.

Et demain ? Elle a l’impression de rêver, tant cette rencontre est incongrue.


Elle a attendu encore plus d’une demi-heure avant que Jean n’arrive. Elle se prend à imaginer qu’avec précautions et prudence elle aurait pu passer cette attente bien autrement, et de façon… pour le moins très agréable ; on peut faire des tas de choses pendant une demi-heure… et baiser avec un aussi beau garçon, ce doit être particulièrement bon !

Elle ne se reconnaît plus. Avoir eu brutalement envie d’un homme pratiquement inconnu… ce n’est pas elle ; et pourtant !





II




Danièle n’avait rien caché à Jean de ses amours et aventures d’adolescente et de toute jeune fille. Sans entrer dans les détails les plus intimes de ses liaisons, elle lui avait raconté les circonstances dans lesquelles elle avait fait la connaissance de ses flirts, le déroulement et la fin des quelques amours de jeunesse. Lorsque Jean lui en parlait, elle répondait sans la moindre gêne car il avait la discrétion de se limiter à des questions qui ne pouvaient choquer sa pudeur. De son côté, Danièle n’évoquait son passé sentimental que lorsque certaines circonstances lui rappelaient des épisodes ayant un rapport avec leur vie du moment.


Jean avait été son premier amant, bien avant leur mariage. Ils s’aimaient avec tendresse et passion. Lorsque le désir de Jean se manifestait, il donnait à Danièle une irrésistible envie de faire l’amour. Elle aimait, collée contre lui, imprimer à leurs corps les premiers mouvements de l’amour et sentir insensiblement se renforcer l’impérieuse rigidité du désir masculin. Elle avait le désir du désir de Jean, tel un jeu de miroirs qui renvoie à l’autre l’image de ses propres envies. Jean avait empreint de tendresse et de confiance les pratiques et les gestes les plus extrêmes de l’amour qui, alors qu’elle était plus jeune et inexpérimentée, lui apparaissaient mystérieux, choquants ou déplacés. Jean savait jouer avec ses sensations, cultiver l’attente du plaisir pour rendre cette attente plus intransigeante. Il connaissait le moment exact où, à la tendresse des gestes et des mots, devait se substituer l’accomplissement de l’union animale que l’exigence des sens de Danièle appelait.

Ses orgasmes étaient dévastateurs. Elle avait l’impression d’être dans une sphère dont l’expansion lui faisait découvrir des zones toujours nouvelles de sa sensualité. Lorsque le tourbillon de la jouissance l’emportait, Jean n’existait plus. Le sexe fiché au fond de son ventre n’appartenait qu’à elle et elle avait la certitude que c’étaient les seuls mouvements de son bassin, les seules pulsations de son vagin qui soutiraient de la masse de chair qu’elle emprisonnait la semence du plaisir.


Au tout début de leur mariage, des expertises techniques à l’étranger obligeaient Jean à s’absenter quelques jours ou, plus rarement, quelques semaines. Seule le soir, il arrivait à Danièle, pour évacuer son envie latente et inassouvie de faire l’amour, de se caresser jusqu’à jouir. Les personnages et les scènes imaginaires qui accompagnaient son plaisir étaient peu diversifiés. Toujours, avec quelques variantes, c’était un mâle magnifique qui apparaissait dans la chambre, nu et montrant une érection somptueuse, et cette ombre en la pénétrant déclenchait son orgasme. Dans ses délires, elle souhaitait ardemment qu’il advînt un jour que cette ombre fût un homme de chair. Elle avait envie de vivre ce fantasme, être baisée par un bel inconnu ! Bien que cette chimère fût totalement déconnectée de sa vie réelle, il lui arrivait d’envisager des circonstances où cela pourrait se produire, et la crédibilité des scénarios que son imagination élaborait aiguisait ses appétits.


Le soir de sa rencontre avec ce jeune homme de la plage, ils sont allés dîner au restaurant. Danièle pense tellement à cette fin d’après-midi que Jean se rend compte qu’elle est très absente :



Ils sont rentrés à la villa. Danièle n’aime pas mentir à son mari. Si elle l’a fait en niant avoir vu le jeune homme à la plage, c’est qu’elle ne peut pas chasser de son esprit l’étrange rencontre de l’après-midi, et ce désir imprévu et soudain qu’elle a ressenti pour cet homme. Sans s’expliquer pourquoi l’impression qu’il lui a donnée d’être assez jeune accroît encore le trouble qu’elle a ressenti et qu’elle ressent en se rappelant sa virilité. Pendant le repas au restaurant, Jean, lui en parlant, a revivifié ses émotions. Il s’en est rendu compte, et le soir au lit, en la caressant, il lui en a parlé à nouveau :



En parlant, Jean caresse les seins et le ventre de sa femme. Quand ses doigts glissent sur les lèvres déjà humides du miel de son désir, Danièle cambre les reins et appuie sur la main de Jean pour qu’elle ne l’abandonne pas et vienne masser son petit bouton d’amour qui commence à s’ériger et se dégager de sa protection. Le ventre de Danièle s’alourdit, traversé par des vagues indomptables de plaisir. Elle sait que s’il accentue la pression et accélère ses caresses, très vite sa jouissance éclatera en mille éclairs dans son corps. Elle murmure, haletante :



Jean se couche sur elle. Son sexe démesurément raide vient se placer juste à l’entrée de son vagin. Danièle fait rouler son bassin pour sentir le gland écarter l’ouverture de sa grotte d’amour et sentir la lente et voluptueuse pénétration du membre jusqu’au fond de son ventre.



Elle pousse un cri, puis des gémissements qui ne finissent plus. Elle se noie dans l’onde de plaisir qui la submerge.





III




Le lendemain matin, Danièle paresse seule dans son lit. Jean est allé à Ramatuelle pour acheter des légumes frais. Elle aime ces moments de solitude, surtout ce matin après avoir vécu la veille cette insolite rencontre avec ce si beau garçon. Jean lui a fait l’amour divinement, évoquant pour elle une relation sexuelle avec ce jeune homme, fantasme dont il est loin de supposer à quel point elle en a été remuée.


Depuis que Jean avait éveillé sa sensualité, elle s’était sentie très vulnérable devant ses pulsions. Jean ne l’aidait pas à ce qu’elle considère la fidélité conjugale comme une vertu cardinale. Ils faisaient l’amour avec leurs corps et avec des mots en évoquant des chimères qui les entraînaient dans un univers où les rapports amoureux étaient exempts de tout tabou. Ils aimaient l’un et l’autre se noyer dans des fantasmes débridés où tout leur était permis. Elle était persuadée que leur amour ne serait pas altéré par un vagabondage extra-conjugal. Elle en était d’autant persuadée qu’à peine deux ans après leur mariage, elle avait été confrontée à une situation qui lui avait montré à quel point elle pouvait être complice involontaire de ses pulsions sans qu’il n’en ait résulté de conséquence grave.

Pour gérer au mieux sa vie sexuelle, elle avait consulté un gynécologue car il lui semblait qu’elle supportait très mal la pilule comme méthode de contraception. Le spécialiste qu’elle avait consulté en avait été surpris et avait cédé malgré lui à sa demande de lui poser un stérilet.


Au cours de cette consultation, Danièle avait été surprise par ses propres réactions. Elle avait ressenti un certain trouble. Il était sûr que le spécialiste ne pouvait éviter des contacts avec les parties intimes de son anatomie, mais c’était la première fois au cours d’un tel examen qu’elle réagissait aux contacts et palpations diverses, plus comme une femme que comme une patiente. Elle essayait de ne pas trop extérioriser son trouble, car il lui aurait été intolérable qu’il s’en aperçût. Pendant tout le temps de la consultation, elle avait mis comme une barrière entre elle et ses émotions, et elle avait eu la lucidité de se persuader que ce n’était pas la personne ni le physique du praticien qui la mettaient dans cet état, car l’homme – bien que beau et séduisant – n’était pour elle personne d’autre qu’un médecin.

Après cette consultation, elle avait revu son amie Marianne, celle qui lui avait conseillé d’aller voir ce médecin. Danièle lui ayant fait part de ses interrogations, Marianne lui confia :



Quelques jours plus tard, Danièle s’est retrouvée dans le cabinet du médecin.



Après que le stérilet lui eut été enlevé, Danièle s’était retrouvée complètement nue sur la table d’examen.

Dès le début de l’auscultation, elle ressentit le même trouble que lors de la première consultation. Les zones sur lesquelles le médecin s’attardait étaient normalement les plus sensibles ; parmi celles-ci, elle redoutait surtout les palpations des seins qu’elle savait très sensibles sexuellement. De plus, voir des mains s’attarder sur sa poitrine était loin d’être neutre, et progressivement renaissait le trouble qui l’avait envahie lors de la précédente consultation ; mais cette fois, elle était intégralement nue, le corps exposé aux mains et à la vue de cet homme qui ne lui était pas indifférent. Elle rejeta la tête en arrière pour tenter de faire abstraction du contexte et ne voir que les carreaux de céramique du muret situé derrière elle, et surtout essayer de ne plus penser à rien. De plus en plus elle ressentait le contact des mains sur ses seins comme des caresses, et elle pouvait difficilement contenir les soubresauts de son corps. Malgré sa volonté de ne rien voir elle devinait, comme une ombre, le médecin bouger autour d’elle, dont les attouchements lui procuraient un plaisir corporel qu’elle avait du mal à dissimuler. Il lui affirmait que ses réactions étaient normales, et qu’elle devait essayer de se détendre. Comme lors du premier examen, elle avait mis entre elle et les émotions de son corps un mur imaginaire qui devenait de moins en moins étanche. Les mains qu’elle sentait caresser son estomac et son ventre, frôler le haut de sa toison lui donnaient l’impression d’être beaucoup plus celles d’un homme que celles d’un médecin.

Il l’avertit qu’il allait procéder à l’examen gynécologique proprement dit.


Après quelques minutes et très progressivement, elle sentit que l’aspect mécanique et froid d’un examen médical avait fait place à des attouchements plus légers et plus doux qui s’intéressaient aux zones les plus sensibles de son intimité. Les effleurements sur les lèvres et à l’intérieur de son sexe étaient, de façon tout à fait anormale, de plus en plus nombreux, de même qu’étaient sans rapport avec un examen gynécologique les pressions et les manipulations qu’elle percevait sur son clitoris. Insensiblement, elle était en train de perdre le contrôle de ses réactions. De plus, l’exploration interne de son intimité qui avait normalement une allure désagréablement intrusive lui procurait des sensations agréables et irradiait dans son ventre une chaleur bienfaisante et des frémissements voluptueux. Toutes ces émotions, qui en d’autres circonstances étaient annonciatrices de plaisir, elle les vivait malgré ça comme un embarras, une gêne, presque une humiliation, car il lui était intolérable de savoir que le médecin avait tous les moyens et la connaissance de la mécanique féminine, pour savoir de façon évidente que sa libido percevait positivement cette situation. Il aurait dû, par respect pour elle, arrêter son examen. Au contraire, plus elle réagissait positivement, plus il prolongeait et intensifiait ses attouchements, en particulier en massant son clitoris, caresse qui lui faisait se cambrer le corps comme une demande d’émotions encore plus intenses.


Il avait réussi, à amener insensiblement Danièle à accepter le plaisir que ses attouchements avaient fait éclore et qui avait envahi tout son être avant qu’elle ne fût réellement consciente d’en être irréversiblement submergée. Elle comprit que depuis quelques minutes, il se livrait ouvertement à un jeu sexuel avec la complicité du corps féminin qui, imperceptiblement, avait répondu avec un plaisir évident aux sollicitations perçues. Son attitude était devenue une attitude d’accompagnement et d’acceptation intégrale de ce jeu, une attitude d’attente de sensations supplémentaires. Peut-être qu’un autre comportement aurait pu lui éviter de se trouver dans cette situation incontrôlable. Elle se savait belle et désirable, et le médecin était tout simplement un homme dont les pulsions s’étaient progressivement nourries de sa sensualité à elle comme s’il s’agissait d’une appropriation dont elle était la victime consentante.


Elle a soudainement réalisé que toutes ses réticences, en s’évanouissant, avaient laissé la place à l’immense bonheur de céder à tous les plaisirs que cet homme était décidé à lui prodiguer, et elle percevait que cette situation devenait de plus en plus équilibrée car la façon dont il agissait lui faisait pressentir que, séduit par la sensualité de sa patiente, il était aussi excité qu’elle et faisait en sorte que cette complicité entre eux se prolonge et s’intensifie. Elle ressentait une telle envie de plaisirs plus intenses qu’elle ne voulait pas que ce jeu s’arrêtât soudainement à son détriment. Si cela n’avait été pour lui au début qu’une simple tentative, Danièle comprenait qu’il ne pouvait plus être indifférent devant les frémissements et les soubresauts de son corps. Elle était devenue envie et audace.


Elle savait que c’était la dernière fois qu’elle le voyait, et son désir de profiter de la virilité de ce mâle sans se préoccuper de la suite de leurs relations était devenu incoercible. Elle devinait par l’évidence de ce qu’elle ressentait et par l’accord tacite qu’il devait percevoir que l’homme ne pouvait plus s’empêcher de jouer avec elle le jeu de la volupté, d’autant plus qu’elle montrait avec une impudeur gourmande qu’elle revendiquait son plaisir. Elle accompagnait les caresses qu’il lui prodiguait en leur répondant par des mouvements de son corps qui en accentuaient l’intensité. Elle prenait des poses lascives pour réclamer encore plus de plaisir, plus de sensations.


Elle perçut que son sexe était caressé avec une douceur nouvelle. Elle ne put retenir un gémissement quand elle réalisa qu’une telle douceur devait être prodiguée par le contact d’une peau plus délicate, plus fine, plus veloutée, une peau qu’elle reconnaissait bien. Elle eut alors la certitude absolue que cet homme était décidé à l’accompagner au terme ultime de son plaisir. Elle ouvrit les yeux, se redressa et vit, entre ses cuisses, le corps du docteur intégralement nu. Elle comprit qu’il s’était débarrassé prestement de sa blouse et de son pantalon d’infirmier et qu’il lui offrait plus qu’une relation sexuelle à la va-vite. Il lui offrait la vue d’un corps d’homme robuste et désirable, et d’un phallus dont le calibre ne pouvait que porter son excitation à son comble. S’étant mis nu comme elle, il la considérait comme une partenaire à égalité avec lui pour le plaisir qu’ils allaient s’offrir l’un à l’autre. Il était magnifique. Elle eut à ce moment la sensation qu’elle sortait d’un rêve érotique, mais contrairement à la déception habituelle, elle avait devant elle non pas une ombre imaginaire, mais un homme de chair qui la fixait les yeux pleins de fièvre, le sexe tendu, gonflé et arrogant. Son gland turgescent apparaissait comme une massue avec, au sommet, son cratère largement dilaté comme pour permettre le jaillissement brutal et généreux de sa semence.

Avec son gland, il entreprit de caresser sa fente intime en s’attardant sur son clitoris saillant et gonflé à l’extrême. Il regardait Danièle fixement. Dans ses yeux, elle lut un désir impérieux. Elle ne pouvait prononcer la moindre parole. Elle n’avait qu’une envie, celle de sentir cette chair rigide et douce venir se loger au fond de son ventre. Rien d’autre n’existait qu’un désir dévastateur qui la bouleversait jusqu’au plus profond de son être.

Il a prononcé ces seuls mots :



Un feu liquide coulait dans ses veines. Appuyée sur ses coudes, elle voyait l’énorme gland fourrager dans sa toison, la hampe de la verge fermement et savamment guidée par la main de son amant pour lui procurer le plaisir qu’elle demandait.

Il s’est enfoncé lentement dans son vagin. Elle sentait venir les spasmes de sa jouissance, les muscles de son vagin se contracter, massant le membre de son amant dont elle percevait les premiers soubresauts de l’éjaculation. Alors elle s’est plaquée contre sa poitrine, lui emprisonnant le corps entre ses jambes et ses bras pour que le membre viril reste calé au fond de son ventre. Leurs langues se sont découvertes, se sont mêlées, enlacées, aspirées. Elle le serrait si fort que son bassin restait immobile ; mais malgré cela, elle sentait l’intérieur de son ventre animé de mouvements enroulants, caressants, triturant le phallus, faisant gémir son amant jusqu’à ce qu’elle eût la certitude qu’il se vidait en elle, la plongeant dans un univers de jouissance parsemé de milliers d’éclairs.


Danièle n’avait jamais osé parler à Jean de la réputation du docteur, craignant qu’il lui demande comment s’étaient déroulées les consultations. Elle ne lui aurait jamais raconté ce qui, malgré elle, était advenu. Mais elle se méfiait de ses propres divagations, lorsque les excès de sa sensualité la font fantasmer. Cette histoire n’appartenait qu’à elle. Elle considérait que celui qui l’avait amenée à la vivre n’était qu’un comparse occasionnel. Elle avait fini par comprendre que les deux acteurs de cette aventure étaient elle-même et sa propre sensualité.





IV




Danièle avait beaucoup réfléchi à cet accident dans sa vie de couple qui était survenu à peine deux ans après leur mariage. Elle n’en avait conçu aucun remords. Par la suite, en pensant à l’extraordinaire explosion sensuelle qu’elle en avait ressentie, elle se disait qu’une réaction rapide lui aurait évité cet accroc conjugal, mais l’aurait par la même occasion privée d’un plaisir incomparable.

Cette aventure imprévue avec son docteur lui avait procuré une jouissance aussi intense que celles qu’elle connaissait avec Jean. Le manque de tendresse et d’amour dont cette union charnelle avait été privée avait été compensé par l’aspect fantasmatique et singulier d’une relation sexuelle inattendue avec un inconnu dont la découverte du corps lui avait procuré des sensations exceptionnelles parce que nouvelles.


Chaque fois qu’elle y pense, son ventre s’embrase, un trouble insolite envahit tout son être et elle a envie de vivre encore une telle aventure, simplement et uniquement pour le plaisir de son corps. Elle sait qu’elle se souviendra toujours de cet instant magique où elle a réalisé qu’elle pouvait se débarrasser de tout ce qui la bridait : principes, morale, honte, complexes, pour ne conserver que le cadeau qu’elle se faisait en sachant qu’elle allait ouvrir son corps à cet homme pour des sensations aussi intense qu’imprévues.


Un jour, son amie Hélène – qui, côté sexe, est une rapide – lui avait dit : « Puisque c’est ton mari qui t’a dépucelée, tu dois réellement perdre ta vraie virginité pour être une femme digne de ce nom. Tu dois baiser avec un autre homme. Pas un amant régulier, c’est trop encombrant. Si tu rencontres par hasard un mec qui te plaît physiquement, fais l’amour avec lui uniquement pour le plaisir de ton corps. Tu vivras tous les émois que ta sensualité recherche : la transgression sexuelle, la rencontre de l’inconnu, l’exaltation d’une première fois et surtout l’absence de sentiment, ce qui accentue toutes tes émotions en les concentrant vers la seule jouissance charnelle. Tu auras perdu ta deuxième virginité, la plus importante ; et débarrassée d’elle, tu commenceras à connaître véritablement ton corps et à être une vraie femme. ».


Le jeune homme de la veille lui fait penser à ce plaisir-là, un plaisir nouveau, imprévu, transgressif et sans suite, mais imaginé et attendu avec ivresse. Avec le docteur, les circonstances avaient été telles qu’elle n’avait pas le sentiment d’avoir – aux dires de son amie – perdu sa deuxième virginité. C’est presque par surprise qu’elle avait eu un rapport sexuel, ou plus exactement qu’elle avait collaboré à une dérive de ses sens qui l’avait conduite à ressentir une jouissance imprévisible. Elle n’avait pas éprouvé le plaisir de l’attente, n’ayant pu cultiver longtemps à l’avance l’exaltation et la certitude qu’une pulsion sexuelle attendue allait être assouvie.


Elle est mariée depuis dix ans. Elle est sexuellement satisfaite, repue et sentimentalement sûre de l’amour qui les unit, elle et son mari. Cela ne l’empêche pas de ressentir le désir de vivre une aventure sexuelle grisante, exaltante et qu’elle souhaiterait sans suite et sans conséquences. Elle voudrait qu’une telle expérience soit purement charnelle, son désir rassasié par la virilité d’un beau mâle inconnu.

Quand Jean est rentré du village, il lui a demandé si elle désirait l’accompagner à Toulon après déjeuner ou aller à la plage. Il devait seulement récupérer en mains propres les documents relatifs au contrat qu’il avait négocié la veille, ce qui réduisait sa visite à un rapide aller et retour.



En tout début d’après-midi, Jean a accompagné Danièle le plus près possible de la plage. Arrivée à la place qu’ils occupent habituellement, elle ne cesse de scruter les rochers, là où le visiteur de la veille était apparu. Contrairement à ce qu’elle a dit à Jean, elle s’est déshabillée complètement. Nue, elle se sent à l’aise et plus disponible. Sur la plage, seuls deux couples sont déjà arrivés, dont celui de la belle rousse.

Elle se rend compte que les deux hommes la regardent beaucoup. Elle aime ça ; l’excitation de l’attente en est accrue. En d’autres circonstances, le mari de la belle rousse aurait bien fait son affaire : un costaud, la quarantaine assumée, sûr de lui, un sexe au repos assez prometteur. Elle se dit que lorsque l’on est décidé à ne pas dédaigner une aventure et si l’on observe bien, les occasions ne manquent pas. Jean avait remarqué la femme ; elle trouve légitime d’apprécier le mari, qui ferait un amant très acceptable.


En réalité, elle a une envie de fin du monde du beau jeune homme. Sa fine musculature, son corps élancé joints à sa virilité qu’elle a pu apprécier un court moment comme étant des plus alléchantes composent un physique particulièrement désirable. Elle a la conviction que la découverte d’un tel corps la conduira à ressentir une étreinte particulièrement voluptueuse ! Avec ce soleil, cette chaleur, cette liberté et toutes ces folles pensées qui l’assaillent depuis la veille, elle s’allonge langoureusement, guettant la zone des rochers.

L’attente est à la fois délicieuse et inquiétante… Qu’il se manifeste vite !


Les minutes passent. Puis les quarts d’heure… Elle attend depuis presque deux heures, ou plus exactement elle espère en vain. Alors elle va se baigner, nage vers les rochers où elle pense le voir. Au-delà d’un petit cap rocheux, elle distingue une mince langue de sable, comme un petit sentier qui s’enfonce au milieu de buissons de laurier-rose. Elle nage vers ce petit renfoncement de la côte. Elle se dit que c’est peut-être là qu’il projetait de venir avec elle, un coin très tranquille et désert, idéal pour faire l’amour ; mais elle ne voit personne. Ce rendez-vous manqué – qui par ailleurs n’avait jamais été pris formellement – la déçoit, la met en colère, sans qu’elle soit sûre que les intentions de cet homme fussent à coup sûr celles qu’elle avait fini par espérer. En revenant sur la plage, elle va voir le beau costaud et lui demande si elle peut revenir avec eux à Ramatuelle quand ils partiront. En riant, l’homme lui dit :



Il ne peut pas deviner la déception que cache cette réplique.

Vers cinq heures, elle est chez elle à la villa, déçue avec cependant cette piètre satisfaction de ne pas être obligée de mentir à son mari.





V




La route est longue jusqu’à Toulon et Jean a tout le temps de réfléchir à tout ce que Danièle et lui se sont dit la veille au soir, que ce soit au cours de la discussion au restaurant ou dans une ambiance plus chaude lorsqu’ils ont fait l’amour rentrés chez eux. Au cours de leurs élans amoureux, il leur arrive de fantasmer en évoquant des pratiques sexuelles complètement débridées, mais c’est dans une ambiance qui leur permet de parler libérés des contraintes de la pudeur et de la morale conjugale. Jusqu’à ces derniers jours, ces évocations étaient limitées à des rêveries érotiques au cours desquelles toutes les transgressions sont permises. Ils cultivaient l’aspect chimérique de ces rêveries et leurs envies de passage à l’acte ne s’exprimaient que dans ce monde virtuel des fantasmes. Mais l’extrême liberté avec laquelle l’un comme l’autre évoquaient ces fantasmes dissimulait de plus en plus de réelles envies qui n’attendaient que des circonstances favorables pour se réaliser dans la vraie vie.


Or, depuis peu, il a constaté un changement notable, puisque c’est calmement que Danièle lui a dit qu’elle était susceptible, comme toute femme, d’être sexuellement attirée par un bel homme au point d’avoir envie de baiser avec lui. Il n’en a pas été surpris, sachant qu’une telle pulsion fait partie des multiples tentations d’une femme sensuelle, et en particulier d’une femme mariée, et mariée depuis plusieurs années. Il sait qu’au tout début de leur mariage, l’inexpérience dans la connaissance de leurs corps respectifs était compensée par la passion charnelle qui les habitait.

Après dix ans, la sensualité de Danièle, totalement épanouie, devient de plus en plus exigeante, au point qu’il est sûr que la perspective de la découverte charnelle d’un corps nouveau serait vécue par elle comme plus enivrante et sexuellement plus accomplie que les premières émotions ressenties bien des années auparavant lorsqu’ils balbutiaient encore leurs amours.


Il a été étonné par la tranquillité et l’extrême franchise avec laquelle Danièle lui a fait cet aveu, comme s’il était acquis que lui-même devait trouver cette pulsion tout à fait normale et admissible. Ceci sous-entendait qu’une aventure sexuelle était l’un des événements de sa vie qui pouvait se produire sans que cela déclenche un drame conjugal. Mais venant de sa propre femme, un tel aveu n’était plus une rêverie en noir et blanc ; c’était un film érotique en technicolor.

Elle lui avait aussi confessé avoir ressenti un plaisir étrange et singulier en sentant son corps caressé par le regard de certains hommes, en ajoutant malicieusement qu’elle regrette vivement qu’une élémentaire pudeur interdise à ses admirateurs de ne pouvoir lui faire constater de visu l’état émotionnel dans lequel elle les met. Elle était passée de l’imagination à l’envie clairement exprimée, et cette convoitise de connaître la peau d’un autre homme avait à coup sûr déserté sa vie fantasmatique pour venir nourrir les pulsions de sa vie réelle. Il était clair que le chemin qui les avait menés ensemble de l’imagination aux envies de plaisirs sexuels à découvrir était d’évidence suivi de celui qu’elle pouvait emprunter seule et qui la conduirait de la chimère à la réalité.


Trouvant compréhensibles les pulsions de beaucoup de femmes désireuses de vivre l’exaltation d’une union sexuelle avec un autre partenaire, il ne voulait pas qualifier une aventure extra-conjugale d’adultère avec tout ce que ce mot traîne de vulgarité et de défiance. S’imaginant qu’un passage à l’acte ne serait pour sa femme qu’une exultation de son corps, il espérait par là que l’identité de son partenaire serait secondaire, et leur relation sans suite.

Mais pour la première fois dans les rêveries de sa femme était apparu un homme connu, bien réel, cet homme jeune, ce beau garçon de la plage. De plus, il lui semblait que cette attirance sexuelle était réciproque. La veille, ayant accompagné Danièle, il avait constaté que ce supposé soupirant n’était pas là… Mais dans le cas contraire, s’il avait été présent, que se serait-il passé sans sa présence à lui, sa femme étant alors totalement libre de ses mouvements, de ses désirs et de ses actes?

Et aujourd’hui, ce garçon allait-il venir à la plage ? La côte et la mer étaient, un samedi, beaucoup trop fréquentées pour qu’une aventure amoureuse s’enclenche et soit menée facilement à son terme. Mais, malgré ces difficultés, il restait lucide et savait que même dans ces conditions, deux adultes décidés, obsédés par l’envie de baiser trouvent toujours le moyen, et surtout un lieu pour satisfaire une telle pulsion.


Par ailleurs, très objectivement, il se remémorait cette femme que Danièle avait appelée « la rousse aux beaux nichons ». Il l’avait regardée avec insistance. Elle avait dû s’en apercevoir et s’était comportée avec une certaine complaisance teintée d’un soupçon d’exhibitionnisme. Son compagnon, un assez bel homme d’une quarantaine d’années, se préoccupait peu d’elle, ce qui pouvait expliquer cela. Elle avait pris des poses très lascives, allongée sur le dos. Elle était réellement très belle et éminemment désirable. Sa poitrine assez opulente montrait une fermeté qui se moquait des impitoyables lois de la pesanteur, et ses tétons, deux petits cylindres roses, étaient résolument érigés. Elle avait une toison clairsemée qui laissait apparaître les lignes de son intimité, ce qui la rendait encore plus désirable. Dans un premier temps il s’était retourné, allongé sur le ventre pour dissimuler une érection naissante. Ensuite, ayant l’intuition que cette femme aimerait le voir se comporter avec plus d’audace, il s’était légèrement retourné sur le côté, et sa position était telle qu’elle seule pouvait clairement deviner le désir qu’elle lui inspirait. Elle l’avait effectivement vu, avait arboré un sourire de connivence et n’avait pas détourné les yeux. Il avait eu soudainement une telle envie de baiser avec cette femme que, dans des circonstances autres, il aurait souhaité et fait en sorte que cet échange tacite d’émotions eût une suite.


Plus jeune, alors qu’il naviguait en Corse sur un petit voilier, il avait un jour surpris une femme qui bronzait nue sur une planche à voile. Elle l’avait manifestement vu venir et n’avait pas fait mine d’adopter une autre attitude. Il l’avait dépassée puis, intrigué et sexuellement très troublé, avait fait demi-tour, s’était approché, puis arrêté auprès d’elle. Après qu’elle l’eût dévisagé et détaillé physiquement, elle lui avait tendu la corde pour amarrer la planche au voilier et, sans un mot, lui avait montré une zone de la plage, déserte comme on en trouvait encore à cette époque en Corse. Après avoir baisé dans la pinède, la femme lui avait dit avec aplomb qu’elle avait eu brutalement envie d’un homme et qu’elle avait attendu d’en repérer un susceptible de la tenter.


Cet épisode sans suite, avec une partenaire bien plus âgée que lui, l’avait considérablement marqué. Il avait compris que pour obtenir les faveurs d’une femme, il suffisait d’être là au bon moment et qu’il était inutile de se lancer dans une laborieuse entreprise de séduction si la personne visée n’était pas dans des dispositions favorables. Mais si elle l’était, il suffisait de faire preuve de tact et d’un minimum de décision pour arriver à ses fins. Et il avait aussi compris que les femmes de l’âge de la sienne, plus que les jeunes filles, avaient pour les jeux sexuels exactement le même appétit vorace que les hommes.


Il pensait alors qu’avec le jeune homme, une situation comparable avait pu faire ressentir à Danièle les mêmes envies que lui avec la belle rousse et qu’elle aurait souhaité comme lui la conclusion que ses sens réclamaient.

En pensant à l’extrême sensualité de sa femme et aux délires de ses rêveries, il se disait qu’elle avait peut-être déjà franchi la ligne jaune. Si ce n’était pas le cas, il était persuadé qu’un tel événement était proche, sinon imminent.

Souvent, il l’avait imaginée avec un autre homme. Quand ils faisaient l’amour, il évoquait avec elle cette image fantasmatique. Danièle le suivait sans honte en ne lui cachant rien des émotions qui l’assaillaient, et sans en être sûr, il lui semblait – bien que n’ayant jamais évoqué cette éventualité – qu’elle n’exclurait pas une expérience à trois dont elle serait le pivot. Mais tout cela n’est que théorique, car même en considérant comme normales les pulsions sexuelles de sa femme, il restait encore à tenir compte de ses propres sentiments qui, jusqu’à ces derniers temps, restaient une énigme indéchiffrable tant que sa femme ou des circonstances particulières ne le confronteraient pas réellement à ce problème.

La question qu’il se pose est de savoir s’il pourra, ou s’il voudra, l’accompagner effectivement dans une aventure en marge de leur vie de couple.





VI




C’est dans la soirée, beaucoup plus tard que prévu que Danièle, revenue de la plage depuis plus de deux heures, entend enfin la voiture de Jean se ranger dans le jardin. Il entre, et à la grande surprise de Danièle, il est suivi de celui qu’elle a attendu en vain tout l’après-midi sur la plage.

Jean s’explique :



Danièle ressent un soulagement presqu’euphorique, comprenant aussitôt que Charles avait été dans l’impossibilité de la retrouver à la plage. Alors que rien de concret ne s’est passé entre eux, et qu’ils ne s’étaient pas vus ce jour à la plage comme elle l’avait espéré, elle a malgré cela le sentiment de le connaître depuis longtemps, car depuis et à cause de leur rencontre de la veille, toutes ses pensées dirigées vers lui l’ont été comme des confidences qu’elle lui aurait adressées, ou mieux comme la réponse positive à ses propositions implicites. Elle est convaincue que Charles développe des pensées identiques aux siennes, au point qu’elle se sent autorisée à lui en parler très librement sans qu’il en soit surpris.

Elle pense immédiatement à la possibilité de ce qu’on pourrait appeler une session de rattrapage, mais auparavant elle doit rassurer Charles pour qu’il sache que ses propres intentions correspondent aux projets qu’il caressait et qu’il a fort clairement exprimés lors de leur rencontre de la veille à la plage. Un reliquat de pudeur lui fait espérer qu’il la comprendra à demi-mots. Elle l’entraîne au bord de la piscine. Elle voudrait lui proposer de se baigner, car elle a très envie de revoir ce corps dont elle a rêvé tout l’après-midi. Mais elle y renonce, ne voulant pas, par une maladresse, mettre à mal le projet qu’elle vient d’élaborer. Elle le laisse expliquer ce qui lui est arrivé :



Ils ont accompagné Charles à Sainte Maxime, puis se sont dirigés vers Cogolin. Pendant le trajet, ils ont parlé de ce jeune homme. Jean avait eu le temps de discuter avec lui quand il l’avait pris en stop. Il assura à Danièle l’avoir trouvé très sympathique, et il ajouta ironiquement :



En fait, pendant le repas, ils n’en ont pas reparlé, trop occupés à savourer la bouillabaisse et à boire un très bon Tavel. Chaque fois qu’ils se retrouvent seul à seul, sans préoccupations, sans aucune urgence avec comme seul but le bonheur d’être ensemble, Danièle et Jean goûtent cette paresse du temps qui leur est offerte et qui leur fait sentir qu’ils sont proches, voire fusionnels et heureux de l’être. Quand il s’agit comme ce jour de se retrouver au calme dans un restaurant, il y a un plus, né de leur complicité devant cette forme de sensualité qui est d’aimer l’un comme l’autre la bonne chère, au même titre que l’amour physique. Dans un tel moment de grâce, elle se rend compte qu’elle a presque oublié sa déception de l’après-midi, comparée à l’amour de Jean et à la vie avec lui. Et si son affaire avec Charles n’est que partie remise, elle sait que ce qui pourra advenir avec lui ne sera qu’une péripétie sans autre importance que le plaisir qu’elle en tirera.

Arrivés à la villa, Jean lui confie avoir préparé une surprise.





VII




Le jour où ils avaient pris possession de la location, aucun des deux n’avait réalisé les aubaines que pouvait offrir le miroir situé au-dessus de la tête du lit. Tel qu’il était accroché, beaucoup trop haut, il fallait se dresser au maximum, à genoux sur le lit, pour réussir à en avoir une vision qui restait très partielle. Avant d’aller au restaurant et pendant que Danièle se préparait, Jean avait eu l’idée d’en modifier légèrement l’orientation verticale pour qu’il puisse être possible de contempler très facilement les images réfléchies de tout se qui se passait sur le lit. C’était une opération très simple qu’il réalisa en quelques minutes en écartant du mur le haut du miroir.


Danièle, en entrant dans la chambre pour se coucher, se voit soudainement dans le miroir, entièrement nue, et comprend que cette image inhabituelle a un rapport évident avec cette fameuse surprise. Elle commence à en deviner toutes les suites possibles.

Jean est étendu sur le lit. Elle contemple le corps masculin qu’elle trouve très sensuel et désirable avec son sexe gonflé et tendu par l’envie de faire l’amour, et surtout ce regard fébrile où elle peut lire tendresse et désir, qui lui fait comprendre qu’il a anticipé les plaisirs qui s’annoncent.

Il se décide :



Lui aussi vient s’agenouiller derrière elle en se serrant contre son dos, et n’a aucunement besoin de se lancer dans de longues explications. Elle comprend.

Elle écarte les cuisses et colle ses fesses contre le ventre de Jean qui s’incline vers l’arrière pour que son membre surgisse facilement au milieu de la forêt brune des poils de Danièle. Elle le saisit et le place entre les lèvres de sa fente humide et glissante, puis en tire la peau le plus possible vers le bas pour faire saillir complètement le gland et la hampe, et appuie de sa main le sexe de son mari, complètement mis à nu contre le sien. Le regard fixé sur le miroir, haletante, elle lui dit :



Danièle fléchit ses genoux puis relève son bassin, plusieurs fois. Elle gémit et pousse un petit cri chaque fois que le gland caresse le clitoris, qui se dégage de plus en plus de son capuchon. À chaque passage du gland sur l’entrée du vagin, elle exerce de sa main une légère pression sur la queue, d’une rigidité telle qu’elle glisse et pénètre de quelques centimètres dans son ventre. Mais la sensation et la vue de la virilité glissant entre les lèvres de son sexe est si voluptueuse et si intense que Danièle prolonge leur masturbation commune. Elle se sent la maîtresse de leurs plaisirs. Elle est enivrée par ce qu’elle voit, mais elle veut contempler dans le miroir l’image de la chair mâle glissant dans son intimité sans que sa main ne cache les détails de ce contact. Elle saisit autrement la verge pour mieux la voir dans sa totale nudité. Entre le pouce et l’index de chaque main, elle pince la peau à la base du membre et la tire avec force vers le bas, faisant apparaître la tige de chair et le gland sans que rien ne cache leur épanouissement. L’érection de Jean est telle que sa queue reste verticale, plaquée dans l’ouverture du sexe de sa femme et maintenue en contact par sa seule raideur. Danièle bouge son bassin de plus en plus vite. Jean réussit avec difficulté à retenir son éjaculation. Sur le point de succomber à son plaisir, il dégage lui-même son membre en se reculant et renverse sa femme sur le lit. Il lui dit :



Ils se remettent à genoux. Jean l’entoure de ses bras et se serre à nouveau contre elle. Son gland vient se positionner naturellement à l’entrée du vagin, et d’une ruade la pénètre sans préliminaires. Jean est, comme elle, lui aussi bouleversé par l’image que lui renvoie le miroir. Il n’avait jamais vu ainsi son propre sexe fouiller celui d’une partenaire et, coulissant dans sa vulve, offrir avec une telle crudité le spectacle d’un contact charnel infiniment érotique. C’est en voyant la longueur de sa verge quand elle se dégage totalement du vagin de Danièle qu’il comprend à quel point, contemplant cela, une femme comme un homme peut être envahie d’émotions incontrôlables. Aux multiples sensations nées du contact intime des chairs les plus sensibles s’ajoute la vision des corps cambrés, tendus, mobiles, et particulièrement celui de Danièle ouvert à l’exigence du membre mâle. Elle insiste :



En l’entendant, Jean sent son sexe devenir encore plus lourd et plus rigide. Il entoure le corps de sa femme, caresse sa poitrine d’une main pendant que l’autre écarte ses lèvres intimes pour venir solliciter le clitoris dur et gonflé.

Danièle positionne le phallus et se laisse tomber sur lui. Remplie par cette tige frémissante, elle entame une danse endiablée sur le membre de son homme. Elle croit sentir qu’il grossit à chaque poussée et que son gland écarte de plus en plus son vagin dont toutes les parois sont caressées par cette chair d’une robuste douceur. Elle voit des mains qui caressent ses seins et massent son clitoris, et un membre noueux et luisant qui coulisse dans son ventre. Elle gémit ; sa respiration est saccadée, hésitante, anarchique… Jamais elle n’avait contemplé un spectacle d’une aussi ravageuse sensualité. Elle sait que l’image que lui renvoie le miroir est la sienne, mais elle se voit comme spectatrice d’une orgie sexuelle, admirant un couple qui baise, elle-même faisant l’amour avec un inconnu. Elle se cambre le plus possible et écarte le plus possible les cuisses pour voir dans le miroir l’image de son sexe ouvert et pénétré profondément. Les sensations dans son corps sont multiples et mobiles, douces et intenses. Elle ressent un roulement voluptueux qui retourne ses entrailles et, comme un cœur, fait battre son sexe. Quand elle sent Jean sur le point d’éjaculer, elle ne retient plus les spasmes de son orgasme. Elle lui souffle, haletante :



Danièle n’a pas beaucoup dormi. Cette soirée l’a fait planer. Elle s’est réveillée plusieurs fois. La perspective de revoir Charles, les propos que Jean et elle ont tenus, les chimères sexuelles qu’ils ont évoquées projettent ses sens non plus dans des rêves incertains, mais vers des promesses bien réelles. Elle sait maintenant que le soir et la nuit prochaine toutes les conditions seront réunies pour que ces promesses soient tenues. Elle a compris aussi que la sensualité de Jean et les pulsions qui l’animent seront les complices de ses propres envies.

Elle doit être patiente et ne rien brusquer… tout devient possible !